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Le Mystère de Rosalia de Yahen



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» Auteur : Yahen - Voir le profil
» Créé le 23/08/2025 à 23:49
» Dernière mise à jour le 06/09/2025 à 16:51

» Mots-clés :   Action   Johto   Présence de personnages de l'animé   Présence de personnages du jeu vidéo   Suspense

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Chapitre 5 : Les sombres méthodes d'évolution
« C’est cette nuit, vers une heure trente, que l’incendie de la tour Cendrée est survenu. Des équipes des régions de Johto et de Kanto se sont réunies pour maîtriser les flammes qui menaçait d’atteindre la ville. D’après le Capitaine Eden, chef de l’escouade Carabaffe, l’incendie a été éteint aux alentours de six heures, ce matin, mais les surveillances redoublent afin de détecter une nouvelle possibilité de départ de flamme et des recherches sont menées pour trouver de potentielles victimes. Fait exceptionnel, toutefois, la tour Cendrée semble avoir gardé ses ruines dans le même état qu’avant l’incendie. À ce stade, aucune explication n’est avancée par les experts sur place. Néanmoins, la piste d’une illusion créée par un Pokémon spectre n’est pas à écarter, selon le professeur Orme. Cet incident ravive les souvenirs douloureux ancrés dans la mémoire collective des habitants de Rosalia, il y a cent cinquante... »

– Voici votre Pokémon, Mortimer, dit l’infirmière Joëlle.

Le champion détacha son regard de la télévision du Centre Pokémon où une journaliste de Féli-Télé relatait les évènements de la nuit.

– Merci, répondit-il d’une voix faible en prenant la Poké Ball d’Ectoplasma.
– Il est important qu’il se repose, ajouta l’infirmière. Pas de combat pendant 24 heures.
– C’est compris, opina Mortimer.

Après un grand bâillement, Joëlle s’excusa et poursuivit ses consultations.
Fatigué de sa nuit blanche, Mortimer se rassit dans la salle d’attente du Centre Pokémon. Il jeta un nouveau coup d’œil à la télévision et remarqua quelque chose d'anormal sur le bandeau d’information. Les lettres semblaient déformées. Trop pour que ça ne soit qu’une erreur de la part de Féli-Télé. Mortimer se frotta les yeux et prit sa tête entre les mains.

– Vous êtes bien le champion de l’arène ?

Mortimer leva son regard. Un agent des forces de l'ordre lui faisait face.

– Je sais que je suis couvert de suie, de terre et de brûlures, mais je ne suis pas méconnaissable à ce point, quand même ? répliqua le champion avec une pointe d’agacement.
– Votre arène est fermée temporairement, ordre de la préfecture.
– Pardon ?! s’exclama Mortimer. Je peux savoir pourquoi ?
– Vous êtes convié au commissariat immédiatement, veuillez me suivre.

Furieux, il se leva et fusilla du regard l’agent de police qui, malgré son manque d’assurance, tenta une forme d’autorité.

– Veuillez coopérer, je vous prie… Nous souhaitons éviter d’utiliser Sécrétion.

Il pivota juste suffisamment de trois quarts pour montrer son Mimigal accroché sur son dos.

– J’espère que vous avez du café, au poste, répondit amèrement Mortimer. J’en ai grand besoin.

La porte s’ouvrit dans une salle d’interrogatoire. Le champion entra, un café à la main, et se trouva en compagnie de ses compagnons d’aventure nocturne.
Tamao et Eusine étaient tous deux assis, abattus, le regard dans le vide. Agatha se tenait fièrement à leurs côtés, ses mains serrant fermement sa canne.
L’agent Jenny salua Mortimer nerveusement.

– Je suis désolée de vous avoir fait venir ici de cette manière, mais la préfecture voulait me retirer cette affaire à cause de notre lien d’amitié, Mortimer. Il semblerait qu’ils vous aient dans le viseur, depuis l’apparition des Pokémon spectres dans nos rues. J’ai dû faire preuve de fermeté pour garder cette enquête en main et leur montrer un brin d’autorité dans vos convocations. Le reste me regarde.

Quelqu’un toqua à la porte et le professeur Chen entra en compagnie d’un jeune homme.

– Ils ne manquaient plus que vous, déclara Jenny en les saluant.
– Bonjour Agatha, dit le professeur Chen en se penchant vers la vieille femme pour lui faire la bise.
– Mollo, l’Aspicot ! répliqua-t-elle en le tenant à distance avec sa canne. Tu t’es cru à la brasserie Indigo ?

Confus par cet accueil peu chaleureux, le professeur Chen bredouilla quelque chose d’incompréhensible. Il pivota sur lui-même en cherchant quoi faire de ses mains avant de les ranger maladroitement dans les poches de sa blouse et offrit un sourire gêné à l’assistance. L’agent Jenny saisit son trouble et enchaîna directement :

– Pour commencer, Mortimer, la préfecture a décidé d’interdire toute compétition dans votre arène jusqu’à nouvel ordre, le temps d’éclaircir cette affaire.
– Vous pourrez dire à la Mairie d’appeler le dresseur censé venir cet après-midi pour décaler son match, alors, rétorqua le champion avec rancune. Ils sauront lui expliquer ça.
– C’est déjà fait, assura Jenny. Et je n’y suis pour rien, ajouta-t-elle pour tenter de l’adoucir.
– Je ne vois aucune raison de fermer mon arène, enchérit le champion. Je n'ai aucun lien avec cette affaire.

L'agent de police se redressa et prit une inspiration avant de poursuivre :

– La doyenne du Conseil 4 m’a raconté ce qui s’est déroulé cette nuit dans la tour Cendrée. Du moins, ce qu’elle a pu voir avant de se sauver. Aux yeux des forces de l’ordre, vous êtes tous les trois devenus des suspects dans…
– Pardon ?! s’exclama Mortimer en se levant. Pourquoi allez-vous croire ses propos, à elle, plutôt que d’entendre notre version auparavant ?

L’agent Jenny fit un signe de la main en guise de reconnaissance.

– J’ai dit « aux yeux des forces de l’ordre », précisa-t-elle. Certes, j’en fais partie, mais la préfecture… Enfin, sachez que, pour moi, vos versions des faits comptent, bien évidemment. C’est pourquoi je vous ai conviés ici. Et de manière tout à fait informelle, il est vrai…
– Ça n’explique pas pourquoi elle a été entendue avant tout le monde, la coupa Mortimer.
– Parce qu’elle est arrivée la première au poste de police, répondit Jenny.
– Bien sûr, puisque nous étions en train de sauver notre peau, répliqua le champion.
– À cause de ta précipitation et ta bêtise de lancer les mauvaises attaques aux mauvaises cibles ! vociféra Agatha.
– À vous voir, tous les trois, au même endroit, à minuit dans cette tour, n’importe qui aurait eu la décence de vous neutraliser pour clarifier la situation ! rugit Mortimer.

L’agent Jenny leva les deux mains en signe d’apaisement :

– S’il vous plait, gardez votre calme…
– Est-ce qu’elle vous a dit qu’elle s’était sauvée alors que l’on avait besoin d’aide ? lança Mortimer à l’agent de police. N’est-ce pas de la non-assistance à personne en danger ?
– Si je ne m’étais pas enfuie, j’aurais fini carbonisée ! maugréa la vieille femme. C’est une chance que vous vous en soyez sortis vivants !

La bouche du champion s’ouvrit et se ferma à plusieurs reprises, comme un Magicarpe hors de l’eau. Ne sachant que répondre, il lança un regard appuyé à Tamao. Le moment de révéler qu’elle les avait sauvés par une trappe mystérieuse et inconnue de tous n’était pas encore venu.

– Bien, je vois que tu as toujours le don d’alléger l’ambiance, adressa Chen à Agatha en plaisantant. « Si, par bonheur, vous croisez la route d’un souriant Héliatronc, priez pour qu’il ne devienne pas ronchon ! » ajouta-t-il à l’assemblée en levant son index.
– Dis donc, Samuel, riposta Agatha en lui donnant un coup de canne dans les jambes, t’es venu ici pour nous faire subir tes niaiseries ou tu as quelque chose d’intéressant à dire ?

Le professeur Chen frotta son tibia douloureux.

– En tout cas, reprit Mortimer, quand minuit a sonné, je suis parti illico à la tour Cendrée et je les ai trouvés tous les trois au sous-sol.

Satisfait d’avoir donné sa version très brève, il se rassit en croisant les bras. L’agent Jenny opina et se tourna vers Chen.

– Professeur, je vous en prie, dit-elle dans un soupir las.
– Merci, agent Jenny, dit-il avant de s’adresser à l’assemblée. Alors que j'allais à la radio de Doublonville pour enregistrer mon émission du matin, j’ai appris ce qu’il s’est passé. J’ai entrepris de me rendre sur les lieux et sur la route, j’ai croisé Léo, ici présent.

Le jeune Pokémaniac aux cheveux bouclés salua les autres d’un sourire timide. Avec davantage d’assurance, le professeur Chen poursuivit :

– Ces évènements sont assez troublants et assez inquiétants, je dois dire. D’un point de vue scientifique, rien n’explique la présence de tant de Pokémon spectres sauvages dans votre ville. Je ne pourrais dire encore si cette brume est la conséquence de leur arrivée ou bien si elle est en est la raison.
– Ce qui est curieux, continua Léo après un regard avec Chen, c’est que les Zarbi semblent mêlés à tout ça, mais nous ne savons pas comment.

Mortimer eut un flash : le panneau de la tour lors de la première nuit et le bandeau d’information ce matin. Tous deux avec des lettres difformes. Il en parla aussitôt au professeur et à Léo.

– Cela ressemble, en effet, à une preuve de leur dissimulation, nota le professeur Chen. Peut-être observent-ils ?
– Un ami scientifique a observé une multitude de ce spécimen sortir des ruines Alpha il y a deux jours, expliqua Léo. Mais si nous sommes là, ce n’est pas anodin, bien sûr.

Le jeune homme se leva et lança un regard à Tamao.

– Vous l’ignorez peut-être, mais ma mère était une danseuse Kimono, autrefois, annonça-t-il. Elle exerçait ici même, à Rosalia. C’est elle qui m’a raconté « la légende », il y a cent cinquante ans. Mais il y avait des zones troubles. Comme vous le savez, un mystérieux incendie avait mis le feu à la tour Cendrée et trois Pokémon ont péri dans les flammes. Alors que Lugia s’est enfui avec, disait-on, un immense sentiment de culpabilité, Ho-Oh est descendu du ciel pour « réparer l’erreur » de son ami et redonner vie à ces trois innocents Pokémon.
– Son « ami » ? répéta Agatha.
– Oui, Ho-Oh et Lugia ne sont pas rivaux, expliqua le professeur Chen. Ils sont complémentaires. L’un veille sur les cieux et on lui attribue l’image du jour, le soleil, l’autre nage dans les profondeurs des abysses, on lui prête le symbole de la nuit, la lune. Nous n’avons pas encore trouvé de similitudes entre ces deux Pokémons et Lunala et Solgaleo.
– L’incendie a duré trois nuits, reprit Léo. Et nous ignorons quels étaient les Pokémons qui ont péri dans les flammes. Mais j’ai une supposition.

Mortimer observa attentivement Eusine et Tamao. La Kimono n’avait pas émis le moindre son depuis son arrivée. Eusine avait toujours le regard perdu dans le vague. Sa figure couverte de terre, sa coiffure peu soignée et ses yeux injectés de sang laissaient croire qu’il n’avait pas trouvé le sommeil et ne s’était pas lavé.
Tamao, quant à elle, avait le dos droit et le regard fuyant. À l’inverse d’Eusine, elle avait pris le temps de se nettoyer le visage et de se changer. Elle ne bougea pas d’un cil quand Léo s’adressa à elle :

– Je suis désolé, mais je vais devoir dire aux autres ce qu’il s’est passé.

Le jeune homme but une gorgée d’eau avant de continuer :

– Ma mère dansait au théâtre de Rosalia, elle faisait partie des sœurs Kimono. Tamao et moi sommes cousins, ajouta-t-il à l’adresse de Mortimer.

Tamao resta imperturbable, fixant le sol, ses mains sur les genoux.

– Un jour, ma mère a décidé d’arrêter de travailler au théâtre, poursuivit Léo. Elle prétextait qu’elle ne pouvait plus raconter une histoire mensongère, elle n’y arrivait plus. Elle ne voulait plus rien à voir avec ça. J’ai compris qu’il y avait eu un conflit entre elle et ses sœurs. Après l’avoir questionné à répétition, elle m’a parlé d’Évoli et m’a dit que ce Pokémon était le plus incroyable de tous. Qu’il avait la capacité de se transformer en s’adaptant à son environnement si celui-ci devenait hostile. Avant l’utilisation des pierres d’évolutions, ces Pokémons pouvaient évoluer d’une manière différente.

Le professeur Chen acquiesça à plusieurs reprises lors du discours de Léo.

– Je ne comprenais pas pourquoi ma mère me racontait ça, reprit le Pokémaniac. Je voulais des réponses sur les disputes avec mes tantes et elle m'a parlé d’Évoli. En grandissant, je me suis intéressé aux Pokémons et plus en particulier à Évoli. Dans mes recherches, je n’ai pas trouvé beaucoup de traces sur ses méthodes d’évolution avant les pierres. Puis, je suis tombé sur une encyclopédie de Sinnoh où il était expliqué que les Évoli combattant près des rochers moussus ou des pierres gelées évoluaient en Phyllali et Givrali, il y a quelques années. Désormais, une Pierre Plante et une Pierre Glace peuvent suffire.

Un silence s’installa. Tout le monde regarda Léo, ne sachant pourquoi il s’était arrêté de parler. Celui-ci observa attentivement sa cousine.

– Qu’est-ce que vous cachez dans votre histoire sur la légende des tours de Rosalia ? l'interrogea Léo. Je suis sûr que ça concerne les Évoli.
La tension était palpable. Tamao resta de marbre à tel point qu’on aurait pu se demander si elle respirait encore.
– Ce qu’il se passe ici nous ramène cent cinquante ans en arrière, continua Léo avec douceur à l’adresse de sa cousine. Je suis venu chercher des réponses. Qu’a voulu dire ma mère par-là ? Elle ne souhaite pas en parler.
– Répondez ! ordonna Jenny.

La Kimono fronça des sourcils et des larmes coulèrent sur ses joues.

– Je ne peux pas, sanglota-t-elle.
– Tamao, reprit Jenny avec plus de délicatesse. Vous devez nous dire ce que vous savez, sinon je devrais considérer que vous faites entrave à la justice.

Le professeur Chen lança un signe discret à l’agent de police et s’avança vers la Kimono :

– Écoutez ma chère, la sécurité de toute une ville est menacée. Il est de votre devoir de protéger nos concitoyens en nous disant ce que vous savez sur cette légende. Il s’agit peut-être de la clef pour résoudre ce problème.
– Le problème est déjà résolu, professeur, répondit Tamao dans un souffle. Cela va se tasser. C’est fini.

Jenny perdit patience et prit son téléphone.

– Arrêtez toutes les sœurs Kimono pour obstruction à l’enquête et complicité, commanda-t-elle. Immédiatement.
– Non ! riposta Tamao en se levant. Laissez-les tranquilles !
– Attendez, dit Jenny au combiné.

Tamao implora Léo du regard. Celui-ci lui fit un signe de tête bienveillant pour l’encourager.

– Notre famille est gardienne des traditions, commença la Kimono. Nous sommes les seules à transmettre la légende à travers notre spectacle. À l’aube de nos douze ans, lorsque nous pouvons prétendre à faire évoluer nos Évoli, nos parents nous expliquent la véritable histoire de la tour. Nous sommes tenus au secret pour garder la paix dans cette ville.

Jenny n’avait toujours pas raccroché son téléphone et observa la Kimono d’un regard méfiant. Tamao la supplia :

– Je vais tout vous dire, mais promettez-moi de laisser mes sœurs tranquilles, elles n’y sont pour rien. Je suis la seule responsable.
– Je vous promets que, si elles n’ont rien à voir dans cette histoire, il ne leur arrivera rien, affirma Jenny. Suspension de l’ordre, adressa-t-elle au combiné. Je vous tiens au courant.

Elle raccrocha et scruta Tamao en croisant les bras.

– Expliquez-vous.
– Il y a cent cinquante ans, comme l’a dit Léo, les méthodes d’évolution n’étaient pas si simples qu’aujourd’hui pour certains Pokémon. Évoli faisait partie de ceux-là. Trois de mes ancêtres possédaient des Évoli. Ils ont eu vent de certaines évolutions étranges lorsque ce Pokémon se trouvait dans des situations dangereuses. Aussi, ils se sont rendus à la tour Cendrée, autrefois la tour de Cuivre, pour rencontrer Lugia. Ce Pokémon légendaire était connu pour sa très grande puissance. Remplis d’orgueil, mes trois aïeuls croyaient naïvement une ancienne légende comme quoi Lugia pouvait les aider à faire évoluer leurs Pokémon. Il suffisait de l’invoquer et de le combattre. Ils pensaient ainsi que, plus puissant serait l’adversaire, plus puissante serait l’évolution de leurs Pokémon. Arrivés au sommet de la tour, face à Lugia, celui-ci a refusé catégoriquement et mes ancêtres ont forcé leurs Évoli à attaquer le Pokémon légendaire. Alors, Lugia n’a pas eu d’autre choix que de riposter et c’est là que…

Elle se tut un instant, n’osant prononcer la suite. Léo lui tendit un verre d’eau qu’elle saisit doucement pour boire quelques gorgées. Elle se rassit et poursuivit :

– La puissance de Lugia était réelle. Telle que lui-même avait parfois du mal à la contenir. La foudre d’une force inouïe s’est abattue sur la tour, touchant un des trois Évoli. Celui-ci s’est mis à déployer des épines sur son corps dans une souffrance atroce. Le Pokémon avait hurlé dans sa douloureuse transformation en Voltali. Voyant cela, leurs dresseurs ont voulu stopper le combat, mais il était trop tard. La foudre est tombée une seconde fois, et l’incendie a commencé. Mes ancêtres ont cherché à s’enfuir. Le Voltali, dans sa souffrance, lançait des attaques électriques à tout va, ce qui a provoqué d’autres départs de flamme. Son maître était dans l’impossibilité de le prendre dans ses bras, la fourrure de l’Évoli crépitait sous les étincelles. Il ne pouvait pas le rappeler : les Balls de l’époque étaient peu fiables et chères. Mes ancêtres n’en avaient pas. Il le laissa ainsi, préférant s’enfuir. Le second dresseur a pu récupérer son Évoli avant de descendre les étages. Le troisième a rencontré une difficulté : son Évoli était cerné par les flammes. Le petit Pokémon entouré par le feu a entamé sa transformation en Pyroli. Toujours dans une souffrance atroce.

Elle se donna un moment pour se moucher.

– Une fois arrivés en bas, mes ancêtres se sont retrouvés au rez-de-chaussée avec un seul Évoli de sauvé. Mais c’est à cet instant que l’effondrement a commencé. Une poutre s’était abattue face à eux, bloquant la porte, leur unique sortie possible. Ils n’avaient pas d’autre choix que d’aller au sous-sol. Ils ont alors ordonné à leur dernier Évoli d’utiliser Tunnel pour creuser un souterrain les ramenant à leur maison. Ils refusaient de sortir trop près de la tour ou dans les rues, cela aurait éveillé des soupçons de la part des habitants. Le petit Évoli s’est exécuté bravement. Mais il était tout jeune. Il ne pouvait pas être aussi efficace qu’un Taupiqueur. Je ne sais comment ils ont pu se guider, ma mère disait grâce à un bâton de sourcier, ma grand-mère prétendait que c’était par chance… Sans doute s’étaient-ils nourris de racines dans le tunnel. Mais il leur a fallu trois jours pour atteindre la cave de leur maison. Autant de temps que dura l’incendie. Mais la pluie est arrivée en abondance. Cela a suffi pour éteindre rapidement le feu, mais toute l’eau et la cendre s’étaient écoulées au sous-sol pour s’infiltrer dans le souterrain. Tandis qu’ils étaient en train de creuser vers le haut, mes ancêtres ont vu l’eau sous leurs pieds. Leur Évoli était épuisé et ne pouvait plus les aider à creuser. C’est alors que, malgré leurs efforts, le dernier Évoli a été englouti. Ils ont pu sortir du tunnel et retrouver l’air libre, mais l’eau était noire de cendres. C’était impossible de récupérer leur Évoli. Ils étaient donc obligés de l’abandonner également. On suppose que ce dernier s’est transformé en Aquali dans la douleur de sa noyade.

Tamao se redressa et contempla les visages de ces auditeurs restés silencieux. Pour la première fois, Eusine leva le regard et scruta Tamao avec force.

– Vous connaissez la suite : la tour s’est effondrée pour ne laisser que le rez-de-chaussée et le sous-sol. Lugia avait repris ses esprits et s’était rendu compte de l’horreur qu’il avait causée. Il a poussé un grand cri de tristesse et s’est enfui de la ville. Mes trois ancêtres ont couru vers les ruines et se sont jetés par terre en pleurant toutes les larmes de leur corps et en appelant leurs Pokémon. Les habitants ont compris qu’ils avaient péri dans la tour, pensant que peut-être ils étaient allés jouer loin de la surveillance de leurs dresseurs. Ho-Oh est alors apparu et a redonné vie à ces trois innocents Évoli, morts dans leur évolution et sous les gravats de la tour. Ainsi sont nés Suicune, Entei et Raikou. Des cendres des Évoli. Vous comprenez maintenant que l’on préfère garder secrets certains aspects de l’histoire. Notre famille porte la honte sur elle depuis cent cinquante ans. C’est pourquoi on essaie d’être les gardiennes de la tradition et de la mémoire de Rosalia.

Agatha émit un petit rire :

– De la mémoire sélective, plutôt.
– Hier soir, nous avons pu nous échapper grâce à ce souterrain, continua Tamao sans relever la pique d’Agatha. Si personne ne l’avait vu auparavant, c’est parce que nous la dissimulions sous de la terre et de légers gravats.

L’agent Jenny encaissa toutes ces révélations.

– Et comment expliquez-vous votre présence dans la tour à minuit ? demanda-t-elle.

Tamao fut prise d’une secousse. Elle pleura de plus belle et Léo voulut la consoler en la prenant par les épaules, mais Jenny l’arrêta.

– Laissez-la !

Démuni, Léo regarda sa cousine se moucher et répondre dans un sanglot :

– J’ai voulu donner à l’Évoli de ma petite sœur une évolution unique. Une évolution non encore recensée à ce jour. En un autre type. Pour cela, il fallait utiliser la méthode d’autrefois, comme mes ancêtres. Je voulais qu’il combatte Entei.