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Le Mystère de Rosalia de Yahen



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Informations

» Auteur : Yahen - Voir le profil
» Créé le 10/08/2025 à 01:56
» Dernière mise à jour le 10/08/2025 à 01:56

» Mots-clés :   Johto   Policier   Présence de personnages de l'animé   Présence de personnages du jeu vidéo   Suspense

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Chapitre 3 : Au Bar des Deux Tours
Le soleil était déjà couché. Fatiguée de cette journée épuisante, Jenny sortit du commissariat en tenue de civile avec son Caninos. Alors qu’elle s’apprêtait à enfiler son casque de moto, Mortimer vint à sa rencontre.

— Comment s’est passé cette journée ? lui demanda-t-elle.
— Pas terrible, répondit-elle en soupirant. Nous n’avons rien trouvé d’intéressant.
— Vous avez cherché du côté de la Team Rocket ?
— Elle semble avoir été dissoute depuis deux ans. Leur spécialité est le vol et le braconnage. Ces évènements ne ressemblent pas à ce qu’ils auraient l’habitude de faire.

Mortimer acquiesça. Les Pokémon spectre erraient toujours en nombre dans la ville sous la brume.

— Les gens ont peur, même s’ils sont inoffensifs, expliqua Jenny en désignant un groupe de Fantominus à proximité. Ils se sentent en danger malgré tout.
— L’ignorance entraine la peur, dit sagement Mortimer.

Jenny haussa les épaules.

— Vous voulez boire un verre ? proposa le champion. Je sors du spectacle des Kimonos, elles me rejoignent au Bar des Deux Tour.
— Pourquoi pas ? répondit l’agent de police en souriant. Histoire de décompresser un peu.

Ils marchèrent un moment dans la rue principale. Les lampadaires peinaient à éclaircir la brume dans la nuit.

— Vous êtes retourné voir leur spectacle ? Vous devez le connaître par cœur.
— Je me suis dit qu’un détail aurait pu m’échapper, expliqua Mortimer.
— C’était le cas ?
— Non. L’origine de l’incendie n’est pas expliquée et l’identité des trois Pokémon ayant péri dans les flammes est inconnue.
— Et savoir cela permettrait de résoudre notre affaire ?
— Peut-être. En tout cas, Suicune semble être revenu.

Ils arrivèrent devant le Bar des Deux Tours. Au moment où Mortimer s’apprêtait à ouvrir la porte, Jenny le retint par le bras :

— Je vais être franche avec vous. Je pense que tout ça est une mauvaise blague. Il n’y a pas lieu de s’alarmer, il n’y a eu aucun mort. Aucun blessé.
— Quelqu’un ou quelque chose était dans les ruines après que les mystérieuses cloches ont sonnées, répliqua Mortimer. Quant à la brume et aux Pokémon spectre…
— Je vous assure qu’on voit de tout dans la police. Du folklore, du spectacle ou de l’horreur. Certains sont prêts à tout pour faire leur intéressant, croyez-moi.
— Mon instinct ne m’a jamais trompé, agent Jenny.

Elle sourit en baissant les yeux.

— Nous utilisons aussi l’instinct, au sein de la police. Mais à partir de preuves. D’éléments tangible.
— Je suis sûr que vous faites un travail formidable, assura Mortimer.
— Merci.

Derrière le champion, cachée derrière un arbre, une ombre furtive surgit.
D’un geste brusque, Jenny lâcha le bras de Mortimer, l’air effrayée.

— Jenny, vous allez bien ? s’inquiéta le champion.
— Qui va là ?! cria-t-elle en écartant Mortimer de son chemin.

Elle s’avança vers l’arbre doucement, son Caninos grognant à ses pieds. Le champion resta silencieux, ne sachant que faire.
L’agent Jenny sortit sa lampe torche et courut à toute vitesse derrière l’arbre.
Personne.

— Vous avez vu quelque chose ? demanda Mortimer.

Elle s’accroupit au pied de l’arbre et éclaira une emprunte. L’herbe la contournant était raide. Electrifiée.

— Raikou, murmura-t-elle.
— Raikou ?! répéta Mortimer ébahi. Ici ?
— Probablement, vu la taille et la silhouette que j’ai aperçue.

D’un geste vif, elle se releva.

— Je dois filer !

Sans plus attendre, elle s’enfuit dans la brume avec son Caninos.
Mortimer resta seul devant la porte du bar, se demandant s’il fallait la suivre. Si Raikou était, lui aussi, revenu, le mystère s’intensifiait. Il fallait à tout prix soutirer des informations auprès des sœurs Kimono.
Il entra dans le bar presque vide. Une seule table était occupée par deux personnes.
En reconnaissant Eusine, Mortimer faillit ressortir du bar, mais la personne face à lui le héla :

— Mortimer, mon ami, comment vas-tu ?

Fargas se leva et s’avança.

— Préoccupé, comme tu te doutes, répondit Mortimer avec un petit sourire. Que fais-tu ici ?
— J’allais partir, répondit le vieil homme. J’avais rendez-vous avec euh… avec Eusine.

Il sembla mal à l’aise.

— Voilà, il est ici, dit-il simplement en le désignant maladroitement au fond de la salle. Mais je ne me mêle pas de vos affaires, rassure-toi…
— Comment rentres-tu à Ecorcia ? demanda Mortimer pour changer de sujet.
— A dos de Ponyta, répondit-il avec évidence. C’est rapide et pas besoin de phare ! Et si on m’attaque, je saurai riposter.

Il donna un coup de poing en l’air en riant. Mortimer lui rendit son sourire et lança un regard à Eusine qui fit mine de ne pas le voir.

— Je m'en vais, lui dit Fargas en sortant. Je te… Je vous laisse.

Il pressa l’épaule du champion en guise de soutien, lança un « au revoir » collectif et sorti.
Mortimer s’avança vers Eusine qui n’eut d’autre choix que de considérer sa présence :

— Quel drôle de hasard, lança le jeune homme.
— Je n’aurais pas dit « drôle », répliqua Mortimer. Pourquoi restes-tu ici ? Fargas vient de partir. Tu attends quelqu’un d’autre ?
— Tu prends vraiment à cœur ta collaboration avec la police, remarqua Eusine en souriant. Oui, j’attends quelqu’un d’autre et : non, ça n’est pas toi.
— Qu’est-ce que tu voulais à Fargas ?

En haussant les épaules, Eusine fit claquer sa langue :

— C’est incroyable, Jenny t’a embauché dans ses rangs ou quoi ? J’ai le droit de voir un ami, non ?
— Tu quittes la ville pendant un an, en donnant des nouvelles au compte-goutte et tu reviens tout guilleret au moment même où des cloches inexistantes sonnent à minuit ! Pour moi, ça me semble déjà louche. Ne me fais pas croire que tu retrouves Fargas par pure amitié, je ne te croirais pas.
— Il m’a donné une Master Ball, lâcha Eusine.

Mortimer blêmit et s’assit face à lui.

— Qu’est-ce que tu racontes ? Fargas n’a jamais créé de Master Ball.
— Il a eu un différend avec la Sylphe SARL, expliqua Eusine. Ils ont du mal à accepter qu’ils produisent des Balls avec des noigrumes. Ils veulent son savoir-faire et Fargas a refusé, bien sûr. Ils cherchent donc à l’acheter et ils lui ont envoyé une Master Ball.
— Pourquoi il te l’a refilée ?
— Je lui ai demandé de l’aide pour capturer Suicune. Mais aucune de ses Balls ne peut améliorer mes chances de capture. Il m’a donc donné celle-ci, il n’en voulait pas.

Le champion le jaugea de haut en bas, d’un air dédaigneux. Presque jaloux de le voir toucher du doigt son but.

— Tu dois être content, te voilà prêt à réaliser ton rêve de capturer Suicune.
— Oui… je pourrais rentrer.

Un silence lourd s’installa, Eusine fuyant le regard de Mortimer. L’éventualité qu’il revienne n’était plus envisageable depuis un moment. Malgré ses sentiments, le champion avait accepté avec difficulté l’idée qu’il soit loin de lui.
Soudain, la porte du bar s’ouvrit et les sœurs Kimono entrèrent bruyamment :

— Quel brouillard à couper au couteau ! commenta l’une.
— On ne voit pas plus de deux mètres devant nous, ajouta l’autre.
— Heureusement que la maison n’est pas loin, dit une troisième.
— Tu as bien fermé le théâtre ? demanda Tamao.
— Oui, voici les clefs, répondit la plus jeune, un Evoli dans les bras.

Elle les lui tendit et son regard croisa celui du champion.

— Mortimer ! s’exclama-t-elle avec une grande joie en posant à terre son Pokémon.

Celui-ci se leva en souriant. La cadette lui sauta dans le bras et le serra vivement.

— Salut Eri, dit simplement Mortimer d’un air distrait. Quand est-ce que je te vois sur scène, avec tes sœurs ?
— Dans deux mois, répondit Tamao en s’asseyant près d’eux. Elle aura quinze ans et pourra choisir l’évolution de son Evoli.
— On va pouvoir enfin avoir un doublon, dit l’une des sœurs. Si tu demandes une Pierre Feu pour ton anniversaire, tu me remplaceras et je pourrais commencer à planifier mes prochaines vacances !
— Oh non, j’espère qu’elle demandera une Pierre Foudre, lança une autre en faisant la moue.

Toutes les filles kimono avaient pris place autour d’Eusine et Mortimer.

— Je peux t’amener à Sinnoh si tu veux un Phyllali ou un Givrali, proposa une autre sœur.
— Laissez-la tranquille, dit gentiment Tamao. Ne lui mettez pas la pression.

Mortimer se tourna vers Eri en la prenant par l’épaule :

— Tu as déjà une petite idée ? lui demanda-t-il.
— Oui, avoua la jeune fille. Mais c’est impossible.
— Pourquoi ça ? demanda Tamao.
— J’aimerais qu’il évolue en Spectrali !

Des rires fusèrent autour de la table.

— Spectrali ? Mais c’est quoi ?
— Que vas-tu inventer, encore !
— Ça n’existe pas, un Spectrali.

Devant les moqueries de ses sœurs, Eri se renfrogna et se mit à bouder, son Evoli sur ses genoux. Mortimer était confus et ne comprenait pas ces échanges.

— Elle est amoureuse des Pokémon spectre, lui expliqua Tamao en souriant.
— Elle est surtout amoureuse de Mortimer, lança une des sœurs.

Eri rougit en fronçant des sourcils.

— Mêle-toi de ce qui te regarde, toi ! répliqua-t-elle.
— Eri ! dit Tamao d’un air autoritaire.
— Quoi ? répondit la cadette avec défi. Arrête de te prendre pour Maman, c’est bon !

Pour alléger l’atmosphère, Mortimer lui adressa un regard complaisant :

— Moi aussi, je suis amoureux des Pokémon spectre. Je te comprends. Ils sont incroyables et plein de mystère. Ils ne m’ont jamais déçu.

Eri sourit et caressa son Evoli, satisfaite. Tamao lui lança un regard méfiant avec une pointe d’inquiétude.
Peu discret, Eusine se racla la gorge, ce qui fit retourner tous les regards vers lui.

— On commande ? lança-t-il joyeusement.

Mortimer n’était pas partisan à l’idée de partager un moment avec lui, mais il devait interroger les sœurs Kimono. Montrer d’avantage d’hostilité en public ne relevait pas de son caractère pudique, aussi il acquiesça d’un signe de tête.
Autour de tisanes chaudes et de bières fraiches, chacun commenta le spectacle joué par les sœurs ce soir-là. Elles préféraient éviter le sujet des évènements récents. Au cours d’une discussion animée sur le moment où Pyroli avait failli bruler le costume de scène de sa dresseuse, Mortimer en profita pour se pencher vers Eusine :

— C’était elles, que tu attendais ? chuchota-t-il.
— Tu n’es pas le seul à enquêter, rétorqua Eusine en lui lançant un clin d’œil.
— Que sais-tu ? renchérit Mortimer, d’un air morne.
— Des choses… répondit le jeune homme en se redressant.

Vexé, le champion tenta de reprendre la discussion des sœurs, cherchant à savoir quand il pouvait les interroger sans paraître trop formel ni brusque.

— Dans votre spectacle, il y a toujours des questions sans réponses, quand même, lança Eusine en souriant.

Un silence s’installa. « Il a du culot, celui-là », pensa Mortimer.

— C’est-à-dire ? lui demanda doucement Tamao.
— Eh bien par exemple, on ne sait pas qui étaient ces trois Pokémon décédés dans l’incendie de la tour, avant qu’ils deviennent Suicune, Entei et Raikou.
— Ce n’est pas bien grave, répondit une des sœurs. L’histoire est la même et quelque soit les Pokémon, ce qui est arrivé était tragique.
— Tragique, oui, reprit Eusine.

Mortimer l’observa attentivement, prêt à intervenir. Il ne pouvait pas se permettre de laisser cet empoté saboter son enquête sous prétexte qu’il n’a aucune diplomatie ni patience.

— Je n’ai trouvé aucune réponse à cette question, voyez-vous, dit Eusine de son air joyeux. Pourtant, comme vous savez, dans ma quête de retrouver Suicune, je me suis longuement documenté…
— Et alors ? reprit la dresseuse de Pyroli sur la défensive. Tu pensais qu’un spectacle pouvait apporter des éléments inconnus de documents historiques ?
— Non, peut-être pas le spectacle en lui-même, reconnu Eusine. Mais ses autrices-interprètes, oui.

Personne ne dit mot. L’ambiance était aussi tendue que les cheveux de Tamao coiffés en chignon.

— Il est tard ! s’exclama vivement Eri en regardant son Pokématos. Maman va s’inquiéter, il faut rentrer !
— Calme-toi, lui dit une de ses sœurs. Elle sait que tu es avec nous…
— Eri a raison, coupa Tamao en se levant. Nous devons rentrer.

Mortimer bouilla intérieurement. Eusine avait tout fichu en l’air avec son manque de tact. Il ne savait vraiment pas s’y faire, pensa-t-il. Ni avec les artistes, ni avec les femmes… ni avec les hommes non plus.
Sans protester envers leur ainée, les sœurs Kimono se levèrent et saluèrent les deux jeunes hommes en remerciant Mortimer d’être venu au spectacle. Celui-ci les regarda sortir une à une du bar avec une pointe de déception.

— Toujours aussi délicat, toi, reprocha-t-il à Eusine.
— Tu t’attendais à faire mieux ? rit le jeune homme. Les Kimono ont la réputation d’être assez secrètes. Elles n’allaient rien nous dévoiler.

Sans attendre la fin de sa phrase, Mortimer se leva et rattrapa Tamao par le bras devant la porte.

— Attends, lui dit-il en observant ses sœurs s’éloigner.
— Qu’est-ce que tu veux ? demanda-t-elle sur la défensive.
— Réponds-moi simplement : Est-ce que vous avez une idée de ce qui a déclenché l’incendie il y a cent cinquante ans ?

Tamao lui adressa un regard interdit.

— Mortimer, qu’est-ce qu’il te prend ?
— Tamao, tu viens ? demanda l’une de ses sœurs au loin.
— Réponds simplement par oui ou non, reprit le champion avec douceur. Je ne demande rien de plus.
— C’est le retour d’Eusine qui te perturbe à ce point ? lui demanda-t-elle.
— Quoi ? Non ! L’évènement de cette nuit, les cloches, le brouillard… c’est plus important que…
— J’arrive ! coupa Tamao à l’adresse de ses sœurs.

Elle se dégagea de l’emprise de Mortimer en lui offrant un regard suspicieux et inclina sa tête pour le saluer :

— Tu n’as pas lieu à t’inquiéter, tout ça aura probablement disparut bientôt. Dors bien.

Tamao s’éloigna sans plus attendre avec la manière traditionnelle des Kimonos, comme si elle glissait sur le sol. La brume l’enveloppa, laissant Mortimer seul devant le bar.

— Tu n’as pas eu plus de réussite que moi, n’est-ce pas ? demanda Eusine, qui l’avait rejoint, avec une pointe d’espièglerie.
— Détrompe-toi, répliqua le champion. Qui ne réponds à une question fermée détient une réponse qui dérange.

De retour chez lui, Mortimer prit une douche pour lui rafraichir les idées. Ses Pokémon spectre prirent leur place dans leur endroit favori de la maison. Fantominus préférait la cave, ses Spectrum dans le grenier pour jouer, Noctunoir et Ténéfix dans le salon pour surveiller la maison. La présence d’autres Pokémon spectre dans les rues ne leur disaient rien qui vaillent et tous deux souhaitaient monter la garde. Cela n’était pas pour déplaire à Mortimer.
Seul Ectoplasma dormait dans sa chambre depuis le départ d’Eusine. Son fidèle compagnon, bien qu’éternel silencieux, ne s’est jamais trop éloigné de lui. S’il ne pouvait consoler l’absence, il savait que par sa simple présence, il apportait du réconfort à son maître.
S’ébouriffant les cheveux avec une serviette, Mortimer sorti de la douche et bailla un grand coup. La nuit allait lui faire du bien.
Soudain, un bruit familier dans la nuit. Les cloches.

— C’est pas vrai ! s’exclama vivement le champion en courant vers la fenêtre.

Les douze coups sonnèrent, déchirant le silence sur la ville de Rosalia.
Cette fois, elles semblaient plus menaçantes.
Comme un avertissement.