Une ville où il fait bon mourir de GumZ80

- Taupiqueur, j’ai besoin que tu me fasses une tranchée. Attaque Tunnel ! cria Ben, l’un des employés de Mackonstruction.

Le Pokémon s’exécuta. Il s’enfonça dans le sol et fit le tour de la Tour avant de ressortir par le même trou où il était entré.

- Bravo Taupiqueur, c’est de l’excellent travail, dit Ben en posant sa main sur la tête de son Pokémon.

Les travaux avaient commencé depuis quelques heures maintenant. Tôt le matin, des camions floqués d’un Mackogneur portant un casque de chantier s’étaient garés le long de la route 8 au grand damne des passants.
Des grilles avaient été installées par des Machopeur tout autour de la future Tour Radio. Sur ces grilles étaient apposées un panneau de signalétique pour expliquer la présence de travaux.

L’entrée de la Tour n’était néanmoins pas fermée au public.
Lors des réunions de préparation des travaux, un élu, dénommé Fuji, avait tenu tête aux plans de Croman. Selon Fuji, rendre Lavanville vivante était une décision plus que louable mais il était hors de question d’empêcher les habitants de se recueillir auprès de leurs défunts.
Pour ne pas se mettre les habitants à dos, Croman avait accepté la requête de Fuji sans lui dévoiler que les tombes de la Tour seraient détruites par les équipes de construction.

- Chetiflor, vise les tranchées de Taupiqueur et lance Vampigraine ! ordonna Matilda.

Le Pokémon de la jeune paysagiste s’éxecuta. Des graines jaillirent de la bouche du Chetiflor et vinrent se planter à l’intérieur de la tranchée creusée par Taupiqueur.
Ben lança une Pokéball et invoqua son Sabelette.

- Recouvre la tranchée avec son Jet de Sable !

A coup de griffes, le Sabelette gratta hâtivement le sol. Un nuage de poussière s’éleva. Il utilisa ensuite ses griffes pour créer de l’air de projeter le nuage de sable.
La tranchée disparut alors, recouverte.

A son tour, Matilda appela un second Pokémon : un Ptitard.

- A toi, maintenant. Utilise Pistolet à O sur la butte de terre !

Ptitard cracha son jet d’eau. Des bourgeons jaillirent de la terre à chaque endroit que Ptitard arrosa.

Ben et Matilda se sourirent.

- On forme une bonne équipe, dit Ben.
- A nous six, nous pourrions faire fleurir tout le Kanto, sourit Matilda.

Les deux travailleurs continuèrent de se sourire.

Plus loin, sur la route 12, un Lokhlass tractait une immense dalle de béton entourée de bouée de sauvetage.

- Ici, c’est parfait, tu peux t’arrêter, demanda Kal, un ouvrier de Mackonstruction.

Il appela un Racaillou. Ce dernier fut rejoint par les Racaillous de Joffrey et Paulin, ses collègues.

- Tous les trois, prenez les briques et posez-les en suivant strictement ce plan, dit Kal.

Sur ces mots, il sortit le plan de construction de l’un des futurs restaurants de la « côte lavanvilloise », selon les dires du maire de la ville.
Les trois hommes accompagnèrent leur Pokémon et portèrent également des briques.
Dans la bonne humeur, l’équipe travaillait et riait.

Depuis le sommet de la Tour Pokémon, Croman observait les avancées des travaux d’urbanisation de Lavanville

- A ce rythme-là, monsieur, nous aurons fini dans un mois à peine, lui dit Mack, le patron de la société de construction.
- Très bien, répondit le maire. Et pour les travaux de nuit ?
- Nous devrons forcément être plus discrets. Cela demandera un peu plus de temps mais ils seront également terminés dans un mois.
- Parfait, monsieur Mack.

Mack sortit de la pièce tandis que Croman avait toujours les yeux rivés sur les travaux en contrebas. Il esquissa un sourire.


Alors que les dernières lumières dans les maisons de Lavanville s’éteignaient, quatre hommes pénètrent discrètement dans la Tour.
Dans l’obscurité la plus complète, ils montèrent les escaliers de la tour. En chemin, de nombreux jurons furent audibles à chaque fois qu’un des intrus se heurtait à un obstacle.

Lorsqu’ils furent arrivés au dernier étage, l’un des intrus fit appel à son Voltorbe.
- Voltorbe, éclaire-nous. Attaque Flash !
- Volt’, répondit le Pokémon qui se mit à scintiller.

Le dernier étage de la Tour était finalement éclairé, de même que le visage des intrus.
Ben, Kal, Joffrey et Paulin se regardèrent.

- Qu’est-ce qu’on fait maintenant, demanda Joffrey ?
- Selon le patron, répondit Paulin, il faut que nous détruisions étage après étage, en commençant par ici, tout ce qui pourrait rappeler aux gens que c’était une sorte de cimetière.
- Et on est sûrs que tout est ... safe ici ? s’inquiéta Ben.
- C’est-à-dire ? demanda Paulin
- Si c’est un cimetière, cela signifique qu’il y a des ... morts, bafouilla Ben. Et qui dit mort dit fantôme. Du coup, je voulais être sûr qu’en détruisant les stèles, nous n’allions pas réveiller le courroux des morts.
- Ok, je repars, conclut Kal. Hors de question de me faire attaquer par des fantômes.

Il fut saisi au col par Paulin.

- Arrêtez vos conneries tous les deux, dit-il sèchement. Le patron s’est assuré qu’il n’y avait aucun problème et nous avons même l’autorisation du maire de la ville.
- Pourquoi on ne fait pas ça de jour alors ? questionna Joffrey.
- Sûrement pour permettre aux Lavanvillois et Lavanvilloises de se recueillir pendant la journée, répondit Paulin.
- Donc y’a bien des morts ici, et donc des fantômes, conclut Ben.
- Sans moi, enchaîna Kal.

Mais il fut de nouveau saisi par Paulin.

- Invoquez les Pokémon. On a du travail.

Ben, Kal et Joffrey se regardèrent d’un air peu rassuré.

- Machoc, lance Poing Karaté, chuchota Paulin en lançant une Pokéball.

Un Machoc apparut et il brisa de la tranche de sa main une stèle.

Ben, Kal et Joffrey écarquillèrent les yeux, prêts à voir apparaître un spectre.
Mais rien ne se passa.

- Alors ? leur demanda Paulin.

Les trois employés se regardèrent et firent appel à leurs Machoc ainsi qu’à des Racaillous.
Poing karaté par-ci, poing karaté par-là. Les Pokémon brisèrent de nombreuses stèles tandis que les Racaillous ramassaient les débris.
Voltorbe, quant à lui, continuait de scintiller et roulait d’un côté à l’autre de la pièce pour éclairer les travailleurs Pokémon.

Ben, Kal, Joffrey et Paulin s’assirent. Joffrey sortit de son sac un thermos de café. Il en proposa à ses camarades qui acceptèrent d’un grand sourire.

- La nuit va être longue, rétorqua Paulin.

Joffrey pencha le thermos au-dessus d’un gobelet pour servir. Le café coulait du thermos.
Mais n’atteignait pas le gobelet.
Comme s’il disparaissait avant.

- Qu’est-ce que... s’étonna le serveur.

- CHOOOOOC

Le cri fut accompagné d’un bruit sourd.
Les ouvriers humains se levèrent subitement, Joffrey laissa même tomber son thermos sur le sol. Une mare de café y coula.

Un des Machos était inconscient contre un mur. Kal se précipita auprès de son Pokémon.
Devant lui, fut projeté un second Machoc qui heurta le mur avant de retomber au sol, inconscient.

- Machoc ! cria Ben en se précipitant vers son Pokémon.

Les jambes de Joffrey le lâchèrent et ce dernier s’effondra au sol. Paulin, quant à lui, avait déjà saisi un Pokéball et était à l’affût, guettant le moindre indice sur ce qu’il était en train de se produire.

- Mais qu’est-ce qu’il se passe ici ? demanda Ben, paniqué.

Paulin ne répondit pas. Il était le dernier à ne pas paniquer et il se devait de maintenir sa concentration pour les sortir, lui et ses collègues, de ce pétrin.

Toujours au sol, la main de Joffrey rencontra la mare de café. Le contact avec cette texture inattendue surprit l’ouvrir qui retira brusquement sa main.
Il regarda la mare au sol. Il constata que cette dernière disparaissait petit à petit comme si elle était lapée.

- Minuuuus, fit une voix.

Sous les yeux de Joffrey, apparaît une boule spectrale violette.
L’ouvrir ne put s’empêcher de pousser un cri.
Tous ses collègues regardèrent alors dans sa direction et découvrirent le Fantominus léchant la mare de café au sol.

- Machoc, frappe-le de ton Poing Karaté, ordonna Paulin.

Le Machoc s’exécuta mais l’attaque traversa le Fantominus qui continuait de lécher le café.

- Continue, Machoc !

Alors qu’il s’apprêta à porter le coup sur le Fantominus, le poing de Machoc fut arrêté.

- Qu’est-ce que ? dit Paulin, surpris.

Machoc se retourna. Il vit autour de son poing la main violette d’un Spectrum.
Ce dernier lui fit « non » du doigt puis sourit.
Les yeux de Spectrum s’illuminèrent et une aura apparût autour de Machoc. La main violette le lâcha puis Machoc traversa la pièce, projeté par une force invisible.
Il heurta le mur et, comme ses camarades, tomba inconscient au sol.

Ben, Kal, Joffrey et Paulin se regardèrent avant de porter leur regard vers le Spectrum.

Les yeux du Spectrum scintillèrent.
Une aura apparût, cette fois, autour des quatre hommes.

- Trum, dit le Pokémon.