Enquête à Lavandia
Vingt heures du soir, vingt minutes que Léo, appuyé contre la Colonne qui était éclairée, essayait de se convaincre des bienfaits de ces futurs travaux. Mais rien n’y faisait, le but de sa mission n’avait plus la même importance qu’avant, si ce n’était rendre à son propriétaire un objet volé.
Beladonis arriva sur place, avec un Cradopaud à ses côtés.
- Désolé du retard petit, je faisais un tour pour voir s’il y avait foule dans les parages. Heureusement, il ne reste que quelques personnes, soyons discrets. Ah, au fait, je te présente Cradopaud. C’est un Pokémon que tu ne dois pas connaître, car l’on n’en trouve pas dans cette région. Malgré cette apparence un peu saugrenue, ce compagnon me suit pour chacune de mes enquêtes. Il a aussi su me conseiller sur des moments difficiles, alors il ne faut pas le sous-estimer. Et toi, ça va ? Prêt pour ta première mission officielle avec un inspecteur de renom ?
- Oui, répondit simplement Léo, sans trop de vivacité.
- Bon, faisons le tour de la ville, inspectons tous les recoins. S’il y a des gens louches, tu restes discret et tu essaies de voir ce qu’ils mijotent. Si une pièce d’une entreprise installée au rez-de-chaussée est ouverte alors qu’elle devrait être fermée, tu m’avertis. Ah oui, échangeons nos numéros pour pouvoir communiquer à distance, ça nous sera d’une grande aide.
Les 2 enquêteurs sortirent leurs portables respectifs et s’échangèrent leur numéro. Cela faisait tout drôle pour Léo.
- Quelle chance tu as d’avoir mon numéro dans tes contacts. Bon, bien sûr ce n’est qu’un numéro sur la centaine que je possède, mais tout de même. Allez, au boulot, ordonna Beladonis.
Léo et l’inspecteur partirent chacun dans une direction différente. Beladonis et son Cradopaud se dirigeaient vers l’est de la ville, tandis que Léo partit vers l’ouest. Pour ce dernier, Lavandia n’avait pas de secret pour lui. C’est pourquoi il remettait en doute le fait que la planque des malfrats se situe au sein de Lavandia. Si Beladonis avait déjà fouillé chaque pièce réservée aux entreprises et chaque logement, alors la base des gredins ne pouvait pas se trouver ici.
Léo observa tout ce qu’il trouvait suspect, même s’il pensait bien qu’il ne trouverait rien d’intéressant. Pourtant, rapidement, il vit une personne habillée tout en noir, la quinzaine à peu près, capuche et casquette noire sur la tête, cachée derrière un pot de fleur, en train d’observer les lieux. Léo se planqua contre un mur. Pour lui, il tenait un suspect. Sans conteste, ce jeune homme vêtu de noir était en lien avec la bande dont faisait partie la voleuse. Il réfléchit, se demanda s’il devait envoyer un message à Beladonis. C’est d’ailleurs ce qu’aurait voulu l’inspecteur, mais devant l’âge supposé du suspect, il préféra un peu d’action.
D’un seul coup, Léo libéra son Chapignon de sa Poké Ball, avant de foncer sur l’individu et de l’encercler avec son Pokémon. Le mystérieux personnage n’avait nulle part où s’enfuir, pris soit par Léo, soit par le Pokémon prêt à se battre, soit bloqué contre un mur.
- Qui es-tu ? Lui demanda Léo, certain de tenir un membre du groupe des délinquants que recherche Beladonis.
- Mais c’est moi ! dit l’encerclé, enlevant sa casquette et sa capuche pour se révéler être Théo.
- Théo, mais qu’est-ce que tu fais là, je croyais que ta mère ne voulait pas que tu sortes le soir ?
- Je sais, alors je suis parti en cachette par la fenêtre de ma chambre puisque c’est un plain-pied. Et regarde, je me suis habillé pour l’occasion, en mode ninja.
Léo fit rentrer son Pokémon dans sa Poké Ball, content de voir son ami mais déçu de ne pas avoir capturé un des recherchés.
- Bon, continuons la fouille à deux alors, proposa Léo à son ami.
Les 2 groupes arpentèrent la ville de fond en comble. Toutes les pièces réservées aux entreprises étaient fermées à clef, mais Beladonis possédait un passe général, ce qui lui permit d’ouvrir chaque porte. Mais rien d’anormal dans toutes ces petites pièces qui étaient vides, leurs propriétaires étant rentrés chez eux. Personne non plus de suspect dans les environs. Peu à peu, il y avait de moins en moins de monde, si bien qu’il ne resta à terme plus que nos 3 aventuriers dans la nuit à parcourir les couloirs de la ville.
Les 2 amis discutaient tout en marchant dans un des couloirs, quand ils entendirent quelqu’un venir vers eux. Ils prirent peur en ne sachant pas sur qui ils allaient tomber aussi tard dans la nuit, mais quand Léo entendit un coassement, il relativisa vite. C’était Beladonis et son Cradopaud.
- Ah, tu en tiens un, se réjouissait l’inspecteur à Léo, en voyant un individu à côté de lui, habillé à la manière des cambrioleurs.
- Non, ce n’est que moi, Théo, rétorqua celui dont il ne prendrait plus ces vêtements désormais.
- Ah, mince. Ça nous aurait fait au moins une prise… dit à voix basse Beladonis.
Les 3 enquêteurs se retrouvaient sans pistes, ne sachant plus où chercher. L’inspecteur craignait bien de ne pas réussir à résoudre cette affaire. Il s’accroupit alors pour être plus à hauteur d’égal de son Cradopaud, et lui confia ne plus savoir quoi faire, ni où chercher. Il était perdu. Cradopaud regarda son dresseur sans rien dire, puis se contenta de coasser avant de se retourner brusquement pour cracher de sa gueule un liquide violet visqueux devant un rideau métallique d’une pièce fermée. La substance du liquide expulsé devait être toxique, déjà par le type poison du Pokémon mais aussi par le fait que la flaque violette provoquait des bulles qui ne cessaient d’éclater. Voilà une scène peu ragoutante.
Beladonis se releva et prit la parole.
- Je n’ai jamais réussi à aller dans cette pièce. Il y a toujours ce rideau métallique qui empêche de passer, il est toujours bloqué. À quoi sert cette pièce ?
- C’est l’ancien casino de la ville, mais il a été fermé à cause de la population qui l’occupait, trop peu fréquentable. Mais en effet on ne peut pas l’ouvrir, lui répondit Léo.
Face à cette révélation, Beladonis eut une idée. Il prit une pause héroïque, poings fermés contre ses côtés, tête levée vers le plafond et yeux fermés.
- Les garçons, vous allez assister à une procédure qui normalement est interdite, mais pour le bien de l’enquête, je n’ai pas le choix que d’entraver la loi. Vous allez être témoin de ce qui va se produire, ce qui signifie que si mon plan échoue et que l’on vous interroge sur ce que vous allez voir, j’aimerais que vous disiez que l’on discutait tous les 3 par-là et que rien de ce que vous allez voir ne se sera produit. Compris ?
En prononçant ce dernier mot, Beladonis tourna la tête vers les 2 garçons, qui déglutirent un bon coup, un peu inquiets de ce qu’ils allaient voir et dont il faudrait en plus qu’ils mentent.
- Cradopaud, utilise Vendetta ! Demanda l’inspecteur à son Pokémon, bras dirigé vers le rideau métallique. Le Pokémon s’exécuta en tapant son bras gauche contre le rideau, qui ne put résister à la puissance de l’attaque.
Cette dernière était tellement forte qu’elle éclata même la porte qui se trouvait derrière le rideau. Il y avait désormais un trou qui donnait accès à ce qu’il restait du casino, soit une pièce bien sombre remplie de divers objets en tout genre, mais également de détritus et de feuilles par terre. À première vue, le lieu devait être souvent squatté.
- Pas de doute, c’est la planque, en conclut Beladonis.
Son air déterminé et fier changea radicalement d’un coup par un grand sourire et il prit son Pokémon dans ses bras en sautillant pour le remercier de l’avoir guidé, en crachant sa bave toxique en direction de la planque tant recherchée. Décidément, ce Beladonis était un sacré personnage. Se rendant compte qu’il était en train de perdre son sérieux devant les 2 garçons, il reposa son Pokémon au sol et se reconcentra sur la découverte.
- Bien, suivez-moi.
Beladonis entra le premier dans le casino abandonné, suivi des 2 copains qui prirent grand soin d’esquiver la flaque visqueuse empoisonnée de Cradopaud. L’inspecteur donna une lampe torche à chacun des garçons, et tous trois commencèrent à fouiller le lieu. Dans un tas d’objets en désordre sur le sol, Léo reconnut ce qui était son but initial : la valise de Voltère. C’était bien elle, avec ce gris fade qui montrait qu’elle avait du vécu. Il en profita pour l’ouvrir. L’ordinateur de M. Voltère était toujours dedans, et parmi les quelques feuilles qui accompagnaient l’appareil, Léo reconnut bien des documents faisant état de projets que lui avait communiqués le champion d’arène, à son plus grand désarroi.
- Sympa cette Poké Poupée, remarqua Théo en soulevant une poupée de Pikachu gribouillée au visage pour lui donner un look d’horreur.
- Tiens, un Super Bonbon. Ça pourrait t’être utile, Cradopaud, à condition qu’il ne soit pas périmé, remarqua Beladonis fouillant dans des caisses contenant toutes sortes d’objets, beaucoup étant sans doute issus de vols.
Dans un des coins de la pièce, un chevalet de conférence papier était posé, avec plusieurs notes écrites dessus. Le trio s’avança pour les lire et cela leur donna un indice de taille : une manifestation était organisée pour demain matin au niveau de la route 123, et au vu de ce qui était écrit, il y aurait de la casse. Tous trois comprirent qu’ils devaient intervenir avant le début de la manifestation, quand tous les manifestants ne seraient pas encore rassemblés, auquel cas le trio serait dépassé par le nombre d’individus venus tout casser. Le début de la manifestation était prévu pour neuf heures, Beladonis et ses 2 assistants se donnèrent rendez-vous demain pour arriver sur les lieux à huit heures, pour tenter d’empêcher les manifestants de commettre de multiples infractions.
Théo et Léo rentrèrent chez eux. Théo repassa par la fenêtre de sa chambre par laquelle il était sorti, et comme si de rien n’était, il se coucha et mit son réveil en forme de Voltorbe pour demain matin, afin d’être prêt pour la confrontation du lendemain. Léo, lui, devait rentrer. Mais avant, il s’entraîna un peu à l’extérieur avec son Chapignon sur la route 110. Il s’en voulait toujours d’avoir perdu son combat sur le toit de Lavandia, et il se doutait qu’il y aurait de l’affrontement le lendemain.
Chapignon, Canon Graine ! Ordonna Léo à son Pokémon, qui projeta 4 graines qui explosèrent au contact d’un rocher. Boum.
Quand la fumée se dissipa, Léo remarqua qu’il y avait une cavité dans le rocher. Désormais accessible grâce à une faille provoquée par les explosions de l’attaque, le jeune garçon décida de s’y aventurer, et il n’en crut pas ses yeux : c’était une base secrète, comme celle qu’explore l’aventurier Millepertuis. À l’intérieur, divers objets de décorations, tapis et Poké Poupée, et également le fameux drapeau de la base secrète, collectable recherché par les explorateurs. Léo se souvint alors de pourquoi il avait commencé cette aventure, pour ressembler à son idole, Millepertuis, qu’il n’a toujours vu qu’à travers les écrans, jamais en vrai. Mais il espérait bien un jour le rencontrer, et se demanda si ce premier drapeau n’était pas un signe, celui de voir un jour son héros, et de finir cette aventure qu’il avait commencée, dont il était d’ailleurs proche du dénouement. Se faisant tard, Léo repartit avec le drapeau, fit rentrer son Pokémon dans sa Poké Ball, puis rentra chez sa mère, dans l’appartement 4 de la résidence Lavandia. La mère de l’enfant avait toute confiance en son fils. Ça ne la dérangeait pas qu’il traînait parfois dehors à des heures tardives. Depuis la mort de son mari, qui repose désormais au deuxième étage du Mont Mémoria, elle n’avait plus que son enfant unique. Elle ne voulait donc pas le frustrer en lui refusant des demandes. Et Léo savait rester raisonnable.
Auparavant dans la soirée, quand le jeune homme quitta le casino désaffecté, il prit avec lui la mallette de Voltère qu’il compta bien rendre au champion d’arène le lendemain, son arène étant ouverte pour venir le défier.