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L'Aube et le Crépuscule de AdwelSil'Gaard



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Informations

» Auteur : AdwelSil'Gaard - Voir le profil
» Créé le 07/10/2023 à 19:35
» Dernière mise à jour le 10/10/2023 à 10:51

» Mots-clés :   Aventure   Fantastique   Organisation criminelle   Présence de Pokémon inventés   Région inventée

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Rencontres Impromptues
Lorian se tenait immobile au sommet d’une crête abrupte, dominant les étendues majestueuses des Montagnes d’Émeraude. Le soleil levant baignait les pics environnants d’une lueur dorée, créant un tableau de beauté naturelle à couper le souffle. Des pins centenaires se dressaient fièrement sur les flancs des montagnes, et le vent léger susurrait à travers leurs branches. Pourtant, cette harmonie sereine avait été rompue par un cri terrifiant, déchirant le calme du lieu et perçant l’âme de Lorian. Tout tremblant, les échos du hurlement résonnant encore dans sa tête, comme un élan de folie qui l’avait secoué jusqu’au plus profond de son être. Son visage jusque-là calme et contemplatif était maintenant marqué par une expression complexe, mêlant surprise, inquiétude et détermination. Ses yeux, qui prenaient tout juste l’habitude de refléter la quiétude des lacs de montagne par une journée calme, brillaient maintenant d’une lueur nouvelle, une lueur qui naissait de la curiosité empreinte d’une pointe d’anxiété. Lorian savait, d’une manière instinctive, que ce cri ne pouvait être un simple accident sonore, pas dans un endroit aussi reculé et isolé que les Montagnes d’Émeraude.

Alors que les effets de l’effroyable rugissement persistaient dans l’air, Lorian se remémora les légendes locales qu’il avait parcourues dans ses lectures. Les anciens racontaient des histoires de Pokémon mystérieux qui hantaient les montagnes, des créatures insaisissables et puissantes, des gardiens des secrets les plus profonds de la terre. Le légendaire Terradon, dont lui avait parlé le vieux paysan du village de Floriterra, devait être lui-même le sujet de nombre de ces légendes. Pour le reste, il avait décidé de considérer ces récits comme des contes destinés à effrayer les enfants, mais à cet instant, il se se demandait si peut-être il y avait un fond de vérité dans ces histoires. Dans le silence de mort, seulement brisé par le souffle du vent spectral, qui avait succédé au cri, il sentit une énergie électrique dans l’air. Les Montagnes d’Émeraude semblaient retenir leur souffle, comme si la nature elle-même était suspendue à l’attente de ce qui allait suivre. Lorian, lui aussi, était suspendu à cette attente, pris entre l’émerveillement et la terreur. Ce hurlement avait ouvert pour lui une porte vers l’inconnu, ce qui faisait bouillonner en lui l’insatiable soif de découvertes de son âme d’archéologue, et il savait qu’il ne pouvait plus être un simple spectateur.

Il se mit à marcher, s’approchant lentement de la source du cri, son esprit en alerte, son cœur battant au rythme de l’aventure qui se dessinait devant lui. Il se demandait qui, ou quoi, pouvait bien avoir pu émettre un son aussi puissant et terrifiant, et surtout, pourquoi. Chaque pas le rapprochait de ce mystère, chaque cailloux sous ses bottes était un témoin silencieux de son avancée. La lumière dorée de l’aurore enveloppait le paysage d’une aura magique, mais elle créait aussi des ombres inquiétantes parmi les rochers escarpés. Lorian savait que les ténèbres pourraient engloutir les montagnes s’il arrivait le plus obscur des scénarios qu’il anticipait dans son esprit, mais il ne pouvait plus faire marche arrière. Plus maintenant.

Soudain, alors qu’il se faufilait entre les rochers, une voix retentit, une voix qui portait une tension palpable. Il s’arrêta net, figé dans l’obscurité d’un gros bloc de pierre, puis écouta attentivement, les oreilles dressées comme celles d’un Pokémon sauvage traquant sa proie. Les voix se firent plus audibles, tandis qu’elles se rapprochaient de lui. Il pouvait maintenant distinguer quelques mots, des chuchotements chargés de mystère et d’urgence. Il se cacha un peu plus dans l’ombre de son rocher, puis mit la main à sa ceinture, prêt à envoyer son compagnon le défendre si nécessaire. Puis, à travers les murmures, il entendit un mot étrange : « Obscuria ». C’était un mot qu’il n’avait jamais entendu auparavant, mais il comprit immédiatement qu’il devait avoir un lien avec ce qui se passait ici. La curiosité de Lorian s’intensifia, et il décida de s’approcher encore plus près pour essayer de comprendre ce qui se tramait.

À l’affût, il distinguait à présent un mystérieux groupe se former devant lui. Les sbires en combinaisons noires et futuristes avaient une présence oppressante, accentuée par leurs masques ronds et violacés qui ne laissaient entrevoir que leurs yeux perçants, dénués d’émotion. L’étoile pourpre à huit branches sur leur poitrine brillait d’une lueur sinistre et sanglante. Au centre de ce rassemblement se tenait une jeune femme vêtue de noir, aux cheveux violets, qui semblaient capter la noirceur qui se dégageait de ce qui s’apparentait à des subordonnés. Ses yeux étincelaient malicieusement derrière un masque en forme de croissant de lune. À ses côtés, deux Pokémon ajoutaient à l’inquiétude qui étreignait Lorian : un Persian, gracieux et élégant, mais dont les yeux brillaient d’un éclat aussi espiègle que ceux de sa dresseuse, son pelage sombre accentuant son air menaçant, et un Pokémon qu’il ne connaissait pas, à la silhouette semblable à un ensemble de pétales dorés et lumineux, aux yeux rouges luisant et au sourire timide, dégageant une étrange aura.

D’autres Pokémon, plus massifs et sombres, se tenaient en embuscade, presque fondus dans l’obscurité des montagnes. Un Absol, aux crocs acérés et à la corne menaçante, semblant prêt à bondir à tout moment, un Nosferalto aux ailes étendues et au regard perçant observait silencieusement, prêt à se jeter sur sa proie, un Malosse aux yeux rouges flamboyants, dont la fourrure semblait prête à s’embraser, un Embrylex, tapi dans l’ombre, tout aussi prêt à surgir avec une force redoutable, un Cornèbre, ses plumes noires lustrées absorbant la lumière, et un Tritox au corps visqueux et au regard malveillant, et quelques autres Pokémon qu’il ne connaissait pas, mais dont il devina sans trop d’effort le type ténèbres.

Lorian se sentit quelque peu pris au piège, partagé entre la fascination et la terreur. Il ignorait qui étaient ces individus, ni ne savait pourquoi ils étaient là, mais la présence de tels Pokémon, pour la plupart connus pour leur férocité ou leur cruauté, n’augurait rien de bon. Il sentit son cœur battre la chamade dans sa poitrine alors qu’il observait cet inquiétant groupe. Un frisson glacial lui parcourut l’échine, et il se rendit compte que sa curiosité l’avait peut-être mis en grand danger. Les ombres menaçantes des Pokémon semblaient danser sinistrement autour des sbires et il comprit qu’il avait pénétré dans un territoire ennemi, et cette simple pensée le fit frissonner davantage. Tout son corps se tendait, et il se sentit comme une proie traquée par des prédateurs implacables. Il prit une discrète et profonde inspiration pour tenter de calmer son anxiété grandissante, tout en se demandant comment il allait s’échapper de cette terrible situation. Mais une fois de plus, sa curiosité prit le dessus et il ne put s’empêcher d’écouter les voix à présent parfaitement audibles de ces obscurs personnages.

La femme était contrariée, et s’adressait à ses sous-fifres dont les masques ne cachaient pas la nervosité, avec arrogance et fermeté.

« Vous êtes vraiment une bande d’incapables ! Comment avez-vous pu le laisser s’échapper ? Il était notre clé pour ouvrir le lien entre les mondes terrestre et céleste, et vous l’avez laissé filer !
- Commandante... » Répondit l’un des sbires avec hésitation. « C’était imprévisible. Il a montré des capacités qu’on ignorait ! Nous avons pas pu lutter !
- Des excuses, toujours des excuses ! Ça ne fait que mettre en lumière votre incompétence ! Avec ses pouvoirs, nous aurions enfin pu atteindre notre but, mais maintenant…
- Mais Madame… Les échantillons que nous avons récupéré à l’Arbre Millénaire suffisent, non ? »

En un éclair, le sbire se retrouva projeté contre un rocher par une force surpuissante. D’un simple bond, le Persian, obéissant au geste de sa dresseuse, s’était jeté sur le malheureux.

« Imbécile ! » Tempêta la femme. « Ces échantillons ne nous serviront à rien sans sa puissance pour les alimenter ! Non, on doit absolument le retrouver ! »
Un autre sbire s’approcha d’elle, tremblant comme une feuille.

« Nous… Nous ferons tout pour le retrouver, co-commandante. » Bafouilla-t-il d’une toute petite voix. « Nous le traquerons jusqu’aux confins de la région, si nécessaire.
- C’est dans votre un intérêt. » Répliqua-t-elle d’un ton cinglant. « Le Boss est moins indulgent que moi face à l’échec. Je vous donne une dernière chance. Retrouvez-le, ou préparez-vous à affronter les conséquences de votre incompétence ! »

Les sous-fifres et leur Pokémon se dispersèrent sans demander leur reste. Lorsqu’ils furent tous partis, la commandante sort un Vokit de sa poche. Ses doigts fins glissèrent sur l’écran, et elle appuya sur une série de boutons puis prit une profonde inspiration pour se calmer. La tension dans l’air était palpable et Lorian ressentit en lui même, par mimétisme, l’état de stress de la jeune femme. Celle-ci parcourut du bout des doigts ses cheveux soyeux, les replaçant avec précision, et redressa son masque en croissant de lune. Même dans cette situation critique, son regard brûlait de détermination. Puis elle établit le contact et afficha un sourire confiant assez convaincant. Une silhouette encapuchonnée apparut sur l’écran en hologramme, son visage dissimulé par l’ombre de son capuchon.

« Agent Vespera. Je suppose que vous avez une mise à jour pour moi. »

Sa voix était doucereuse, profonde et remplie des ténèbres et évoquait une étrange dualité, comme si deux êtres distincts parlaient à travers lui, en parfaite synchronie. Chaque syllabe était teintée de sévérité et de puissance, révélant une présence incommensurable au-delà de la perception humaine. Lorian frissonna rien qu’à l’écoute de ce timbre sinistre et menaçant qui paraissait incarner la quintessence de l’obscurité, tel une menace qui planait dans l’ombre.

« Seigneur Malachar. » Répondit Vespera d’un ton adulateur. « Sylvastrail a réussi à s’échapper de notre laboratoire dans les Montagnes d’Émeraude. »

Son interlocuteur émit un grognement impatient, l’encourageant à développer.

« Nous sommes en train de le traquer. » Poursuivit-elle d’une voix coupable. « Il nous a juste pris de court avec ses pouvoirs. Je suis sûre qu’on l’aura bientôt récupéré !
- Des erreurs inacceptables, Vespera. Vous êtes responsable de cette mission. Ne me faites pas regretter mon choix, ou vous devrez en assumer les conséquences. »

Lorian sentit de sa cachette la pression peser sur les épaules de la commandante. Il devina que l’homme à qui elle parlait n’était pas du genre à accepter l’échec.

« Je vous le promets, Seigneur, nous retrouverons Sylvastrail. Personne ne se mettra en travers de mon chemin. »

La silhouette hocha la tête puis l’hologramme s’éteignit. Vespera rangea son Vokit et respira profondément. Lorian fit tourner dans sa tête tout ce qu’il venait d’entendre. Effectivement, quelque chose de sinistre se tramait ici, et il ressentit une profonde inquiétude pour l’équilibre des mondes terrestre et céleste qu’avait évoqués la commandante. Quant au nom de Sylvastrail, il lui était parfaitement inconnu. Il se demandait ce que pouvait être ce Pokémon, et quel rôle jouait-il dans les plans de cette mystérieuse organisation. Mais leur insistance à le retrouver et à s’emparer de sa puissance laisser présager des conséquences cataclysmiques. L’esprit de Lorian était en ébullition, tentant de démêler les fils de cette intrigue, mais il lui manquait visiblement encore des pièces essentielles du puzzle. Tout en demeurant caché, il réfléchissait à la manière dont il pourrait intervenir pour contrecarrer les sombres ambitions dont il avait été témoin, tout en restant un observateur discret. Il savait que le temps jouait contre lui, mais il ne pouvait laisser une organisation inconnue troubler la quiétude des Montagnes s’il voulait avoir la chance d’être reconnu par Terradon. Soudain, la voix de Vespera rompit le silence.

« Solylume, attaque Clairvoyance ! »

Le rocher derrière lequel il était caché devint transparent et il vit avec horreur le regard perçant de la commandante le fixer avec férocité.

« Je me disais bien que je n’étais pas seule ! » S’exclama la commandante d’une voix triomphante. « Tu es qui, toi ? Peu importe, les gêneurs doivent être écartés. »

À ces mots, le rocher explosa sous l’attaque Bélier du Persian et Lorian se retrouva complètement à découvert. Estimant ses chances de s’en sortir relativement faibles, il attrapa néanmoins la Pokéball fixée à sa ceinture et la lança de toute ses forces sur son adversaire.

Son fidèle Cryptéro surgit dans un éclair de lumière rouge, sa silhouette sinistre se découpant dans les cieux bleuâtres, ses ailes d’or et ses ailerons d’obsidiennes battant silencieusement. Ses yeux, pareils à des saphirs, semblaient percer d’un regard l’ensemble de la scène, révélant une intelligence rusée.

« Machination ! »
« Crocs givre ! »

Le Pokémon de Lirian encaissa l’attaque glace avec souffrance, mais tint bon. En contrepartie, il avait pu booster correctement son attaque spéciale. Persian retomba sur ses pattes et grogna avec férocité, imité par sa dresseuse.

« Utilise Hâte, puis Reflet. »

Profitant d’un instant de répit, Cryptéro obéit et une dizaine de copies apparurent, entourant Vespera et ses deux Pokémon.

« Persian, débarrasse-nous de ces clones avec Balle-ombre, Solylume, Charge Solaire !»

Le petit Pokémon que Lorian ne connaissait pas chargea sans hésitation aucune le véritable Cryptéro, mais l’attaque infligea peu de dégâts. Le type psy-vol recula sous l’assaut puis pointa ses trois yeux sur Persian.

« Cryptéro, Lame d’Air ! »

L’attaque vol, renforcée par la Machination, fusa sur le Pokémon chat élégant, lui infligeant une profonde cicatrice sur le flanc et l’envoyant s’écraser contre un rocher. Il se releva en fêlant et Vespera lui jeta un regard noir.

« Relève-toi, et utilise Assurance ! »

Cryptéro esquiva l’attaque qui aurait eut raison de lui et lança de lui même une Rafale-Psy qui vint achever le Persian.

« Solylume, Hypnose ! »

Lorian esquissa un léger sourire. L’attaque Hypnose était d’une précision désastreuse, et avec le boost d’esquive procuré par Reflet, Cryptéro n’aurait aucun mal à…

Cryptéro s’effondra, raide endormi.

« Que… Comment...? » Balbutia Lorian, hébété.

Il avait perdu. Il se tenait là, un sentiment d’amertume profondément ancré en lui. Il avait perdu. Il avait cru en la résilience de son compagnon, en sa capacité à repousser les Pokémon de son adversaire, mais la cruelle réalité l’avait rattrapé. Pourtant il était plutôt bien parti pour gagner. Il avait pu placer trois attaques de soutien d’entrée de jeu, ce qui aurait dû lui permettre de l’emporter, mais l’insidieuse Hypnose de Solylume, une technique qu’il avait sous-estimée, une erreur qu’il ne pouvait s’empêcher de regretter, était passée au travers de sa défense qu’il pensait parfaite. Son ennemie avait triomphé, et il se sentait impuissant face à cette défaite. Il avait vu en Cryptéro un allié fidèle, mais le résultat du combat avait ébranlé sa confiance en lui. Les doutes l’assaillaient, et il se demandait s’il avait ce qu’il fallait pour affronter l’obscure organisation, dont la puissance venait d’être démontrée de manière éclatante. Et toutes cette sinistre pensée, toute cette introspection tenait en sa réaction : Que… Comment… ? Il tomba à genou, et ne vit pas Vespera s’approcher de lui. Il sentit juste un douloureux coup sur sa nuque avant de tomber dans une profonde léthargie.


~*~


Alors que Sélène grattait depuis à présent une heure et demie, la cloche résonna, mettant fin aux équations complexes qui tourmentaient son esprit. Elle rangea soigneusement ses notes dans son sac, consciente que sa rigueur serait une arme précieuse dans son arsenal intellectuel. Le professeur Vidal adressa un dernier regard scrutateur à la classe avant de quitter la salle, laissant enfin les élèves respirer. La pause entre les cours offrait une bouffée d’air frais à l’agitation de la journée académique. Les élèves se dispersèrent dans la cour de l’académie, cherchant à aérer leurs esprits pleins de formules compliquées. Sélène, elle, se dirigea vers la cafétéria, préférant le calme intérieur aux chahut qui se faisait déjà entendre au dehors. Là, elle s’installa seule, à une table, près de la grande baie vitrée, son sac à dos soigneusement posé à côté d’elle, et entreprit de profiter de son quart d’heure de pause pour recopier au propre sa leçon de mathématiques. La lumière du soleil qui traversait la baie vitrée, douce et apaisante, éclairait doucement la pièce, créant un jeu de reflets dans les gouttes de rosée sur la fenêtre.

Le cœur de Sélène battait doucement, comme une mélodie calme dans la symphonie de la rumeur des conversations de ses camarades. Les formules et les équations qu’elle recopiait proprement sur son carnet à spirales brillaient d’encre, telles des portes vers l’inconnu. Même si elle était loin d’être experte dans le domaine des mathématiques, elle ressentit une pointe d’une étrange excitation, un frisson de satisfaction à l’idée de maîtriser ces concepts complexes. Le stylo dans sa main était une extension de sa pensée. Chaque lettre, chaque chiffre, chaque symbole prenait forme sous sa plume, traçant un chemin vers la compréhension et plus largement, vers ses objectifs académiques. Elle osa un regard discret vers les autres élèves qui avaient pris refuge dans la cafétéria. Certains semblaient stressés, se mordillant les lèvres alors qu’ils luttaient sur leurs propres devoirs et révisions. D’autres portaient sur leur visage des expressions de joie, de frustration ou encore de perplexité alors qu’ils discutaient de sujets qui semblaient sans fin.

Son quart d’heure de pause s’écoula rapidement, et lorsque le tintement lyrique de la cloche en annonça la fin, elle rangea soigneusement son cahier dans son sac à dos et se leva, prête pour la prochaine série de cours, pour les défis intellectuels qui l’attendaient dans sa quête de vérité qui la guidait à travers les méandres de l’académie. Sa détermination brillait dans ses yeux, prête à affronter chaque obstacle sur son chemin vers la connaissance. Plongée dans ses pensée, elle ne vit cependant pas l’obstacle qui l’attendait à la sortie de la cafétéria et lui rentra proprement dedans.

Comme une collision inattendue entre deux planètes, elle heurta Amadis de plein fouet. La pile de livre qu’il tenait à bout de bras tomba en cascade sur le sol du couloir. Le choc entraîna Sélène étourdie, son esprit violemment arraché à ses pensées, qui se retrouva une nouvelle fois au cœur de l’attention des étudiants. La panique monta en elle, engendrant une série de pensées tumultueuses. Suis-je en train de les embarrasser ? Pourquoi suis-je si maladroite ? Que vont-ils penser de moi ? Le temps sembla soudainement s’arrêter alors que couloir devenait le théâtre d’une petite scène impromptue. Les regards curieux des autres élèves se tournèrent vers eux et Sélène sentit ses joues s’empourprer de gêne alors qu’elle tentait de ramasser les livres éparpillés, chacun de ses gestes imprégné de maladresse, accentuant son humiliation. Elle se sentait comme une étrangère dans ce monde social, incapable de suivre les règles non écrites qui régissaient les interactions entre ses pairs. Amadis, toutefois, réagit avec une grâce tranquille, chassant doucement les curieux d’un geste amical de la main, leur accordant un sourire rassurant. Puis il se pencha pour l’aider à ramasser ses propres livres, ses mouvement précis, gracieux et efficaces, comme s’il avait l’habitude de gérer de telles situations.

Alors qu’elle lui tendait le dernier livre, leurs yeux se croisèrent brièvement. Sélène sentit une connexion fugace, un éclair de compréhension mutuelle. Elle pouvait voir dans les yeux d’Amadis une lueur de bienveillance, de gentillesse et de compréhension, comme s’il savait que les esprits dédiés à la recherche du savoir étaient souvent enclins à errer dans un monde de pensées abstraites, laissant le réel s’estomper alors.

« Je… je suis désolée. » Murmura timidement Sélène, sa voix à peine audible et tremblante.

Son camarade secoua la tête, un sourire toujours accroché à ses lèvres.

« Pas de souci ! » Répondit-il avec douceur. « Ça arrive à tout l’monde, t’inquiète ! »

Elle se sentit submergée par la bataille féroce qui avait lieu en elle, une épreuve de force entre l’embarras insidieux qui l’entourait toujours et la gratitude qu’Amadis lui inspirait. Il avait, d’un simple geste, détourné d’elle les projecteurs impitoyables qui mettaient au centre de la scène sa maladresse et son incapacité sociale, mais ses joues, d’une chaleur cuisante, lui rappelaient sauvagement la réalité de la situation. Les pensées tournoyaient dans son esprit, une cacophonie de doutes et d’autocritiques implacables. Pourquoi était-elle si maladroite ? Pourquoi était-ce si difficile ? Ne pouvait-elle pas simplement être normale ? Chaque mouvement qu’elle avait effectué pour ramasser les livres éparpillés avait été une torture, sous l’impression que chaque étudiant la regardait, la jugeait. Ils devaient penser qu’elle était bizarre, que quelque chose n’allait pas chez elle. Elle aurait souhaité pouvoir disparaître, se fondre dans l’invisible, loin des regards indiscrets et critiques. Pourtant elle savait que c’était impossible et l’embarras la tenaillait, tel un fardeau lourd et oppressant qu’elle portait comme une croix. L’intervention d’Amadis avait certes apporté un soulagement temporaire, mais son anxiété persistait en elle comme une plaie béante. Sa gratitude envers lui était immense, mais en même temps, elle se sentait faible et vulnérable. Elle se demandait si elle serait un jour capable de surmonter cela, si elle serait un jour à l’aise dans ce monde où les interactions humaines semblaient si naturelles pour les autres, mais si effrayantes pour elle. Cette brève rencontre avait insisté une fois de plus sur cette douloureuse réalité : son anxiété sociale était un fardeau qu’elle porterait toujours, une ombre qui planait sur chacun de ses pas dans le monde extérieur.

« Sélène, tout va bien ? »

Amadis prit entre ses mains les doigts tremblants de Sélène et la regarda avec une profonde tendresse. Ses yeux reflétaient une douceur apaisante, un contraste rassurant avec la tourmente qui grondait en elle. Il paraissait savoir, sans qu’elle ait besoin de dire, à quel point cette situation la troublait. Il parla d’une voix douce, presque comme un murmure apaisant dans le tumulte de son esprit. Ses mots, tels une bouée de sauvetage dans le tourbillon de l’angoisse, sa présence, comme une bouffée d’air frais dans un monde submergé par l’incertitude.

« Tu n’as pas à affronter ça seule. J’ai une idée, attends-moi là ! »

Elle hocha légèrement la tête, incapable de prononcer le moindre mot, puis le regarda s’éloigner, le cœur lourd de reconnaissance pour lui qui, d’un simple geste et quelques mots, avait réussi à calmer quelque peu son anxiété dévorante. Les minutes qui s’écoulèrent pendant son absence furent pour Sélène une lente évasion de la tension qui l’avait saisie. Les battements de son cœur ralentirent, ses mains cessèrent de trembler, et elle se sentit enfin capable de reprendre le contrôle de ses émotions. Elle revisionna en boucle l’instant de réconfort qu’il lui avait offert, un instant qui avait ébranlé les fondations de son anxiété et se demanda si, peut-être, avec son soutien, elle pourrait un jour surmonter les épreuves de son monde intérieur. Amadis revint au bout de quelques instants, un sourire encourageant aux lèvres.

« Je nous ai eu des dispenses pour les cours de c’matin. » Dit-il d’un ton amical. « Viens avec moi. J’te promet que tu le regretteras pas. »

Sélène hésita un instant, sentant le poids de ses responsabilités académiques et de ses devoirs. Cependant, quelque chose en Amadis, en la manière dont il avait géré la situation, en sa compréhension silencieuse de son anxiété, la convainquit de la sincérité de sa proposition.

« D’accord. » Acquiesça doucement avec un mélange d’appréhension et de curiosité.

Il lui prit la main et elle se laissa entraîner dans les couloirs labyrinthiques, le suivant jusqu’en dehors de l’établissement, qu’ils quittèrent pour se diriger vers un autre quartier de la ville d’Astralia, sous le chant enjôleur des Braisillon.