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La plume fantôme de MissDibule



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Informations

» Auteur : MissDibule - Voir le profil
» Créé le 07/08/2023 à 22:39
» Dernière mise à jour le 07/08/2023 à 22:41

» Mots-clés :   Drame   Présence de personnages du jeu vidéo   Sinnoh   Slice of life   Unys

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Chapitre 5 – Plume Mental
Le cœur d’Anis battait à tout rompre. Peut-être était-ce parce qu’elle n’avait toujours pas l’habitude de voler dans le ciel, portée par sa Baudrive. Elle avait rencontré sa nouvelle amie lors de son voyage à travers Sinnoh, près des Éoliennes qui bordaient Floraville. Mais les battements de son cœur pouvaient aussi être dus au paysage qui se rapprochait dangereusement à l’horizon : une ville portuaire d’apparence très paisible.

Joliberges.

Elle ne s’était jamais trouvée plus proche de la vérité. Elle la sentait s’approcher, inexorable comme la mort. Anxieuse, elle jeta un coup d’œil à ses compagnons de voyage. Son mentor, Goyah, était porté par son Pyrax avec grâce. Quant à Pieris – la troisième cause possible de ses battements de cœur rapides – il voyageait avec nonchalance sur le dos de son majestueux Corboss. Comment faisait-il pour avoir la classe en permanence ? C’en était presque agaçant pour Anis.

Elle reporta son attention sur la ville en contrebas. Désormais, ils la survolaient bel et bien. Anis voyait les toits bleus des chaumières se dresser sur la pierre grise. Mais ce fut un bâtiment au toit vert qui attira son attention. Un bâtiment qui s’élevait plus haut que tous les autres. La Bibliothèque de Joliberges. Un endroit rempli de mythes et de savoirs. S’ils voulaient en savoir plus sur sa plume – et sur Darkrai – c’était là qu’ils devaient chercher.

Ils avaient déjà convenu qu’ils s’y rendraient dès leur arrivée dans la ville. Alors, lorsqu’Anis désigna le bâtiment du doigt, ses deux compagnons hochèrent aussitôt la tête, et ils amorcèrent leur descente. Anis était un peu nerveuse ; l’atterrissage n’était pas sa partie préférée du voyage. Mais elle faisait confiance à Baudrive. Elle jeta un œil par-dessus sa tête : le petit Pokémon violet sentit le mouvement et baissa les yeux vers elle. Leurs regards se croisèrent. Baudrive affichait un air joyeux, ce qui rassura Anis.

Avant même qu’elle ne s’en rendre compte, ses pieds touchèrent le sol pierreux de Joliberges avec délicatesse. Elle remercia chaudement son Pokémon avant de le rappeler dans sa Poké Ball. Elle était si heureuse d’avoir rencontré sa nouvelle amie durant ce voyage à Sinnoh.

Elle avisa la bibliothèque. Combien de siècles d’histoire ces murs de brique renfermaient-ils ? Trouverait-elle enfin les réponses à ses questions dans cet édifice de culture ? Il n’y avait qu’un seul moyen de le savoir. Pieris aussi semblait déterminé :

— Bien, ne perdons pas plus de temps. Entrons.

Goyah et Anis acquiescèrent, et ils entrèrent tous les trois dans le bâtiment. La quiétude de la bibliothèque frappa Anis de plein fouet, comme une onde de bien-être. Les étagères chargées de livres jugeaient de toute leur hauteur ces nouveaux arrivants. Une odeur de vieux parchemin emplit aussitôt les narines d’Anis. Elle se sentait comme chez elle dans cet endroit qui respirait l’histoire.

Comme happés par l’atmosphère paisible du lieu, aucun des trois compagnons ne bougea ni ne parla pendant plusieurs secondes. La bibliothécaire, une femme en tailleur bleu assise derrière le bureau d’accueil, leur adressa un regard circonspect. Finalement, ce fut Pieris qui brisa le silence :

— Bonjour, commença-t-il.

Anis remarqua qu’il ne parlait pas très fort. Il n’avait pas la langue dans sa poche, mais il respectait ce lieu autant qu’elle. Elle était heureuse de le constater.

— Bonjour, répondit la bibliothécaire d’un ton poli, presque en chuchotant.

— Nous aimerions consulter les livres sur Darkrai, s’il vous plaît, déclara Pieris de but en blanc.

La bibliothécaire les contempla un instant d’un air surpris, avant de reprendre contenance.

— Premier étage, rayon quarante-neuf, première rangée, annonça-t-elle simplement. Mais je vous préviens, vous risquez de ne pas trouver grand-chose, les avertit-elle.

— Pourquoi ? s’enquit Pieris.

— Presque tous les livres et documents relatifs à Darkrai sont déjà empruntés, leur révéla-t-elle.

— Par qui ?

— Je regrette, mais je ne peux pas vous le dire. Je tiens à protéger la vie privée de nos usagers.

— C’est bien notre veine… pesta Pieris.

— Je suis désolée, s’excusa-t-elle.

— Vous n’y êtes pour rien, lui assura Pieris. On repassera plus tard, alors…

Le trio s’apprêtait à repartir quand le regard de la bibliothécaire passa sur la plume d’Anis. Elle écarquilla les yeux et s’exclama :

— Attendez !

Ils se retournèrent vivement, surpris.

— Je vois que vous avez une Plume Lune… commença-t-elle timidement.

Elle se mordit la lèvre, hésitante. Puis elle se décida à parler :

— Écoutez… Je suis amie avec la personne qui a emprunté les livres que vous voulez consulter. Il s’agit d’Edern, un marin qui vit au sud de la ville.

— Mais je croyais que vous ne vouliez pas nous le dire ? s’enquit Pieris, confus.

— Oui, mais… Edern a emprunté ces livres car… son fils est prisonnier de ses cauchemars, révéla-t-elle. Il est certain que Darkrai est la cause de ces mauvais rêves. Récemment, il a appris que pour sauver son fils, il a besoin d’une Plume Lune, mais elles sont plutôt rares, expliqua-t-elle, le regard appuyé sur celle d’Anis. Si vous lui donnez la vôtre, il n’aura plus besoin de ces livres, et vous pourrez les consulter.

Anis contempla sa plume : elle n’avait pas envie de s’en séparer. C’était sans aucun doute une réaction égoïste, mais elle avait fait tout ce chemin pour en apprendre plus sur sa plume, pas pour la donner. C’était son porte-bonheur, qu’elle chérissait plus que tout. Sa plume l’avait accompagnée durant tous ses moments difficiles.

Mais d’un autre côté, si elle pouvait sauver quelqu’un…

Sauver quelqu’un.

Sa plume pouvait sauver une vie.

Anis mesura soudain la portée de son égoïsme. Pour elle, cette plume permettait de bien dormir, et de faire des rêves agréables. Pour ce garçon prisonnier de ses cauchemars, cette plume représentait une chance de salut. Anis se sentit soudain dégoûtée d’elle-même, écœurée d’avoir songé ne serait-ce qu’un instant à la garder pour son confort personnel, alors qu’elle pouvait aider une personne en souffrance. Elle avait l’occasion de faire ce qu’elle n’avait pas pu faire lorsque son amie était morte : sauver une vie.

— Pouvez-vous nous donner l’adresse, s’il vous plaît ? demanda Anis d’un ton poli à la bibliothécaire.

— Bien sûr, acquiesça-t-elle.

À ces mots, elle s’empara d’un bout de papier et d’un stylo pour noter l’adresse et le tendit à Anis.

— C’est à l’autre bout de la ville, les prévint-elle. Mais au moins, il vous suffit de marcher tout droit. Edern habite près du port.

— Merci pour votre aide, répondit Anis.

La bibliothécaire secoua la tête :

— Non, merci à vous. C’est très généreux de votre part. Ce pauvre petit ne mérite pas un tel sort…

La gratitude se lisait dans ses yeux. Anis crut y voir perler de minuscules larmes. Ces larmes lui assuraient qu’elle faisait le bon choix. Il n’était pas question d’elle et de son bonheur égoïste. Il était question des autres. Elle salua la bibliothécaire, imitée par Goyah et Pieris, et ils quittèrent tous trois le bâtiment.

— Tu es sûre que tu veux faire ça, Anis ? demanda Goyah avec douceur, une fois qu’ils eurent retrouvé l’air marin de Joliberges. Je sais combien cette plume compte pour toi.

— Oui, affirma Anis avec fermeté.

Elle se dirigeait déjà vers le sud de la ville, marchant à vive allure.

— Si cette plume peut sauver la vie de quelqu’un, alors il faut absolument le faire, reprit-elle. Elle m’a déjà tellement aidée… Il est temps qu’elle aide quelqu’un d’autre.

Pieris posa soudain sa main sur son épaule. Ce simple geste fit perdre tous ses moyens à la jeune fille, dont les joues devinrent écarlates.

— C’est un beau geste. T’es vraiment quelqu’un de bien, ma petite Anis.

— M-merci… bredouilla-t-elle.

Puis ils pressèrent le pas, conscients de la gravité de la situation. Chacun de leur pas claquait contre la pierre. Anis n’aurait su dire depuis combien de temps ils marchaient quand elle aperçut enfin le port à l’horizon. En face d’eux, un pêcheur enthousiaste venait d’attraper un Ptitard. Le soleil se couchait, embrasant l’azur de la mer d’un magnifique éclat doré. En d’autres circonstances, Anis se serait volontiers arrêtée un instant pour contempler ce paysage idyllique.

Elle observait les numéros des maisons éparses. Joliberges n’était pas très peuplée. Ils approchaient de la maison d’Edern quand ils virent un homme en costume de marin, accompagné d’une jeune fille vêtue d’une robe noire et rose et d’un bonnet blanc courir dans leur direction. La jeune fille tenait une Plume Lune à la main. Anis les suivit du regard : comme elle s’en était doutée, ils se dirigeaient vers la maison d’Edern le marin. Elle s’empressa de les suivre.

Le duo était si pressé qu’il ne ferma même pas la porte de la maisonnette. Anis regarda ses compagnons, hésitante. Elle ne se sentait pas très à l’aise à l’idée de rentrer chez quelqu’un sans y avoir été invitée. Mais ils n’avaient pas fait tout ce chemin pour reculer maintenant. Après avoir échangé un regard entendu, le trio s’engouffra dans la petite maison, à la suite du marin et de la jeune fille. Traversant au pas de course un salon modestement décoré, ces derniers se dirigèrent vers une petite pièce exiguë au fond de la demeure.

La chambre du fils d’Edern.

Anis et ses amis s’arrêtèrent au seuil de la chambre. Là, une femme aux cheveux châtains se tenait au chevet d’un petit garçon, à peine visible sous les couvertures. Le jeune enfant gémissait dans son sommeil, et des sueurs froides perlaient son front. La jeune fille au bonnet blanc se précipita vers lui, la Plume Lune à la main. Elle approcha la plume du garçon souffrant, et celle-ci se mit à briller d’une lueur dorée, celle-là même qu’Anis avait observée dans le ciel, un an plus tôt.

Lorsque la lueur disparut, l’enfant ouvrit les yeux, lentement. Son visage, pâle et fiévreux une seconde plus tôt, avait déjà retrouvé ses couleurs.

— Mam… Maman… articula-t-il faiblement. Papa… Qu’est-ce… qui s’est passé ?

Sa mère ne répondit rien, et fondit en larmes de joie, les bras serrés autour de son enfant. Son père laissa échapper une larme également, avant de répondre avec un grand sourire :

— Rien, fiston. Tu as juste fait un très long et très méchant cauchemar. Mais tout va bien maintenant.

Puis il se joignit à l’embrassade familiale.

Anis se sentait de trop, et à juste titre. Ce devait également être le cas de la jeune fille au bonnet blanc, qui remettait sa Plume Lune dans son sac. Anis écarquilla les yeux : la plume était toujours intacte. Évidemment. Pourquoi avait-elle pensé que l’utiliser pour guérir ce jeune garçon l’aurait détruite ou consommée ? Ou bien qu’elle devrait l’abandonner à cette famille ? Elle n’avait même pas envisagé l’idée qu’elle puisse la récupérer après, tout simplement. Elle se sentit soudain très embarrassée. Et cela ne faisait que commencer.

La jeune sauveuse à la plume se leva et se dirigea vers la porte… toujours bloquée par Goyah, Pieris et Anis, qui ne savaient pas où se mettre. La jeune fille ouvrit des yeux ronds, puis elle fronça les sourcils :

— Qui êtes-vous ?

À ces mots, Edern et sa femme se tournèrent vers eux. Edern fronça à son tour les sourcils :

— Oui, qui êtes-vous ? Qui vous a permis d’entrer ?

Anis crut mourir de honte. Elle voulut parler, s’expliquer, défendre leur cause… Mais les mots restèrent coincés dans sa gorge. Heureusement, Goyah vint à sa rescousse – comme toujours. Il expliqua la situation au marin Edern, depuis leur visite à la bibliothèque jusqu’à leur arrivée ici.

— Nous sommes vraiment désolés d’être rentrés chez vous sans autorisation, conclut Goyah. Étant donné l’urgence de la situation, nous avons cru que c’était la bonne chose à faire.

Edern le marin soupira et secoua la tête :

— N’en parlons plus. Vous avez essayé de sauver mon fiston, c’est tout ce qui compte. V’nez, je vais vous donner les livres que j’ai empruntés. Y’en a un paquet, par contre.

— Oui, c’est ce que nous avons cru comprendre, répondit Pieris avec un sourire.

— Si vous avez des questions, vous pouvez toujours m’en poser, proposa Edern. J’ai écumé ces bouquins en long, en large et en travers. Pour trouver un moyen d’sauver mon fils, vous comprenez…

— C’est vraiment gentil de votre part, mais on ne voudrait pas abuser de votre hospitalité… fit valoir Goyah, gêné.

Une hospitalité qu’ils n’avaient pas vraiment méritée, selon Anis, et ce malgré les explications de son mentor. Quoi qu’on en dise, ils étaient là par intérêt : pour récupérer les livres sur Darkrai. Mais était-ce là toute la vérité ? Anis regarda sa propre Plume Lune. Elle était presque déçue de ne pas avoir sauvé ce petit garçon avec. Elle avait le cœur gros, sans vraiment savoir pourquoi.

— Oh non, vous savez, moi, mon fiston est sauvé, alors je suis le plus heureux des hommes ! D’ailleurs, merci infiniment, Aurore, fit-il en se tournant vers la jeune fille au bonnet blanc. Si jamais t’as besoin d’un bateau, tu sais où me trouver. Pour toi, ce sera toujours gratuit.

Les yeux bleus de la jeune fille étincelèrent :

— Je vous en prie, Monsieur Edern. Merci beaucoup à vous aussi. Je file, j’ai beaucoup à faire à la Ligue. Bonne soirée ! lança-t-elle à la cantonade.

On la salua également et elle s’éclipsa, disparaissant en même temps que le soleil à l’horizon.

— Sacrée jeune fille, hein ? commenta Edern. On dirait pas comme ça, mais c’est le nouveau Maître de la Ligue Pokémon de Sinnoh. Et j’peux vous dire que pour battre Cynthia, l’ancien Maître, faut être très très fort.

— En effet… répondit Goyah avec un léger sourire.

Anis se demanda s’il connaissait cette Cynthia. Elle ne s’était jamais vraiment demandé quelle était la véritable puissance de Goyah. Elle avait déjà vu ses Pokémon, qui lui paraissaient très bien entraînés, mais elle ne l’avait jamais vu livrer un vrai combat. À ce moment, elle réalisa qu’il devait être très fort, s’il cherchait à réunir le prochain Conseil 4 d’Unys. Peut-être avait-il lui-même l’étoffe d’un Maître.

Elle regarda d’un œil nouveau. Elle ne parvenait pas à associer ce visage doux, ces yeux lilas et cette crinière flamboyante à la puissance brute d’un Maître de Ligue. Mais peut-être se trompait-elle. Peut-être un Maître de Ligue se reconnaissait-il aussi à son mental d’acier. En réalité, elle n’en savait rien. Elle n’avait jamais rencontré de Maître Pokémon.

Tandis qu’elle réfléchissait, Edern les guida vers le salon qu’ils avaient traversé à la hâte tout à l’heure. Très sobre, il laissait apparaître quelques touches de bleu ici et là. L’air marin filtrait à travers les fenêtres. Le flux et le reflux des vagues caressait l’oreille. Anis songea qu’elle aimerait beaucoup vivre dans une ville comme Joliberges. Edern leur présenta une table ronde en bois clair, où étaient installés des tabourets assortis, avec des coussins à rayures bleu marine.

— Asseyez-vous là, j’vais chercher les bouquins, leur indiqua-t-il.

— Merci à vous, c’est vraiment gentil, répéta Goyah avec un grand sourire.

— Z’allez me faire rougir ! Y’a vraiment pas de quoi, répondit le marin avant de disparaître au détour d’un couloir.

Il revint quelques instants plus tard les bras chargés de livres et de sacs contenant encore plus de livres. Les trois compagnons s’empressèrent de le débarrasser en prenant chacun une part du fardeau. Anis récupéra des coupures de journal. Elle s’apprêtait à les poser sur la table, à l’instar de ses amis, quand l’un des gros titres attira son attention.

« Darkrai sévit à Unys ! »

Le cœur battant, Anis parcourut l’article.

« Vous ne vous souvenez probablement pas de l’épidémie de mauvais rêves qui a frappé Joliberges il y a cinquante ans de cela. Combien de personnes ne se sont jamais réveillées de leurs cauchemars ? Combien ont succombé dans leur sommeil ? Difficile à dire. Aujourd’hui, cette époque est révolue, car nous connaissons désormais le remède à cette maladie du sommeil : la très rare Plume Lune – autrefois appelée « Lun’Aile » – issue du plumage de Cresselia, le Pokémon Lunaire.

Malheureusement, il semblerait que l’ère de terreur de Darkrai ne soit pas terminée. Il a récemment décidé de s’attaquer à nos amis de l’autre côté du globe. En effet, Darkrai sévit désormais à Unys, c’est certain. Je reviens d’Arpentières, petit village d’Unys où un drame sans précédent a éclaté. En effet, nos compères Unyssiens, désarmés face à ce mal que nous ne connaissons que trop bien, ignorent que la Plume Lune est le remède à ces terrifiants mauvais rêves.

Et c’est ainsi, pour la première fois depuis cinquante ans, que Darkrai a fait une nouvelle victime : une jeune enfant dont la famille fortunée venait de s’installer dans le petit village. L’enfant, qui n’a pas survécu à la maladie des mauvais rêves, répondait au nom de… »

Anis laissa tomber le journal.

Non.

Ce n’était pas possible.

Elle refusait d’y croire.

Non !

Les larmes surgirent avec violence, comme si son corps les expulsait de lui-même. Anis se mit à sangloter, puis à hurler. Elle se prit la tête dans les mains, tenta même de se griffer le visage, mais Goyah l’en empêcha avec une infinie douceur. Il la prit dans ses bras, tandis qu’elle inondait la pièce de ses larmes. Elle se noya dans son chagrin, perdue dans un océan de tristesse.

La belle créature ne lui avait pas fait cadeau de cette plume.

Elle était destinée à son amie.

Elle l’avait condamnée.

Elle aurait pu la sauver.

Elle aurait pu la sauver.

Elle aurait pu la sauver…

***
Un silence de mort règne sur le plateau.

Le temps s’est comme arrêté. Toutes les âmes présentes partagent le chagrin d’Anis. Cette dernière laisse échapper une larme, puis deux, puis une infinité. Choquée, Brittany tient ses deux mains devant sa bouche, comme pour s’interdire de parler. Même une idole comme elle, habituée à se donner en spectacle, ne peut décemment rebondir avec légèreté sur une telle révélation.

Qu’à cela ne tienne.

C’est à Anis que revient l’honneur de poursuivre sa douloureuse histoire.