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Eclat de Glace de Princess Leaf



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Informations

» Auteur : Princess Leaf - Voir le profil
» Créé le 19/02/2023 à 14:56
» Dernière mise à jour le 19/02/2023 à 14:56

» Mots-clés :   Absence d'humains   Aventure   Drame   Humour   Médiéval

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Chapitre 32 - Aller de l'Avant
Velvet soupira en observant l’horizon, accoudée à la rambarde du pont suspendu reliant la Fleur de Vie à la place où trônait la Guilde des Pétales d’Argent.
Le groupe avait préféré laisser le Pyroli seul un petit moment, et tandis que la Princesse Arya s’était rendue auprès des Pokémon blessés, Velvet en avait profité pour sortir prendre l’air et se perdre dans ses pensées.
Les paroles de Wozza résonnaient encore dans sa tête :

« Tu n’as jamais ressenti ça, j’imagine ? »

Au loin, elle pouvait percevoir Dirindel, à moitié délabré. La forêt séparant le village de la Capitale prit soudain une autre forme et s’embrasa, alors que l’esprit de la Sucreine se projetait au cœur des flammes.
Elle entendit les gémissements des terreurs et perçut des mouvements de panique dans la chaleur étouffante de l’air chargé de fumée.
Une petite voix appela sa mère à grands cris, bondissant de ci, de là, trébuchant sur les corps agonisants.
« Ne bouge pas, Velvet, je vais les chercher !
- Papa, laisse-moi t’aider !
- Non, c’est trop dangereux ! Va te mettre à l’abri, nous te retrouverons plus tard ! »
Elle vit une forme agile s’élancer au travers des flammes et patienta, le cœur battant, ne sachant que faire.

Le décor se métamorphosa.

Elle se trouvait désormais au milieu des cendres et des arbres calcinés.
Les yeux ruisselants de larmes, elle contemplait le corps sans vie d’une Balignon. Près d’elle étaient étendues une Sucreine et un Chapignon.
« Dina… Maman… Papa… » Gémit la petite Croquine.
Une forme se pressa contre elle, tremblante.
« Je suis vraiment désolée, Velvet. »
La chétive Pokémon se tourna vers son interlocuteur, un imposant Feuiloutan, en balbutiant :
« Pourquoi… n’ai-je pas pu… les sauver… ?
- Tu as fait ce que tu as pu. Tu n’es qu’une enfant. Tu ne dois pas te sentir coupable. »
Le silence se fit, seulement brisé par les sanglots de l’orpheline.

« Ecoute… Je sais que c’est horrible pour toi, et que rien ne ramènera tes parents. Mais sache que nous ne te laisserons pas seule. Notre fille Grimsy sera ravie de t’avoir comme petite sœur, si tu le désires. »
La Croquine hocha la tête. Grimsy était sa meilleure amie, et la proposition du père de cette dernière de l’adopter était bienvenue. Mais pour l’heure, la tristesse inondait ses sentiments, noyant sa gratitude, aussi ne trouva-t-elle pas la force d’articuler un remerciement.
Au lieu de quoi, elle cligna des yeux, chassant comme elle le put les larmes qui s’en échappaient, et s’écria, déterminée :
« Ça n’arrivera plus jamais, vous m’entendez ? Plus jamais je ne serai impuissante ! Je deviendrai forte et je protégerai les autres ! Comme Papa ! Si j’avais pu l’accompagner, tout le monde serait sain et sauf ! »
Le Feuiloutan la couva d’un regard compatissant, puis approuva d’un signe de tête.
« Je suis sûr que nous pourrons t’offrir cette chance. »


Velvet ferma les yeux. De retour au présent, elle murmura, le regard tourné vers le ciel :
« Je l’ai saisie, et ai pu suivre ton chemin, père. Je veillerai sur le Royaume Fleuri jusqu’à mon dernier souffle, comme tu l’as fait. »
Du coin de l’œil, elle vit une ombre s’approcher d’elle. Wozza n’avait pas souhaité la surprendre cette fois-ci.
« Je m’excuse pour tout à l’heure », déclara ce dernier. « C’était sans doute maladroit de ma part. »
La Sucreine secoua la tête.
« Ne t’en fais pas, nous avons l’habitude. Les Gardiens apprennent à dissimuler leurs émotions, et ajouté au fait que nous sommes coutumiers des situations dramatiques, cela nous fait passer pour des insensibles. J’imagine qu’à force, il nous arrive de banaliser les moments difficiles. Je suis consciente que ça peut m’amener à manquer de tact, parfois.
- Au moins le reconnais-tu ! Mais je trouve que tu as bon fond, derrière ton arrogance. C’est l’essentiel.
- Tu pensais que les deux n’étaient pas compatibles ? Demanda-t-elle, amusée.
- Certainement pas ! Mais de nombreux Pokémon bienveillants souffrent de fausse modestie.
- Ça ne me semble pas être ton cas non plus, si ?
- Et qui te dit que je suis bienveillant ? » Ricana l’ermite en étirant son plus beau sourire.
Velvet haussa les épaules.
« Tu n’as jamais montré le contraire pour le moment. Et surtout, tes intentions semblent nobles, du peu que j’ai pu les comprendre.
- La noblesse ne me sied guère ! Je souhaite juste que les Pokémon profitent de leur vie, sans attenter à celle des autres. C’est déjà suffisamment ambitieux. Mais changeons de sujet, avant que cette discussion ne prenne une tournure trop niaise ! »

La Gardienne fit un signe en direction des montagnes d’Andor, dont les sommets étaient dissimulés par des nuages :
« Que penses-tu qu’il se passe là-bas ? »
Wozza afficha une mine sombre.
« J’en pense que ce qu’il s’y trame est sans doute aussi brumeux que les monts qui entourent le Royaume de l’Ombre. Mais nous y verrons bientôt plus clairs, avec les informations de Fynn.
- Je l’espère, soupira Velvet. D’ailleurs, ne devrions-nous pas retourner le voir, à présent ?
- C’est inutile. »

Les deux Pokémon se tournèrent d’un même mouvement en direction de la voix grave qui avait prononcé ces mots. Le Pyroli se tenait devant eux, la Princesse Arya à ses côtés.
« Euh, tu es sûr que ça ira ? » Questionna Wozza, surpris.
En effet, l’explorateur semblait chanceler à chaque pas, et avait toujours grise mine. Cependant, ses yeux avaient retrouvé un semblant d’éclat.
« Ne vous en faites pas. Le Docteur Vongus m’avait préconisé de prendre l’air dès que possible. C’est le meilleur remède pour moi, d’après lui. »
Il prit une grande inspiration et observa les alentours, impressionné.
« Sylis. Cela faisait longtemps que je n’y ai pas mis les pattes. Je préfère la tranquillité des cavernes, mais… »
Il s’interrompit, gêné, puis reprit :
« Je m’excuse pour tout à l’heure. Je sais pourquoi vous êtes là. Nous avons bien des choses à nous dire. »
Velvet opina.
« Pas d’inquiétude. Autant nous mettre à l’aise, d’autant que nous n’avons rien à cacher, ici. Je vous suggère de nous rendre à la taverne de la Baie Dorée, histoire de discuter autour d’un verre.
- J’accepte cette offre avec plaisir, la remercia Fynn. En revanche, je doute de pouvoir marcher très longtemps.
- C’est à deux pas, le rassura la Sucreine. Mettons-nous en route. »

Le groupe prit donc la direction de l’auberge. Fynn avançait clopin-clopant, mais la Princesse Arya l’épaulait au mieux.
« Comment se porte la Guilde des Pétales d’Argent ? Demande l’explorateur. Mongo est-il toujours son meneur ?
- Il est décédé il y a quelques mois à peine, lui apprit Velvet. C’est Petra, son ancienne apprentie, qui lui a succédé, selon ses souhaits.
- Oh, je vois. Cela me ferait plaisir de la rencontrer, si l’occasion se présente.
- Souhaites-tu lui demander de rejoindre la Guilde ? » L’interrogea-t-elle en haussant un sourcil.
Fynn secoua négativement la tête et déclara d’un air sombre :
« C’est encore trop tôt pour ça… Il me reste l’espoir que… Enfin, nous en parlerons très bientôt. Non, je suis toujours intéressé par le fonctionnement des Guildes dans les autres Royaumes. De mémoire, à Sylis, les explorateurs ont plutôt une fonction de sauveteurs et d’éclaireurs, non ?
- En effet, confirma la Sucreine. S’il faut poursuivre et capturer une Princesse renégate, c’est mon dada ! Fit-elle avec un clin d’œil.
- Velvet ! » L’avertit Arya, qui ne souhaitait sans doute pas brusquer le Pyroli.
Ce dernier baissa les yeux.
« Dans la Guilde des Roches Ardentes non plus, ce n’était pas aux explorateurs de jouer les chasseurs de primes. Mais les temps ont changé. Nous sommes sans doute plus téméraires et avons l’habitude de missions plus dangereuses, mais à la base, nous étions également pacifiques, croyez-moi.
- Au Royaume Cristallin, la Guilde des Flocons de la Nuit travaille en étroite collaboration avec la Garde Royale », déclara Arya. « D’ailleurs, certains de mes guerriers sont d’anciens explorateurs, et vice-versa.
- Quelle est la différence entre les deux, alors ? Demanda Fynn, intéressé.
- La Garde Royale est plus active à l’intérieur de la ville, alors que les explorateurs s’affairent à l’extérieur. Mais, à quelques détails près, ils suivent finalement un entrainement assez similaire. Ma mère s’assurait toujours de maintenir une grande cohésion entre la Guilde et ses guerriers, afin que chacun puisse compter les uns sur les autres.
- C’est un point de vue pertinent ! » Constata le Pyroli, surpris par cette méthode de fonctionnement. « Au Royaume de l’Ombre, la Guilde souhaitait justement rester la plus indépendante possible de l’Armée d’Andor. Le seul à qui nous répondions plus qu’à notre meneuse, c’était le Roi, qui de toute façon ne nous sollicitait directement que très rarement.
- Qu’est-ce qui justifiait cette façon de penser ? Demande Wozza, curieux.
- Nous ne voulions pas que la Guilde soit mêlée à d’éventuelles querelles, internes comme avec les peuples voisins. Nous souhaitions que personne ne puisse s’approprier le contrôle des équipes d’exploration, de sorte que les compétences de ces dernières ne soient pas utilisées à d’autres fins.
- Mais si tu en parles au passé, c’est que ce point a changé, remarqua Velvet.
- C’est pour cette raison que je me suis retrouvé à la Bataille de Dirindel », opina le Pokémon Feu. « Si ça ne tenait qu’à moi, la seule raison qui m’aurait poussé à m’y rendre aurait été de secourir les habitants et les guerriers en état critique, indépendamment de leur camp. Mais il n’en a pas été ainsi. »

Le groupe était parvenu à la Place de la Fontaine, où une ambiance joyeuse régnait comme à son habitude. Cela n’échappa pas à Fynn :
« Le Peuple Fleuri n’a pas l’air très impacté par la situation actuelle, de ce que j’en vois.
- C’est au contraire parce que les choses vont mal qu’ils s’amusent à ce point », le détrompa la Gardienne. « Même si, de base, nos habitants sont très festifs.
- Ca n’a pas l’air d’être ton cas », remarqua Wozza. « Je ne t’imagine pas festoyer dans une taverne toute la nuit. »
La concernée haussa les épaules. Bien que chaque Royaume était réputé pour qu’on y trouve dans leur globalité un certain état d’esprit, chaque Pokémon restait tout de même différent. Elle répondit cependant :
« J’apprécie m’amuser, mais quitte à choisir, je consacre plus souvent mon temps libre à la tranquilité. Cependant, l’atmosphère animée de Sylis me plait, et je m’y sens à ma place, c’est l’essentiel. Si un jour il règne sur cette place l’ambiance des Marécages Fleuris, ça ne m’enchantera guère. »
Le Pokémon Spectre éclata de rire et déclara, d’un ton sinistre exagéré :
« Ce serait cruellement délectable. Les larges ombres projetées par d’immenses feuillages masquant partiellement la pleine lune et le sinistre craquement du vent… Sylis ferait un bon décor pour un lieu hanté, en somme ! »
Velvet soupira.
« Assez de rêveries pour le moment. Nous voici parvenus à la Baie Dorée. »

Fynn contempla avec satisfaction l’auberge, et remercia la Princesse Arya d’un signe de tête.
« Pouvons-nous nous joindre à vous ? Demanda cette dernière.
- Je vous dois bien ça », répondit la Pokémon Plante. « Et puis, je comptais vous le demander, de toute manière », ajouta-t-elle.

Le Pyroli s’avança vers la bâtisse et s’apprêta à entrer, mais se ravisa et baissa soudain d’un ton, méfiant :
« Ne risque-t-il pas tout de même d’y avoir quelques oreilles indiscrètes ? Je reste toujours prudent lorsque je me rends aux Ombres Joyeuses, à Andor.
- S’il y en a, elles n’ont qu’à bien se tenir », assura Velvet. « Après vous. »