Rêves de loup... de Yamiyo

Le vent soufflait dans les rues complètement désertes d'Atanalopolis. De vieux papiers virevoltaient. Le seul bruit qui persistait était celui de la bise, qui s'arrêtait de temps en temps. Soudain, un hurlement se fit entendre, brisant ainsi le silence qui s'était installé. Les lumières des habitations jusque là éteintes s'allumèrent et des têtes sortirent des fenêtres pour vérifier la provenance du cri. Elles regardaient à droite, à gauche, devant, en haut, en bas, puis rentraient au chaud dans leur maison pour se rendormir peu après. Tout était à nouveau calme, hormis le vent qui soufflait plus fort que jamais cette nuit-là.

« Où es-tu ? »

Un petit Absol, sans doute un nouveau-né, pleurait à chaudes larmes, seul. Apparemment, il cherchait quelqu'un. En plus de la tempête présente, la pluie se mit à tomber, faiblement d'abord, puis elle frappa plus fort le petit loup. Celui-ci courut se mettre à l'abri sous un auvent laissé ouvert. Frappé par la pluie, celui se referma soudain, trempant le louveteau jusqu'aux os. Il se mit à chercher un autre abri. Il finit par trouver refuge dans une grotte abandonnée. Maintenant à l'abri, il entreprit d'explorer la caverne.

« Il y a quelqu'un ? »

Sa voix rebondit sur les parois de la grotte, le faisant sursauter. Il continua son exploration, s'enfonçant de plus en plus profondément dans la caverne. Le petit loup frissonna. La grotte était fraîche, et des gouttes d'eau tombaient régulièrement du plafond. Il arriva à un petit tunnel, très étroit, mais assez large pour lui permettre le passage. Le tunnel passé, la grotte n'avait plus du tout le même aspect. Elle était toujours aussi sombre, bien qu'à de très rares endroits un filet de lumière avait réussi à passer malgré la tempête et le ciel couvert, mais dégageait à présent une chaleur.

« N'y va pas ! »

Absol entendait des bruissements, des ultrasons, apparemment émis par des Nosferapti et Nosferalto qui logeaient dans cette partie de la grotte. Le louveteau étant de type Ténèbres, il pouvait voir dans l'obscurité des groupes de chauves-souris vampires lui faire des signes pour lui dire de ne pas aller plus loin. Absol haussa les épaules et reprit sa marche, mais plus prudemment cette fois. Il ne prenait pas les avertissements des chauves-souris très au sérieux, mais il y avait une telle crainte dans leur voix qu'il préféra tout de même rester là le temps que la tempête se calme et de reprendre des forces.

« Brave petit… »

Bien qu'endormi, le petit loup continuait d'entendre les voix des vampires, tantôt encourageantes, tantôt apeurantes. Il ne savait pas que faire quand le moment serait venu de quitter la grotte. Sortir de la caverne, comme il en avait l'intention au début, rester dans cette partie de la grotte, comme l'avaient suggéré les chauves-souris, ou bien continuer à l'explorer, cédant à sa curiosité ? Il ne savait pas. Il fut réveillé en sursaut par un hurlement rauque provenant du fin fond de la grotte. Les chauves-souris murmurèrent entre elles, de peur sans doutes. Cédant à sa curiosité, il entreprit d'aller voir quel être était capable d'un tel cri, malgré les avertissements des vampires.

« Tu es courageux mais un peu fou ! »

Ignorant non seulement les avertissements, mais aussi les moqueries et toutes les paroles des chauves-souris, Absol s'enfonça dans le plus profond de la grotte. La température montait sans cesse. De la lumière commençait également à se faire voir. La chaleur devint rapidement insupportable. La fourrure du petit loup n'arrangeait rien, le faisant littéralement suer à grosses gouttes. Un nouveau hurlement, encore plus effrayant que les autres, se fit entendre. Mais le petit loup se disait qu'il n'allait pas rebrousser chemin après être arrivé jusque là, et c'est ce qui le poussait à avancer encore plus loin, malgré la chaleur et l'appréhension.

Le petit loup finit par arriver dans une salle où la chaleur régnante était encore plus insupportable que dans toute la grotte. Au beau milieu de la pièce, un grand lac de magma bouillait, formant de grosses bulles de lave qui éclataient bruyamment. Et, en plein centre de ce lac, se tenait un dinosaure rouge, avec des rainures bleu foncées sur tout le corps. Il avait de longues griffes meurtrières, de petits yeux jaunes méchants, des pointes blanches, brillantes et pointues, sur les côtés du corps et de la queue, et une cuirasse qui devaient être faites pour résister à la chaleur ambiante.

« Groudon… »

C'était un murmure que le petit loup avait émit, mais dans cette pièce où l'écho était présent, il résonna comme un cri. Le dinosaure qui ne semblait pas l'avoir remarqué jusque là, tourna lentement la tête vers Absol. Il ouvrit sa gueule pour émettre un long hurlement rauque, dévoilant de grandes dents plus grosses que ses yeux, particulièrement aiguisées. Un bruissement d'ailes indiqua au louveteau que les chauves-souris s'étaient enfuies en entendant ce cri beaucoup plus fort et impressionnant que ceux qu'elles avaient connu jusque là. Absol, quant à lui, malgré son appréhension, ne broncha pas. Il fit comme si rien ne s'était passé. Le dinosaure avait raté l'effet espéré sur le louveteau blanc, c'est-à-dire la fuite. Il s'en montra étonné. Il voulut prendre le louveteau dans son énorme patte et le serrer jusqu'à ce qu'il suffoque, mais quelque chose l'en empêcha. Il regarda le petit loup de plus près.

Absol lui faisait les yeux doux.

Attendri, il le prit tendrement aux creux de ses pattes avant et le caressa comme un animal de compagnie. Le louveteau se lova confortablement contre le dinosaure, et s'endormit. Celui-ci, attendri, émit un petit mugissement affectif. Il s'assit et contempla le petit loup paisible. Tout autour, les Nosferapti et Nosferalto qui avaient suivi leur protégé se regardèrent, étonnés de l'amitié née ce jour-là entre un dinosaure et un louveteau.