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Team Rocket X-Squad de Malak



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Informations

» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 06/03/2022 à 09:48
» Dernière mise à jour le 15/03/2022 à 18:46

» Mots-clés :   Action   Fantastique   Organisation criminelle   Présence d'armes   Présence de Pokémon inventés

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Chapitre 420 : La fin de l'Armée des Ombres
Comme Eonie tardait à revenir, Lord Judicar, quatrième des Cavaliers de l'Apocalypse, se mit en cherche de sa sœur adoptive et cousine dans le Flux. Il ne pouvait pas s'en servir pour cela comme le faisaient les jumeaux Mercutio et Galatea. Eux étaient tous deux Mélénis, avaient un lien direct de sang et avaient partagé pendant neuf mois le même ventre maternel. Ils pouvaient se sentir sans effort.

Mais dans le cas de Judicar et Eonie, même s'ils étaient proches, ce n'était pas aussi simple. Eonie n'étant pas une Mélénis, elle n'avait aucune résonance dans le Flux. Quant à Judicar, son Flux était si distordu, souillé par la présence d'un autre pouvoir qui n'aurait jamais dû se mêler au Flux, qu'il ne pouvait pas vraiment s'en servir pour des tâches de précision. Pourtant, il avait toujours appris à reconnaître la présence d'Eonie avec un peu d'effort : les Enfants de la Corruption étaient reconnaissables. Si on se concentrait assez, le Flux réagissait à leur présence comme s'il avait lui-même envie de vomir...

Enfin, ils ne seront jamais aussi monstrueux et contre-nature que moi... songea Judicar avec une ironie teintée d'auto apitoiement.

Les Sept Cavaliers de l'Apocalypse étaient tous des parias et des erreurs de la nature, à des niveaux divers. Du coup, c'était le seul groupe dans lequel Judicar et Eonie pouvaient être acceptés. Et ils servaient le seul maître capable à la fois de les contrôler et de leur donner un but. Et ce but passait par une direction précise que devrait emprunter l’avenir de ce monde. Un avenir qui se jouait aujourd’hui même, dans cette bataille au Mont Argenté, et dont l’issue était menacée par Lyre Sybel et ses pouvoirs imprévisibles.

Eonie avait tenu à se charger d’elle elle-même, mais Judicar commençait à s’inquiéter. Il n’arrivait pas à discerner les présences d’Eonie, ni même de Lyre. Soit elles étaient trop loin pour que Judicar ne les détecte avec le Flux, soit… elles étaient mortes. Mais pour Judicar, cette dernière option était insensée. Cette Lyre Sybel était-elle à ce point une menace qu’elle se serait carrément entretuée avec Eonie ? La seconde des Sept Cavaliers, qui avaient vécu près de mille vies dans différentes époques ?

Judicar aurait bien voulu quitter son poste d’observation, sur un des sommets de la montagne, hors de vue de tous, pour aller enquêter, mais ce dangereux. Pour la simple et bonne raison que si Eonie était bel et bien morte, il ne pourrait plus voyager dans le temps et modifier le passé si jamais il faisait quelque chose de contraire à la trame souhaitée par son maître. Sans le pouvoir temporel d’Eonie, Judicar était impuissant, car chacun de ses actes pouvaient provoquer une catastrophe qu’ils ne pourraient plus réparer.

Faute de savoir quoi faire, Judicar ravala sa fierté et en fut réduit à contacter Arceus lui-même. En tant que serviteurs de l’un des Façonneurs, les Sept Cavaliers de l’Apocalypse avait le droit et les moyens d’entrer en contact avec le Façonneur qui dirigeait l’univers dans lequel ils se trouvaient, pour qu’il leur vienne en aide dans leur mission. C’était un passe-droit ultime, celui de pouvoir exiger de parler au dieu local.

Sauf que Judicar n’aimait pas devoir s’aplatir devant Arceus. Il ne l’appréciait pas, et c’était réciproque. Pour le Créateur, Judicar était une abomination et une menace pour son univers bien ordonné. Si le maître de Judicar ne l’avait pas pris sous sa protection, Arceus l’aurait déjà éliminé depuis longtemps… enfin, s’il y était parvenu bien sûr. Et le fait que les deux soient apparentés (Judicar étant l’arrière-petit-fils du Créateur) n’arrangeait rien à leur relation. Judicar aimait bien se payer sa tête et le faire fulminer alors qu’il était sous la protection d'un Façonneur qu’Arceus n’aurait jamais osé défier.

Le créateur de l'Univers entendit l'appel mental de Judicar, qui pour le coup était étrangement poli. Mais en plein travail qu'il était, en train de reposer les fondations du Verrou de la Divinité dans la dimension cachée d'Aegirin, il répugna à abandonner sa tâche. Mais même si Judicar était insolent et arrogant, même lui n'aurait pas osé déranger un Façonneur pour rien alors qu'il œuvrait à une tâche importante.

Arceus traversa donc les différentes couches de réalité entre Aegirin et le monde réel avec le pouvoir unique et total qu'était le sien. Cet univers était son œuvre. Il l'avait pensé, structuré et solidifié. Il pouvait se déplacer où bon lui semblait quand bon lui semblait, que ce soit via l'espace, le temps ou les dimensions. Il ne lui fallut qu'une petite minute pour retrouver Judicar à son poste d'observation, sur l'une des arrêtes du Mont Argenté.

- Que se passe-t-il ? J'espère que c'est important...

- Ça l'est, pépé, répondit Judicar. Je ne perçois plus Eonie, et elle n'est pas revenue de sa... tâche, alors qu'elle aurait dû faire ça en quelques secondes. C'est inquiétant, et je ne peux pas briser ma couverture et intervenir si jamais elle est morte.

Arceus ferma ses yeux rouges auréolés de vert un moment, cherchant sans doute l'âme de la Cavalière de l'Apocalypse dans le Monde des Esprits, comme lui seul savait le faire. Bien sûr, trouver une âme en particulier parmi les quelques trilliards de trilliards qu'il y avait là-bas était tâche normalement impossible, même pour lui, mais certaines âmes se démarquaient plus que les autres. Surtout quand on était un Cavalier de l'Apocalypse doublé d'une Enfant de la Corruption.

- Elle n'est pas chez Giratina, dit-il enfin au bout d'un moment. Le souci, c'est que cette Lyre Sybel n'y est pas non plus. D'une façon ou d'une autre, War a échoué à l'éliminer.

- Mais elle est où alors, si elle n'est ni ici ni dans le Monde des Esprits ? S'agaça Judicar. Elle n'aurait pas voyagé loin dans le temps sans raison pourtant...

- Si c'est le cas, je n'ai pas le temps de fouiller toute la temporalité pour la trouver. Je dois terminer le nouveau Verrou de la Divinité au plus vite. Je sens que quelqu'un a déjà profité de son absence pour se déifier. Si j'attends trop, on aura des dieux ou des démons qui vont apparaître ci et là dans le monde !

- Des dieux ou des démons seront le cadet de tes soucis si Lyre Sybel est parvenu à avoir accès, d'une façon ou d'une autre, au pouvoir d'Eonie, répliqua calmement Judicar. Sans elle, on est sourd et aveugle sur ce qui peut arriver et sur comment l'arrêter. Alors prends quelques foutues minutes pour vérifier les lignes temporelles ou pour demander à Dialga de le faire pour toi, si c'est indigne de ta divine personne !

Arceus foudroya l'insolent du regard. Il aurait pu l'incinérer sur place, mais céder à la colère de la sorte, ça n'aurait pas été très... divin. Surtout que s'il faisait ça, Arceus allait ensuite avoir des problèmes avec le maître des Cavaliers de l'Apocalypse, un Façonneur qu'il ne tenait pas spécialement à avoir contre lui.

- Très bien, soupira le dieu.

Et il lança son esprit omniscient vers les infinies trames temporelles de ce monde. Il aurait pu, comme Judicar l'avait proposé, demander à Dialga. Mais le Maître du Temps, jaloux de son contrôle sans partage du flux temporel, ne pouvait pas supporter que quelqu'un puisse remonter le temps et y modifier des choses. Pour Dialga, Eonie était une anomalie qui menaçait la bonne conduite de la trame temporelle. Sauf qu'en l’occurrence, si quelqu'un d'autre était impliqué et cherchait à y semer la pagaille, alors Eonie était un mal pour un bien.

Au bout d'un moment, Arceus remarqua des anomalies dans divers points du passé. Comme si la ligne temporelle perdait pied, se mettant à bouger de haut en bas. C'était minime, mais comme à chaque fois qu'on touchait à quelque chose dans le temps, ça n'allait pas manquer de se répercuter vers le futur et de s'aggraver.

Arceus plongea son regard divin vers l'une de ces perturbations. La raison était assez simple : des êtres qui n'étaient pas censés y mourir étaient en train de succomber à la chaîne. Quelqu'un avait remonté le temps vers le passé... non, vers différents passés, et étaient en train d'y commettre un massacre.

Sans même se rendre sur place, Arceus eut la vision d'une jeune humaine aux cheveux violets et aux yeux rouges, qui aspiraient ses victimes littéralement corps et âmes rien qu'en les touchant, et même sans aucun contact, à une distance proche. Arceus revint vite à la réalité et affronta le regard interrogateur et inquiet que Judicar lui lança sous son masque.

- Il se passe quelque chose de mauvais, effectivement, admit-il. Votre Enfant de la Corruption est dans le passé, et est en train de se « nourrir » sans distinction. Je peux isoler notre trame temporelle pendant un moment pour y contenir les répercussions, mais si ça s'aggrave trop, même moi je ne pourrai empêcher l'entropie temporelle.

- Et Eonie ?

- Avec la fille, répondit sombrement Arceus. Ou plutôt, à l'intérieur d'elle. Son âme est prisonnière de son corps avec des centaines d'autres, et cette Enfant de la Corruption a trouvé comment domestiquer ses pouvoirs.

- Si son âme est toujours intacte, c'est réparable alors ? On pourra la récupérer tu pourras lui recréer un corps identique qui...

- Tu t'inquiètes pour ta sœur, l'arrêta Arceus. Moi, pour l'univers entier. J'ai entrevu la teneur de l'âme de cette Enfant de la Corruption. C'est un véritable trou noir, quelque chose qui grossit à chaque fois qu'elle se nourrit et qui serait capable d'aspirer toute la Création ! Et avec le Verrou de la Divinité absent, il est à craindre que cette créature puisse évoluer jusqu'à un stade où même toi tu seras impuissant à l'arrêter.

- Alors interviens, bon sang ! Je sais que tu n'aimes pas te mêler des affaires terrestres, mais là tout part en couille. Giratina te la fais à l'envers en passant un marché avec Horrorscor et en relâchant des âmes chez les vivants ! Sulin est sans doute responsable, directement ou indirectement, de la destruction de ton Verrou, pour foutre un bordel comme il les aime tant. Et pour couronner le tout, on a une dévoreuse d'âme qui se balade tranquille dans le passé et qui peut à tout moment évoluer davantage ! Je crois que ta divine neutralité ne tient plus, pépé !

Arceus garda le silence un moment, pesant les paroles de son descendant.

- Qu’est-ce que tu préconises ?

- Les pouvoirs de cette Lyre ne lui sont pas sortis du cul par miracle. Ils sont liés à Horrorscor, et ne peuvent muter davantage que parce qu’il existe. Si on se débarrasse de ce parasite une fois pour toute, ça mettra sûrement un terme à l’emballement incontrôlable de ses pouvoirs, pour la stabiliser à ce qu’elle était avant. Et ça aurait sûrement l’avantage de relâcher les âmes et peut-être même les corps qu’elle a dévoré.

- Et ta sœur ? Elle ne perdrait pas ses pouvoirs temporels, par la même occasion ?

- Ses pouvoirs sont contrôlés et non mutés, à leur stade maximal. La disparition d’Horrorscor empêchera l’apparition de mutation sur les pouvoirs déjà existants et de nouveaux Enfants de la Corruption, mais les pouvoirs de base des Enfants de la Corruption déjà existants devraient être inchangés. C’est du moins ce que je suppose. Dans le pire des cas, Lyre gardera ses pouvoirs, pais l’équilibre précaire de son corps mutant sera bouleversé. Elle n’est qu’une humaine de base. Elle ne pourra pas maintenir tous ceux qu’elle a dévoré en elle si Horrorscor est détruit.

- Soit, mais je ne peux pas intervenir directement pour éliminer Horrorscor. Si je m’avisais de briser ma neutralité à ce point, Asmoth considérerait qu’il a le droit d’intervenir directement lui aussi.

Judicar soupira sous son masque.

- T’es sans doute pas au courant, mais Asmoth contourne ta règle de non-ingérence directe sans arrêt, que ce soit avec ses Méchas, ou en manipulant l’esprit d’humains. Mais peu importe. Je ne te demande pas d’aller buter Horrorscor toi-même. Juste d’intervenir pour aider ceux qui s’y attellent. Et tu peux facilement le justifier : il y a des foutus macchabées qui se baladent dans le monde des vivants, et cela à cause d’un pouvoir incontrôlé née d’une Enfant de la Corruption. Et il y a aussi l’entente secrète entre Horrorscor et Giratina. Tu es dans ton bon droit pour réguler tout ça et faire cesser la récré.

- Les cadavres mouvants, à la rigueur, admit Arceus. Mais ceux dont l'âme a été ramenée, ces « anciens Marquis », je ne puis. Même si Giratina n'aurait pas dû les libérer du Royaume des Ombres, ils foulent à nouveau cette terre du fait de leur allégeance et leur appartenance à Horrorscor. Les éliminer reviendrait à le défier directement.

- T'en fais pas pour les anciens Marquis. Deux des ennemis d'Horrorscor sont sur le coup. Occupe-toi de tous les zombies, ça sera déjà bien.

- Et cela suffira pour que le camps de l'Innocence soit victorieux ?

- Je fais confiance à la Team Rocket. Après tout, je suis l’un de ses membres. Et nombre de ceux appartenant à la X-Squad ont de grandes choses à accomplir. Ils ne mourront pas aujourd’hui. Du moins, ils ne le doivent pas.

- Oui, ce serait tellement dommage que tu ne viennes jamais au monde, ironisa Arceus. Et toi ? Que vas-tu faire ?

- Rien pour le moment, soupira Judicar. Je n'ai pas le droit d'intervenir si Eonie n'est pas là pour réparer derrière moi. Mes pouvoirs peuvent être assez... définitifs. Si vraiment mon père et les autres sont défaits, et qu'on est le dernier rempart face à Horrorscor et la créature qu'il a engendré, alors je serai obligé de participer, mais ça risque de ne pas te plaire...

- Soit. Espérons que nous n'arriverons pas jusque là. Je vais faire le ménage. Après tout, ce monde entier est mon jardin.

Sur cette déclaration, le Créateur s’éleva dans les cieux assombris du Mont Argenté, jusqu’à parvenir à son sommet, et que son corps nacré se mette à scintiller. Ses anneaux dorsaux dorés devinrent comme de la lave en fusion, et l’air autour de lui sembla se comprimer. Les plaques élémentaires de chaque type tournoyèrent autour de lui, jusqu’à qu’une de couleur rose ne pénètre son corps et ne change ses anneaux de la même couleur : celle du type Fée, qu’il avait jugé le mieux à même pour éliminer les revenants et autres créations des pouvoirs Ténèbres d’Horrorscor.

- Corps sans âme qu’on a profané, déclara-t-il d’une voix surpuissante qui résonna à travers tout le champ de bataille. Je vous accorde Mon Jugement, celui du Créateur que je suis, pour que vous reveniez au repos dont on n’aurait jamais dû vous tirer.

Alors, Arceus, le Créateur, le Premier, le Père de Tout, le Grand Sinnoh, ou mille autre noms et titres qu'il a porté à travers les lieux et les époques, invoqua son attaque Jugement. Une énorme sphère rose naquit au dessus de sa tête, puis explosa en un millier de rayons qui s'abattirent tout autour du Mont Argenté, chacun prenant pour cible un zombies, le réduisant à néant d'un seul coup. Ce fut une pluie terrible et magnifique à la fois, et en quelques secondes, il ne resta plus un seul mort-vivant.


***


Ce qui semblait être des petites étoiles, certaines noires et d'autres éclatantes, sortirent de la paume des mains de Deveran pour filer vers Siena et Zelan. Ce dernier fit naître un bouclier d'énergie rouge de son œil cybernétique qui l'engloba lui ainsi que sa camarade. Mais ce bouclier était conçu pour être individuel, et plus on le dilatait, plus il perdait de son efficacité. Il encaissa une dizaine d'étoiles avant de disparaître, et Zelan dut recourir à ses invocations de ténèbres pour les protéger. Sauf que si ces dernières parvinrent à repousser les étoiles noires, elles explosèrent en un éclat aveuglant au contact des étoiles blanches.

Siena s'éloigna de Zelan pour diviser les attaques de Deveran, comptant sur les bonnes défenses de Drakoroc pour la protéger si besoin. Dojosuma s'attelait lui à encaisser les étoiles noires, sans doute de type Spectre ou Ténèbres, contre lesquels il était résistant. Mais son instinct de survie lui disait de ne pas s'approcher des étoiles de lumière, qui elles devaient être d'un type efficace contre celui Combat.

Siena se rendit compte que la partie lumineuse de Deveran, avec ses attaques Fée et Lumière, allaient poser problème. Ils avaient de quoi lutter contre les types obscurs, mais face à ceux d'Erubin, ils étaient tristement démunis. Si seulement Siena avait eu son vieux compagnon Ecleus... Elle n'aurait même pas eu à s'inquiéter de résister aux attaques : elle les aurait toutes esquiver avec la vitesse qui était propre à son mode Revêtarme et les aurait fait exploser depuis le ciel en les bombardant d'éclairs !

- Attaque ! lui lança Zelan en croisant les mains en un symbole complexe qu’il fit avec ses doigts. Je vais l’occuper un moment. Marche Mortuaire !

Le toit du carrosse géant se transforma en sables mouvants de ténèbres, desquels sortirent peu à peu des mains et des bras, tous noirs et immatériels. Mais le plus effrayant fut quand les têtes suivirent : des traits grossiers, des yeux rouges, des bouches béantes ouvertes en un cri silencieux. Une petite armée de spectres d’allure humanoïdes venaient de sortir du néant, et marchèrent vers Deveran avec l’allure de zombies. Le Premier Marquis, après avoir cligné des yeux, sourit d’amusement.

- Ah oui, je reconnais bien là une attaque que Père a conçu lui-même. Elle est impressionnante, visuellement, mais je sais très bien qu’elle repose essentiellement sur de l’esbrouffe. Ces créatures ne sont qu’un assemblement de ténèbres sans aucune intelligence ni matière. Leur toucher est douloureux, mais c’est tout. On peut même dire qu’ils sont limite une illusion géante. Voyez…

Une intense lumière sortit de l’œil éclatant de Deveran, balayant les créatures des ombres. Mais il y a une chose que la lumière ne fit pas disparaître : ce fut Siena, brandissant un long poignard, qui surgit sur Deveran, jusqu’à présent dissimulée par les créatures des ténèbres de Zelan. Le Premier Marquis ne s’attendait visiblement pas à ce qu’une simple humaine ose l’attaque directement. Il avait gardé à l’œil les Pokemon, mais pas leur dresseuse. Et si Siena avait perdu son œil Futuriste, elle avait conservé tous les réflexes et les instincts prompts à ceux qui guettaient toujours le bon timing.

Dans sa surprise, Deveran perdit son sourire et lança sans grâce une onde à la fois ténébreuse et lumineuse pour repousser Siena. Cette dernière avait toutefois légèrement atteint le Marquis au visage avant d’être repoussé. Deveran passa la main sur sa blessure de l’arcade sourcilière gauche au bas de sa joue. Il contempla son sang avec un étonnement ébahi, comme s’il n’avait jamais vu ce liquide rouge sortir de son corps jusqu’ici.

- Je vois… murmura-t-il. Quelle détermination à vouloir détruire mon corps ! Mais c’est mon âme qui fait ce que je suis. Vous ne gagnerez qu’un répit à vouloir délier de leurs corps les âmes de mes successeurs. Vous avez à ce point tant de rancœur envers mon père, pour risquer ainsi vos vies désormais libres uniquement pour le contrarier ?

- On compte faire un peu plus que le « contrarier », riposta Siena. On compte le détruire, à jamais.

- Ciel, quelle violence ! Le sieur Zelan, je peux comprendre pourquoi. Père ne s’est servi de lui que comme un outil afin de hâter sa résurrection et de servir de contre-feu aux actions des Agents de la Corruption. Mais vous, dame Venamia ? De ce que j’en sais, il ne vous a jamais forcé à rien, pour la simple et bonne raison qu’il n’a jamais pu prendre totalement possession de votre esprit. Vous vous êtes servi de lui autant qu’il s’est servi de vous. Il vous a abandonné, certes, mais il n’y a jamais eu de véritable loyauté entre vous deux, alors il n’y a nul lieu de s’en étonner. Pourquoi, en ce cas, lui en vouloir à ce point ?

- Je ne lui en veux pas spécialement, admit Siena. Mais Horrorscor représente une menace pour une personne qui compte beaucoup pour moi. J’ai fait en sorte qu’il ignore son existence, mais il la découvrira tôt ou tard, et alors elle ne connaîtra jamais la paix.

- Cette personne... vous l'aimez ? Voulut savoir Deveran.

- En effet.

- Je vois. Qui serai-je pour me moquer d'un tel sentiment, moi qui existe uniquement grâce à lui ? Je respecte votre combat, mais voyez-vous, moi aussi je suis esclave de l'amour. J'aime mon père, malgré tout ses défauts. Au final, tous les conflits depuis la nuit des temps n'auront été que conséquence de l'amour et de la haine, son antithèse complémentaire.

Le Premier Marquis écarta les bras comme un crucifié, et le ciel au dessus d'eux changea de couleur. Il prit une teinte rouge, tandis que deux sphères apparurent de nulle part en son sein. Siena et Zelan comprirent qu'il s'agissait de lunes. Pas de véritables lunes bien sûr, d'autant qu'une était noire de jais et l'autre brillante avec une légère teinte rosée, mais une représentation, une illusion, ou quoi que ce soit qui était né de l'attaque que Deveran s'apprêtait à lancer.

- Luna Dualitas, prononça Deveran. Telle est mon attaque signature, celle que j'ai moi-même conçu à l'apogée de mon pouvoir. Une lune noire, reflétant les ténèbres et amenant haine et mort. Et une lune rose, miroir de la féerie, de la vie et de l'amour. De leur rencontre improbable naît une puissance sans limite, telle la mienne. Quand elles se croiseront comme une éclipse, la nouvelle lune qui apparaîtra engloutira tout dans un rayon de plusieurs kilomètres, sauf moi. C'est en prévision de cette attaque ultime que j'ai dit à Fantastux de se retirer. Le Marquis actuel perdra son carrosse et quelques morts-vivants, mais contre deux ennemis aussi déterminés et dangereux que vous, cela lui conviendra je pense.

Dans le ciel rubicond, les deux lunes commencèrent à se rapprocher. Au train où elles avançaient l'une vers l'autre, Siena calcula qu'il ne leur restait que trois minutes environ avant leur rencontre. Elle avait bien compris que Deveran pouvait être surpris et tué d'un coup bien placé comme n'importe quel autre humain, mais après tout ce dont il avait fait étalage devant eux, l'éliminer en moins de trois minutes semblait quelque peu utopique. Elle ne renoncerait pas pour autant.

- Drakoroc, attaque Rafale Écailles ! Dojosuma, attaque Forte-Paume !

Siena fit le pari qu'invoquer son attaque Luna Dualitas devait pomper à Deveran pas mal d'énergie, et qu'il devenait du coup plus vulnérable. C'était sans doute vrai, mais elle ne vit guère la différence contre les deux attaques qu'elle avait ordonné à ses Pokemon. Le type Fée que Deveran avait en lui l'immunisa totalement à Rafale Écailles, et le protégea grandement de Forte-Paume. Mais Siena avait aussi parié sur sa chance, et à ce niveau là, elle fut gagnante : après avoir encaissé et contré la Forte-Paume de Dojosuma, Deveran fronça les sourcils en contemplant son bras droit secoué de tremblements.

- Eh oui, lui dit Siena. Forte-Paume a beau ne pas être très puissante, et encore moins contre toi, c'est la seule attaque de type Combat qui peut paralyser !

- Si vous le dites... J'avoue n'avoir jamais été un connaisseur sur les Pokemon et n'être guère informé sur vos fameux combats d'aujourd'hui. Mais je sais une chose en revanche : les altérations du statut n'ont jamais été un problème pour ma mère. État Zéro !

Un éclat de lumière recouvrit Deveran de haut en bas avant de se dissiper. Et vu la façon dont il secouait son bras en le montrant à Siena, sa paralysie venait de disparaître.

- Quoi encore ? Soupira Siena. Ce gars a une protection contre tout ?

- Je ne connais pas les attaques qu'avait Erubin, mais je sais qu'Horrorscor en a une pour annuler les changements de statuts sur tout le monde durant le combat, fit Zelan. Point Zéro. Sans doute que cet État Zéro est la particularité d'Erubin concernant elle les altérations de statut. Et ça m'ennuie du coup, car ça ne sert plus à rien que je lance Noir Zénith. Ça rend l'adversaire endormi et confus en plus de le blesser, mais sans les altérations, ça ne vaut pas la peine que j'utilise quasiment tout mon pouvoir pour des dégâts ténèbres qui seront facilement absorbés...

- Oh, vous maîtrisez Noir Zénith, messire Zelan ? S'étonna Deveran. C'est digne de louange. Parmi tous les Marquis qui ont reçu les pouvoirs de père, bien peu d'entre eux sont ceux qui sont parvenus à dominer cette attaque ultime. Mais vous avez raison, ça ne me fera guère d'effet.

- Alors, on fait quoi ? S'agaça Siena. J'avoue être à court d'idée.

Les deux lunes dans les cieux rougeoyants s'étaient grandement rapprochées. La catastrophe était pour bientôt. Zelan lui fit un pauvre sourire.

- Il me reste un atout. Mais pour que je l'utilise, il faut que tu sois loin de moi. Rappelle tes Pokemon, vite !

Pressée le ton sans réplique de Zelan, Siena obeit, ramenant Drakoroc et Dojosuma dans leurs Pokeball. Après quoi, Zelan conçu avec son œil et ses pouvoirs ténébreux un bouclier sombre autour de Siena, qui fronça les sourcils.

- Qu'est-ce que...

- Je t'aime, la coupa Zelan. Désolé de te sortir ça comme ça. Ça fait très cliché, et je n'ai pas vraiment le droit à ton amour après tout ce qui s'est passé, mais c'est comme ça. Je t'ai toujours aimé. Même au plus profond de l'emprise d'Horrorscor, c'était la seule certitude qui me restait. C'est pour toi que j'ai voulu créer Venamia, ça a toujours été uniquement pour toi.

Zelan condensa ensuite une onde de choc noire entre ses mains, pour envoyer Siena au loin dans les cieux, toujours enveloppée dans son bouclier, coupant court à ses protestations. Deveran haussa les sourcils, perplexe.

- C'était pour quoi ça ? Pour la sauver ? Vous ne l'enverrez jamais assez loin pour qu'elle échappe à Luna Dualitas.

- Non, mais c'était juste pour qu'elle échappe à ma propre attaque, répondit Zelan. Elle n'a pas au nom aussi classe que la vôtre. C'est juste un système d'autodestruction intégré dans mon œil cybernétique, que j'ai implanté de mon vivant en dernier recours.

Zelan ne laissa pas à Deveran le loisir d'être surpris. Il invoqua tout ce qui lui restait d'énergie ténébreuses et spectrale pour s’envelopper d'une multitude de tentacules noires, puis il agrippa au Premier Marquis en le serrant contre lui et en l'entourant de ses appendices ténébreux. Bien sûr, la partie lumineuse et féerique de son corps le fit souffrir, et fit fondre les parties ténébreuses qui s'avisaient de la toucher. Mais Zelan tint bon, bien décider à gagner les quelques secondes nécessaires avant que la bombe miniature dans son œil n'explose. Déjà, ce dernier commençait à clignoter et à émettre des signaux sonores inquiétants.

- Ah, le sacrifice ultime au nom de l'amour, rigola Deveran. Êtes-vous y préparé, messire Zelan ? En avez-vous seulement le droit ?

- Mon âme aurait quitté ce corps factice de toute façon à votre mort. Autant que ça serve à quelque chose ! Et même la plus ignoble des pourritures a le droit d'aimer, et de parier sa vie au nom de cet amour !

Deveran tenta de se débattre quelques instants, faisant surgir toute la lumière de son corps, mais au bout d'un moment, il renonça. Il n'était pas plus attaché à cette nouvelle vie que ça, et l'action de Zelan l'avait touché.

- Soit, concéda-t-il. Retournons à Giratina ensemble alors. Moi aussi, j'ai vécu et je suis mort par amour, après tout. Et par espoir. Qu'un jour, Innocence et Corruption puissent de nouveau coexister dans l'harmonie et l'équilibre. Pensez-vous que c'est possible, messire Zelan ?

- Pas tant que votre père essaiera de tirer la couverture vers lui. Mais un jour prochain, peut-être, quand ces concepts auront des héritiers complémentaires et pacifistes. Je prierai avec vous pour cela dans le Royaume des Esprits.

Et l'explosion se produisit, engloutissant les deux revenants dans un déluge de flamme et de plasma, ainsi que le carrosse géant du Marquis. Toujours propulsée dans les airs avec le bouclier noir de Zelan autour d'elle, Siena put voir la détonation d'en haut, tandis que les deux lunes de Deveran disparurent peu avant qu'elles ne se touchent, et que les cieux perdirent leur éclat rouge artificiel. Siena secoua la tête.

- T'as été un crétin et un goujat jusqu'au bout, Zelan, fit-elle pour elle-même. Mais t'as géré. Merci...

Deveran disparut, l'attache des âmes des autres anciens Marquis à la sienne disparut avec lui. Les Marquis qui restaient sur le champs de bataille tombèrent d'un coup comme des mouches, mort à la seconde, tandis que leurs âmes, sous la forme de leur masque, étaient arrachés de leur corps malgré eux. Ce fut pile à cet instant que l'attaque Jugement d'Arceus tomba sur le champs de bataille, visant et réduisant à néant tous les morts-vivants. L'Armée des Ombres avait disparu en un instant.