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Le Retour de Mewtwo de LogriderV2



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Informations

» Auteur : LogriderV2 - Voir le profil
» Créé le 21/05/2021 à 20:03
» Dernière mise à jour le 18/03/2022 à 18:14

» Mots-clés :   Action   Kanto   Organisation criminelle

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La route avait été insupportablement longue. La traversée de la grotte montagneuse qui séparait Argenta et Azuria avait semblé s’étendre sur des jours entiers. L’épuisement et la douleur en étaient les principaux responsables, mais marcher dans le silence et l’obscurité avaient également dû distordre le temps dans sa longueur. Pour autant, la lumière du jour apparaissait enfin et, à mesure que mes yeux s’habituaient à la clarté du soleil naissant, Azuria se dévoilait.

Cette ville ne se révélait pas être la plus déconstruite par l’ère d’obscurité que le continent tout entier traversait, cependant de sombres souvenirs personnels me la rendait quelques peu désagréable. Désagréable mais nécessaire car, en plus de se située sur le chemin vers la centrale électrique, elle recelait sur ses hauteurs un centre pokémon clandestin. Les soins prodigués en ses murs ne causaient pas beaucoup plus de dégâts que dans les centres officiels, et il possédait l’avantage non négligeable de ne se soumettre à aucune loi, aucun texte.

Une fois sur place, j’optai tout même pour me désaltérer accoudé au comptoir plutôt qu’en salle. Je pouvais ainsi garder un regard méfiant sur le « médecin », qui soignait mes compagnons de route par informatique. Il termina son travail trente minutes plus tard, soit quatre verres. Je le vis jeter sur le comptoir le plateau sur lequel étaient posées trois de mes pokéballs, comme s’il se débarrasser d’un objet visqueux qu’il ne fait pas bon garder en main.

« Ça fera trois cent vingt avec les consos. Lâcha-t-il.
- Trois cent vingt ? Je ne me porte pas acquéreur des lieux, ironisai-je calmement.
- Paye et casse toi. »

Une petite voix dans mon esprit aurait voulu que mon poing embrasse à pleines phalanges sa tête porcine au front huileux mais il aurait été parfaitement irresponsable de faire des vagues. Ma situation étant déjà bien assez houleuse, je payai donc sans histoire avant de quitter l’établissement.

Dehors, je pris soin de m’éloigner un peu avant de libérer Dracaufeu. Son apparence, sa taille et sa force aurait pu attirer de mauvaises convoitises. Je l’examinai quelques instants, vérifiant que le porc qui servait de médecin avait correctement accompli son travail. Tout semblait aller.

« T’as dérouillé, hein mon vieux ? » Dis-je en caressant son puissant cou.

Il répondit par un grognement affectueux, manière d’exprimer son pardon. La loyauté inflexible que lui, ainsi que mes cinq autres pokémons, pouvaient manifester devenait presque embarrassante. Parfois, je me surprenais à les imaginer donnant les ordres plutôt que de les recevoir.

Ma seconde main se posa sur son cou, puis je passai une jambe par-dessus son dos. Une fois correctement installé, je pointais mon bras en direction la Centrale Electrique. J’avais déjà parcouru une bonne partie du trajet à pieds d’Argenta jusqu’à Azuria, et la Centrale ne se trouvait pas si loin de cette dernière ville, si bien que le jour n’avait pas encore eu le temps de se lever lorsque nous atterrîmes à distance raisonnable du bâtiment. Je rappelai ma monture ailée avant de me rapprocher prudemment de l’entrée.

A présent caché derrière un haut et large rocher, certainement du aux éboulements fréquents dans la région, j’observais la grande porte principale, une vingtaine de mètres devant moi. Je m’étais attendu à voir une dizaine d’hommes armés effectuant des rondes autour du bâtiment, prêts à sauter sur tout ce qui bouge. Il n’en fut rien. La lumière diffusée par un lampadaire accroché au mur n’éclairait que deux hommes devant la porte. Ils discutaient et fumaient sans ne sembler prêter attention

Ce n’était pas forcément bon signe. Certes l’infiltration n’en serait que plus aisée, mais un bâtiment si faiblement protégé ne pouvait pas cacher des merveilles… c’était pourtant ma seule piste, autant la creuser jusqu’au bout.

Je décrochai une pokéball pour libérer un allié de choix. Florizarre apparut à mes cotés, déployant son impressionnante bulbe dorsal pour la première fois depuis des semaines. Je posai doucement une main sur sa tête avant de lui chuchoter une stratégie à l’oreille, qu’il assimila rapidement.

Suivant mes consignes, il déploya deux lianes qu’il fit sinuer au sol en direction des deux agents de sécurité. Par souci de discrétion, la manœuvre dura plusieurs minutes. Puis, quand ses deux appendices furent assez proches, il les projeta en l’air, comme des serpents s’abattant sur leurs proies.

Avant que les gardes ne puissent réagir, les lianes s’étaient déjà enroulées autour de leurs bouches, leurs troncs et leurs chevilles. Ils chutèrent tous deux misérablement par terre.

« C’est bien, dis-je. Amène-les maintenant. »

Florizarre rétracta ses lianes afin de trainer les deux hommes jusqu’à nous.

« Sécrétion. » Commandai-je quand ils furent à nos pieds.

Le pokémon ouvrit la bouche pour laisser échapper une sorte de toile, emprisonnant les deux hommes dans des cocons blancs et surtout solides. Une fois cette tache accomplie, il leva fièrement la tête vers moi.

« Merci, je me débrouille maintenant. » Dis-je en rappelant le pokémon.

La voie à présent libre je marchai jusqu’à la porte, mes mains plongées dans mes poches pour en sortir mes baguettes de crochetage. Mais arrivé devant la serrure, je m’aperçus avec stupéfaction que non seulement la porte n’était pas fermée à clé, mais qu’elle n’était pas fermée tout court, un entrebâillement laissant deviner un hall administratif désert. Cette ancienne centrale était-elle à ce point insignifiante ?

Je n’aurais su dire pourquoi, mais cette absence quasi-totale de surveillance ne fit que piquer un peu plus ma curiosité. Je tirai lentement un des deux battants de la porte vers moi avant d’entrer.

La pénombre régnait presque en maitre à l’intérieur, successions de blocs ceinturés de panneaux électroniques hors d’usage. Ma seule source de lumière était le claire de lune, peinant à traverser la crasse des rares fenêtres percées aux murs. Si bien que je devais avancer à tâtons, balayant le sol avec prudence pour ne pas risquer de me faire remarquer. Aucun appareil électronique ne fonctionnait et pourtant, à me mesure que je progressais, un bourdonnement se faisait de plus en plus présent.

Je devais avoir traversé une bonne partie du bâtiment lorsque je tombai sur une cage d’escaliers montante, faiblement éclairée par un bloc « sortie ». Je m’y engageai, toujours prudent.

Le premier étage semblait avoir été le lieu de travail de bureaucrates plus que d’ouvriers. Il se composait en une succession de bureaux informatisés. Ordinateurs, imprimantes, photocopieurs, scanners… rien n’était en état de marche. Rien sauf la lumière des lustres, remarquai-je en appuyant machinalement sur un interrupteur. Comme il m’apparaissait à présent évident que plus personne ne gardait ce bâtiment, je ne me gênais pas pour l’utiliser.

J’entrepris donc de fouiller tous les bureaux un à un, sans trouver quoique ce soit d’intéressant. L’inspection minutieuse d’une vingtaine de bureaux ne manqua pas de faire naitre un certain découragement en moi, cependant mes efforts finirent par être récompensés. Dans le tiroir d’un bureau, je mis enfin la main sur un dossier dont le contenu ne manqua pas d’attirer mon attention. Il s’agissait d’une longue liste d’achats rédigée neuf ans plus tôt si j’en croyais l’entête.

Elle faisait état de toute une gamme de matériels, non pas électroniques, mais laborantins. Etrange pour une centrale électrique, mais le dossier en question en portait bien le symbole.

Le nez plongé dans les différentes pages qui composaient le dossier, je me perdais dans toutes sortes d’hypothèses. De la plus simple à la plus alambiquée. De la plus insignifiante à la plus catastrophique, mon esprit ne pouvait s’empêcher de balayer un champ des possibles trop larges pour être raisonnable. Je n’aurais su dire combien de temps j’étais resté debout à réfléchir, seule certitude, je dus tout stopper rapidement.

Un bruit sourd venait de résonner dans le couloir adjacent au bureau dans lequel je me trouvais. Quelque chose était-il tombé ? Non, certainement pas. C’était le bruit d’une porte que l’on claque. De plus, des pas se faisaient maintenant entendre. Quelqu’un marchait dans le couloir, et il devait déjà avoir remarqué qu’une lumière avait été allumée.

J’effectuai deux grandes enjambées que je m’appliquai à rendre les plus légères possible, ceci afin de me poster derrière la porte restée ouverte. L’astuce n’était pas vraiment bonne, même le dernier des idiots penserait à jeter un œil derrière lui. Mais le court laps de temps durant lequel il balaierait la pièce des yeux me suffirait pour agir.

J’entendis les pas se rapprocher peu à peu, puis se stopper dans l’encadrement de la porte.

« C’est quoi ce… » Soupira-t-il.

Il avança d’un pas, puis un deuxième, son pied gauche apparut au troisième puis enfin son dos au quatrième…

Sans perdre un instant, je me jetai violement sur lui, ma main gauche plaquée contre sa bouche, mon bras droit enroulé autour de son cou. Réflexe naturel, il commença par se débattre comme un perdu, contorsionnant son corps en tous sens dans l’espoir de se dégager. Dans la panique, il lança ses mains au dessus de sa tête, tentant de m’atteindre au visage. Puis ses coudes cherchèrent mes cotes tandis que ma main étouffait ses cris.

Il lui fallut deux bonnes minutes d’acharnement avant de comprendre que ses efforts resteraient vains. J’étais plus grand, plus large, plus solide. Tout simplement plus fort que lui. Ses gestes se calmèrent peu à peu, même si sa respiration restait paniquée.

« Tu as fini ? Demandai-je alors qu’il se figeait, ses deux mains tremblantes légèrement levées. - Je t’ai posé une question. Insistai-je en serrant l’étreinte autour de son cou.

Il s’empressa de répondre affirmativement par de nerveux hochements de tête.

« Bien. Rassure-toi, je suis pas venu ici pour tuer. J’ai quelques questions auxquelles j’aimerais que tu répondes… Il y a encore du monde ici ?

Echaudé par ma dernière réaction face à son mutisme, il répondit rapidement en hochant une deuxième fois la tête affirmativement.

« Combien ? Sachant que je me suis déjà débarrassé de deux types dehors. Le mot « débarrassé » sembla le faire tiquer. Il leva en l’air un index tremblant.

« Un seul… un homme de main, lui aussi ? »

Il secoua la tête, négativement cette fois. Il désigna en suite du doigt un carton posé à même le sol. Un microscope était dessiné sur chacune de ses faces.

« Microscope… Un scientifique ? Il confirma de la tête. – Je te remercie.

L’agent de sécurité n’osa d’abord pas bouger, mais paniqua rapidement lorsqu’il sentit mon bras se resserrer autour de son cou, jusqu’à l’étouffer. Il essaya de me faire lâcher prise, enfonçant ses ongles dans mon bras, mais c’était peine perdue. Je n’allais pas lâcher.

Il ne se battait pas vraiment contre moi, mais contre la mort tant il devait être persuadé que j’avais l’intention de le tuer. Quant à moi, je fermais les yeux afin de me concentrer sur les battements de son cœur. Je devais les sentir, comme s’il s’agissait des miens. Capter ses pulsations et la moindre de leurs variantes afin de lâcher prise au bon moment.

Ses forces commençaient à l’abandonner. Ses gestes devenaient moins violents, moins précis, plus désespérés… le point de rupture n’était plus très loin, je devais lâcher prise.

L’agent de sécurité s’écroula à mes pieds, endormi pour un bon moment, mais vivant.

Il ne restait donc dans ce bâtiment plus qu’une seule âme encore consciente en plus de la mienne. Et pas n’importe laquelle, celle d’un scientifique. Si une personne était susceptible de me donner des réponses, c’était bien une tête qui pense. Quant à sa localisation, suivre ce que me dictait mon ouïe m’apparaissait comme la meilleure option.

Ce bourdonnement métallique qui planait dans l’air depuis mon entrée dans la centrale… il n’était pas assourdissant, mais bien présent. Il n’avait fait qu’amplifier au fil de ma progression.

Je pris soin de glisser le listing d’achats dans une de mes poches avant de quitter la pièce. Laissant l’agent de sécurité derrière moi, je longeai le long couloir jusqu’à tomber face à une large porte, le genre de modèle utilisé pour les issus de secours. Celle-ci ne semblait cependant pas donner sur un quelconque escalier extérieur car, posant mon oreille contre sin métal, je pus distinguer le bourdonnement avec plus de clarté. Un léger écho témoignait d’une salle plutôt vaste et haute de plafond.

Je restai immobile plusieurs minutes dans l’attente de capter un son autre que celui de la vibration. Des bruits de pas, de mouvements, un raclement de gorge, mais rien. La pièce semblait ne s’animer que par un effort mécanique.

Je me risquai donc à ouvrir la porte, poussant lentement la barrette horizontale qui lui servait de poignée. Se découvrit alors ce qui pouvait ressembler à une salle machine, assistée d’une dizaine d’ordinateurs. Je me trouvais en fait sur un chemin de ronde métallique fixé en hauteur, parcourant la salle sur son contour. Quatre petits escaliers permettaient l’accès au sol.

Je m’engageai sur le plus proche d’un pas prudent. Je ne sentais pas de présence autre que la mienne, mais l’air ambiant avait un je ne sais quoi de… chargé. Lorsque je posai le pied au sol, j’avais encore en tête que cette sensation devait être due à l’électricité présente dans chacune des machines qui m’entouraient. Je me trompais.

« Elektek attaque Fatal-Foudre ! »