Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Faire face de Serekai



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Serekai - Voir le profil
» Créé le 29/11/2020 à 01:25
» Dernière mise à jour le 29/11/2020 à 01:25

» Mots-clés :   Aventure   Présence de personnages du jeu vidéo   Sinnoh

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Chapitre 19 : Impulsivité
Le badge forêt reflétait la lumière du soleil, éclairant mon visage souriant avec une petite lueur émeraude.

J'avais l'impression que cette journée serait sous de très bons auspices, alors qu'elle n'était pourtant qu'à son début. L'air semblait doux, alors que la brise purifiante arrivait presque à transcender mon allégresse en une véritable lévitation. C'était peut-être provoqué par le pollen des Floravol de la serre, qui s'accrochait à ma veste de jean élimée, mais je n'avais pas la tête à m'attarder.

En sortant de l'arène, un panneau publicitaire très criard attira mon attention. Une boutique de vélos vendait des bicyclettes et d'autres modèles, faisant même des promotions. Le jeune garçon qui semblait rire aux éclats, généra en moi un sentiment d'empathie, me faisant désirer cette célérité. Le gros « -40 % » sur fond rouge était également très attrayant.

Un vélo serait indéniablement très pratique pour me déplacer plus vite dans la région. J'avais obtenu pas mal d'argent avec mes combats dans l'arène, ainsi qu'aux alentours de la ville. Je pouvais toujours aller me renseigner sur les prix et réfléchir devant les différents modèles mis en vente.

Je me dirigeai vers le bâtiment, m'attendant à voir un homme d'âge mûr au comptoir. A ma grande surprise, je fus accueillie par un pré-adolescent brun, qui jouait avec une console portable, levant à peine les yeux lors de mon arrivée.

- Désolé, on est fermés, ânonna t-il en massacrant deux gobelins. Papa est absent.

- Je n'ai pas vu de panneau l'indiquant, fis-je peu éloquemment en regardant les modèles exposés. Ou est-il ?

- Il est parti voir la société Galaxy, pour se plaindre de leurs employés. D'ailleurs, il traîne un peu ...

Le nom honni tinta à mes oreilles comme un avertissement. J'avais promis que je ne m'en mêlerais pas … que j'éviterais les ennuis.

Le garçon appela son père, utilisant le téléphone du comptoir. A mesure que la tonalité retentissait, son expression ennuyée devenant de plus en plus inquiète.

- C'est bizarre, il répond pas …

Je ne devais pas m'en soucier, ne pas me retrouver encore confrontée à la Team Galaxie. Ce n'était pas mon problème, je n'étais pas policière, ni même responsable d'un homme adulte.

- Tu veux que j'aille voir ? demandais-je en maudissant immédiatement ma grande bouche.

- Si ça vous gêne pas … dit-il en haussant les épaules, retournant à son RPG et à son farming d'expérience.

Une fois dehors, alors que le vent frais balayait mes longues mèches noires en me les renvoyant dans le visage, je songeais que j'avais encore trop ouvert ma bouche. Pourquoi devais-je toujours me mêler des problèmes des autres et jouer à la justicière sans peur et sans reproche ?

Je n'avais pas la réponse. Sans doute mon côté de béni oui-oui, de scout naïve.

J'allais donc devoir traverser la moitié de la ville, pour atteindre la zone industrielle sordide avec ses bâtiments de métal et ses clôtures de fonte. Les transports en commun défaillants me firent râler, bien que mes chaussures étaient bien confortables, avec leur intérieur molletonné.

Le bâtiment qui m'intéressait était celui avec un G stylisé sur la façade et une parabole pointée vers l'ouest. Le lieu était ouvert, sans clôture ou sans portail de métal, avec juste une caméra à l'entrée pour dissuader les indésirables.

J'avançai avec détermination vers le bâtiment. La porte automatisée s'ouvrit, accompagnée d'un léger son causé par le glissement des brosses sur le sol lisse, dévoilant un atrium occupé par plusieurs travailleurs arborant l'uniforme et le logo du conglomérat.

Un agent d'accueil s'avança, avec les cheveux teints comme les autres.

- Bonjour, dresseuse. Es-tu venue faire don de tes pokémon ? demanda t-il en assumant clairement son culot.

- Certainement pas. J'ai l'impression que ces dons sont forcés. Je suis venu chercher quelqu'un. M.Sanders, dis-je en me rappelant le nom affiché sur la devanture de la boutique. Pouvez-vous m'indiquer où il se trouve ?

Il ne sembla pas offusqué, conservant son sempiternel air arrogant.

- Si tu ne fais pas demi-tour maintenant, tu t'exposes à de graves ennuis, menaça t-il en gardant son air affable, ce qui le rendait encore plus détestable.

- Pourtant, je suis venu chercher le patron de cette boutique. Laissez-moi passer.

Il s'écarta, comme s'il n'avait pas les moyens de m'arrêter. Soit il n'avait pas de pokémon, soit il avait confiance en la sécurité qui devait garder l'étage.

- Tu vas finir comme ce vendeur, Miss mêle-tout … siffla t-il entre ses dents.

Je l'ignorai, sachant que j'étais allée trop loin pour juste fuir en courant. J'étais venue ici et je n'allais pas courir en arrière. J'avais des défauts, mais je n'étais pas une lâche.

- Allez ma grande, murmurais-je en tentant de calmer le frémissement dans mes genoux.

Dès que j'eus franchi la porte, un garde m'arrêta. Selon lui, j'étais trop jeune pour appartenir à ce groupe, mais je pouvais toujours contribuer en faisant un généreux don de pokémon. Quand je pense que l'autre criminelle, Mars, m'avait prétendu le contraire. Evidemment, je n'aurais jamais accepté une telle offre ! me convainquis-je en me drapant dans ma probité. Quoi qu'il en soit, c'était une belle bande de manipulateurs sournois.

Face à mon manque d'entrain pour repartir, le sbire sortit son Nosferapti. La petite créature voleta sept secondes devant moi, avant d'être électrisée. Sans un mot, je lui fis un signe en frottant mon pouce contre mon index, signe que je voulais obtenir ma récompense en récupérant sa prime.

De mauvaise grâce, il me tendit une part de son salaire et je poursuivis mon intrusion, un peu moins nerveuse, attendant le moment ou plusieurs gardes me sauteraient dessus en même temps.

Je montai les marches en direction du bureau du directeur, qui était soigneusement fléché. A croire que les sbires recrutés ici étaient des imbéciles finis.

Les deux employés que je vis cachés derrière leurs écrans d'ordinateur ne s'opposèrent pas à ma progression, mais le cordon de gardes bloquant la porte du bureau du directeur était bien plus menaçant.

- Tu t'opposes au nouvel ordre, merdeuse ? déclara l'un des sbires. On va te le faire regretter.

Les autres approuvaient. Ils semblaient croire ce en quoi ils se battaient, comme en témoignait le discours de ce caïd. Les murs étaient ornés de slogans fascisants, comme : « La Team Galaxie assure un avenir radieux » ou « L'énergie du futur, c'est aujourd'hui. » A chaque fois, les posters faisaient figurer des rangées de sbires, comme pour les mettre à égalité et les uniformiser, invitant les gens à se joindre à cette foule sans visage, à marcher à l'unisson pour atteindre leur idéal. Me fondre dans un moule déshumanisant, niant mon unicité, n'était pas quelque chose que j'affectais.

- Tonnerre ! criais-je en direction des chauves-souris volantes.

Les pauvres chiroptères se firent électriser, tombant à terre en un navrant spectacle. Ces créatures n'avaient rien demandé, elles n'étaient qu'exploitées par ces bandits. Avant que les sbires ne ressortent d'autres pokémon, je fis jaillir Onix, qui tint en respect les vigiles.

La troupe sembla ébranlée par la masse imposante de mon pokémon. Leur instinct de survie les poussa à s'écarter, me laissant aller à la rencontre du commandant des opérations.

Soit je les avais intimidés, soit ils pensaient que leur chef allait m'en mettre plein la gueule. Dans les deux cas, la confrontation était imminente.

J'ouvris la porte sans frapper, interrompant une étrange conversation. Montagne fit irruption en détruisant la porte, se frayant un chemin à sa taille, dégageant une partie du plâtre.

Une femme aux cheveux pourpres faisait face à un homme en costume. Si la femme était imperturbable, l'homme était en sueur et agité de tics.

- Euh, c'est a quel sujet ? questionna t-elle d'un ton hautain, totalement à l'aise dans son domaine. Enfin, c'est juste façon de parler. Vu que vous vous invitez dans mon bureau en défonçant un mur, ce n'est pas pour une visite de courtoisie. Je me doute que, comme Monsieur, vous venez pour ces accusations infondées.

Derrière elle, du moins dans la pièce attenante, qui était désormais dépourvue d'une part de son mur, il y avait plusieurs cages, contenant des pokémon et des pokéballs. Tous ces pokémon avaient une provenance qui semblait … au mieux douteuse.

- Je suis venu car vous avez les pokémon de ma fille ! postillonna le notable en tapant du poing sur la table. Rendez-les sur le champ !

- Vous n'êtes que de sales voleurs, enrageais-je. Si on vous déboîte, vous ne pourrez plus nier.

Le notable sembla regagner un peu d'assurance, alors qu'il n'était désormais plus seul pour affronter ces criminels.

- Sachez que vous n'êtes pas les seuls à avoir de l'argent, Team Galaxie, menaça t-il. J'ai une grosse influence sur les forces locales, vous le payerez très chèrement !

La commandante ne sembla pas impressionnée par ce petit passereau en surpoids. Soit elle était certaine d'avoir plus de poids que ce commerçant, soit elle ferait sauter un second couteau à sa place.

Pourtant, ma présence était clairement indésirable. Son petit regard de Fouinar était empli de dédain et de mépris, un peu comme Maman lorsqu'elle faisait face à une tâche tenace incrustée dans un tissu. Les yeux de la directrice n'avait cependant pas la bienveillance et la chaleur de ceux de Maman, ses yeux de feu me hantaient par la méchanceté gratuite en émanant.

- Je vais me trouver au regret de neutraliser ton équipe, petite intruse. Ensuite, tu devras t'expliquer auprès d'un juge pour les dégâts commis au sein de nos installations. Bien entendu, mes hommes seront ravis de se charger de ta petite tête de Rattata.

Au moins, la dernière phrase était claire et directe. Cependant, les sous entendus avaient de quoi laisser le doute m'envahir.

L'administratrice aux cheveux violets referma calmement son ordinateur portable, plaçant une étrange clé USB dans la poche de sa jupe, avant de faire le tour de son bureau.

Puis, une fois en position, elle fit sortir son Nosferapti.

- Tomberoche ! criais-je par réflexe à mon serpent massif, avant de me rendre compte de la totale stupidité de cet ordre.

En intérieur, Montagne n'avait pas la possibilité d'arracher un morceau de roche pour le cracher à la face de son adversaire. Pourtant, il improvisa immédiatement et agit comme s'il était en milieu sauvage.

Mon pokémon agita la tête pour chasser le mammifère volant qui le narguait, avant d'ouvrir la gueule pour attraper le lourd bureau et le projeter sur son ennemi.

Je plongeai au sol pour éviter un moniteur, tandis qu'une tour d'ordinateur fracassa la fenêtre en projetant des éclats de verre. Les débris du bureau métallique volèrent vers le pokémon ennemi, pliés au point d'avoir pris la forme de la mâchoire de mon Onix.

L'épaisse masse heurta le Nosferapti ennemi de plein fouet, le projetant contre le mur. Une tâche rouge et des viscères étalés en formant une étoile irrégulière et des giclées sombres ne laissèrent guère de doute sur l'état du pokémon.

Je grimaçai, un peu écœurée. J'avais encore abattu un pokémon appartenant à un dresseur. Ce n'avait rien d'agréable, prendre une vie pour atteindre mes objectifs n'était aucunement une étape inévitable.

J'avais encore tué, mes mains étaient moites de nervosité, alors que je stressais d'avoir comme une nouvelle trainée de sang sur les doigts.

Le pire, c'est que cette femme n'avait aucun remords à perdre son pokémon. L'expression agacée sur son visage élégant était pire que la tâche sur le mur. Pour elle, cette mort n'était qu'un contretemps, rien de plus.

- Mastouffe, gaze-moi cette petite gêneuse !

Un imposant Moufflair fit son apparition, prêt à défendre sa maîtresse.

Il cracha une étrange substance noire en ma direction, enveloppant une part du bureau de cette brume sombre. L'autre notable présent dans le bureau s'éloigna, couvrant le bas de son visage avec sa cravate rayée.

Je couvris mon visage d'un revers de manche, plissant les yeux pour distinguer ce qu'il y avait devant moi.

- Frappe devant ! criais-je en toussant, laissant mon pokémon frapper à l'aveuglette.

Montagne donna un grand coup de queue, fracassant le bureau et abattant une cloison, projetant une volée de contre-placage et de poussière, qui entrava encore davantage la faible visibilité.

Moufflair bondit, ce qui était étonnant au vu de sa taille et de son apparence pataude. Il donna un violent coup de queue dans le visage du serpent, atteignant un des yeux.

Montagne grogna et s'ébroua, m'obligeant à le rappeler, avant qu'il ne se s'agite de douleur et ne se mette à abattre tous les murs dans sa rage. Je ne tenais pas spécialement à ce que le bâtiment s'effondre sur nos têtes.

- Châtaigne, repousse ce nuage ! implorais-je d'une voix étranglée par la suffocation.

Mon brave pokémon, fidèle de la première heure, émergea en battant des ailes pour dégager un tant soit peu l'atmosphère et me permettre d'y voir un peu plus clair.

- Mastouffe, Fente double ! réagit-elle en utilisant un curieux code.

Alors que j'étais un peu surprise, que j'attendais de voir ce qu'elle allait faire, Châtaigne resta en vol.

L'ennemi courut, avant de prendre appui sur ses pattes arrières, pour faire un bond impressionnant.

- Esquive ! criais-je par réflexe, sans préciser de direction.

Mon pokémon obéit, mais ne fut pas assez rapide pour se prémunir du coup de griffes. Le coup entailla profondément le torse du volatile, qui poussa un cri de douleur bref et intense, avant de choir au sol.

Châtaigne s'effondra, une large giclée de sang coulant dans les airs, comme de petites perles de rubis qui s'attardèrent quelques secondes de trop, avant de retomber et d'être bues par la poussière.

Je rappelai d'urgence mon Etourvol dans sa pokéball, pour éviter qu'il soit grièvement blessé. Le Moufflair retomba, terminant son saut près de moi.

Alors que j'allais saisir la pokéball de Amazonas, le pokémon ennemi relança une attaque en ma direction.

- Arrête ton pokémon ! l'implorais-je en reculant, lançant ma pokéball en avant.

Mon geste fut salvateur, puisque je pus placer mon bras en garde, me permettant d'encaisser le coup de griffes qui entailla mon biceps et frappa tout de même mon visage.

La combinaison entre le choc du coup et la douleur me projeta à terre, alors qu'une intense souffrance m'aveuglait.

A terre, tandis que la ball d'Amazonas roula au sol, je vis les décombres du bureau s'agiter, flous et couverts par un voile écarlate. J'eus l'impression que tout mon monde s'effaçait. Je levai la main vers mon ennemie, dont le pokémon se préparait à attaquer de nouveau.

A ce moment, je compris comment elle comptait me le faire payer.

Alors que son Moufflair avançait, le bord de mon champ de vision capta un éclat bleuâtre. Je discernais vaguement un Cradopaud donner un puissant uppercut dans le faciès écrasé du putois.

Le gros pokémon toxique poussa un braillement de douleur, alors qu'il était rejeté contre un casier. Sa maîtresse le rappela, avant de faire un pas en arrière.

- Vous interrompez un combat, sachez que nous nous reverrons et que cette fois-là, l'ombre du trépas te saisira ! scanda alors la directrice en se repliant, engloutie par une masse de fumée toxique, émanant d'un Smogo.

Ma douleur au visage devint insupportable et je bénis l'inconscience qui me prit dans ses bras.