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Informations

» Auteur : Serekai - Voir le profil
» Créé le 14/11/2020 à 01:10
» Dernière mise à jour le 14/11/2020 à 01:20

» Mots-clés :   Aventure   Présence de personnages du jeu vidéo   Sinnoh

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Chapitre 18 : Combat pour un second badge
L'arène de Vestigion se dressait devant moi, avec son grand toit de verre panoramique. Le soleil se reflétait sur la structure porteuse d'acier peinte d'un vert de gris, formant comme un écrin de lumière au milieu de la grisaille printanière. La grande structure située entre deux immeubles de bureaux se démarquait de tout le reste, sa blancheur couverte de lierre tranchait avec le béton gris et massif.

Selon les guides touristiques et les dires des habitants, la championne était connue pour sa maîtrise des pokémon plantes. Flo était botaniste et biologiste, elle avait juste eu le temps de soutenir sa thèse sur la valorisation et l'étude phytotoxicologique des eaux d’irrigation à partir des eaux usées, avant de prendre la place du précédent champion. Au vu de ses capacités et de ses aptitudes, il était probable que ses pokémon aient bénéficié de ses talents en jardinage.

A l'intérieur de l'arène, lorsque je poussai les portes, je fus agressée par une bouffée de moiteur. La chaleur humide régnant dans l'atrium était déjà étouffante, alors j'appréhendais de suivre le passage vers l'intérieur.

Je ne fus pas déçue. L'intérieur de l'arène était du même acabit : chaud, humide et la lourdeur lassante semblait peser sur les épaules comme un gros sac.

La majeure partie de la serre abritait des plantes que je n'avais jamais vues, bien que quelques unes étaient plus familières. Les feuilles amples et larges comme un cahier servaient d'abri à des pokémon qui s'acclimataient parfaitement à cet environnement tropical. De petits parterres de fleurs séparaient les sentiers des larges enclos ouverts, ou des pokémon exotiques se prélassaient.

Dans un coin, un énorme spécimen de Torterra somnolait au milieu de galets chauds. Mon Boskara faisait pâle figure à coté, tandis qu'un Empiflor était accroché à la carapace, semblant tout petit à côté du reptile titanesque. Un Yanma malheureux se posa sur la feuille du pokémon, avant d'être happé et de glisser à l'intérieur de cet estomac. Je savais ce que ça voulait dire. L'insecte était condamné à être digéré vivant, lentement dissous par le puissant acide gastrique. A part un Vortente agressif qui cherchait à happer un Ceriflor, les autres pokémon étaient étaient calmes et lents, attendant au lieu de se dépenser.

C'était un comportement parfaitement compréhensible, que j'avais déjà noté en observant mon compagnon. Les pokémon plantes étaient relativement calmes lorsqu'on les laissait en paix. Ils passaient beaucoup de temps à se reposer sous le soleil, pour réaliser la photosynthèse nécessaire à leur croissance. Amazonas les imitait, indolent sous la chaleur et le soleil, encore plus placide que d'habitude.

Cette arène n'était pas juste une serre et un lieu d'étude ou d'acclimatation. Plusieurs dresseuses étaient présentes, toutes en tenue de laborantin ouvertes, révélant des vêtements légers à cause de la chaleur. Une des choses que je pus remarquer était la curieuse féminisation du personnel. Toutes les personnes travaillant ici étaient des femmes, c'était un choix extrêmement étrange, voire sexiste.

Deux femmes vêtues de blouses blanches me bloquèrent la voie menant vers la directrice de ce centre de recherche. Les deux abandonnèrent leurs prises de notes, agissant comme des obstacles pour me tester et m'interrompre dans ma route pour atteindre la championne.

Je n'allais pas capituler. Ce n'était pas le moment. Si je gagnais, je pourrais enfin avoir droit d'avoir une équipe complète. Surtout, ce serait une étape de plus vers la Ligue Pokémon.

Comme je m'y attendais, ces dresseuses avaient des pokémon plante, avec tout ce que ça impliquait de spores, de pollens et de feuilles tranchantes projetées avec violence. Elles avaient un style de combat qui faisait écho au mien, puisque j'employais les mêmes techniques quand Amazonas partait au combat.

Elles avaient des pokémon projetant des spores avant de passer à l'attaque, afin de m'affaiblir. Amazonas n'avait pas été en reste, dévorant de nombreuses feuilles et tiges. Il avait été clairement à son aise, mâchant sans se soucier de savoir si les plantes qu'il cisaillait étaient sapientes ou non.

- Arrêtez, ordonna la directrice aux jardinières et aux assistantes. Vous allez vous faire pulvériser par cette dresseuse.

Une rousse au poncho vert et au short orange avança entre les petits jets d'eau. Les gouttelettes en suspension formèrent un léger arc-en-ciel autour d'elle, comme une auréole multicolore. Elle ressemblait à une fleur avec les pétales bougeant à chaque mouvement de ses bras.

- Tu sais, tu m'as presque fait attendre, sourit-elle en rangeant un calepin. J'ai entendu parler de toi, dresseuse.

- C'est flatteur. Je suppose que même si Madame Cynthia à parlé de moi,ce serait impoli de ne pas me présenter. Je suis Elizabeth Noyer, venue pour vous défier et obtenir le badge de votre arène.

- Je suis Florence Sabaterre, experte en biologiste végétale. Il m'a suffi d'un regard pour savoir que tu arriverais jusqu'à moi. Je n'en ai pas douté une seconde, tout en toi crie la victoire. Maîtresse Cynthia m'a parlé de toi, tu as comme une aura brillante qui t'entoure. Cependant, je ne crois pas tant au destin, aux dieux et tout ça. J'ai un titre à défendre.

Elle sourit légèrement, avant de sélectionner son équipe.

- Bon, passons aux choses sérieuses. Nous n'utiliserons que trois pokémon pour ce combat.

Elle regarda une des femmes, vêtue d'une salopette idéale pour jardiner.

- Rose, tu arbitreras ce combat. Quant à toi, dresseuse … j'accepte ton défi pour l'obtention du badge forêt !

Face à la maîtresse des pokémon plante, ma stratégie consisterait à employer le seul pokémon ayant l'avantage, à savoir mon fidèle Châtaigne. Il allait devoir tenir sur la durée et ce ne serait pas facile pour lui.

Elle fit appel à un Tortipouss, un pokémon que je connaissais bien. Malgré sa carapace qui le ralentissait, il ne fallait pas sous-estimer les pointes de vitesse dont il était capable.

- Picore-le, indiquais-je en me massant la clavicule gauche.

Le prédateur volant se rapprocha. En un battement d'aile, il avait déjà parcouru la moitié de la distance les séparant.

- Repli ! ordonna Flo en voulant étudier ma stratégie.

La tortue se cacha dans sa coquille. Mon chasseur planta son bec effilé dans un des trous de la carapace, frappant les parois musculaires à l'intérieur. La cage thoracique était fusionnée dans la carapace, laissant des orifices vulnérables.

Mon chasseur frappa avec précision une fois de plus et j'entendis le Tortipouss pousser un coassement aigu, que j'identifiais comme étant un cri de douleur.

Je serrai les dents, n'appréciant pas ce spectacle. Une fois de plus, la situation m'échappait et je devais juste croire en la puissance des muscles du cou de Châtaigne.

- Noeud herbe ! cria Flo pour se dégager de cette périlleuse situation.

Une masse de vignes surgit des orifices arrières, tentant d'écraser Châtaigne. Celui-ci replia des ailes par réflexe pour mieux encaisser la pression des plants de sumac sur ses os creux. L'oiseau piqua dans l'orifice avec toujours autant de précision, frappant dangereusement près des organes internes, au point que Flo préféra rappeler son pokémon.

Le premier point était pour moi et l'oiseau au bec vermillon.

La championne comprit que ce pokémon pouvait menacer sérieusement son équipe. Elle devait l'éliminer au plus vite et son regard calculateur n'était que peu engageant. Elle regarda sa ceinture et choisit.

- Bien. Vas-y, Ceriflor.

Choix étrange selon moi. Vu sa petite taille et le fait qu'il avait encore ses feuilles refermées, il n'allait pas faire long feu … à moins qu'il soit sacrifiable et ne serve juste à blesser ou empoisonner Châtaigne.

Je vis juste.

La grosse fleur repliée projeta une volée de fleurs vers Châtaigne. Mon pokémon piqua entre les pétales irisés, pour frapper à l'aide de ses ailes.

La fleur mauve recula, s'ouvrant à peine pour projeter des graines sombres, espérant que l'une d'elles ne s'accroche aux longues rémiges.La loi des grands nombres était en ma défaveur. Les petites graines s'accrochèrent au plumage de l'oiseau. Petit à petit, ces plants infectieux se déployèrent en formant de petites lianes.

J'entendis le piaffement de mon rapace, qui commençait à être parasité.

- Finis-le ! ordonnais-je en faisant un X avec deux doigts.

Châtaigne vola en prenant des angles différents, rompant sa trajectoire à quatre reprises, dans le but de déstabiliser le Ceriflor. La quatrième attaque, portée par l'arrière gauche, fut décisive. Etourfol accéléra, avant d'empaler le pokémon recroquevillé dans ses feuilles.

Avant même que la championne ne ramène son pokémon, j'avais replié le mien. La pokéball avait le don de neutraliser les parasites pour préserver l'être dématérialisé. Je voulais éviter au maximum qu'il ne souffre.

Pour la dernière émanche, Fernando arriva sur le terrain, faisant face à un Roserade.

- Facile, me vantais-je un peu trop précocement. Gères comme la dernière fois !

Fernando se jeta sur Roserade, les crocs en avant. Son attaque précise entailla le corps de bois souple, mais au moment ou il allait frapper une seconde fois, les roses bleues libérèrent une imposante vague de feuilles irisées.

Mon pokémon recula, gémissant de douleur, bien qu'il restait debout. Vu le tremblement de sa patte avant droite et les plaies sur son flanc, l'impact me sembla trop grave pour être acceptable. Sans réfléchir aux conséquences, je le rappelai en urgence pour l'éloigner.

- Elizabeth Noyer a rappelé son pokémon moins d'une minute après son entrée sur le terrain, nota alors l'arbitre. Luxio est considéré comme vaincu.

C'était une mauvaise nouvelle, mais au vu de la blessure, j'avais préféré le replier. Je ne prendrais pas ce risque de le voir s'effondrer, juste pour asséner un coup qui ne serait sans doute pas décisif.

Il ne me restait que deux pokémon pouvant se battre : Amazonas et Châtaigne. Je n'allais même pas envisager d'emmener Montagne dans un combat contre des pokémon plante. Non, ce serait à Châtaigne d'en finir très vite.

- Rafale gauche ! criais-je en faisant appel à mon pokémon, qui émergea en prenant de l'altitude, avant de décrire un large cercle autour du rosier.

Le pokémon plante projeta une nouvelle volée de ses sinistres Feuilles Magiques, que Châtaigne esquiva avant de frapper de ses puissantes ailes.

La plante encaissa sans problème, poursuivant ses volées implacables, qui interceptèrent mon pokémon. Le Roserade lisait ses mouvements, frappant mon pokémon en anticipant ses changements de trajectoire.

- Emmanuelle est résistante. Elle a survécu à deux hivers glacés, se vanta Flo en donnant des ordres à son pokémon souple et gracieux.

- Perds pas de temps ! hurlais-je pour couvrir la voix de la rousse. Encaisse et frappe en boucle !

Châtaigne décrocha et piqua, frappant de son bec pour percuter le pokémon avec violence, visant les yeux.

L'impact percuta la cuticule verte et épaisse qui protégeait la tête du pokémon, repoussant le rosier qui dégagea un nuage de spores jaunes et vénéneuses dans l'air.

L'oiseau battit violemment des ailes pour rejeter les spores anesthésiantes, mais il en inspira une grande quantité.

Châtaigne toussa, sentant le pollen le tétaniser.

- Allez ! Tiens le coup ! Tu peux y arriver ! encourageais-je en serrant les poings.

Je ne sais pas si ce furent mes mots ou sa pugnacité, mais il trouva la force de se dépasser et de frapper une seconde fois.

Le dernier coup, ce tout pour le tout, fut le bon.

Châtaigne frappa le Roserade de plein fouet. Le bec orangé fendit le xylème au niveau d'un des principaux canaux, faisant suinter le liquide vert et odorant.

Flo fut surprise et rappela son pokémon, tandis que je fis de même. Je le refis sortir sur mes genoux, pour lui faire boire le contenu d'une potion anti-paralysie au parfum amer, l'aidant à récupérer de ces spores.

- Bravo mon beau, tu as été fantastique, le félicitais-je en le caressant, avant de le laisser se reposer.

Son regard fier et conquérant laissa tout de même voir une certaine joie. Je ne sus si c'était mes mots ou l'ivresse du combat, mais il semblait héureux ... malgré les blessures.

- Eh bien, je ne m'y attendais pas ! Tu es coriace, dresseuse ! me félicita Flo. Ca fait quinze matches que je n'ai pas vu de jeune avec ce talent. Ca n'a vraiment pas du être facile d'entraîner tes pokémons, et pourtant … j'aime souffrir. Ca prouve que tu as le sens de l'effort et que tu es attachée à eux.

- Ce n'est pas une douleur. C'est pas facile, mais c'est très gratifiant, opposais-je. J'aime juste ça, j'aime être avec eux.

- Au delà du plaisir tiré de ce combat, tu as largement mérité une autre récompense. En vertu de nos lois, je te remets le badge Forêt.

Elle me tendit son emblème, le symbole de son arène. Le bijou émeraude scintilla sous la lumière, alors que je le rangeais précieusement dans ma boîte, à coté de mon trophée obtenu à Charbourg.

La championne ouvrit un coffre rangé en arrière, près de deux arrosoirs et d'un bidon de guano.

- Je t'offre un exemplaire de la CT S-86. C'est un cadeau que je fais aux gagnants qui savent m'impressionner. C'est Noeud Herbe, précisa t-elle avant de détailler son utilité tactique. C'est une capacité très efficace sur les pokémon lourds, mais ton équipe était trop agile et légère pour que ça vaille le coup de s'en servir. Quoi qu'il en soit, vous allez devenir plus forts, je le sais. Pas besoin d'engrais pour ça, gardez votre détermination.

Je sentis mon ego renforcé par cette remarque. Mon esprit se remit en marche, alors que l'euphorie de la victoire se dissipait.

- Euh, vous avez dit, euh, mentionné, euh ... hésitais-je en me remémorant ses mots, enfin j'ai une question. Que voulez vous dire par le fait que vous aimez souffrir ?

- Oups, j'ai laissé échapper ça ? rit-elle. Disons que ce n'est pas un secret dans certains milieux, mais … peut être es-tu un peu jeune pour ça.

Elle me jugea quelques secondes, avant de clore les paupières et de soupirer.

- Mais qu'est-ce que ça veut dire au vu de tes talents. On dirait une vieille conne qui se cherche des excuses. Bon, je vais faire simple, la douleur me renforce et me provoque du plaisir. J'y trouve une certaine satisfaction, un peu comme après une longue journée de travail, quand je suis courbée et ruisselante de sueur.

- Je sais pas si c'est mon truc, dis-je en détournant le regard de cette ... masochiste, ne sachant pas si le mot était vraiment approprié.

Je vis un petit Cacnéa lui envoyer des épines, utilisant dard nuée pour frapper les cuisses de la championne.

- C'est indescriptible, c'est comme si la vie battait mille fois en moi, avec cette douleur qui pulse, ce choc dans les muscles …

Elle avait le regard fiévreux, alors qu'elle se détendait. Elle se massa les parties endolories, avant de faire des étirements, écartant les cuisses.

- Amanda, Rose … est-ce que vous venez ? J'ai besoin de dénouer mes deltoïdes.

Deux de ses jardinières approchèrent, avec un large sourire communicatif. Ce n'était pas juste de la joie, mais une sorte d'anticipation sauvage qui se révélait, alors qu'elles prirent la championne par les mains, avant de la guider vers l'intérieur des locaux de la serre.

- Il va être temps de vous donner des devoirs supplémentaires et une punition pour cette défaite, chuchota Amanda à l'oreille de la botaniste.

Je ne voulais pas en savoir davantage. J'en avais déjà beaucoup trop vu pour le moment.

De plus, j'avais un voyage à poursuivre.