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Informations

» Auteur : Serekai - Voir le profil
» Créé le 12/09/2020 à 00:26
» Dernière mise à jour le 12/09/2020 à 00:26

» Mots-clés :   Aventure   Présence de personnages du jeu vidéo   Sinnoh

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Chapitre 12 : L'homme est la fleur de la terre
Après avoir pris congé du professeur Sorbier, mon voyage initiatique me mena vers la route 204, au nord de la capitale.

Malgré la proximité avec la ville, le terrain était étonnamment sauvage. Le chemin était étroit et encaissé, serpentant dans une combe venteuse. L'air était plus sec et frais, descendant depuis la montagne, comme si la nature se faisait violente et voulait purifier ce lieu à tout prix. La terre elle-même semblait endommagée, comme si elle portait les stigmates d'un conflit.

Ce relief était étrange, comme s'il avait été brutalement travaillé et malmené par un titan, avant d'être laissé à l'abandon. Des collines et des ravines se succédaient brutalement, entre lesquelles des ruisseaux glissaient pour former de petits étangs. Le dessin complexe des lignes de ruissellement était fascinant, surtout que le terrain accidenté dévoilait le réseau karstique le long de falaises abruptes et de rochers solitaires. Ces motifs dessinaient un labyrinthe parfois interrompu, rendant difficile de suivre les fines lignes lentement creusées par l'eau.

Contrairement à des sols plats, ces espaces érodés étaient bien plus variés. Je pouvais passer d'un val très lumineux, à une passe cernée de falaises faisant fortement diminuer l'ensoleillement. Moraines et terriers fournissaient des abris et des postes de guet pour tendre des embuscades. Il devait probablement y avoir des pokémon tapis à l'affût autour de moi.

Pour ne rien arranger, le chemin encombré d'herbes hautes était traître, mes chaussures s'enfonçaient dans l'épais tapis. La rosée s'attardait encore dessus, protégée par les quelques arbres qui cachaient le soleil. Bien évidemment, mes chaussettes furent vites humides, me laissant avec cette désagréable sensation de moiteur autour de mes pieds.

De petits cris et des bourdonnements retentissaient irrégulièrement autour de moi. Les éparses petites fleurs jaunes et roses qui s'épanouissaient étaient étrangement agitées, bien que le vent soit très léger. Ces fleurs étaient belles, je devais bien l'avouer. J'avançai vers elles, voulant profiter de leur parfum. J'étais loin d'être une experte, mais je voulais tenter l'expérience.

Lorsque je fus proche, les bourgeons s'agitèrent. De petits renflements émergèrent sous la mousse, dévoilant plusieurs petits Rozbouton. Les pokémon s'agitaient doucement, restant en groupe, serrés les uns contre les autres en comptant sur le nombre pour assurer leur survie.

C'était trop tentant et je fis rouler une de mes capsules rouge et blanche, happant l'un des petits bourgeons verdoyants.

Immédiatement, le reste s'agita. Un Roserade écarta alors ses larges tiges, apparaissant brusquement en lieu et place de ce que j'avais bêtement pris pour un buisson épineux. Le large végétal au tronc verdoyant siffla, agitant ses membres en projetant des épines en ma direction.

- C'était vraiment une idée de merde ! criais-je en me jetant au sol, roulant à plusieurs reprises dans l'herbe pour éviter les aiguillons empoisonnés.

Je pris une pokéball à l'aveuglette, faisant appel à un de mes compagnons pour me sortir de cette situation épineuse. C'est Fernando qui surgit, réagissant à l'instinct en assaillant le Roserade.

Fernando frappa de ses griffes, bondissant en foudroyant vainement la plante. Ses coups de griffes se succédèrent en rafale, alors que les plantes se débattaient en un mélange de gémissements et de spores parfumées. Après quelques autres assauts furieux, il triompha et réussit à tenir le Roserade en respect. Le végétal avait stoppé ses attaques, restant sur la défensive, bien que ses yeux vifs continuaient de me fixer. La plante resta entourée de ses boutures, me laissant m'éloigner, tandis que mon cœur battait encore la chamade.

Lorsque mon Lixy revint, il titubait. Sa peau portait plusieurs plaies, me faisant paniquer.

- Du poison ! compris-je en fouillant dans mon sac, trouvant un flacon d'antidote.

La bouteille avait un bouchon rotatif, que je fis tourner entre mes doigts tremblants. D'un geste nerveux, je pulvérisai le liquide violet sur la blessure, la recouvrant en massant la peau couverte de sa fourrure d'un bleu minuit. Avec soin, je m'occupai de lui, plaçant sa patte sur ma cuisse.

Mes yeux se posèrent alors sur mon pantalon. Un trou était visible, déchirant la toile de jean sur deux centimètres de long.

Je relevai la jambe de tissu, révélant lentement une petite pointe fichée dans ma chair, suintante d'un liquide rouge.

La fine aiguille verte avait sans doute du m'atteindre lorsque j'avais enchaîné les roulades et je ne l'avais même pas sentie. L'adrénaline avait tant pulsé dans mes veines durant cette rencontre, qu'elle avait anesthésié la douleur.

Je pris l'excroissance de bois entre deux ongles, avant de la retirer et de la jeter au sol. En pressant la plaie, je vis une bulle rouge assombrie, maculée de venin jaunâtre en émerger.

- Je me demande si …

Je regardai la bouteille de potion, lisant l'étiquette. Aucune contre-indication n'était indiquée et … un anti-poison était un anti-poison.

Je pulvérisai une bonne dose de produit sur ma plaie, sentant la lotion fraîche s'étaler sur ma peau, faisant hérisser mes poils. La légère douleur resta présente, mais je remis mon pantalon en place, frottant sur la plaie. J'espérais que l'effet serait rapide et efficace et ne pas avoir à souffrir jusqu'à ce que je puisse consulter l'infirmière de Floraville.

Je repris ma marche épuisante, suant comme un Spoink sous le soleil. Dès que je vis un étroit passage entre deux falaises, je l'empruntai avec soulagement pour m'abriter de la chaleur. Ce chemin rocheux était couverte par une large dalle de roche qui masquait la lumière. C'était comme une petite grotte, avec son microcosme fascinant. Des Nosferapti nichaient dans les anfractuosités de la roche, se protégeant de la lueur diurne. C'était juste un petit espace, mais tellement différent, tranchant avec le reste de la vallée. Une simple fissure pouvait receler de belles surprises.

Le soir, je plantai ma tente au sommet d'un tertre. Mes pokémon se placèrent à proximité, me tenant chaud en se collant à moi. Montagne se plaça plus bas, son large corps formant un muret autour de la tente, comme un fortin médiéval. Après deux minutes, je les repoussai pour ouvrir mon sac de couchage, alors que des bouffées de chaleur m'envahissaient. Pour la première fois depuis mon départ, je me couchai torse nu, respirant fortement en laissant la brise nocturne me refroidir. Nauséeuse, je m'endormis difficilement, remarquant l’inquiétant œdème rouge formé sur ma cuisse.

Le lendemain matin, je repris la route, toujours accompagnée par ce fort parfum de fleurs et de pollen irritant. Mon corps se contentait de suer abondamment, la sensation d'étouffement ayant disparu. Cela donna lieu à un inédit mélange entre la délicate fragrance des fleurs et ma puanteur digne d'un Bourrinos. Ce parfum ne cessa de m'entourer, alors que deux jumelles m'observaient avec insistance.

Elles avaient des bouilles rondes, souriantes. A vue de nez, elles avaient environ huit ans.

- Alors dresseuse … commença l'une.

- … tu te rends à Floraville ? poursuivit l'autre.

- Alors affronte-nous ! finirent-elles ensemble.

Les deux envoyèrent un Pachirisu chacune, jetant leurs pokéballs en un mouvement synchrone parfaitement exécuté.

J'étais encore fatiguée, mais je n'allais pas abandonner.

Les deux écureuils firent face à Amazonas et Châtaigne.

Mon oiseau fusa, picorant le visage d'un des ennemis, avant de revenir, satisfait de son coup.

Les deux pokémon électriques chargèrent de concert, attaquant Amazonas qui se recroquevilla et projeta une volée de feuilles tranchantes.

Les feuilles lacérèrent les deux autres, faisant de petites coupures dans leurs fourrures. Au vu de leurs mignons visages qui se tordaient de douleur, je compris bien que les lacérations étaient plus profondes que cela.

Les deux changèrent alors de cible. Ils s'élancèrent, leurs cours se cambrant avant d'initier un saut, prenant de l'altitude pour percuter Châtaigne. D'un battement d'aile, il s'éleva et ne fut percuté que par le second.

L'Etourmi saisit l'occasion de frapper l'écureuil du bec, le repoussant vers Amazonas, qui déploya un nouveau barrage de feuilles.

Les deux pokémon aux dents proéminentes s'effondrèrent ensemble, incapables de résister à la masse végétale projetée.

A cet instant, Amazonas s'entoura d'une éblouissante lueur émeraude. Son corps enfla comme une baudruche, ses membres s'épaissirent, jusqu'à ce qu'il atteigne mes hanches.

La lueur s'estompa peu à peu, révélant une large tortue.

Un Boskara, avec sa carapace ocre et ses amples fougères me regarda, poussant un grondement.

- Amazonas ? demandais-je stupidement en me baissant, contractant ma cuisse douloureusement gonflée.

Il tourna la tête sur le coté, poussant un grondement familier. Puis, il colla son bec contre mon torse, réclamant une caresse.

Je ne pus m'empêcher de m'extasier sur lui, détaillant sa carapace rigide, avec les fougères et les buissons qui s'accrochaient dessus. Mes doigts suivaient le dessin de ses écailles, alors qu'il poussait des grognements de contentement.

Châtaigne se posa sur un buisson et s'installa dedans, comme s'il s'agissait d'un nid. Il se mit à son aise, avant de s'entourer d'une lueur blanche.

A son tour, il se métamorphosa, grossissant un peu. Son bec s'affina, sa crête s'étoffa de nouvelles plumes et son regard …

Quand le brun de mes yeux se plongea dans l'orangé des siens, je vis une chose que je n'avais pas encore remarqué. L'instinct du tueur, jusque-là soigneusement tapi, n'avait attendu qu'une seule chose. Il était désormais réveillé.

- C'est … incroyable, m'extasiais-je en caressant le plumage bicolore, notant la permanence de la tâche marron sous son bec.

- C'est probablement un signe, une marque du destin, suggéra la première jumelle.

- Ils sont inextricablement liés, c'est évident, approuva l'autre en sortant des billets d'un petit porte-monnaie Rondoudou.

Mes deux pokémon échangèrent quelques mots, l'oiseau écartant ses ailes.

- Je n'en reviens pas …

Je souriais bêtement, caressant doucement son plumage. Il leva la tête, exposant son cou avec fierté, écartant ses orgueilleuses rémiges.

- Vous vous sentez bien … tous les deux ? leur demandais-je en serrant Boskara contre moi.

Amazonas posa sa tête contre mon bras nu, se frottant contre moi en poussant le même petit cri qu'auparavant, juste avec un timbre plus profond.

- Je vous aime tous les deux, souris-je en restant collée à eux.

- Etou ! Etour …

Ca voulait dire qu'il était assez heureux d'être ainsi considéré, mais qu'il aurait aimé que je le câline en premier. Il aurait même préféré évoluer le premier.

Nous continuâmes notre marche à quatre. Amazonas avançait à son rythme, tandis que Châtaigne et Fernando étaient sur son dos. Montagne avançait, traçant un sillon sinusoïdal en rampant. Durant ces heures ou je pus me reposer sur le dos de Montagne, restant accrochée en entendant la résonance de ses mouvements dans son corps de rocaille. Mon état de santé s'améliora, mon quadriceps n'était plus douloureux alors que seule une tâche cutanée rouge subsistait encore.

Notre progression fut assez lente, mais nous eûmes ainsi tout le temps nécessaire pour profiter des collines fleuries. La route 204 était vallonnée mais une fois arrivés au sommet, les collines dévoilaient une large palette blanche et rose.

Les pentes étaient couvertes de fleurs, de petites haies et de lierres. Les ronces aux alentours courraient sur les murets et les pentes, laissant les baies Remu pousser librement. Je pris quelques baies, les lançant aux trois goinfres, avant d'en mâcher à mon tour. Les graines tendres étaient un peu sucrées, bien qu'elles manquaient cependant de maturité.

Amazonas me regarda, insistant, avant d'ouvrir la bec, en réclamant encore.

- T'as la langue bleue ! éclatais-je de rire, révélant la mienne qui devait également l'être.

Il me regarda, ne comprenant pas la cause de mon hilarité.

Je soupirai, arrachant quelques fruits de plus pour les lui donner, ainsi qu'aux autres. Il les happa, avant de refermer son bec sur une tige épineuse. Sa langue râpeuse ignora les épines, alors qu'il arracha les feuilles … et la ronce au passage.

Son bec coupa la plante, avant qu'il ne l'avale d'un coup sec. Il ne parut aucunement affecté par les épines, comme si son œsophage était fait de pierre.

Au final, nous atteignîmes la colline fleurie le lendemain. L'air était enveloppé d'un mélange très odorant, avec des alliaires blanches et des corbeilles d'or qui couvraient les pentes.

C'était magnifique, comme une vision du jardin d'Arceus. Un peintre céleste semblait avoir peint toutes les collines, avec de grosses pivoines touffues formant une trame dessinant des arabesques.

- Floraville, lus-je en observant le motif tracé par les fleurs écarlates. C'est un panneau très original.

Au pied du vallon, un petit bourg s'étendait près d'un canal. Les maisons avaient toutes des toits végétalisés et de beaux jardins fleuris. Les murs peints et les sentiers de gravillons étaient les seuls éléments semblant artificiels.

- C'est magnifique, m'extasiais-je devant un jardinier qui bichonnait des arbres fruitiers.

- En effet, sourit l'homme au teint basané, en arrosant doucement les pieds des arbres, maintenant la terre humide.

Il continua à son rythme, relevant son chapeau de paille,exposant son front droit.

- Autrefois, cette colline était désolée et ravinée par les torrents, commença t-il en relatant de vieux mythes. Ce sol était rocheux et stérile, la poussière et la roche couvraient toutes ces collines. Un beau jour, des pokémon ont planté des baies et des fleurs. Ce fut long et difficile, mais peu à peu, les racines fixèrent la terre, les pierres cédèrent la place à du terreau fertile. C'est ainsi que sont nées les collines fleuries et le bois aux gracidées.

Il termina son travail, sifflotant, observant un Charmillon sucer le nectar de fleurs.

- Les pokémon avaient commencé ce travail long et fastidieux. Nous avons décidé de le poursuivre. A notre tour, nous avons semé et veillé sur ces fleurs. Notre village s'est construit dans le respect de la nature et dans l'harmonie avec notre milieu. Nous continuons de protéger ces vallées et de les entretenir avec grand soin.

- C'est beau. Je vais aller me reposer un peu et dès demain, j'irais voir le bois fleuri et les gracidées.

- Tout homme devait admirer ce spectacle et le méditer une fois dans sa vie. Ce bois est un témoignage des efforts de tous. Nous sommes tous dépendants de la terre. Elle peut être généreuse si l'on sait la respecter.

Le centre pokémon était peint avec des couleurs rappelant les rhododendrons. Les couloirs étaient ornés de pots avec des plantes exotiques.

L'infirmière avait le même uniforme blanc, bien qu'un Ceriflor était accrochée à ses boucles. Elle m'adressa un sourire, voyant mon Boskara bien alerte, ses narines frémissantes en sentant les multiples fragrances.

- Voilà un beau pokémon, vif et heureux, diagnostiqua t-elle du premier coup d'œil.

- Kara ! grogna t-il en lorgnant sur le Mystherbe somnolant sur le comptoir.

- Non, celui-ci est sûrement dressé, l'empêchais-je en posant une main sur son crâne dur.

Le gros mangeur me regarda, un peu boudeur. Le paquet que j'achetai pour le rassasier le fit changer d'humeur. Il engloutit la ration journalière en trois minutes, surprenant les autres. Fernando haussa les épaules, trouvant cette attitude peu distinguée.

Montagne resta dans sa pokéball. Je n'avais pas l'intention de le faire sortir ici, surtout au vu des dégâts qu'il causerait.

Par acquis de conscience, j'eus une conversation privée avec l'infirmière, afin de m'occuper de mon propre état de santé.