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» Auteur : Serekai - Voir le profil
» Créé le 19/09/2020 à 10:35
» Dernière mise à jour le 19/09/2020 à 10:35

» Mots-clés :   Aventure   Présence de personnages du jeu vidéo   Sinnoh

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Chapitre 13 : Les braconniers de Floraville
Cela faisait deux jours que j'étais à Floraville. Le lieu était parfait pour l'entraînement de mes pokémon, mais également pour pouvoir nous détendre après de rudes efforts. Cette ville colorée et paisible m'était familière. En fait, ce village isolé et coloré dans lequel la plupart des gens se connaissaient, me rappelait un peu la maison.

La vue d'un parterre de renoncules blanches me rappela les petits bouquets qui trônaient sur la table du salon et je me surpris à repenser à ces jours ou je rentrais à la maison après l'école, pour trouver un petit bol de thé et une tartine de miel. C'était le bon temps, celui de l'innocence, un temps que j'aurais aimé voir s'attarder un peu plus par moments.

Le lendemain matin, alors que je déjeunais tranquillement avec mon habituel trio dans le hall du centre pokémon, les lumières des néons tressaillirent avant de s'éteindre. Les quelques dresseurs présents levèrent les yeux au plafond, intrigués, tandis que Amazonas sembla n'en avoir rien à faire, concentré sur sa nourriture.

Le soleil de juin perçait à travers les verrières de la cafétéria et la luminosité n'en fut guère altérée. D'ailleurs, quelques secondes après l'incident, tout le monde reprit ses activités, ne se souciant peu de ce qui semblait être un problème mineur.

Je profitai de la demi-heure suivante pour terminer mon repas et remonter dans la chambre pour achever mes préparatifs. L'une des plus importants choses à faire était de vérifier que rien n'avait été oublié dans un tiroir de la chambre louée. Mon téléphone était toujours dans la poche de mon sac, tout comme ma boîte à badges et mon pokédex.

Par acquis de conscience, je voulus vérifier la présence d'éventuels messages reçus durant la nuit, mais étrangement, une icône grise fit son apparition. C'était un cercle barré de gris.

- Curieux, marmonnais-je en m'intéressant aux paramètres et en vérifiant l'état des connexions. Il n'y a plus de réseau dans le centre, ni nulle part ailleurs. Je n'arrive pas à trouver la moindre connexion privée … C'est sûrement à cause de cette coupure de courant.

Je voulus tester une autre chose. Je composai le numéro de Robin, pour voir s'il était à proximité et s'il pouvait m'aider. Cependant, la tonalité d'appel était remplacée par un bruit blanc, comme si mon portable était devenu inopérant. Pourtant, il fonctionnait à la perfection deux jours avant. Ce son était rompu par la tonalité monotone de l'échec, ce petit bip horripilant qui se répétait à intervalle régulier, signalant l'incapacité à établir une connexion.

- Bon, tant pis, on verra ça plus tard. C'est sûrement une panne temporaire, me dis-je pour me rassurer.

Mon sac sur le dos et ma ceinture serrée autour de ma taille, je redescendis en m'assurant de verrouiller la porte.

Alors que je m'apprêtais à rendre la clef à l'hôtesse d'accueil, j'eus la surprise de voir une activité très inhabituelle dans cette ville calme et reculée. De nombreux habitants se ruaient au comptoir pour faire soigner leurs pokémon. Tous les blessés souffraient des même maux, à savoir de profondes morsures, à l'image de ce Melocrik à l'antenne arrachée et à la carapace profondément scarifiée. D'autres souffraient d'empoisonnement, cela se voyait aux plaies maculées de venin verdâtre à l'odeur acide.

- Que se passe t-il ? questionnais-je en ne m'adressant à personne en particulier.

- Des types bizarres habillés en gris ont bouclé la ville ! finit par me répondre un homme d'âge moyen. Le pont sur la route 205 est bloqué par un barrage !

- Ces sales types ont interdit l'accès à la forêt, rajouta un homme tenant une pokéball dont le bouton émettait un signal rouge par intermittence. Ils disent y conduire des recherches, mais n'ont présenté aucun document officiel. On a bien essayé de les déloger, mais ...

Trois autres habitants arrivèrent en urgence, certains avec des pokéball grises. D'autres tenaient des Lixy, des Keunotor ou même un Baudrive dans leurs bras. Tous ces pokémon souffraient et semblaient grièvement blessés.

- Nous sommes déjà saturés ! cria l'infirmière en prenant des pokéball pour revenir à l'intérieur de la salle d'opération. S'il-vous-plaît, ne prenez pas de risques inutiles pour vos pokémon, nous ne sommes actuellement pas en mesure de répondre à davantage de demandes d'urgence.

Face à ce spectacle navrant, je ne savais pas comment réagir. A ce moment, un policier entra et se rua vers le comptoir, doublant toute la file.

- Nous avons un problème urgent ! brailla l'agent de police. On n'a plus d'énergie pour envoyer un message radio de secours. Il faut que vous nous laissiez utiliser le groupe électrogène, pour contourner le brouillage.

- On ne peut pas le dévier vers votre antenne ! s'opposa l'infirmière. Si nous perdons cette électricité pour alimenter les machines de soin, des pokémon pourraient en mourir.

Les gens discutaient entre eux, l'inquiétude perçant dans le brouhaha qui emplissait la salle d'attente. Je ne captai que quelques bribes de conversations.

- Sûrement un problèmes aux éoliennes, supposa l'un des civils.

- Probablement une coupure du transformateur qui n'amène plus l'électricité de la centrale au charbon de Charbourg, ajouta un autre avec le ton de celui qui n'est aucunement expert, mais qui aime ramener son avis sur tous les sujets ... y compris lorsqu'il n'est ni pertinent, ni demandé.

Curieuse de vois ce qu'il se passait, je me dirigeai vers l'extérieur, pour découvrir un spectacle désolant. Autour de la ville, des types étranges vêtus de tenues grises et de pantalons amples avaient installé des barrages aux principales entrées. Des véhicules tout terrain avaient été amenés et placés de façon à couper toute communication et ne pas avoir de perturbation dans leurs opérations.

Les plus proches étaient en train de vider une fabrique située près de la forêt. Quelques sbires, quatre au total, étaient en train de charger un camion avec des caisses de bois plein, rendant invisible leur contenu.

Je ne sais pas ce qui me passa par la tête, mais l'audace et l'apparente impunité de ces criminels me saisit, au point que je me sentis étranglée par l'injustice. Mes jointures blanchirent et mes dents crissèrent, c'était comme si la part fougueuse et instinctive en moi avait ouvert le barrage de la raison, déversant ma rage dans mon être.

- Quatre types, notais-je. Je ne sais pas qui ils sont, mais s'ils ont le niveau des voleurs ayant agressé le professeur Sorbier, c'est faisable.

Ils n'avaient pas le même uniforme que les hommes de la Team Galaxie. Ceux-là ressemblaient à des chasseurs, avec leurs écussons noir-sang-or sur l'épaule. Quoi qu'il en soit, c'était décidé, j'allais agir. Je ne resterais pas bras croisés.

Une part de moi me tempéra, pour que je n'aille pas me jeter bêtement au milieu de ces criminels.

Cette voix, qui avait curieusement l'accent de Beladonis, me chuchota de regarder autour, de trouver un accès plus discret que le chemin.

Les bois touffus n'étaient probablement pas gardés partout. Les fossés et les talus touffus étaient faits pour décourager les promeneurs de s'aventurer hors des sentiers balisés, mais pas moi. Etrangement, la loi n'avait de force que lorsqu'elle était consensuelle et respectée par tous. Maintenant, dans cette situation, les règles me semblaient devenir plus facilement transgressables.

Je me dirigeai vers l'orée de la forêt, passant derrière les demeures. En suivant le fossé humide et encombré de nombreuses fougères, je pus contourner le camion de loin. Après quelques minutes à regarder les pieds des criminels qui restaient de l'autre côté, je me décidai à agir et à me rapprocher. L'herbe était humide et l'activité des bandits dissimula le son de mes pas sur l'herbe humide. Derrière le véhicule massif, je me terrai près du marchepied du côté passager, risquant un coup d'oeil sous le châssis. L'endroit était bien pratique pour se cacher et épier les discussions qui prenaient place.

Au passage, je vis les petites valves sur les pneus et je ne résistai pas à l'envie de les retirer, dégonflant les pneus du coté droit. Ca les ralentirait en cas de fuite, songeais-je en jetant les valves dans les fourrés.

J'avançai doucement, prenant soin de ne pas faire craquer de brindille, ni de trop faire remuer la végétation. C'était ce qui trahissait toujours le héros dans les films. Les clichés étaient bien utiles par moments, surtout pour éviter de se faire piéger. Heureusement pour moi, le vent agitait les arbres, dissimulant ma présence un peu lourdaude.

Les sbires s'enfonçaient régulièrement dans le bois, transportant des caisses qu'ils devaient remplir, tandis qu'un unique garde faisait le planton à l'arrière du véhicule.

- Tu peux nous filer un coup de main ? lui demanda l'un des criminels qui transpirait sous sa casquette de toile de jute. C'est lourd et long à charger tout ce bordel !

- Et si quelqu'un arrive ? s'inquiéta le garde en regardant le chemin désert.

- Vu ce qu'on a mis aux bouseux du coin, ils ne seront pas en état de revenir avant longtemps ! le rassura une seconde voix plus grave. En plus, sans électricité, le centre ne tournera pas bien.

Le sbire haussa les épaules, convaincu, avant de les rejoindre.

- J'imagine que plus vite ce sera fait, plus vite on pourra rentrer.

J'avançai doucement, tapie derrière des arbres, atteignant leur destination. Ils avaient investi une clairière à l'herbe éparse et clairsemée de graminées. Le lieu était bien connu pour sa production de l'un des miels les plus renommés de tout Sinnoh. Au milieu de cette végétation soigneusement entretenue, qui semblait pourtant si sauvage et naturelle, les criminels avaient disposé de nombreuses cages. Si certaines étaient vides, d'autres contenaient des pokémon insecte, comme des Papilusion ou des Scarhino. Ces pokémon étaient sans doute destinés à être chargées dans le camion bâché pour ensuite être vendus.

Les sbires prirent des caisses pleines et quittèrent la clairière, dans laquelle ils ne restaient que deux des leurs, en compagnie d'un vieil homme qui gisait au sol, le visage marqué de quelques contusions.

- Tu te grouilles ? ordonna l'un des hommes. Dépêche-toi d'étaler le miel dans ces cages !

Le vieil homme à la calvitie marquée se prit un autre coup de pied gratuit dans le bassin, le projetant à terre, près d'un pot de miel collant et sucré.

Ces sales types molestaient une personne âgée, l'obligeant à participer à leur pillage de masse. Je sentis mon sang ne faire qu'un tour, teintant ma vision d'un voile rouge.

- Eh vous ! les interpellais-je en les pointant de l'index, abandonnant toute retenue et toute prudence. Vous n'avez pas honte ?

Les deux se désintéressèrent du vieillard au dos voûté, pour se retourner vers moi.

- On a des ordres, pas de témoins ! répondit le plus gradé en avançant.

Les deux sortirent leurs pokémon, envoyant deux Moufouette pour m'affronter.

- Fernando, Amazonas, allez-y.

Mes deux pokémon étaient prêts. Ils étaient les deux meilleurs dont je disposais pour cet affrontement.

- Tranch'Eclair … gauche, ordonnais-je en me concentrant sur le combat.

Les deux pokémon comprirent l'ordre. Une rafale de feuilles fusa vers les deux pokémon nauséabonds, les blessant. Dans le même temps, l'Eclair de mon Lixy frappa de plein fouet l'un des ennemis.

Sous le coup de l'attaque, les deux Moufouette poussèrent un cri atroce, un horrible grincement qui meurtrit les tympans de mes pokémon et les miens.

Je devais faire vite, car ce bruit n'avait pas du échapper aux autres.

- Charge et Eclair !

Fernando bondit sur Amazonas, prenant de la hauteur. Il lança un éclair sur la moufouette de droite, la paralysant en bloquant ses muscles. Comme ses muscles étaient tétanisés, elle était devenue immobile et vulnérable.

Mon lourd pokémon plante parcourut vite les mètres le séparant de l'un des deux ennemis, avant de le percuter de sa masse imposante. Cent kilos qui vous plaquent n'étaient guère du genre à laisser beaucoup de chance de s'en sortir sans dommage. Le craquement des vertèbres que j'entendis confirma mon impression.

Alors que le voleur rappelait son pokémon et réalisait la vérité, le deuxième sbire donna un ordre meurtrier. Une flopée jaunâtre émana des glandes situées près de l'anus du pokémon, en un mélange liquide très volatil, qui se dispersa en un gaz à l'odeur piquante et répugnante de moutarde putride.

Fernando inspira une dose massive, tout en lançant un éclair qui élimina le petit pokémon. Après quelques secondes, Lixy se tortilla au sol, toussant et crachant, poussant des râles accompagnés de vomissements. Puis, son corps s'illumina. Il sublima la douleur, la toxine affectant son corps se dissipant dans ses veines, alors que son cœur pulsait davantage le poison en lui.

Son corps grossit brusquement, tout en s'affinant au niveau de la taille.

Il me regarda, grondant en dévoilant ses crocs.

- Fantastique ! m'exclamais-je en approchant avec une bouteille d'antidote, lui faisant boire le liquide. Tu te sens bien ?

Il poussa un rugissement, fixant les deux sbires de la Team Galaxie.

- Oh merde, jura l'un … on a besoin de renforts !

- Fichons le camp ! paniqua le second. Appelle les autres !

Les deux filèrent, laissant tout leur matériel en plan. Cependant, ils allaient bien vite revenir.

- Vous allez bien ? demandais-je au vieil homme, appliquant un peu d'antiseptique sur ses contusions. Allez, il ne faut pas rester ici !

- Merci à vous, jeune fille, bégaya t-il en se relevant, soutenu par mon bras. Ces bandits comptaient utiliser le miel pour attirer leurs proies et les capturer facilement.

Son regard se teinta de crainte, alors qu'il pointa du doigt l'orée de la forêt derrière moi. Les sbires vaincus étaient de retour, avec des renforts.

- Tu vas payer pour ça, merdeuse ! me menaça le chef de l'escouade.

Ils commencèrent à avancer, alors que le vieil homme prit plusieurs jarres de produit mellifère odorant, les jetant vers eux. Les pots de précieuse gelée royale rebondirent sur les bras et les pieds de deux sbires, se brisant au sol, tandis que le chef faisait appel à son Musteflott.

- Chopez-là et vivante, que je lui fasse payer ça ! cria le caïd en mugissant de rage.

A ce moment, un vrombissement se fit entendre, couvrant partiellement sa voix. L'apiculteur me tira la manche, visiblement peu inquiet.

- Jeune fille, rappelez vos pokémon et couchez vous au sol. Surtout ne vous agitez pas et restez calme.

Je ne savais pas ce qu'il voulait dire, mais j'obéis, me jetant dans l'herbe humide en l'imitant, les mains au-dessus de ma tête.

Au même instant, plusieurs dizaines de pokémon émergèrent des arbres. Une impressionnante nuée de Dardargnan obscurcit le ciel bleuté. La centaine de guêpes géantes bourdonnèrent, se dirigeant vers les sbires assemblés. L'essaim capta l'odeur de la gelée répandue sur le sol et sur les voleurs, bourdonnant de colère.

- Tirons-nous ! hurla l'un d'eux en fuyant vers le camion.

Dans sa panique, il attira l'attention des insectes, leurs grands yeux à facettes repérant le mouvement de fuite. Les Dardargnan se jetèrent frénétiquement à l'attaque des criminels, qui imitèrent bien vite le premier.

- Qui a la clé du camion ? hurla une voix emplie d'effroi.

Les braconniers poussèrent des cris à peine couverts par le perpétuel bourdonnement des insectes toxiques. Cependant, ce vrombissement ne masqua pas que, parmi ces hurlements de terreur, j'en reconnus qui étaient de douleurs et d'agonie.

Toujours à terre, j'entendis les cris, les râles, les battements rapides d'ailes qui me frôlaient. Au loin, je pus entendre le son d'un moteur se mettre en marche, suivi par un toussotement de pot catalytique … rapidement suivi du crissement d'un dérapage et pour finir, d'un grand crash de métal tordu et hurlant.

Après quelques minutes d'un long silence angoissant, le vieil homme se releva, me tendant une main secourable. Maintenant que les pokémon sauvages étaient dispersés ou occupés à se nourrir de nectar, il était préférable de ne pas attirer davantage leur colère. Mieux valait ne plus empiéter sur leur territoire pour le moment.

- Je te remercie encore, jeune fille, me dit-il en me serrant la main.

- Je n'ai fait que ce qui était juste à faire, Monsieur. Je vais y aller, il faut prévenir les autorités. Il y a encore des pokémon à libérer et des blessés à secourir.

Peu de temps après, j'avisai l'agent de police resté en poste au centre, pour l'informer de l'évolution de la situation. Il n'avait pas attendu mon arrivée pour agir. Dès que les hurlements avaient été entendus, les quelques policiers avaient agi pour arrêter les contrebandiers ayant eu un accident de conduite. Bien vite, les pokémon sauvages furent relâchés. Les voyous trouvés sur place furent bien vite mis sous les verrous.

Du moins, pour les chanceux qui n'avaient pas succombé d'hémorragie ou de toxémie, beaucoup de ces malheureux ayant été empalés par les dards que ces frelons géants portaient aux pattes.