Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Lorekeeper de Marushium



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Marushium - Voir le profil
» Créé le 31/08/2020 à 23:10
» Dernière mise à jour le 09/10/2020 à 13:33

» Mots-clés :   Hoenn   Kalos   Mythologie

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Une rédemption éternelle.
Il y a longtemps, très longtemps… Une grande guerre éclata dans la région de Kalos.

Un homme vivait des jours heureux, accompagné de son Pokémon. Ils étaient inséparables.

Mais lorsque le petit Pokémon fut enrôlé dans ce conflit qui le dépassait, l’homme finit seul.

La guerre ne semblait pas se terminer et les années passèrent tristement.

Un beau jour, l’homme se vit offrir une petite boite. Il sanglota pendant des mois.

Il était incapable d’accepter la réalité. Son ami n’était pas mort. Il y avait forcément un moyen.

Il préféra construire une machine pour tenter de le ramener à la vie.

Et il y parvint.

Il venait d’accomplir l’impossible, brava toutes les règles de la nature et son Pokémon ouvrit les yeux une seconde fois.

Mais cela ne suffisait pas.

L’homme avait acquis toute cette puissance et il avait encore soif. Soif de vengeance.

Parvenant à créer la vie, il était très simple pour l’homme de recalibrer sa machine et d’en faire une arme.

Aveuglé par la rage, il tira.

La guerre était terminée.

Jouer avec mère nature n’était pas dénué d’effets secondaires. La vie que la machine prodiguait ne connaissait pas la fin. L’homme ayant baigné dans les radiations était condamné à vivre éternellement aux côtés de son Pokémon, mais cela ne l'affecta guère.

Il enterra sa machine, et il fut heureux.

Mais ce n’était pas le cas de tout le monde.

Le petit Pokémon était témoin de ce spectacle. Il était écoeuré de savoir que sa seconde chance était au détriment de milliers de vies innocentes.

Révulsé, le Pokémon quitta l’homme pour toujours, l’abandonnant à errer dans une tristesse éternelle.


°~°

En séchant ses larmes, Amaryllis resta silencieuse un long moment, écoutant attentivement l’histoire contée par le goliath.

Elle ne fit pas le moindre commentaire sur son récit et fait étonnant, elle y croyait fermement. L’ancienne Amaryllis aurait déjà coupé court à la conversation et il fallait croire que l'événement traumatique avait piétiné sur son sarcasme et son pragmatisme.

Malgré tout cela, un être humain ne change pas et ne changera jamais, pensa Amaryllis alors qu’elle se focalisait sur ce qu’elle savait faire de mieux : réfléchir. Elle trouvait le récit étrangement réaliste et avait l’étrange sensation que le mystère autour de son hôte se déliait.

- “ ...vie éternelle. “ marmonna-t-elle avant de s’endormir.

°~°

Les quelques semaines supplémentaires de rétablissement d’Amaryllis étaient entièrement consacrés à de profondes réflexions. Qu’allait-elle devenir, maintenant qu’elle n’avait plus rien ? Que faire du reste de ses jours ? Tant de questions dont elle cherchait désespérément les réponses.

- “ Comment me racheter ? “

La tragédie qu’elle avait subi avait humilié les principes de la jeune femme, mais surtout semblait avoir ouvert son coeur. Elle ne s’était toujours pas remis de ses souffrances et honnêtement, elle ne savait pas si elle serait capable de s’en remettre un jour.

Une chose était sûre : Elle ne voulait pas prendre le risque que quelqu’un comme elle, pragmatique et imbu de lui même, ne reproduise ses erreurs. Personne ne méritait la souffrance qu’elle endurait.

Mais comment faire passer le message ?

Pour la première fois de sa vie, Amaryllis pensait au bien-être de son prochain avant le sien ou celui de sa fille.

Le conte du géant n’était toujours pas sortie de sa conscience et cette histoire d’immortalité la dérangeait encore dans ses réflexions. Les mots de sa défunte mère résonnaient encore dans son esprit, qu’elle serait un jour obligée d’accepter ses responsabilités.

C’est le regard empli de détermination qu’Amaryllis venait finalement de trouver un sens à son existence.

Sans le réaliser, Amaryllis avait trouvé la foi.

°~°

La jambe d’Amaryllis complètement rétablie, plus rien ne l'empêchait de se déplacer librement. Elle avait déjà beaucoup profité de la générosité du mystérieux inconnu dont elle ne connaissait même pas le nom et ne voulait pas l’embêter plus longtemps.

Sa décision était prise, et elle partirait le soir même.

Le géant, fidèle à son rôle d’ange-gardien, ne s’opposa pas à sa décision et lui prépara même des vêtements de rechange et des vivres pour plusieurs semaines.

Amaryllis ne savait comment le remercier, celui qui avait sauvé, soigné et nourri une parfaite inconnue pendant des mois, celui à qui elle devait la vie. Sur le coup, elle regretta d’être aussi inapte socialement.

- “ Tu ne veux pas leur dire au revoir ? “ lui demanda le titan.

Amaryllis ne s’était toujours pas habituée à la franchise du colosse et recula de deux pas en réalisant ce qu’il voulait dire. Elle déglutit difficilement avant de reprendre son souffle.

- “Si. Je vais leur dire au revoir. Une dernière fois. “ répliqua Amaryllis, faisant de son mieux pour contenir ses émotions.

°~°

Après avoir rassemblé leurs affaires et éteint leur feu pour la dernière fois, les deux compères se mirent en route vers le cratère qu’était l’ancien village du Météore.

Les quelques mètres qui séparaient les lieux semblaient interminables pour Amaryllis. Chacun de ses pas était plus lourd que le précédent et l’idée de faire demi-tour et de s’éloigner le plus loin possible de ce cataclysme lui traversa l’esprit plus d’une fois. Mais elle continua.

Pour son village.

Pour sa famille.

Pour Marie-Lise.

Les larmes qui commençaient à troubler la vision d’Amaryllis ne l'empêchèrent pas de reconnaître le spectacle qu’elle avait vécu il y a des mois.

Ils venaient d’arriver au cratère.

°~°

L’épreuve du temps avait profondément changé la sinistre image de mort et de désolation qui hantait les souvenirs d’Amaryllis. La fine couche d’herbe et les quelques Pokémon sauvages qui y peuplaient étaient les signes de mère Nature qui commençait à reprendre ses droits. L’air produit par cette végétation était vivifiant et l’éclat bleuté du ciel qui se reflétait dans les flaques d’eau donnaient un aspect onirique à ce cimetière naturel.

- “ C’est magnifique. “ pensa Amaryllis, bien qu’elle n’osera jamais se l’admettre.

Le colosse, un petit sac à la main, s’agenouilla et tira Amaryllis de ses pensées. Usant de son autre main comme d’une pelle, il retourna une petite parcelle de terre fertile et y parsema le contenu du sac sous les yeux d’Amaryllis.

- “ Ce sont des graines d’amaryllis. J’aurais aimé pouvoir construire une sépulture pour chacun des tiens, mais c’est tout ce qui est en mon pouvoir. Considère cela comme mon cadeau d’adieux. “ confia le titan de sa voix calme et apaisante.

Devant cet ultime acte de bienveillance, Amaryllis craqua et se mit à gémir. Ce n’était pas des larmes de joie, mais elle ne se sentait pas triste pour autant. Elle était infiniment reconnaissante envers son ange-gardien et se dépêcha de sécher ses sanglots.

- “ Merci ! Merci pour tout ! Je ne sais pas ce que je serai devenue sans votre aide ! Merci infiniment !! “ répéta la jeune femme, parlant directement avec son coeur.

Le colosse sourit, termina ses plantations et se releva.

- “ Je suppose que c’est ici que nos chemins se séparent. C’était un plaisir d’avoir fait ta connaissance. “ ajouta le titan, s'apprêtant à tourner les talons.

- “ Avant que vous ne partiez… Pouvez-vous me dire… quel est votre nom ? “ répliqua Amaryllis, les mots précédant sa pensée.

Qui s’ennuyait à demander le nom de quelqu’un au moment de leur séparation ? pensa-t-elle, morte de honte.

L’immense gaillard semblait agréablement surpris par cette question. Il continua à marcher en direction du soleil et lui répondit.

- “ Les gens m'appellent AZ. "

°~°

Un bâton pour l’aider à se déplacer, quelques vivres pour survivre et une flamme dans le regard.

C’était ainsi que commença le pèlerinage d’Amaryllis.

Son trajet fut long, sinueux et semé d'embûches. Les vestiges de son esprit pragmatique lui chuchotaient souvent d'arrêter, de faire demi-tour et d’abandonner mais sans succès. Il arrivait souvent qu’elle se lie d’amitié avec un Pokémon sauvage sur le trajet, la guidant à travers les différents biomes. Lorsque ses vivres s'épuisaient, elle vivait de l'aumône et de la générosité de ses environs.

Elle traversa des déserts brûlants pieds nus, brava les océans sur des radeaux de fortune, affronta des blizzards glaçants et bien d’autres. Elle frôla la mort des dizaines, voire des centaines de fois mais visiblement, elle était trop obstinée pour mourir.

Après des années de voyage, les monolithes érigés en l’honneur des Pokémon morts au combat se dressèrent sur sa route, et elle jubila.

Elle était arrivée à destination.

Amaryllis était méconnaissable. Maigre au possible, ses cheveux autrefois courts trainaient désormais dans la boue, ses vêtements auraient facilement pu servir de serpillère mais la flamme de son regard n’avait pas faibli, brillant toujours d’un éclat pur et décidé.

Elle n’avait rien à envier à un prophète.

A peine arrivée, la jeune femme se mit directement au travail. Elle fabriqua une pelle de fortune avec quelques restes de déchets et commença à creuser.

Et elle continua pendant des mois.

Chaque jour, avant même de penser à manger ou boire, elle creusait. Elle creusait dans l’espoir de retrouver un indice, une trace de cette légende passée. Il arrivait souvent que des habitants environnants ou des Pokémon sauvages lui laissent des vivres, impressionnés par l’acharnement de la jeune femme.

Et un beau jour, elle trouva cet espoir.

Un bruit creux résonna. Amaryllis avait percuté une surface métallique avec sa pelle. Elle s’acharna et déterra à la main les environs.

C’était le plafond d’une salle cachée, et elle venait de trouver l’entrée.

La prophétesse descendit les escaliers menant à l’immense bunker qu’elle venait de déterrer et vit sous ses yeux l’accomplissement de toute une vie.

Une immense machine, de presque dix mètres de hauteur, reliée au sol par d’immenses câbles remplissait la grande majorité de la salle. La structure principale semblait faite de trois colonnes de cristaux réfléchissants repliés sur eux-mêmes, donnant à la structure une forme de fleur fermée. L’oxygène y était lourd, éthéré mais étrangement plein de vie, comme une immense bouffée d’air frais.

- “ Enfin, je l’ai trouvée. “

Amaryllis posa ses affaires dans un coin de la salle, rassembla le peu de vivres qu’il lui restait et verrouilla l’entrée.

Elle installa son campement et repensa à sa famille et aux mots de sa mère.

La gardienne du Savoir était responsable d’enseigner les légendes du Peuple du Météore aux futures générations et prévenir les cataclysmes, et elle était sur le point de pleinement accepter ce rôle.

Amaryllis n’était plus un être humain, mais une légende vivante.

- “ Je ne laisserai plus personne mourir. “

Amaryllis resta assise à côté de cette machine pendant des siècles.


°~°


Cela faisait un petit moment qu’Amaryllis attendait dans cette grotte.

Non pas que la peinture murale des deux légendes d’Hoenn ne l’intéressait pas, mais elle commençait un peu à s’ennuyer.

Heureusement qu’il y avait Marie-Lise.

Marie Lise était adorable, sa petite bouille charmante, ses petits yeux fermés et sa petite voix faisaient les journées de sa mère. On ne s’ennuyait jamais avec elle.

Elle ne parlait pas beaucoup, mais ce n’était pas grave. Amaryllis était heureuse de savoir qu’elle pouvait reposer sur quelqu’un.

- “Marie-Lise ! Viens ici ma puce. “

Le Chuchmur qui suivait difficilement les pas de la jeune femme frétilla de joie et lui sauta dans les bras.

C’était le 3.497e Pokémon qu’elle prenait pour sa défunte fille.