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» Auteur : Astrale - Voir le profil
» Créé le 30/08/2020 à 20:41
» Dernière mise à jour le 31/08/2020 à 18:46

» Mots-clés :   Famille   Kalos   Présence de personnages du jeu vidéo   Slice of life

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Chapitre 4 : Persévérer
Pendant la soirée, puis la nuit qui suivit, peu de paroles furent prononcées entre les trois compagnons de route mise à part celles d’ordre pratique : « Nous allons coucher ici pour la nuit » ; « J’ai fait des sandwichs avant de partir » ; « bonne nuit » ; « bonjour » ; « prenons la route vers le nord ».

Violette eut beau retourner le problème dans tous les sens, et ce, durant toute la nuit et la journée qui suivit, elle n’arrivait pas vraiment à comprendre ce qui l’avait poussée à agir ainsi. Elle aurait pu simplement rentrer avec Alexia, donner l’interview, et elle aurait certainement eu droit à une nouvelle chance. N’était-ce pas ce qu’elle espérait ? Pourquoi donc partir à la recherche d’hypothétiques ruches dont seul un gamin trouillard et empoté semblait connaître l’existence ?
Après moultes réflexions, elle avait fini par se convaincre que c’était parce qu’elle souhaitait faire ses preuves par elle-même. Après tout, Rachel lui avait exigé le « scoop du siècle » pour retrouver une chance d’être embauchée. Alors elle allait lui ramener un scoop. De plus, Alexia l’accompagnait. Et même si elle était toujours persuadée que les ruches n’existaient pas, Violette allait lui prouver le contraire, et ensuite elle pourrait rédiger l’article que Violette illustrerait. L’interview attendrait.

Mais pour le moment, toutes ces questions et réflexions avaient complètement disparu de l’esprit de Violette. Les muscles tendus, les sourcils froncés, elle mettait toute son énergie à établir une stratégie afin de venir à bout du Némélios mâle adverse, particulièrement imposant.

- Arakdo, utilise Aqua-Jet !

A peine eut-elle le temps de finir sa phrase que son adversaire, du nom d’Eliza, s’écria :

- Râle male !

Le petit Arakdo se recroquevilla sur lui-même, s’enveloppant d’un fin voile d’eau. Puis il fila droit sur le Némélios qui n’esquiva pas. Au lieu de ça, il banda ses muscles et se rengorgea. Lorsque le Arakdo fut assez prêt, il libéra un rugissement sonore qui fit trembler les arbres aux alentours.

Loin d’arrêter le patineur véloce, celui-ci atteignit sa cible en plein cœur. Cependant, le choc qu’on aurait pensé violent, n’eut pas l’effet escompté. Le pauvre Arakdo s’écrasa sur la puissante poitrine du lion de feu, et l’eau s’écoula piteusement à ses pieds, formant une flaque boueuse. Un peu étourdi, il ne sembla pas se rendre compte du danger imminant qui l’attendait.

- Croc feu, Némélios ! ordonna sa dresseuse dans un sourire satisfait.

La mâchoire du lion rouge s’enflamma instantanément dans un gargarisme sonore, et il referma ses crocs sur l’araignée chétive qui peinait à reprendre ses esprits. Avec un mouvement de tête, il l’envoya balader plus loin comme on balancerait un vulgaire chiffon.

- Arakdo, ça va ?? Hurla Violette à son attention.

Quelques flammèches continuaient de l’affaiblir, mais il se releva sur ses quatre pattes néanmoins, prêt à en découdre. Mais la dresseuse du Némélios ne lui laissa pas de répit.

- Lance-flamme !

Le temps que le jet de flamme incandescent atteigne sa cible, Arakdo avait bondi et se posait gracieusement quelques mètres plus loin. La vitesse étant son point fort, il esquivait assez facilement les attaques lancées à distance.

- Danse-flamme !

La gueule du Némélios se remplit une nouvelle fois de flammes, mais celles-ci prenaient maintenant la forme de cinq petites braises qui se dirigèrent droit vers l’Arakdo. Cette fois-ci, il eut beau sautiller dans tous les sens, les gerbes de flamme semblaient le suivre comme son ombre.

- Trois capacités offensives de type feu… murmura Violette pour elle-même. Ce n’est pas une très bonne idée.

Et alors que les flammes venaient d’atteindre son Pokémon elle s’écria :

- Fais tomber la pluie Arakdo !

Ignorant totalement les flammèches qui venaient lui lécher les pâtes, Arakdo bascula son petit corps vers l’arrière et regarda en direction du ciel, qui était déjà bien nuageux. Un léger cri résonna sur le terrain de combat.

Ploc – Une première grosse goutte d’eau venait de s’abattre sur la terre battue. Bientôt, ce fut deux, puis des dizaines de gouttes qui vinrent humidifier le sol, jusqu’à qu’on ne puisse plus les compter. Les flammes qui entouraient l’araignée d’eau s’éteignirent tout à fait sous l’effet de l’attaque Danse-pluie.

Voilà qui est mieux, pensa Violette. Moins 50 % sur les attaques de type feu, et encore plus de vitesse… Il reste seulement une chose à faire pour nous assurer la victoire. Ce Némélios a beau être puissant, la stratégie de combat d’Eliza est à revoir.

Violette demanda à Arakdo d’utiliser Buée Noire. Un brouillard dense enveloppa le terrain mais se dissipa presque instantanément sous la pluie battante. Mais cela eut l’effet escompté. La baisse d’attaque qu’avait subi Arakdo face au Râle Mâle se dissipa.
De son côté, la dresseuse du Némélios avait perdu son sourire. La pluie s’écoulait le long de son épaisse casquette et de son imperméable bordeaux. Elle faisait même carrément la grimace tout bien considéré.

- Utilise Lance-flamme Némélios !

Le jet enflammé – qui était bien moins puissant que le précédent – atteignit l’endroit où se tenait Arakdo. Mais le Lance-flamme finit sa course dans les bosquets derrière. En effet, Arakdo avait bondi, et zigzaguait maintenant entre les flammes en faisant preuve d’une vélocité impressionnante. Le Némélios tentait de réajuster son tir pour toucher le Pokémon bleu. Sans succès. Son talent Glissade lui permettait d’augmenter encore sa vitesse. On ne voyait presque plus ses fines pattes toucher le sol. Il commençait déjà à se recouvrir d’une pellicule d’eau, beaucoup plus importante que lors de la dernière tentative. Avec le déluge, le lion de feu semblait avoir de plus en plus de difficulté à localiser le patineur bleu. Celui-ci le contourna, et vint s’abattre sur son flanc. Cette fois-ci, le choc eut lieu, et l’attaque boostée de l’Arakdo l’atteignit de plein fouet. Le Némélios s’écrasa contre le sol dans un grognement de douleur. Il était K.O. La dresseuse rappela son Pokémon dans sa ball. Arakdo et Violette avait remporté la victoire.

Le cri de joie résonna dans toute la clairière. Violette s’élança dans la direction du Arkado avec ses chaussures gorgées d’eau. Elle effectua alors une drôle de petite danse enfantine – sans doute une danse de la victoire – et Arakdo se joignit joyeusement à elle. Elle dû néanmoins reprendre un peu son sérieux lorsque Eliza s’avança vers elle. Violette ne voulait quand même pas avoir l’air de lui manquer de respect.

- En regardant tout et partout tout le temps, on découvre pleins de choses intéressantes.

Violette haussa les sourcils. Pourquoi lui dire une chose pareille ? Mais avant même d’avoir eu le temps de répondre, la dresseuse lui prit la main et y déposa de force une liasse de billet. Des Pokédollars ?

- Que ?... Voulut-elle l’interroger.

Mais celle-ci lui adressa un sourire aimable et se retourna reprendre la place qu’elle avait lorsqu’elle qu’elle avait provoqué Violette en duel quelques minutes plus tôt. Elle ne la calculait plus, comme si elle attendait son prochain adversaire. Violette adressa un regard interrogateur en direction d’Alexia et d’Anton qui avaient assisté au combat. Elle eut tout juste le temps d’apercevoir le regard admiratif d’Anton et celui agacé d’Alexia quand un bruissement attira son attention.

Il pleuvait toujours abondamment, mais elle percevait du mouvement dans les sous-bois alentours. D’ailleurs, maintenant qu’elle y prêtait attention, les buissons étaient en grande partie calcinés par le Lance-flamme. Elle plissa les yeux, tous les sens aux aguets. Elle essayait de trouver l’origine de ce bruit, mais l’obscurité naissante du crépuscule qui commençait à s’abattre sur la forêt rendait son sens de la vue limité. En revanche, malgré le tumulte de la pluie battante et la respiration de plus en plus saccadée d’Anton, elle percevait toujours le bruissement. Elle le percevait même de mieux en mieux. Comme si… Comme s’il se rapprochait. Dans leur direction. Droit sur eux.

Un Rapion. Dix Rapion. Des centaines de Rapion. Certains d’entre eux avaient dû être blessés par le Lance-flamme. Leurs petits yeux bleus luisaient dans l’ombre. Toutes griffes, dards et mandibules dehors, ils se rapprochaient à une vitesse folle.

Violette fit volte-face et hurla à Alexia et Anton de courir.

La progression était difficile. La végétation étouffante obligeait à se mouvoir dans la boue pâteuse d’un marais qui avait remplacé la terre battue. De toute évidence, ils avaient enfin pénétré la Laie Romant-sous-bois. Leurs pieds s’enfonçaient de plus en plus dans les marécages, et la pluie n’arrangeait rien à l’humidité ambiante. Et les Rapion se rapprochaient. Des attaques de type Poison – certainement Dard-venin – fusaient dans leur direction. Les Rapion avançaient beaucoup plus vite dans la végétation.

Dans la végétation ?

Violette eut soudain une idée. Les effrayants scorpions ne semblaient pas vouloir se risquer à s’aventurer dans les marécages.

Le petit groupe continua à courir. L’étroit chemin finit par déboucher sur une nouvelle place dépourvue d’arbres. Par chance, celle-ci était particulièrement marécageuse. Devant elle, Alexia s’arrêta net, constatant que ses pas s’enfonçaient de plus en plus dans la vase.

- On continue !! Haleta Violette. Il faut se mettre au milieu de la clairière ! Ils ne pourront pas nous suivre !

Et elle attrapa le bras de sa sœur qui refusait toujours d’avancer. Ce n’était pas le moment de s’inquiéter de la propreté de sa chemise !

Ils étaient maintenant recouverts de tourbe jusqu’au cou. Violette avait levé son bras pour protéger son appareil photo de la boue. Alexia faisait une mine dégoutée, et Violette devait avouer que ce n’était pas très agréable. Anton, quant à lui, tournait la tête dans tous les sens, les yeux exorbités – du moins autant que la boue le lui permettait.

Les Rapions avaient continué leur chemin. Ils n’avaient pas l’air d’être pourvus d’une très bonne vue puisqu’ils ne s’étaient pas rendu compte que leurs proies avaient cessé leur course. Par précaution, ils restèrent néanmoins quelques minutes dans le silence, sous la pluie battante, l’ouïe en éveil. Il faisait maintenant tout à fait nuit lorsque Violette s’esclaffa :

- Ouf, on a eu chaud sur ce coup-là !!

- Si tu n’avais pas accepté ce combat, on n’en serait pas là ! Répliqua Alexia d’un ton féroce

- Roooh, il faut toujours que tu dramatises tout !

Le visage d’Alexia prit une teinte violette.

- Ah oui ? Et qu’allons-nous faire maintenant avec nos vêtements pleins de boue ?? On devait être rentré à la maison avant la nuit ! Rachel m’avait donné deux jours pour te ramener !

Violette ne lui répondit pas. Au lieu de ça, elle pinça les lèvres pour s’empêcher d’exploser de rire. Anton avait glissé en tentant de remonter sur la rive et il avait maintenant le visage plein de boue. Le Flamajou avait évolué en Grotadmorv.

- Ça va Anton ?

- Ç-ça va ! Bredouilla-t-il en se frottant les yeux, étalant encore un peu plus de boue sur son visage.

Lorsque leurs yeux se croisèrent, ils furent pris d’un fou rire en constatant leurs états respectifs.

- Bon les enfants ! Intervint Alexia, excédée. Il faudrait qu’on trouve un endroit sûr pour la nuit. On repartira demain à l’aube et on rentre à la maison, cette bêtise a assez duré !

Anton lança un regard penaud à Violette qui haussa les épaules. Et ils se remirent en route.

Laquelle se révéla particulièrement glauque. Dans leur course, la bande n’avait pas noté les pierres levées vers le ciel. Des pierres tombales. Anton émit un petit cri strident lorsque Violette l’annonça à voix haute. Ils marchaient maintenant sous des trombes d’eau. Dans le noir quasi complet. Hélas, ni Arakdo ni Sonistrelle n’étaient capable de produire de la lumière. La progression devenait de plus en plus difficile. Tous étaient trempés et avaient froids. Peur aussi. Et si les Rapion revenaient sur leurs pas ?

Soudain, Violette distingua une masse sombre qui se détachait du ciel assombrit.

- Regardez devant ! Une maison !

Le terme de « cabane » plus approprié. Il était cependant assez étonnant de trouver une telle structure ainsi au milieu de nulle part. Peut-être même assez inquiétant, surtout quand on constatait qu’aucune lumière n’en émanait. Mais personne ne se posa la question. Qu’est-ce qui pouvait être plus effrayant qu’un marécage, en pleine nuit noire, sous une pluie glaciale, avec des pierres tombales et des hordes de Rapion ?

La pluie continuait de tomber drue. Celle-ci avait au moins eu l’avantage de les nettoyer un peu de la boue qui collait à leurs vêtements.

- Voyons si nous pouvons trouver hospitalité et y passer la nuit, déclara Alexia qui ne semblait toujours pas avoir décoléré.

Elle poussa la porte de bois qui grinça en s’entrouvrant. La pièce était plongée dans le noir absolu.

- Il y a quelqu’un ? demanda-t-elle timidement.

Violette tenta d’actionner un interrupteur. Mais rien de se produisit. Les ténèbres étaient toujours le maître des lieux. Violette entendit Anton déglutir difficilement derrière elle. Il resta dans l’encadrement de la porte, trop effrayé pour faire un pas de plus. Alexia et Violette parcourent la pièce à tâtons afin de trouver une source de lumière. Violette, qui était particulièrement sensible à la poussière, éternua plusieurs fois. La maison était-elle abandonnée ? Son éternument résonna très fortement dans le silence oppressant qui avait empli la pièce. Un silence presque bruyant qui gelait jusqu’aux os. Et ce froid-là n’avait plus rien à voir avec la pluie, qui avait finalement cessé de marteler les carreaux.

Un coup de vent claqua la porte derrière eux et Anton poussa un cri étourdissant. Il soufflait bruyamment en s’accoudant à un meuble. A peine eut-il posé la main dessus, celui-ci s’ouvrit brusquement, mais cette fois-ci, le vent n’en était pas la cause. Une lumière violâtre se diffusa faiblement dans la pièce, et Anton fit un bond en arrière. La frayeur qui l’avait submergé était telle qu’il n’arrivait même plus à crier. Un réfrigérateur ? Dans le même temps, il y eut un mouvement dans le fond de la pièce. Comme un bruissement d’ailes.

- I-il y a quelqu’un ? répéta Alexia.

Violette, qui était la plus proche du coin où avait retenti le bruit, le vit. Un homme. Ou en tout cas une silhouette plongée dans l’obscurité de forme humanoïde, le ventre rond, les bras pendants, les cheveux ébouriffés surmonté d’un épi. Il se tenait recroquevillé dans un coin de la pièce.

- B-boonjour, tenta-t-elle prudemment.

Il ne répondit pas. Ne bougea pas.

- Euuuh… Mes amis et moi, on s’est fait piéger par la nuit… On était à la recherche de sortes de… ruches, mais nous….

- Hiiiiiiiiiiiiiiii ! Hurla soudain l’homme.

Violette fit un bond en arrière et trébucha sur le parquet branlant.

- N’APPROCHEZ PAS !!! Ajouta-t-il dans un hurlement de terreur.

La voix de cet homme était bizarrement aigüe. Elle était si forte, qu’elle ne semblait pas être émise de la bouche de cet homme. Elle semblait presque sortir du plafond. Dans d’autres circonstances, on aurait pu la qualifier de comique. Dans le cas présent, c’était surtout très creepy.

- D-désolée ! bafouilla Violette. Désolée ! Nous ne voulions pas vous déranger, simplement savoir s’il était possible de passer la nuit ici…

- IMBECILE ! PAS TOI !

Sa tête sembla basculer sur le côté et prit un angle impossible. Ses yeux fous luisirent dans la nuit de leur teinte orangée.

- P-pardon ? articula Violette, de plus en plus effrayée.

- Tu ne les vois pas ? Derrière toi ?

Eberluée, par réflexe, Violette se retourna vivement.

- LA FOULE DES HOMMES SANS VISAGES !!!

- AAAAAAAARG !!! Hurla Anton.

Il se cogna par trois fois à la porte avant de réussir à l’ouvrir, et s’enfuit dans la forêt.

Dans le coin opposé de la pièce, une dizaine d’ombres informes s’agitaient. Violette était tétanisée par la peur. Elle sentit à peine la main d’Alexia lui empoigner le bras, la remettre debout et se diriger vers la porte. Avec un calme olympien elle déclara :

- Nous ne vous dérangeons pas plus.

Violette avait du mal à tenir debout. Alexia dut la trainer pendant une dizaine de mètres avant que celle-ci ne retrouve un peu ses esprits. Elle déglutit difficilement, encore tremblante de peur.

- Q-Que s’est-il passé ? Qu’est-ce que c’était ?? Une maison hantée ?!!

- Mais bien sûr… Tu n’es donc pas capable d’ouvrir les yeux ? D’analyser ton environnement ? Nous ne sommes pas les héros d’un mauvais film d’horreur au scénario douteux ! La rabroua Alexia en levant les yeux au ciel.

- M-mais l’homme qui a crié ? Et les hommes sans visages ?

Elle frissonnait de la tête aux pieds.

- Il ne faut pas croire tout ce qu’on voit Violette ! Si tu avais été attentive, tu te serais rendu compte que les hommes n’étaient pas des hommes.

Comme Violette ne réagissait plus, la bouche grande ouverte, Alexia lui expliqua :

- La voix que nous avons entendue, c’était sans doute un Pijako ! Je le sais parce que les répliques qu’il a prononcées était celles de l’épisode 482 des Enquêtes de Mastouffes qui est passé vendredi dernier à la télévision.

Alexia rougit légèrement à ses mots. Elle était une fane absolue de ce téléfilm et Violette se moquait d’elle à ce sujet dès qu’elle en avait l’occasion

- Et d’ailleurs, « l’homme » au coin de la pièce était un Banshitrouye surmonté d’un Pitrouille en guise de tête et les « hommes sans visages » étaient de simples Banshitrouye ! Quand au frigo, je suis presque sûre qu’il s’agissait d’un Motisma, c’était difficile de ne pas le remarquer ! Continua-t-elle un peu trop précipitamment, sur la défensive.

- Oui et bah il faisait bien trop noir, et j’avais bien trop peur pour remarquer ce genre de choses, figures toi ! Répondit Violette, un peu honteuse. Mais pourquoi cette bande de Pokémon ferait une chose pareille ?

- Pour nous faire peur.

- Oui bah ça j’avais compris ! réagit vivement Violette.

- Laisse-moi finir ! s’agaça Alexia. Ils font ça pour nous faire peur. Certainement parce qu’ils ne veulent pas qu’on aille plus loin dans la forêt. Ils ont l’air de protéger quelque chose…

- Les ruches !!! s’écria Violette tandis que Alexia levait de nouveau les yeux au ciel. Ils protègent les ruches !

Une étincelle se raviva dans ses yeux émeraude. Elle marqua une pause. Elle eut soudain l’impression qu’il manquait quelque chose…

- Où est Anton ?? s’interrogea-t-elle soudain en le cherchant des yeux dans la nuit noire.

- Il a pris la fuite lorsque les Banshitrouye sont apparus…

- Anton ? ANTON !! appela-t-elle en portant les deux mains autour de sa bouche.

Pendant les quelques minutes qui suivirent, on entendit que le bruissement des feuilles dans les arbres.

- Il faut le retrouver. Déclara Violette d’un ton résolu.

Alexia eut un mouvement nerveux du pied mais ne s’opposa pas. Au lieu de ça elle proposa :

- Ça ne servirait à rien de le chercher en pleine nuit, il a dû partir trop loin, même avec l’aide de Sonistrelle nous ne le trouverons pas. Il ne pleut plus, nous allons trouver un endroit au sec pour passer la nuit.

- D’accord ! Je vais chercher du bois pour faire un feu !

Et Violette partit immédiatement à la recherche de brindilles, sans laisser le temps à Alexia de répliquer.

Lorsqu’elle revint, dix minutes plus tard, elle se retrouva face à une Alexia en colère.

- Tu ne m’écoutes donc jamais ??! Il faut trouver un endroit au sec !! Tes buches sont mouillées, que veux-tu allumer avec ça ?

Violette, elle, souriait à pleines dents.

- Ton Sonistrelle est un Pokémon de type Vol. Autant en profiter non ?

Alexia ouvrit la bouche pour contester, puis la referma aussi sec. D’un ton un peu méfiant elle demanda :

- Que veux-tu dire ?

Entre temps, Violette avait appelé son Arakdo qui s’amusait à effectuer des glissades sur la boue. Elle voulut lui raconter l’évènement de la « maison hanté de la Laie de Romant-sous-bois », mais dut se résoudre à apporter rapidement une réponse à Alexia lorsqu’elle aperçut le regard tueur qu’elle lui jetait. Elle balança donc en l’air les brindilles qu’elle avait ramassé et déclara :

- Vas-y Arakdo, Toile Gluante !

Les brindilles étaient maintenant suspendues dans les airs, engluées dans la toile. Elle regarda Alexia d’un air entendu comme si celle-ci avait compris son intention. Et ce fut le cas.

Alexia sortit Sonistrelle de sa Pokéball.

- Utilise Tornade Sonistrelle. Doucement la tornade, crut-elle bon de préciser.

La chauve-souris aux grandes oreilles battit frénétiquement des ailes et un vent fort souffla sur la toile. L’eau s’écoulait dans le sens du vent sous forme de grosses gouttes. Au bout de cinq minutes, les bouts de bois étaient secs. Avec une allumette que Violette sortit de l’une de ses nombreuses poches et qui avait survécu à la boue, elle put allumer un feu.

Dans la même poche d’où elle avait sorti l’allumette, elle retrouva également la liasse de billet qu’Eliza, la dresseuse du Némélios, lui avait donnée. Plus que des billets, c’était davantage un tas de boue. Elle s’appliqua à les compter comme elle pouvait et, quand elle eut fini, ses yeux s’arrondirent.

- Alexia ! Il y a en avait pour 2960 Pokédollars là-dedans !!! Presque trois fois le tarif d’entrée pour le Château Chaydeuvre !! Mais… Ils sont inutilisables maintenant…

Alexia fit une moue désolée.

- Mais attends, pourquoi m’a-t-elle donné tout cet argent ??

- Dans un combat Pokémon entre dresseurs, sur une route comme celle-ci qui est empruntée par les prétendants aux badges d’arène, il est de rigueur de rémunérer le vainqueur. C’est une sorte de norme implicite. Expliqua sagement Alexia.

- Whouaaah mais alors les dresseurs de Pokémon sont riches ???

- Je ne suis pas sûre… Déjà, la rémunération dépend du niveau des adversaires. Un combat sur la Route 2 remportera moins que sur la Route Victoire par exemple. Et nombreux sont les dresseurs débutants à abandonner leur voyage initiatique dès la Foret de Neuvartault… Les dresseurs riches doivent se compter sur les doigts de la main si tu veux mon avis !

- Hum Hum, répondit distraitement Violette.

Elle était plongée dans ses pensées.

- Bon, que proposes-tu pour le couchage ? interrogea Alexia.

- Huuuum… se réveilla-t-elle soudain. Il faudrait que tu trouves de grandes feuilles, et que Sonistrelle les sèche, ça sera plus confortable.

Pendant qu’Alexia et Sonistrelle s’exécutaient, Arakdo fit usage de sa Toile Gluante pour former des sortes de hamacs. Autant s’isoler de l’humidité du sol glacé. Les feuilles qu’Alexia ramena furent placées par-dessus afin que les sacs de couchage ne s’engluent pas sur la toile de l’araignée bleue. Autour du feu qui diffusait chaleur et lumière chaleureuse, les deux sœurs se détendirent.

- Ça me rappelle notre excursion à Cromlac’h, tu te souviens ? Nous avions dormi dans des hamacs, bavarda Violette.

- Evidemment que je me rappelle, tu étais tombée de ton hamac en pleine nuit ! Tu avais même réveillé tout le monde en criant ! La taquina Alexia.

On apercevait un fin quartier de lune par intermittence en fonction de la course des nuages. Les paupières lourdes de Violette commençaient à tomber. La journée avait été éreintante.

- Au fait, Anton… Tu l’aimes bien, pas vrai ?

- P-pardon ? balbutia Violette en se redressant brutalement, manquant de tomber à la renverse.

Alexia émit un petit sifflement satisfait.

- Qu’est-ce qui te fait dire ça ? souffla Violette.

- Je suis ta grande sœur, je remarque ces choses-là.

Violette haussa les sourcils, visiblement pas convaincue.

- Tu rigoles bien avec lui, non ? se justifia Alexia, un petit sourire en coin.

- Oui, enfin je… On rigole bien mais on ne pourrait pas… Il est beaucoup trop peureux ! Tu as bien vu, c’est un vrai trouillard ! s’écria Violette.

Toutes deux regardèrent le ciel, plongées dans leurs pensées.

- En tout cas… Lui, il t’aime bien, ça crève les yeux.

- Pffff n’importe quoi.

Heureusement que dans l’ambiance lumineuse rougeâtre que diffusait le feu de camps, Alexia ne pouvait pas la voir rougir malgré elle.

- Dis Alexia ?

- Hum ?

- Pourquoi tu as voulu nous… m’accompagner ? Enfin je veux dire… Tu aurais simplement pu rentrer à l’Edition d’Illumis, tu sais que je suis capable de me débrouiller seule en forêt.

Alexia ne répondit pas tout de suite. Le feu commençait à baisser en intensité, étouffé par l’humidité ambiante. La lumière orangée s’estompait peu à peu, remplacée par la maigre lueur blanche de la lune.

- Parce que… Parce que je voulais te prouver que ton refuge aux Pokémon insectes n’existait pas. Que tu avais encore agi sur un coup de tête. Je voulais m’assurer… que tu retiennes la leçon… dit-elle finalement.

Sa voix résonna étrangement, comme si elle avait parlé dans un octave plus bas que d’habitude.

- Et… Tu penses toujours que les ruches n’existent pas ?

- Non… Non je pense maintenant qu’elles existent. Ou en tout cas, je pense qu’il existe quelque chose que ces Pokémon protègent.

Le feu de camp s’éteignit tout à fait, mais pas celui qui s’était mis à réchauffer le cœur de Violette.

- Je suis désolée d’avoir encore douté de toi Violette…

- Je ne t’en veux pas, lui répondit simplement Violette, luttant pour une dernière fois contre le sommeil.