Team Rocket X-Squad de Malak

Une fois son intronisation actée, l'Empereur Julian ne parla plus beaucoup, laissant Erend traiter avec les autres sur leurs actions à venir, se contentant d'acquiescer de temps en temps. Derrière son masque, Erend observait le jeune homme, et le voyait de plus en plus s'agiter sur son trône, croisant et décroisant les jambes. Il était temps de vite clore cette assemblée. D'un geste discret, il donna le signal à Julian, qui, soulagé, se leva pour déclarer de son ton royal :

- Nous avons dit l'essentiel pour l'instant. Je vais sous peu passer en revue et de façon individuelle chacun d'entre vous pour leur assigner les meilleurs postes possibles, et ne manquerait pas de consolider nos alliances avec nos amis de Galar, de la Hanse et du Reich. Je déclare cette assemblée terminée. En vous remerciant, mesdames et messieurs. Gloire au Grand Empire de Johkan.

Ces quelques mots furent repris en cœur avant que la salle du trône ne commence à se vider, et que Julian soit escorté dans l'anti-chambre arrière par deux gardes d'Erend. Ce dernier fit signe à Patrick Pierce, son premier officier, d'approcher, et lui dit :

- Commencez à faire l'état de nos forces avec le général Tender, major. Je veux un rapport précis au plus vite. Et dites-lui de vite

- Oui monsieur... mais, le général-en-chef acceptera-t-il de traiter avec un simple major ?

- Si ce n'est que ça, je peux vous promouvoir colonel à la seconde. Tiens, d'ailleurs, c'est fait.

- Euh, ce n'est pas ce que je voulais dire, monsieur…

- Vous êtes mon second, et c'est moi désormais qui donne les ordres ici, au nom de Sa Majesté. Faite bien comprendre ça à Tender. Et... ayez-le à l’œil. Je crois qu'il n'est pas satisfait de la façon dont les choses ont évolué.

Il esquiva ensuite Esliard qui n'avait pas tardé à lui lécher les pompes.

- Seigneur Igeus, j'ai de nombreux conseils à donner à Sa Majesté pour affirmer son image et son autorité. Sachez que je suis à vos ordres.

- Votre loyauté sera appréciée à sa juste valeur, monsieur Esliard, lui assura Igeus. L'Empereur ne manquera pas de vous recevoir en tout voulu, mais pour l'instant, je dois m'entretenir avec lui personnellement.

- Naturellement, naturellement... J'attendrais le bon vouloir de Sa Majesté.

Erend se dépêcha de rejoindre l'antichambre derrière le trône. Pour une première fois, Julian s'en était incroyablement bien tiré, mais il avait joué le jeu visiblement trop longtemps. Mais c'était nécessaire pour cette fois-ci. Il ferait en sorte de réduire ses temps d'apparitions pour la suite. Comme il s'en doutait, il trouva l'adolescent en train de s'agiter, le souffle court, et les bras saisis de tremblements, en proie à une de ses crises d'angoisse. Il faisait ça couramment depuis son vieillissement accéléré, même si Erend avait été capable d'en réduire la fréquence.

- Erend ! J'ai... j'ai dis tout ce qu'il fallait, hein ? S'inquiéta-t-il. Tout bien comme il faut ? J'ai pas fait d'erreurs de mots ?

- C'était parfait, le rassura Erend. Et tu as bien improvisé sur les passages que nous n'avons pas répétés à l'avance. La façon dont tu as recadré Tender avec le « Votre Majesté », c'était génial.

- Ah... Alors, ça va, hein ? J'avais peur de me ricudi... ridilicu…

- Ridiculiser, précisa Erend. Mais non, ce ne fut pas le cas. Tu as été le parfait empereur.

Il va de soi que pour cette intervention devant tout le gratin du Grand Empire retransmise en direct, Erend avait largement fait répéter à Julian ce qu'il devait dire, et de quelle façon. Ils avaient même longtemps travaillé à imaginer les questions ou protestations de l'assemblée pour pouvoir y répondre à l'avance. Le garçon était vif et intelligent, mais comme il l'avait expliqué lui-même, il y a encore deux mois, il n'avait que cinq ans, et pas un dictionnaire entier de mots de vocabulaire. Outre son retard mental sur l'âge effectif de son corps, Julian était toujours facilement intimidable. La renaissance du Grand Empire en prendrait un coup si son empereur était bafouillant et hésitant. Aussi Erend ferait en sorte de limiter ses apparitions pour le moment, et d'accélérer encore plus son apprentissage du vocabulaire et des postures.

Erend avait jadis été une espèce de figure paternelle pour le jeune prince. Avec Eryl et Imperatus, il l'avait pris sous son aile pour le former à ce qu'il était destiné à devenir. Mais à présent, plus que jamais, Erend était le centre du monde du garçon, et ferait en sorte de le rester. Julian ne lui en avait pas voulu d'avoir tué sa mère ; après tout, son fameux discours qui avait mis fin à la bataille de Veframia avait en lui-même été une mise à mort pour Venamia. Il pleurait le souvenir d'elle qu'il avait dans ses bons moments, mais c'était tout. Il était passé à autre chose.

- Et maintenant ? Demanda-t-il. Nous allons combattre le Marquis des Ombres ?

- Nous n'allons pas le combattre. Nous allons le détruire. Mais en temps et en heure, et avec les moyens nécessaires. Pour le moment, il nous faut renforcer notre position ici, pour qu'on devienne inattaquables et légitimes. C'est-à-dire bâillonner les oppositions, et placer ta personne comme inviolable et sacrée.

Julian manquait certes encore de vocabulaire, mais il en avait assez compris pour froncer les sourcils.

- Nous allons faire comme mère, en gros ?

- Temporairement, et dans une moindre mesure, mais oui. C'est nécessaire. Un nouveau régime doit se montrer fort à ses débuts, où il ne vivra pas très longtemps, surtout en cette période. Mais ne t'inquiète pas. Tu n'auras pas à te salir les mains. J'ai le profil idéal pour ça : le terrifiant homme masqué en noir revenu de l'enfer, qui élimine les opposants comme une machine. Je gage qu'il ne faudra pas très longtemps avant de maintenir ordre et obéissance.

- Et après... après, quand ils verront que nous sommes les plus forts et ceux qui pourront le mieux combattre le Marquis, oncle Mercutio, tante Galatea et tous les autres, ils vont nous rejoindre, n'est-ce pas ?

- Naturellement. Ils vont faire mine de nous repousser au début, mais finalement, ils n'auront d'autre choix que de voir en nous le régime idéal et parfait. Nous serons alors tous réunis, et ensemble à jamais.

Julian sourit faiblement. Erend savait comment lui parler et le pousser dans la direction qu'il souhaitait. Il n'y avait aucune raison qu'il lui fasse défaut. Après tout, il avait bien réussi à faire de cette paysanne ignorante d'Eryl une reine et un symbole international. Il parviendrait donc sans problème à se servir de ce gamin naïf pour se façonner l'empire mondial et tout-puissant qu'il désirait. Tout cela pour le Requiem de l'Innocence, bien sûr…


***


- Bon ben voilà, notre mission est terminée avant même qu'on ne l'ait commencée, dit Kelifa. On peut aller au front et éclater des zombies maintenant ?

Les Gardiens de l'Harmonie et Faduc se trouvaient dans une résidence diplomatique de Doublonville que la FAL avait mis à leur disposition. C'était un peu leur quartier général tandis qu'ils regroupaient les différentes informations de Pokemon Vol sauvages pour savoir s'ils avaient vu Ecleus récemment. Et comme quasiment tout le monde, ils venaient de voir le fameux direct de Duttvriff. Ad garda le silence un moment, puis secoua la tête.

- Non.

- Tu as entendu Igeus pourtant. Tout ce qu'on peut rechercher de Venamia à présent, c'est un cadavre. Et concernant le morceau d'âme d'Horrorscor, j'ai une petite idée d'où il se trouve actuellement…

Kinan, qui était en train de jouer à sa console portable allongée sur un grand fauteuil (aux frais de l’État bien sûr), leva le bras pour prendre la parole.

- J'approuve Kelifa. Notre job était de savoir ce qu'il est advenue de Venamia. On le sait maintenant.

- J'ai pas l'habitude de prendre la parole d'un mec masqué en armure noire pour argent comptant, surtout si c'est un mythomane reconnu, répliqua Adélie. Cet Igeus n'a pas arrêté de mentir sur tout. Selon la X-Squad quand elle l'a retrouvé au Palais Suprême, il aurait même totalement perdu la boule.

- Igeus peut être un menteur comme un dingue, sa haine de Venamia est bien réelle, intervint Faduc. S'il a eu l'occasion de s'en débarrasser, il ne l'aura pas laissé s'échapper.

Le jeune homme semblait à la fois soulagé et déçu de ne pas avoir réglé ses comptes avec Venamia lui-même.

- Il y a quelque chose qui cloche dans l'histoire d'Igeus, renchérit Ad. Je ne sais pas quoi, mais je peux le sentir avec le Don. Il n'était pas sincère sur plusieurs points.

- Waouh, quel scoop, ricana Killian. Un politicien qui n'aurait pas été sincère ? Sans vouloir t'offenser, bro... ajouta-t-il à l'adresse de Narek, un des anciens dirigeants de Naya.

- On commence juste à avoir une piste à suivre concernant les déplacements d'Ecleus, reprit Ad. Je veux fouiller de ce côté-là ne serait-ce que pour savoir où et pourquoi Venamia est partie durant tous ces mois avant la bataille de Veframia.

Ils avaient en effet appris, de plusieurs Pokemon Vol différents, qu'un grand oiseau jaune et métallique aurait été vu dans le ciel de la région d'Unys durant la période d'absence de Venamia.

- On va fouiller tout Unys à la recherche d'un indice qui n'existe peut-être pas alors ? Soupira Kelifa.

- On fera comme on a fait ici. On utilisera le Don pour questionner les Pokemon et habitants locaux, jusqu'à remonter la piste de Venamia et d'Ecleus. Bon sang les gars, en une semaine seulement, on a réussi à conclure que Venamia s'était rendue secrètement à Unys quand elle a disparu des radars mondiaux. Pour une mission que tout le monde pensait casse-gueule, c'est un sacré début. Et même si Venamia est morte, je veux savoir ce qu'elle est allée fabriquer là-bas. On a rien de mieux à faire de toute façon ; la reine n'a pas encore ordonné le déploiement général contre l'armée du Marquis. Alors on se bouge !

Avec des degrés de motivation divers – et souvent assez faibles – les Gardiens de l'Harmonie arrêtèrent leurs occupations pour se mettre en route. Peu importe ce qu'ils pensaient, si Adélie avait décidé d'un truc, ils la suivront. Pas parce qu'elle était la nouvelle égérie de toute la région Naya, ou la cheffe des Gardiens (un rôle plus officieux qu'officiel par ailleurs). Mais parce qu'ils avaient mené la Guerre Civile de Naya contre le Triumvirat derrière elle. Elle avait beau être une jeune femme à peine sortie de l'adolescence, désagréable, souvent impolie et cassante, elle avait déjoué tous les pronostics d'un combat qui semblait impossible à gagner, et terrassé elle-même le Prince des Ténèbres Odion. Si l'envie lui prenait donc d'aller retourner chaque caillou d'Unys pour vérifier que Venamia n'était pas cachée dessous, les Gardiens de l'Harmonie protesteraient, râleraient, mais finalement seraient avec elle jusqu'au bout.


***


Mercutio posa le pied sur le toit du siège du gouvernement à Doublonville, en compagnie de Bertsbrand, d'Anna et du général Tender, tandis que la navette qui les avait amené repartait vers le Giovanni, en vol stationnaire au-dessus de la ville. Ils furent accueillis par Madame Boss en personne, qui les attendait, escortée de deux gardes Rockets.

- Bienvenue, et beau travail. Je suis contente de vous revoir tous entiers, leur dit Estelle. Alors ? Vos impressions sur les forces ennemies en présence ?

Mercutio échangea un regard avec son commandant, avant qu'ils ne déclarent à l'unisson :

- Nombreuses.

- Nous n'avions qu'une infime partie face à nous, et on a quand même dû décamper en vitesse, ajouta Anna. Et sans les Zodiaques, on était mort.

- Oui, un certain Blazileo s'est pointé auprès de Sa Majesté, pour évoquer avec elle la suite des opérations. La mobilisation générale aurait dû se faire sous peu, mais les... récents événements vont sans doute un peu la retarder.

- Laissez-moi deviner... Les Hauts Conseillers discutent tellement de quoi faire avec le Grand Empire qu'ils en ont oublié le Marquis ? Soupira Mercutio.

- On ne peut pas ignorer ce qui se passe de leur côté tant qu'on ne connaît pas leurs intentions. Le retour d'Erend est assez difficile à avaler pour la reine. Et... et vous ? Vous digérez ça ?

Elle avait posé la question en regardant Mercutio et Tender, donc elle voulait bien sûr parler de Julian. Ou peut-être de la confirmation de la mort de Siena ? Mercutio se contenta de hausser les épaules.

- Je ne suis plus à un choc prêt, madame. Et Galatea et moi, on préfère voir notre neveu vieilli de dix ans en train de jouer les empereurs de droit divin plutôt que mort. J'ignore ce qu'Igeus lui a mis dans le crâne, mais on va le récupérer le moment venu. Y'a aucun doute là-dessus.

Tender hocha la tête à ces paroles-là Le militaire d'expérience qu'il était s'efforçait de garder une attitude droite et professionnelle, mais le grand-père qu'il était aussi mourrait d'envie de se rendre dans la région Elebla séance tenante pour y ramener son petit-fils qu'il pensait disparu à jamais.

- On est parvenu à convaincre Djosan de ne pas tout plaquer pour partir à Duttvriff à la seconde, le temps que les intentions d'Igeus soient éclaircies, dit Bertsbrand. En revanche... on a dû mettre Ithil aux arrêts.

- Ithil ? Pourquoi ? Qu'est-ce qu'il a fait ? S'inquiéta Estelle.

- Rien pour le moment, répondit Tender. C'est lui qui nous a demandé de le faire, par mesure de précaution. Ses mots exacts étaient : « J'arrive à me contrôler pour le moment, mais je crains que sous peu, je ne déserte pour aller rejoindre Monsieur Igeus. Et je sais que pour l'avenir du monde, et selon la volonté d'Arceus, ce n'est pas le bon choix ». Le professeur Grivux lui a donc passé des menottes spéciales le rendant incapable de se dématérialiser, et il patiente en cellule, le temps que la lumière soit faite sur Igeus, voir s'il est un allié... ou un ennemi.

Estelle haussa les sourcils.

- C'est déjà une bonne chose qu'il en ait pris conscience, et qu'il lutte contre son conditionnement à la famille Igeus.

- On peut voir Eryl ? Demanda Mercutio. Qu'importe si le Haut Conseil n'en a pas fini de pérorer sur le Grand Empire ; il faut qu'on l'informe de ce qu'on a vu et entendu, et qu'on la presse de sonner le débarquement général à Kanto.

- C'est que nous n'avons pas encore tous les alliés que nous pouvions espérer. Le roi Alroy de Cinhol est bien arrivé avec ses armées, mais Régis est immédiatement reparti dans l'espoir de pouvoir ramener des gens utiles.

- Nous n'avons plus le temps, Madame Boss, répliqua Tender. J'étais sur le pont du Giovanni. J'ai vu ce qui va nous arriver dessus. C'est... Je n'ai même pas de mot.

- Et nous on était en plein milieu, et ça ne me donne pas vraiment envie d'y repartir, renchérit Anna. J'espère que la prime de risque de ce mois-ci sera à la hauteur.

Estelle les fit descendre du toit et les mena à travers les étages somptueux du siège du gouvernement provisoire de la FAL. Cet immeuble était les anciens locaux de la mairie de la ville, et accessoirement ceux de la succursale des Dignitaires de Kanto qui à l'époque gouvernait Johto en leurs noms. Ils entrèrent dans la salle du Haut Conseil, où tout le monde était là et en train de discuter âprement. Outre Mewtwo, Mercutio ne put que remarquer le seul Pokemon présent, lui aussi invité.

- Blazileo, le salua Mercutio.

- Heureux de te revoir, fils d'Elohius, dit le Pokemon du Lion. Il était écrit que nous serions à nouveau côte à côte lors de l'ultime combat contre le Maître de la Corruption.

Les Rockets nouvellement arrivés saluèrent rapidement les Hauts Conseillers, à savoir Chen, Wasdens, Mewtwo et Marthe. Dieu merci, Adélie Dialine, la meneuse des Gardiens de l'Harmonie, n'était pas là. À chaque fois qu'il la voyait, Mercutio ne pouvait empêcher son corps de réagir comme si Lusmodia lui mettait tous ses hormones en ébullition. Non pas que le jeune homme soit amoureux d'elle : c'était une fille bien trop cassante et indépendante pour lui. Mais il semblerait qu'elle soit l'un de ces fameux Favorables, ces humains pour qui les Mélénis avaient une attirance incontrôlable, et avec qui ils pouvaient espérer transmettre le Flux à leur progéniture.

C'était d'autant plus malvenu dans leur cas, car selon une ancienne règle toujours d'actualité, les rapports amoureux et surtout sexuels entre Mélénis et Gardien de l'Harmonie étaient strictement interdits ; une histoire d'incompatibilité de leurs pouvoirs respectifs, qui pouvait donner naissance à un enfant monstrueux. Un hasard bien malheureux : les Favorables étaient immensément rares, et il avait fallu que ça tombe sur une fille qu'il n'avait normalement même pas le droit de regarder.

- Où est la reine ? Demanda Tender en regardant autour de lui.

- Dans la salle d'à côté, avec Imperatus, répondit Wasdens en désignant la porte derrière la table du conseil. Mais je serai vous, j'attendrais un peu avant d'aller la voir. Ce n'est... pas vraiment le moment.

En effet, même si Mercutio ne pouvait rien entendre de ce qui se disait derrière, il sentait de là les effluves du conflit dans le Flux. Eryl et sa conseillère étaient visiblement en train de se disputer. Sachant que c'était fort malpoli, le jeune Mélénis se servit de ses pouvoirs pour pousser ses sens en direction de la pièce. C'était un tour qu'il avait appris de Galatea, qui s'en servait jadis pour espionner les vestiaires des hommes de la base G-5 depuis sa propre chambre. Il n'était pas aussi doué qu'elle, mais à cette courte distance, il parvint sans mal à avoir du son et de l'image dans sa tête, même de pas très bonne qualité.

- Erend est bien plus que mon maître, disait Imperatus. C'est mon dresseur, mon ami, et celui qui m'a élevé et tout appris. Je lui dois tout.

- Erend croyait plus que quiconque en la notion de libre-arbitre, et a toujours défendu la liberté, répliqua Eryl. Qu'importe ce qu'il a été pour toi ou ce qu'il a fait : tu es libre de tes propres choix et convictions. Ce qui signifie ne pas le suivre à la première occasion alors qu'on ignore tout de ses intentions... et de son esprit.

- Qu'est-ce que ça insinue ? Demanda Imperatus d'un air froissé.

- C'est pourtant évident, soupira Eryl. S'il a tué Venamia de ses mains comme il l'a affirmé, il est quasiment certain que le morceau d'âme d'Horrorscor est en lui désormais, comme semble le prouver son œil rouge. De plus, même s'il paraissait rétabli mentalement, ce qu'il a subi entre les mains de la GSR tous ces mois n'ont pu que laisser des séquelles. En résumé, il peut être soi corrompu soi fou, ou bien même les deux à la fois ! Le fait qu'il ait choisi de manipuler le Grand Empire à son propre compte plutôt que de nous rejoindre en est la preuve ! Imperatus, Erend n'est probablement plus l'homme que tu as connu. C'est peut-être même un ennemi désormais, un ennemi de l'Innocence !

- Je ne sers pas l'Innocence, rétorqua Imperatus. Je te servais toi parce que je pensais accomplir la volonté d'Erend. Mais s'il est bien vivant et qu'il a ses plans propres, alors je dois y aller et le servir. S'il est vraiment sous l’influence d'Horrorscor, alors je ferai tout ce que je peux pour l'aider à le combattre. Mais je connais Erend. Son esprit est plus fort que les deux tiers d'un fantôme moribond.

- Oui... Siena pensait sans doute pareil à propos d'elle, avant de se laisser entraîner dans les ténèbres et de devenir le principal outil à faire le mal d'Horrorscor. On parle du Maître de la Corruption. Il est parvenu à faire chuter un des Zodiaques, qui sont pourtant nés de l'âme d'Erubin ! Les simples humains ne peuvent pas lui résister.

- Erend n'est pas un simple humain, fit Imperatus, catégorique. Il est le Sauveur du Millénaire, destiné à repousser la menace de la Corruption à jamais. C'est ce que lui a dit Arceus le Créateur en personne ! J'ai foi en lui, quoi qu'il fasse, et quoi que tu puisses dire. Je suis désolée Eryl, mais je m'en vais le retrouver.

Eryl garda le silence un moment, et Mercutio pouvait parfaitement ressentir sa colère et sa frustration dans le Flux. Puis elle dit, les dents serrées :

- Je peux t'en empêcher, et te faire arrêter.

- Tu peux essayer, du moins, répondit le Pokemon. Depuis que j'ai évolué et que j'ai ce Solerios enfoui en moi, ma puissance est bien largement au-dessus de la moyenne des Pokemon. Oh, bien sûr, je ne doute pas qu'avec Mewtwo, Mercutio et Bertsbrand qui sont derrière, vous arriviez à me maîtriser. Mais ce ne sera pas sans heurts ni blessés. Il se peut même que l'immeuble entier n'y résiste pas. Et je ne vous veux pas de mal, à aucun d'entre vous. Alors, ne m'y force pas, s'il te plaît. Respecte mon choix, comme Erubin l'aurait sans doute fait.

Alors, sans attendre sa réponse, Imperatus lui tourna le dos et quitta la pièce. Elle passa devant les Hauts Conseillers et les Rockets sans rien leur dire, avant de quitter la salle de réunion en silence. Tout le monde se regarda d'un air perplexe et inquiet, mais personne n'osa prendre la parole, sachant qu'Eryl était derrière et entendrait tout. La reine finit par les rejoindre, l'air désemparée, et furieux quand elle croisa le regard de Mercutio. Elle avait sans doute senti que le jeune homme les avait espionnées. Elle aussi pouvait percevoir le Flux à un certain niveau, maintenant. Il prit donc de bonne grâce un air coupable et désolé, et ne dit rien durant toute l'entrevue, laissant les autres parler.