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Le Retour de Mewtwo de LogriderV2



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Informations

» Auteur : LogriderV2 - Voir le profil
» Créé le 06/08/2019 à 19:26
» Dernière mise à jour le 09/08/2019 à 13:44

» Mots-clés :   Action   Kanto   Organisation criminelle

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Retombées
Jadielle avait changé de visage, tout comme moi. Il devenait difficile de se remémorer le temps où de jeunes dresseurs s’engageaient sur la route vers le nord en rêvant du jour où ils partiraient vers l’ouest. Cela faisait bien longtemps que le Plateau Indigo n’attirait plus personne.

Aujourd’hui Jadielle était sale, Jadielle était laide. C’était encore plus triste à voir les soirs de pluie. Des milliers de gouttes d’eau venaient claquer contre mon feutre et mon long manteau, tous deux trempés. Ici, les dresseurs ne combattaient plus pour le prestige de la victoire, mais pour acquérir les pokémons de l’autre par la force. Comme ce type, là, derrière moi. Il me suivait depuis que la forêt de Jade quittée un quart d’heure plus tôt. Il marchait à la même vitesse que moi, s’arrêtait quand je m’arrêtais, attendant patiemment le bon moment pour frapper. Je n’allais pas lui laisser ce plaisir.

« Qu’est ce que tu me veux ? lui lançai-je en me retournant à peine.
— Devine, répondit-il simplement.
— Ça ? dis-je en détachant une pokéball de ma ceinture.
— Ça » laissa-t-il tomber.

Je me retournai finalement pour faire face à celui qui en voulait à mes pokémons. Il était plutôt grand mais mince, et semblait avoir trouvé ses vêtements dans une poubelle.

« Je te le donne si tu arrives à le battre. » dis-je calmement.

Il ne se fit pas prier. À peine lui avais-je lancé ce défi qu’il jeta une pokéball au sol. Apparut alors devant moi un Nidorino à la peau terne. Énervé et agressif, il ne devait avoir reçu d'autre entraînement que les coups de son propre maître. Mes yeux se plissèrent de colère rien qu’à l’idée de ce que ce pauvre pokémon avait pu subir des mains de cet homme.

Je lançai à mon tour la pokéball que je tenais déjà en main. La silhouette argentée qui en sortit dut paraître bien familière à ce frêle Nidorino. Elle partageait avec lui un nombre non négligeable de points communs, mais plus massive, plus puissante, plus… évoluée. Les traits de Nidoking se dessinèrent rapidement.

Celui qui se voulait à présent mon opposant laissa paraître un léger mouvement de recul, mais ne se démonta pas totalement pour autant.

« Nidorino ! Attaque koud'korn ! » ordonna-t-il.

Le Nidorino gratta le sol puis poussa un cri avant de s’élancer furieusement dans notre direction.

« Nidoking ! Attrape sa corne et frappe-atlas ! »

Nidoking attendit que son adversaire soit à portée. Au moment opportun, il esquiva sur la droite, saisit la corne du Nidorino puis profita de son élan pour pivoter et lancer le pokémon droit devant lui. Le Nidorino frappa le sol boueux, puis roula plusieurs fois sur lui-même, sonné.

« Relève-toi ! Attaque koud'korn encore ! Insista l’homme alors que les pattes de son pokémon tremblaient déjà sous son propre poids.
— Nidoking finis-le ! Empal’korn ! » Répliquai-je.

Le choc fut violent, non seulement pour le Nidorino, mais aussi et surtout pour son maître qui le reçut très violemment en pleine poitrine. Ils chutèrent tous deux en arrière dans la boue grasse formée par la pluie qui tombait toujours.

Le dresseur finit par se relever péniblement, mais le pokémon, lui, n’était plus en état.

« Reviens ! siffla-t-il, énervé. Je rappelai également mon pokémon. — On va essayer autre chose ! » Menaça-t-il.

Il sortit d’une de ses poches un cran d’arrêt avant de se jeter sur moi. Le sol trempé de boue, la douleur et la colère ne rendaient pas ses gestes très adroits. Je n’eus pour le maîtriser qu’à imiter Nidoking. J’attendis qu’il arrive à ma hauteur pour lui saisir la main qui tenait le couteau, puis pivotai pour le laisser s’écrouler plus loin. Je ne comptais pas en rester là et me hâtai de poser le pied sur son poignet avant de m’emparer de la lame encore dangereuse, surtout entre les mains d’une personne qui ne savait pas s’en servir.

« Confisquée… dis-je un brin moqueur avant de ranger la lame. — Moi aussi j’essaye autre chose. »

Je m’accroupis pour le saisir fermement par le col de son tee-shirt. En plus du tissu de son vêtement, mes doigts s’étaient également quelque peu… agrippés à sa chair, lui arrachant un râle grave.

« Pourquoi moi, et de la part de qui ? demandai-je.
— J’ai besoin de personne pour me dire ce que j’ai à faire…
— Évidemment… »

Je lui décochai un direct du droit en pleine figure. Je sentis son nez se briser sous mon poing serré.

« Réponds.
— Va te faire enculer ! »

Mon poing le frappa à nouveau, à deux reprises et la dent qu’il perdit laissa voie libre au sang pour couler. Cet individu ne semblait pas encore comprendre que je ne jouais pas avec lui, et que j’attendais réellement une réponse. Je le lâchai pour le laisser cracher le sang qui s’était accumulé dans sa bouche.

« Pourquoi tu crois que je fais tout ça ? soupira-t-il finalement, la voix cassée par la douleur. — Pour les mêmes raisons que tout le monde ici ! »

Aussi agacé que curieux, je plantai un regard froid dans ses yeux aux traits tirés.

« Mewtwo… » lâcha-t-il finalement.

Mon corps fut saisi d’un spasme involontaire. Mewtwo… ce pokémon légendaire créé artificiellement depuis l’ADN de Mew. Tout ce qui avait pu arriver de mauvais sur ce continent, chaque larme versée, chaque douleur ressentie, lui seul en était responsable. Des scientifiques lui avaient donné la vie, ainsi que des pouvoirs psychiques inimaginables. Ils avaient joué à Dieu, et s’étonnèrent de finir brûlés par leur propre création. Comment aurait-il pu en être autrement ?

De cette naissance forcée, avait jailli une interrogation dans l’esprit de Mewtwo : « Pourquoi suis-je ici ? Quelle est ma destiné ? » Interrogation qui tourna à l’obsession, et qui finit par le dévorer. La folie s’insinua peu à peu dans son esprit, et Mewtwo finit par haïr du plus profond de son âme tout ce qu’il ne parvenait pas à comprendre. Son mépris envers l’être humain, qui l’avait condamné à vivre à l’état d’objet de création, n’en finissait plus d’alimenter sa colère. Il était né dans l’ombre et la faiblesse, il voulait vivre dans la lumière et la puissance. La lumière du feu. Personne n’ignorait cette histoire…

« Connerie ! » sifflai-je en contenant un nouvel accès de violence. — C’est fini Mewtwo ! Terminé ! Il a disparu !
— Mewtwo a disparu ! me coupa-t-il. — Mais pas ses idées ! D’autres ont repris le flambeau pour marcher dans ses pas. Il y a toujours quelqu’un pour tirer les ficelles ! Et un jour il reviendra… Mewtwo… il nous félicitera pour ce qu’on a fait pour lui !
— Et qu’est-ce que vous faites pour lui ? Voler des pokémons ? C’est là tout ce que votre engeance dégénérée a trouvé pour plaire à une hypothétique créature ? — T’es fort... mais tu sais rien. » répondit-il, un faible sourire découvrant sa dentition amochée.

Le monde ne tournait plus rond, ce n’était pas chose difficile à comprendre. Mais à cet instant, où je posais mon regard sur cet homme allongé dans la boue. Je voyais la folie naitre dans ses yeux, et pas n’importe laquelle. Celle-là même qui avait déjà eu raison de l’esprit de Mewtwo… l’esprit le plus puissant que la Terre n’ait jamais porté.

J’aurais cru que sa disparition allait apaiser le monde, mais l’effet se révélait tout à fait inverse. Avec les années, il était en train de passer d’Histoire à croyance, de légende à Divinité…

Malgré cette succession de décors pathétiques plantés sur tout le continent, je n’avais pas pris conscience de la réelle tournure des évènements. Il fallait absolument enrailler cette machine perverse, il fallait la stopper. Ce temps que j’avais laissé filer, espérant le retour au calme, ce temps m’apparut comme un manque, un terrible gâchis.

Le point de non-retour avait peut-être déjà été atteint.