Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Une Légende s'éveille... de Ramius



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Ramius - Voir le profil
» Créé le 09/03/2019 à 12:47
» Dernière mise à jour le 22/04/2019 à 19:06

» Mots-clés :   Hoenn   Mythologie   Organisation criminelle   Présence de personnages du jeu vidéo

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Chapitre 10 : Vivre
Tous les sbires restants de la Team avaient été convoqués au repaire dès le retour de l’Essex au port. Quand Max et Arthur y arrivèrent, ils trouvèrent un endroit accueillant, chaleureux, bruissant de dizaines de conversations. C’était assez harmonieux.

Bonjour à tous. Je suis heureux que vous ayez tous pu venir. Les admins avec moi en salle de réunion, nous avons à planifier l’avenir de la Team.

En entendant le discours de Max, Arthur prit sa décision. Avant que Kelvin et Sarah n’aient eu le temps de se lever, il prit la parole.

On va discuter de son avenir, rien de moins… Je propose plutôt de laisser participer tout le monde.

Max lui jeta un regard surpris. Il acquiesça cependant, donnant son accord. L’ensemble des personnes présentes se dirigea donc vers la salle commune. On amena des sièges de presque tout le repaire ; en quelques instants, les quatre leaders de la Team étaient au centre d’un amphithéâtre de sbires. En sa qualité de chef, Max ouvrit le débat.

Bien. Vous connaissez tous les détails de la situation présente. Nous en sommes un peu au même point qu’il y a deux mois. Kyogre rôde dans les eaux hoennaises, nos fonds sont épuisés et un crash boursier est toujours en cours, ce qui fait que nous sommes dans l’incapacité totale de poursuivre nos plans de prise de contrôle de la Région.

Le problème de l’argent se réglera en temps opportun, quand le crash aura dépassé son maximum d’intensité ; de même, nos actions pourront être adaptées pour tirer parti du contexte économique. Reste Kyogre. À moins de le neutraliser, nous sommes impuissants ; de plus, il est fort probable que son objectif soit la dévastation de la civilisation humaine toute entière. Et nous sommes peut-être les seuls au monde à être avertis.

J’ai une piste pour cette neutralisation ; il nous faudra cependant nous déployer sur le terrain, car il y aura besoin d’un objet particulier, et je ne sais pas encore où il est. Le projet consisterait à se servir de Groudon pour tenir Kyogre tranquille.

Arthur interrompit Max. Il s’attendait à quelque chose dans ce genre.

N’en avons-nous pas déjà parlé ? Une lutte entre ces deux-là serait risquée pour Hoenn. Et il y a aussi la prise de contrôle de Groudon. Si Kyogre le remarque, et je n’ai pas envie de parier sur le contraire, il va nous massacrer. Il serait plus efficace de le contrôler directement.

– Ce qui requerrait une nouvelle expédition en haute mer. C’est hors de nos budgets.

– Et ça ne serait pas la seule chose à faire. Tu avais raison sur un point, Max : il n’est probablement pas capturable avec des pokéballs. Qui voudrait dresser un monstre pareil, d’ailleurs ? Non. Quelle que soit ta piste, Max, c’est sans doute notre seul moyen.

Max garda le silence quelques secondes. Il ne le montra pas, mais il était surpris par le comportement d’Arthur. Son si fidèle second le contestait. Plus que ça, il se préparait à le faire au point d’en être gêné. Mais tel que Max le connaissait, cela ne l’arrêterait pas dans son projet. Quel qu’il soit. Et Max sentait confusément ce que c’était. Cela semblait impossible… mais si c’était le cas, hors de question de le laisser faire. Il décida d’entrer dans le jeu d’Arthur et de l’acculer à abattre ses cartes.

En effet, Arthur. Et c’est pourquoi c’est moi qui commande. Savoir faire des recherches sera bientôt primordial pour la Team ; prends garde à ne pas l’oublier.

Arthur resta lui aussi choqué pendant quelques secondes. Max avait compris ce qu’il envisageait. Et le reste des membres de la Team commençait à le comprendre aussi. Il devait agir. Il fit ce que Max attendait et dévoila son jeu.

Je vais être clair, Max : la façon dont tu appréhendes l’avenir de la Team, et surtout l’aspect Kyogre/Groudon de nos problèmes, est une folie que je ne suivrai pas longtemps.

Voilà, c’était dit. Ça ne pouvait pas être retiré, c’était sincère, et à court terme, ça détruirait peut-être la Team et surtout, son amitié avec Max, mais Arthur se sentit libéré d’un grand poids.

L’assistance, au contraire, afficha sa stupéfaction. Peu étaient réellement choqués, car beaucoup avaient senti venir le coup ; aucun, cependant, ne parvenait à envisager que le bras droit si respecté de leur chef puisse le renier. Sauf peut-être Sarah. Assise au premier rang des sbires, elle n’affichait aucune surprise, seulement une amertume teintée de résignation. Elle avait compris depuis le début.

Max, lui, affichait un calme étonnant. Il sourit même légèrement avant de poursuivre d’une voix égale, signifiant clairement qu’il menait la discussion – ou pensait la mener.

Ce n’est pourtant pas notre première folie. Dois-je te rappeler les chances improbables que nous avions de vaincre Ipsanem ? Tu as toi-même reconnu que nous aurions triomphé. Pourquoi, mon ami… Pourquoi pas aujourd’hui ?

– Parce que ces situations sont différentes à l’extrême. Avant, nous visions des humains. Ils avaient tout pouvoir sur notre Région, mais ils restaient humains : une action précise et coordonnée pouvait arracher une victoire qui aurait semé la peur parmi eux, les affaiblissant de plus en plus avec le temps ; tandis qu’une défaite n’aurait eu aucun impact grâce à notre anonymat. Cet anonymat qui dure toujours !

Mais maintenant, nous affrontons un dieu. Un dieu qui connaît notre existence et qui est tellement différent de nous et tellement plus puissant qu’il devient inenvisageable de l’effrayer. Et comme si ça ne suffisait pas, au moindre échec, nous perdons tout !

– Ah oui ? Parce que tu crois peut-être que nous pouvons rester toujours en sécurité ? Nous avions des idéaux, Arthur. Je ne pensais pas que la lâcheté te ferait les oublier.

– Un idéal ne s’abandonne pas ainsi, Max. Il te détruit ou te définit, mais il ne te lâchera pas. Je n’ai pas abandonné les miens, c’est ta méthode que je mets en doute. Est-ce lâcheté d’affirmer qu’elle est suicidaire ?

– Je n’ai même pas établi mes projets. Et toi, tu prétends déjà les connaître ? Ridicule.

– C’est toi que je prétends connaître, Max. Tu es un scientifique. Confronté à un problème, tu cherches un moyen de le résoudre, en procédant méthodiquement et logiquement. Et comme tu es totalement dénué de morale, tu finis toujours par trouver. C’est ce mode de pensée qui fait que tu étais si adapté à la société telle qu’elle était il y a encore, quoi, trois mois ? C’est lui aussi qui t’empêche de saisir tout le potentiel de Kyogre – et aussi de Groudon, d’ailleurs.

Max n’avait pas cillé pendant tout ce discours. Il avait pensé parvenir à moucher Arthur en quelques phrases, mais il était maintenant mis en face de lui-même. Et la vérité faisait mal. Il ne trouva rien à répondre et laissa Arthur continuer de subvertir des sbires médusés.

Pour cela, il faut une imagination qui te manque. C’est vrai, Kyogre est un problème que nous devons maîtriser, et Groudon pourrait s’y ajouter. Tu trouveras sans doute un moyen de t’en servir, et peut-être même, en se contentant de les neutraliser, la Team pourrait-elle revenir à ses anciennes ambitions et les réaliser, prendre le pouvoir à Hoenn par l’économie. Ce qui serait d’un ennui mortel, comparé aux innombrables autres possibilités qu’ils nous offrent.

Que ne pourrions nous pas faire, si nous contrôlions ces deux Pokémons surpuissants ? Ils transcendent tout ce que nous connaissons ; nous pouvons laisser la bride sur le cou à notre ambition. Nous pourrions renverser le gouvernement d’une pichenette ; et n’importe quel gouvernement, d’ailleurs, alors pourquoi nous limiter à Hoenn ? Nous avons le monde à notre portée !

Nous pourrions nous poser en libérateurs, après avoir évincé les tyrans qui oppressaient et exploitaient le peuple. Nous incarnerions alors le plus puissant moteur de toute société humaine : l’espoir. Rien ou presque ne peut l’abattre. Trois ans de prospérité économique sans le moindre progrès social, suivis d’un crash boursier et de nombreux morts en mer n’ont pas pu effacer l’espoir du cœur des hoennais. Si nous attirions l’espoir sur nous, si nous montrions aux gens la possibilité de vivre dans un monde meilleur, ils se rallieraient à nous en masse, nous offrant un contrôle total et une liberté absolue pour réformer tout ce qui a été corrompu par des millénaires de tyrannies diverses et d’autant plus absolues qu’elles étaient moins affirmées !

Nous pourrions bâtir sans entraves un avenir meilleur, pour une humanité meilleure, dans une société meilleure. Voilà ce que nous offrent ces deux dieux : la fin de toutes les injustices du monde. Ou plus encore, qui sait ?

Arthur conclut sa tirade sur cet appel à rêver. Il avait mit presque toute l’assemblée dans sa poche, en leur promettant des monts et merveilles invraisemblables, sans même parler des difficultés que ses visions soulèveraient. Max sentit monter en lui une colère froide, terrible, qu’il ne se connaissait pas. Comment celui qu’il avait cru son ami osait-il le trahir ainsi ? Il venait de jeter aux orties tout ce que Max préconisait de faire ! Abandonnant sa réserve, Max entreprit de répondre à Arthur. Lui aussi pouvait dire des vérités blessantes… Il allait démonter point après point de son argumentation. Et après ça, Arthur pourrait s’estimer heureux s’il restait même un sbire de la Team.

Mon pauvre Arthur… Tu vends la peau de l’ours avant d’avoir simplement pris ton fusil. Et pourtant, te voilà déjà saisi de mégalomanie ! Ce voyage que tu as dirigé t’as bien changé, décidément…

C’était au tour d’Arthur d’être figé, stupéfait par le mépris qu’affichait Max. Ça lui apprendrait.

Le pouvoir corrompt, Arthur. C’est précisément pourquoi nous voulons rester dans l’ombre : le pouvoir rend orgueilleux de ce qu’on a fait avec, et ambitieux de faire plus. En nous exposant comme tu le demandes à la gloire et en focalisant sur nous les espérances de millions – ou de milliards ? – de personnes, nous finirions, tôt ou tard, par être confronté à un dilemme auquel moi-même, je me sais incapable d’apporter une solution.

Ou bien nous devenons comme les tyrans que nous avons évincés, lentement corrompus par l’incapacité du monde à s’adapter à nos vues et transformés en despotes sanguinaires par l’accumulation des petites contrariétés, car nous sommes persuadés d’avoir raison alors que la résistance naturelle du monde au changement nous oblige à des mesures de plus en plus radicales, et donc de plus en plus fautives.

Ou bien nous résistons et restons intègres toute nos vies, et ne laissons ces contrariétés ne frustrer que notre entourage de pique-assiettes attirés par le pouvoir. Ainsi, quand nous mourrons, ce sont ces gens-là qui seront radicaux. Et nous laisserons une place de réformateurs au sommet de la société, un pouvoir absolu, dont ils lutteront pour s’emparer.

Oui, si nous ne devenions pas nous-mêmes les tyrans du système actuel, nous plongerions le monde dans la guerre civile. Une horreur dont il ne sortira qu’en retombant exactement dans ce même système que nous voulions détruire à jamais… Tel est en effet le système vers lequel tend toute société humaine !

Dans la meilleure des démocraties, il y aura toujours quelqu’un pour voir le pouvoir et vouloir s’en emparer, par la manipulation et la fourberie : le seul moyen d’empêcher cela est de les utiliser déjà ! Ce système que nous détestons, s’établit à partir de n’importe quel autre, si bon soit-il, et se conserve très bien de lui-même. Ceci pour deux raisons simples. Il offre aux plus faibles l’impression d’une égalité, d’une justice et d’un ordre qui les satisfont très bien. Il offre aux classes moyennes, qui pourraient essayer de le réformer, l’impression qu’ils ont le pouvoir, ce qui est faux. Enfin, il offre aux puissants tout ce que les humains peuvent désirer : l’argent, le plaisir, le confort, le pouvoir et une pérennité de leur situation pour leurs héritiers.

Ce que tu propose, Arthur, est alléchant et a toutes les apparences de la vérité bien que tu passes sous silence les luttes qui y seront nécessaires. Cela apportera beaucoup de bénéfices à court terme, pour beaucoup de monde. Je l’admets. Cela satisfera les faibles comme les moyens, tout en réduisant les forts au silence. C’est indéniable. Mais sur le long terme, cela laissera l’Humanité dans la même situation qu’aujourd’hui, avec à peine plus de dignité et bien plus de raisons historiques pour entraver les libertés.

Voilà pourquoi nous devons nous servir du système. Pas par peur de nos adversaires, mais parce qu’en restant entravés par leurs contraintes, nous conserverons une stabilité et un réalisme qui nous permettront d’empêcher le retour des tyrannies qui nous précédèrent. Pas à nos courtisans : aux recrues que nous formerons dans le respect du monde que nous aurons créé.

À son tour, Max s’estima satisfait. Si cela ne suffisait pas à décourager les velléités de sécession de certains membres de la Team, il ne voulait plus entendre parler d’eux. Les sbires penchaient d’ailleurs assez nettement en sa faveur, cependant. Arthur avait-il vraiment cru qu’il pourrait le déposer avec son petit discours ? Il était maintenant isolé de tous.

Quoique. Sarah lui jeta un coup d’œil rapide. Lui suggérait-elle de cesser cette absurdité, ou bien souhaitait-elle le remotiver ? Ces deux-là étaient rentrés un peu trop idéalistes de leur voyage en mer.

Il s’était trompé. Sarah voulait prendre la parole, et elle avait vérifié qu’elle ne couperait pas Arthur. Foutus conspirateurs.

Max a en partie raison. Ne soyons pas trop enthousiaste, la vie d’une organisation illégale n’est jamais épique. Et cependant, j’aurais des objections à t’adresser à toi aussi, Max.

Tu dis que le simple fait de former nos héritiers évitera au monde de sombrer dans la tyrannie économique à nouveau. C’est exactement ce que font les tyrans actuels. Nos nobles idéaux ne nous protégeront pas de la corruption si nous détenons effectivement le pouvoir. Et quant à nos remplaçants, qu’est-ce qui les attirera vers nous ? L’attrait du pouvoir ne risque-t-il pas de les atteindre eux aussi ? Comment les empêcherions-nous de lutter entre eux pour hériter du rôle de chef de la Team ?

Ta vision de notre avenir, Max, c’est la guerre civile aussi. Mais dans la Team. C’est encore pire… Nous serions démunis face à un monde qui attendrait nos commandements, et quelqu’un d’extérieur s’emparerait du pouvoir à notre place – et même si cela n’arrivait pas, nous aurions nous-mêmes introduit le renard dans le poulailler. Ton propre héritier, Max, serait un tyran. Un tyran qui aurait à sa disposition toutes les ressources de l’organe de commandement du monde – ou même juste de Hoenn – et l’expérience qui va avec, mais dont la place lui aurait été volée. Il voudrait la récupérer, et le monde souffrirait autant que dans l’avenir que tu prédis à Arthur.

Mais dans ton futur à toi, Max, nous nous rendrions coupable de bien pire. Dès notre prise de pouvoir, nous nous servirions du reste de l’humanité. Nous propagerions le désespoir dans les classes moyennes, donnerions aux classes supérieures de bonnes raisons de les utiliser contre nous et surtout, surtout, nous confirmerions les classes inférieures dans leur statut actuel de ressource. Exploitables à merci, corvéables à volonté, sacrifiables et jetables : telle est l’image que tu donnes des pauvres et des faibles.

Si je rejoins Arthur dans ses vues, c’est parce que malgré ses inconvénients et ses défauts, son projet, son idéal, a cet aspect important : nous offririons à ces classes inférieures l’espoir qu’un monde meilleur soit possible, la mémoire d’années heureuses ! Un espoir et une mémoire d’une société pour laquelle ils pourraient enfin trouver en eux-mêmes, et non dans les classes moyennes, la force et la volonté d’une rébellion contre les puissants qui les oppressent. Sur le très long terme, nous leur permettrions de se libérer effectivement de la tyrannie, et de la meilleure façon possible, la plus durable : par eux-mêmes !

Sarah n’avait regardé Arthur que pendant les premières secondes de son argumentation. Elle avait ensuite balayé l’assemblée du regard, cherchant non pas à convaincre Max, mais bien les sbires. C’était eux qui importaient vraiment : celui qui rallierait la Team à son opinion gênerait énormément l’autre. Conscient que désormais celle-ci penchait à nouveau en faveur d’Arthur, Kelvin décida à son tour d’intervenir.

Avez-vous perdu tout sens commun, Sarah, Arthur ? Et tous ceux qui voudraient vous suivre avec vous ? Regardez-vous en face. Regardez votre projet. Ce que j’y vois, moi, c’est le désir fou de deux cinglés qui veulent absolument vivre à l’air libre. Vivre pour le pouvoir, pour la gloire et pour la certitude erronée mais inébranlable de la justesse de vos actions. Mais on ne vit pas le pouvoir. On y survit et on en meurt.

Laissez-moi vous dire quelles sont vos motivations, et tant que j’y suis, celles de Max. Vous voulez voir de votre vivant le changement que vous désirez dans le monde. Et comme Sarah vous donne une jolie justification pour ignorer ce qui adviendra après, vous vous permettez tous les excès. Ça ne vous importe pas : du moment que vous vivez pleinement vos vies, rien d’autre ne vous intéresse vraiment. Quand vous serez au sommet du monde, vous serez persuadés que vous y avez amené le monde.

Et toi, Max, comme Arthur l’a si bien dit, tu veux résoudre le problème qu’on appelle Humanité . J’admets que je ne comprends pas vraiment le problème que tu as vu, car à la fois tu veux un monde meilleur, tu es persuadé que l’actuel est immuable et tu envisages de le changer, pour en faire à peu près la même chose. Mais en revanche, je vois bien que ta propre mort n’a pas d’importance : tu veux enclencher un processus lent qui résoudra au fil du temps ce problème. Mais on ne contrôle jamais vraiment sa mort, et quant à contrôler ce qu’on laisse derrière soi… Toi, ton erreur est de croire qu’après nous, nos héritiers seront aussi bons que nous. Je ne pense pas qu’on puisse le garantir indéfiniment. Il te faudra y réfléchir.

Alors, sbires ? Vous avez vu vos dirigeants se déchirer sur la méthode à suivre pour l’avenir de cette Team ; maintenant, rien ne peut plus ressortir du débat entre nous quatre. C’est à vous de décider lesquels ont raison : Arthur et Sarah, ou Max ? Je vous supplie de ne pas laisser cette Team que nous avons bâtie avec nos propres espoirs et rêves être coupée en deux. C’est à vous de nous mettre d’accord.

L’assemblée le regarda, confuse. Puis les sbires commencèrent à se regarder les uns les autres. À argumenter en murmurant, chacun dans son petit groupe. Des lignes de tensions semblèrent se dessiner.

Kelvin commença à douter de lui-même. Il ne se dégageait pas de nette majorité en faveur de Max… Au contraire, les sbires étaient mitigés. Ils hésitaient. La Team ne risquait rien de moins que d’être divisée en deux parties égales. Une véritable catastrophe… Et il en était responsable.

Ne t’inquiètes pas ainsi, Kelvin. Tu as bien parlé.

Les paroles de Max le réconfortèrent un peu. Mais il ne put s’empêcher de voir Sarah et Arthur qui discutaient eux aussi des débats qui agitaient l’assemblée. Sans les entendre : ils chuchotaient, pour ne pas montrer leur propre trouble aux sbires.

Merci, Sarah. Sans toi, Max aurait littéralement démoli mon argumentation.

– Tu aurais pu me prévenir de ce que tu avais en tête. Et préparer des réponses à Max ! Tu ne pouvais quand même pas t’imaginer qu’il laisserait couler ? Par ta faute, je me retrouve à devoir improviser en public. Je ne sais même pas si ce que j’ai dit suffira avec ce crétin de Kelvin qui vient ajouter son grain de sel…

– Oh, ne t’inquiète pas. Il improvisait, lui aussi. De toute façon, quelle que soit l’issue de tout ceci, il y aura du recrutement à faire.

– Et des recherches ! Tu ne pouvais pas attendre que Max ait trouvé le moyen de contrôler Kyogre et Groudon ?

– Je compte là-dessus, justement. Il pensera avoir l’avantage dans ce domaine-là ; mais moi aussi, je connais les bibliothèques de Hoenn. C’est tout un art de dénicher les informations dont on a besoin à l’instinct, de lire entre les lignes la véracité d’un texte… un art que Max n’est pas le seul à maîtriser. J’ai passé des années à faire ça, et je pense me débrouiller aussi bien que lui.

Ils se retournèrent vers le cercle de sbires, qui élevaient la voix de plus en plus haut. Deux groupes étaient en train de se former, chacun attirant des sbires d’un côté ou de l’autre de la pièce. C’était entre ces deux groupes grandissants que le ton montait. Il y avait désormais une sorte de séparation physique entre deux idéaux légèrement différents.

Deux idéaux qui semblaient fédérer autant de sbires chacun.

Max se tourna vers Arthur, et l’interpella d’une voix calme, parfaitement maître de lui mais laissant transparaître une pointe d’ironie.

Alors, tu as eu ce que tu voulais ? Regarde un peu dans quel état tu as mis la Team, avec tes rodomontades.

– Oui, Max, j’ai eu ce que je voulais. J’ai affirmé que cette Team ne pourrait pas te survivre. Et maintenant, je la quitte.

Il se leva et gagna la porte à grands pas. Avec un temps de retard, Sarah le suivit. Puis un sbire. Puis d’autres. La salle sembla bientôt plus grande tandis qu’une petite foule s’en allait. Quand l’hémorragie s’arrêta, Max baissa les yeux sur la désolation qu’était devenue sa Team. Après lui avoir tué sept sbires en mer, Arthur venait de l’amputer de la moitié de ceux qui restaient. Quel gâchis.

Fin