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Le Royaume de Kirazann : Les Sources de Vie de Lief97



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Informations

» Auteur : Lief97 - Voir le profil
» Créé le 17/09/2018 à 20:06
» Dernière mise à jour le 04/11/2018 à 21:11

» Mots-clés :   Aventure   Cross over   Fantastique   Médiéval   Mythologie

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Chapitre 3
« À une époque lointaine, les pokémons étaient nombreux dans la nature, bien plus que nous, les hommes. Aujourd’hui, ils ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes. Certains ne sont plus de ce monde, d’autres sont sur le point de disparaître pour de bon. Il est temps de cesser de ne regarder que nous, et d’aider ces pauvres créatures à retrouver une place dans nos vies ! »

Extrait des plaintes d’un héraut d’Hymnus.



***


Dès l’aube, la cité des goélises a commencé à gronder, à s’agiter.

Il ne s’agit pas d’une énième et vaine tentative de révolte, ou d’altercations avec les soldats royaux, non : tout ce grabuge est causé par les qualifications.

Les boutiques sont fermées pour la plupart, et les terrasses des bars bondées. Les chopes trinquent, la foule hue et se bouscule, les gens crient, rient et se disputent pour être les premiers à atteindre les gradins.

Contrairement à ce que beaucoup de gens auraient pu penser, les qualifications, plutôt que de mettre en colère le peuple obligé de passer par cette case pour se porter au même niveau que les nobles et soldats de carrière, ont plutôt excité les habitants à la perspective d’un combat organisé sur le terrain d’entrainement.

D’ailleurs, quelques gardes de la ville, en groupe, ordonnent aux trop curieux de quitter ce dernier, pour y laisser toute la place. Des groupes de soldats venus d’Hymnus sur de sublimes montures s’installent derrière les barrières du terrain, du côté opposé aux gradins pleins à craquer.

Il devient vite évident qu’il n’y aura pas de place pour tout le monde. Alors que les premiers combats sont censés commencer à huit heures du matin, des soldats annoncent un report temporaire, afin de laisser le temps à une escorte de soldats et de menuisiers d’apporter des sièges, et des rangées de bancs qui sont rapidement surélevées avec l’aide de quelques machopeurs et bétochefs venus en renfort.

À dix heures et demie, avec un beau retard sur l’horaire prévu initialement, il y a un semblant de silence, quand enfin la plupart des gens sont installés — plus ou moins confortablement.

Une petite estrade dans un coin du terrain permet à un soldat de grimper dessus. C’est sans aucun doute un gradé. Il fait signe à un kadabra derrière lui ; une lumière blanche émane des mains du pokémon et soudain, la voix du soldat résonne avec force sur le terrain, parfaitement audible.

— Merci d’être venus si nombreux. Excusez cette longue attente. Je compte sur vous pour encourager les participants de ces qualifications ! Le principe est simple. Nous allons faire combattre les participants, alignés près de l’entrée du terrain à ma droite, en combat un contre un. Chacun d’entre eux devra achever au moins trois combats, tout dépendra du temps qu’il nous reste à la fin de la journée. Il y a une pause de trois minutes entre chaque duel, afin de laisser le jury débattre et noter les efforts des différents combattants.

Le soldat désigne vaguement du bras un groupe de gens richement vêtus derrière lui. Certainement des nobles, ou alors des bourgeois, chargés du recrutement par le Roi.

— Ce n’est donc pas un tournoi avec une demi-finale, ou une finale. Les qualifications visent à déterminer le potentiel des participants. Il est possible que sur la petite centaine d’inscrits retenus, seule une poignée d’entre eux reste, ne soyez donc pas déçus. Sur ce, je demande à ce que les deux premiers entrent sur le terrain !

Élio, à l’arrière de la file, ne peut même pas voir qui sont les premiers à baptiser ces qualifications ; vaguement stressé par le public impressionnant, il se demande s’il va vraiment tout donner. Il craint de se faire remarquer, il déteste ça. Mais visiblement, c’est ainsi que le jury pourra voir s’il est à fort potentiel ou non…

Pendant quelques minutes, alors que des attaques fusent au loin, que des cris s’élèvent et que le public rugit au rythme du premier combat, Élio cherche des yeux Steban dans la foule.

Par-delà les hordes de gardes et de soldats qui entourent la file des participants, impossible de distinguer qui que ce soit dans la cohue que forme le peuple. Steban pourrait être à quinze mètres qu’il serait invisible à ses yeux.

Bah, tant pis.

Élio ferme les yeux un instant, et reste concentré. Il sait que l’attente va être longue. Il ne doit surtout pas se laisser abattre.

Le premier combat prend fin — du moins Élio le devine à l’oreille — et la voix du soldat qui a annoncé le début des qualifications retentit de nouveau.

— Rejoignez l’arrière de la file, je vous prie. Le personnel de soins se trouve à côté des tentes.

Élio redresse la tête ; les deux combattants, des garçons d’une quinzaine d’années, passent près de lui. L’un d’eux grimace, et ça ne fait aucun doute qu’il a perdu son combat. Il a un bras entouré d’une substance violacée et visqueuse, qui semble le faire souffrir.

Élio le suit brièvement du regard alors qu’une femme accourt vers lui avant de tendre les mains sur la blessure. La lumière rosée qui s’en dégage efface rapidement les traces du combat.

— Combat suivant !

Surpris, Élio hausse les sourcils. Il ne s’est pas passé trois minutes. À peine trente secondes !

Peut-être que le jury a trouvé que ces deux-là n’avaient aucun potentiel ? Ou au contraire, ils sont choisis immédiatement pour le tournoi ?

Élio soupire et attend son heure, patient mais angoissé.



***


— Bonjour, Père.

Le Roi Mharcus Libellion, suivi par deux soldats en armure, vient juste de pénétrer dans la salle d’études. Penchée sur son grimoire, Sœlis referme vivement ce dernier et se relève en haussant les sourcils en signe d’interrogation. Il est plutôt rare que son père l’interrompe pendant ses révisions.

— Un problème, Père ?
— Je voudrais que tu fasses quelque chose, aujourd’hui, Sœlis. Que tu ailles quelque part, plus précisément.
— Quoi, maintenant ? s’étonne-t-elle.
— Oui, c’est important.

D’un geste, le Roi congédie les deux hommes derrière lui. Ils rebroussent chemin dans le couloir, laissant seuls le duo royal.

Mharcus s’approche de la fenêtre et regarde au-dehors, l’air pensif.

— C’est… un long voyage ? s’inquiète Sœlis.

Cet air inquiet sur son visage lui rappelle le jour où la Doyenne Kerchakh leur a expressément demandé de la rejoindre à Kohork. Sœlis, prête à entendre une mauvaise nouvelle, tend l’oreille.

— Non, pas du tout, la rassure son père en se tournant vers elle. Les qualifications ont sûrement débuté, au moment où on discute. J’aimerais juste que tu te rendes sur place pour observer les combats.
— Observer les combats ?
— Prends ça comme une méthode d’apprentissage. Certains enfants développent leur pouvoir en voyant d’autres s’en servir devant eux. Et ça tombe bien, parce qu’il va y avoir beaucoup de duels jusqu’à ce soir.

Sœlis se relève et époussète distraitement son épaule sur laquelle s’est posée une poussière. Elle fronce les sourcils.

— Je dois y aller… Mais ce n’est pas à la cité des goélises, si ?
— Si.
— Pourquoi ? s’étonne-t-elle. Ne devrai-je pas plutôt aller voir les nobles ou les soldats d’Hymnus ? Ils ont aussi des qualifications.
— Non, ma fille, sourit le roi. Les soldats sont choisis en fonction de leurs exploits aux entrainements, et j’ai choisi moi-même les nobles en fonction de leur influence et relations à la Cour.

Soelis hoche la tête, un peu désemparée.

— Donc je dois me rendre dans ce… ce bidonville ? demande-t-elle, presque choquée.
— Je sais que tu n’y es jamais allée et que les rumeurs n’évoquent que la pauvreté, les ivrognes et les agressions. Mais c’est une ville comme une autre, Sœlis. Tu seras escortée, et évidement, tu n’iras pas là-bas en tant que princesse. Vous arriverez bien à vous faufiler discrètement sur place. Je n’ai ni le temps ni les moyens de préparer ton arrivée en grande pompe, de toute façon.
— À cause des artéfacts, n’est-ce pas ?

Le Roi se tourne de nouveau vers la fenêtre. Son regard court sur les toits luisants du château, caresse les douves, traverse les jardins et survole les demeures de la noblesse, avant de se fixer par-delà les murs de la citadelle qui entoure le tout ; au loin, là-bas, se trouve la carrière.

— Nous avons trouvé plusieurs choses intrigantes ces derniers jours, souffle le Roi, d’un ton qui frôle l’admiration. Des… je crois que ce sont des pokémons. Issus d’un autre temps. Mais des pokémons… éteints. Certains Kerchakh pensent qu’il s’agit de machines de guerre…
— C’est une bonne nouvelle, non ? s’enquiert Sœlis, excitée.
— Oui, si nous savions les mettre en marche et les contrôler. Mais ça, ce n’est sûrement pas pour tout de suite.

Le Roi soupire et sourit à sa fille, avant de poser une main sur son épaule.

— Bon, je dois faire part de tout ça à la Doyenne. Je dois lui écrire régulièrement, sinon elle a tendance à s’agacer, cette sorcière ! Je vais envoyer mon meilleur homme avec toi à la cité des goélises. Vous reviendrez ce soir. Avec un peu de chance, il y aura quelqu’un de suffisamment passionnant là-bas pour que tes pouvoirs s’éveillent, même un tout petit peu !
— Je l’espère, oui.
— Des domestiques vont venir t’apporter des habits plus appropriés à la cité. À plus tard, ma fille.

Mharcus gratifie la princesse d’un dernier sourire empli de fierté paternelle, puis quitte la pièce, sa grande cape battant ses jambes avec élégance. Sœlis inspire un bon coup et serre les poings. Inutile de s’inquiéter.

Elle ne va pas à la rencontre du peuple en tant que princesse, pas besoin de garder cette façade insoutenable qu’elle revêt devant la cour. Elle peut se détendre, rester elle-même. Et avec un peu de chance, elle va éveiller ses pouvoirs. « Comme si j’en étais encore capable… » pense-t-elle avec désarroi.

Sœlis secoue la tête, tentant de mettre de côté doutes et appréhension.

Sans vraiment y parvenir.



***


— Le jury a décidé à l’unanimité d’éliminer trente-quatre combattants. Afin de vous satisfaire de combats plus variés et moins expéditifs, seuls les meilleurs ayant combattu jusque-là ont une chance de se qualifier. Participants suivants, je vous prie !

Élio en a assez. Comme beaucoup, il s’est assis par terre dans la file, qui n’avance pas très vite. Il n’a pas encore eu le loisir de combattre, et il est presque midi. La faim se fait ressentir. Heureusement, un soldat a annoncé plus tôt qu’on allait leur distribuer de la nourriture. C’est tant mieux. Élio aurait fini par être désavantagé !

La foule a l’air d’apprécier le spectacle. Les gradins se sont un peu vidés, et les gens sont attirés par les bars proches et la délicieuse odeur de fumet grillé qui en émane parfois. La zone est toutefois encore envahie de gens du peuple, qui ne veulent rien rater. Un tel évènement n’arrive qu’une fois tous les trente ans dans une ville comme la cité des goélises.

Élio s’étire et se met debout, pour regarder le terrain d’entraînement désormais très proche de lui. Deux jeunes hommes — la présence masculine semble grandement l’emporter dans ces qualifications — s’affrontent au corps-à-corps. Ils sont visiblement tous les deux de type combat.

Élio les observe nonchalamment échanger des coups, des feintes et des crochets, avant que l’un des deux, profitant de l’effet de surprise, ne provoque une violente bourrasque qui fait tomber son ennemi en arrière.

« Il cachait son type vol depuis le début ? » s’étonne Élio.

De tous les combats qu’il a pu entrapercevoir, c’est sans doute le plus inattendu. Et le premier avec un double-type qui se dévoile.

Un coup de pied violent arrache un cri de douleur à l’autre, qui se relève en chancelant. Un dernier coup de poing et il finit dans les bras de Cresselia. La foule acclame le gagnant avec force, faisant presque trembler le sol avec toutes ces voix unifiées ; puis des soldats se dépêchent de ramasser le blessé inconscient, qui va probablement être éliminé prochainement par le jury.

Ce dernier, peut-être las des combats trop mous qui se sont déroulés toute la matinée, a rapidement changé les règles. Il lui est arrivé de virer une dizaine de participants d’un coup, voire plus. Pour que tout aille plus vite.

Et le jury a aussi dû préciser qu’il est interdit de tuer ou de mutiler, après qu’un garçon de type dragon ait tenté de découper en deux son adversaire. Le combat se termine soit par abandon, soit par KO. Des règles simples et efficaces. Que certains semblent avoir du mal à tenir.

— Participants suivants !

La fille et le garçon qui ont patienté juste devant Élio depuis le début s’avancent sur le terrain. Élio se place à l’entrée, et plutôt que de regarder le début du duel, il étudie du coin de l’œil celui qu’il va devoir affronter.

C’est un adolescent, plus jeune que lui et ses vingt ans. Avec des cheveux noirs et broussailleux, un petit gabarit et une petite taille, il n’a pas l’air très impressionnant. Mais Élio sait qu’il ne faut pas juger quelqu’un à son physique. Ce petit gars peut très bien posséder un double-type ou être capable de maîtriser la capacité déflagration ; il faut s’attendre à tout.

Visiblement, le jeune garçon n’est pas stressé. Une main dans une poche, il a posé l’autre sur la rambarde de bois qui entoure le terrain, et regarde le combat avec attention. Son air dépité lui donne un air défaitiste, mais c’est sûrement l’attente qui l’a rendu comme ça. Élio se sent un peu ennuyé, lui aussi.

Le combat se termine rapidement ; la fille a gagné haut-la-main grâce à ses lasers glace qui ont empêché son ennemi de s’approcher d’elle. Rapidement, le terrain est vidé, et le soldat annonce depuis l’estrade :

— Combat suivant !

Élio s’avance sans plus accorder aucune attention à son jeune adversaire. Il se sent chancelant, oppressé par les centaines de regards qui se fixent sur lui à la seconde où il s’avance sur le terrain.

Bizarrement, avant de rejoindre le centre du lieu de l’affrontement, Élio s’attarde mentalement sur des petits détails. Il remarque que l’herbe rase est brûlée par endroits, et la terre s’est craquelé sur quelques mètres. Les combats ont l’air d’abimer le sol. Celui-ci est inégal sous ses semelles épaisses. Le peu de sable qu’il reste crisse sous ses pas.

Il sent ses mains un peu moites, le soleil qui tape sur sa nuque et le vent, presque inexistant, qui lui souffle insidieusement qu’il est un perdant. La pression de l’environnement le met mal à l’aise.

Enfin, atteignant le centre du terrain, Élio s’arrête et fait face à son jeune ennemi, face à lui, à cinq mètres de là. Son cœur s’accélère et tambourine dans sa poitrine. Les bruits de la foule s’atténuent dans son esprit, et il tente de les mettre de côté, concentré uniquement sur les yeux noirs et profonds du garçon qui le défie avec un sourire assuré.

Soudain, ce dernier se jette en avant. Trop concentré, Élio n’a même pas entendu l’annonceur ordonner le début du combat.

Le jeune garçon est rapide ; il utilise une capacité proche d’une vive-attaque, une technique basique mais difficile à éviter. Élio n’hésite plus une seconde de plus. Il se souvient de ses entraînements seul en forêt, il sait comment réagir. La vitesse, c’est son domaine.

Avant que le jeune impatient n’ait pu l’atteindre, Élio s’est jeté sur le côté, entouré d’une aura électrique qui crépite et grésille. La foule, surprise, fait du bruit autour d’eux. Élio l’ignore et croise le regard stupéfait de l’adolescent ; la lueur dans ses yeux est celle du doute. Il a bien remarqué la différence de vitesse, c’est évident.

Élio décide de se faire bien voir par le jury ; avec un peu de chance, il se dit qu’il sera qualifié immédiatement en se montrant doué.

Il se met à tourner à toute vitesse autour du jeune adolescent. Il s’est entraîné pour ça, plusieurs heures durant. Il devient flou, le paysage tourne autour de lui. Il ne doit être qu’une traînée bleue et jaune aux yeux des spectateurs extérieurs. Une véritable petite tornade électrique.

Élio sent ses semelles chauffer, ses mains devenir plus sèches. C’est le moment d’attaquer ; il quitte soudain ce cercle qu’il a pris quelques secondes à former, et fonce dans le dos de l’adolescent. Ce dernier, par réflexe, a le temps de se retourner, mais pas de bloquer le poing entouré d’électricité qui le percute en plein ventre.

Il est projeté en arrière, dans l’herbe, et toussote, dos à terre. Il se relève sur un coude, grimaçant de douleur, et lève une main en signe de reddition. Élio soupire de soulagement. Il a gagné.

Il se rend seulement compte de l’étrange silence qui a envahi le terrain ; et soudain, la foule explose, ses tympans souffrent, si bien que le soldat censé annoncer le prochain combat peine à se faire entendre par-dessus le vacarme.

Élio rejoint la file des participants. Il croise quelques regards sans réussir à bien identifier tout ce qui s’y trouve. Il se sent un peu vacillant, comme revenu d’un drôle de rêve. Est-ce de l’admiration, de la méfiance, de la haine, ou du mépris ? Il est incapable d’y réfléchir sereinement.

Il rejoint l’arrière de la file sans se douter un seul instant qu’il n’est que le cinquième dont le nom n’est pas encore rayé de la liste des combattants.



***


— Merci pour votre attention ! Les qualifications reprennent dans une demi-heure !

Le soldat descend de l’estrade. La foule s’agite, et commence à bouger. Les gradins se vident tranquillement, grâce au temps mort proposé par le jury visiblement exténué. Il est quatorze heures, c’est l’occasion pour certains de casser la croûte.

Élio a participé à un autre combat, contre un adulte de type roche. Il lui a fallu ruser pour éviter les jets de pierre, et les poings éclairs ont été nombreux avant que l’homme ne mette genoux à terre. Il faut dire que lancer des pierres face à un garçon capable de se déplacer aussi vite, et ne jamais le toucher, ça doit être à la fois déprimant et agaçant. Il s’est rendu plus parce que le combat a duré trop longtemps qu’autre chose. Une dizaine de minutes environ, ce qui en a fait l’un des duels les plus longs. Et probablement pas le plus palpitant…

Pour autant, Élio a remarqué d’autres participants prometteurs. Des double-type, aussi, quelques-uns. Et il a compris pourquoi il y a tant de jeunes ; il a entendu dire que les soldats n’ont inscrits que de très rares adultes et peu de femmes. Probablement parce qu’ils cherchent un certain profil de combattant pendant le tournoi à venir ? Ou juste parce qu’ils font partie de ces hommes considérant la femme inférieure ? La bourgeoisie semble beaucoup aimer ce genre d’idée saugrenue…

— Élio, enfin, t’es là !

Le jeune homme sursaute quand Steban se plante devant lui, avec sa salopette, son chapeau de paille et sa barbe grisonnante. Pour une fois, il a laissé son seau et sa canne à pêche chez lui. Il semble s’amuser, au vu de ses yeux pétillants et de son large sourire.

— Nom de nom, j’savais pas qu’tu t’battais si bien ! Quelle vitesse ! On t’voyais même plus !

Élio sourit, gêné.

— Tu étais où ? Dans les gradins ?
— Par Arceus, non ! Pas envie d’être écrasé entre deux inconnus ! Non, non, j’étais là-bas, à droite, près d’la route. J’m’étais placé bien comme y faut pour tout voir, avec une bonne pinte de bière entre les mains. J’ai gagné un peu d’blé, aussi !

Tout fier, Steban dévoila sa paume de main. Six pièces dorées s’y juchent en brillant de mille feux.

— Tu as parié ? lâche Élio, impressionné.
— Oui, sur toi ! Tout l’monde voyait ton deuxième adversaire gagnant ! Tu leur as bien cloué l’bec.

Steban semble remarquer que tout le monde s’éloigne de la zone. Élio se sent enfin respirer. Quelques soldats et pokémons conjuguent leurs pouvoirs pour remettre le sol du terrain d’entraînement en bon état. L’herbe repousse à certains endroits, le sol est réhaussé, les trous et fissures rebouchés. Le jury, resté près du podium, est entouré de dizaines de soldats qui discutent tranquillement ; ils doivent avoir bien chaud, dans leurs armures lourdes.

— T’as faim, p’t’être bien ? demande Steban.
— Je ne dis pas non.
— Viens, j’connais un bar proche. Le patron va bien m’faire un prix !

Alors que Steban le tire vers l’Avenue de gravillons, le regard d’Élio s’accroche brièvement à celui d’une jeune femme ; cette dernière, au joli visage clair et avec des yeux noisette, porte un capuchon pour se préserver du soleil. Élio a tout juste le temps de remarquer qu’elle a de beaux cheveux blonds cachés sous sa capuche avant qu’un homme près d’elle ne désigne le terrain d’entraînement en disant quelque chose, avec un étrange accent. Leurs regards se détachent l’un de l’autre, s’éloignent, et aucun d’eux ne prête vraiment attention à cette brève, accidentelle et très improbable rencontre.