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Pokemonis T.2 : L'embrasement de l'Aura de Malak



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Informations

» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 06/06/2018 à 08:16
» Dernière mise à jour le 06/06/2018 à 08:16

» Mots-clés :   Absence de poké balls   Action   Aventure   Présence de Pokémon inventés   Science fiction

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Chapitre 33 : Retrouvailles tendues
Six



Ça me plaisait moyennement de revenir sous les ordres d’Immotist, même si c’était temporaire. Depuis qu’il avait recouvré son corps et une partie de son ancienne influence, il était redevenu le tyran que j’avais longtemps servi. Je le préférai largement à l’état de masque immobile dans la cuisine de Stuon. Mais bon, il ne me traitait plus comme un chien aujourd’hui. J’étais l’envoyée de Kashmel, et j’avais vite compris que mon ancien maître en avait une peur bleue. De plus, ne lui étant plus soumise, je pouvais fort bien moi aussi utiliser mon attaque Griffe Ombre sur sa face de pharaon si jamais il me poussait à bout.

Comme la rencontre entre Kashmel et Meika Irlesquo avait lieu demain, j’avais passé la journée à vagabonder dans les rues de la ville-basse, non loin de la planque d’Immotist, sous mon manteau de Burning Feline, pour décourager les éventuels indiscrets. Les Nettoyeurs ne descendaient pas si bas dans la ville sans une bonne raison, mais ils avaient probablement des espions qui bossaient pour eux dans le coin, tout comme Immotist avait les siens. J’avais déjà participé à la capture de quatre d’entre eux, trois Pokemon et un humain. On les avait pas tués, bien sûr. Le but était plutôt de les retourner, d’en faire des agents doubles, pour pouvoir espionner à notre tour les Nettoyeurs.

Mais pour cela, il fallait de l’argent. Or, Stuon était un G-Man fauché, Kashmel n’avait rien, moi non plus, et Immotist avait perdu la plupart de ses fonds après la trahison de son fils. Donc, je revins aussi à mes vieilles habitudes de voleuses. J’étais relativement douée pour ça à l’époque, et aujourd’hui, avec l’entraînement G-Man de Kashmel, c’était un jeu d’enfant que de se faufiler dans n’importe quelle demeure dans la ville-haute et d’en repartir avec un sac de jails ou des objets de valeurs. À la tombée du crépuscule, je revins à la planque avec tout un beau butin.

- Formidable, ma chère Six ! S’exclama Immotist en voyant cette accumulation de richesses. Tu fais toujours la fierté de ton ancien maître.

- C’est pour nos futurs informateurs, pas pour vous, signalai-je en voyant le Pokemon Spectre faire bouger ses doigts d’envie au dessus du tas.

- Naturellement, naturellement…

Diplôtom, avec son goût de la précision, s’occupa de compter tout ça et de le noter avec précision dans leur relevé de comptes. Il y avait aussi un Pandarbare avec Immotist, qui regardait le tas de jails et d’objets précieux avec une désapprobation évidente.

- C’est comme cela qu’on mène une révolution chez vous alors ? En volant les honnêtes Pokemon ?

- Des honnêtes Pokemon qui n’éprouvent aucun remord à exploiter les humains et à les traiter comme de la vermine, précisai-je. Je n’ai visé que les demeures des Pokemon connus pour maltraiter leurs esclaves.

- L’esclave est la propriété du maître, objecta le Pandarbare. Ce dernier peut donc le traiter comme il le veut bien. C’est légal.

Je regardai le grand Pokemon avec un froncement de sourcil. Immotist le remarqua et me dit :

- Ah, ne fais pas attention, Six. Ce brave Pandarbare est un ancien officier de l’Armée Impériale. Il a encore un peu de mal avec certaines de nos notions.

- Vous croyez que c’est prudent de garder si près de vous un Pokemon qui ne fait pas mystère de son attachement à la loi impériale ? Demandai-je. Et s’il nous trahissait ?

- Je suis recherché pour désertion, répliqua le Pandarbare. J’ai aidé les Paxen à combattre mon ancien supérieur. Il n’y a plus aucun avenir pour moi dans l’Empire. Ça ne m’oblige pas pour autant à approuver vos méthodes de voyous. Et c’est encore plus tragique de voir qu’elles sont pratiquées par une G-Man…

- G-Man illégale, ajouta Six. Votre sacro-saint Empire m’a déclarée « illégale » dès ma naissance. Il n’y a donc rien d’anormal que je fasse des choses illégales, non ?

Pandarbare me répondit quelque chose, mais je ne l’entendis plus. Quelque chose essayait de me parvenir dans l’Aura. La pièce et les personnes autour de moi s’estompèrent, et je sentis alors la présence de Stuon. Lointaine. Faible. Mais il était là. Il essayait de me contacter, de me dire quelque chose. Je ne pouvais sentir de lui qu’un sentiment d’urgence, de l’inquiétude, de la peur pour moi. Puis… tout fut brutalement coupé. Le choc de cet arrêt et mon esprit qui revint d’un coup à l’instant présent manqua de me faire tomber par terre, et je dus m’appuyer à la table devant moi, cherchant mon souffle comme si j’avais couru des kilomètres.

- Six ? Demanda Immotist. Tu te sens pas bien ?

Non, je ne me sentais pas bien. Car même si c’était la première fois que j’expérimentais cela, je ne pouvais pas me tromper. Je ne savais pas pourquoi, je ne savais pas comment, mais j’étais sûre d’une chose : Stuon venait de mourir. Il avait disparu de l’Aura… à tout jamais. Cette certitude s’infiltra rapidement en moi comme un poison. Mes mains se mirent à trembler, et je commençai à voir trouble. Je me rendis compte quelque instants plus tard que c’étaient mes larmes qui rendaient ma vision ainsi.

- Six ? S’inquiéta Diplôtom. Qu’est-ce qui t’arrives ? Tu es souffrante ? Une affection humaine ?

- S… St… S…

Je n’arrivai pas à le dire. J’avais l’impression que le simple fait de le dire allait rendre la chose réelle. Pourtant, je savais que c’était le cas. C’était comme si l’Aura me l’avait crié dans les oreilles.

- Stuon… Stuon… Il est…

Je m’effondrai sur mes genoux en pleurs, sous les regards stupéfaits des Pokemon présents. Mais je me relevai presque aussitôt. Je n’avais pas le temps de pleurer, ni celui de leur expliquer. J’ouvris la porte à la volée et me précipitai dehors, en ignorant les questions et les cris de tout le monde. Sautant de toit en toit aussi haut et vite que jamais, j’atteignis la Citadelle et le Quartier G-Man en un temps record. Il avait l’air aussi calme que d’habitude. Aucun signe de bataille quelconque. Sans même prendre l’évidente assurance de me plonger dans l’Aura pour repérer les alentours, je me précipitai dans le manoir de Stuon.

En ouvrant la porte à la volée, je criai son nom, dans l’espoir fou qu’il serait dans son établit en train de peindre une de ses horreurs, et que tout ce que j’avais senti plus tôt ne venait que de mon imagination ou d’un bug quelconque de l’Aura. Mais Stuon n’était évidement pas là. Kashmel non plus. Il n’y avait que Furaïjin dans le jardin, qui me regarda me précipiter vers lui avec surprise et inquiétude.

- Six ? Que…

- Kashmel ?! L’interrompis-je. Où est Kashmel ?!

- Kashmel est sorti. Il s’est passé quelque chose de grave ?

Évidement, n’étant pas un G-Man, Furaïjin n’avait rien senti.

- Stuon ! Stuon est mort ! Kashmel est peut-être en danger lui aussi !

Le Pokemon resta immobile un instant, le visage indéchiffrable. Puis, comme s’il savait que je ne mentais pas ou que je ne délirais pas, il baissa la tête, les yeux emplis d’une profonde tristesse.

- Si ce que tu dis est vrai, alors Kashmel l’a forcément senti lui aussi. Il sera vite de retour.

- Mais il a peut-être besoin d’aide ! M’exclamai-je. Celui qui a tué Stuon peut…

- Kashmel n’était pas avec Stuon. Il sait ce qu’il doit faire dans ce genre de cas. Je sais que c’est dur, mais calme-toi.

Me calmer ? Il en avait des bonnes, lui ! J’avais l’esprit en ébullition, imaginant mille scénarios sur ce qui s’était passé, et mon corps ne semblait pas pouvoir s’arrêter, comme s’il brûlait d’envie d’aller venger Stuon, qui que soit son assassin. Pour tenter de me rassurer, je me plongeai dans l’Aura à la recherche de Kashmel. Il était bien là, et il arrivait. Quand il entra, il avait l’air d’avoir vieilli de dix ans de plus. Il était essoufflé, comme si lui aussi avait couru, et son visage ne pouvait que laisser entrevoir sa souffrance.

- Kashmel !

- Je sais, je sais… soupira le vieux G-Man. Je l’ai senti aussi.

Il s’avança dans le salon et s’assit lourdement dans le fauteuil. Je trouvai pourtant le moment très peu propice à s’installer confortablement.

- Qu’est-ce qu’on va faire ?

- On va respecter le plan. Qu’est-ce que tu veux que l’on fasse d’autre ? Répondit Kashmel, agacé. On a été trop loin et trop près pour arrêter maintenant.

- Vous ne pouvez pas faire comme si rien ne s’était passé !

- Stuon a voulu enquêter d’un peu trop près, et il s’est fait avoir. Notre alliance avec Lance a lieu demain. Qui que ce soit qui a fait le coup, il ne peut pas nous arrêter si on s’en tient à ce qu’on a prévu.

- Vous ignorez donc qui a tué Stuon ?

- Il ne me tenait pas un planning de ce qu’il faisait. J’ignore où il était et qui il a rencontré. Mais il n’a pas quitté le Quartier G-Man, ça c’est sûr. Ça nous laisse donc deux possibilités.

- Jugeros ! M’exclamai-je alors. Ou Lance.

- Jugeros, oui, c’est probable. Il enquête toujours dans le Quartier, et il a peut-être découvert quelque chose. Mais Lance, y’a aucune raison. Meika sait très bien que Stuon était avec moi.

- Un fidèle du Grand Maître alors ?

- Non… j’opterai pour un autre agent de l’Empire, qui se trouvait sur place, en dehors de Jugeros. Stuon avait commencé à enquêter sur lui depuis le bal chez les Irlesquo. C’est toi qui nous a mis la puce à l’oreille, d’ailleurs.

Je fronçai les sourcils, me demandant où il voulait en venir. Puis une image me vint en tête. Celle de ma mère, Mizulia, presque méconnaissable dans des habits G-Man. Un grand froid s’insinua lentement dans mon corps.

- Vous voulez dire…

- Oui. Lady Firenne Jastermine est bien ta mère déguisée. Stuon me l’a confirmé. Elle se trouve être une espionne de Scalpuraï. Nous avons choisi de ne pas te le dire pour ne pas te troubler, et gêner ainsi tes interactions avec les G-Man.

- Ma… ma mère est…

C’était absurde. Elle et moi avions passé notre vie à fuir les Nettoyeurs. Comment pouvait-elle travailler pour Scalpuraï ?!

- Je ne pense pas que Jugeros se serait permit d’éliminer un G-Man lui-même, et surtout sans procès, lui qui est un fana de sa propre justice, renchérit Kashmel. La probabilité que ta mère soit la responsable est assez élevée. Stuon a dû aller un peu trop au contact. Si Scalpuraï l’a envoyée là pour nous pister, et qu’elle a vu sa couverture être menacée…

Il ne finit pas sa phrase. Moi, je sentis mes griffes de G-Man de Félinferno s’enfoncer dans les paumes de mes poings serrés alors que la colère m’envahissait peu à peu. Plus que la colère même, c’était de la haine pure. Ma mère m’avait abandonnée quand j’avais dix ans, me laissant seule dans la bande à Immotist après l’avoir volée. Non contente d’avoir déjà pourri ma vie à ce moment, voilà qu’elle revenait pour tenter de me voler cette nouvelle vie que je commençais à me construire ? Cette vie dans laquelle Stuon aurait eu toute sa place ? Comment osait-elle ? COMMENT OSAIT-ELLE ?! Kashmel dut sentir ma colère, car il me prévint :

- Nous ne connaissons pas encore tous les éléments. N’agis pas bêtement. Il faut nous en tenir au plan pour le moment. Puis, je te le promet, Stuon sera vengé un jour ou l’autre.

Il se leva pour poser les mains sur mes épaules et me regarder dans les yeux.

- Tu m’entends, gamine ? Nous sommes si près du but ! Tu dois faire ce que je te dis. Retourne chez Immotist, et assure-toi que la rencontre de demain se déroule sans accroc.

- D…D’accord, fis-je.

Mais quand je fus sortie du manoir, pour la première fois, je décidai de désobéir à Kashmel. Je ne pouvais pas ignorer tout ça. Il fallait que je sache la vérité, ou je ne pourrai rien faire d’autre, ne penser à rien d’autre ! Alors, au lieu de quitter la Citadelle et de retourner dans la ville basse, je fondis dans la nuit du Quartier G-Man en direction du manoir Jastermine. Il n’y avait aucune lumière à l’intérieur. Sans me soucier du bruit, je défonçai la porte avec ma force G-Man.

Un rapide coup d’œil dans l’Aura m’appris qu’il n’y avait personne à l’intérieur. Tant pis. Ma mère avait peut-être laissé quelque chose qui pourrait m’informer. Qui pourrait confirmer ce que Kashmel m’avait dit. Je me mis à ouvrir tous les tiroirs, tous les meubles, à éventrer le lit et le canapé, à chercher partout. Je ne me souciai pas du bordel que je foutais partout, ni du bruit continuel qui auraient pu alerter les voisins. J’étais dans un état second, où l’envie d’agir avait largement prit le dessus sur ma réflexion et ma prudence naturelle. Mais je ne trouvai que de très anciens papiers et contrats de la famille Jastermine, rien qui n’indique une quelconque duplicité.

Pour autant, maintenant que j’étais à l’intérieur, je pouvais affirmer avec une certitude absolue que la soi-disant Firenne Jastermine était bel et bien Mizulia. Je sentais sa trace dans l’Aura, cette présence familière que j’avais longtemps connue et qui était restée avec moi les dix premières années de ma vie. Même si je n’ai jamais contrôlé l’Aura avant mon entraînement avec Kashmel, ma nature de G-Man avait été bien présente. Ainsi, j’avais toujours été capable de savoir quand ma mère était pas loin de moi, ou quand elle rentrait. Une sorte d’instinct, de sixième sens sans doute né de mon tâtonnement inconscient sur l’Aura. Maintenant que j’étais entraînée, je ne pouvais pas me tromper.

Alors que je détruisais copieusement le parquet pour voir s’il y avait quelque chose en dessous, une sensation soudaine de danger me paralysa. Je roulais sur le côté juste au moment où une lame surgit derrière moi et se planta au sol. Une présence venait d’apparaître derrière moi. Je ne l’avais pas sentie, comme si elle s’était dissimulée mentalement, mais à présent, ses intentions meurtrières étaient comme un roulement de tambour dans ma tête. Je fis un long saut en arrière jusqu’au plafond, sur lequel je pris appuis avec mes pieds pour me relancer sur mon agresseur.

Ce dernier avait lui aussi évité mon attaque en se mouvant avec une grande flexibilité. Et là je reconnus ma mère. Non pas Lady Firenne, mais bien l’humaine Mizulia, avec ses cheveux bleus ciel dont je me souvenais tant. Elle n’avait visiblement pas pris le temps de se déguiser pour venir jusqu’ici. Mais pour autant, elle était différente de la femme que j’avais connue. Ma mère avait toujours eu un visage fatigué, des habits miséreux et une gestuelle lente, comme fataliste. Là, je découvrais une jeune femme portant une combinaison noire et souple, aux gestes précis et mortels, qui tenait un long poignard dans sa main. Et ses yeux brillaient d’une lueur clairement pas fatiguée. Quand elle me reconnut, elle abaissa sensiblement son couteau, avant de le relever et de me sourire avec ironie.

- Ah, mais c’est ma petite souris de Six.

Petite souris… Oui, c’était ainsi que ma mère m’appelait souvent, parce que j’étais petite et fine, et toujours prompte à me dissimuler dans un endroit sombre et étroit, où je me sentais en sécurité. Mizulia m’observa attentivement.

- Tes yeux ont changé, fit-elle enfin. Tu ferais presque peur, dis-moi…

- MIZULIAAAA !

Enragée, je laissai les flammes envahir mon corps, avant de bondir d’un coup. Je fis sortir mes griffes au maximum. Je les imprégnais d’énergie spectrale pour Griffe-Ombre, mais aussi de feu. Là, tout de suite, je ne me souciais plus des questions que j’aurai voulu poser à ma mère. Je voulais juste la trancher. C’était elle, la responsable de tous mes malheurs. Elle qui m’avait fait naître comme G-Man illégale, me condamnant à une vie de peur et de fuite. Elle qui m’avait abandonné à Immotist, en prenant bien soin de le mettre très en colère avant. Et enfin elle qui m’avait pris Stuon, et qui pour une raison encore inconnue, s’était associée à l’Empire pour contrer Kashmel.

Elle ne m’avait jamais aimée. Elle m’avait même fait savoir, plus d’une fois, que je n’étais qu’un fardeau pour elle, et qu’elle avait regretté plus d’une fois de m’avoir donné la vie. Même quand on devait lutter pour avoir de quoi manger, c’était chacun pour soi. Jamais elle ne m’aurait donné sa part, même si j’étais en train de mourir de faim. La seule chose qu’elle m’avait apprise, c’était de me méfier de tout le monde, car tout le monde était un traître potentiel. Et pour parfaire mon éducation à ce sujet, elle m’avait trahi elle-même. Je m’en étais toujours un peu douté, mais à la voir désormais habillée comme un assassin, à la solde de l’Empire, j’en avais la certitude : ma mère était une mauvaise personne, et elle n’allait manquer à personne si elle mourrait… et certainement pas à moi.

Mizulia bloqua mon attaque avec son long couteau, qui se brisa net sous l’effet de mes griffes. Avec un claquement de langue agacé, elle fit un salto arrière en ne manquant pas de me donner un coup de pied sous le menton au passage. J’enveloppais tout mon corps de mes flammes pour me jeter sur elle à toute vitesse, comme le voulait l’attaque Boutefeu. Mais elle m’échappa une nouvelle fois, en sautant au dessus de moi avec une souplesse que je n’avais jamais vue. C’était une simple humaine ! Comment pouvait-elle faire des choses pareilles ?

- C’est une bien mauvaise façon de dire bonjour à sa mère après quatre ans de séparation, commenta Mizulia. Tu m’en veux encore pour mon départ ? Si je n’étais pas partie à ce moment, Scalpuraï aurait fini par mettre la main sur toi. C’est parce que j’ai quitté la capitale qu’il m’a poursuivit au dehors.

- Arrête de te fiche de moi ! Lui criai-je. Tu travailles pour Scalpuraï !

- Je ne le nie pas, mais si tu arrêtais de crier et que tu voulais bien m’écouter…

Mais je n’avais pas envie de l’écouter. Toutes ses paroles étaient du poison. Elle n’avait fait que me mentir et me blesser, toute sa vie durant.

- Tu vas payer pour Stuon ! Je le jure !

Mizulia parut un instant surprise par cette déclaration, mais esquiva en catastrophe quand je lançai ma Nitrocharge, mettant au passage encore plus le feu au manoir, qui commençait à s’écrouler.

- Qu’est-ce que tu veux dire ? Me demanda ma mère en se tenant à distance. Qu’est-il arrivé à ce crétin ?

- ARRETE DE TE FICHE DE MOI, J’AI DIT !

Dans une dernière tentative pour l’attraper, encore plus désordonnée et irréfléchie que les autres, je me reçus le lustre du salon sur le corps, et Mizulia se positionna sur moi, en me paralysant totalement les membres. J’aurai pu bien évidement m’échapper avec mes flammes, mais elle m’avait aussi entravé le cou et me dit :

- Un seul geste, et je te brise le cou. Ne doute pas sur ma capacité à le faire ; j’en ai brisés plus d’un, et des plus épais que le tien. Maintenant, tu te calmes, et tu me réponds. Que se passe-t-il, bon sang ? C’est Stuon qui t’a informé à mon sujet ? Il devait ne rien dire avant que mon maître ne passe à l’action contre Kashmel et Lance demain !

- Tu le sais très bien ! Répondis-je avec hargne. Stuon en avait un peu trop trouvé sur toi, et tu l’as fais disparaître ! Il avait beau être un G-Man, il était un homme mille fois plus bon et honnête que toi, sale pute !

Si j’avais espéré mettre Mizulia en colère, j’en fus pour le moins déçu.

- Je vois… Stuon Jarminal est mort ? Et tu crois que c’est moi qui ai fait le coup ? Toujours aussi naïve, ma pauvre petite souris…

- Qui d’autre que toi aurait…

- Stuon travaillait pour moi, idiote, coupa Mizulia. C’est lui qui m’a informé des projets de Kashmel, et de sa réunion avec Meika Irlesquo demain. Il m’avait dit ce matin même qu’il allait continuer à fouiner sur Lance aujourd’hui. Apparement, il a été fouiner un peu trop loin… Tsss, pauvre crétin.

Je ne comprenais plus rien. Ce que disait Mizulia n’avait aucun sens. Stuon, un espion de ma mère ? Ridicule. Mais alors, comment connaissait-elle la date de la rencontre entre Kashmel et Meika ?

- J’imagine que c’est Kashmel qui t’a dit que c’était moi qui l’avait tué ? Poursuivit-elle. Tu devrais plutôt regarder dans son placard à lui. Selon Stuon, il était lié à Lance bien avant que tu le mette en contact avec Meika. C’est Lance qui a tué Stuon Jarminal. Et si ce n’est pas Meika elle-même, c’est sans doute Kashmel.

- MENSONGES ! Kashmel et Stuon sont comme deux frères !

- Kashmel Irlesquo n’hésite pas à se débarrasser de quiconque met en péril son projet. Il l’a fait avec Sareim, comme le suspectait Stuon. Il l’a fait avec lui, et il le fera avec toi. C’est pour cela que Stuon m’a tout dit quand il a su qui j’étais… et qui tu étais toi. Il se doutait que ça finirait mal pour toi une fois que Kashmel n’aurait plus besoin de tes services.

- C’est… ce n’est pas vrai, ne pus-je que dire. Kashmel… Il se soucie bien plus de moi que tu ne l’as jamais fait !

- Tu crois que j’aurais trahi mon maître en ne te remettant pas à lui à ta naissance si j’en avais eu rien à foutre de toi, fille ingrate ? Tu es une G-Man, non ? Tu n’as pas un petit tour pour voir si je dis la vérité ou non avec l’Aura ?

- Je n’en ai pas besoin ! Tout ce que tu dis n’a aucun sens. Et si tu t’es vendue à Scalpuraï, alors tu es naturellement mon ennemie !

Mizulia ricana.

- Tu n’écoutes pas, ou tu es débile ? Je ne me suis pas vendue à Maître Scalpuraï. Je le sers depuis toujours, depuis bien avant ta naissance. J’étais une pièce maîtresse dans son projet d’annihiler à jamais l’Ordre G-Man. Et je le suis redevenue. Tu vas le devenir aussi.

- Jamais !

- Kashmel t’a manipulée, et l’Ordre G-Man ne mérite pas d’être sauvé. Si je t’ai bien enseigné une chose, c’est la survie. Et si tu veux vivre, tu vas nous aider, mon maître et moi, à éradiquer ces vermines G-Man.

Je ne pouvais pas lui cracher dessus à cause de la façon dont elle me tenait, c’était dommage. À la place, je lui dis en termes très colorés - que je tenais de Kashmel - une façon d’aller se faire voir. Mizulia eut une moue qui aurait pu vouloir signifier un haussement d’épaules.

- C’est comme tu voudras. Mais que tu vives ou que tu meures, tu nous aideras. Maintenant que je te tiens, tu vas enfin servir à ce pour quoi tu étais destinée en venant au monde. Je vais t’amener à mon maître, et si je ne me trompe pas, tu seras présentée à Sa Majesté l’Empereur lui-même. Profite de ce grand honneur, petite souris.

Elle leva alors le bras, et du tranchant de la main, elle me donna un coup précis juste en dessous du crâne qui me fit perdre connaissance.