Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Disaster Squad de Rodstar



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Rodstar - Voir le profil
» Créé le 15/05/2018 à 20:43
» Dernière mise à jour le 20/06/2018 à 23:57

» Mots-clés :   Action   Sinnoh   Slice of life

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Chapitre 10 : Cloche-pied
« Sauf ton respect Alexandre, je proteste clairement ! cria Léanne, toujours énervée.
- Tu peux protester autant que tu veux, répondit son chef, mais mis à part Davin et Victor, vous êtes tous au placard pour un bout de temps, surtout après cette démonstration. Profitez-en pour réfléchir à la raison pour laquelle je vous ai tenu éloigné des affaires criminelles. Et sur la nécessité de vous protéger en priorité, fit-il en fixant Arica, qui n'en menait pas large. Et sur la notion de travail d'équipe. »

Cette dernière remarque, dirigée envers Nathaëlle, lui fit faire de gros yeux énervés. Elle ouvrit la bouche pour répliquer mais Alexandre leva la main, coupant court à toute protestation.

« Bref, mis à part le rendez-vous à Floraville et les affaires courantes qui seront gérées par les pôles judiciaires et pension jusqu'à nouvel ordre, vous êtes en vacances de Disaster Squad. Je vais rester dans les locaux pour aider ces prochains jours. Ce n'est même pas la peine de vous dire que les supérieurs ne sont pas ravis des initiatives irréfléchies que vous avez prises. »

Les six soupirèrent et prirent la sortie, chacun repartant dans des directions différentes et aucun n'ayant envie de parler aux autres. Alexandre regarda son Coatox, qui déchargeait une nouvelle pile de formulaire sur le bureau, et Spiritomb qui se posa dessus en bon presse-papier. Il soupira : la semaine allait être longue.

~~~
Le lendemain, Victor se retrouva à travaille en tête à tête avec son chef. Suite à leur intervention improvisée de la veille, beaucoup de paperasse leur était tombé dessus et ils ne seraient pas trop de deux pour tout traiter, surtout que Victor était toujours bien embêté par son bras invalide, immobilisé jusqu'à la fin de la semaine au minimum. Le duo trouve cependant le moyen de discuter un peu entre quelques taches.

« Pourquoi Davin et moi sommes les seuls à ne pas avoir été punis ? demanda le blond aux cheveux courts à un moment.
- Vous êtes les deux à avoir suivi les ordres du mieux que vous pouviez. Davin a géré le dialogue ici malgré ses problèmes de communication. Et tu as fait de ton mieux pour protéger les deux autres.
- Je vois... Mais du coup, je peux comprendre pour Léanne et Arica, mais Sulian et Nathanaëlle ?
- Sulian n'a pas eu les bonnes réactions. Il aurait dû attendre les autres Rangers au lieu de partir en premier sans ordres, ce n'est pas la première fois en plus, de ce que m'ont dit ses supérieurs. Quant à mademoiselle Jones... Tu n'as pas vu la bataille rangée que c'était. Elle a besoin de comprendre que même dans les mauvaises décisions, vous restez une équipe et qu'il faut aider les autres en cas de crise, pas les culpabiliser. »

Ils se replongèrent dans leur travail, Victor un peu plus gêné encore. Il reprit quelques minutes plus tard.

« On a tant foiré que ça ? Il n'y a pas eu de blessé grave, et les braconniers ont été arrêtés, non ? Pis' on a quasiment tout réparé, t'aurais vu Arica, j'en suis encore sur le cul !
- Arica devient totalement folle quand on parle de ruines, soupira le chef. J'ai bien compris qu'elle avait plus ou moins réglé le problème final à elle toute seule, mais son départ était scandaleux. En vrai, tout s'est plutôt bien goupillé, mais le tunnel va rester fermé un moment, attirant sur nous l'ire des Farbes les plus virulents.
- Attends, me dit pas que notre mise à pied c'est une manière de faire plaisir à des noblouillards ?!
- Officiellement non. Officieusement, les Jenny n'ont pas réussi à choper tous les criminels, il est donc facile de reporter une partie de la faute sur nous, en tant que soupape de sécurité pour leur réputation. J'en profite pour remettre un coup sur la sécurité vu que certains se permettaient un peu trop de choses.
- Je ne vais rien dire parce que sinon je vais m'énerver, mais mince, quoi ! En parlant d'énervement, ça s'est fini comment avec Léanne ?
- Comme on aurait pu s'y attendre, elle a crié, a voulu quitter la Disaster Squad et a fini en larmes. C'était particulièrement gênant, geignit Alexandre.
- Oulah... Je ne la pensais pas si émotive. Grande gueule et irrévérencieuse, pas de problèmes, mais aller jusque là...
- Disons qu'elle a du mal à supporter son impuissance en cas de problèmes grave et que ça se sent dans ses réactions. »

L'alolien allait demander des précisions mais son supérieur secoua la tête en se mordant les lèvres, lui faisant comprendre qu'il en avait déjà trop dit. Ils finirent la journée sans échanger une parole de plus que nécessaire.

~~~
« Allo Léanne, c'est Sylvie, j'ai bien compris que tu avais posé quelques jours de vacances et que tu n'avais pas envie de voir grand monde, mais dès que tu iras mieux, n'hésite pas à m'appeler qu'on se fasse un café ou un ciné ! Bonne journée ! »

La rousse soupira en clignant des yeux. Déjà trois jours depuis le fiasco. Elle ouvrit enfin les stores de sa chambre, laissant entrer la lumière. Elle attrapa un sac poubelle et fourra dedans les emballages de nouilles instantanées qui traînaient autour de son lit, ainsi que les bouteilles de boissons énergisantes vides qui trônaient sur sa commode, entourant le couffin de Toudou et la coupe qui prenait la poussière. Regardant le trophée, la médecin fronça les sourcils. Elle n'avait pas annulé ses raids, son travail et ses appels vers sa famille pour déprimer. Non, elle avait passé trois jours bien remplis, à défaut d'être bons pour sa santé.

Quand elle sortit de sa chambre, ses Pokémon se pressèrent autour d'elle. Ils avaient un peu l'habitude, mais vivre en quasi autarcie pendant autant de temps restait stressant pour eux. Ils n'avaient vu leur Dresseuse que quelques fois ces derniers jours : quand elle allait prendre une douche, se faire à manger ou quand elle sortait pour acheter des livres qu'ils n'arrivaient pas à déchiffrer. Nanméouïe montra à l'humaine le "classeur des trucs à faire" avec un air réprobateur. Il reçu comme réponse quelques tapes et caresses sur la tête, ce qui ne le rassura pas. Léanne s'enferma dans la salle de bain.

Elle se regarda dans son miroir. Elle avait les traits tirés, ses longs cheveux étaient filasses, gras et pleins de nœuds. Ils étaient tellement emmêlés qu'ils s'arrêtaient à ses épaules, au lieu du milieu de son dos. Les poches sous ses yeux montraient à quel point elle avait besoin d'une bonne nuit de sommeil complète et pas à psychoter. Mais tout d'abord, douche !

Elle s'habilla avec de vieux habits de sport, qu'elle n'avait pas mis depuis longtemps. Le passage du peigne lui arracha plusieurs grognements sur des nœuds récalcitrants. Au moment d'attacher ses cheveux, elle regarda son présentoir à chouchous. Il y en avait sept : un par jour et une couleur de l'arc-en-ciel chacun. Secouant la tête, elle ouvrit un placard et y rangea le matériel, pour en sortir une nouvelle attache. Ce chouchou là était plus épais que les autres, maintenait mieux sa chevelure et était composé de trois bandes de couleur : une noire, une blanche et une arc-en ciel qui formaient une petite spirale. Il se sécurisait en plus avec une petite pince, qui portait les armoiries de sa famille.

« Allez les affreux, on a rendez-vous ! »

Ses Pokémon la regardèrent comme si elle était folle quand elle débarqua dans le salon, habillée comme pour aller faire un jogging. Son sourire forcé n'était pas plus rassurant. Mais c'était elle la Dresseuse, donc ils suivirent.

~~~
Le même jour, Arica mangeait avec des amies, en pleine sortie pour décompresser. Le professeur Tecktel se fichait bien de ses problèmes avec la Disaster Squad en vrai, et elle en était bien contente. Mais son statut de fusible sur siège éjectable commençait à lui peser, surtout quand elle était enterrée sous le travail urgent. D'où le shopping. Alors qu'elle allait mordre dans son burger végétarien, elle leva les yeux vers la télé et s'arrêta.

« Suite à leur arrestation, les braconniers ont révélé appartenir à une plus grande organisation qui a déjà été active dans plusieurs autres Régions, notamment Kalos et Unys. C'est la première fois qu'on les voit actifs à Sinnoh, mais leur implantation est peut-être plus ancrée qu'anticipée. Quoiqu'il en soit, le Tunnel Ruinemaniac restera fermé pendant plusieurs mois, le temps pour les travaux de restauration de l'entrée de la crypte de l'annexe des Ruines Bonville d'être terminés. L'agressivité des Zarbi ponctuation, de retour après leur disparition il y a un peu moins d'un décennie n'aidant assurément pas. »

Des images de poings d'énergie poursuivant des travailleurs suivirent, provoquant un cri de surprise étouffé chez Arica. Ses propres Zarbi, jamais très loin se demandaient ce qu'il se passait. La brune aux cheveux raides était limite honteuse, mais quand même contente que tout se soit bien terminé. Elle avait bien compris les reproches qu'on lui faisait, mais elle n'allait pas mettre ses convictions de côté. Protéger les éléments historiques de Sinnoh était et serait toujours sa priorité, pas devant la sécurité des personnes, bien sûr, mais certainement devant la sienne.

« Ca va Arica ? T'as l'air d'avoir envie de tuer quelqu'un, demanda une de ses amies. Et puis tu n'as pas encore touché à ton repas.
- Non, tout va bien, je réfléchissais. » répondit-elle en mâchonnant enfin son burger.

~~~
« Donc t'avais tellement les foies que t'as rien fait et donc tu t'es pas fait engueuler ? s'enquit Bastien, l'air compréhensif.
- Ouais, je suis pathétique, souffla Davin en portant des sacs de nourriture.
- Un grand gaillard comme toi ?
- Oui. Et arrête de me taquiner là-dessus, s'il te plaît.
- Désolé, désolé. Mais d'un autre côté j'aurais fait pareil, voire pire. C'était une situation difficile et tu n'as rien eu pour t'y préparer. En tout cas plus t'en parle, plus j'ai envie de connaître tes collègues, ricana le nouveau meilleur ami de l'unysien.
- Arrête, ce sont des démones, je t'assure ! J'ai cru qu'elles allaient nous faire une démonstration de catch ! Avec le mobilier en dommage collatéral ! »

Les deux rirent de bon cœur, observés par leurs Pokémon, qui les aidaient à remplir les mangeoires des résidents de la Pension. Davin aidait Bastien avec son propre organisme ce jour-là. De nombreux vieux Pokémon les entouraient donc. C'était une coïncidence plutôt drôle : si l'unysien s'occupait de remettre les bébés Pokémon dans leurs milieux naturels, son ami était spécialisé dans l'entretien et la préservation de vieux Pokémon trop faibles pour la vie sauvage. En discutant, ils s'étaient rendus compte que leurs travaux étaient semblables et Davin avait donc porté l'idée d'un parrainage comme test devant l'ORB. Ce qui expliquait le fait qu'ils partageaient beaucoup de temps ensemble maintenant, même professionnellement.

« Mais du coup, tu ne te sens pas trop en retrait ? demanda Bastien, curieux.
- Non, pas trop, ma place est dans l'après-crise. Ici, les Pokémon braconnés ont été pris en charge par les Jenny, les Zarbi ne veulent pas nous voir, je ne vais pas aller chercher le bâton pour aller me faire battre.
- Oh je vois... Mais t'es quand même allé aider sur le terrain, non ?
- Ouais, en support de Léanne. Chacun sa tâche, chacun son périmètre d'expertise. J'irai pas dire au petit machin comment utiliser son bidule et je n’attends pas qu'il m'apprenne comment m'occuper des Pokémon, quoi. »

Son interlocuteur hocha la tête, convaincu. Son Draieul passa, portant d’autres sacs de nourriture qu’il allait déposer dans la réserve, gardée par d’autres vieux Pokémon Dragon caractériels.

~~~
« Je t'en ficherai moi des "On t'avait bien dit que ça t'apporterait des problèmes". Ok, j'étais pas au max, mais j'ai fait de mon mieux, pas vrai ? »

Taupiqueur regarda son Dresseur avant de tourner sur lui-même et de s'affaisser un peu. Sulian soupira et reporta son attention sur Baudrive. Le ballon de baudruche volait ça et là, impassible, ignorant totalement ce qui se passait autour de lui. Le Ranger aurait aimé être comme lui. Après sa participation à "l'opération tunnel" sans tenir compte des ordres de ses supérieurs, il avait été plus ou moins mis à l’arrêt et s'ennuyait à la Base de Charbourg depuis le début de la semaine. Il s'entraînait beaucoup, certes, avait failli gagner à la course contre Doduo même, mais il n'empêche que le terrain lui manquait.

Il se déplaça de sa chambre à la bibliothèque. Il lut un peu. Très vite le livre ne l'intéressa plus. Il décida d'aller aider Annella, qui lui signala qu'à cause de sa mise à pied, il n'avait pas le droit. Une giboulée avait commencé, l'empêchant d'aller faire un footing. Il n'avait pas envie d'attendre un bus pour aller dans une plus grande ville, tout seul ça serait limité de toutes manières. Ouais, c'était vraiment une journée pourrie. Il décida de déambuler dans la Base, à la recherche de quelque chose à faire.

Ses pas le menèrent donc vers un bâtiment qu'il évitait depuis qu'il avait été assigné à Charbourg pour la surveillance de ces maudits Souterrains. La Tour, comme les Rangers l'appelaient. Une annexe d'une base obligatoire à Sinnoh, un immense perchoir couvert, disposant d'une piste de décollage et d'une piste d'atterrissage. La demeure des Etouraptor, l'un des Pokémon préféré de Sulian. Le lieu où il aurait dû passer la plupart de son temps s'il avait eu plus de chance. Ou s'il avait accepté son destin et n'avait pas cherché à brûler les étapes.

Après avoir monté plusieurs volées de marches et ouvert une trappe, Sulian arriva enfin dans la zone réservée aux soins des rapaces. C'était une pièce très haute de plafond, parsemée de perchoirs et d'alcôves pour que les Etouraptor dressés puissent rester dormir. Comme on était en pleine journée, l'endroit était plutôt désert et les pistes de décollage sur le côté laissaient passer un courant d'air bienvenu. Le Ranger, plutôt content, sortit Baudrive et s'installa contre un mur et regarda le ballet aérien des oiseaux à travers les ouvertures.

« Hey, salut ! Je te connais pas, t'es nouveau ? »

Il avait commencé à somnoler et une voix l'avait réveillé, en sursaut, Baudrive partant comme un bouchon de champagne de ses genoux vers le plafond. Sulian se redressa prestement, étonné de voir un Ranger en uniforme en face de lui. Il plissa les yeux en voyant le gant de cuir qui remontait quasiment jusqu'au coude sur le bras droit du nouvel arrivant.

« Oh bonjour. Je m'appelle Sulian. Je suis un Ranger de Grade Trois là depuis ... un peu plus d'un an déjà.
- Oh, le Sulian Silverser ?! Les autres parlent de toi comme d'une boule de nerfs à ne pas approcher, mais t'as l'air sympa en vrai !
- Ahem... Ouais. Bon j'vais pas te déranger plus souvent euuuuh...
- Aloïc. Aloïc Hano. Je suis... oui bon tu le sais déjà.
- Ouais. A plus ! fit Sulian, gêné, avant de se retourner, quand l'autre Ranger lui attrapa le bras.
- Attend ! Je sais que t'aime bien les oiseaux, t'aurais certainement plein de choses à m'apprendre !
- ...non. T'es bien plus doué que moi. Excuse moi, je dois y aller. »

Il dévala les escaliers, suivi par son Pokémon qui agita ses fils pour dire au revoir à Aloïc qui les regarda partir, un peu déçu. Sulian avait sa grimace des mauvais jours, il ne dit même pas bonsoir à Annella en passant par l'accueil, au grand étonnement de cette dernière, et retourna directement dans sa chambre. Il sortit Doduo et Taupiqueur, dans le bac à sable qu'il gardait spécialement pour ce dernier. Ses Pokémon se pressèrent autour de lui, sentant bien que ça n'allait pas fort.

« Il est super sympa. C'est même pas un gros con, comment je pourrais lui en vouloir. Il est certainement super bon pour le job. Et moi je suis encore à gamberger parce qu'on m'a un peu disputé, bordel ! »

Le ballon de baudruche et la petite taupe se regardèrent, peu rassurés par les larmes de rage de leur Dresseur. Les deux têtes de l'oiseau sans ailes semblaient en pleine réflexion puis vinrent se poser chacune sur un genou de leur maître qui les caressa un peu en reniflant.

~~~
« Allô maman ? Oui je vais bien, je suis à Floraville pour le boulot. Non, bien sûr que non que je ne vais pas décaler notre repas hebdomadaire, je sais que tu fais attention et que tu fais tes courses exprès. Juste, est-ce que tu veux que je te prenne du terreau pour tes plantes au passage ? Ok, le même que d'habitude ? Oui, ça va, quelques ... péripéties au travail ces derniers jours. Ah, tu as vu. C'est passé aux infos oui. Tout s'est bien résolu, oui. Euh... oui mes collègues vont bien. Ecoute on en reparle ce soir. Bises à Siméon. C'est ça, bonne journée ! »

Nathanaëlle ferma son téléphone, un air concerné sur le visage. Voilà que même ses parents s'inquiétaient pour des gens auxquels elle ne prêtait pas plus d'attention que nécessaire. Tant que le travail était fait correctement et selon le cadre prévu, elle n'avait rien à dire et ne voulait pas avoir à faire plus que nécessaire avec d'autres personnes. C'était aussi simple que ça pourtant. Elle réservait ses rares effusions affectives à ses parents et à ses Pokémon. La blonde se regarda dans le miroir de son poudrier : presque la trentaine, elle respirait la maturité et la prestance. Ce n'est pas qu'elle était orgueilleuse : elle savait ce qu'elle valait. C'est pour cela que les remontrances quant à son "manque d'esprit d'équipe" la rendaient totalement indifférente. Sauf quand elles étaient faites en public.

Et donc, une mission en solo ne lui déplaisait en aucun cas. C'était même l'environnement parfait pour elle, et Alexandre l'avait bien compris. Ses empêchements ce jour-là l'avaient forcé à lever la mise à pied de "Mademoiselle Jones" un jour ouvré plus tôt. Ca faisait maintenant une semaine pile poil depuis le "fiasco du tunnel" et elle n'avait revu aucun des autres membres de la Disaster Squad. Elle savait qu'il y avait eu des rencontres, Victor l'avait même contactée la veille, pour prendre un café. Elle avait poliment décliné. Pas son style. Et puis c'était le même soir que son cours de self-défense. Xatu, qui lévitait à côté d'elle tourna la tête et la dévisagea.

« Tu sais très bien que ce n'est pas aussi simple. Des prédictions pour aujourd'hui à part ça ? »

L'oiseau psychique ferma les yeux et secoua la tête. Nathanaëlle grimaça. D'habitude son Pokémon était plutôt clair avec elle. Il pouvait voir grossièrement le futur. Qu'il réagisse comme ça voulait dire qu'il risquait d'y avoir des imprévus. Elle tâta rapidement la poche de sa veste et continua, rassurée, sentant ses Pokéball. Elle devait aller inspecter le champs de fleurs de ville, après avoir signé beaucoup de paperasse avec la mairie ce matin-là. Elle était attendue, tout avait été préparé, il n'y avait aucune raison pour qu'il y ait un imprévu, pas vrai ? En regardant son premier Pokémon, elle vit que ce dernier traçait des lignes dans les fleurs au moyens de ses pouvoirs psychiques.

« Stressé, Xatu ? Tu veux rentrer ? »

Sa demande fut reçue par un cri rauque qui la fit sursauter. Cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas entendu son Pokémon lui répondre par un son. D'habitude c'est un contact mental diffus qui lui donnait des indications sur les demandes de son Pokémon. Franchement inquiète, elle s'arrêta et sortit Rubombelle qui bourdonna d'aise en voletant de fleur en fleur, ravie d'être dans ce cadre magnifique pour un membre de son espèce. Elle s'arrêta cependant soudainement et revint vers sa Dresseuse, en bourdonnant de manière paniquée. Maintenant certaine que quelque chose de louche se tramait dans les environs, Nathanaëlle sortit une paire de baskets de son sac et retira ses bottines. Elle fronça les sourcils et se mit à suivre les traces laissées par son Pokémon Psy, encouragée par Rubombelle.

Elle passa dans un bosquet, hésita un peu en entendant du bruit, mais se décida à envoyer quelques SMS, tout en restant baissée et en écoutant. Elle entendait des ordres, des bourdonnements et des bruits de métal. Sachant un peu trop bien ce que ça pouvait être, elle sortit des fourrés, entourée de ses Pokémon et se plaça bien en vue des braconniers, qui entassaient des cages dans une fourgonnette. Dedans, de nombreux Pokémon des environs : Apitrini, Cheniti, Ceribou, Scarhino et même quelques Goinfrex.

« Oh, donc c'est vous, dit-elle, pas du tout surprise.
- Ouais c'est nous ma petite dame. Et vous allez gentiment nous oublier, répondit un des gars à la mine patibulaire, un Sépiatroce à ses côtés.
- Je ne crois pas, non. » marmonna la blonde, en levant un bras, laissant Xatu passer devant elle.

~~~
Samedi matin, locaux de la Disaster Squad d'Unionpolis. La mise à pied venait enfin d'être levée et c'était à Léanne et Victor d'être de permanence. Les deux avaient le regard las, et les pitreries de Toudoudou et d'Araqua ne parvenaient pas à les dérider. Il y avait de quoi : Alexandre et Nathanaëlle avaient été convoqués au poste de police de Floraville pour la journée. Les exploits de la veille de leur collègue avaient fait parler d'eux.

« Elle a arrêté le braconnage de toute une troupe à elle toute seule, j'y crois pas, soupira Léanne.
- Voilà, j'ai récupéré les rapports disponibles des Jenny. Voyons voir ça... Wow en effet, tous en fuite, laissant tous les Pokémon captifs sur place. Elle a même appelé les services de la Pension de Bonville pour les prendre en charge ensuite et vérifier qu'il n'y aurait pas de problèmes. Elle est ... impressionnante. »

La médecin fronçait les sourcils, un pli barrant son front en lisant les documents. Quand les forces de justice avaient débarqué sur les lieux, rameutées par Alexandre, et par l'héroïne du jour, ils n'avaient trouvé qu'une sorte de clairière en état de délabrement post-apocalyptique. Elle était remplie de matière gluante et de pollen qui avaient provoqué de violentes réactions allergiques chez certains membres des forces de l'ordre.

« C'est étrange, fit Léanne.
- Qu'est-ce qui est étrange ? Qu'elle ait pu repérer ces braconniers comme ça alors qu'ils n'étaient pas sur sa route, ou qu'elle ait pu les faire fuir ?
- Qu'elle ait pu les faire fuir ça ne m'étonne pas. Je suis médecin pour des Dresseurs professionnels et j'ai bien vu que son Xatu est plus entraîné que la plupart de nos Pokémon. Non, ce qui m'étonne c'est qu'elle n'en ait capturé aucun, malgré ce qui semble être des méthodes d'immobilisation de cible de pointe. »

Victor resta la bouche ouverte à regarder sa collègue, qui semblait on ne peut plus sérieuse. Il se reporta sur les papiers, tentant d'oublier ce qu'il venait d'entendre. Léanne, elle, regardait le bureau de Nathanaëlle, parfaitement rangé en plissant encore plus les yeux. Avec une moue peu satisfaite elle envoya un SMS à Arica, lui proposant un café ce soir-là. Elle tirerait tout ça au clair plus tard.