Disaster Squad de Rodstar

Léanne et Victor se regardaient en chiens de faïence. Il ne restait plus qu'une capsule de café, et chacun voulait voir l'autre craquer afin que ça soit lui qui aille en réclamer à l'étage du dessus. Ce fut finalement le métabolisme moins dépendant de la rousse qui remporta le duel, alors que son collègue traînait des pieds dans les escaliers. Avec un sourire satisfait, la médecin se replongea dans sa revue scientifique.

Il ne fallait pas lui en vouloir de ne pas être le nez dans des formulaires : elle n'avait pas grand chose à faire ce matin là et Victor n'avait pas de travail à partager. Elle profitait donc de sa permanence pour se tenir au courant des dernières avancées médicales. Elle n'allait pas allumer un jeu pendant ses heures de travail, du moins pas un en équipe, c'est clair. En consultant son planning, elle se rendit compte qu'elle aurait peut-être une ou deux visites de suivi plus tard dans la matinée, des Dresseurs professionnels dont elle s'était occupé un jour à l'hôpital et qui revenaient vers elle régulièrement. Son statut de service externe lui permettait d'avoir ces "clients" en quelque sorte, ce qui attisait régulièrement des jalousies.

Pour le moment, tout était très calme. Cela faisait maintenant trois semaines que la Disaster Squad était lancée, leur documentation était en cours de validation par les instances dirigeantes et un petit rythme plan-plan s'était installé. Ils en avaient profité pour discuter et apprendre à se connaître, vu que les journées de permanence étaient plutôt longues. Mis à part Nathanaëlle, qui restait totalement stoïque et Davin, qui ne parlait vraiment qu'à Léanne et Victor, le groupe s'était plutôt trouvé et s'amusait bien, dans l'ensemble.

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« - Et donc les fondations de Joliberges ont été réalisées selon cette méthode pour éviter quel problème que ce soit avec son sous-sol instable. Des questions ? »

Arica faisait de son mieux pour suivre mais piquait dangereusement du nez. Cette conférence était soporifique et elle était restée éveillée bien tard la veille pour finir des rapports et pour ses activités ... hors programme. Bref, elle était crevée et honnêtement, elle se fichait bien de la composition en minéraux du sol de Sinnoh-Ouest. Mais ça pourrait servir un jour pour la Disaster Squad, du coup elle faisait de son mieux. D'autant plus qu'elle s'était faite remarquer par son long soupir lors de la présentation du plan de la conférence.

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« - Ils sont sympas, mais ils sont oppressants, tu vois ? Limite je me sens mieux avec la coincée qui décoche trois ordres dans la journée, marmonna Davin.
- Oui, je vois ce que tu veux dire, t'as l'impression d'être obligé d'appartenir au groupe dans son ensemble et c'est trop rapide pour toi ? répondit Bastien, son voisin et collègue.
- Exactement... Mais bon j'en ai marre de passer pour le casseur d'ambiance de service.
- Essaye de faire une sortie un coup avec l'un des deux avec lesquels tu arrives à discuter ! Ça te permettra de te mettre plus en confiance.
- Ouais, j'vais faire ça... »

Les deux Eleveurs regardaient le petit parc où bébés Pokémon et d'autres, portant le poids de l'âge sur leurs épaules, jouaient. Une journée reposante s'annonçait pour les deux : les températures s'étaient adoucies et ils pouvaient enfin faire sortir les Pokémon les plus fragiles sans risque pour leur santé. Les deux en profitaient pour discuter un peu de tout et de rien.

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Les deux bloqués dans leur bureau sursautèrent et se regardèrent. Le téléphone d'urgence et celui de la permanence venaient de sonner en même temps. En haussant les épaules chacun en décrocha un. Ils arrivèrent même à coordonner leurs "Disaster Squad de Sinnoh, bonjour !" En quelques secondes, ils perdirent leurs sourires avant de raccrocher quasiment simultanément, une fois encore. Léanne attrapait son manteau quand Victor l'interrompit.

« - C'était quoi, toi ? Urgence grave ?
- Ouais, c'était Nathanaëlle, un problème migratoire à l'ouest d'Unionpolis. Et toi ?
- Verchamps, problème avec la reconstruction, ils veulent me voir tout de suite... On va pas laisser les bureaux sans surveillance, quand même ?
- T'en fais pas, j'ai envoyé un message à Alexandre, il rapplique pour prendre la coordination ici, on peut y aller ! »

Abandonnant formulaires, revue scientifique et revenant juste pour rappeler le Goupix des neiges qui dormait dans un coin, le duo s'en fut, partant dans des directions opposées une fois sorti du bâtiment de la Fédération, Léanne sur sa trottinette électrique et Victor en bus.

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« - Mademoiselle Jones, c'est affreux ! Les secours sont débordés, ils ne peuvent pas nous aider plus que ces trois transports ! Les Rangers vont arriver mais ils n'ont pas de soigneur agréé dans leurs rangs.
- J'ai bien fait d'appeler les autres alors. »

Nathanaëlle, se tenait sur un petit monticule, engoncée dans son grand manteau noir. Comme un général qui observe la bataille qui se déroule, elle regardait avec attention l'animation toute erratique qui se déroulait au pied de la montagne. En cause : deux tribus de Racaillou et évolutions s'étaient croisées dans le même chemin de migration. Ce qui se réglait d'habitude en quelques combats avait fini en affrontement pur et dur et avait provoqué nombres éboulements et blessés dans les contrebas. Fort heureusement, aucun Dresseur n'avait été pris dans la rixe, mais un bon nombre de Pokémon sauvages gisait maintenant parmi les pierres.

L'unité de Nathanaëlle avait été envoyée, une fois n'est pas coutume, sur le terrain afin d'étudier l'écosystème du Mont Couronné lors de cette période, et n'avait pu qu'observer le chaos qui s'était abattu sur la zone. Prenant tout de suite les choses en mains, l'austère fonctionnaire avait directement dépêché secours, Rangers et Disaster Squad quand on lui avait fait comprendre que la journée était déjà bien remplie pour les canaux d'urgence classiques.

Un crissement de roues derrière elle et une arrivée de chevelure rousse dans son champ de vision lui indiqua que Léanne, la responsable santé du groupe, était là. Rien n'y faisait, les deux femmes se détestaient cordialement. Tous les autres membres du groupe pliaient face à la responsable administration, par peur comme Arica et Sulian ou par flemme comme Davin et Victor. Seule Léanne, grande gueule notoire lui tenait régulièrement tête, arguant souvent que le protocole était trop lourd et qu'il les empêchait d'être productifs au maximum.

« - Bonjour, mademoiselle Jones. Quelle est la situation ?
- Bonjour, mademoiselle De l'Aulne. La situation se présente mal. Nous avons beaucoup de blessés, peu de transports, les Rangers sont en retard et les Centre Pokémon d'Unionpolis et de Bonville sont débordés. On ne peut pas se permettre de prendre le tunnel vers Charbourg après l'éboulement, trop dangereux. »

La médecin plissa les yeux. C'était mal engagé, en effet. Un bruit d'ailes reconnaissable entre mille attira son attention et elle vit arriver un petit escadron de quatre Rangers, montés sur des Etouraptor, suivis par un Tropius qui peinait à les rattraper. Sans surprise, Sulian descendit du débonnaire Pokémon à la banane et salua ses collègues, pendant que les autres Rangers commençaient à se répartir les rôles pour le sauvetage des Pokémon les plus atteints.

« - Monsieur est trop cool pour se déplacer comme les autres ? ricana Léanne quand il approcha.
- Ouais nan c'est pas vraiment ça... marmonna Sulian.
- Il a jamais réussi à en capturer un, du coup il utilise son Tropius, informa une Ranger qui passait à côté, une pointe de sarcasme dans la voix.
- Ces Pokémon ne sont-ils pas spécialement entraînés pour être capturés facilement ? intervint Nathanaëlle, curieuse, pour une fois.
- Ben Sulian arrive à peine à capturer un Chenipan avec son Capstick, il vous a jamais dit ?
- Merci beaucoup Solène, tu veux pas aller t'occuper de la troupe de Machoc là-bas ? Parfait ! » interjeta Sulian, visiblement embarrassé.

La blonde à chignon resta impassible alors que sa partenaire forcée grimaçait. Le troisième membre du groupe était tout rouge, de colère et de honte. On avait finalement révélé son secret : son équipe étendue lui servait tant de différenciation que d'aide pour compenser son inaptitude à utiliser son disque de capture. C'est grâce à son nombre élevé de Pokémon dressés qu'il avait réussi à passer ses examens malgré sa note catastrophique en maniement du Capstick.

« - Pourquoi ne pas avoir fait ranger classique ?
- Ils ne peuvent pas rejoindre de Base Ranger et je voulais m'occuper des oiseaux là-bas.
- Sans savoir les attraper au Capstick en cas d'ennui ? Quelle bonne idée, fit Nathanaëlle, sarcastique.
- Sinon à part ça, on a pas une crise à gérer ? » tenta Sulian, en quête de diversion.

Les deux femmes, plus sérieuses, se retournèrent vers le désastre qu'ils avaient à gérer. Léanne soupira.

« - Je vais essayer d'appeler l'hôpital pour voir, n'espérez pas grand chose... »

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« - SYLVIE DÉPÊCHEZ-VOUS QUE DIABLE, VOUS VOUS RENDEZ PAS COMPTE DE TOUT CE QU'ON A GERER AUJOURD'HUI ?!
- Oui, madame Broubargis, excusez-moi !
- Allons bon, qui peut bien appeller sur la ligne spéciale du service externe ? De l'Aulne ?! ... ECOUTEZ MOI BIEN, DE L'AULNE : J'AI D'AUTRES FLAMIAOU A FOUETTER QUE VOS HISTOIRES QUI VOUS ACCAPARENT PENDANT NOS PÉRIODES DE RUSHS ! On est totalement complet, débordés même, débrouillez-vous, vous êtes la championne de la crise, non ? C'est ça, bonne journée ! »

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« - Urgh c'était couru d'avance. Je pensais tomber sur Sylvie, pas sur la Broubargis...
- Une dame charmante à n'en point douter, marmonna Nathanaëlle.
- Ouais, vous vous battez dans mon coeur pour la place d'enquiquineuse professionnelle préférée.
- Les filles, on a pas autre chose à régler ? »

Sulian avait, une fois de plus, interrompu la conversation, coupant court à une rixe qui aurait certainement fait plus de dégâts que les deux Grolem que les Rangers essayaient actuellement d'évacuer avec difficulté. Léanne tenait son portable à bout de bras, à moitié rendue sourde par les hurlements de la chef du service. Nathanaëlle serrait les dents, peu sûre de ce qu'il fallait faire, vu que la situation sortait totalement du cadre des protocoles qu'elle connaissait. La médecin soupira et reprit son portable.

« - Je ne pourrais pas gérer ça toute seule... Une seule solution : tenter d'appeler des collègues en repos et des anciens amis libéraux, des fois que...
- C'est absolument hors de question ! Si ce ne sont pas des officiels et qu'ils ne sont pas rattachés à une responsabilité minimale ça nous retombera dessus en cas d'accident ! fit Nathanaëlle, avec de gros yeux.
- Et ben vous prendrez la responsabilité d'expliquer à vos supérieurs pourquoi un double flux migratoire dont vous deviez vous occuper a fini en hécatombe, alors. »

Les deux se fixèrent pendant quelques secondes, à côté d'un Sulian blasé et qui se tenait coi, en ayant un peu soupé. Après un moment, la blonde détourna les yeux et grommela un assentiment. Avec un sourire satisfait, Léanne commença à pianoter sur son téléphone alors que Nathanaëlle prenait la direction des forces présentes. Sentant qu'il pouvait reprendre une activité normale et que son rôle de diplomate du pauvre était arrivé à son terme, le Ranger partit retrouver ses collègues et s'attela aux opérations de désencombrement et de mise en sécurité des victimes.

« - Ouais Bérangère ? C'est Léanne. Dis voir, t'es libre actuellement ? Non, je ne veux pas aller me bourrer la gueule comme quand on était en cours, j'ai une urgence près d'Unionpolis... T'arrives de Rivamar ? Parfait ! Passe bien par Voilaroc, Verchamps c'est craignos en ce moment. Merci ! »

« - Pamela ? C'est Léanne De l'Aulne, la médecin avec laquelle t'as travaillé il y a un mois. T'es en cours ? Non ? Chouette ! Parce qu'il y a un accident et qu'on a besoin de mains bénévoles à Unionpolis ouest. Tu peux venir ? Avec ton groupe d'amis ? Génial, tu gères ! »

« - Bonjour Louise. T'es en congés ? Dis dis, rien que pour faire chier la Broubargis, tu veux pas venir m'aider sur un accident près d'Unionpolis ? Ah, t'es dans ta famille à Frimapic, laisse tomber alors... Quoi, y a Stan qui a posé un jour aussi mais qui voulait pas voir sa belle-maman ? Égal à lui-même, ouais. Tu le contactes pour moi ? Merci, t'es un amour ! »

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Une petite heure plus tard et Nathanaëlle était de plus en plus effarée par le nombre de personnes que la médecin avait réussi à rameuter. Cette dernière échangeait des poignées de main et des bises tout en rigolant bruyamment. Le groupe était hétéroclite, il y avait des médecins, des infirmières, des groupes d'étudiants en médecine et encore plus étonnant, trois ou quatre Joëlle à la retraite. Certains avaient ramené des trousses de secours et d'autres des brancards. Une mission de médecins itinérants, qui était arrivée à dos d'Airmure depuis le Mont Ardent avait même fourni une tente pour les soins. La rousse avait pris le contrôle des opérations et dirigeait chacun en fonction de ses aptitudes et de son expérience.

Les Rangers avaient fini de sortir les victimes et de s'assurer que personne n'étaient pas en grand danger. Il y avait un peu de tout : Racaillou et évolutions, bien sûr, mais aussi des Machoc, des Korillon, des Etourmi, bref toute la clique des espèces endémiques de la zone. Tout le monde était bien affairé, soit en train de faire des soins, soit en déplacement de pierres pour déblayer le périmètre, soit au téléphone pour gérer la crise.

« - Mademoiselle De l'Aulne ? fit Nathanaëlle en s'approchant.
- Oui, mademoiselle Jones ? Que me vaut cette interpellation alors que je suis très occupée ? souffla Léanne, excédée.
- Oh pour rien, j'adore vous déranger quand des vies sont en jeu. Je viens d'avoir monsieur Ward. Un des ranchs de Bonville a libéré un peu de place pour qu'on puisse y garder des blessés en observation, si on ne pouvait pas prendre le risque de les relâcher. L'hôpital de Voilaroc a fait de même et nos amis de Célestia ont envoyé des transports à base de Galopa pour aider au déplacement des patients. Je vous laisse gérer avec eux.
- Je vois. C'est ... cool ! » répondit la rousse, prise de court.

En effet, plusieurs des fameuses charrettes tout terrain venaient de débarquer, à l'étonnement de l'attroupement. Avec des airs satisfaits, les trois membres de la Disaster Squad supervisaient la fin des opérations. Tout se passait bien, ils allaient passer au bilan, quand des cris se firent entendre et un mouvement de foule partit du pied de la montagne pour revenir vers la ville.

« - Il se passe quoi ?! héla Léanne.
- Un Grolem bizarre fou furieux, il a envoyé tous les Rangers au casse-pipe et menace de provoquer un nouvel éboulement ! répondit une jeune femme, visiblement terrifiée.
- Que le grand Xerneas nous garde. Sulian, avec moi ! Nathanaëlle, vous gérez les troupes et protégez les autres !
- Comment m'avez-vous appelée ?! s'offusqua la blonde.
- Tu veux que je fasse quoi ?! Si les autres se sont faits défoncer j'vais rien pouvoir faire ! geignit le Ranger.
- C'est pas le moment, ni pour l'un, ni pour l'autre ! » grogna la médecin, excédée.

Avec un haussement d'épaules, Sulian emboîta le pas à sa partenaire. Interdite pendant quelques secondes, Nathanaëlle se reprit et aboya quelques ordres de rassemblement et de protection des blessés. Après une course à un pas martial, le duo tomba nez à nez avec le trouble-fête. Le Grolem portait une barbe, caractéristique de sa variation régionale. Il poussa un râle rauque et avança vers eux.

« - Sulian, t'attends quoi ?! éructa Léanne, secouant son collègue qui était dans l'expectative.
- Mais j'peux pas capturer ce truc !
- Qui te parle de capturer un machin aussi en rogne ?! Il est Électrique et Roche, tu sors Taupiqueur et tu lui fais sa fête, merde !
- Tu peux pas le faire, toi, avec ton super Scarhino ?
- J'suis médecin, bougre de machin, Scarhino connaît à peine Dard-Nuée pour faire de l'acupuncture, tu le vois le problème ? Mais je vais t'aider avec Nanméouïe, hein ! se reprit-elle en voyant l'air terrifié du Ranger.
- Ok... Bon ben on va essayer... Taupiqueur, Coud'Boue ! »

Léanne hocha la tête, appréciant la présence d'esprit de son camarade : il valait mieux attirer le Pokémon sauvage loin de la montagne avant d'utiliser des attaques susceptibles de provoquer de nouveaux éboulements. La bestiole se replia sur elle-même et avança en Buldoboule droit vers le pauvre Pokémon dressé, qui n'en menait pas large, balançant des boulettes de terre de toutes ses forces. Deux ordres plus tard, et le Grolem reculait, choqué, par une Boue-Bombe renforcée au Coup D'Main. Il envoya ensuite des Boule Roc encaissées puis directement soignées avec Vibra Soin. La médecin regarda autour d'eux et hocha la tête, satisfaite.

« - Vas-y, tout le monde a évacué !
- Taupiqueur, Telluriforce !
- Scarhino, Cogne ! »

Le gros Pokémon qui reprenait son souffle regarda avec amusement son adversaire, qui semblait se concentrer intensément. Avec un air mauvais, il lui fonça droit dessus dans un Tacle Lourd qui provoquerait certainement de bons dégâts, déclenchant un cri paniqué de Sulian. Avec un timing parfait, l'explosion souterraine fit décoller la boule de roche qui fut réceptionnée par un insecte bien remonté, resté caché derrière sa Dresseuse depuis le départ, qui le roua de coups.

« - Une bonne chose de faite ! s'exclama Léanne après le bruit de la chute. Je suis sûre que c'est de la faute de ce machin qu'il y a eu un problème avec la migration.
- Comment ça peut se faire ? C'est une variation d'Alola et elles ne peuvent pas naître ici, et un Gravalanch ne peut évoluer presque exclusivement qu'à l'état dressé...
- Un abruti de Dresseur qui ne suit pas le protocole de sécurité quand il relâche ses Pokémon, cherche pas plus loin. Ou, plus inquiétant, un Dresseur mort depuis quelques temps, sans avoir été trouvé. Ses Pokéball atteignent leur date de sécurité et libèrent automatiquement ses Pokémon. Faudra en faire part à Nathanaëlle, qu'elle regarde les registres des Centre Pokémon, voir s'il n'y a pas quelques concordances. Bon, reste là, j'appelle les autres, qu'ils viennent le sédater et qu'on le place en observation. »

Léanne partit en sifflotant, laissant Scarhino et Toudoudou avec le Ranger, qui n'en menait pas large, à côté du Grolem assommé.

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« - Et donc je tenais à dire que l'insubordination de mademoiselle Léanne De l'Aulne est dangereuse, doublée d'une insolence toute particulière ! siffla Nathanaëlle.
- Je tiens à préciser qu'on s'en est bien tiré grâce à ma réactivité qui fait, à coup sûr, gros contraste avec la lenteur et la psycho-rigidité de ma collègue.
- Par-DON ?! »

C'était le soir, l'équipe était rentrée à leur base et faisait son rapport à Alexandre. Les deux femmes s'étripaient joyeusement, observées par un Sulian blasé et un Victor amusé. Le Ranger prit néanmoins la parole après quelques secondes, gavé.

« - Bref la route est dégagé, toutes les victimes ont trouvé place pour traitement. Du côté des accidents, il y a juste eu une cheville foulée dans le groupe appelé par Léanne. Ainsi que l'orgueil visiblement bien blessé de mes collègues suite à une affaire de Grolem. Ah et le respect est porté disparu entre ces deux là, aussi. »

Alexandre plissa les yeux, certain que les rapports écrits allaient encore être drôles à lire. Il avait choisi de retenir que l'action avait été couronnée de succès, mais qu'il allait avoir des problèmes relationnels dans le groupe au bout d'un moment. Et qu'il fallait vraiment qu'ils créent un partenariat plus profond avec les structures hospitalières afin d'éviter au maximum les problèmes d'engorgement comme ceux de cette journée qui n'était guère de tout repos. Mais d'après un premier bilan, mis-à-part le Grolem Alolien et quelques Pokémon oiseaux blessés, aucune victime n'était à déplorer ce qui était un exploit en soit. De plus, le peu de Pokémon restés en observation à Bonville repartiraient bien vite. Voilà une journée couronnée de succès !