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Calendrier de l'Avent 2017 de Corpus09



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» Auteur : Corpus09 - Voir le profil
» Créé le 08/12/2017 à 16:37
» Dernière mise à jour le 08/12/2017 à 16:37

» Mots-clés :   Fanfic collective   Song-fic

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Jour 8 : Rivière gelée, par Eliii
Un petit mot avant de commencer à lire ; la musique se terminera sûrement avant que vous ayez terminé de lire, alors n'hésitez pas à la relancer pour que ça dure jusqu'à la fin. Comme vous préférez. Bonne lecture !

— Eliii




Il fait froid, ici. C'est l'hiver ; décembre, quand le jour décline vite et que la nuit est reine. Il fait bien trop froid, oui.

Surtout pour un magby.

La créature bipède se réchauffe tant bien que mal avec un « poing de feu », mais cela demande énergie et concentration. Bientôt, les étincelles s'éteindront et il aura froid sans espoir. Pourquoi être venu ici, au fond ? Pour se faire mordre par des dents glacées, pour avoir les pattes engourdies...

Rien de tout ça.

Il le sait bien, mais maintenant l'idée même lui paraît ridicule. Il a fait ça parce qu'il a cru, pendant une fraction de seconde, qu'il restait bien un espoir. Que tout n'était pas écrit dès sa naissance. Peut-être — sûrement — qu'il se trompe.

L'ouvrier Vingt-Deux, puisque c'est là le nom qu'on lui a donné, regarde tristement le sol pavé. Une fine couche blanche le recouvre par endroits. Il ne sait pas de quoi il s'agit, mais c'est froid au toucher, et puis ça fond au contact de la chaleur. Curieuse chose.

Chaleur, et puis froid, avec une brève tiédeur entre deux. C'est un peu à ça qu'on peut résumer sa vie. Jusqu'à il y a un mois, il se trouvait encore dans les entrailles brûlantes d'une usine nauséabonde. D'autres magbys comme lui, et des magmars, y travaillaient. Faire fondre le métal à longueur de journée...

Il se rappelait vaguement que les humains appelaient cet enfer la « Forge Fuego ». Même avec quelques notions de leur étrange langage, Vingt-Deux ne voyait pas ce que ça pouvait vouloir dire. Le souvenir le plus vif qu'il en garde, c'est le regard dur d'un énorme maganon appartenant au chef des humains.

Lui, il ne faisait rien d'autre que plisser ses épaisses lèvres roses en un rictus mauvais. Il servait simplement à surveiller et à effrayer. Si cela marchait ? Oh, oui. Chaque mois, on avait droit à un « exemple » à l'usine. Maganon choisissait un magby à qui il donnait une bonne trempe, et puis reprenait son poste d'observateur sans rien dire.

L'ordre par la peur marchait on ne peut mieux, là-bas. Mais au moins, il y faisait chaud. A présent que le dernier mois de l'année est bien entamé, il règne un froid de canarticho sur la région, et encore plus dans les endroits proches de l'eau, comme cette ville.

C'est amusant, la façon dont une rivière la coupe en deux. Un pont relie les rives, mais c'est tout. On dirait deux mondes différents. Tandis que celui d'en face est terne et brouillé par la fumée des usines, le côté droit, où le pokémon se trouve, est illuminé et coloré. Un bien beau monde. Froid, mais joli.

La beauté atténue un peu la douleur. Fourbu, il laisse les flammèches autour de son bras s'évanouir, et agrippe fermement la sacoche de vieux cuir qu'il porte en bandoulière. C'est un poids lourd pour lui, mais il tient à ramener ça à bon port. Il a fait une promesse, après tout. Et il tient à l'honorer, même s'il n'est sûr de rien.

Tout en se remettant en marche dans les rues animées, il repense à sa vie à l'usine, là-bas du côté des montagnes. A ses compagnons d'infortune, aussi, ceux qu'on appelait les « vingt-cinq ». Lui, l'un des plus jeunes, c'était Vingt-Deux. Ils se connaissaient tous, à force de trimer durement ensemble. Mais c'était Six qu'on aimait le plus.

Ce vieux magmar malade avait fait son temps. Quelques quarante ans, et la cible préférée de maganon, aussi. Fatalement, il est mort le premier. Il y a un mois, environ. Vingt-Deux et lui s'entendaient comme père et fils. Alors Six a confié son secret au jeunot. Cette sacoche un peu lourde qui contient tous ses trésors.

Tout d'abord, un dessin en couleurs. On y voit une ville, de nuit. Animée comme jamais, avec des humains qui marchent sur les berges d'une rivière agitée et des lumières de couleur. Quelques drôles de silhouettes au bec pointu, aussi. Des humains décorés, en quelque sorte.

Six lui avait dit que c'était sa ville d'origine : Joliberges, bordée par une rivière, où des lakmécygnes viennent souvent se poser quand il fait beau.

Ensuite, il y a un autre dessin, en noir et blanc. Le portrait d'un couple d'un certain âge, probablement quarante-cinq ou cinquante-ans. La dame a les cheveux ramenés sur le haut de sa tête, un sourire un peu crispé mais sincère. A côté d'elle, l'homme affiche un regard plein de quelque chose d'indéfinissable, mais de beau à regarder. Au dos, quelqu'un a griffonné un magby.

Six lui avait dit que c'étaient les personnes chez qui il vivait, avant que ces maudits humains de l'usine ne viennent le chercher de force. En bas à gauche du dessin, on peut déchiffer « M. et Mme Christow ».

Enfin, le dernier trésor contenu dans ce sac est un vêtement. Probablement appartenant à un humain adulte, vu la taille de l'objet. On dirait une veste épaisse, noire et douce.

Six lui avait dit qu'il s'agissait d'un cadeau offert par l'homme du dessin, une sorte de porte-bonheur qu'il devait chérir.

Cette histoire qu'il est seul à connaître a grandement ému Vingt-Deux. A tel point qu'à la mort de son ami, il a pris son courage à deux mains, et s'est enfui avec la précieuse sacoche. Au départ, il ne savait pas trop quoi en faire.

Et puis finalement, il s'est dit que ça ne coûtait rien de partir à la recherche de la famille à laquelle on l'avait enlevé. Ils doivent se demander, depuis le temps, ce qu'a pu devenir leur pokémon...

Vingt-Deux ferme les yeux un instant.

Le périple a duré un bon mois, mais le voilà enfin dans la ville du dessin. Elle est encore plus jolie en réalité. Glacée, mais d'une beauté à couper le souffle. Et sous les multiples lumières installées un peu partout en ville, la rivière brille de mille feux, paraît presque dorée. Amusé, le petit pokémon se dit que ses yeux s'y noieraient sans problème.

Par curiosité, il s'en approche, ignorant le froid qui lui mord les pattes. Il serre contre lui le sac de cuir et s'arrête à quelques pas du bord, pour mieux contempler cette étendue d'eau brillante. Elle est calme, mais il n'y a aucun de ces fameux lakmécygnes en vue. Il fait peut-être trop froid, pour eux aussi.

Vingt-Deux perçoit de la musique, venant d'un peu plus loin. Une agréable mélodie, tranquille, débordante de vie. Touché au cœur par le couple que forment beauté visuelle et auditive, il s'éloigne à regret de l'eau pour marcher péniblement le long de la rive.

Il y a des bancs partout. Jeunes et moins jeunes s'y côtoient, observent le fameux spectacle avec intérêt. De cette ambiance festive se dégage une vitalité qui fait presque oublier au magby sa douleur.

Entre les humains ordinaires voguent des silhouettes qui paraissent presque voler tant elles bougent avec grâce. Drapées de tuniques noires, cachées derrière de larges chapeaux et de curieux masques à bec d'oiseau, ces formes macabres en deviennent belles.

Les yeux sans cesse en mouvement, le magby ne sent même plus ses pattes mais ne s'en préoccupe pas. Plus rien ne compte, sinon le monde extraordinaire qu'il a sous les yeux. Maintenant qu'il voit ça, c'est comme si l'usine et les vingt-cinq n'avaient jamais existé. Comme si cet horrible maganon n'était qu'un mauvais rêve récurrent.

Amusée, enchantée, émerveillée, la créature de feu se laisse tomber à côté d'un banc pour savourer pleinement cette débauche de couleurs et de lumières. Deux humains assis côte à côte se tiennent par la main, serrés l'un contre l'autre. Le jeune homme a un tortipouss assoupi sur les genoux.

D'une oreille distraite, il écoute vaguement ce qu'ils se disent.

« Ces costumes sont étranges, s'étonne la jeune femme.
— On finit par s'habituer, quand on vit ici, mais c'est vrai que c'est particulier... Tu sais, c'est comme ça qu'étaient habillés les médecins pendant la grande peste de Joliberges, il y a plus de deux siècles.
— Vraiment ?
— C'est ce que grand-père racontait au coin du feu, il y a des années ! La peste a disparu en décembre, alors maintenant ce festival a lieu un peu avant Noël, explique l'homme sur un ton professoral.
— C'est une belle histoire », reconnaît sa compagne.

Vingt-Deux ne comprend pas tout, mais lui aussi trouve quelque chose de beau à ces phrases échangées sur un ton doux. Un sourire, ou ce qui s'en approche, fleurit sur son visage.

A bien observer ces deux humains, ils lui rappellent quelque chose. Le dessin de Six, en fait. L'étincelle qui brille dans les yeux de ce jeune couple lui fait penser au regard de l'homme tant cher à son ami magmar.

Le petit pokémon feu ressent un pincement au cœur ; lui en est sûr, il n'a jamais éprouvé quelque chose susceptible de lui donner un air si... serein. Il s'éloigne des deux humains qui, eux, se serrent l'un contre l'autre.

Traînant un peu la patte, il continue d'avancer avec curiosité entre les bancs, les humains déguisés et les affiches marquées de quelques obscurs caractères, comme « Joyeux Noël 1894 ». Sans même savoir ce que toutes ces choses peuvent bien signifier, il est heureux.

Pour une fois, il se sent comme à sa place. L'air est froid et lui griffe la peau, mais ça n'a plus d'importance. Que sont la douleur et la fatigue une fois qu'on est à la maison ?

Maintenant, Vingt-Deux peut enfin mettre un sens sur cette expression si souvent employée, avec mélancolie, par son ami Six.

« A la maison. »

Oui, ça sonne bien. C'est doux, rassurant, comme une couverture confortable. Même s'il fait froid, son cœur a chaud. Voilà un sentiment qu'il n'aurait jamais pu éprouver à l'usine, parmi ses pauvres camarades. Encore maintenant, il pense à eux, qui n'ont pas eu le cran de partir...

Mais après tout, pourquoi s'en vouloir ? Ce n'est pas sa faute à lui, s'il est seul à l'avoir fait. Il a eu un sursaut de courage, voilà tout. Et ça l'a mené bien loin, finalement. Plus loin qu'il aurait pu l'espérer.

Il a appris à connaître le froid et la beauté, étrangement associés dans son esprit, maintenant. Sa nature fait qu'il ne peut pas répudier le feu et la chaleur, mais il commence à préférer cette étrange substance blanche et glacée aux flammes dansantes.

Un magby qui aime le froid ! Cette seule pensée lui paraît ridicule mais le rend heureux. Il se demande, vaguement, si Six aimait aussi le froid. Il vivait ici, après tout. Il connaissait cette sensation, cette matière blanche, ces lumières, ces sons, ces couleurs...

Plus dure est la chute, lorsqu'on vient d'un si beau monde.

Vingt-Deux, tel l'enfant émerveillé qu'il n'a jamais été, marche avec lenteur, dévore des yeux chaque chose qu'il voit. Impossible d'être rassasié ; tout a un goût nouveau, enchanteur. Le jeune pokémon a l'impression de vivre pour la première fois, et c'est une sensation délicieuse qu'il se doit de savourer.

Son regard est attiré par une grande chose un peu remuante, tout près du grand pont qui fait office de route entre les deux rives. Quelque chose d'immense et blanc. Ça doit faire près de trois mètres ! De toute évidence, c'est un drôle de pokémon.

Ses pattes sont d'un vert foncé un peu terne, à côté des couleurs vives de la ville. Deux yeux d'un mauve pâle sont vaguement visibles derrière une sorte de crinière blanche à l'air immatériel. Malgré toutes les guirlandes encombrantes qui le recouvrent, le géant sourit. Il est heureux, lui aussi, songe le magby.

Et il espère que ces humains qu'il cherche le seront aussi, en voyant que Six ne les a pas oubliés ; même s'il a disparu, maintenant, avalé par les flammes de l'usine. Maganon a certainement pris un plaisir malsain à l'y jeter.

Vingt-Deux ne raconterait jamais une telle chose à ces gens-là, même s'il le pouvait. Pourquoi ajouter de la souffrance et de la violence à cette histoire ? Il a tant peiné qu'il refuse de le faire subir à quiconque. La vengeance n'aurait pas de sens ; la renaissance en a un. Fort, beau.

La créature commence cependant à entrevoir le problème. Comment trouver cette famille qui s'est occupée de Six ? C'est grand, une ville. Frapper à toutes les portes ne résoudra rien. Et ce n'est probablement pas le géant blanc qui lui donnera une réponse, quand bien même ils peuvent se comprendre.

Péniblement, il essaie d'ouvrir la sacoche à l'aide de ses griffes gelées. C'est loin d'être une entreprise facile, mais avec un peu de persévérance, la sangle se défait et il peut tirer le rabat jusqu'à lui. Doucement, il saisit le portrait du couple et le serre contre lui. Il n'y a pas de vent, mais une maladresse est vite arrivée.

Le sac est sommairement refermé, et la bête frigorifiée se remet en mouvement. Peut-être qu'il ira poser la question à ce jeune couple aperçu un peu plus tôt ; à condition de les retrouver. Ils lui ont tant rappelé le dessin qu'il se dit que ça vaut la peine d'essayer.

Même si c'est pénible, de devoir avancer prudemment sur le pavé en évitant les monticules blancs et glissants, c'est bien la première fois qu'il trouve autant de plaisir à une promenade en ville. Tout respire la bonne humeur, ce soir, tant et si bien qu'on en oublie le temps qu'il fait.

Tous ces gens et ces pokémons qui s'amusent dehors, ces drôles de silhouettes masquées qui dansent doucement, ces lumières et les remous du fleuve, c'est assurément le plus bel assortiment de petits détails qu'il ait pu voir.

Rien à voir avec les détails de l'usine. Des jets de flammes, du métal fondu, une odeur de brûlé permanente... Mais c'est derrière lui, à présent. Ce n'est rien que du passé, mort et enterré.

Le long de la rive, il regarde encore l'eau dorée. Oui, c'est vraiment joli. Il y plongerait volontiers tête baissée s'il était stupide. Mais il ne l'est pas ; pas totalement. C'était peut-être idiot d'entreprendre ce voyage risqué. Seulement maintenant, il sait que l'effort en a valu la peine.

Sur le banc, les deux jeunes gens sont encore là. Elle, ravissante avec son grand chapeau à fleurs et son visage rougi par le froid. Quelques mèches claires s'échappent de son couvre-chef, ondulées comme des rubans. Lui, le chapeau incliné un peu en arrière, laissant entrevoir des cheveux d'une drôle de couleur, comme celle du feu ou des oranges bien mûres. Et toujours la tortue assoupie sur les genoux.

Timidement, Vingt-Deux s'approche et tapote la jambe de l'homme ; tout en espérant que cet humain ne sera pas cruel comme les messieurs de l'usine. Aucun coup ne vient. L'inconnu lui adresse plutôt un sourire, surpris de voir un pokémon feu se promener dehors par un temps pareil.

« Mon dieu, Len, tu crois qu'il est perdu ? souffle la jeune femme, l'air inquiet.
— Peut-être bien... Hé, qu'est-ce que tu tiens, bonhomme ? »

La créature fatiguée refuse de lui tendre l'image, mais la tient à bout de bras pour qu'ils puissent tous les deux la regarder. Si la mine de la fille est perplexe, son compagnon semble comprendre quelque chose.

« Tu veux allez chez ces gens, c'est ça ? »

L'ancien ouvrier hoche vigoureusement la tête ; autant qu'il le peut, du moins. Un sourire éclaire le visage terne et ordinaire de l'humain.

« On va t'y emmener, hm ? Madame Christow vit à deux pas de chez nous. Ça ne t'embête pas, Sally ?
— Au contraire ! » sourit la jolie blonde.

Le couple se lève. Le magby n'est pas tellement certain d'avoir compris leurs noms... « Len » cale tranquillement son pokémon assoupi contre son épaule, tandis que « Sally », rajuste son chapeau. Il les suit avec enthousiasme, malgré ses membres engourdis.

La nuit n'a jamais été aussi belle que maintenant, se dit-il en rangeant le précieux dessin dans sa sacoche. Même si le quartier résidentiel est plus terne que les abords de la rivière, il manifeste toujours tant de plaisir à faire de nouvelles découvertes. Comme ces choses accrochées sur les portes, comme des couronnes de plantes. Intrigant.

Lorsque les jeunes gens s'arrêtent devant une porte, Vingt-Deux sent son cœur battre à toute allure contre sa frêle poitrine. On dirait que l'organe tambourine, c'est atroce. Malgré tout, il se sent bien. Prêt à devenir quelqu'un d'autre.

Peu de temps s'écoule avant que le battant ne s'ouvre sur une vieille femme, appuyée sur un bâton de bois. Des cheveux gris entourent son visage parcheminé, et ses yeux ne semblent plus voir grand chose derrière ses verres, mais il reste quelque chose de la femme du dessin. Aucune trace de l'homme, néanmoins.

Une brève discussion s'ensuit, après quoi le jeune couple salue brièvement le pokémon avant de s'en retourner vers la fête. Livré à lui-même, il lève peureusement la tête vers cette personne âgée à l'allure bienveillante.

Elle a les yeux rivés sur le vieux sac de cuir que tient la créature. Il comprend rapidement ; elle a reconnu l'objet.

« Si je m'attendais à... Mon dieu, tu es gelé ! Entre donc ! »

Effectivement frigorifié, le magby ne se fait pas prier pour obéir. L'intérieur de la maison tranquille est en effet bien plus accueillant que les rues glacées. Toujours pas trace de l'homme.

Vingt-Deux, comprenant que c'est là le devoir qu'il doit remplir en mémoire de Six, tend la sacoche à la vieille dame. Celle-ci en redécouvre le contenu, après de longues années. Du bout de ses doigts abîmés par le temps, elle caresse la surface du papier jauni et le tissu de la veste usée.

Des larmes perlent au bord de ses yeux et s'écoulent comme des cascades. Mais ce ne sont pas des pleurs de tristesse. Juste l'expression silencieuse d'une joie qui se passe de mots.

L'image la plus touchante que Vingt-Deux ait eu l'occasion de voir dans sa courte vie. Son devoir accompli, le vide de son cœur est comblé.

Il est vivant, pour la première fois. Froid, mais vivant. Et un jour, qui sait, verra-t-il les lakmécygnes s'envoler sur la rivière, agrippé à la robe de la vieille solitaire.


[D'après “Swanee River”, Hugh Laurie (album “Let Them Talk”, 2011)]