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» Auteur : Corpus09 - Voir le profil
» Créé le 09/12/2017 à 14:41
» Dernière mise à jour le 09/12/2017 à 14:41

» Mots-clés :   Fanfic collective   Song-fic

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Jour 9 : Routine, par Manaphew
La petite musique qui va bien
La morsure du froid était encore plus violente que la veille, malgré la protection que lui apportait son plumage. Un flocon blanc se déposa sur son bec, tandis qu’un autre tachait une de ses plumes brunes. Il poussa un roucoulement d’indignation. Le petit Pokémon oiseau détestait cette période de l’année. Il faisait froid et la nourriture se faisait rare.

Cela faisait maintenant une heure que le Roucool attendait sur sa branche d’arbre, qui surplombait un sentier où les Chenipan avaient l’habitude de passer. Ou peut-être deux, il n’avait pas une très bonne notion du temps. Mais comme hier, aucun ne daignait de montrer le bout de leur corne rouge. Le Roucool leva les yeux vers ses camarades, qui patientaient sur d’autres branches, à l’affût. L’oiseau poussa un cri afin d’attirer leur attention. Tous ses congénères le regardèrent, fixant leurs petits yeux noirs sur lui. Eux aussi étaient affamés. En sa qualité de chef, c’était son rôle de les nourrir. Le Roucool leva ses ailes et s’élança, bientôt suivi de ses compagnons. Ils ne trouveraient rien ici.

Ils survolèrent la forêt pendant une bonne demi-heure. La neige continuait de tomber, lentement. Le soleil était plus proche de son lit de sommeil que de son lit de réveil. Les maigres rayons qui traversaient les nuages de l’hiver ne suffisaient pas à le réchauffer. Le Roucool espérait qu’il n’était pas trop tard. Qu’elle serait là. Elle était toujours là, habituellement. Pourquoi serait-ce différent aujourd’hui ?

Enfin, la nuée de Roucool arriva au-dessus du village. C’était un petit village, à peine une dizaine de maisons. Une d’elles était plus grande que les autres, avec un jardin immense où vivait une multitude de Pokémon différents, sous la garde d’un vieil humain aux cheveux gris, avec un air sympathique. Mais ce n’était pas la maison que le Roucool recherchait.

La maison qui l’intéressait ne se trouvait pas très loin, à peine quelques battements d’ailes. Elle était maintenant dans son champ de vision. Le toit, habituellement rouge, était recouvert d’une fine pellicule blanche. Ses amis se posèrent sur les fils électriques, comme d’habitude, en se blottissant les uns contre les autres afin de se tenir chaud, pendant que lui faisait rapidement le tour de la demeure. Le Pokémon oiseau essaya de repérer la lumière provenant de l’intérieur. Par chance, la pièce qui était allumée était celle qui donnait sur le balcon. Elle ne mettrait pas longtemps à arriver. Qu’avait-elle d’autres à faire, de toutes manières ?

Le Roucool frappa son bec trois fois contre la baie vitrée, et se posa sur la rambarde du balcon.

Elle met du vieux pain sur son balcon
Pour attirer les moineaux, les pigeons
Elle vit sa vie par procuration
Devant son poste de télévision


Il était aux alentours de dix-sept heures quand Delia entendit les trois coups. Surprise, elle détourna les yeux de sa télévision, qui diffusait une de ses émissions préférées et se leva d’un seul coup. Le bruit semblait venir de la baie vitrée du balcon. La femme s’avança doucement, apeurée. Il ne paraissait rien y avoir, dehors. Delia fut bientôt rejoint par son M.Mime, portant son habituel tablier vert. Timidement, la femme au foyer poussa la porte vers l’extérieur.

Delia ne put s’empêcher de sourire quand elle remarqua le Roucool qui la fixait. Le petit Pokémon avait l’habitude de venir depuis que Delia avait commencé à le nourrir, en jetant du pain sur le balcon. Elle demanda à son Pokémon de descendre en chercher. D’autres Roucool attendaient, perchés sur les fils électriques. Les pauvres petites créatures devaient mourir de froid et de faim, par cet hiver. Si Delia pouvait leur apporter un peu de réconfort, cela lui faisait plaisir. Elle se sentait utile.

M.Mime arriva gaiement en tenant plusieurs baguettes de pain. Delia caressa la tête rose de son Pokémon, entre les deux cornes, et celui-ci lâcha un petit cri de satisfaction et retourna à son activité. La femme commença alors à nourrir les Roucool et tous ceux qui attendaient patiemment se précipitèrent vers elle. Malgré le froid qui lui brûlait les doigts, voir ces Roucool manger lui réchauffait le coeur. Delia se dépêcha tout de même de donner son pain, et retourna se réchauffer à l’intérieur.

La femme au foyer retourna s’installer devant son poste de télévision. Elle avait raté le début de l’épisode journalier de « Coordinatrice d’exception ». Chaque semaine, la journaliste suivait une coordinatrice, qui dévoilait certains de ses secrets, comme par exemple ce qu’elle donnait à manger à ses Pokémon ou sa façon de les entraîner. Delia adorait cette émission. Quand elle était plus jeune, elle rêvait de devenir coordinatrice, et cette série lui permettait de vivre une partie de son rêve.

La coordinatrice de cette semaine se nommait Emma et vivait à Kalos. Elle possédait deux Mistigrix, un mâle et une femelle, qu’elle entraînait ensemble. Emma était une spécialiste des concours en double, ses deux Pokémon formant un couple très soudé. Aujourd’hui, la jeune coordinatrice montrait comment elle préparait les repas de ses partenaires avec soin. Delia était très intéressée par les recettes de la jeune femme : elle utilisait un mélange de Baies Panga, Sédra et Lampou, respectivement les Baies diminuant les attaques de type Insecte, Spectre et Ténèbres, pour nourrir ses Pokémon Psy. Delia trouvait cela très astucieux : elle essaierait la recette pour M.Mime.

Bientôt, l’émission toucha à sa fin, et Delia se leva de son canapé. C’était l’heure du repas du soir. Comme d’habitude, c’était M.Mime qui préparait le dîner tandis que la femme au foyer se chargeait du déjeuner. En procédant comme cela, Delia était libre de regarder « Coordinatrice d’exception ».

Le Pokémon Bloqueur avait déjà préparé la table lorsque Delia arriva dans la cuisine. M.Mime était d’une aide précieuse pour elle : il l’aidait à faire les tâches ménagères, à préparer à manger. Et cela lui faisait une présence. Depuis que son fils était parti de la maison, la maman ne pouvait s’empêcher de ressentir comme un vide au fond de son coeur, et d’éprouver un certain sentiment de solitude. Mais toutes les mères devaient avoir ce sentiment quand leur enfant partait, non ?

M.Mime avait préparé une tarte aux poireaux et au curry, qu’elle trouva délicieuse. Son Pokémon était vraiment un excellent cuisinier. Elle débarrassa la table et s’attaqua à la vaisselle. Puis, elle se dirigea dans sa salle de bain et enfila un pyjama, avant de retourner devant sa télévision, avec sa machine à coudre. Delia travaillait actuellement sur la prochaine tenue de Sacha. C’était elle qui les confectionnait : une tenue par région qu’il visitait. Le bruit de l’aiguille perçant le tissu avait quelque chose de rassurant.

Lorsque ses yeux commencèrent à se fermer, Delia arrêta son ouvrage et se dirigea vers sa chambre. Elle ouvrit la porte et se glissa dans son lit. Froid.

Levée sans réveil
Avec le soleil
Sans bruit, sans angoisse
La journée se passe
Repasser, poussière
Y'a toujours à faire
Repas solitaires
En points de repère


Les premiers rayons de soleil de la journée chatouillèrent le visage de la quarantenaire. Une nouvelle journée commençait. Delia ouvrit en grand la fenêtre et inspira un grand bol d’air froid, pour se réveiller. Il n’avait pas neigé, cette nuit. Tant mieux. Delia n’avait jamais aimé la neige.

M.Mime dormait sur le canapé, et la femme au foyer essaya de ne pas le réveiller. Elle se prépara son petit café du matin et attrapa le quotidien qui avait été glissé sous la porte. Elle s’installa sur une des chaises de la cuisine et commença à le lire, tout en buvant son café. Delia aimait beaucoup son petit rituel du matin. M.Mime ne tarda pas à la rejoindre. La femme salua son Pokémon, à qui elle offrit quelques friandises, qu’il sembla apprécier.

Après son café, Delia avait l’habitude de prendre une douche revigorante. Une fois dans sa salle de bain, elle laissa glisser sur le sol son pyjama et regarda quelques instants son corps nu dans le miroir. Pour une femme de son âge, Delia trouvait qu’elle était plutôt bien conservée. Elle prit place dans sa baignoire et tourna les robinets. L’eau chaude déferla sur son corps et elle ne put s’empêcher de lâcher un râle de plaisir. Par ce froid, une douche chaude était tout ce qui pouvait vous faire le plus de bien.

Elle enfila un pantalon, un pull et des chaussettes et passa quelques minutes devant son miroir à remettre ses cheveux auburn en place. Delia aimait être correctement coiffée, même si elle ne voyait pas grand monde.

Le matin était propice aux tâches ménagères. Delia se chargeait de faire les poussières à l’étage, tandis que M.Mime s’occupait du rez-de-chaussée. La maison était plutôt grande pour une femme seule : au rez-de-chaussée, il y avait cinq pièces : le hall d’entrée, la cuisine, une chambre d’amis qui était inoccupée, la salle de bain et le dressing room, où Delia rangeait ses vêtements et ceux de son fils. À l’étage, il y avait le salon qui donnait sur le balcon, la chambre de Sacha, le bureau qui ne servait aujourd’hui que pour les appels vidéos et sa propre chambre, ainsi que des latrines supplémentaires. La maison était entourée d’un petit jardin où la femme au foyer faisait pousser quelques légumes et quelques Baies. Demain, elle passerait au supermarché pour acheter des Baies Panga, Sédra et Lampou, pour M.Mime. Elle avait vraiment envie de l’essayer, cette recette.

Armée de son plumeau, de son chiffon et de son produit lave-vitre, Delia s’attaqua tout d’abord au salon. C’était la plus grande pièce de la maison, avec son canapé, ses trois buffets, sa télévision murale et sa grande table pour les grandes occasions. Delia ne se souvenait plus la dernière fois qu’elle avait dressée cette table.

Elle passa un coup de plumeau sur les trois buffets, en s’attardant sur les objets posés dessus : des photographies encadrées, des objets de décorations, plus ou moins beaux et les trophées de Sacha. Delia les nettoyait tous les jours avec soin. Actuellement, ils étaient au nombre de trois : son premier trophée, celui qu’il a obtenu pour être arrivé en huitième de finale lors de la ligue Indigo, son trophée de la ligue Orange et celui qu’il a obtenu en battant tous les génies extrêmes. Sacha était un dresseur exceptionnel. Delia se souvenait encore du jour où il avait quitté la maison, en retard, pour se rendre au laboratoire du professeur Chen. Cela semblait remonter à si loin !

Après les buffets, le tour de la télévision était venu. Elle n’était jamais véritablement sale, mais Delia aimait passer un petit coup de plumeau dessus tous les jours. Cela ne prenait pas énormément de temps à faire en plus. La mère de Sacha nettoya la table en vitesse et se dirigea vers la baie vitrée, qu’elle aspergea de produit lave-vitre avant de se mettre à frotter, jusqu’à ce qu’elle considère qu’elle était suffisamment propre. Delia remarqua les miettes de pain qui traînaient sur le balcon, abandonnées ici par les Roucool. Malgré le froid, Delia entreprit de les retirer. La neige commençait de nouveau à tomber. Elle se demanda si les Roucool allaient revenir, aujourd’hui.

Après avoir nettoyer le salon, Delia s’occupa des toilettes, même si personne ne les utilisait jamais. Puis le bureau, même si, lui aussi, était inusité. Puis la chambre de Sacha. Même si ce dernier ne vivait plus dedans, Delia aimait la maintenir dans un état de propreté décent. Enfin, elle termina par sa propre chambre.

Il devait être aux alentours de dix heures et demi lorsque Delia descendit à la cuisine. De son côté, M.Mime avait fini de nettoyer le rez-de-chaussée. Il était l’heure de faire le repas du midi. Delia se considérait comme étant une bonne cuisinière, et les rares privilégiés qui avaient pu la goûter trouvait sa cuisine délicieuse. Aujourd’hui, elle allait faire des lasagnes de potirons et de tomates.

Delia ne voyait pas le temps passer. Onze heures passa, puis midi approcha. La femme au foyer glissa son plat dans le four, et patienta. Le four sonna à midi trente.

Delia et M.Mime savourèrent leurs lasagnes végétariennes, silencieusement. Delia réfléchissait à son programme de l’après-midi. Elle pouvait passer l’aspirateur ou alors repasser le linge. Finalement, elle préféra le repassage.

La maison si nette
Qu'elle en est suspecte
Comme tous ces endroits
Où l'on ne vit pas
Les êtres ont cédé
Perdu la bagarre
Les choses ont gagné
C'est leur territoire


Delia aimait repasser en regardant la télévision, alors la mère de Sacha s’installa devant son poste. Elle passa une demi-douzaine de minutes à choisir son émission. Finalement, son choix se porta sur un reportage sur les Champions d’arène.

Delia en connaissait, des Champions. Son fils avait voyagé avec deux d’entre eux, à Kanto. Pierre et Ondine. Delia les aimait bien, tous les deux. Pierre était un jeune homme serviable et généreux, un excellent cuisinier, ainsi qu’un excellent éleveur. Delia lui avait déjà demandé quelques conseils pour quelques recettes. Pierre était désormais de retour à l’arène d’Argenta, et Delia aurait bien aimé lui rendre visite, parfois. Mais Argenta était loin, tout de même. Et elle ne pouvait pas laisser M.Mime et la maison seuls. Le Professeur Chen n’habitait pas très loin, mais le pauvre avait suffisamment à faire avec son laboratoire et tous ses pensionnaires.

Il y avait Ondine, aussi. Delia appréciait beaucoup le jeune fille, est pour être totalement franche, elle espérait voir son Sacha se caser avec elle. Ondine avait tout pour plaire : jolie, avec ses beaux cheveux roux et ses beaux yeux, douée en combat Pokémon, et avec une bonne situation sociale, en tant que Championne. Un bon parti pour son fils. Mais ce dernier semblait plus intéressé par ses combats que par la jeune demoiselle, et la distance qui les séparait n’aidait pas.

Sacha se trouvait actuellement dans la région d’Alola. Delia se demanda ce qu’il était en train de faire, là. Une envie irrépressible de l’appeler la saisit, mais Delia regarda l’heure, et se ravisa. Avec le décalage horaire, son fils était probablement en train de dormir. Elle lui passerait un coup de fil demain matin, avant de se rendre au marché.

Son repassage finit, Delia lança sa machine à laver, puis étendit son linge. Bientôt, l’heure de « Coordinatrice d’exception » arriva. Les Roucool aussi, arrivèrent. Delia leur donna à manger, puis retourna regarder les aventures d’Emma, la coordinatrice. Cet épisode était consacré à la préparation à la première manche d’un concours, la phase de démonstration. Emma présentait les capacités qu’elle aimait utiliser. Psyko, Mur Lumière, Rafale Psy… Des capacités très colorées. Delia se demanda si M.Mime serait capable de participer à un concours Pokémon. Avec de l’entraînement, probablement. Mais Delia n’avait pas de temps à perdre dans ces futilités, malheureusement.

La suite de la soirée fut simple. Dîner, pyjama, machine à coudre. Dormir, dans son lit. Toujours aussi froid. Toujours aussi vide…

Le temps qui nous casse
Ne la change pas
Les vivants se fanent
Mais les ombres, pas
Tout va, tout fonctionne
Sans but, sans pourquoi
D'hiver en automne
Ni fièvre, ni froid


Les premiers rayons de soleil de la journée chatouillèrent le visage de la mère au foyer. Une nouvelle journée commençait. Delia ouvrit en grand la fenêtre et inspira un grand bol d’air froid, pour se réveiller. Il avait neigé, cette nuit. Une épaisse couche blanche recouvrait la route dehors. C’était plutôt beau à regarder. Toute cette neige prévoyait l’arrivée de Noël. Delia appréciait la fête. Elle aimait faire plaisir à son fils. La quarantenaire se demandait s’il allait rentrer, pour passer Noël avec elle.

M.Mime dormait sur le canapé, comme à son habitude et la femme au foyer essaya de ne pas le réveiller. Elle se prépara son petit café du matin et attrapa le quotidien qui avait été glissé sous la porte. Elle s’installa sur une des chaises de la cuisine et commença à le lire, tout en buvant son café. M.Mime ne tarda pas à la rejoindre. La femme salua son Pokémon, à qui elle offrit quelques friandises, qu’il sembla apprécier.

Avant d’aller prendre sa douche, Delia se dirigea vers le bureau. Elle ne mettait que très rarement les pieds dans cette pièce. Seulement pour les appels téléphoniques. Et pour le nettoyage. Delia attrapa le téléphone et composa le numéro de son fils. Puis elle fixa ses yeux sur l’écran, espérant le voir apparaître.

La sonnerie retentit à trois reprises avant que le visage angélique de son enfant apparaissent à l’écran. Son coeur se serra et un sourire relia ses deux oreilles.

- Salut mon ange, comment tu vas ?
- Oh ! Salut m’man ! Bien et toi ?
- Je vais bien ! Oh, bonjour Pikachu, ajouta Delia en voyant la souris jaune sur l’épaule de Sacha.
- Pikachu ! répondit joyeusement le Pokémon.
- Tu t’amuses bien à Alola mon ange ? Tu as rencontré de nouveaux Pokémon ? Tu as de nouveaux amis ? Tu changes bien de caleçon tous les jours ? Tu te brosses bien les dents, trois fois par jour ?
- Euh… oui, m’man, répliqua le jeune homme aux cheveux noirs, amusé et gêné par les questions de sa mère. Alola est une région formidable ! Il fait chaud, même en hiver, et les Pokémon sont hyper cool ! En plus, Pikachu et moi, on a appris à utiliser les attaques Z !
- Les… attaques Z ?
- Oui ! Ce sont des attaques plus puissantes, qui ne peuvent être utilisées seulement en cas de bonne entente entre son dresseur et son Pokémon. Il faut un Cristal Z, aussi.
- Super, répliqua Délia, sans avoir très bien compris ce dont son fils parlait. Tu rentres à la maison, pour Noël ?
- Non, je ne pense pas. Je vais le passer avec mes nouveaux amis d’ici. Ils sont super sympas !
-Ah… Je suis contente pour toi.
- Bon, je vais y aller. Au revoir m’man. Je t’aime !

Et la communication s’arrêta. Delia ne put s’empêcher d’être déçue de la réponse de Sacha. Elle allait passer Noël seule, avec pour seule compagnie son M.Mime. Elle soupira. Par moment, la solitude la pesait plus que d’autres. Alors, elle essayait de la noyer dans les tâches ménagères. Avec plus ou moins de réussite.

Pour enterrer sa déception, Delia se rendit au marché, après sa douche, pendant que M.Mime s’occupait de la maison. Delia acheta des Baies Panga, Sédra et Lampou, pour essayer la recette d’Emma. Elle acheta aussi des fruits et des légumes, car ses réserves commençaient à diminuer. Une fois ses courses terminées, la femme au foyer rentra chez elle. La neige tombait et s’accrochait à elle, sur le chemin du retour, si bien qu’elle en déposa sur le palier. Delia entreprit de nettoyer tout cela en rouspétant contre ce temps infâme. Puis la mère de Sacha commença à cuisiner.

Delia débuta par son propre repas, quelque chose de simple pour une fois, des pâtes à l’eau. Ensuite, elle décida d’essayer la recette de la coordinatrice. Elle coupa les Baies en morceau, puis exécuta la suite de la recette. Une fois finie, Delia appela M.Mime pour lui faire goûter. Le Pokémon sembla apprécier, à la grande satisfaction de Delia. Elle avala rapidement ses pâtes.

Le reste de la journée fut similaire à celle d’avant, et encore à celle d’avant. Et aux journées qui précédaient ses journées.

Aspirateur. Machine à laver. Linges. Télévision. Roucool. Emma. Dîner. Machine à coudre. Pyjama. Lit froid. Solitude.

Elle met du vieux pain sur son balcon
Pour attirer les moineaux, les pigeons
Elle vit sa vie par procuration
Devant son poste de télévision
Elle apprend dans la presse à scandale
La vie des autres qui s'étale
Mais finalement, de moins pire en banal
Elle finira par trouver ça normal
Elle met du vieux pain sur son balcon
Pour attirer les moineaux, les pigeons


Les premiers rayons de soleil de la journée chatouillèrent le visage de la ménagère. Une nouvelle journée commençait. Delia ouvrit en grand la fenêtre et inspira un grand bol d’air froid, pour se réveiller. Il avait encore neigé, cette nuit. L’épaisse couche blanche recouvrait la route dehors, d’au moins cinq centimètres. Les véhicules n’arriveraient sûrement pas à se déplacer. Enfin, après tout, il n’y avait pas beaucoup de véhicules qui circulaient, au Bourg-Palette.

M.Mime dormait sur le canapé, comme à son habitude et Delia essaya de ne pas le réveiller. Il ronflait aujourd’hui, et la femme au foyer esquissa un sourire amusé. Elle se prépara son petit café du matin et attrapa le quotidien qui avait été glissé sous la porte. Elle s’installa sur une des chaises de la cuisine et commença à le lire, tout en buvant son café. M.Mime tarda à la rejoindre. Le Pokémon avait visiblement l’intention de dormir plus longtemps ce matin. Delia décida de le laisser se reposer. Elle allait redoubler d’efforts ce matin, pour compenser. La femme au foyer se hâta de prendre sa douche.

Elle commença par faire les poussières à l’étage, comme à son habitude, dans le même ordre: salon, balcon, toilettes, bureau, chambre de Sacha. Et enfin, sa propre chambre. Quand Delia descendit au rez-de-chaussée, M.Mime était en train de s’activer pour rattraper son retard. Le Pokémon Fée l’aidait énormément, sans son aide, Delia ne voyait par comment elle aurait réussi à tenir la maison dans un état de propreté aussi parfait. Elle prêta main forte à son Pokémon, et à deux, ils finirent plus vite. Ils formaient une excellente équipe.

Ce midi, Delia avait envie de cuisiner quelque chose qu’elle ne faisait pas habituellement. Une soudaine envie de changement. Elle fouilla dans ses livres de recettes, qu’elle avait hérité de sa mère, qui avait elle-même hérité de sa propre mère. Un sentiment de tristesse attaqua le coeur de Delia lorsqu’elle se rendit compte qu’elle n’avait personne à qui l’offrir, lorsqu’elle-même devrait partir. Sacha était un piètre cuisinier, et Delia n’avait malheureusement pas eu de fille. Peu de choses s’étaient déroulés comme elle aurait aimé qu’elle se déroule, au cours de sa vie.

Delia tomba sur une recette de tofu aux légumes, en papillotes végétariennes. Elle avait besoin de 250g de tofu nature, 100g de fleurettes de brocoli, fraîches de préférence, de deux carottes, une courgette, un poivron jaune, un oignon, une gousse d’ail, de la sauce de soja, de l’huile d’olive, et, évidement, du sel et du poivre. La recette était relativement simple, et Delia la termina en une vingtaine de minutes. Elle plaça son plat vingt minutes au four, et en attendant, elle continua la lecture de son quotidien.

Son repas achevé, Delia décida de passer l’aspirateur partout dans la maison. Son aspirateur était un modèle dernier cri, silencieux. Elle l’adorait. Cela changeait tellement de son ancien modèle, si bruyant. Maintenant, elle trouvait cela agréable, comme tâche ménagère. Delia pensait à autre chose, elle s’évadait de sa vie, si morne, si ennuyeuse…

Dans un monde meilleur, Delia serait devenue coordinatrice. C’était son rêve, lorsqu’elle était gamine. Mais son père était contre. Pas assez sécurisant, qu’il disait. Peu de personnes arrivaient à en vivre. En soi, il n’avait pas tort. Mais, avec du recul, Delia regrettait de ne pas avoir essayé. Que faisait-elle, aujourd’hui ? Elle n’avait même pas d’emploi.

Suivant les conseils de son père, Delia avait fait des études, qui n’avaient pas vraiment abouti. La jeune femme avait longtemps cherché un emploi, sans succès. Alors, Delia avait décidé de faire des petits boulots précaires. Elle avait détesté cela. Ensuite, elle était tombée sur le père de Sacha, avant d’en tomber amoureuse. Et de tomber enceinte. Puis, elle tomba de haut lorsqu’il les abandonna. Delia n’avait jamais raconté cela à Sacha, préférant lui dire que c’était un dresseur exceptionnel, qui avait malencontreusement trouvé la mort. Pour ce que Delia en savait, il était toujours en vie, quelque part.

Depuis, Delia vivait dans cette grande maison grâce aux aides de l’État. Heureusement que Kanto était une région qui pratiquait la redistribution des richesses, sinon, Arceus seul savait comment Delia aurait fait pour s’en sortir.

Des crèmes et des bains
Qui font la peau douce
Mais ça fait bien loin
Que personne ne la touche
Des mois, des années
Sans personne à aimer
Et jour après jour
L'oubli de l'amour
Ses rêves et désirs
Si sages et possibles
Sans cri, sans délire
Sans inadmissible
Sur dix ou vingt pages
De photos banales
Bilan sans mystère
D'années sans lumière


Après avoir passer l’aspirateur, Delia fut saisir d’une envie de ne rien faire. Elle s’installa alors devant son poste de télévision, bien avant « Coordinatrice d’exception ». Par chance, elle tomba sur un film de Noël qui venait tout juste de commencer. Delia aimait beaucoup les films de Noël. Certes, les histoires étaient très niaises, mais elle faisait rêver. C’était des histoires où les gentils gagnaient toujours, où le garçon finissait toujours avec la fille, filant à deux un amour parfait. Ce n’était pas ça, la vie, mais Delia aimait voir de belles choses dans les films. Pourquoi regarder un film, si c’était pour voir le désespoir et la misère du monde, pourtant si visible en sortant un minimum de chez soi. Peut-être était-ce une des raisons qui poussait Delia à vivre recluse chez elle, en ermite.

Ce film racontait l’histoire d’un bel homme, héritier d’une grande richesse, marié avec une belle femme, bien qu’un peu idiote. L’homme avait été contraint de l’épouser, pour faire plaisir à sa famille, mais il n’était pas heureux avec elle. Un jour, afin de préparer une énième cérémonie, il dut apprendre à danser la valse. L’homme commença donc à prendre des cours avec une autre femme, très belle, mais plus intelligente et intéressante que la première. Comme on pouvait s’en douter, ils tombèrent amoureux l’un de l’autre, et le bel homme quitta sa femme pour partir vivre avec la professeure. Ses parents, déçus, lui retirèrent son héritage. Mais l’homme s’en moqua, préférant la femme de sa vie à sa richesse.

L’histoire était tellement belle que Delia lâcha une larme. Ce genre de film lui donnait envie de croire en l’amour. De croire en la vie. Puis, elle se souvenait de sa propre vie, et toutes ses croyances finissaient brisées par la dure réalité de la vie.

Delia enchaîna avec « Coordinatrice d’exception ». C’était l’avant-dernier épisode sur les aventures d’Emma. Dommage, Delia aimait beaucoup la jeune femme. Elle était humble, ce qui n’était pas le cas de toutes les coordinatrices qui passaient dans cette émission. Emma montra comment elle entraînait ses Pokémon pour la phase de combat. Emma semblait être une bonne dresseuse. Delia se demanda comment elle s’en sortirait contre son Sacha. Sacha gagnerait, probablement, surtout s’il utilisait Pikachu. Pikachu était un Pokémon extraordinaire, Delia l’avait vu faire match nul contre un Latios, lors de la ligue de Sinnoh.

Une fois l’émission terminée, Delia se leva et se dirigea vers la cuisine, pour prendre son repas du soir. Elle était en train de manger lorsqu’elle entendit frapper, contre la baie vitrée du salon. Les Roucool. Ils étaient en retard, aujourd’hui. Delia avait mis du pain de côté, pour eux. Elle leur donna à manger. Il faisait de plus en plus froid dehors, nul doute que les pauvres Pokémon oiseaux n’arrivaient plus à se nourrir autrement qu’en venant lui quémander du pain.

Delia se changea, ensuite, et continua à coudre. Le bruit de l’aiguille contre le tissus avait quelque chose de hypnotisant qui l’aidait à s’endormir. Quand ses yeux commencèrent à se fermer d’eux-même, Delia plongea dans son lit. Le marchand de sable passa, et Delia s’endormit d’un sommeil, qui, comme sa vie, était sans véritable rêve.

Elle met du vieux pain sur son balcon
Pour attirer les moineaux, les pigeons
Elle vit sa vie par procuration
Devant son poste de télévision
Elle apprend dans la presse à scandale
La vie des autres qui s'étale
Mais finalement, de moins pire en banal
Elle finira par trouver ça normal


Delia se réveilla en sursaut. Le bruit de la sonnette avait retentit dans la maison. La femme au foyer regarda l’heure. Il était dix heure passées. C’était elle qui avait fait une grasse matinée, aujourd’hui. Elle ordonna à M.Mime d’aller ouvrir pendant qu’elle enfilait une tenue plus convenable. Lorsqu’elle descendit, le Professeur Chen était assis dans la cuisine, M.Mime à côté de lui.

- Oh, bonjour Professeur ! Que faites vous ici ?
- Bonjour Delia ! Je passe voir comment vous allez, avant mon départ.
- Je vais bien, merci. Votre départ ? demanda la femme au foyer.
- Oui, je vais rendre visite à mon petit-fils pour passer Noël avec lui. Vous comptez passer Noël avec Sacha ?

Delia hésita avant de répondre. Elle n’avait pas envie de dire au Professeur qu’elle allait passer Noël seule. Si elle lui disait, il allait lui proposer de venir avec lui voir Régis. Cela ne tentait pas Delia plus que cela.

- Oui, je vais aller à Alola.

Elle pourrait prendre un billet d’avion, pour se rendre à Alola, voir Sacha, Pikachu, et ses nouveaux amis. Mais maintenant, les vols étaient probablement trop chers. Elle balaya cette idée de ses pensées, et proposa un thé au Professeur.

Delia passa la matinée à discuter avec le Professeur. Il demanda des nouvelles de Sacha, et elle de Régis. Les deux garçons ne s’étaient pas toujours bien entendus, à cause de leur rivalité, mais ils avaient fini par devenir de bons amis. Régis faisait des recherches sur les Pokémon préhistoriques. Il avait abandonné l’idée de devenir le meilleur dresseur. Sa passion était autre part, et il avait préféré suivre son coeur.

Delia invita le Professeur à déjeuner, invitation qu’il accepta. Elle chargea M.Mime de préparer le repas, pendant qu’elle continuait à discuter avec le scientifique. Chen était une des rares personnes à venir régulièrement voir Delia, avec Sacha. Elle appréciait énormément le vieil homme, il était drôle et intéressant. Ce n’était pas un des meilleurs scientifiques du monde pour rien.

Avoir une présence à table autre que M.Mime était vraiment plaisant. Pouvoir discuter avec quelqu’un, partager, échanger. Mais chaque bonne chose avait une fin. Une fois le Professeur parti, Delia retourna à ses occupations habituelles. Ménage, poussières. Repassage, linges. À force, cela l’épuisait. Ce n’était pas les tâches en elle-même qui la fatiguait. Elle aimait bien passer le balai, repasser, nettoyer. Elle aimait voir sa maison toute propre. Non, ce qui l’ennuyait, c’était la routine. Chaque jour qui se répétait était le même que le précédent. Delia n’arrivait pas à briser son quotidien. Le voulait-elle vraiment ? La routine avait quelque chose de rassurant.

Le dernier épisode de « Coordinatrice d’exception » de la semaine montra Emma à un concours. Elle utilisa son Mistigrix femelle pour la première phase, et elle se qualifia facilement. Son Mistigrix mâle combattait merveilleusement bien, et lui permit d’arriver jusqu’en final. Seulement, Emma affronta un adversaire qui possédait un Dimoret, un Pokémon Ténèbres. Mistigrix fut vaincu, et Emma ne gagna pas son concours. Triste pour la jeune femme, Delia éteignit sa télévision.

La femme au foyer entendit frapper contre la baie vitrée. Elle enfila une veste chaude et alla chercher une baguette de pain complète. Elle lança des petits bouts aux Roucool, assise sur son balcon. Il ne neigeait pas, aujourd’hui, mais la neige des jours précédents ne fondaient pas. Delia regarda les Roucool manger. Puis elle les regarda ouvrir leurs ailes et s’envoler. Ils étaient libres d’aller où ils le souhaitaient, eux. Libres de vivre la vie qu’ils voulaient.

Elle met du vieux pain sur son balcon
Pour attirer les moineaux, les pigeons
Elle apprend dans la presse à scandale
La vie des autres qui s'étale
Mais finalement, de moins pire en banal
Elle finira par trouver ça normal
Elle met du vieux pain sur son balcon
Pour attirer les moineaux, les pigeons


D’après La vie par procuration , de Jean-Jacques Goldman