Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

La couleur de la lumière de MissDibule



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : MissDibule - Voir le profil
» Créé le 06/12/2017 à 00:26
» Dernière mise à jour le 06/12/2017 à 00:53

» Mots-clés :   Aventure   Présence de personnages du jeu vidéo   Sinnoh   Suspense

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
XL- Ennemis invisibles
Shaïna se tenait bien droite dans le véhicule agité de soubresauts. Elle avait toujours eu le vertige. L’hélicoptère n’était clairement pas un moyen de transport fait pour elle. Elle maintenait ses yeux écarlates clos et respirait bruyamment, tétanisée. Ses amis ainsi que Beladonis la laissèrent tranquille tout le long du trajet, voyant bien que la jeune fille avait très peur. Chaque minute qui passait était plus angoissante encore, et Shaïna se demandait si elle n’allait pas défaillir avant de quitter cet appareil de malheur. Durant la totalité du voyage, personne ne parla, et, sans le vrombissement assourdissant des pales de l’hélicoptère, le silence aurait pu être total.

Le moment où l’engin volant se posa plus ou moins délicatement sur le sol neigeux de Frimapic fut l’un des plus heureux toute la vie de Shaïna. Du moins lui semblait-il. Elle retira son casque anti-bruit avec précipitation et fut la première à quitter l’habitacle, plus que soulagée. Cependant, une fois l’euphorie passée, Shaïna le ressentit soudain : ce froid mordant et acéré qui lui glaçait chaque parcelle de son être. La jeune fille n’aurait jamais cru un jour avoir aussi froid, surtout en fin d’été. Ceci étant, elle n’était pas vraiment vêtue en conséquence. Elle mourait littéralement de froid dans son short. Et encore, elle avait eu la présence d’esprit de mettre un sweatshirt le matin-même.

La neige qui crissait sous ses baskets la faisait frissonner d’autant plus, et, en jetant un œil à ses amis qui descendaient à leur tour de l’hélicoptère, elle put constater qu’ils tremblaient déjà, frigorifiés. Candice semblait pourtant la moins affectée, quand bien même elle était la moins couverte du groupe d’amis. Shaïna s’en étonna :
- Mais tu te gèles pas, Candice ? Moi je suis morte de froid !
- Oh tu sais… Je… commença son amie, mal à l’aise.
- La faute à qui aussi ? Vous ne m’avez pas écouté, résultat vous avez froid. Dois-je vous rappeler que c’est vous qui avez tenu à venir avec moi jusqu’à Frimapic ? la coupa Beladonis en soupirant.

Penauds, les quatre adolescents secouèrent la tête, n’osant pas objecter. Après tout, Beladonis avait parfaitement raison… L’inspecteur soupira à nouveau, puis se tourna vers le pilote de l’hélicoptère. Après avoir donné quelques directives à celui-ci, il commença à se mettre en route. Vers où, ça, lui seul le savait.
- On fait quoi, maintenant, inspecteur ? lui demanda Chrom.
- J’ai quelques personnes à voir, répondit simplement Beladonis en désignant du menton un bâtiment tout proche, à la devanture familière. Nous n’avons que peu de temps, alors il nous faut nous hâter.

En effet, Shaïna venait tout juste de se rendre compte qu’ils avaient atterri sur une surface où la neige avait été dégagée au préalable, juste à côté… de l’arène Pokémon de Frimapic. Outre son climat hivernal, la ville enneigée semblait plutôt accueillante, et très rustique, avec ses petites chaumières éparses aux cheminées fumantes. À première vue, rien ne semblait troubler ce petit hameau paisible. Mais Shaïna savait parfaitement que les apparences pouvaient être trompeuses.
- D’ailleurs, je pense que je sais où vous trouver des vêtements plus chauds, ajouta l’homme aux cheveux noirs, tirant la jeune fille de ses réflexions.

Un murmure de satisfaction parcourut le petit groupe d’amis suite à cette annonce. Ils se firent alors une joie de suivre l’inspecteur qui courait à vitesse folle vers l’arène au toit brun. Arrivé à destination, il ouvrit les portes du bâtiment sans le moindre ménagement, manifestant clairement le fait qu’il était pressé. Là, dans l’arène Pokémon de type Glace au sol gelé, quelques hommes et femmes en grosses doudounes étaient affairés à transporter des monceaux d’une matière bleue fluorescente afin de les « entreposer » sur le trône de la championne, Gladys, qui donnait ses directives.

La jeune championne aux nattes noires qui rebiquaient était accompagnée par une femme en tailleur militaire brun foncé, à l’air strict. Dès qu’il les aperçut, Beladonis se précipita vers les deux jeunes femmes, talonnés par les quatre adolescents, qui restèrent néanmoins un peu en retrait pour laisser les trois adultes discuter entre eux. Même s’ils semblaient avoir des milliers de questions sur l’étrange matière bleue, ils les réservaient pour plus tard, lorsque l’inspecteur serait en mesure de répondre à leurs interrogations.
- Bonjour Gladys, bonjour Leïla. Navré d’avoir tant tardé, s’excusa ce dernier à l’approche des deux femmes.

La championne aux yeux noisette s’empressa de le rassurer :
- Oh, ne vous en faites pas. Grâce à ces braves volontaires, l’acheminement de la Chromazurite depuis le Temple s’effectue très rapidement, s’expliqua Gladys.
- Hein ? C’est une bonne nouvelle, mais… Et la Team Éclat ? s’étonna l’inspecteur.
- Toujours aucun signe, intervint soudainement l’autre femme, la dénommée « Leïla », avec inquiétude.

Leïla était une quasi-trentenaire, un peu plus grande que la moyenne. Elle possédait cependant une silhouette très longiligne, accentuée par ses longs cheveux raides de couleur brun clair qui encadraient son visage fin. Ses yeux turquoise exprimaient une profonde détermination. Elle avait beaucoup de charme. Un charme mystérieux. Shaïna n’aurait su l’exprimer, mais cette femme dégageait une puissante aura. Une prestance naturelle indescriptible, qui lui conférait un incommensurable charisme. Le genre de personne que l’on ne pouvait s’empêcher d’écouter religieusement, tant elle suscitait la fascination.

Peu de personnes pouvaient se vanter de posséder un tel pouvoir.
- Mon équipe est prête à intervenir à n’importe quel moment pour les intercepter, ajouta Leïla.
- Parfait. Merci Leïla. Un très bon travail, comme toujours, la félicita Beladonis. Je ne sais pas ce que je ferais sans ton aide.
- Merci. Après tout, nous sommes là pour nous entraider, répondit la jeune femme en souriant. Tiens ? Qui sont ces jeunes enfants ? demanda-t-elle soudainement.

Elle venait de s’apercevoir de la présence du groupe d’adolescents, grelottant derrière l’inspecteur.
- Oh, ce sont… Mes indics, en quelque sorte, tenta de se justifier Beladonis.
Leïla étudia alors en détail le visage de chacun des enfants. Ils se présentèrent à elle, tour à tour, puis elle fit de même, se présentant en tant que Leïla Feye, cheftaine des troupes de dresseurs d’élite des F.P.I. C’était un poste haut-placé, aux lourdes responsabilités. La jeune officière s’occupait des missions sur le terrain avec son équipe, grâce aux informations que Beladonis récoltait lors de ses enquêtes. Une coordination digne des plus grands professionnels.

Alors que Leïla les dévisageait, Shaïna s’aperçut que Shuno semblait mal à l’aise face au regard bleu-vert de la jeune femme. « Je me demande ce qu’il a… Peut-être qu’il n’aime pas être observé ? », pensa-t-elle. Décidément, Shuno était bien plus sensible que ce qu’elle aurait pu croire.
- Hum, je vois, commenta simplement Leïla. Mes pauvres. Vous m’avez l’air frigorifié. Je crois que nous avons des uniformes supplémentaires au commissariat. Si vous voulez, je peux vous en prêter, proposa-t-elle aimablement.

La proposition fut volontiers acceptée par le quatuor reconnaissant, qui craignait de se changer en glaçon d’un moment à l’autre.
- Je vous l’avais bien dit, fit Beladonis en clignant de l’œil.
« Il est bien plus détendu, d’un coup… Je suppose que savoir que les troupes de Leïla sont là pour se charger de la Team Éclat l’a rassuré. », songea Shaïna. Puis elle emboîta le pas à la jeune femme en tailleur brun, qui quittait déjà l’arène, non sans avoir salué au préalable la championne Gladys.

Beladonis s’adressa justement à elle avant de quitter les lieux :
- Nous nous rendons au commissariat, Gladys. Je souhaiterais que vous nous y rejoigniez le plus vite possible. Il ne faut surtout pas que vous restiez seule. La Team Éclat a la fâcheuse tendance de s’en prendre aux Champions d’arène avant de commettre leurs délits.
- C’est noté, inspecteur. Je vous rejoindrai dès que possible. Mais ne vous inquiétez pas pour moi, je sais me défendre ! Après tout, je suis la numéro 2 de l’Alliance Pokémon de Sinnoh ! lui rappela-t-elle.

En effet, la jeune dresseuse aux nattes foncées était réputée pour être la deuxième Championne la plus coriace de la région, juste derrière Tanguy, le champion de Rivamar. Cependant, cela ne signifiait pas grand-chose car, peu importe leur rang, les Champions étaient tous des dresseurs talentueux capables de faire face à tout type d’adversaire, du simple débutant au dresseur expérimenté. Ils possédaient donc des Pokémon de niveaux très différents, afin de pouvoir satisfaire toutes les demandes et de pouvoir se battre à armes égales avec leurs potentiels adversaires. Ce système avait été mis en place à l’internationale, par l’Alliance Pokémon de chaque région, afin que tous les enfants du monde, peu importe leur ville natale, soient en mesure de défier un Champion d’arène rapidement.

C’était la raison pour laquelle Chrom et Shaïna - ils ne s’étaient pas concertés, mais ils y pensaient ardemment tous les deux - comptaient bien profiter de leur venue à Frimapic pour affronter Gladys et remporter le badge Glaçon. Mais l’heure n’était pas encore à cela. En réponse à la championne, Beladonis répondit qu’il ne doutait pas de ses talents, mais que l’on n’était jamais trop prudent. Il avait bien raison, et il ne tarderait pas à se rendre compte à quel point…

***
Gladys était vraiment fière de ses volontaires, qui achevaient de ramener la Chromazurite depuis le Temple. Elle aurait souhaité s’en charger elle-même, mais l’inspecteur lui avait fortement déconseillé - pour ne pas dire interdit - d’aller au Temple, où elle serait « une proie facile pour la Team Éclat » selon ses dires. Elle avait donc gentiment demandé l’aide de quelques passants qui avaient pour la plupart rapidement accepté de transporter le matériau bleu jusqu’à son arène. Après tout, elle n’en avait pas l’air, mais la Championne faisait figure d’autorité dans la ville enneigée, et tout le monde la respectait.

Ainsi, la totalité de la Chromazurite venait d’être acheminée par ces braves passants. Gladys jeta un œil à son trône de Championne : elle ne le voyait presque plus, tant la quantité de matière fluorescente était importante. Elle se demandait vraiment, à l’instar de toutes les personnes au courant de cette étrange affaire, comment une si grande quantité de ce matériau pourtant si rare avait pu se retrouver cachée dans l’une des statues du Temple de sa ville. Il était évident qu’il s’agissait là de l’œuvre de quelqu’un. Mais qui, cela, Gladys n’en avait pas la moindre idée.

Perdue dans ses pensées, elle remercia à nouveau les volontaires qui quittaient peu à peu son arène, jusqu’à ce qu’elle se retrouve seule. Elle secoua la tête. Ce n’était pas le moment de penser à cela. Il y avait plus urgent : la Team Éclat risquait de frapper à tout moment, et quoi qu’elle puisse en dire pour se donner du courage, la jeune femme ne pouvait s’empêcher d’être inquiète. Peu rassurée par la perspective de croiser la route des bandits aux manteaux pailletés, elle se hâta de verrouiller la porte de son arène et prit la direction du commissariat à vive allure.

En la voyant enfin s’éloigner, celui qui l’observait depuis un bon moment déjà poussa un soupir de soulagement : il allait finir par croire qu’elle ne s’en irait jamais ! Ce curieux spectateur n’était autre que Mayew le petit Pokémon, propriétaire de la Chromazurite que ces humains venaient – sans le savoir – de lui dérober. Décidément, tout allait de travers pour le petit Pokémon, en ces temps difficiles ! Alors qu’il revenait bredouille de l’une de ses expéditions en quête du matériau bleu qui lui était si cher, Mayew avait eu la désagréable surprise de trouver des humains en train de vider sa réserve secrète. Il avait alors paniqué. Heureusement pour lui, les voleurs avaient entreposé leur butin non loin, et Mayew n’avait eu aucun mal à les suivre à tire d’aile.

Il avait ensuite entrepris de les observer de loin, attendant le moment où tous les humains auraient déserté pour se téléporter à l’intérieur du bâtiment, et récupérer ce qu’on lui avait volé. Il n’en pouvait plus d’attendre. On avait osé lui dérober son trésor ! Il ne pouvait pas le supporter. Comme il lui tardait de revoir sa montagne bleue adorée ! N’y tenant plus, il se téléporta dans l’arène au moment précis où l’humaine aux cheveux noirs quitta la pas de la porte. Enfin, elle était là. Sur le siège situé au fond de la salle, il y avait sa montagne bleue, qui brillait du même éclat surnaturel. Comme elle lui avait manqué !

Mayew vola alors vivement vers elle, impatient. Il était presque parvenu à sa hauteur quand soudain, une immense fissure se dessina dans l’air. Mayew n’eut pas le temps de comprendre ce qui se passait. En un éclair, une sombre main jaillit de la fissure et les happa tous les deux, sa montagne et lui. Du scintillant tas de Chromazurite et de son propriétaire, il ne restait rien. La fissure se referma aussi subitement qu’elle s’était formée, laissant l’arène Glace de Frimapic désespérément vide.

***
Shaïna était ravie d’avoir enfin quelque chose de chaud sur le dos, tout comme ses amis. Le groupe formé des quatre enfants ainsi que de Beladonis et Leïla se trouvait actuellement au commissariat de Frimapic, où la cheftaine des troupes de dresseurs d’élite des F.P.I. leur avait prêté les uniformes en surplus de son unité.
- Habillés comme ça, on va croire que vous faites partie de ma division, plaisanta-t-elle.
Cela ne déplaisait pas à Shaïna, qui n’était contre le fait qu’on puisse la prendre pour une dresseuse d’élite.

Elle jeta un œil à ses amis : ils semblaient vraiment être quelqu’un d’autre, vêtus ainsi. Chrom ressemblait à un vrai sergent, et Candice semblait porter l’uniforme comme si c’était son habit de tous les jours. Seul Shuno ne semblait pas du tout à l’aise. Shaïna se regarda dans le miroir : elle aimait bien l’air mature que lui donnait le tailleur brun à bords dorés. Elle aurait aimé avoir la prestance naturelle de Leïla.

Pendant qu’ils s’observaient sous toutes les coutures dans leurs nouveaux costumes, Beladonis en avait profité pour expliquer aux quatre enfants l’histoire de la Chromazurite retrouvée dans le creux d’une statue du Temple de Frimapic. « C’est vraiment bizarre, cette histoire, il y a un truc qui tourne pas rond. Si la Chromazurite est si rare, alors comment ça se fait qu’il y’en avait autant à cet endroit précis ? » s’était alors demandé Shaïna, de la même manière que la Championne Gladys un peu plus tôt. Une question à laquelle l’inspecteur n’avait lui non plus pas encore de réponse. En tout cas, au moins un mystère avait été élucidé : la raison de la recrudescence de Pokémon chromatiques à Frimapic.

Soudain, un « bip » sonore se fit entendre, interrompant les pensées de la jeune fille. Pour une fois, il ne s’agissait pas du Lumidex de Chrom. Non, l’appareil qui avait sonné était le talkie-walkie de Leïla. Celle-ci répondit rapidement, angoissée. Tous les regards étaient fixés sur elle, en particulier celui de Beladonis.
- Allô, oui ? Ici la commandante Leïla Feye, qu’y-a-t-il ?
- Chef, chef ! C’est une catastrophe ! s’écria alors une voix féminine, paniquée.
- Lieutenant Andrews ? C’est vous ? demanda alors Leïla d’une voix assurée qui tranchait avec son air anxieux.
- Oui… Enfin non… Je ne sais plus du tout, répondit la voix.
- Vous ne savez plus ? Mais enfin, que se passe-t-il, lieutenant Andrews ? insista Leïla, de plus en plus inquiète.

Tout cela ne lui disait rien qui vaille.
- Cette fille… Elle… ELLE M’A FAIT PERDRE LA TÊTE !
- Quelle fille ? Mais enfin, Andrews, de quoi parlez-v…
Mais c’était déjà trop tard. Le lieutenant Andrews était déjà parti, et avec elle l’espoir de réponses pour la commandante Feye.

Cette dernière échangea un regard grave avec son collègue aux cheveux noirs : encore un coup de la Team Éclat. Et, encore une fois, ils avaient manqué de prudence. Ils ignoraient encore toute la puissance de celle qui avait fait "perdre la tête" au lieutenant Andrews. Mais ils ne tarderaient pas à la découvrir.