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Voeu d'Eternité de Nasca



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Informations

» Auteur : Nasca - Voir le profil
» Créé le 31/10/2017 à 17:00
» Dernière mise à jour le 18/02/2018 à 17:55

» Mots-clés :   Alola   Présence de personnages du jeu vidéo   Romance   Suspense

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Acte 6 – Vœu d'Eternité
Quelque chose me tapotait. D'abord doucement, puis plus énergiquement. Il y eut grincement métallique aussi. Je le reconnaîtrai entre mille. J'ouvris péniblement les yeux. J'étais allongé sur une plage. La plage autour du laboratoire d'Euphorbe. Mon métalosse était à mes côtés.

– Ca va ? Rien de cassé ? (j'ai tapoté une de ses pattes). Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai adoré te poser cette question.

J'ai ricané. Mon métalosse eut l'air exaspéré.

Je me suis relevé lentement. Mele-Mele avait l'air différent. Il faisait toujours nuit à l'extérieur, mais quelque chose avait changé. C'était comme si quelque chose avait cessé de fonctionner. J'ai jeté un œil vers la mer. Elle était silencieuse. Pas une vague, pas un son.

Il y avait un rattata qui rôdait plus bas. Il se déplaçait aléatoirement quand, tout d'un coup, il se figea avant de tomber doucement sur le côté, sans vie.

– Qu'est-ce qui se passe ?

Un picassaut tomba du ciel. Puis un deuxième. Et un troisième.

» Si tu ne pars pas maintenant, tu ne le pourras bientôt plus jamais.
Hein ?

Puis, j'ai compris. Au loin, le monde commençait à disparaître. C'était comme si je vivais sur la surface d'un disque et que quelque chose grignotait les bords en se dirigeant vers le centre.

Par où aller ? J'ai regardé autour de moi, puis mon regard s'est porté vers l'ouest. Ekaeka. Ca paraissait logique.

– A pied, je mets une heure pour aller à Ekaeka. Tu penses pouvoir faire mieux, vieux frère ?

Mon métalosse rétracta ses pattes et se mit à léviter. Je suis monté dessus à plat ventre et je me suis accroché au "x" sur son visage en veillant à ne pas lui obstruer la vue.

– Je pense que je suis bien accroché.

Il fila à toute allure. Non, on ne mettrait certainement pas une heure pour rejoindre l'université.

1
Tous les habitants et pokémons d'Ekaeka étaient allongés par terre, inconscients. J'ai jeté un œil vers le parc de la ville. La vieille dame qui nourrissait les picassauts était toujours assise là-bas. Tout comme les autres, elle ne bougeait plus et sa tête pendait mollement hors du banc.

Je suis arrivé au niveau de mon bâtiment résidentiel. Les lumières étaient allumées cette fois-ci et je me suis rué vers les escaliers. Il n'y avait plus cette présence oppressante. Juste un paquet d'étudiants inanimés. J'ai repoussé la barrière au septième étage et j'ai grimpé jusqu'au huitième sans perdre de temps.

Roxane était au milieu du couloir. Elle était pieds nus et portait une petite robe blanche sans manche qui lui arrivait au niveau des cuisses. Ses cheveux roux étaient toujours impeccablement coiffés et ses belles boucles lui retombaient un petit peu partout sur le visage. Il n'y avait plus d'amour dans ses yeux. Juste de la colère... et de la tristesse.

– Laisse-moi partir, Roxane.
– Je ne peux pas.
– Pourquoi ?
– Parce que sans toi, je n'ai pas de futur. J'aurais souhaité que tu sois heureux. Que nous soyons heureux tous les deux. Mais je ne peux pas te le forcer. Je ne sais pas comment faire.

Le couloir parut s'élargir et Roxane se mit à léviter.

– Même si je dois faire de toi mon esclave, je n'hésiterais pas. Même si mon bonheur se résumera à cette semaine que nous avons passé ensemble, tant pis. Je ne te laisserai pas partir !

Elle leva la main au-dessus de sa tête et l'abaissa d'un coup. Aussitôt, une nuée d'aiguilles violettes volèrent dans ma direction.

Mon métalosse s'interposa et posa un mur lumière devant lui. Quelques aiguilles transpercèrent la barrière et s'écrasèrent sur mon pokémon. Au contact de son épiderme, les projectiles explosèrent. Un liquide se répandit sur sa patte avant et mon métalosse grogna de douleur.

– Qu'est-ce que c'était ?

Ce bruit sinistre au contact du métal. De l'acide. C'était de l'acide. J'ai levé la tête vers Roxane. Elle était toujours en train de flotter dans les airs. Ses cheveux et sa robe ondulaient lentement autour d'elle.

– Il faut qu'on se batte, mon grand ! Vas-y, pisto-poing !

Mon métalosse s'ancra dans le sol. Il y eut un cliquetis, comme si des pistons s'activaient, puis il s'élança vers notre ennemie à toute vitesse, les deux pattes avant devant lui.

L'air autour de Roxane se brouilla. Elle se mit à clignoter puis, d'un coup, disparut. Mon métalosse fracassa le plafond. Une tentacule cristalline surgit des décombres et saisit mon pokémon.

– Utilise hâte pour te défaire de l'étreinte !

Mon métalosse déploya toute son énergie pour partir vers l'avant. La tentacule se plia, mais ne lâcha pas prise.

– Maintenant !

D'un coup, Métalosse partit en arrière. L'élan avait surpris la tentacule qui faillit lâcher. Mais elle tint bon. Mon pokémon s'immobilisa et la tentacule s'abattit sur le sol, écrasant sa proie de toute sa force. Un nuage de poussière se leva.

– Métalosse !

Roxane réapparut devant moi et m'attrapa le menton. Je l'ai repoussé immédiatement d'un revers de la main.

– Pourquoi tu fais ça, Roxane ?
– Est-ce que... est-ce que tu as ressenti quelque pour moi, hier soir ? Tu sais, quand je t'ai embrassé.

Elle avait posé la question en toute sincérité. C'était pur, innocent. J'ai immédiatement relâché ma garde. Cette fille – ou quoique c'était, d'ailleurs – elle n'était pas mauvaise. J'en étais persuadé.

Mon métalosse se dégagea des décombres et vola instantanément dans ma direction. Roxane disparut de nouveau pour réapparaître au milieu du couloir, aux côtés de la tentacule.

Il ne fallait pas que je me déconcentre. Elle n'était peut-être pas malveillante, mais que se passerait-il si je perdais ? Est-ce que j'allais disparaître avec ce monde ? Je ne devais pas laisser ça arriver. Mais elle était forte. Peut-être trop forte.

» Elle est forte. Mais toi ? Qu'as-tu découvert durant ta quête de pouvoir ?
Oui, bien sûr. Mais je n'avais pas ce qu'il fallait pour l'utiliser.
» Je suis sûr que si.
En y réfléchissant, moi aussi j'en étais sûr.

J'ai levé le bras.

– Allez, on se donne à fond, Métalosse !

Mon pokémon rugit. Il avait la passion. J'avais la certitude que ça allait marcher. Une lumière émergea de mon torse, au niveau du cœur. La lumière entra en résonnance avec mon métalosse. Il y eut une explosion blanche et mon pokémon mega-évolua.

Métalosse rugit de nouveau et les murs du couloir tremblèrent.

– Cet affreux pokémon, murmura Roxane. C'est à cause de lui si on en est là.

Elle abaissa de nouveau le bras. Les débris du couloir vibrèrent, se mirent à flotter et s'amassèrent autour de la paume de Roxane. Puis, d'un coup, les vibrations s'arrêtèrent. Un rayon rocailleux partit de la main de Roxane et fila en direction de mon pokémon.

– Vite, ultralaser !

Métalosse joignit ses quatre pattes. Une énergie s'accumula à l'intersection et un flot d'énergie en émergea. Le rayon gemme de Roxane se désagrégea et un nouveau nuage de poussière se forma. Quelque chose s'agita derrière.

– Sur ta gauche, Métalosse !

Il avait entendu mon ordre. Il avait même probablement vu ce qui allait le frapper, mais il ne pouvait pas bouger. Pas encore. La tentacule surgit hors du voile de poussière et le frappa de plein fouet. Mon métalosse s'écrasa une nouvelle fois au sol. La tentacule prit son élan et s'abattit avec toute la violence dont elle était capable sur mon pokémon.

La poussière commençait à se dissiper. Roxane s'approcha de nouveau à côté de moi.

– Il n'est pas encore trop tard, Pierre. (sa voix était de nouveau suppliante). S'il te plaît, change d'avis !

Mon cœur se serra.

– C'est d'accord, j'ai dit.

Toute ma vie, je me souviendrai de ce qui s'est passé sur le visage de Roxane à ce moment-là. Elle avait écarquillé les yeux, surprise par ma réponse. D'abord, j'ai lu de la joie dans son regard. Puis la joie a laissé place à l'émerveillement le plus pur dont j'ai jamais été témoin. J'étais sûr qu'elle allait pleurer. Mais elle n'eut pas le temps.

Roxane se mit à hurler, paralysée par une force invisible qui semblait l'écraser. Mon métalosse se dégagea des décombres. Roxane était prisonnière de ses pouvoirs psychiques.

– Psyko, Métalosse !

Et il la projeta de toutes ses forces contre le sol.

Une larme coula le long de mon visage. Je me sentais tellement coupable de l'avoir trompée. Mon métalosse attendait mon prochain ordre et Roxane se relevait péniblement. J'ai serré les dents.

– Poing meteor !

Mon métalosse arma une de ses pattes du haut. Une lumière s'accumula au bout de cette dernière et, lorsque le scintillement s'arrêta, il frappa. Un coup net, simple et destructeur. Roxane se le prit de plein fouet et fit un vol plané sur plusieurs mètres. Elle atterrit, sans vie, à quelques pas de la porte du fond.

J'ai fait un signe à mon métalosse et nous nous sommes rués vers cette porte, nous aussi. J'ai posé ma main sur la poignée. Des sanglots me stoppèrent dans mon élan.

Roxane était assise par terre, une main posée sur son épaule blessée. Elle pleurait. J'ai hésité, mais j'ai fait un pas vers elle.

– Ne t'approche pas.

Sa voix était noyée par la tristesse et le chagrin.

– Pars.
› Reste, s'il te plaît. J'ai besoin de toi.
– Dépêche-toi de partir.
› Pourquoi est-ce que tu m'as mentie ? Pourquoi est-ce que tu m'as frappée ?
– Ne l'écoute pas !
› J'ai mal. Aide-moi.
– Qu'est-ce que tu attends ?!
› C'est la Fondation Æther qui m'a fait ça. Ils m'ont volé mon avenir. Aide-moi, je t'en prie.

Roxane se mit à pleurer franchement. J'avais le cœur brisé.

› Ils ont fait de moi un monstre !
– Je t'en supplie, il faut que tu partes.

Je me suis retourné et j'ai ouvert la porte. Les pleurs s'étaient arrêtés et je l'entendais juste sangloter.

– Est-ce que... est-ce que tu peux me promettre... juste me promettre... que tu ne m'oublieras pas ? Est-ce que tu peux me le promettre ?

Je me suis retourné brièvement.

– Je te le promets.

Elle se remit à pleurer.

– Pardon... Pierre.

C'est moi qui ai pleuré cette fois-ci.

– Je suis désolé, Roxane. Tellement désolé.

Et j'ai franchi la porte.

2
J'ai ouvert les yeux et j'ai tout de suite reconnu le sous-sol de la Fondation Æther. J'étais allongé sur le carrelage froid. Je me suis appuyé sur mes mains et je me suis relevé le plus lentement possible. J'étais de nouveau moi, Pierre Rochard – le fils de M. Rochard. Mes yeux me piquaient. Je les ai frottés et j'ai réalisé que j'étais en train de pleurer.

Je me suis retourné. Sur le sol, là où j'étais allongé, il y avait une zéroïd. Elle ne bougeait plus. Elle ne bougerait sans doute plus jamais. Ses tentacules étaient étendues sur tout le long, comme si elles m'avaient enveloppé pendant que j'étais inconscient.

Je me suis penché et j'ai inspecté l'ultra-chimère. Il y avait quelque chose autour d'une de ses tentacules. Je me suis baissé et je l'ai retiré. C'était un bracelet. Son bracelet. Celui en fils violets tressés. Je l'ai serré dans ma main et j'ai essuyé mes larmes avec le revers de ma manche.

– Roxane. Je tiendrai ma promesse.

J'ai attaché le bracelet à mon poignet puis, d'un pas lourd, je me suis dirigé vers l'ascenseur.