Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Voeu d'Eternité de Nasca



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Nasca - Voir le profil
» Créé le 31/10/2017 à 16:46
» Dernière mise à jour le 07/11/2017 à 19:47

» Mots-clés :   Alola   Présence de personnages du jeu vidéo   Romance   Suspense

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Acte 4 – Terreur
Il était tard quand nous avons rejoint le campus. Léon n'était plus sur la plage lorsque nous avons quitté notre coin. Il avait dû nous chercher sans trop insister avant de suivre le cortège principal.

J'ai accompagné Roxane jusqu'en bas du bâtiment dans lequel elle logeait. Elle me déposa un léger baiser sur les lèvres.

– Il faut que tu sois fort, Pierre. Tu me le promets ? A demain.

J'avais hoché la tête sans essayer de comprendre. Elle avança jusqu'à la porte, se retourna une dernière fois pour me faire un signe, puis disparut dans le hall.

J'ai rapidement traversé le parc pour rejoindre mon propre bâtiment résidentiel.

La porte grinça légèrement. Le hall était désert et toutes les lumières, programmées pour s'éteindre à une certaine heure, étaient déjà éteintes.
» C'est bizarre.
Ah, le retour de mes consciences. Elles ne m'avaient pas manqué. Cela dit, c'est vrai qu'il y avait quelque chose d'étrange dans l'air. C'était un soir de festival. Même s'il est vrai qu'il était tard, j'avais du mal à imaginer que tout le monde était déjà rentré et couché.
› Je ferai mieux de me dépêcher et rejoindre ma chambre.
Et pourquoi devrais-je me dépêcher ?
» Parce que j'ai fait quelque chose que je n'étais pas censé pouvoir faire.
Hein ?

J'ai senti comme un frisson me parcourir le corps. Instinctivement, je me suis mis sur mes gardes alors que je savais très bien qu'il n'y avait rien, ni personne autour de moi.

J'ai jeté un œil aux alentours. Le hall était désert. Ca, c'était sûr. Il faisait sombre, mais je voyais très clairement que l'espace télévision l'était aussi. Je me suis détendu et j'ai commencé à m'avancer en direction des escaliers. Je suis passé devant les distributeurs et les panneaux d'affichage (il y avait un nouveau mot d'ailleurs : "Pectorius, t'as de gros pectoraux". Brillant.) puis je me suis engouffré dans l'escalier.

Je ne sais pas si c'est parce que je m'étais effrayé tout seul dans le hall, mais il y avait quelque chose de pesant dans le bâtiment. A chaque marche grimpée, je sentais comme une présence. Je ne dirais pas qu'elle était hostile, mais elle était malsaine.

Le pire monstre que l'on peut rencontrer dans le noir, c'est notre imagination. C'est Damien du Conseil des 4 d'Hoenn qui me l'avait dit. Je ne sais plus pourquoi il m'avait dit ça, mais je commençais à comprendre le sens. J'étais complètement submergé par la paranoïa. A tel point que je n'osais pas regarder derrière moi. Au fond de moi, j'étais certain que mon imagination n'était pas la seule fautive. Ma chambre se trouvait au septième étage. J'étais au troisième. L'escalier me paraissait infini.

› On est bientôt arrivé, accroche-toi.
Ouais ouais, je m'accroche.
» Qu'est-ce que t'en penses ? Y a personne. Ce serait le bon moment pour jeter un œil ?
Mais qu'est-ce qu'il raconte ?

Et là, j'ai compris. J'étais arrivé au septième étage et, devant moi, se dressait la barrière amovible qui bloquait l'accès au dernier étage. J'entendais mon cœur battre.

Je me suis approché de la barrière. Elle n'était pas fixée au sol et on pouvait la déplacer facilement. Je me suis penché pour essayer de voir ce qu'il y avait plus haut, mais il faisait trop sombre.

› Je parie que tu n'as aucune envie d'y mettre les pieds.
Au contraire, j'en mourrai d'envie.
› Il y a une raison pour laquelle l'accès a été condamné.
J'ai toujours été du genre prudent. Explorer de nuit, à l'aveuglette et me retrouver – je ne sais pas – face à un plancher qui s'écroulerait, par exemple, ne m'enchantait pas vraiment.
› C'est pour ça que tu devrais rejoindre ta chambre.
J'avais vraiment une conscience trouillarde.

Et pourtant, plus je fixais ces marches qui montaient et plus mon sentiment d'angoisse grandissait. Il y avait vraiment quelque chose là-haut. Mon instinct de survie m'interdisait d'aller plus loin. Mais, paradoxalement, ce même instinct de survie me poussait également à escalader ces marches.

Un autre frisson me parcourut le corps. C'était vivant cette fois-ci. J'ai regardé le couloir du septième étage, là où se trouvait ma chambre. Puis, je me suis tourné une nouvelle fois vers l'escalier du huitième étage.

Je ne sais pas ce que j'ai vu. Je ne sais pas ce que j'ai imaginé. Mais j'ai eu peur d'un coup. Très peur. De la vraie peur.
› Il faut partir.
» Il faut partir. Pour le moment.
Mes deux consciences étaient d'accord, alors moi aussi. J'ai filé vers ma chambre sans me retourner. J'ai claqué la porte derrière moi et j'ai allumé la lampe de chevet. J'étais haletant. Qu'est-ce qui s'est passé là-bas ? Pourquoi cette crise de terreur soudaine ? Je me suis assis sur le lit pour me calmer.

J'avais passé une soirée idyllique. Ce monde, je commençais à l'aimer. Ma nouvelle identité, j'étais prêt à l'accepter.
» Mais au fond, tu ne veux pas changer.
C'est dur de changer.
› Mais tu es heureux ici, non ?
Oui, je le suis. Et pourquoi est-ce que mes consciences me tutoient, maintenant ?

Je me suis allongé sur mon lit sans me déshabiller. Je ne sais pas si ce flot d'émotions en était la raison, mais je me suis endormi instantanément.

1
Je me souviens. J'ai été invité à Alola par le professeur Euphorbe pour inaugurer l'Arbre de Combat. Je n'étais pas le seul invité. Il y avait d'autres Champions, d'autres Maîtres. Je ne me souviens plus si j'ai beaucoup gagné ou perdu. Je me souviens juste qu'après la première journée, on m'a conduit à la Fondation Æther. C'est là où certains d'entre nous allaient loger jusqu'à la fin de l'événement. Je me souviens de ces murs blancs. Je me souviens avoir partagé une bière avec Cynthia pendant que nous discutions de stratégie et d'archéologie. Cynthia. Oui, elle et moi avions décidé de faire équipe le lendemain pour le tournoi en duo. Nous avons beaucoup discuté et il était tard quand nous nous sommes quittés.

La chambre de Cynthia se trouvait à cet étage. Moi, il fallait que je prenne l'ascenseur. Je me souviens. Je voulais monter, mais l'ascenseur est descendu. Je ne savais pas si c'était une erreur de ma part ou si quelqu'un avait appelé l'ascenseur depuis le sous-sol.

Je me souviens. Lorsque l'appareil s'est arrêté, je n'ai pas pu m'empêcher de sortir pour visiter. C'est là que je l'ai vue. La lumière bleue. Cette lumière qui semblait vivante. Cette lumière qui voulait me parler, qui voulait que je l'aide. Alors, je me suis approché. Je me suis approché plus près.

› Puis, ce fut le noir.
Non, j'ai vu ce que c'était.
› Tu n'as rien vu.
Si, je l'ai vu. Juste avant de m'évanoui...
› TU N'AS RIEN VU !

2
Je me suis réveillé en sursaut. Ma respiration était saccadée et j'étais transpirant. J'ai jeté un œil à mon réveil. 3h. J'ai mis ma tête dans mes mains. Des souvenirs de mon accident me revenaient. Cette lumière bleue, j'ai vu ce que c'était. Alors, pourquoi est-ce que je n'arrive pas à m'en souvenir ?
» Et s'il y avait un indice au dernier étage ?
J'étais terrifié à l'idée de sortir de ma chambre.
» Seul, tout est effrayant.
J'ai fouillé dans mes poches. Durant un court instant, j'ai cru que la pokeball de mon métalosse avait disparu. Mais non, elle était là. L'avoir dans la main me fit un bien fou.

– Heureusement que tu es là, mon ami.

J'ouvris la porte et m'engouffrai dans le couloir.

Mon métalosse surgit à mes côtés. Je lui fis un signe et, lui et moi, nous traversâmes le couloir.

J'étais de nouveau face à l'escalier. Le même sentiment de terreur m'assaillit, mais la présence de mon pokémon m'aida à garder mon sang-froid. J'ai retiré la barrière et murmuré quelques mots à mon compagnon. Mon métalosse retroussa ses pattes et se mit à léviter.

– Je passe d'abord.

Cette sensation, je souhaite ne jamais la revivre. Monter ces escaliers, c'était comme s'enfoncer dans les abysses de l'océan. A chaque marche, j'entendais mon cœur battre de plus en plus fort. Je disais dans le hall que j'avais senti comme une présence autour de moi – mais qu'elle n'était pas hostile. Là, très clairement, je sentais de l'hostilité.

Puis, je suis arrivé en haut. Mon métalosse me rejoignit doucement. Arrivé à ma hauteur, il redéploya ses quatre pattes qu'il posa lourdement au sol. Il semblait impassible.

– Tu n'as pas peur ?

Il émit un grognement métallique. Sur le moment, je n'ai pas su si ça voulait dire oui ou non. J'ai tourné la tête. Un couloir plongé dans le noir le plus total s'étirait devant moi. On aurait dit une gueule prête à me happer. J'ai essayé de me détendre, mais je n'y arrivais pas.

› Tu n'as pas envie d'être là.
Tout juste, Auguste. J'étais tellement tendu que je pouvais entendre mes articulations grincer. J'ai essayé de faire le vide dans ma tête, de me calmer. Comment en étais-je arrivé là ? Comment étais-je passé du paradis à l'enfer ?
» Tu n'as pas réagi comme il le fallait. Tu as fait quelque chose que tu n'étais pas censé faire.
Ca, tu me l'as déjà dit. Mais quoi ? Qu'est-ce que j'ai fait ?
› Redescends.
Non.
› Redescends.
J'ai dit non.

Je me suis passé une main sur le torse. Mon haut était trempé de sueur. J'ai regardé mon métalosse.

– Franchement, heureusement que t'es là, mon pote.

Et j'ai effectué mon premier pas dans le couloir.