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Voeu d'Eternité de Nasca



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» Auteur : Nasca - Voir le profil
» Créé le 31/10/2017 à 16:34
» Dernière mise à jour le 18/02/2018 à 14:48

» Mots-clés :   Alola   Présence de personnages du jeu vidéo   Romance   Suspense

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Acte 2 – Festival
J'étais un étudiant de deuxième année d'un cursus intitulé Singularités et Evolutions. J'ai grandi et vécu à Ula-Ula (il faudra d'ailleurs que je trouve le temps d'y aller pour avoir l'air crédible si on me pose des questions) et je suis venu à Ekaeka pour finir mes études.

N'ayant pas trouvé d'amulette du Tour des Îles dans mes affaires, j'en ai déduit que le moi d'ici n'avait pas dû le faire.

Je n'étais pas particulièrement enchanté à l'idée de retourner dans un amphithéâtre en tant qu'étudiant, mais les leçons de la journée étaient dynamiques. Et puis, voir des enseignants en chemise à fleurs, short et pieds nus avaient également contribué à rendre les cours plus exotiques. Nous étions une promotion composée d'une soixantaine d'étudiants. Parmi eux, Léon et Roxane semblaient être mes amis les plus proches. J'avais quelques appréhensions, je pensais que j'allais avoir du mal à interagir avec eux, du fait de la différence d'âge et d'expérience. J'avais tort. Ils étaient tous deux à la fois matures et plaisantins. Il y avait cette innocence, cette naïveté qui les rendaient très attachants.

Roxane me montra un dépliant.

– Tu as vu ? Il est dit qu'il y aura des chercheurs de la Fondation Æther qui assisteront à nos exposés de fin d'année.
– Ce n'est pas étonnant, ajouta Léon. Une fois notre diplôme obtenu, nous travaillerons probablement pour eux. J'ai entendu dire qu'ils font des recherches sur une nouvelle espèce de pokémon.

Les Ultra-Chimères. A mon époque, ces créatures, ainsi que la présidente Elsa-Mina, étaient responsables de la tragédie de la Fondation Æther.
› Mais les choses seront différentes dans cette nouvelle époque.
Oui, sans doute. En tout cas, je l'espèrais de tout mon cœur.

– C'est ce que tu veux, toi ? Travailler pour eux ?
– Ben ouais, dit Léon. Pas toi, Rox' ?
– Je ne sais pas, je n'y ai pas encore réfléchi. Et toi, Pierre ?

Je n'en savais rien non plus. Mon avenir, voilà quelque chose dont je ne m'étais plus soucié depuis longtemps.

– Comme toi, Roxane. Je sais pas non plus.

1
Le dernier cours de la journée venait de se terminer. Cela faisait déjà une semaine que j'étais arrivé et je commençais à prendre mes marques. Alola ressemblait au Hoenn d'il y a vingt ans – un mélange de traditions, de cultures locales et d'amorce de mondialisation. Les gens étaient joyeux et respectueux à Ekaeka.

Depuis ce matin, il y avait comme une ambiance électrique dans le campus. Et là, à 18h, c'était encore pire dans la résidence universitaire. Le hall était bondé d'étudiants qui avaient troqué leurs uniformes contre des vêtements de ville. Je parvins, tant bien que mal, à me frayer un chemin parmi cette masse humaine jusqu'à ma chambre, à l'avant-dernier étage. Léon m'attendait devant la porte.

– Allez, mon pote ! Dépêche-toi de t'habiller !
– Pourquoi ? Qu'est-ce qui se passe ?

Léon me dévisagea, mais il commençait à être habitué à mes questions bizarres.

– T'es vraiment sûr que tes neurones ont pas grillé, Pierrot ? Ce soir, c'est le festival de Tokorico. Ca te revient, l'ahuri ?

Je lui fis un non de la tête avec un grand sourire. Léon soupira bruyamment.

– T'es pas vrai, toi. Habille-toi, c'est tout. Rejoins-moi en bas quand t'as fini et dépêche-toi un peu.

Je l'entendis marmonner quelque chose dans sa barbe, mais je n'y prêtai pas attention. J'ai déposé mon sac sur le lit, enfilé quelque chose de plus confortable et mis mes deux pokeballs et mon portefeuille dans mes poches. J'ai traversé tout le couloir dans l'autre sens et je m'apprêtai à emprunter l'escalier de gauche pour descendre au rez-de-chaussée.
» C'est quoi ça, à droite ?
A droite. L'escalier qui menait au dernier étage. Il y avait une barrière amovible en métal qui en bloquait l'accès. Comme précisé sur le bout de papier scotché à la barrière, l'accès avait été interdit. Je me demande bien pourquoi, d'ailleurs. Ce n'était pas la première fois que je voyais cet escalier, bien sûr, mais je ne m'étais jamais posé plus de questions.
› Je devrais me dépêcher. Roxane et Léon doivent m'attendre.
J'ai laissé les mystères du dernier étage derrière moi et j'ai filé au rez-de-chaussée. Comme prévu, Léon et Roxane étaient déjà en bas.

– Désolé, j'ai mis un peu de temps.
– Ce n'est pas grave, fit Roxane. Mais il est peut-être un peu tard pour aller à Lili'i ou la baie de Kala'e.
– Mouais, valida Léon. On va se contenter de la plage à côté du labo' d'Euphorbe.

Ils me jetèrent un regard et j'ai hoché la tête pour leur dire que j'étais d'accord.

Ekaeka était en effervescence. Un grand feu avait été allumé sur la plage en face du quartier résidentiel. Le son des tam-tam et des ukulélés résonnaient dans toute la ville. Une odeur alléchante de fruits de mer grillés me chatouillait les narines et me rappelait que je n'avais pas eu le temps de déjeuner ce midi. Des pichus et des pikachus sauvages s'étaient d'ailleurs joints aux festivités pour quémander quelques friandises.

Nous ne nous sommes pas arrêtés et nous avons laissé Ekaeka derrière nous. Il y avait une autre plage en contrebas, à une heure de marche. L'ambiance là-bas y était encore plus festive grâce au grand nombre d'étudiants sur place. De nouveau, un grand feu avait été allumé et les barbecues pullulaient le long de la plage. Certains étudiants jouaient d'un étrange instrument à vent (j'apprendrai plus tard que ces instruments étaient connus sous le nom de xaphoon) en plus des usuels ukulélés et autres percussions. Il y avait une orataria avec le groupe de musique. Sa voix était pure et cristalline. Je n'avais jamais rien entendu d'aussi beau.

Roxane me tira vers le bas, jusqu'à un groupe de jeunes qui se livraient à une compétition de danse tribale. Quelques férosinges s'amusaient d'ailleurs à les imiter. Je jetai un œil autour de moi. Il y avait une telle vie, une telle énergie sur ce festival. C'était revigorant.

Une main se posa sur mon épaule.

– Vous venez d'arriver ? Dépêchez-vous de vous servir ou ces goinfres vont tout engloutir !

L'étrange inconnu se fendit alors d'un rire sonore. Je me retournai pour voir qui était cet amoureux de la vie. C'était Euphorbe et il était la copie conforme du Euphorbe de mon époque. Sa blouse blanche déboutonnée dévoilait un torse bronzé et musclé. Il faisait nuit, mais il portait quand même sa casquette et ses lunettes de soleil.

– Professeur Euphorbe !

Je l'ai interpelé par réflexe, comme s'il était censé me reconnaître.

– A ton service, petit. Prend donc une crevette avant que je ne les fasse toutes disparaître dans mon gosier.

C'était une sensation étrange. Le professeur Euphorbe était un bon ami à moi là d'où je venais. Le voir interagir avec moi comme si j'étais un inconnu (même si je l'étais, techniquement parlant) avait quelque chose... d'effrayant.

Un groupe d'étudiants attira mon attention. Ils avaient longé la plage pour rejoindre une grotte située un peu en hauteur. Ils attendirent un retardataire qui avait du mal à escalader la dernière pente, puis ils s'engouffrèrent à l'intérieur.

– Eh, Roxane. Y a quoi là-bas ?

Elle jeta un œil dans la direction que je pointais du doigt.

– Je ne sais pas. Tu veux qu'on aille voir ?

Elle avait des étoiles dans les yeux. J'ai hoché la tête sans réfléchir.

– Tu viens, Léon ?
– Nan, allez-y sans moi. Vous me connaissez : la bouffe gratuite et moi, c'est sacré.

Roxane avait insisté, mais Léon avait l'air bien décidé à dévorer le plus de crevettes grillées possible. Nous avons escaladé la petite montée en quelques enjambées. La grotte était éclairée par des guirlandes d'ampoules enroulées autour d'une vingtaine de magnetis. Il y avait un peu moins de dix personnes dans la grotte.

– On dirait qu'ils sont en train de se battre.

Roxane avait raison. Deux étudiants étaient en train de se battre. L'un d'entre eux avait un alakazam et l'autre avait un lucanon. Le lucanon semblait mal en point.

– Finis-le, Alakazam ! Psyko !

Une décharge invisible s'abattit sur le pokémon insecte. Il tomba lourdement au sol et son dresseur le rappela à lui. Il y eut un brouhaha et tout le monde acclama le vainqueur. Le dresseur du lucanon tendit une liasse de billets à son adversaire.

– Ils font des paris, j'ai dit.
– Oui, valida Roxane. Viens, on s'en va.
– Eh, mais ce ne serait pas Pierre ? Accompagnée de sa Roxane ? Allez, venez ! Ne soyez pas timides !

C'était, en grande partie, des étudiants de notre promotion. Le dresseur d'Alakazam s'appelait Thomas, ça j'en étais sûr. Quant aux autres, il me faudrait encore du temps pour mémoriser tous les prénoms. C'était une bande de copains bons vivants, pas du tout méchants. J'ai jeté un œil à Roxane.

– Désolée, les garçons. On est juste venu par curiosité.
– Oh, allez ! Juste un match, avait supplié Thomas.
– J'ai dit non.

Thomas parut vexé.

– Et toi, Pierre ? Ca te dirait ? Dans le campus, ça dit que toi et tes pokémons, vous êtes plutôt faiblards.

Ses amis ricanèrent.

– Ce serait une bonne occasion pour toi de faire taire ces rumeurs, qu'est-ce que tu en penses ?

Roxane m'attrapa le bras et baissa la voix de sorte que je sois le seul à l'entendre.

– Ne l'écoute pas. Tu n'as rien à lui prouver.

Ces mots résonnèrent en moi. Non, je n'avais rien à lui prouver. Je n'avais rien à prouver à qui que ce soit. Et pourtant...

– Allez, Pierre ! J'utiliserai juste mon Alakazam et toi, tu auras le droit à deux pokémons. Qu'est-ce que tu en penses ?

› Je n'ai rien à lui prouver.
» Je ne me bats pas pour prouver quoique ce soit. Je veux me battre parce que je suis un dresseur.
› Je ne suis plus un dresseur.
» C'est dans mon âme et dans mon sang. Peu importe mon identité, je serai toujours un dresseur.

Les pensées fusaient dans ma tête. C'était comme si deux de mes consciences se chamaillaient.

– Alors, oui ou non ? T'as pas la trouille quand même ?
– Ca marche. Un combat, c'est tout.

Thomas et ses acolytes jubilèrent. Roxane laissa échapper un soupir de frustration.

– C'est parti ! En avant, Alakazam !

Le pokémon humanoïde réapparut. Il avait le regard vif, la preuve qu'il avait déjà livré de nombreux combats. J'ai mis ma main dans ma poche pour attraper l'une de mes deux pokeballs.

Quelque chose tiqua dans ma tête. Ces pokeballs, je ne les avais encore jamais ouvertes. Quels étaient mes pokémons ? Roxane me regardait. Elle me fit un mouvement de tête pour m'inciter à faire quelque chose. J'ai appuyé sur le bouton de la pokeball, elle a grossi et j'ai envoyé mon premier pokémon à la bataille.

Une lumière blanche se déclencha lorsque la pokeball entra en contact avec le sol et un mimigal en sorti. Le groupe de Thomas réprima un ricanement à la vue du petit pokémon insecte.

– T'es sûr que tu veux te battre avec lui ? me demanda Thomas. Non, parce qu'on dirait qu'il n'a pas beaucoup d'expérience. Et puis, le poison, ça n'a jamais été connu pour être un bon choix face à un pokémon psychique.

– On y va, Thomas. Mimigal, dard-nuée !

J'étais d'accord avec Thomas. Ce pokémon manquait d'expérience. Je le voyais très clairement. Le voir attendre trois bonnes secondes avant d'exécuter mon ordre était la preuve qu'il n'avait peut-être encore jamais combattu.

Mon mimigal inspira profondément et relâcha une poignée d'aiguilles acérées.

– Débarrasse-moi de cette farce, Alakazam. Psyko !

Le pokémon adverse fit un mouvement complexe avec ses mains. L'air vibra autour de lui et les aiguilles projetées par mon mimigal rebondirent sur un écran invisible. Une seconde plus tard, une force imperceptible se rua sur mon pokémon.

J'avais beaucoup d'expérience dans les combats pokémons et j'avais déjà livré des centaines – si ce n'était des milliers – de matchs face à des pokémons psychiques. Tout était une question de timing pour esquiver leurs attaques.

– Sur ta gauche, Mimigal !

Mon mimigal n'esquissa pas le moindre mouvement. L'attaque du alakazam le percuta de plein fouet et mon mimigal fut projeté plusieurs mètres en arrière, K.O. Thomas et ses amis se mirent à rire bruyamment.

– La vache, ils blaguaient pas. T'es vraiment pas fait pour ça, mon pote. Mais, comme promis, t'as le droit à un deuxième pokémon. Tu feras pas pire que ça, hein.

Et ils rirent de plus belle.

Je serrai les dents. J'ai utilisé ma pokéball pour rappeler mon mimigal. Roxane posa sa main sur mon épaule.

– Laisse-les rire, Pierre. On s'en va. Ni toi, ni eux ne serez des dresseurs professionnels de toute façon. Ils fanfaronnent parce qu'ils n'ont rien d'autre. Ils n'ont pas confiance en leur avenir.

Elle me regarda droit dans les yeux. Elle avait un visage frais, jeune. Elle était vraiment belle.

– Tu n'es pas un dresseur. Et alors ? Qu'est-ce que ça fait ?

Une voix à l'intérieur de moi comprenait ce qu'elle disait. Dans ce nouveau monde, je n'avais pas besoin de gagner avec mes pokémons pour être heureux. En fait, je savais que gagner ne me rendrait jamais heureux. C'était pour ça que j'avais laissé tomber mon titre de Maître. Mais ma fierté, elle brûlait. C'était plus que de la fierté, c'était de la passion.

J'ai adressé un petit sourire à Roxane avant de serrer sa main dans les miennes.

– Tu as raison, Roxane. Mais je vais finir ce combat.

Elle fit la moue.

– Si je perds, promis, je ne me battrai plus jamais. D'accord ?

Elle ouvrit la bouche, mais aucun son n'en sortit. Elle recula d'un pas tandis que j'attrapai ma deuxième pokeball. J'étais en train de fixer la sphère rouge et blanche quand mes consciences se remirent à se disputer.

› Gagner ne me rendra pas heureux. Je ne veux pas être l'esclave de mon ego.
» Ce n'est pas une question d'ego, mais une question de fierté.
› Je ne veux pas être un champion, je ne veux pas de cette fierté.
» Ce n'est pas une question de vouloir. Je suis un champion. Cette fierté, elle est en moi depuis toujours.


C'est vrai, j'étais le meilleur. Je suis toujours le meilleur. J'ai appuyé sur le bouton de ma pokeball. Elle a émis un bourdonnement tout en triplant de volume. Peu importe mon expérience et mes talents, sans un pokémon digne de ce nom, je ne gagnerai pas.

» Je sais qui est dans cette pokeball.
La deuxième voix de ma conscience tenta de répondre à la première voix, mais elle était inaudible. Ou plutôt, je ne voulais pas l'écouter. J'ai fermé les yeux. Oui, je savais qui se trouvait dans cette pokeball.
» Mon vieil ami.
Oui, je sais. C'est lui. Mon vieil ami.

– En avant, Métalosse !