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Voeu d'Eternité de Nasca



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Informations

» Auteur : Nasca - Voir le profil
» Créé le 31/10/2017 à 16:22
» Dernière mise à jour le 18/02/2018 à 14:34

» Mots-clés :   Alola   Présence de personnages du jeu vidéo   Romance   Suspense

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Acte 1 – 20 ans
Je me souviens d'une lueur bleue. Elle était faible. Peut-être un peu pâle. Je me suis dirigé vers elle. Je ne sais plus où j'étais, ni pourquoi j'y étais. Je me souviens juste avoir senti que cette lumière était vivante, qu'elle voulait me parler, qu'elle voulait que je l'aide. Alors, je me suis approché. Je me suis approché plus près. Puis, ce fut le noir.

1
J'essayai d'ouvrir les yeux, mais je n'y arrivai pas. Ma tête tournait et j'étais désorienté. Un ami avait l'habitude de dire : "après une soirée trop arrosée, toujours respirer un bon coup avant de se lever". Alors, c'est ce que j'ai fait – même si j'étais certain que l'alcool n'y était pour rien dans mon cas. J'ai inspiré un bon coup. Ca sentait l'air croupi et humide. Ca sentait la transpiration aussi. J'étais allongé en boule sur un lit, la tête enfouie sous une couverture. Je me suis levé lentement en projetant les draps froissés d'un coup de pied. Ma vision était encore floue, mais je commençai à distinguer quelques meubles. Quelque part dans la pièce sombre coulait une musique que j'entendais à peine. La chanson m'était familière. On aurait dit un hit qui aurait pu être diffusé sur la radio nationale d'Hoenn, sauf que j'étais pratiquement sûr de ne pas être à Hoenn.

Après m'être péniblement levé, j'ai cherché un interrupteur. Je ne savais pas du tout où j'étais. Ca ne ressemblait pas à une chambre d'hôpital. Ni à aucun lieu que j'ai déjà fréquenté par le passé, d'ailleurs. Ma main se posa sur une lampe de chevet que je m'empressai d'allumer. J'étais dans une petite chambre en désordre. Il y avait des vêtements et des magazines étalés par terre. Des piles de livres maladroitement entassés couvraient un grand bureau et les deux chaises de la pièce.

En face de moi, il y avait le poster d'une jeune femme en lingerie scotché au mur. La jolie modèle, qui arborait une coiffure très à la mode à Kalos, me fixait avec des yeux plein de passion. Les autres murs étaient décorés dans le même esprit : une agglomération d'affiches qui respiraient la jeunesse et l'exubérance. Il y avait d'autres femmes dévêtues, bien sûr, mais aussi beaucoup de dresseurs à la pose triomphale. Sur l'une d'elles, j'ai reconnu Peter, mon bon ami de la Ligue Indigo. Le poster était dédicacé et Peter avait même prit la peine d'écrire : "Seuls ceux qui croient en leurs rêves sont capables de les réaliser". J'ai trouvé ça pompeux, mais ça lui ressemblait tellement de débiter ce genre de choses.

Soudain, la porte de la chambre s'ouvrit à la volée. Elle heurta la bibliothèque avant de repartir doucement dans l'autre sens. Un jeune homme entra en trombe. Je ne savais pas qui il était, mais il semblait choqué et surpris.

– Mais qu'est-ce que tu fous encore ici ? Il est dix heures moins le quart. Je croyais que tu avais un oral à neuf heures.

Mon premier réflexe a été de regarder autour de moi pour vérifier s'il n'y avait personne d'autres dans la pièce. Son ton était si familier qu'il me paraissait impossible qu'il s'adresse à moi. Mais il enchaîna, en me regardant droit dans les yeux.

– Qu'est-ce que tu vas faire, Pierre ? Te procurer un certificat médical ? Ils t'ont à la bonne à l'infirmerie, alors ça devrait le faire.

Il m'avait appelé par mon prénom, donc il me connaissait bel et bien. Mais moi, j'étais certain de ne pas le connaître et je ne comprenais rien à ce qu'il me disait. J'ouvris la bouche, mais aucun son n'en sortit.

– Eh oh ! Léon Delaunay à Pierre Rochard. Est-ce que vous me recevez ?

Il s'approcha.

– T'as pas l'air bien, mon pote. T'es tout pâle.
– Je... Je ne sais pas. Je me sens un peu déboussolé.

Le dénommé Léon rit franchement et me mit une claque dans le dos.

– Ah ça, je t'avais dit de ne pas mélanger les liqueurs de Poni. C'est sacrément costaud ces trucs-là. Tu ne dois plus t'en souvenir, mais t'étais dans un sale état. Il faudra que tu remercies Roxane, d'ailleurs. C'est elle qui t'a traîné jusqu'à ta chambre. D'ailleurs, y a de sacrés ragots sur vous deux après hier soir, ajouta-t-il avec un sourire complice.

J'étais perdu. J'avais envie de lui poser mille questions, mais je ne savais pas par où commencer. Où est-ce que j'étais ? Comment il me connaissait ? Qu'est-ce qu'il racontait ? Tout se bousculait dans ma tête.

– T'as quand même mauvaise mine. Regarde-toi. T'es sûr que t'as pas chopé la grippe ?

D'un mouvement de tête, il me fit signe de regarder sur ma droite, en direction du miroir incrusté dans l'armoire. J'ai pivoté et j'ai contemplé mon reflet. C'était bien moi, pas de doute, mais à une exception près – je devais avoir dix, non, quinze ans de moins.

– Tu devrais vraiment passer à l'infirmerie, vieux. Pour la certification médicale et pour t'assurer que t'aies rien choppé de contagieux.

Il regarda sa montre.

– Bon, faut vraiment que j'y aille. On se voit demain soir de toute façon.

Il marqua une pause.

– Tu t'en souviens, hein ? Demain soir ?
– Oui, ne t'en fais pas, j'ai dit.

Evidemment, je n'avais aucune idée de ce qu'il racontait.

– Je passe te chercher de toute façon. Allez, à toute, Pierrot.

Et il disparut en claquant la porte derrière lui.

Il y avait un pantalon posé sur le dos d'une chaise. Je l'ai attrapé avant d'ouvrir l'armoire et retirer une chemise en coton et une veste affublée d'un élégant brodage. Je me suis habillé en vitesse. Il y avait un sac en bandoulière marron sur le bureau. Je m'en suis emparé et j'ai vidé son contenu sur le lit. Deux pokeballs et deux livres en sont tombés (comme s'il n'y en avait déjà pas assez dans cette pièce). C'était des manuels scolaires : Abécédaire de la Stratégie et Macroéconomie – le modèle Kanto-Johto. Il y avait un portefeuille noir en faux cuir aussi. J'ai, une fois de plus, vidé son contenu sur le lit. Ce que je pensais être une pièce d'identité était, en fait, une carte étudiant. Il y avait ma photo dessus, accompagné de mon nom, de mon prénom, de mon cursus et du logo de l'université d'Ekaeka. Ekaeka, j'étais donc à Alola. J'ai retourné la carte. J'ai froncé les sourcils. Au verso, rien ne correspondait. Il était indiqué que j'étais originaire de Malié, à Ula-Ula, au lieu d'Algatia. Quant à la date de naissance, d'après ce qui était écrit sur la carte, j'étais né quinze ans après ma véritable année de naissance. Ca veut dire que j'avais actuellement vingt ans au lieu des trente cinq que j'étais censé avoir.

J'ai pris une longue inspiration avant d'essayer de faire le point dans ma tête. Etais-je victime d'un phénomène surnaturel ? Etais-je retourné dans le passé ? C'était peu probable : ce Léon semblait me connaître et je n'étais certainement pas à Alola lorsque j'avais vingt ans. Etais-je en train de rêver ? Je me mis quelques claques. Si c'était un rêve, tout ça avait l'air sacrément réel. Dire que je ne comprenais pas ce qui se passait était un euphémisme.

J'ai remis tous les documents à leur place dans le portefeuille avant de le glisser, avec les deux pokeballs, dans mes poches. J'ai réajusté ma veste et je suis sorti dans le couloir.

Je devais être dans une résidence universitaire. Il y avait une dizaine de chambres à cet étage. J'ai rejoint le rez-de-chaussée en dévalant les marches quatre par quatre. Le hall grouillait d'étudiants et, je ne sais pas pourquoi, cette ambiance me faisait un bien fou. Sur ma droite, il y avait un espace télévision. Il était tôt, mais il y avait déjà une bande de jeunes agglutinés devant ce qui semblait être un combat pokémon professionnel. La sortie était sur ma gauche. J'ai quitté la résidence universitaire et suivi les panneaux jusqu'à la bibliothèque du campus.

2
Le campus d'Ekaeka n'était pas très grand, mais on s'y perdait facilement. La bibliothèque se trouvait dans le bâtiment principal, au troisième étage. Ce que je cherchais se trouvait dans la section archives, mais au lieu de réponses, j'étais confronté à davantage de questions. En fait, il semblerait que j'étais bel et bien dans le passé. Pas un passé très lointain, heureusement – tout juste deux ans de l'époque que j'avais mystérieusement quitté. La Ligue d'Alola n'avait donc pas encore été fondée et la tragédie à la Fondation Æther ne s'était pas encore produite.

Lorsque j'ai compulsé les archives d'actualités d'Hoenn, je n'ai rien trouvé sur moi. Il n'y avait aucune trace de mon nom sur la liste des Maîtres d'Hoenn. Celui de Marc suivait immédiatement celui de mon prédécesseur. Tout ce que j'ai découvert dans ces documents, je l'ai validé sur le réseau informatique mondial. Mon père existait toujours et il était toujours président de la Devon SARL. Sur son profil, il était écrit qu'il était marié, mais qu'il n'avait jamais eu d'enfants.

Je me suis laissé tomber sur ma chaise. Tout ça était un vrai casse-tête. J'étais, semble-t-il, dans le passé avec une nouvelle identité. Ca paraissait délirant, mais je n'étais pas trop inquiet. En y réfléchissant, c'était peut-être même une sacrée occasion !

– Ca ne te ressemble pas de sécher tes cours, Pierre.

La voix venait de derrière. Une étudiante rapprocha un tabouret et s'assit pile à côté de moi. Ses yeux bleu-gris me lancèrent un regard très singulier – un mélange paradoxal entre quelque chose de charmeur et d'exaspéré. Elle passa une main dans ses cheveux roux très légèrement bouclés et jeta un œil rapide à mon ordinateur.

– La Devon SARL ? Tu as un dossier à rendre sur les entreprises d'Hoenn ?
– N... Non. C'est une recherche personnelle.

› Encore quelqu'un qui me connaît.
La situation avait un côté comique, mais je me sentais surtout embarrassé. J'aurais voulu feindre de la connaître et discuter, l'air de rien, mais je savais que j'étais un très mauvais comédien. Je décidai de rester naturel, quitte à paraître pour un idiot.

– Alors, tu vas soit croire que je me moque de toi, soit croire que je suis devenu fou, mais je ne sais plus du tout qui tu es.

Elle fronça les sourcils.

– Tu es sérieux ?
– Je suis sérieux.

Elle se recula sur son tabouret et croisa les bras. Elle avait un joli bracelet en fils tressés violet au poignet.

– Je ne sais pas trop à quoi tu joues, Pierre, mais je suis en train de me demander si le mélange que tu as avalé hier ne t'a pas brûlé le cerveau. Tu étais quand même dans un sale état quand je t'ai ramené dans ta chambre, hier soir.

La conversation du matin avec Léon me revint en un éclair.

– Ah, Roxane ?
– Bingo, Pierrot. Dis, t'es sûr que ça va ?
– Ca va. C'est juste que je ne sais plus trop où je suis depuis ce matin.

Au sens littéral du terme, mais ça, elle ne pouvait pas le savoir.

– Peut-être que tu devrais juste passer à l'infirmerie, récupérer un justificatif d'absence et aller te coucher. C'est ce que je ferais à ta place.
– Je pense que je vais suivre ton conseil. Je veux juste finir deux-trois recherches, d'abord.

Roxane se leva et remit le tabouret à sa place. Elle jeta un dernier regard vers mon écran avant d'amorcer un pas de recul.

– Je ne sais pas trop pourquoi tu t'intéresses à la Devon SARL, ni à Hoenn d'ailleurs. Il n'y a plus rien pour toi là-bas. Enfin, tu fais ce que tu veux. On se voit demain soir.

Elle me fit un geste de la main avant de disparaître. "Il n'y a plus rien pour toi là-bas". Je ne savais pas pourquoi elle avait dit ça, mais elle avait peut-être raison.
› Elle a raison.
J'ai fermé toutes les fenêtres de l'ordinateur et j'ai quitté la bibliothèque.

3
Je n'étais encore jamais venu à Mele-Mele et Ekaeka avait le charme des vieilles villes. Les routes, les boutiques, les voitures – tout avait un parfum un peu vintage. Le grand centre commercial au bout de la rue était le seul monument à la mondialisation. Deux ans plus tard, Ekaeka perdrait son âme en échange d'un tourisme florissant.
› Quel gâchis.
Il y avait un grand parc sur ma gauche. Une vieille dame jetait des graines aux picassauts tout en repoussant les larvibules un peu trop insistants.

J'ai marché lentement, passant devant le barbier, le centre commercial et la mairie. Il y avait un bar juste à côté et je décidai de m'y arrêter. La porte tinta et je décidai de m'installer au bar. Une barwoman habillée d'une chemise à volants blanche et d'un minishort apparut derrière le comptoir.

– Qu'est-ce que je te serre, mon chou ?
– Un soda cool, s'il vous plaît.
– Un quoi ?
– Oubliez ce que j'ai dit. Qu'est-ce que vous avez ?
– Ca dépend. Avec ou sans alcool ?
– Sans.
– Les jeunes de l'université sont plutôt friands de notre cocktail de baies. Peut-être que ça te plairait à toi aussi.
– Je vais commander ça alors.

Elle m'adressa un sourire, puis s'afféra à me préparer mon cocktail.

J'en profitai pour regarder un peu autour de moi. Il n'y avait pas grand monde dans le bar. Un groupe d'étudiants autour d'une table et un homme d'âge moyenne qui se sifflait une bière en compagnie de son feuforêve.

Il y avait une affiche sur l'un des murs. Une très belle jeune femme bronzée prenait la pose aux côtés d'un lougaroc. Il y avait écrit : Défiez Alyxia au Dôme Royal et devenez champion !

Devenir champion, hein ? Beaucoup de gens en rêvaient. Moi aussi, j'en ai rêvé. Seulement, la vie m'a appris que les rêves ont souvent une bien meilleure saveur quand ils restent simplement, et bien, des rêves. Lorsqu'on les réalise, on commence à se poser des questions – à se remettre en question. Est-ce que c'est vraiment ce que je voulais ? Pourquoi ai-je désiré ça pendant si longtemps ?

Beaucoup de personnes m'ont envié quand je suis devenu le Maître d'Hoenn et personne ne voulait me comprendre quand j'ai décidé d'abandonner mon titre au profit de Marc. Tous ces sacrifices, et pour quoi ? Prouver à mon père que je n'avais pas besoin de lui ? Prouver au monde entier que j'étais fort ? J'ai serré les dents et le poing. A quoi ça servait d'être fort seulement maintenant ?

› Mais je peux être heureux, maintenant.

– Tiens, mon chou. J'espère que ça va te plaire.

La barwoman posa un verre old-fashionned rempli d'un liquide rouge et jaune. La surface ressemblait à du verre et elle renvoyait mon reflet.
J'étais revenu quinze ans en arrière. Je n'étais plus "le fils de M. Rochard". Je n'avais plus besoin de prouver quoique ce soit à qui que ce soit.

› Je peux être heureux.

– Tu ne goûtes pas ?

La voix de la barwoman me ramena de nouveau à la réalité. Je portai le verre à mes lèvres et avala une gorgée. C'était rond en bouche, ni trop acide, ni trop sucré. Ces sensations, je savais qu'elles étaient réelles. Je savais que je n'étais pas victime d'hallucinations.

Je jetai un œil vers l'extérieur, admirant le paysage urbain d'Ekaeka.

› Non, ce n'était pas un rêve.

– Alors, ça te plaît ?

Je souris à la barwoman

– Beaucoup.