Une rencontre fracassante
Max posa enfin le pied sur le port d'Ekaeka après plusieurs jours de voyage enfermé dans sa cabine à se retenir de vomir par terre. Ce qu'il avait était bien pire qu'un mal de mer en fait, les bateaux et lui, ça faisait deux. D'ailleurs, c'était pas sa première fois en bateau, mais c'était la première fois qu'il allait « visiter » Alola.
Après avoir fait un petit tour dans l'embarcadère, il sortit et lut la pancarte. « Vous êtes arrivé à bon port ! ». Il ne put s'empêcher de sourire, même si ce slogan était assez bête au final. Il y avait peu de monde dehors malgré le Soleil brûlant d'un après-midi sous les tropiques. Des Goélise et des Bekipan passèrent au-dessus de sa tête, lui rappelant avec amertume la raison de sa venue ici. D'un pas décidé, il quitta le port pour s'aventurer dans la zone commerciale de la petite ville.
Sa première pensée fut que cet endroit changeait radicalement de Poivressel, des petits parcs étaient dispersés ça et là et il n’y avait pas de pavés sur le sol, juste des routes. Cependant, il existait tout de même un point commun, humains et Pokémon vivaient heureux et se côtoyaient avec allégresse. À peine arrivé et il savait déjà qu'Alola allait lui plaire. Peut-être qu’un jour, dans des circonstances différentes, il reviendrait prendre du bon temps par ici.
Max s’aventura un peu plus dans la ville, saluant d’un mouvement de tête quelques habitants et touristes, ainsi que les policiers qui patrouillaient évidemment. C’est alors qu’une bonne odeur vint chatouiller ses narines. Il aperçu une petite boutique et s’approcha.
« Vous êtes un touriste vous aussi, n'est-ce pas ? »
Le rouquin se tourna vers la jeune fille qui lui avait posé cette question et acquiesça.
« Je m'en doutais ! s'exclama-t-elle, sinon vous seriez déjà rentré depuis longtemps ! Ce bâtiment n’est autre que Malasa'Délices, et leurs malasadas sont juste délicieux à ce qu’il paraît ! Au fait, vous vous appelez comment ?
-Max, et vous ? répondit l’interrogé en souriant.
-Je m’appelle Amélie et je suis venue de Kalos exprès pour les malasadas ! Venez, je vais vous en payer quelques uns aussi ! »
Max avait beau refuser encore et encore ce geste généreux, Amélie n'en démordait pas et elle acheta dix malasadas pour elle et cinq pour sa nouvelle connaissance. Ils s’installèrent à une table dans le fond. L’ancien chef de la Team Magma remit une mèche de cheveux derrière ses oreilles et observa la jeune fille manger et s'extasier sur le goût enivrant des pâtisseries. Elle devait à peine dépasser la vingtaine, soit être près de deux fois plus jeune que lui. Ses cheveux blonds et courts faisaient étrangement bien ressortir ses yeux bleus. Elle portait aussi une jupe à fleurs violacée par-dessus un short noir ainsi qu’un débardeur assorti et des sandales.
« Excusez-moi, vous venez bien de Kalos ? Ça fait longtemps que vous êtes arrivée ?
-Oh non, juste un jour ou deux, lâcha-t-elle entre deux bouchées, projetant en plus quelques miettes sur son interlocuteur.
-Et la récente disparition ne vous a pas inquiétée plus que ça ? enchaîna Max en nettoyant les miettes sur son visage.
-Bah, oui et non, je voulais vraiment goûter les malasadas pis en même temps enquêter dessus justement, je suis, sans vouloir me vanter, une spécialiste du paranormal, chose assez courante avec les Pokémon ahah. Vous n’aimez pas les malasadas ? »
Elle montrait du doigt la pile encore intacte. Max, qui les avait presque oubliés, en goûta un et succomba à son tour sous leur saveur.
« Si vous voulez mon avis, la cause n’a rien d'humaine, je suis sûre que des Pokémon ou des Dieux sont derrière la disparition du Bekipan flottant.
-Oui mais pourquoi ?
-Je sais pas, peut-être qu’ils étaient juste furax ? suggéra Amélie. Au fait, je vois que vous avez des balls, vous êtes dresseur ?
-Euh oui, j’ai un Camérupt, une Chamallot, un Nostenfer et un Grahyèna.
-Oh cool ! Moi j’ai un Exagide et une Trousselin ! »
Ils finirent leurs malasadas en discutant de leurs Pokémon. Finalement, ils sortirent du petit restaurant.
« Venez ! Y a de supers boutiques là-bas aussi ! »
La dresseuse prit Max par le bras et le tira plus loin dans la zone commerciale. Ils firent le tour des bâtiments, passèrent devant le Centre Pokémon et terminèrent leur course devant le magasin de vêtements. Amélie expliqua au dresseur en rouge qu’à côté se trouvait le salon de coiffure Salle à Mèches, ce qui fit le fit sourire une nouvelle fois.
« Je sais qu’on se connaît encore pas tant que ça, mais vous devez avoir chaud sous votre manteau rouge ! J’ai pensé qu'aller faire du shopping pourrait être une bonne chose, surtout si vous comptez rester plusieurs jours !
-Je ne pensais pas visiter Ekaeka tout de suite mais pourquoi pas après tout. »
Ils entrèrent dans le magasin et une musique joviale et rythmée parvint à leurs oreilles. Plus Max en découvrait sur la région plus il avait l’impression que tout ici respirait la joie de vivre et le bon vivant, comme si tout le monde essayait de faire d'Alola un paradis pour humains et Pokémon.
Des piles de tee-shirts, shorts, jupes et autres vêtements estivaux s’amoncelaient sur les tables et étendoirs. Le magasin était rempli d’une myriade de couleurs. Quelques personnes observaient les rayons à la recherche de leur bonheur.
« Il y a une autre boutique pas très loin, mais c’est pour les plus riches », chuchota Amélie.
Le rouquin vit parmi les motifs présents un volcan et ni une ni deux, il prit la veste et s’en alla l'essayer. Quand il ouvrit le rideau, la jeune fille l’observa un moment et finit par déboutonner le haut dans un sourire. Max troqua finalement son manteau rouge et son pantalon noir pour cette veste, un short gris et des sandales. Alors qu’il commençait à s’attacher les cheveux en queue de cheval, Amélie poussa un petit cri.
« Vous avez quand même gardé vos chaussettes malgré vos sandales, mais dans quel monde vivez-vous ?
-Et si jamais j’ai pas envie que les autres voient mes pieds ?
-Arf l'excuse bidon quoi. »
Après avoir payé leurs achats, ils sortirent du magasin. Ils prirent le même chemin en sens inverse, croisèrent l’infirmière Joëlle et sortirent de la ville en direction de la Route 2.
« Je dors dans le petit motel un peu plus loin, précisa la dresseuse, et il me semble qu’ils ont encore une chambre. »
En chemin, Max aperçu un homme d'à peu près sa taille, légèrement recourbé, avec des cheveux blancs et noirs, une chemise et un pantalon noirs. Il semblait regarder les hautes herbes, peut-être à la recherche de quelque chose. Il ne l’avait jamais vu avant, mais il avait l’impression de le connaître. Soudain, un Bombydou surgit des broussailles. L’homme le prit dans ses bras, farfouilla les herbes où se trouvaient son Pokémon et en sortit des lunettes jaunes à moitié tordue.
« Qu'est-ce que vous faîtes ?... Oh lui, je crois qu'il s'appelle Guzma, ancien leader de la Team Skull et amoureux des insectes.
-Guzma…. Ce nom me dit quelque chose.. »
L’intéressé se retourna pour faire face aux deux dresseurs. Visiblement, il avait entendu leur conversation. Ses yeux s'écarquillèrent à la vue de Max, puis, il secoua la tête et s’approcha.
« Hey, tu s'rais pas le petit-ami d'Arthur à tout hasard ?
-Petit-ami ? fit Amélie, surprise.
-Euh….si mais.. oh, Guzma mais c’est bien sûr ! Arthur m’a souvent parlé de toi, c’est pour ça que j’avais l’impression de te connaître !
-Comment ça petit-ami ? répéta la pauvre dresseuse.
-Et je présume que tu n’es pas là pour faire du tourisme, j'me trompe ?
-Mais d’où vous avez un petit-ami Max ?! Vous êtes gay ?! »
Les deux anciens chefs de Team se tournèrent vers elle en même temps, le rouquin un peu gêné et le délinquant avec une tête indescriptible.
« Ça se voit pas ? Plus gay tu meurs petite.
-Dis pas ça Guzma, même si je suis plutôt joyeux la plupart du temps… »
Un silence très gênant s’installa l’espace d’un instant.
« Tu mérites la prison là tu sais.
-Ouais, mais non, plus sérieusement, oui, mais je dirais même que… bah… on est fiancés en quelque sorte. Et il était à bord du Bekipan flottant quand celui-ci a mystérieusement disparu, expliqua Max.
-Oh, c’est pour ça que vous êtes là. »
Le dresseur roux opina du chef. Guzma leur montra où il habitait puis s’approcha de Max.
« À l’aube au port », murmura-t-il dans son oreille.