Les Conquérants de M@xime1086

« Elle est là ! »

La chasse était ouverte. Le roi avait ses loisirs dans la très étendue forêt de Maillard. Il aimait voir ses Pokémon lui rapporter de la chair fraîche. Porter une arme à feu faisait monter en lui une estime supérieure à ce qu'il était alors : un simple mortel. En abandonnant son sceptre, il devenait vulnérable à toute attaque. Bien entendu, Flump n'allait jamais chassé seul. Il emmenait avec lui une garde rapprochée.

Au cours de la partie de chasse, des coups de feu retentirent. Il craignit qu'on venait d'abattre une proie qu'il aurait pû saisir de lui-même et s'énerva très fort contre ceux qui le privait de ses jeux. Pourtant, lorsqu'il apprit la raison de ces tirs, il se radoucit, jusqu'à devenir caressant.

« Elle était donc cachée ici tout ce temps ?... C'est une bonne planque, à vrai dire. Je ne comprend pas pourquoi je n'y ai pas pensé. Pourquoi n'y a-t-il eu personne qui a inspecté cette forêt ? »

Il recommença à aboyer, conscient du temps perdu alors que sa cible était depuis longtemps stationnée au même endroit.
Il voulut la capturer lui-même. On le fit monter dans un 4x4 tandis que la fugitive prenait la fuite à pied.

Yell avait fui Janusia alors qu'elle avait été repérée et dénoncée par des voisins qui apprirent qu'elle était une pigeon du Vent. Le seul endroit qu'elle connaissait par cœur et qui la préserverait de la traque qui s'opérait autour d'elle était la forêt de Maillard. Elle retourna donc en territoire de l'est.
Cependant, elle n'avait pas prévu que le roi s'y rendait régulièrement.

Voilà que maintenant elle tentait de semer une dizaine de soldats à ses trousses. Son Lakmécyne la suivait, l'ayant récupéré au bord du lac où elle l'avait laissé.
Le Pokémon blanc tachetait le paysage de blanc, au milieu de la verdure florissante. Il était facile de le repérer et pour les soldats de faire feu.

L'oiseau repoussa les balles avec des attaques eaux. Pourtant cela n'empêcha pas Yell d'être touchée par une balle perdue. Elle s'effondra, le pied en sang. Alors que les hommes se ruaient sur leur prise, Lakmécygne les chassa en les frappant avec son bec aiguisé. Ils reculèrent sous la multitude des coups qui pleuvaient sur leurs crânes.

Yell se releva mais eut du mal à marcher. Lakmécygne refoula les soldats en les envoyant contre des arbres. La jeune femme blessée remercia son ami en grimaçant. L'oiseau proposa à sa dresseuse de monter sur son dos pour prendre la fuite par les airs ; Yell connaissait la valeur qu'avait le plumage pour son Pokémon. Lakmécygne ne supportait pas de voir ses plumes souillées par la moindre saleté. Or, le sang continuait de couler de sa jambe. Elle redoubla ses sanglots en comprenant le sacrifice que lui offrait son compagnon. Ce dernier lui assura que ce n'était pas grave que quelques plumes soient tachetées de son sang.

Ce qui finit par la faire accepter la supplication de son Pokémon fut le bruit d'un moteur tout proche. Elle songea qu'elle n'aurait aucune chance de fuir avec une voiture à ses trousses maintenant qu'elle était blessée.
Au moment de prendre son envol, les ailes déployées, Yell entendit de nouveaux coups de feu et la voix d'un homme enragé.

Il fallut beaucoup d'endurance à Lakmécygne pour porter sa dresseuse suffisamment haut pour ne pas être aperçu des tireurs. Yell retrouva son calme et sécha ses larmes lorsqu'elle comprit qu'elle était hors d'atteinte et en sécurité. Elle pût apprécier la vue de la forêt qui lui fit oublier sa situation. Elle crut être en balade avec son Pokémon, un dimanche après-midi. Ce qui la ramena à la dure réalité fut la douleur lancinante lié à sa blessure.

Elle ne pouvait pas demander à son Pokémon d'aller plus vite alors qu'il faisait des efforts pour la protéger. Cependant voir tout ce sang couler l'inquiéta. La forêt de Maillard s'étendait très loin. Au rythme auquel ils allaient, il leur faudrait au moins deux heures pour apercevoir la première ville. Lakmécygne tiendrait-il jusque là ? Les tireurs auraient-ils cessé de les poursuivre, les constatant hors d'atteinte ?

Elle rumina le manque de chance dont elle avait été victime. Une si grande forêt... Et pourtant elle s'était retrouvée toute proche du lieu de chasse du roi. Elle avait entendu des soldats en parler alors qu'elle tentait de s'éloigner du pavillon du chasse. Mais l'un d'eux l'avait entendu pendant qu'elle rebroussait chemin et avait donné l'alerte.

Yell suggéra à son Pokémon de descendre un peu pour repérer les tireurs à travers la couche que formait les broussailles des arbres. Elle ne vit qu'un Elecsprint qui leur courrait après. En même temps qu'il sautait par dessus des troncs et des ronces, il aboyait férocement. Son pelage s'alluma même. Il ne les lâcherait pas. Peut-être que la fatigue viendrait-elle à bout du canidé... ?

Ses hurlements lui firent froid dans le dos. Lakmécygne, lui aussi, semblait inquiet à cause de ce Pokémon électrique. Si un combat s'engageait, il ne ferait pas le poids. L'oiseau commençait à fatiguer mais ne voulait pas affoler sa dresseuse ni abandonner la course.

Un nuage d'un noir d'encre dessina ses contours menaçant dans l'horizon sage. Un orage se préparait. Yell comprit de quoi il retournait et maudit l'Elecsprint qui venait d'apporter dans sa course une catastrophe imminente. Lakmécygne demanda à sa maîtresse ce qu'il devait faire : continuer droit devant ou faire marche arrière ? Il ne pouvait pas monter plus haut ; le nuage prenait des proportions terrifiantes. S'ils avançaient encore, ils ne pourraient pas y échapper. Yell vit une étincelle scintiller et entendit un crépitement. Si elle n'avait pas été sur son dos, elle aurait pû ordonner à son Pokémon de balayer le nuage mais la question ne se posait pas.

Lakmécygne fit du sur-place pendant un instant ; Elecsprint, en bas, admirait son travail. Le piège qu'il avait tendu fonctionnait. Il savourait déjà sa prise et la récompense promise par le roi.

« Il me la faut vivante, tu as bien compris ! Tu ne la manges pas ! Si tu réussis à l'avoir, je t'offrirais quelques soldats à déguster. »

Alors que Yell réfléchissait à un échappatoire, elle constata que d'autres nuages l'encerclaient. Elle déglutit en comprenant qu'elle n'en réchapperait pas vivante. Si la foudre ne la tuait pas sur le coup, la chute l’achèverait. Lakmécygne lança quelques attaques eaux avec son bec mais cela n'attisa que plus fort les nuages qui crachèrent un puissant éclair. A cause du poids de sa dresseuse et de la fatigue, l'oiseau sentit le courant électrique traverser son plumage.

Enveloppé dans l'épais nuage, il était impossible de savoir ce qu'il se passait au-dessus de la forêt. Elecsprint ressentit dans ses muscles qu'un de ses éclairs avait fait mouche. Il entendit le 4x4 de son maître se rapprocher. Flump en descendit, inquiet des nuages sombres qui recouvraient le sommet des arbres. Il disputa son chien.

« J'espère qu'elle va revenir vivante ! J'ai besoin d'elle ! »

Elecpsrint fit la moue, étonné qu'il ait tant d'intérêts tournée vers la fugitive. Ils n'avaient plus qu'à attendre, les yeux levés vers les éclairs qui dansaient.
L'attente ne fut pas bien longue ; le corps de Lakmécygne chuta, traversant les nuages. Les ailes fumantes de l'oiseau démontraient la puissance de la foudre qui s'était abattue. Yell se tenait blottie contre son Pokémon, refusant de le laisser tomber seul. Ils chutèrent dans un bruissement de feuilles léger. Quelques oiseaux dérangés s'envolèrent. Puis le calme revint ; le nuage s'évapora aussi vite que sa venue l'avait annoncé.

Il fallut retrouver le corps de la jeune femme entre les branchages inaccessibles d'un grand chêne. Manglouton se proposa pour aller la chercher. Avec son agilité d'alpiniste, il grimpa sans problèmes. Ses heures d'escalade à vouloir tâter les bijoux de son maître sur les hautes étagères lui servirent beaucoup. Il extirpa les deux corps, celui de Yell et de son Pokémon, à l'aide de sa puissance mâchoire. Il descendit prudemment, voulant s'attirer les faveurs de son maître. Lui aussi voulait goûter la chair fraîche promise à son collègue canidé !

Lorsque Yell se trouva au pied du roi, inconsciente mais vivante, Flump sût qu'il avait gagné la première bataille.