Chapitre 40 : Un corps sans vie
Chapitre 40 : Un corps sans vie
« C'est quoi ça ? Il est pas encore mort ? ATTAQUEZ LE ! NE LUI LAISSEZ PAS ... »
Une forte lumière vint irradier de Waram, les morceaux de l'armure quittant son corps complètement pour reprendre la forme de Sarine. Celle-ci était dans un triste état mais encore consciente. Malgré les fissures, elle restait sur ses quatre pattes, bredouillant :
« Wa … Waram … Tu … WARAM ! NON ! WARAM ! »
Les mots quittaient les gueules de l'armure-pokémon du Diamat mais aucune réponse ne provenait de l'adolescent. Avec un trou béant dans le torse, des entailles et des brûlures de partout, il ne faisait aucun doute sur la réalité de la chose : il était mort.
« Et bien, et bien … C'est donc à moi de rentrer en piste, n'est-ce pas ? Parfait, parfait … Il n'est pas encore majeur, c'est dommage. Cela veut dire que ça ne s'est pas terminé comme prévu … mais ça devrait suffire. »
Cette voix. Elle venait de l'entendre elle aussi. C'était une voix féminine ! Taitra, au loin, s'était mise à trembler et à suer, comme si elle manquait de s'étouffer. Les trois chefs de l'Antre de la Terre se regardèrent avant de dire :
« C'est pas possible … Il est mort ! Complètement mort ! Pas un gamin qui ... »
« C'est pas lui. C'est autre chose. Je suis sûr et certain qu'il est complètement mort. Mais qu'est-ce que ça veut dire ? Pourquoi … est-ce qu'il parle encore ? »
« C'est pas sa voix. Il a pas une voix de fillette à la base, l'oubliez pas, les gars. C'est pas lui, j'en suis sûr et certain. Vous vous faites des idées. »
Alors, c'était quoi ? Et ces ailes noires … Elles semblaient constituées d'ombre … Le corps de l'adolescent retoucha le sol, les ombres se développant tout autour de lui, plongeant dans l'obscurité tout ce qui se trouvait à une centaine de mètres autour.
« Wowowow … Hélos, on fait quoi là ? Ca a l'air de mal tourner. »
« Vous en faites pas, y a rien à craindre. C'est juste un sac de viande ambulant. Hey ! Coupons-le en morceau, il ne nous posera plus de problèmes. »
« Vous … Vous feriez mieux de reculer, les gars. Vous … Vous êtes pas assez forts et nombreux pour l'affronter. »
Elle … Elle avait un mauvais souvenir. Même si elle n'avait été qu'une enfant à l'époque, elle se rappelait de cette sensation. Ce vide … Cette impression que tout s'effondrait sous ses pieds. L'Orbe les avait attaqués … mais pas uniquement pour cette soi-disante possibilité de se rebeller. Il y avait autre chose, elle en était sûre et certaine.
« Qu'est-ce qu'elle raconte, la fille du Trioxhydre ? ALLEZ-Y ! TARDEZ PAS TROP ! »
« Vous devriez pourtant l'écouter … mais il est déjà trop tard ! »
La même voix féminine qu'auparavant … Puis un petit rire cristallin de la part de Waram. Non, de l'intérieur de Waram. En de nombreuses parties sur son corps, voilà que des morceaux d'ombre vinrent se placer. Ses épaules, ses jambes, son torse … et il y avait même une sorte de trident doré sur un casque de même couleur.
« On y va maintenan, les enfants ? Tenez bon … hein ? Ne venez pas me décevoir. »
Il avait disparu dans le sol, comme s'il avait été absorbé par ce dernier. Quelques instants plus tard, une voix chuchota dans l'oreille de Typhen :
« BOUH ! Tu devrais faire attention à surveiller tes arrières. »
« Qu'est-ce que … SALETE ! Tu crois faire quoi là ?! » s'exclama l'homme avec surprise, se retournant, de l'électricité au bout de ses poings.
Pour autant, le coup venait tout simplement toucher le vide, le visage de Waram se retrouvant face à celui d'Hélos, sourire narquois aux lèvres. Ses yeux étaient comme vides, complètement noires avant qu'une petite lueur rouge n'apparaisse à l'intérieur :
« Et bien, on continue de s'amuser tous ensemble, n'est-ce pas ? »
« Je sais pas ce que tu es réellement mais tu ne vas rien pouvoir faire face à nous trois ! »
« Oh … Vous plaisantez, n'est-ce pas ? Vous croyez vraiment que je suis incapable de lutter contre vous trois ? Même si cette demoiselle qui se pisse dessus serait de la partie, il vous faudrait être cent fois plus nombreux pour espérer ne serait-ce qu'avec une chance ! »
Et le voilà en train de flotter dans les airs, comme s'il était en train de nager. Le corps de Waram, bien que celui-ci ne bougeait plus réellement, donnait l'impression d'être un simple pantin désarticulé tandis que la voix reprenait :
« Après, je devrais être gentille avec vous. J'attendais le bon moment pour me présenter et il faut avouer que vous me l'avez offert sur un plateau en argent. Vous avez compris la blague, n'est-ce pas ? Je suis un chevalier-pokémon d'argent ! Et le plateau … Oh … Vous n'avez donc pas d'humour, on dirait bien. C'est vraiment triste. »
« Tu es qui réellement ?! REPONDS-NOUS ! TU ES QUI ! C'est pas la puissance d'un chevalier d'argent ! Tu ne nous auras pas ! »
« Hum … C'est vrai ! Nous sommes classés de la sorte. Alors par où doit-on réellement commencer … Hum … Difficile à dire. Alors, il y a d'abord les chevaliers de bronze, les chevaliers d'argent et les chevaliers d'or. On va dire que ce sont les plus communs hein ? Ensuite, il y a les chevaliers de platine. C'est dans cette catégorie que vous êtes tous, n'est-ce pas ? C'est déjà un joli grade, n'est-ce pas ? J'approuve totalement ! »
« Où … Où est-ce que tu veux en venir ? » demanda Hélos, de la sueur froide commençant à s'écouler de son front, comme s'il avait peur d'entendre la réponse.
« Faut avouer qu'à ce niveau, vous êtes majoritaiement à peu près égaux, non ? »
« TU ES VRAIMENT DE L'ORBE HEIN ?! »
Taitra venait de couper le silence avant qu'un grand éclat de rire ne sorte du corps de Waram, la tête penchant vers Taitra comme si elle venait d'avoir tout à fait raison.
« Je ne suis … qu'une mesure de sécurité de l'Orbe. On va dire que l'on savait parfaitement que certains d'entre vous allaient tenter de reformer votre village. Je ne suis qu'une précaution … mais j'imagine que tu sais donc de quelle catégorie je suis, n'est-ce pas ? »
« Tu … Tu … Tu es au-dessus des armures-pokémon de platine. »
« C'est exact … La catégorie que de simples humains comme vous ne pourront jamais atteindre. Celle des chevaliers-pokémon de Diamant. La différence de puissance entre vous et moi est telle que vous ne pourrez même pas m'égratigner. Cela ressemblerait à une fourmi qui tenterait de se battre contre un éléphant, si on devait utiliser une métaphore dans votre monde. Comprenez-vous à quel point vous êtes ... »
« JE NE TE LAISSERAIS PAS POSSEDER CE JEUNE GARCON ! »
Pendant un court instant, les ombres s'étaient dissipées. Et pour cause, Taitra venait tout simplement de canalyser ses pouvoirs, le ciel se déchirant une nouvelle fois, une aura orange et enflammée se faisant voir.
« Sincèrement ? Tu veux jouer à ça avec moi ? Alors que tu sais que tu vas te brûler les ailes ? Tu es peut-être l'une des plus puissantes femmes-chevaliers de ce monde à l'heure actuelle … mais tu n'es qu'un simple bambin entre mes mains. »
Le météore vint tomber sur le sol, provoquant une série d'explosions en chaîne, détruisant l'avion mais aussi ravageant l'aéroport et les alentours. Pourtant, il avait disparu, englouti dans l'obscurité comme le reste de la zone … comme si tout cela avait été inutile.
« Je devrais te donner une leçon pour avoir levé la main sur moi. Je devrais te donner une leçon … mais il s'avère que je suis bien contente d'être libre. »
« Rends … Rends … moi, Waram ! RENDS-LE MOI ! »
« Hum ? Oh … C'est vrai que tu es encore vivante, toi. » s'exclama la voix féminine tout en avançant en direction de Sarine qui avait du mal à se relever, tremblant de tout son être de métal, comme si elle avait affaire à un monstre … ce qui n'était pas loin de la vérité.
« Je … te demandes … de me rendre … mon ... »
« Oh, c'est vrai. Quand même, l'âme humaine est vraiment merveilleuse, n'est-ce pas ? Est-ce que vous vous rendez compte ? Ses armures-pokémon sont vivantes ! Ce sont de véritables chef d'oeuvre ! Capable d'assimiler une âme pour retrouver la vie … et permettre à une personne proche du futur porteur de l'armure-pokémon de rester auprès de lui malgré la mort. C'est vraiment magnifique ! Bravo ! J'applaudis ! »
« RENDS-LE MOI ! RENDS-LE NOUS POUR SANPHINOA ! »
« Non. » dit tout simplement la voix féminine avant d'être à la hauteur de Sarine, donnant un coup dans le corps métallique du Diamat, le projetant au loin comme si de rien n'était.
« Hélos, qu'est-ce qu'on fait ? C'était peut-être une connerie, non ? »
« On va pas l'affronter … On a tué le gamin, c'était ce que l'on voulait, non ? Alors, on a réussi notre objectif, c'est le plus important. »
« Ouais mais on a peut-être libéré un truc cent fois pire ! On devrait essayer de s'en ... »
« Hum ? Qu'est-ce que vous complotez tous les trois ? » demanda la voix en Waram, se penchant vers eux. La distance s'éclipsa en un instant, Waram se retrouvant au niveau de Typhen, sa main droite formant maintenant une griffe aux couleurs améthyste et onyx. Une griffe brillant d'un métal inconnu.
« AH ! Putain de … JE VAIS TE TUER UNE SECONDE F... »
« Et un de moins. » dit simplement la voix en Waram, la griffe traversant la poitrine de Typhen, son armure n'ayant visiblement pas la puissance nécessaire pour résister.
« TYPHEN ! NON ! FREROT ! » s'exclama Garan en venant s'approcher du corps de son frère qui était tombé au sol, Waram venant se lécher la griffe ensanglantée.
« Bien bien bien … A qui donc le tour ? Ne soyez pas si pressés … Quant à toi, jeune dragonne de pacotille. Tu ferais bien de te cacher et de plus jamais te présenter devant moi. S'il s'avère que tu cherches vraiment à te confronter à ma personne, tu en payeras le prix … de ta vie. Maintenant, je vais aller profiter … de ce cadavre ! »
Et la zone d'ombre venait de disparaître, laissant place à la scène ravagée par le météore invoqué par Taitra. Comme une simple marionnette, voilà que Waram s'éloigna au loin, ignorant complètement les suppliques de Sarine.
« Elle était donc là … depuis le début. Il va me falloir prévenir les autres. Il va falloir tous les prévenir. Pourquoi s'est-elle cachée de la sorte durant toutes ces années ? »
Au loin, un être était en train d'observer la scène, les bras croisés. Son visage était masqué de bleu, quelques point jaunes étant disposés à l'horizontale sur le milieu … d'autres étant présent à la verticale en son centre. Pendant un bref instant, le corps de Waram tourna son visage vers lui mais il avait complètement disparu et cela malgré les kilomètres qui les distançaient tous les deux.
« C'est … Hahaha … Zut. Ca m'apprendra à vouloir profiter de ce corps. En plus, il est juvénile et plutôt bien bâti. On va faire de grandes choses, toi et moi. Oh … Tu es si froid, c'est vraiment triste, n'est-ce pas ? »
Aucune réponse de la part de Waram … à lui-même. L'adolescent aux cheveux noirs n'était plus présent, ayant quitté la zone malgré la lenteur de ses mouvements. Un moment, il avait à nouveau disparu dans le sol pour ne plus réapparaître. Un simple cadavre ambulant … qui se déplaçait sans réel but.
« WARAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAM ! WARAAAAAAAAAAM ! »
« Calmes-toi, Sanphinoa ! Calmes-toi ! Il n'y a aucune preuve que Waram est mort ! »
« SIIIIIIIII ! JE VOUS L'AVAIT DIT ! JE VOUS L'AVAIS DIT DE PAS LE LAISSER SEUL ! JE VAIS … JE VAIS LES TUER ! »
La jeune fille aux cheveux bleus était visiblement inconsolable et presque incontrôlable. Pour autant, elle arrivait à se calmer ou presque car Sygéréla était tout simplement en train de chantonner doucement, comme si de rien n'était.
« Allons, allons … J'ai déjà envoyé une autre équipe là-bas. Ils vont aller voir exactement ce qui s'est passé, d'accord ? Tu comprends ? »
« NON ! VOUS NE … VOUS NE ME FEREZ PAS CROIRE CA ! »
Malgré la chanson, les pleurs et les cris de désespoir reprenaient de plus en plus chez Sanphinoa. Puis une petite voix se fit entendre, une voix très faible :
« Un … Un … Il y a … Il y a quelqu'un ? Re… Répondez. »
La voix de Sarine ?! Elle était vivante ? Mais le ton était si faible, si impuissant, comme si elle allait bientôt perdre la vie, comme si tout … allait se finir pour elle. Aussitôt, Sanphinoa vint repousser Sygéréla, s'approchant du micro :
« SARINE ! SARINE ! COMMENT VAS-TU ?! Où est-ce que tu es ?! Et Waram ?! Où il est ?! Ils sont où ?! L'ANTRE ... »
« L'un … de leurs chefs est mort, je crois. Ils sont partis … Ils sont tous partis, je crois bien … Je sais pas exactement … je … Ah … Je … Je suis … là où nous devrions être. »
« Parles pas trop ! Mets-toi à l'abri ! Sygéréla a dit qu'elle avait envoyé du renfort ! Et Waram ? Waram, où est-ce qu'il est ?! Dis-moi tout ! »
« Waram … Waram … Je suis … Je suis vraiment désolée … Il … Il est … J'ai vu les trois chefs … se lancer sur lui. Je n'ai rien pu faire du tout. Rien du tout. »
« Il est où ?! Il est à côté de toi ? Il respire encore ? SARINE ! S'IL TE PLAIT ! » s'écria Sanphinoa, cherchant à contrôler ses émotions sans y arriver.
« Il … Il est mort … Je suis sûre et certaine … qu'il est mort. Je n'ai plus rien ressenti … à cet instant. Puis … Son corps m'a repoussé. Je n'ai pas compris … et puis … et puis … IL EST MORT ! MON WARAM EST MORT ! »
« Non … Ce n'est … Ce n'est pas possible. C'est impossible. Il … Il m'avait dit ... »
Comme si toute force venait de quitter son corps, Sanphinoa s'écroula à genoux, bredouillant et balbutiant le prénom de Waram, encore sous le choc. Sygéréla se plaça à côté d'elle, prenant position près du micro avant de dire :
« Tiens bon … Sarine. Mets-toi à l'abri. Nous allons venir te ... »
« C'est de votre faute. Vous … Vous n'avez pas surveillé vos propres employés. Des traîtres, il y en a partout. Waram … ne faisait confiance à personne. Il a suffit d'une seule fois … Il a suffit d'une seule fois pour que … ça arrive. »
« Tu es fatiguée, tu es exténuée, tu es blessée. Tu vas te reposer et nous allons ensuite pouvoir tous discuter ensemble, d'accord ? »
« JE NE SUIS PAS D'ACCORD ! C'EST DE VOTRE FAUTE ! WARAM ETAIT TRES BIEN ! TRES BIEN QUAND IL ETAIT AVEC MOI ! AVEC MOI OU SANPHINOA ! »
« Calmes … Calmes-toi, ça n'arrangera en rien tes blessures, Sarine. Nous allons tout simplement régler ça, d'accord ? Tu vas te calmer et nous serons là. »
« NON ! Je ne veux pas de vous ! Je ne veux pas de votre aide ! Je vais le chercher … Je vais le chercher … et je vais le protéger. Je vais le protéger … de vous tous. Même si … cette fille … a pris son corps … pour un pantin, je vais ... »
« Sarine. Qu'est-ce que tu fais ? Sarine ! Ne quitte pas la zone ! On va aller te ... »
AIE ! Grésillement violent aux oreilles, comme si le capteur venait de se briser à cet instant d'un coup de pied … ou de patte métallique. Elle poussa un gémissement, pestant avant de se tourner vers les autres personnes de Rédemption et Destinée.
« Il y a des chevaliers-pokémon psychiques avec eux ? Ils seront parfaits pour arriver bien plus vite … mais surtout retrouver la trace de Waram et Sarine. Comment est-ce que je vais expliquer ça à ses compagnons ? Et à Timber … Et … Sanphinoa ? Où est Sanphinoa ? »
« Elle est partie sans même que l'on puisse l'arrêter. On ne sait pas par où elle est partie mais … » commença à dire un employé avant qu'une voix aiguë ne crie au plafond :
« ALERTE ! ALERTE ! BRÊCHE DANS LE MUR DES DORTOIRS ! ALERTE ! »
« Vite ! Mettez la caméra vers la zone de conflit ! »
Aussitôt demandé, aussitôt fait. Quelques secondes plus tard, là où se trouvait normalement le couloir où les employés avaient des appartements ou chambres pour eux, plusieurs personnes étaient sorties, inquiètes. L'une d'entre elles ouvrit la porte qui était celle de la chambre de Sanphinoa, s'écriant :
« Y A UN TROU ! Y A UN TROU IMMENSE ! »
« Allez prévenir la cheffe ! Sa protégée s'est barrée ! »
Sanphinoa ? Comment est-ce qu'en … quelques heures, tout avait put autant dégénérer ? Bouche bée sous son masque, Sygéréla continuait de fixer la caméra placée dans le couloir des dortoirs. Ils … Ils venaient tout simplement … Elle avait l'impression qu'il était temps de tout abandonner. Elle n'avait plus la force et le courage … de se battre.