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Magical Girl de Flageolaid



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» Auteur : Flageolaid - Voir le profil
» Créé le 25/02/2017 à 18:31
» Dernière mise à jour le 25/02/2017 à 20:01

» Mots-clés :   Aventure   Présence de personnages du jeu vidéo   Région inventée   Unys

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Ch 8 : Detrempage
Lymnesine et le type patibulaire se fixaient droit dans les yeux, sans ciller, ni détourner le regard depuis cinq bonnes minutes. Aucune tentative d’intimidation – à coup de lancer de hache ou de sortie de Pokémon – n’avait entamé leur détermination.
Ne comprenant rien à cette scène, Ewart avait déposé le sac au sol et entrepris une petite session de mille pompes pour se détendre un peu.
A quelques mètres de là, assis sur une souche morte, Chrys et Gott regardaient le ridicule affrontement avec lassitude. Ils savaient que cela pouvait durer encore une heure et qu’il valait mieux ne pas s’en mêler.
Un Lucario vêtu d’une tunique sans manche finit par les rejoindre. Il se nommait Jean-Bobby et travaillait avec le grand gaillard bronzé qui regardait intensément Lymnesine. L’air de rien, il commença à discuter avec le Fouinar argenté :

« C’est votre amie ? dit-il en montrant la Magical Girl d’un geste du menton.
- Notre fardeau, corrigea Gottfried.
- Hum. Désolé, je ne comprends pas pourquoi mon collègue s’est mis à la fixer comme ça.
- Ils ont tous les deux l’habitude de se défier dans des jeux idiots, expliqua le Pokémon Allongé.
- Ah ? Ils se connaissent ?
- Malheureusement, oui. »

En y regardant bien, il avait un indéniable air de ressemblance entre les deux.
Né cinq ans avant sa sœur, Etherion Hesperides tranchait avec le reste de sa famille par sa taille et sa carrure impressionnante. Il tenait sans doute son physique d’un de ses arrière-grands-pères, un colosse inébranlable, connu pour avoir remporté un tournoi de pugilat uniquement avec ses pouces.
Depuis son enfance, il avait été le compagnon de jeu de sa frangine Lymnesine avec qui il avait multiplié les conneries monumentales. Il se sentait bien plus proche d’elle que de ses deux autres frères.
Etherion avait quitté la demeure familiale à l’âge de dix-huit ans et envoyait tous les mois un billet contenant le message « Je ne suis pas mort ! :-) » pour rassurer ses parents. Sa mère, surtout.

Gottfried et Chrystosmus savaient pertinemment que rapprocher Lymnesine de son frère équivalait à condenser du glycérol avec de l’acide nitrique. Leur rencontre commençait par un jeu idiot et finirait soit à l’hôpital, soit en prison.
Le Fouinar demanda à son comparse d’utiliser Coud’Boue sur les enfants de Mayene afin de mettre fin à leur combat d’œil débile, mais Chrystosmus refusa catégoriquement de blesser la Magical Girl.
C’est alors qu’Ewart termina sa série de mille pompes. Fier de lui, il se releva d’un bond, les mains sur les hanches et s’écria :

« Ichirin no hana !
- De quoi ? s’exclama Etherion en se retournant vers le Kicklee.
- Ah ! T’as perdu, minus ! »

La Magical Girl célébra sa victoire en pointant bien haut le V qu’elle formait avec son index et son majeur.
Bien que mesurant une trentaine de centimètres de moins que son frère, Lymnie l’appelait toujours « minus ». Celui-ci se vengeait en la surnommant « la peureuse », une marque d’affection passive agressive comme on peut en voir dans toutes les familles.
Leur jeu débile étant fini, le frère et la sœur se jetèrent dans les bras l’un de l’autre, le regard embué de larmes (sans doute la conséquence de sept minutes passées sans cligner des yeux). Cela faisait deux ans qu’ils ne s’étaient pas vus et avaient tant à se raconter.
Jean-Bobby le Lucario se racla la gorge pour signaler à son collègue qu’ils ne pouvaient pas rester là à papoter. En effet, la nuit tombait et le chemin jusqu’aux faubourgs de Kezerkastel durait presque une heure.

Lymnesine apprit donc que son frère était bûcheron en CDI depuis dix-sept mois et qu’il gagnait relativement bien sa vie pour quelqu’un de son âge. En outre, il possédait un logement de fonction en plein cœur de la forêt, une assurance-santé en cas d’écrabouillement par un tronc d’arbre et une prime de fin d’année sous forme de rondins de bois pour l’hiver.
Cela rappela à Gottfried l’époque où il était responsable des relations publiques dans une entreprise chargée de la déforestation, aussi le Fouinar argenté s’embarqua dans une histoire capillotractée à base de magouilles financières et de corruption de magistrats.
Pas d’inquiétude, vous lisez toujours une histoire de fantasy. Plus ou moins.

La Magical Girl, quant à elle, dut passer sous silence certains détails. Malgré l’affection qu’elle portait à son frère, elle lui cacha sa mission à Kezerkastel et inventa à la place une histoire bien plus crédible.
Elle lui raconta donc son échec examen final de magie (VRAI), son humiliation par le jury (VRAI), la réaction de leur mère (VRAI) et sa décision de faire appel auprès de l’ultimage de la capitale afin d’être acceptée dans une autre école de magie (FAUX, mais tellement plus réaliste que la réalité).
Etherion n’étant pas le plus malin de ses frères, il goba toute l’histoire sans discuter, ni remettre en doute la parole de sa sœur.



Une cinquantaine de minutes plus tard, leur petit groupe sortit des bois en rigolant gaiement. Alors que le feuillage diminuait au-dessus de leurs têtes, la magicienne put enfin apercevoir Kezerkastel et ses faubourgs.
La capitale était bâtie sur l’unique montagne de Rivustel, placée au centre du pays. Chaque quartier reposait sur une terrasse aménagée en flanc de montagne et délimitée par une petite muraille blanche. Des chemins balisés reliaient ces différents quartiers entre eux, bien que de nombreux téméraires préféraient pratiquer l’escalade tous les jours pour faire leurs courses ou travailler.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le Roy et la Reyne ne vivaient pas au sommet de la montagne, mais environ aux deux tiers, dans un magnifique palais creusé à même la roche, bordé d’un balcon circulaire permettant de contempler l’intégralité de Rivustel à tout moment.
Quelques ordres mystiques et d’anciennes institutions obsolètes se partageaient la cime de la montagne, mais tout le monde se fichait de ces vieillards gâteux qui se gelaient les miches tout là-haut.

La nuit, une multitude de points lumineux éclairaient la masse sombre de la montagne, témoignant du dynamisme de la vie nocturne à Kezerkastel. Lymnie observa ce spectacle quelques instants, puis reprit la route en direction des faubourgs.
Situés en dehors des murs de Kezerkastel, au pied de la montagne, les faubourgs constituaient la banlieue de la capitale, cet endroit exotique et mal fréquenté, à la réputation détestable, délaissé des autorités… vous voyez le tableau, non ?
Les faubourgs ne formaient pas un ensemble bâti cohérent. Eparpillés autour de la montagne, on trouvait des hameaux, des campements, des grottes aménagées, des maisons solitaires, des tours hantées, des fermes, des aires de camping…
Bref, les analystes de l’INSEE se seraient probablement arrachés les cheveux s’ils avaient dû donner une définition précise et scientifique de ces lieux.

Etherion et Jean-Bobby rejoignirent un groupe d’amis, composé de grands gaillards larges d’épaules et de vaillants Pokémons de type Combat. La bande de lascars les accueillit avec des tapes viriles dans le dos et des rires sonores. Du masculin basique, en somme.
La Magical Girl s’approcha d’un pas hésitant. Les regards se braquèrent bien vite sur elle. La meute de mâles l’étudia avidement, à peu près de la même façon que l’on scrute un frigo ouvert en rentrant du lycée/boulot. Les trois Pokémons présents regardaient ailleurs, bien évidemment (compte tenu du lectorat, il vaut mieux préciser ce point), guère intéressés par l’adolescente.
Etherion fut ravi de présenter sa petite sœur adorée à son groupe de potes.

« Ah, c’est ta frangine ! Fallait le dire ! s’exclama un des gaillards, embarrassé.
- Ben ouais, on mate pas les frangines des copains ! ajouta un autre.
- Elle aurait pas une maladie de peau des fois, ta sœur ? demanda un Ouvrifier en indiquant la face droite du visage de Lymnesine, constellé de grains de beauté.
- Nan, t’inquiète ! De toute façon, c’est pas contagieux ! ricana Etherion avant d’ébouriffer la chevelure de sa petite sœur. Tu te joins à nous, Lymnie ? On va se mettre une mine d’enfer !
- Pourquoi pas ? Je n’ai rien d’autre à faire de toute façon.
- Elle est pas un peu jeune pour se bourrer la gueule ? s’inquiéta un barbu balafré.
- Ben non, j’ai quinze ans ! s’indigna la magicienne.
- Dans ce cas-là, en marche ! Au fait les gars, on va à l’Ivreltal ou au Saoulgaleo ce soir ? interrogea Jean-Bobby. »

Plus loin, on pouvait voir ces deux snobs de Gottfried et Chrystosmus grimacer à l’idée de passer toute la soirée en compagnie de ces beaufs. Après quelques verres, cela n’aurait plus d’importance…
La joyeuse troupe s’élança au pas de course en direction d’un hameau composé uniquement de tavernes spécialisées dans la vente d’alcool. Leur ardeur à picoler s’en trouva décuplée lorsqu’une averse éclata soudainement, les noyant sous des torrents d’eau glaciale.



A quelques kilomètres de là, un homme corpulent d’une cinquantaine d’années, répondant au nom d’Everett Lokoms, se pressait également pour échapper à la pluie. A bout de souffle, traînant une lourde malle contre lui, il cherchait une auberge décente où passer la nuit.
Intérieurement, l’homme maudissait le monde entier pour la semaine exécrable qu’il subissait. Ce notaire casanier, mais assez connu dans la capitale, avait dû se rendre jusqu’au temple derrière l’école de magie Helen Magus (au fin fond de la cambrousse donc) pour faire signer un document des plus importants à un jeune sire. Ce dernier, invité à la cérémonie sacrée des Magical Girls, n’accorda guère plus de trente-sept secondes à l’illustre notaire, trop impatient qu’il était de rencontrer l’ultimage de l’automne.
D’ordinaire, les notaires ne se chargeaient pas personnellement de ce genre d’affaires, laissant leurs jeunes clercs s’en occuper. Seulement voilà, tous les collaborateurs d’Everett Lokoms avaient chopé la gastro après une soirée sushi dans un restaurant peu renseigné sur les règles sanitaires de base.

Lokoms vivait dans le quartier huppé de Kezerkastel, qu’il pouvait apercevoir depuis les faubourgs. Subissant toujours la pluie battante, il pestait d’en être réduit à chercher une auberge si près de chez lui.
Ceci étant, le notaire n’était pas spécialement ravi de rentrer. Sa femme risquait la crise de nerfs à cause des larcins commis régulièrement dans leur demeure. Lokoms suspectait un membre du personnel de maison d’être responsable de ces crimes et avait commis l’erreur de le dire à voix haute. Depuis, les domestiques se montraient franchement antipathiques.
Donc, à défaut du confort de sa riche demeure à la tranquillité troublée, Everett Lokoms dut se rabattre sur l’auberge du Sharpedo Rieur, l’établissement hôtelier le plus honnête des faubourgs.
Il redoubla d’effort en voyant le bâtiment apparaître au détour d’une rue.

En pénétrant dans le hall, le notaire trempé alla se présenter à l’accueil et confia sa lourde malle à un serviteur, non sans l’avoir longuement examiné d’un œil méfiant. Cette histoire de vols le rendait parano.
Lokoms remarqua alors le groupe de Galopas qui bavardaient joyeusement au milieu du hall. C’était « genre » une conversation animée. Le notaire prit une profonde inspiration et traversa la pièce à toute allure, les mains posées sur les oreilles pour ne pas subir le détestable tic de langage propre à cette espèce, dont l’excès pouvait provoquer des tumeurs au cerveau et d’autres dégâts irréparables sur le système nerveux.
Le cinquantenaire arriva ainsi dans la grande salle de l’auberge, servant à la fois de bar et de restaurant. Il soupira longuement en voyant qu’une bande de Wizards avait envahi les lieux. Leurs discussions étaient plus supportables que celles des Galopas, mais faisait perdre foi en l’humanité.
Leur tournant le dos, le notaire alla s’installer au comptoir où il commanda une assiette de potage aux légumes.

C’est donc l’occasion pour vous de retrouver Sath Auros et Beldar Meredith, les deux Wizards trop stylés ayant dérangé Lymnie durant son goûter.
A la différence des Magical Girls, les Wizards ne sortaient leurs Pokémons que pour les combats et les entraînements. Il n’y avait donc que des jeunes hommes dans la pièce.
Sath portait un bandage autour du front, preuve de l’agression sauvage qu’il avait subi plus tôt dans la journée. Naturellement, tout le monde se moqua de lui lorsqu’il raconta avoir perdu contre une fille. Son honneur était bafoué à jamais.
Comme d’habitude, Beldar se tenait en retrait, adossé à un mur, silencieux, ses longs cheveux bleus masquant son regard pénétrant. De temps à autre, il se raclait la gorge ou faisait un mouvement vif de la tête, afin de rappeler à tout le monde à quel point il était mystérieux.

Les autres Wizards se moquaient sans vergogne du mage vaincu et humilié par une gamine. Parmi eux, un garçon nommé Kintaro, à peine plus vieux que Lymnesine, se montrait particulièrement virulent.
Il s’agissait du plus petit et du plus jeune de la bande, véritable génie ayant réussi l’examen de Wizard le jour de ses douze ans. Reconnaissable à sa chevelure noire et son regard doré, Kintaro possédait également des joues roses et des lèvres pulpeuses qui lui conféraient une allure innocemment androgyne.

« Allez, ne fais pas ton timide, Sath ! railla Kintaro. Parle-nous plus en détail de cette fille qui t’a massacré ! Elle était jolie au moins ?
- Oh, ce serait la honte ultime d’être battu par un boudin ! s’exclama un Wizard aux cheveux verts.
- En fait, ce n’était pas vraiment une fille, mentit Sath. C’était euh…
- Beurk, c’était un travelo ?
- Euh… ouais ! Ouais, ouais, ouais ! Tout à fait ! Il s’agissait carrément d’un travesti, ouais ! fit le mage à la chevelure bicolore. Un travelo, c’est ça.
- Voilà qui me rassure ! lâcha Kintaro. J’ai cru un instant que notre brave Sath s’était réellement fait battre par une fille ! »

La conversation dévia alors sur les travestis et la nécessité de tous les cramer afin d’éviter des quiproquos grotesques. Leurs bonnes paroles s’accompagnaient de rires bruyants qui incommodaient beaucoup Everett Lokoms.
Savourant son repas, le notaire ne prêta aucune attention au Wizard déprimé qui venait de pénétrer dans la pièce, le regard vide, les bras ballants. Du même âge que Sath et Beldar, il arborait une coupe de cheveux esthétiquement bordélique, semblable à celle de tous les protagonistes masculins de Final Fantasy depuis que Nomura s’occupe du chara design.
Le jeune homme était habillé d’une chemise blanche et d’un gilet pourpre assorti à son pantalon, qui mettait en valeur sa chevelure d’un rouge des plus vifs.
Il se traîna lamentablement vers la table des autres Wizards qui le regardaient d’un air amusé.

« Zalgor, le maître absolu de la drague, revient encore bredouille ! commenta Kintaro.
- T’as pas réussi à pécho ? rajouta un autre mage imberbe. Pourtant tu étais sûr à cent pourcents que cette fois-ci se serait la bonne, non ?
- Mouais, concéda Zalgor de mauvais grâce.
- Tu sais, le meilleur moyen d’avoir toutes les filles à tes pieds, c’est de faire comme nous : sois classe et ignore-les !
- Ce n’est pas ma faute, mes hormones ont pris le contrôle de mon cerveau ! se défendit le mage aux cheveux rouges. Quand je vois une fille, j’en perds le sens des priorités !
- Les filles sont inutiles, trancha sèchement Beldar en recoiffant ses mèches bleues. Elles ne sont bonnes qu’à être sauvées.
- Beldar a raison, renchérit Sath, nous n’avons besoin que du pouvoir de l’amitié pour triompher de tous les obstacles ! »

Le groupe de mages accueillit cette dernière phrase avec des hourras. Elle synthétisait de façon parfaite la philosophie des Wizards. Zalgor acquiesça à contrecoeur en braillant comme les autres, mais il se savait capable de trahir tous ses compagnons sans aucun remords, juste pour un rencard.
De son côté, terminant son potage, Everett Lokoms leva les yeux au ciel. Heureusement que personne ne comptait sur les Wizards pour assurer la reproduction de l’espèce humaine, songea le notaire.
En quelques minutes, ces jeunes hommes narcissiques et arrogants lui firent perdre tout espoir d’un avenir meilleur. Les prochaines générations seraient encore pires et le monde sombrerait lentement vers une décadence inéluctable. Ce qu’il restait d’optimisme et d’innocence dans l’esprit du notaire disparut à jamais, le rendant aussi blasé que la génération Y.

Quand les Wizards se précipitèrent au bar pour commander moult boissons alcoolisées, Lokoms préféra gagner sa chambre, choisissant la solitude à la bêtise. En chemin, il remarqua Beldar qui quittait également la pièce en s’assurant de ne pas être suivi. Un mec mystérieux, à n’en pas douter !
Le notaire monta à l’étage dans le douze mètres carrés où il passerait une des plus mauvaises nuits de sa vie.



Finalement, Etherion et sa bande avaient jeté leur dévolu sur le Saoulgaleo. Le temps d’introduire de nouveaux personnages à cette histoire, ils avaient vidé trois bouteilles d’un alcool fort, typique de la région estivale de Rivustel.
Pompette définissait à merveille l’état dans lequel se trouvait Lymnesine. Ses Pokémons la regardaient gigoter avec condescendance. Il fallait bien plus de trois verres pour espérer enivrer ces vieux briscards de Gottfried et Chrystosmus. Quant à Ewart, il ne buvait pas.
Etherion les rejoignit à leur table, tenant dans ses mains une petite bouteille remplie d’un liquide vert fluo pétillant et des verres. Il servit un fond de ce breuvage à chacun, mais le Kicklee refusa poliment :

« Chibi kuso.
- Dis voir, Lymnie, je peux te poser une question ? fit le jeune homme sans cesser de fixer Ewart.
- Tu viens de le faire, hihihi ! s’esclaffa l’adolescente MINEURE avant d’avaler cul sec son shot de tord-boyaux.
- Non, mais sérieusement, insista son frère, est-ce que tu comprends ce que raconte ton Kicklee ?
- Hein ? Oh, c’est vrai que tu t’étais déjà cassé de la maison quand Ewart a rejoint mon équipe… Ben, pour être honnête, je ne comprends déjà pas où se trouve la bouche chez ce Pokémon, alors ce qu’il en sort…
- Senbonzakura kageyoshi, déclama l’intéressé. »

L’avantage du Geaponeidezanyme résidait dans la tendance à répondre aux attentes psychologiques et émotionnelles des interlocuteurs.
Ici en l’occurrence, Lymnesine traduisit mentalement la réponse d’Ewart par « Quelle déconneuse ! On s’amuse trop avec toi, Lymnie ! », car elle s’éclatait grave, tandis qu’Etherion, mis mal à l’aise par la réaction de sa sœur, l’interpréta plutôt comme « T’abuse meuf ! Encore un mot comme ça et je me casse ! ».
Ainsi, chacun pensait avoir obtenu un soutien moral et affectif de la part d’Ewart et partager une relation de complicité avec lui. En réalité, le Kicklee leur demandait de bien vouloir surveiller leur consommation d’alcool, car il ne comptait pas passer le reste de la nuit à nettoyer du vomi.

Cette soirée bien arrosée devint bientôt une nuit bien arrosée, tant au niveau des précipitations que de l’alcoolémie. Que ce soit au Saoulgaleo ou au Sharpedo Rieur, la jeunesse de Rivustel se mit une sacrée murge, sans se douter un seul instant des évènements se déroulant dans le Pokémonde et menaçant la sûreté du pays magique.