Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Le destin des Primordiaux de Malak



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 15/01/2017 à 09:26
» Dernière mise à jour le 07/11/2019 à 17:19

» Mots-clés :   Action   Aventure   Cross over   Présence de Pokémon inventés   Science fiction

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Chapitre 38 : La puissance collective
Je mène mon combat en solitaire. J’ai beau avoir Alrianne, Sulin et Daecheron avec moi, pas un ne peut concevoir le fardeau qui est le mien, ni pourquoi j’agis. Chacun d’entre eux ont leur propre but, leur propre ambition, qui sont bien éloignés de ma tâche de Sauveur du Millénaire. Je suis seul, au final. Et toutes ces années m’ont appris quelque chose : il y a peu d’hommes qui recherchent la solitude, mais au final, aucun qui ne la supporte.



*****



Erend, Castel et Nuelfa s’avancèrent dans la grande salle de commandement, au sommet de la pyramide d’Atlantis. Les murs tout autour étaient en transparacier, cet alliage semblable à du verre mais aussi solide que l’acier, de telle sorte qu’on pouvait voir toute l’étendue d’Atlantis autour. Memnark les attendait en haut des quelques marches qui menaient au siège de commande, qui contrôlait tous les systèmes.

C’était la première fois qu’Erend voyait le Grand Forgeron en chair et en os. Ou plus exactement, en chair et en acier. Ce que Memnark avait gardé de son corps originel de Primordial se résumait à son tronc et à son visage. Tout le reste, même sa tête, n’était que substitues et améliorations technologiques. Le corps de Memnark, gris, rachitique et faible, était collé à une espèce d’araignée métallique doté de quatre pattes. Ses bras, eux aussi artificiels, ressemblaient plus à des prises électriques. Quant à son crâne, c’était une aberration ; une immense boule de métal, couverte de tuyaux et de mécanismes en tout genre, pour faire fonctionner en permanence son cerveau amélioré.

Comme ceux de sa race, il avait six yeux derrière sa visière de métal qui les faisait ressortir bleus et immenses. Sa main droite à trois doigts, longs, fins et mécaniques, faisait léviter quelques centimètres au-dessus les cinq Solerios autour d’une autre sphère, plus grosse et grise. Erend était envoûté par ces boules de couleurs différentes, qui bougeaient comme des électrons autour de leur noyau. Rassemblées ainsi, elles avaient un pouvoir aussi infini que l’univers. Un pouvoir que détenait à présent le Grand Forgeron.

- Vous voici, fit la voix sèche et faible de Memnark. Erend Igeus, le fou qui s’est dressé face à moi. Castel Haldar, celui qui n’a pas respecté notre marché mais qui en plus m’a trahi. Et enfin Nuelfa, mon ancienne assistante qui, effrayée par l’immensité de ce que je pouvais créer, s’en est retournée dans les pattes de l’Empire Infini, la queue entre les jambes, pour quémander leur pardon. Le fou, le traître et la lâche.

- Ça ferait un bon titre de western, dit Erend. Cessons un peu les grands mots de méchants tout puissant un moment, Grand Forgeron. Parlons comme des gens civilisés. Je vous offre une dernière chance de négocier une entente avant qu’on soit obligé de recourir à la violence.

- Oh, voyez-vous ça ? Dis-moi, Erend Igeus… Tu es sans doute un humain intelligent, et tu le sais. Tu es fier de ton esprit, tu te sais supérieur à beaucoup de tes congénères.

- Vous me flattez.

- Non, c’est la vérité, et tu en es le premier conscient. Alors donc, en te sachant tout ce que tu es, est-ce que tu accepterais de « négocier » avec des fourmis, par exemple ? Ou est-ce que tu te contenterais de faire ce que tu veux d’elles ? Parce que c’est exactement ce que vous êtes, vous autres les humains, de mon point de vue. Des fourmis insignifiantes.

- Je vois, soupira Erend. Tant pis pour les négociations alors. Mais, mon cher Grand Forgeron, vous allez apprendre que parfois, les fourmis, ça peut piquer.

Erend et Castel, entourés d’une impressionnante aura de feu et d’eau que leurs armures divines concentraient, se lancèrent sur Memnark, tandis que Nuelfa, restée derrière, tira une salve d’attaques spéciales avec l’épée d’Excalord. Memnark fit tournoyer ses Solerios, puisant dans leur puissance, pour préparer la riposte. Son visage toujours placide se déforma en un horrible sourire.

- Tout scientifique que je sois, je me suis bien ennuyé, tous ces millénaires passés avec pour seule compagnie mes propres Akyr. Tâchez de me divertir un minimum, humains.


***


Une véritable guerre était en train de se dérouler devant et dans la pyramide de métal d’Atlantis, entre les forces de la Confédération Libre et celles du Grand Forgeron. Les humains et les Pokemon affrontaient les Akyr. C’était un véritable ballet de balles, de rayons en tout genre, d’attaques, d’explosions, de cris, et de corps de chair ou d’acier qui volaient un peu partout, entiers ou en pièces. Et au milieu de ce chaos, sans savoir réellement ce qu’il faisait là, il y avait Bertsbrand.

- C’est fou, balbutiait-il en tâchant de se faire tout petit. C’est totally madness !

Décidément, son voyage à Bakan pour aller à la rencontre de ses fans avait pris une tournure dramatique. Attaqué par un robot en métal dans son propre jet privé, on lui avait dérobé sa Perle de l’Océan, et le gouvernement local ne l’avait même pas indemnisé ! Après cela, il s’était fait capturer par ces fous de robots et cette bolosse de Lady Venamia, obligé de rester enfermé avec une femelle qui ne comprenait rien au swag. Des espèces de cerveaux araignées l’avaient attaqué, et maintenant, il se retrouvait sur une cité volante, en plein milieu d’une bataille !

Seul point positif de tout ça : il pourrait en écrire un livre autobiographique qui allait s’arracher comme des petits pains, dans lequel il aurait tout loisir de broder un peu sur son rôle dans ces événements de malade. Du genre : ce serait lui, le grand, le seul, l’unique Bertsbrand, qui avait détruit le vaisseau du Grand Forgeron, et qui avait rallié sous sa bannière l’ultime armée de la liberté pour la dernière bataille épique ! Bertsbrand voyait déjà la couverture, le montrant lui dans toute sa gloire, marchant sur une carcasse d’un Akyr, avec un titre du genre « Le swag boute les envahisseurs de métal ». Oui, ça aurait de la gueule. Mais le souci actuellement, c’était de s’en sortir en vie.

Bertsbrand ne savait pas du tout où il se trouvait, si ce n’est que la cité en question s’appelait Atlantis. D’ailleurs, l’usage même de ce nom était problématique, car Bertsbrand avait déjà écris un libre dans lequel il racontait comment il avait trouvé, lors d’une de ses expéditions, des vestiges de l’ancienne civilisation perdue d’Atlantide. Un livre à peine exagéré, qui avait tenu pas moins de huit semaines d’affilé en tête des best-sellers. Si Bertsbrand écrivait son nouveau roman sur tout cette histoire, il serait bien obligé de modifier le nom de cette cité volante. Pour ne pas perdre les lecteurs, c’est tout…

Tenant Marie-Eglantine dans ses bras, Bertsbrand courut un peu partout dans l’espoir de trouver un ascenseur le ramenant sur la terre ferme. Mais il n’y avait aucun panneau de signalisation, et pas la moindre carte ! Franchement, quelle organisation déplorable ! Il aurait pu descendre à dos de Pokemon s’il en avait eu un. Ça ne l’aurait pas gêné. Il avait après tout écrit un autre roman dans lequel il avait chevauché cinq fois d’affilé les légendaire Ho-oh, Yveltal et Lunala, ainsi que dix fois d’affilés le trio des Oiseaux Légendaires. Un roman encore une fois quelque peu brodé, mais débordant de réalisme et de lyrisme.

Sauf que là, tous les Pokemon se battaient contre les Akyr. Il y avait toujours cette femelle aux cheveux magenta là, cette Galatea, qui possédait le pouvoir de voler et de faire voler les autres avec elle. Étonnante capacité que voilà ; elle aurait débordé de swag si c’était Bertsbrand qui l’avait eu. Mais la star n’avait que trop passé de temps collé aux femelles ces temps derniers, et son swag en souffrait durement. De toute façon, cette Galatea était en première ligne contre les Akyr, affrontant celui qui avait le corps effilé de toutes parts.

- Et pourquoi ils se battent tous d’abord, ces idiots ? Gronda Bertsbrand. Ils ne peuvent pas plutôt s’asseoir et lire un de mes livres, pour pouvoir méditer sur mon swag dans la paix et l’harmonie ? Tu n’es pas d’accord, Marie-Eglantine ?

Loin d’être perturbée par la bataille autour, la Parecool Chromatique poussa un long bâillement en guise de réponse. Au même instant, une onde de choc partie d’une explosion non loin de lui propulsa Bertsbrand quelques mètres plus loin. Il se releva, la poitrine douloureuse.

- HOLY SHIT ! S’exclama-t-il. Que celui qui a fait ça se dénonce !

Un rayon rouge d’une matière indéterminée lui passa juste au dessus et le força à se baisser en catastrophe. Bon… Bertsbrand - parce qu’il était Bertsbrand après tout - allait prendre sur lui pour combattre sa phobie des femelles et demander à cette Galatea de l’amener jusqu’à la terre ferme. Ça commençait à devenir un peu trop dangereux par ici, et ces imbéciles qui combattaient, qu’ils soient humains, Akyr ou Pokemon, ne semblaient pas prendre conscience de la présence du swag incarné à coté d’eux. Bertsbrand s’avança donc en rase-motte jusqu’à Galatea, qui, aux cotés de ses Pokemon, bataillait farouchement contre l’Akyr aux piques.

- Gente damoiselle Galatea, commença Bertsbrand, tout cela commence à devenir un peu trop bruyant pour moi. Si vous auriez l’amabilité de…

Galatea se tourna brusquement en le remarquant, et avant qu’elle n’ait pu lui demander ce qu’il fichait là, rampant au sol en plein milieu de la bataille, son adversaire fit un geste presque invisible à l’œil nu. Galatea devait avoir de sérieux réflexes, car elle bougea un peu hors de la trajectoire de l’attaque, mais pas suffisamment. Le coude effilé de l’Akyr Irradié lui fit une profonde cicatrice allant du sein gauche au menton. Serrant les dents sous l’effet de la douleur, Galatea posa une barrière de Flux entre elle et son ennemi pour le ralentir, et en se touchant sa blessure ensanglantée, elle influa sur ses propres cellules avec le Flux pour la guérir à toute vitesse.

- Les Mélénis doivent vraiment avoir confiance en leurs pouvoirs, pour se permettre d’être distrais en plein combat, ricana l’Akyr Irradié.

- Merde… M’sieur Bertsbrand, vous foutez quoi là ?!

- Je désire seulement rejoindre la surface, se défendit Bertsbrand. Pouvez-vous demander à votre bon ami Akyr de mettre votre combat en pause le temps que vous m’ameniez en bas ? Je vous dédicacerai l’objet de votre choix à tous les deux…

Bertsbrand n’eut pas le temps de terminer son offre, car Galatea se jeta sur lui, et tous les deux roulèrent pour éviter la pluie d’aiguilles mortelles qu’avait envoyé l’Akyr Irradié sur Bertsbrand. Ce dernier hurla, bien plus choqué par cette femelle qui lui avait sauté dessus que par l’attaque mortelle de l’Akyr.

- OOOOOHHHHH GOOOOD ! Lâchez-moi ! Lâchez-moi tout de suite ! Vous allez contaminer mon swag !!

En se débattant comme un possédé, Bertsbrand empêcha Galatea de se lever correctement, et déjà, l’Akyr Irradié était sur eux. Galatea et Bertsbrand n’eurent la vie sauve que grâce à l’intervention de Galladiateur, le Pokemon de Galatea, qui bloqua l’attaque de l’Akyr de Première Classe avait son bras droit qui renfermait la plus puissante des attaques Acier, Excalibur. Galatea poussa Bertsbrand avec le Flux pour reprendre son combat, tentant de broyer les bras fins et tranchants de l’Akyr Irradié en augmentant considérablement la force de ses propres bras.

Un peu plus loin, c’est Mercutio et Mewtwo qui affrontaient l’Akyr Galvaniseur, l’autre restant de Première Classe. Le Mélénis et le Pokemon avaient bien choisi leur adversaire : cet Akyr était comme eux un pur concentré de bourrinage. Il encaissait les attaques comme s’il ne s’en souciait pas et s’adonnait à la plus féroces des sauvageries. Sa lourde armure rouge semblait inébranlable, malgré les boules psychiques explosives de Mewtwo et les attaques de Sixième Niveau de Flux de Mercutio. Ces derniers donc avaient abandonné leur coutume de « la meilleure défense, c’est l’attaque » et préféraient se tenir à distance de l’Akyr déchaîné. Mercutio avait même fait appel à son Pixagonal, un Pokemon artificiel aux PV quasiment illimités, qui leur servait de bouclier.

L’Akyr Galvaniseur pouvait tirer des espèces de plaques surchauffées de Vifacier, comme l’éruption d’un volcan ou la chute de météorites. Il ne restait plus grand-chose de quelqu’un qui se recevait cette attaque dessus. Ces projectiles de Vifacier à vif causèrent même des dommages sur la structure d’Atlantis, perçant le sol et laissant des trous sur le champ de bataille. Bertsbrand s’approcha de l’un d’entre eux. Il aurait pu passer par là pour s’échapper de cette cité volante infernale, mais il n’était pas certain que même son swag arrive à lui faire encaisser une chute pareille.

- Damnation et ringardise ! Jura Bertsbrand. Dès que je rentre chez moi, la première chose que je ferai sera de me trouver un Pokemon Vol bien swag !

Il hurla à vive voix, quémandant un parachute. Régis Chen, qui se trouvait non loin de lui, eut presque pitié. Mais presque seulement. Il n’avait pas oublié l’humiliation que Bertsbrand lui avait fait subir avec le damné Bâillement de sa Marie-Eglantine. Mais bon, s’il s’avisait de laisser mourir cet andouille ici, sans doute que toutes les filles du monde allaient le haïr à jamais. Et puis, que lui avait inculper son grand-père, le professeur Chen, alors qu’il était tout jeune ?
Mon garçon, pour vivre en paix avec toi-même, essaies de toujours faire une bonne action par jour.
Régis n’était pas certain que sauver Bertsbrand était en soi une bonne action, mais il fit signe à son Ptera de venir ici, et courut à la rencontre de Bertsbrand.

- Si vous voulez partir mon gars, c’est maintenant. Mon Ptera va vous descendre, mais vous devrez ensuite vous démerder tout seul, car il va revenir immédiatement ici ensuite.

Bertsbrand fronça les sourcils en étudiant Régis du regard. Sans doute devait-il se rappeler de lui en des termes peu flatteurs. Puis il jeta un coup d’œil au Ptera et ses yeux s’écarquillèrent.

- Vous plaisantez j’espère ? Moi, monter sur cette créature ?! Non mais vous l’avez bien regardé ? Son niveau de swag doit atteindre les -1000 !

Le Ptera grogna dangereusement.

- Vous n’allez certainement pas monter dessus, rectifia Régis. Il vous portera sous les bras avec ses pattes arrières.

- C’est une indignité sans commune mesure ! Se plaignit Bertsbrand. Qui croyez-vous que je sois ? Je suis Bertsbrand, malheureux ! Un homme de mon calibre ne saurait être transporté comme un vulgaire sac de patates par ce Pokemon malformé qui…

En ayant assez, Régis poussa la star, qui tomba dans le trou en hurlant un dernier OHHHHH MYYYYYYY GOOOOOOD. Puis il dit à son Ptera.

- Je sais qu’il est lourd, mais rattrape-le et puis balance-le au milieu du désert. Évite de le bouffer. Il doit être de toute façon dégueulasse.

Ptera grogna son assentiment et plongea à son tour. Sa bonne action de la journée accomplie, Régis repartit au combat, en jurant que s’ils survivaient à tout ce merdier, il ne manquerait plus jamais de faire sa bonne action du jour jusqu’à la fin de sa vie. Ce que Régis ignorait bien sûr, c’est qu’en sauvant Bertsbrand ce jour-là, il avait enclenché une suite de conséquences qui allaient modifier le monde à tout jamais…


***


Alors qu’Erend et Castel chargeaient, Memnark, trop occupé à observer les cinq sphères de couleurs qui gravitaient au-dessus de sa main robotique, ne leur accorda même pas un regard, comme s’ils étaient indignes de son intérêt. Les deux humains se regardèrent, hésitant à agir. C'est Castel qui se décida à lancer l’attaque, se jetant de toutes ses forces avec son armure brûlante sur la carcasse métallique du Grand Forgeron. Mais il ne l’égratigna même pas. Erend n’en fut pas vraiment surpris. Les Akyr étaient déjà immensément résistants ; leur créateur devait donc l’être encore plus. Mais tout forgeron à moitié robotisé qu'il était, Memnark était avant tout un Primordial, comme Nuelfa. Et tout comme elle, il possédait donc à la base un corps fait de chair et de sang. Ce fut lui qu’Erend visa avec une attaque Hydrocanon, mais Memnark la fit disparaître avec un seul jet de lumière venant de ses Solerios.

- J’avoue que j’ai du mal à comprendre… marmonna le Grand Forgeron. Pourquoi servez-vous ces humains contre moi, votre créateur ? Je vous ai donné la vie à partir de métal, faisant de vous des Pokemon bien supérieurs à la plupart des légendaires qui existaient alors. Pourquoi vous abaissez-vous à devenir de simples armures que portent les humains ?

Memnark s'adressait directement à Triseïdon et Hafodes, comme si leurs porteurs n'avaient absolument aucune importance. Evidemment, sous leur forme d’armure actuelle, ils ne purent répondre, mais Erend saisit toutefois l’essentiel des pensées de son camarade Dieu Guerrier.

- Excalord pensait comme toi, autrefois… Au final, il a été vaincu par trois humains qui nous portaient. Ce n’est qu’à leur contact que nous pouvons nous transformer ainsi, devenant bien plus qu’un humain ou qu’un Pokemon, mais un nouvel être à part !

Memnark ricana, ayant visiblement entendu les paroles mentales de sa création.

- Qu’importe ce que vous devenez en étant unis. Ma puissance est telle que rien ne saurait l’égaler, maintenant.

Pour preuve, il bloqua un rayon violet provenant de Nuelfa. Sans doute une attaque Dracochoc qui pouvait créer l’épée d’Excalord. Castel fit suite, en dirigea un torrent de flammes en direction du Primordial, qui le balaya d'un revers de main comme s'il s'agissait d'une petite brise. Ses Solarios n’étaient pas uniquement des armes offensives. Ils pouvaient aussi user de leurs propres types pour contrer les autres attaques. Nuelfa avait beau enchaîner des attaques spéciales de type Dragon, Acier ou Vol, les trois types d’Excalord, Memnark s’évertuait à s’en protéger sans aucun effort. Comme Nuelfa l’avait pressenti dès le début, sans les formes normales et Revêtarme d’Excalord, leurs chances seraient compromises. Mais elle n’abandonnerait pas maintenant. Pas après avoir passé des millénaires à méditer sur ses fautes et sur sa façon de se racheter.

- À moi maintenant, fit Memnark avec un affreux sourire.

Ses Solerios se mirent à tournoyer plus vite, et Nuelfa craint le pire. Ce fut un déluge de puissances combinée qui s’abattit sur eux. Un tourbillon de feu, d’eau, d’énergie florale, de lumière et de ténèbres, qui donna naissance à une énergie sans doute encore non-identifié, mais qui expédia les deux humains et la Primordiale loin derrière. Si les armures des Dieux Guerriers et l’exosquelette de Nuelfa les avaient plus ou moins protégé, ils étaient secoués, d’autant plus qu’ils savaient très bien que Memnark n’avait pas utilisé le quart de sa puissance. Mais Erend doutait qu’il se lâche trop ici, à moins qu’il ne veuille détruire toute la pyramide d’Atlantis.

Memnark n’en avait pas fini. Une espèce de liquide sombre et argenté - à moins que ce ne soit de la poussière ? - sortit d’une des ouvertures de sa gigantesque armure arachnoïde. Cet élément tournoya autour de Memnark, qui semblait en contrôler le mouvement. Quand la chose se fit plus compacte, prenant peu à peu diverses formes, Erend comprit qu’il s’agissait là de métal sous sa forme la plus fine. Memnark le contrôlait totalement, tout comme Zeff Feurning ou Syal Aeria contrôlait l’argent et le cuivre. Sauf que là bien sûr, il s’agissait de métaux bien plus rares et puissants.

- Vous l'avez enfin compris ? Sourit Memnark. Je suis le Grand Forgeron. Je manipule le Vifacier, le Sombracier et le Lunacier selon ma propre volonté. Ils sont ma création. Même les Dieux Guerriers ne peuvent percer mes alliages. Votre lutte est futile. Tout comme l’ont été vos vies, et tout comme le seront vos morts.

Les métaux de Memnark prirent formes, et on put en distinguer trois différent. Un très sombre, presque noir, qui semblait le plus lourd. Un quasiment transparent dont on pouvait voir à travers, et un autre qu’Erend, Castel et Nuelfa connaissait bien pour l’avoir manipulé assez souvent : le Vifacier. Memnark dirigea le métal transparent, le Lunacier, en plusieurs points de la pièce, et attisa ses Solerios pour lancer diverses attaques. Les morceaux de métaux transparents les aspirèrent tous. La caractéristique du Lunacier étant bien d’aspirer et de stocker l’énergie, quelle que soit sa forme… puis de la relâcher à volonté. Aussi donc, les morceaux de Lunacier se mirent à tournoyer autour de la salle, recrachant leurs attaques sur les adversaires de Memnark comme des drones téléguidés.

Erend, Castel et Nuelfa devaient maintenant gérer ces embêtants morceaux de Lunacier en plus de Memnark en face d’eux. Et bien sûr, ils avaient beau cribler ce métal de rayons en tout genre, ça ne le détruisait pas : il se contentait d’aspirer les attaques, pour les renvoyer ensuite. Memnark se servit du Sombracier qu’il avait invoqué comme protection personnelle, tandis qu’il créa avec son Vifacier des espèces de petites créatures mécaniques semblables à des Akyr. Erend regarda tout autour de lui ; ils étaient cernés de toutes parts. Memnark éclata de rire devant leur situation critique.

- Et ce n’est là qu’un aperçu de mes possibilités, fit-il. Il n’y a rien que je ne puisse pas créer. Il n’y a aucune situation que mon cerveau infaillible ne puisse pas gérer. Tout ce plie à ma volonté, le métal comme les individus. Je suis la perfection incarnée.

Cette tirade fit étrangement réagir Nuelfa, qui, d’ordinaire toujours placide, était là visiblement en colère.

- La perfection incarnée ?! Un scientifique, parler de perfection ? Vous êtes tombé bien bas, maître. La perfection n’existe pas. Elle ne doit pas exister. Nous devons la rechercher sans jamais l’atteindre, toujours en progressant un peu plus. Si nous créons la perfection, nous ne servirions plus à rien ensuite. C’est là le credo de la science que vous avez embrassé autrefois !

- J’ai dépassé ce stade là depuis longtemps, Nuelfa, répliqua Memnark. Je ne suis plus un serviteur de la science ; c’est la science qui m’obéit désormais. Comme tu l’as fait jadis, et comme tu continueras…

Le Grand Forgeron tandis ses doigts mécaniques, et aussitôt, plusieurs sphères de Sombracier à l’état liquide allèrent se coller à Nuelfa sans qu’elle ne puisse l’éviter. Le métal la plaqua contre un mur, puis se durcit, lui bloquant ses deux bras et ses deux jambes. Elle tenait toujours l’épée d’Excalord, mais ne put plus faire un seul geste.

- Reste sagement ici. Je m’occupe de ces deux humains, puis nous aurons tous deux de passionnantes séances scientifiques, comme autrefois. Sauf que cette fois, tu ne seras plus l’étudiante, mais le cobaye.

D’un geste, il invita ses mini-Akyr à attaquer Erend et Castel. Erend brandit Espérance, prêt à les trancher un par un, mais Castel avait une autre idée. Il attendit qu’ils sautent tous sur lui pour s'énerver soudainement sans prévenir. Une énorme tempête de flammes les repoussa tous et roussit légèrement au passage Erend qui dut esquiver l'attaque de son allié en catastrophe. Une attaque Rafale Feu, sans l’ombre d’un doute. La plus puissante attaque de ce type, mais qui allait sérieusement puiser dans les réserves d’Hafodes. Il avait beau être un Dieu Guerrier, son énergie n’était pas illimitée, d’autant que la présence de Memnark, qui exerçait une pression horrible sur le Vifacier qui composait son corps, le bridait.

Erend se servit de ses jets d’eau pour pouvoir atteindre les sphères de Lunacier qui leur tournaient toujours autour et les détruire une par une avec Espérance. En effet, le Vifacier était plus solide que le Lunacier, et pouvait physiquement en venir à bout. Mais les attaques de Memnark avaient déjà repris. Des rayons multi-types sortis de ses Solerios. Des pointes animées par le Vifacier les suivant où qu'ils aillent. Des lames de Sombracier qui surgissaient du sol. Il n'avait même pas besoin de bouger tandis qu’eux courraient et volaient dans tous les sens. Non pas pour l'attaquer, mais simplement bien pour survivre. Memnark ne semblait jamais s'épuiser, ni manquer de métal. Erend devait bien le constater, les Solerios semblaient lui apporter une énergie infinie. Or la leur ne l'était pas. Tôt ou tard, ils tomberaient d'épuisement.

Et il semblerait que ce soit plus tôt que tard. Un bloc de Sombracier fit tomber Erend alors qu’il s’était propulsé en hauteur avec ses ondes d’eau, tandis qu’en bas, Memnark avait usé d’une de ses pattes robotiques pointues pour bloquer Castel au sol, puis l’envoya sur Erend. Alors il fit usage de ses cinq Solerios en même temps. Ils envoyèrent tous cinq de l’énergie au Proto-Solerios, qui s’apprêtait à tirer sur eux une version réduite du laser qui avait détruit coup après coup des vaisseaux de la flotte alliée. Un laser si rapide qu’il était impossible à esquiver. Castel et Erend ne verraient même pas leur fin venir.

- C’est terminé, décréta le Grand Forgeron.

Mais juste au moment où le laser partit, il rencontra dans sa course un objet jaune, qui à son contact produisit d’énormes arcs électriques et dévia le laser, qui alla transpercer un des murs et continuer sa course à travers l’horizon. L’objet jaune - un éclair métallique de la taille d’un humain - traça, tel un boomerang, une courbe et revint d’où il venait, c’est-à-dire dans les mains d’une personne qui se tenait sur la passerelle tout à côté de la verrière brisée.

- Toi… siffla Memnark. Tu oses rejeter mon amitié et me trahir également ?

Lady Venamia affronta calmement le regard multilatéral du Grand Forgeron avec ses yeux vairons. Elle replaça l’éclair d’Ecleus à l’horizontale et le pointa sur le Primordial.

- Je t’aurai trahi un jour ou l’autre. Je me suis dit que j’allais attendre que tu dégommes tranquillement mes ennemis, mais finalement, ça me parait dangereux que tu récupères deux des trois Dieux Guerriers. Et la façon dont ces deux minables se faisaient exploser a fait resurgir en moi une pitié que j’ai cru avoir perdu depuis longtemps.

Venamia sauta de la passerelle, tout en se parant du monde Revêtarme d’Ecleus, qui fit qu’elle atterrit doucement entre Erend et Castel qui la regardèrent avec suspicion.

- Quoi ? Fit Venamia. J’en avais assez de vous voir galérer contre cette vieille araignée cinglée. Je vous tuerai tous les deux un jour prochain, soyez-en sûrs, mais il serait bon de nous débarrasser avant de cet indésirable mécanique.

En fait, Venamia, après avoir pris la fuite face à Erend et Castel, avait fait un long travail de réflexion, dans lequel elle avait analysé tous les futurs qui s’offraient à elle. Si Memnark l’emportait face à Erend et Castel aidés de Nuelfa, il y avait peu de chance qu’elle parvienne à le vaincre. Elle pouvait admettre cela malgré toute sa suffisance. Et d’un autre côté, si Igeus et Castel arrivaient à vaincre Memnark, ils pourraient alors en tirer tous les bénéfices seuls, c’est-à-dire s’emparer des Solerios et d’Atlantis. Et surtout… Venamia ignorait où se trouvait son fils Julian. Ça pouvait être à Cinhol, mais aussi à Fubrica. Elle n’allait donc pas laisser ce Primordial raser la capitale de la région.

- Comme toujours, tu retournes bien vite ta veste, commenta aigrement Erend.

- Comme vous deux, rétorqua Venamia. Peut-être bien que c’est une caractéristique des détenteurs de Dieux Guerriers.

- C’est plutôt une caractéristique des ordures que nous sommes, renchérit Castel. Drôle d’idée que ce soit à nous de sauver le monde…

Les trois détenteurs de Dieux Guerriers, tous sous leur forme Revêtarme, se tournèrent alors vers Memnark. Il semblait en colère, et surtout, plus aussi confiant que tout à l’heure. Sa voix recelait des allures de hargne… et des soupçons peur.

- Vous n’êtes que des humains ! C’est moi qui ai conçu les armures Pokemon que vous portez ! Même ensemble, vous ne pouvez vous mesurer au pouvoir et au savoir millénaires qui sont miens !

- Grand Forgeron, répondit Castel, vous vous êtes amusé à créer des pouvoirs individuels sans vous rendre compte de ce qu’ils valaient quand ils sont unis, tout simplement parce que vous ne comptiez que sur vous-même, que sur vos propres connaissances.

- Vous n’avez même pas imaginé le Revêtarme, ajouta Erend. Parce qu’il était pour vous impensable qu’un humain puisse s’associer de la sorte à vos Dieux Guerriers. Depuis le début, vous n’avez rien compris au lien unissant humains et Pokemon, et unissant les humains entre eux.

- Tu ne pourras jamais rien conquérir avec un seul cerveau, même un de ta taille, conclut Venamia. Tu t’es fabriqué ton petit empire de robots lobotomisés et loyaux à souhait, et tu as oublié le potentiel d’un esprit libre, et de ce qu’il peut accomplir avec d’autres.

Comme mus par l’harmonie qui unissait en ce moment même leurs trois maîtres, les armures des Dieux Guerriers brillèrent chacun d’une lueur rouge, bleue et jaune. Triseïdon, Ecleus et Hafodes étaient enfin réunis et allaient combattre ensemble, après des millénaires. Et quand Erend, Castel et Venamia chargèrent à l’unisson, Memnark ne vit que trois traînées de lumières, de couleurs différentes mais d’intensité identique.