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The Forgiving God de Kazuuya



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Informations

» Auteur : Kazuuya - Voir le profil
» Créé le 05/10/2015 à 21:22
» Dernière mise à jour le 14/10/2015 à 16:00

» Mots-clés :   Action   Fantastique   Humour   Présence de personnages du jeu vidéo   Suspense

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01 : Call me Dunning
"Pour réussir son mariage, il y a quatre conditions : il faut trouver une femme qui t'aime sans condition, une femme qui ait du caractère et te secoue, une femme avec qui tu auras envie de coucher toute ta vie et le plus important c'est de tout faire pour que ces trois femmes ne se voient jamais... "
(Eli Loker, Lie to Me)



Ah, Volucité... Ses gratte-ciels tellement hauts que l'on n'en voit pas le bout. Son port plein à craquer de navires, eux mêmes pleins à craquer de marchandises et de passagers serrés comme des sardines sur le pont, tous émerveillés devant la vue impressionnante qui s'offre à eux. Ses habitants constamment pressés, qui consultent leur montre sans arrêt, parfois plusieurs fois par minute. Ses rues pavées et polluées par les voitures qui roulent dans un sens ou dans l'autre. Ses glaces Volute qui font la renommée de la ville, tant leur parfum est envoûtant. Ses hôtels de luxe au prix exorbitant et à la taille si colossale qu'il faudrait plusieurs jours pour les visiter dans leur intégralité...

Justement, un hôtel de luxe en particulier était très prisé des étrangers, ces temps-ci. Le "Forgiving God" accueillait une clientèle d'élite dans ses soixantes chambres plus luxueuses les unes que les autres et dont un seul meuble coûtait certainement autant qu'un téléviseur moderne. A première vue, l'immense bâtiment de style ancien, situé dans les "vieux quartiers" de Volucité, pas encore tout à fait décimés par l'invasion des tours en verre, avait tout pour plaire : une décoration incroyable, un service irréprochable, des tournois Pokémon organisés pour les clients et qui ravissaient les touristes... Non, décidément, il était difficile de reprocher quoi que ce soit à un établissement aussi haut de gamme que celui-ci.

Et pourtant. Pourtant, il y avait ce type, qui contemplait la façade extérieure de l'hôtel depuis un bon moment, s'attirant quelques regards curieux de temps à autre. Qui était cet homme qui regardait fixement le bâtiment de cinq étages ?

Répondant au nom d'Henry Dunning - bien que personne ne l'appelle par son prénom -, il avait une apparence plutôt banale vu de loin. Plutôt grand, des cheveux noirs, courts et relativement désordonnés accompagnés d'une barbe de trois jours. Son regard gris, presque blanc ne passait pas tout à fait inaperçu, mais c'était surtout le long imperméable gris foncé qu'il portait qui attirait l'attention : un passant sur deux le prenait pour un inspecteur de police. Mais non, Dunning n'était pas un inspecteur de police. Il n'avait pas de travail à proprement parler, en réalité. A chaque fois qu'on le lui demandait, il éludait la question et passait à autre chose. Lui-même n'aurait pas su dire quelle activité il faisait exactement.

Pourquoi donc fixait-il cet hôtel depuis tout ce temps ? Son intuition prétendue - par lui-même - infaillible avait encore frappé, voilà tout. Selon lui, l'hôtel "The Forgiving God" était louche et cacherait même un secret des plus inavouables. Lequel ? Il n'avait pas encore trouvé. Mais il était persuadé que ses recherches - des plus excitantes par ailleurs - porteraient leurs fruits. Oui, Dunning avait foi en ses capacités et, accessoirement, en celles de sa partenaire.

Laquelle arrivait justement, descendant d'un taxi ressemblant fortement à ceux que l'on pouvait trouver dans les rues de New York, aux Etats-Unis. A quelques milliers de kilomètres de là, donc. Après avoir ordonné au chauffeur de descendre les bagages du coffre, elle vint rejoindre l'homme solitaire. De taille moyenne, ses longs cheveux blonds descendaient jusqu'au bas de son dos, se terminant en pointes rouges. Ses vêtements épais la gardaient bien au chaud, elle qui avait tendance à grelotter de froid à tout moment.

- Chérie ! s'exclama Dunning, un sourire narquois peint sur le visage.

- Rappelle-moi pourquoi j'ai accepté de t'aider sur ce projet... souffla la blonde, excédée.

- Pour le fric ?

- Mais non crétin, parce que tu me l'as demandé gentiment ! Pour une fois...

Le brun haussa les épaules et se tourna de nouveau vers les portes impressionnantes de l'hôtel. Ramassant ses deux valises, il entra, suivi de près par la femme aux cheveux colorés. Le hall était probablement aussi grand que... non, c'était incomparable, en fait. D'immenses lustres se trouvaient de part et d'autre du plafond en marbre. Le sol - en marbre lui aussi - laissait entrevoir les reflets des personnes qui le regardaient, tant il brillait. Le comptoir de la réception, situé sur la droite, était impeccable. Pas un seul tas de papiers ne venait troubler la quiétude du meuble.

- Y'a quelqu'un ? cria Dunning, plus fort qu'il ne le voulait au départ.

La réceptionniste, occupée à ranger Arceus sait quoi, se leva d'un bond, apeurée. Elle se calma du mieux qu'elle pouvait et regarda les deux personnes qui venaient de faire leur apparition dans son champ de vision. Un type qui avait tout d'un inspecteur de police et une femme qui avait tout de... d'une femme banale, quoi. Elle rehaussa ses lunettes et les invita à venir s'enregistrer à l'accueil.

- Par contre, qu'est-ce qu'il est craignos le nom de votre hôtel... signala l'homme.

- Merci beaucoup, c'est moi qui l'ai choisi... grommela la réceptionniste en récupérant les formulaires remplis par le duo.

- Dunning... souffla la blonde, atterrée.

Lequel haussa les sourcils.

- Y'a des lois contre l'honnêteté ?

- Non, mais tu manques cruellement de bon sens...

- Si ce n'est que ça... c'est la treizième fois que tu me le dis ce mois-ci, Irina. Et on est seulement le 11 janvier.

- Bravo, tu bats le record du sociopathe le plus bizarre de la planète, super...

Dunning eut un sourire jusqu'aux oreilles, fier, et s'approcha de la réceptionniste - un peu trop près au goût de celle-ci - pour la dévisager. La pauvre jeune femme ne savait plus trop où se mettre.

- Qu-que vous arrive-t-il, enfin ?

- Rien, vous me rappelez quelqu'un. Mais j'arrive pas à mettre le doigt dessus, ça m'énerve un peu. Beaucoup même.

- A-ah...

Irina secoua la tête, affligée, et observa derrière le comptoir de la réception. Un petit Pokémon d'une couleur verdâtre s'empiffrait de gâteaux, sans faire attention au nombre important de miettes qu'il éparpillait ça et là.

- Un Goinfrex... je sais !

Dunning et la réceptionniste se retournèrent en même temps pour regarder la blonde, qui prenait une posture de victoire.

- Tu sais quoi ? Que les Goinfrex sont obèses ? se moqua le brun.

- Mais non sombre con ! Cette nana que tu dévisages comme un demeuré, je sais qui c'est !

D'un signe de la main, il l'invita à poursuivre ses explications, bien que peu convaincu, comme en témoignait sa moue boudeuse.

- C'est la coordinatrice qui a subitement arrêté le show-business il y a... deux, trois ans je crois.

- Quoi, Flora Julian ? LA Flora Julian ?

Etonné, il se tourna vers la réceptionniste, qui acquiesça d'un très léger mouvement de tête.

- Ah bon, je m'attendais à tout sauf à ça.

- Je croyais que t'avais mené une enquête préliminaire, comme d'habitude, lui chuchota Irina.

- Nope. J'ai un contact dans l'hôtel qui fait tout pour moi contre une somme de fric, m'évitant ainsi de crouler sous les papiers et les sites Internet.

Un raclement de gorge coupa court à leur discussion : Flora n'en avait pas terminé avec eux, visiblement. Dunning lui offrit son sourire le plus poli - chose rare chez lui - et Irina se contenta de secouer la tête, excédée par l'attitude de l'homme.

- On a pas encore fini avec tout ça ? J'ai plus trop envie d'écrire des infos sur moi, vous savez...

- On se calme, je comptais simplement vous demander à quel étage vous voulez séjourner.

Les deux se regardèrent, et Irina annonça finalement que le quatrième étage serait parfait pour elle. Dunning s'empressa d'ajouter qu'il choisirait donc le troisième. La réceptionniste les regarda tour à tour, les yeux plissés.

- Euh... mais vous êtes mariés, pourquoi faire chambre à part ?

- Posez pas de questions, donzelle. En plus, ça vous fait plus de fric comme ça, alors de quoi vous vous plaignez ? répliqua le brun.

- Mais je ne me...

- J'ai dit quoi ? On discute pas !

- Tu ferais un bon dictateur...

- ...et toi une bonne connasse.

Flora tenta tant bien que mal de les ignorer, jusqu'à ce que Dunning lui adresse de nouveau la parole.

- Vous avez dit, tout à l'heure, que le nom de l'hôtel venait de vous.

- Oui, eh bien ?

L'homme se gratta la tête et, après avoir fait sa plus belle grimace à Irina, répondit à Flora :

- Y'a clairement un souci de hiérarchie dans cet hôtel. Depuis quand les réceptionnistes ont des droits ?

- Tais-toi pour une fois abruti... grommela la blonde, honteuse.

- Bon, bon... les clés des chambres, ça vient ?

Flora ne répliqua pas et leur tendit une clé à chacun, pressée de voir ce rustre disparaître. Si ce type restait longtemps dans cet hôtel, elle ne le supporterait pas. Jamais un client n'avait osé lui parler de la sorte durant les deux ans qu'elle avait passé à l'hôtel, et voilà que ce H. J. Dunning venait bouleverser son quotidien paisible.

Le "couple", sur le palier du troisième étage, s'arrêta pour discuter brièvement.

- A quoi ça rime, cette histoire de chambre à différents étages ?

- C'est la méthode d'enquête, andouille ! souffla Dunning.

- Ah ? C'est nouveau ça... et en quoi ça consiste ?

- On sympathise avec les clients de notre étage pour apprendre des trucs sur l'hôtel. Trop cool comme plan, pas vrai ?

Irina, n'ayant pas le cœur à se lancer dans un débat sans fin avec son ami, hocha la tête et grimpa l'escalier menant au quatrième. Dunning plissa les yeux, se jurant de convaincre la blonde. Ses techniques étaient bonnes, il en était persuadé. Et puis il avait toujours détesté la méthode "bourrine", à savoir fouiller directement dans le bureau du propriétaire. Ce n'était pas franchement son style.

Après que son amie aie disparu au quatrième étage, il reprit sa valise en main et se dirigea vers sa chambre, portant le numéro 313. Après avoir parcouru tout le couloir - il avait choisi le côté qui regroupait les chambres 301 à 310 et par conséquent était obligé de retourner sur ses pas -, il s'arrêta devant la porte et la dévérouilla, avant d'entrer et de jeter sans la moindre délicatesse sa valise au sol. Puis il contempla sa chambre, qui devait coûter une petite fortune. Un grand lit deux places a l'air vraiment très confortable, une salle de bain séparée de la partie principale de la chambre par une porte, une fenêtre avec vue sur l'ensemble des vieux quartiers de Volucité, des tapisseries magnifiques... il ne manquerait de rien dans une chambre pareille. Il ne regrettait certainement pas d'avoir de l'argent à perte de vue.

Ne prenant pas la peine de retirer son manteau, il quitta sa chambre et s'empressa d'aller frapper à celle juste en face, la 314. Son épreuve de sociabilisation commençait dès maintenant. Après quelques secondes, la porte s'ouvrit et une petite fille, d'une petite dizaine d'années, fixait Dunning de ses grands yeux bleus. Ses cheveux bruns étaient attachés en une queue de cheval et elle portait une robe rose pâle.

- Euh... tu veux bien appeler ta mère, plutôt ? suggéra l'homme.

Voyant la mine perplexe de l'enfant, il tenta autre chose :

- Ton père alors ?

La petite fille acquiesça vivement et disparut, laissant la porte entrebâillée. Le père apparut à son tour. Les mêmes yeux bleus pâles que sa fille, il avait des courts cheveux blonds foncés et une très légère barbe de trois jours. Ses vêtements restaient simples, mais sans aucun doute coûteux.

- Qui êtes-vous ?

- Coucou, appelez-moi Dunning, je suis votre nouveau meilleur ami et...

Il ne termina pas sa phrase, le père de l'enfant ayant fermé la porte, excédé par l'attitude du brun. Peut-être que sociabiliser n'était pas une si bonne idée, en fin de compte. Mais il ne laisserait pas tomber. Il en allait de sa santé mentale : s'il ne perçait pas le mystère - si mystère il y avait - de l'hôtel, il deviendrait fou. Du moins plus qu'il ne l'était déjà. Déçu par sa tentative infructueuse, il retourna dans sa chambre pour déballer ses affaires. Ce serait déjà ça de fait.


* * *


Irina, arrivée au quatrième étage, traversa le couloir pour rejoindre la suite 412. L'immensité de l'hôtel lui faisait presque peur. Elle aperçut quelqu'un qui marchait dans sa direction. Un homme, qui semblait avoir entre trente et quarante ans. Le pas rapide, l'expression neutre. Ses cheveux bruns étaient coupés courts et son regard vert perçant n'avait rien de rassurant.

- Tueur en série ? songea-t-elle à voix haute.

- Pardon ? s'étonna l'homme en s'arrêtant à sa hauteur.

Irina rougit de honte en réalisant qu'elle avait osé penser ça voix haute. Merde, alors, elle se faisait trop imprudente. Et ce n'était que le début de la "mission" organisée par Dunning.

- Non, je réfléchissais... où sont mes manières ? Je suis Irina Dunning, je séjourne ici avec mon... mari. Bonjour.

- Dan Evans.

L'inconnu ne prit pas le temps de discuter plus longtemps et disparut dans sa chambre. La numéro 418, apparemment. Irina chassa cette rencontre de son esprit pour se concentrer sur le plus important : se débarrasser de tous ces bagages qui l'encombraient plus qu'autre chose. Elle entra dans la suite et l'émerveillement le plus total s'empara d'elle. Le lit, la salle de bain, les tapis hors de prix, les tapisseries, la vue sur les vieux quartiers de la ville... tout la ravissait. Elle serait bien capable de vivre toute sa vie dans cette chambre d'hôtel. Son goût du luxe ne la lâcherait probablement jamais.

Une fois ses bagages défaits, elle tira son Vokit de sa poche et appela Dunning. Lequel prit tout son temps pour répondre.

- Allô chériiie... ma douce voix te manque déjà ? souffla-t-il sur un ton mielleux qu'elle détestait déjà.
- Ta gueule, par pitié. Je t'appelle pour te demander ce que je dois faire ensuite.

Silence radio pendant à peu près deux minutes.

- Désolé, j'aime bien prendre mon temps pour répondre.

- Abrège, j'ai pas que ça à faire de griller mon forfait Vokit pour toi !

- Oh ça va Lucifer, t'es pas marrante. Tu sais quoi ? Va faire mumuse dans l'hôtel et va faire copain-copain avec des clients, ce serait bien.

- Si Sa Majesté me le demande... soupira-t-elle en raccrochant.

Irina rangea son appareil de communication et, peu désireuse de se relever de nouveau, s'allongea sur le lit le plus moelleux qu'elle n'ait jamais touché de toute sa vie.