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Pokemonis T.1 : La Pokeball perdue de Malak



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Informations

» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 17/06/2015 à 08:52
» Dernière mise à jour le 01/11/2016 à 18:58

» Mots-clés :   Absence de poké balls   Action   Aventure   Présence de Pokémon inventés   Région inventée

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Chapitre 24 : Des Pokemon oubliés
Tranchodon



- Pitié ! Je vous en supplie, messire Pokemon ! Je suis un bon et fidèle esclave !

L'heure de la soupe avait toujours été un moment privilégié pour moi. La chair humaine était si exquise, et le goût de leur sang me semblait être un breuvage des dieux. Mais plus encore, ce que j'appréciais durant ces moments là, c'était les cris et les suppliques de l'humain que je dévorais peu à peu. Je m'efforçais de réfréner mes instincts sauvages pour ne pas le dévorer d'un coup. Je le faisais petit à petit, pour bien savourer les pleurnicheries de ces créatures répugnantes et misérables.

Ma proie d'aujourd'hui était un humain entre deux âges. Ceux que je préférais. Les vieux avaient la chair trop sèche et dure, les jeunes trop tendres. Il fallait un juste milieu. Celui-là, je l'avais pris à un vieil Arcanin de la cité, qui avait eu l'audace de me couper le passage. Il pouvait s'estimer heureux que je n'ai pris que l'humain, et pas lui. Même si j'avais un faible pour la chair humaine, manger mes semblables Pokemon ne me posaient pas de problème. Certains étaient même succulents.

- Ça, pour être bon, tu l'es, approuvai-je tandis que les os d'un des doigts de sa main gauche craquait sous mes dents. Quant à la loyauté, c'est absurde. Nous autre Pokemon, nous n'avons que faire de la loyauté d'insectes comme vous.

Je jetai en l'air la main arrachée et je l'engloutis d'un seul coup dans ma gueule. L'humain gisait à terre. Il n'avait plus de pieds, et plus de mains. Mais il continuait de chouiner.

- Le Seigneur Protecteur Xanthos... Il avait dit... Il avait dit que les humains auraient le droit de vivre en tant qu'esclaves !

Pour ces paroles hérétiques, je lui arrachai sa jambe gauche en entière, et j'en profitai pour m'abreuver du sang qui gicla tel un geyser. Quand je me redressai, l'humain était déjà livide. Il n'en avait plus pour longtemps. Aussi m'approchai-je de lui et lui murmurai-je ces paroles à l'oreille.

- Un misérable comme toi n'a pas le droit de citer le nom du Seigneur Xanthos. Et je vais te dire une chose : autant je vénère le souvenir du Seigneur Protecteur, autant je trouve qu'il a été bien trop tendre avec vous. Il aurait dû tous vous détruire après la Guerre de Renaissance. Les Pokemon n'avaient pas besoin de vous comme esclaves. Nous sommes immensément supérieurs à vous ; nous pouvons nous débrouiller sans votre aide. Pour moi, c'est un déshonneur qu'un Pokemon se souille en la compagnie de misérables comme vous. Et Sa Majesté l'Empereur semble d'accord avec moi. Vous bénéficiez d'un peu de protection quand le Seigneur Xanthos gouvernait, mais maintenant qu'il n'est plus là, l'Empereur va faire le ménage. Les humains disparaîtront très vite de notre beau et glorieux empire. Un empire de Pokemon, pour les Pokemon. Vous, vous passerez du statut d'esclave à celui de nourriture. Vous êtes biens meilleurs dans ce rôle là.

J'ouvris grand la gueule, laissant à l'humain le loisir de contempler ma dentition. Puis je la refermai d'un coup sur sa tête, couvrant son dernier cri. Le corps tressauta un moment, puis devint flasque. Quand mon second, le commandant Pandarbare, entra dans mes quartiers, je venais juste de laisser sur le sol un beau squelette tout rogné. Pandarbare me salua, sans un regard pour les ossements.

- Mon colonel, un message urgent de la Quatrième Cohorte.

Je le suivis jusqu'à la salle de commandement, laissant le soin à un de mes gardes de laver mes appartements.

- Lancargot a intérêt d'avoir de bonnes nouvelles, dis-je. Ça fait une semaine qu'il campe à coté de la Vallée des Brumes !

- Il avait des raisons de croire que les Paxen se trouvaient peut-être là bas, malgré les dires de Cresselia et de Frelali.

- Eh bien alors, il n'avait qu'à incendier ce fichu village ! Cette affaire dure depuis maintenant trop longtemps, commandant. La réputation de l'Empire est en jeu si on laisse des Paxen comme Ludmila Chen s'introduirent dans une de nos cités et y repartir sans problème ! À coté de ça, que vaut donc ce village de Pokemon hérétiques et un ancien Pokemon Légendaire désuet ?

- Rien, effectivement, mon colonel...

J'entendis au ton de sa voix que Pandarbare n'était pas d'accord. Oh, c'était un officier loyal et efficace. J'appréciais tout particulièrement sa vigueur au combat et sa sauvagerie. Mais c'était aussi un Pokemon très à cheval sur le règlement et l'honneur. Pour lui, s'en prendre à un village libre et protégée par un traité était impensable. Mais parfois, quand la loi était un frein, il fallait savoir la contourner un peu, surtout si c'était dans l'intérêt de l'Empire. Rien n'était au dessus de ça. Dans la salle de commandement, l'hologramme du major Lancargot attendait. Il se mit au garde à vous quand j'entrai. Je remarquai que l'hologramme était plus petit que d'habitude, et anormalement trouble, comme si la liaison avait des problèmes.

- Où êtes-vous major ? Demandai-je.

- Non loin de la Vallée, colonel. Je vous parle actuellement via transmission interposée d'un autre de mes skippers que j'ai contacté, ce qui explique la mauvaise qualité de liaison.

- Pourquoi cela ? Où est votre skipper ?

Lancargot hésita, puis avoua :

- Détruit, colonel. Nous avons été attaqués. Par cette Solaris as Vriff. Elle a détruit mon vaisseau à elle seule...

Je sentis la colère et la rage se former doucement dans mon corps. D'ici quelque minutes, j'aurai besoin de quelqu'un à tuer pour me défouler. Mais pour l'instant, je demandai d'une voix maîtrisée :

- Et les autres Paxen ?

- Ils ont profité de l'attaque de cette Solaris pour nous échapper, colonel.

Là, c'en était trop. Je ne pouvais plus me retenir. J'empoignai le premier soldat qui me vint sous la main, en l'occurrence un Cradopaud, que je déchirai en deux comme s'il s'agissait d'un vulgaire morceau de papier. Je jetai une moitié sur l'hologramme, et l'autre à travers la fenêtre de la pièce. Pas un Pokemon ne dit mot, mais tous eurent l'élémentaire sagesse de s'écarter de moi.

- Vous avez perdu un skipper entier et vous avez laissé ces Paxen vous filer entre les doigts ?! M'écriai-je. À quel point êtes-vous incompétent, major ?

- Solaris est trop forte, colonel. Nos Pokemon ne peuvent rien contre elle. Moi-même, je n'ai pu lui infliger que des blessures mineures...

- Vous avez beau être faible, je pensais que vous auriez un cerveau sous votre heaume ! Evidement que l'attaque de Solaris ne pouvait être qu'une diversion pour que ses amis traversent vos lignes ! Même vous vous auriez dû le comprendre ! Il fallait les attraper, ou les tuer !

- Tout n'est pas perdu, colonel, répliqua Lancargot avec calme. Nous savons qu'ils se sont enfuis vers une caverne sous la montagne. Selon un de mes Pokemon psy qui a sondé les environs, il y aurait des tunnels très étendus dans ce coin. Mais ils ressortiront bien un jour ou l'autre. J'ai donné l'ordre à mes deux autres skippers de me rejoindre. Nous les trouverons, je peux vous l'assurer.

La transmission cessa. Outre la colère qui m'animait, je sentis aussi de la suspicion enfler en moi. C'était bizarre, tout ça. Lancargot ne pouvait pas être débile à ce point pour laisser passer ces Paxen à travers ses lignes s'il se doutait qu'ils étaient dans la Vallée des Brumes. Les avait-il laissé passer sciemment ? Si oui, dans quel but ?


***


Cielali




Je n'aimais pas les endroits clos, et les grottes étaient les endroits clos que j'aimais le moins. Non pas que je n'y voyais rien dans cette pénombre ; mes yeux étaient même plus performants que ceux des humains pour voir dans l'obscurité. Mais, sans le ciel au dessus de moi, j'étais mal à l'aise. Et cette caverne était terriblement oppressante. Je fis ma fière un petit moment à vouloir voler de moi-même au dessus du groupe, mais après un certain temps, ayant l'impression d'étouffer, je me suis laissée retomber sur la tête de Kerel, fermant les yeux tandis qu'il me transportait. Ludmila avait ricané doucement, mais s'était passée de commentaire. Mais bon, valait mieux ça que faire une crise de panique devant tout le monde.

Quand nous fumes enfin sortis de cette caverne, ce fut pour tomber dans une autre caverne. Mais celle-ci était différente. Elle ne semblait pas naturelle. On aurait dit un vaste couloir sombre, agrémenté de symboles sur les murs. La moitié de l'endroit s'était écroulé sur lui-même. De toute évidence, ce lieu n'avait plus été visité depuis des lustres. L'air, en faible quantité, y était lourd et antique.

- C'est ici, dit Dame Sol. L'un des couloirs des Ruines Alpha.

- Ça pour être des ruines, ce sont des ruines, confirma Tannis en examinant une sortie bouchée vers le haut.

- Les impériaux ont bouché et probablement détruit les étages supérieurs. Mais ils ne savaient pas qu'on pouvait s'y rendre via les Caves Jumelles.

- Et donc, on cherche quoi ici au juste ? Demanda Kerel. Y'a juste des dessins bizarres sur le mur.

- Ce sont les Zarbi, pas des dessins bizarres, rectifia Sol. Un peu de respect, je te prie.

- Attendez-voir, ces symboles, ce sont des Pokemon ? S'exclama Ludmila.

Je m'approchai du mur pour voir ça de moi-même. En effet, il y avait plusieurs lignes de texte, rédigé avec un alphabet étrange. Les lettres étaient grossières, et avaient toute la particularité d'avoir un œil.

- Vous sauriez déchiffrer tout ça, Dame Sol ? Demandai-je à notre guide.

- Ce n'est pas bien compliqué. Mais on n'est pas venu ici pour déchiffrer. Autant leur parler directement. Dracoraure, tu prends le relai.

Je me demandai à qui elle pouvait bien parler, quand je me souvins que ce n'était pas la première fois que j'entendais ce nom. Dame Cresselia avait aussi prononcé ce nom en s'adressant à Sol. La vieille humaine ferma les yeux un moment. Quand elle les rouvrit, ils avaient pris leur teinte violette aux pupilles verticales. Mais il n'y avait pas que ça. Je sentis autre chose en provenance de Sol. Quelque chose, comme son odeur, ou son aura, avait changé. J'avais beau avoir Sol devant les yeux, mes autres sens me disaient qu'il y avait un Pokemon devant moi. Penombrice le ressentit aussi, car il s'inclina vivement devant Sol.

- C'est un honneur de vous rencontrer enfin, Dame Dracoraure.

Sol sourit, mais quand elle parla, ce fut d'une voix sensiblement différente de celle habituelle. Elle avait certes les mêmes intonations que celle de Sol, mais elle était comme résonnante.

- Relève-toi mon ami. Il n'y a pas à s'agenouiller devant moi.

Ludmila semblait comprendre quelque chose aussi, car elle dévisageait à présent Sol avec un respect nouveau, mais aussi une certaine forme de méfiance. Tannis ne résista pas longtemps à l'envie d'intervenir.

- OK. Donc, c'est quoi ce bordel là ? Qui c'est ça, Dame Dracoraure ?

Sol - ou qui qu'elle fut d'autre - se tourna vers lui.

- Une chose que tu as oubliée depuis ton ancienne vie Paxen, jeune Tannis ?

- Dame Dracoraure est l'un des six Fondateurs des Paxen, expliqua Ludmila. C'est un Pokemon, qui partage le corps et l'esprit de Dame Sol.

Kerel, Tannis et moi nous entreregardions.

- Euh... Sol a un Pokemon dans la tête ? Demanda bêtement Kerel.

- Mon esprit seulement, répondit Dracoraure par le biais de Sol. Je suis un Pokemon Dragon légendaire qui partage le corps de Solaris depuis bien avant la Guerre de Renaissance. C'est pour cela que Solaris a hérité de certaine de mes caractéristiques et de mes attaques, ainsi que de ma longévité naturelle. C'est ensemble qu'elle et moi, nous avons cofondé la rébellion Paxen avec les quatre autres. Nous sommes inséparables depuis sa plus tendre enfance, il y a quelque six cent cinquante années.

- Genre, vous étiez avec nous depuis le début ? Demanda Tannis.

- Oui. Je vois et j'entends tout ce que voit et entend Solaris.

N'y tenant plus, je demandai :

- Mais, comment est-ce possible, une chose pareille ? Qu'un humain ait pu se retrouver avec l'esprit d'un Pokemon en lui ?

Dracoraure me dévisagea avec ses yeux si terrifiants, et je me sentis soudain comme oppressée. Mais les lèvres de Dame Sol s'étirèrent.

- Jadis, l'être humain a toujours cherché à faire sien les pouvoirs des Pokemon. Certains utilisèrent la science, d'autres des sombres pouvoirs oubliés. Je ne vais pas vous expliquer la façon dont Solaris a hérité de mes gènes, car elle est assez horrible, et de toute façon impossible à reproduire aujourd'hui. Sachez juste que Solaris fut une victime. Elle n'a pas recherché ce pouvoir pour elle-même. Sa vie fut assez malheureuse à cause de ça. Mais nous avons appris à coexister. Ce n'est pas si mal d'avoir toujours quelqu'un à qui parler, même si six cent ans, ça commence à faire long...

Dracoraure s'arrêta de parler un moment, puis ricana.

- Solaris est en train de se moquer de mon sentimentalisme. Entre nous, elle n'est pas vraiment bien placée pour dire ça. C'était une vraie pleurnicharde autrefois, toujours à se morfondre sur son sort. La vieillesse l'a rendu sèche.

Un Pokemon et un humain dans un même corps... Ça me révulsait, mais en même temps, ça me montrait bien que nos deux races n'étaient pas si séparées que l'Empire voulait nous le faire croire. J'essayais d'imaginer ce que ça serait si je devais partager le corps et l'esprit de Kerel. Non en fait, je ne pouvais pas... Dracoraure fronça les sourcils, comme si elle écoutait quelqu'un parler.

- Voilà qu'elle est en train de m'engueuler. Enfin bref, elle m'a appelée pour que je puisse communiquer avec les Zarbi. Ce sont des Pokemon Psy, voyez-vous. Moi même, je dispose de quelque capacités psychiques, malgré mon type Dragon. Espérons qu'ils n'ont pas totalement déserté notre dimension...

Dracoraure posa la main sur le mur rempli d'inscriptions Zarbi, puis ferma les yeux. Une aura violette entoura les contours de son corps, et je pus sentir son pouvoir augmenter. Je n'avais jamais entendu parler d'un Pokemon du nom de Dracoraure, et je ne savais pas à quoi il ressemblait, mais vu le pouvoir psychique que je sentais actuellement, elle ne devait pas être n'importe quel Pokemon.

Comme en réponse à son appel, le mur de la salle commença à réagir. La luminosité, déjà très faible, baissa encore d'un cran. L'air se refroidit. J'avais soudain l'impression d'y voir trouble. Je voyais Dame Sol, une main posée contre le mur, mais au dessus d'elle, comme un spectre, je voyais un Pokemon. Il était long, bleu, comme un serpent, avec le bas du corps blanc. Il possédait une paire d'ailes d'un blanc nacré, comme celles de Solaris. Il avait une corne au milieu de la tête, des yeux violets aux pupilles écrasées, et une espèce de marque dorée autour du cou. Enfin, au dessus de sa tête et tout au bout de son corps, il avait deux sortes d'orbes violets.

En le voyant, j'eus la certitude que que cette image représentait Dracoraure. Elle ressemblait beaucoup au Pokemon Draco, mais en plus long, en plus noble et avec des ailes. Je savais que Draco évoluait en Dracolosse, mais peut-être Dracoraure était un stade évolutif caché de Draco, qu'il ne pouvait atteindre que sous certaine circonstance, comme c'était par exemple le cas avec Gallame et Gardevoir, ou encore Oniglali et Momartik.

Apparement, seuls Penombrice et moi-même virent cette espèce de vision au dessus du corps de Sol. Nos compagnons humains ne semblèrent rien remarquer. En revanche, la suite, ils la virent très bien. Des dizaines de trous apparurent sur le mur de la salle. Pas des trous naturels, mais des espèces de portes qui s'étaient ouvertes à partir de rien. Je vis ce qu'il y avait au-delà : un monde entièrement vide, comme le ciel lors d'une nuit étoilé, mais sans étoile, et avec parfois des couleurs bizarres.

- La vache ! Jura Tannis en reculant. C'est quoi ça ?!

- Des portes interdimensionnelles, répondit Dracoraure par le biais de Sol. Elles donnent sur le monde des Zarbi.

En effet, sortant des portes spatiales, des dizaines de petits Pokemon arrivèrent à la suite, flottant dans les airs en tourbillonnant entre eux. Ils avaient tous la même forme que les symboles sur le mur : des lettres noires de l'alphabet, mais avec un œil. Ces Pokemon ne dirent rien, se contentant de voler au dessus d'eux en les regardant. Ils me mettaient assez mal à l'aise. Je n'étais heureusement pas la seule. Ludmila, par exemple, tenait son couteau improvisé en bois comme si elle essayait de viser tous les Zarbi à la fois. Les Zarbi se mirent à parler. Ce fut assez bizarre, car ils parlèrent tous ensemble, d'une voix presque enfantine. Et surtout, ils n'utilisaient clairement pas le langage commun ; on aurait dit un mélange de sons, comme une musique. Pourtant, je compris ce qu'ils disaient.

- Appelés. Nous avons été appelés !

Penombrice et Dracoraure comprirent eux aussi, mais les trois humains échangèrent des regards perplexes.

- Euh... qu'est-ce qu'ils chantent, ces gribouillis ? Demanda Tannis.

- Ils parlent en ancien langage Pokemon, leur dit Dracoraure. Comme les Pokemon parlaient avant la Guerre de Renaissance, avant d'avoir acquit le langage humain.

- Mais... je comprends ce qu'ils disent, pourtant, fis-je.

- Oui. C'est normal, acquiesça Dracoraure par le biais du corps de Sol. Même pour les Pokemon civilisés parlant l'humain, la compréhension de l'ancien langage universel des Pokemon est inscrite dans leurs gènes, même des centaines d'années après.

Dracoraure se retourna vers les Zarbi. Il n'ouvrit pas la bouche, mais un cri s'échappa du corps de Sol aux contours violets. Dracoraure utilisait le psychisme pour communiquer avec les Zarbi dans son ancien langage. Et là encore, bien que ce soit une langue totalement intelligible que je n'avais jamais entendu, je comprenais ce qu'ils se disaient.

- Vénérables anciens, je suis Dracoraure. J'ai moi aussi traversé les âges. Pendant longtemps. Aujourd'hui, c'est un âge de péril. Daecheron menace l'équilibre des choses.

- Nous entendons. Nous voyons. Nous savons, dirent les Zarbi d'une même voix. Mais nous n'intervenons pas. Nous structurons l'Univers. C'est la tâche qu'Arceus nous a confiée au commencement des temps. C'est la tâche que nous accomplirons jusqu'à la fin des temps.

Dracoraure hocha la tête.

- Nous ne vous demandons pas d'intervenir. Nous voulons juste des connaissances.

- Des connaissances... répétèrent les Zarbi en tournoyant de plus belle. Nous savons. Nous savons tout.

- Vous savez comment se rendre aux Ruines Sinjoh. Un humain s'y est-il rendu, ces dernières années ?

Là, les Zarbi semblèrent hésiter.

- Ruines Sinjoh ? Répétèrent-ils. Nous ne savons pas. Nous ne connaissons pas...

- C'est ainsi que nous appelons l'endroit où se trouve l'autel Trismegis, précisa Dracoraure.

- Autel Trismegis ! Oui oui ! Là où Arceus a donné un sens à l'Univers. Là où nous sommes nés, et où nous avons structuré tout ce qui est, fut et sera. Endroit caché. Caché des humains et des Pokemon. Dangereux. Sacré.

- Mais des humains s'y sont déjà rendus, non ? Insista Dracoraure.

- Il faut autorisation. Autorisation d'Arceus, oui.

J'agitai mes oreilles nerveusement. Cela voulait-il dire que le Seigneur Xanthos s'était rendu là-bas avec la bénédiction d'Arceus le Créateur ?

- Le dernier humain à s'y être rendu... Vous vous souvenez de lui ? Demanda Dracoraure.

- Nous savons. Sauveur du Millénaire. Digne d'y aller, oui.

Dracoraure soupira, comme agacé. Puis il nous jaugea du regard, Penombrice et moi. Surtout moi, en fait.

- Vous deux. J'ai besoin de votre promesse. Celle de ne jamais répéter à personne ce que je vais dire aux Zarbi maintenant.

Je me rendis compte que Dracoraure continuait de s'exprimer en langage Pokemon, pour éviter que les trois humains avec nous n'entendent. Penombrice n'hésita pas. Il hocha la tête en direction de Dracoraure. Je fis de même avec un peu de retard. Je n'avais généralement aucun secret pour Kerel, mais si c'était un Pokemon Légendaire et fondateur des Paxen qui me le demandait...

- Nous sommes ici selon la volonté du Sauveur du Millénaire, dit enfin Dracoraure aux Zarbi. Nous sommes ses compagnons. Nous devons nous rendre à l'autel Trismegis, selon ses souhaits.

Je ne compris pas ce que Dracoraure ne voulait pas qu'on répète. Que ce Sauveur du Millénaire était parmi nous ? Qu'on accomplissait ses souhaits ? Encore fallait-il savoir ce que c'était exactement, un Sauveur du Millénaire... En tout cas, pour les Zarbi, ça semblait avoir un sens. Ils se mirent à flotter dans les airs de plus belle.

- Oui. Oui. Nous sentons. Le Sauveur du Millénaire. Béni d'Arceus. Grande mission. Nous devons aider. Tous les Pokemon doivent aider le Sauveur du Millénaire.

Les Zarbi se positionnèrent de telle sorte à former un symbole dans les airs. Un triangle avec dedans un rond en son centre, ainsi que trois autre symboles à chaque angle. Et quelque chose commença à émerger au centre de cette figure, comme sortie d'une autre porte invisible. L'objet en question tomba entre les mains de Sol. On aurait dit une espèce de corail lisse, avec des excroissances qui formaient des trous.

- Flûte Azur, dirent les Zarbi. Allez aux Colonnes Lances. Chant d'Arceus débloquera l'endroit où vous voulez vous rendre.

Sans plus de renseignement, les Zarbi se dispersèrent et rentrèrent à la suite dans leur dimension en passant à travers les murs. Dracoraure ferma les yeux, la flûte dans ses mains. Quand il les rouvrit, ils étaient redevenus verts et aux pupilles normale.

- Dame Sol ? Hésita Penombrice.

- C'est bien moi, confirma la vieille femme. Dracoraure a fait du beau travail. Voilà qui va beaucoup nous aider.

Elle montra bien la flûte aux autres comme s'il s'agissait d'un objet divin et inestimable. Tannis tourna la tête de haut en bas comme s'il ne savait pas de quel coté la flûte devait se regarder.

- C'est quoi le plan là ? Y va nous servir à quoi, ce machin tout moche ?

- Ce « machin tout moche » est la Flûte Azur, expliqua Dame Sol. Un objet légendaire dont on dit que les notes qui en sortent peuvent être entendues de partout par Arceus le Créateur. Les Zarbi m'ont certifié que Xanthos s'est bien rendu aux Ruines Sinjoh autrefois. Grâce à cette flûte, nous pourrons commander aux dimensions pour que s'ouvre la porte vers les Ruines Sinjoh. Mais apparemment, ça ne marche qu'aux Colonnes Lances.

- Et c'est où ça ? Demanda Ludmila.

- Peu vous importe où c'est. Le seul endroit où vous irez, c'est dans le Royaume des Ombres, fit une voix.

À l'instant même où tout le monde se retourna, un des murs gravés de symboles Zarbi explosa, laissant passer une dizaine de Pokemon aux insignes de l'Empire, mené par le major Lancargot en personne.




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Image de Dracoraure ( voir Team Rocket X-Squad pour plus d'infos ) :