Chapitre 21 : Triples goinfres
***** Route 38, Johto *****
Cela faisait une semaine, maintenant, que les six compagnons étaient partis de Doublonville, alors en ruines. Suite à l'intense bataille qui s'y est déroulée, Arthur et Rainy ont pu trouver de nouveaux compagnons dignes de confiance, et avec qui affronter les Sky Crawler. Pour le moment, leur objectif était de rejoindre les Tourb'îles, où ils espéraient s'entraîner.
« J'ai faim, dit Reon.
- On n'a pas le temps de s'arrêter... maugréa Rainy.
-Mais c'est important ! Depuis combien de temps on n'a pas mangé ?
- Trois heures, répondit Arthur. Et tu as même pris des baies sur la route, entre temps.
- Mais c'est long, trois heures ! Tu ne te rends pas compte...
- Pas tellement, non, dit le Riolu.
Néanmoins, le ventre du Roucoups gargouillait tellement que ça en devenait insupportable.
- Bon. On va s'arrêter, mais juste cinq minutes !
Reon sauta alors de joie, et les compagnons se séparèrent en deux groupes : l'un devait trouver un endroit sympathique où manger, tandis que l'autre avait la mission de récolter le plus de baies possibles. La première équipe était constituée de Reon, Rainy et Viz, et la deuxième de Nack, Girth et Arthur. En effet, le Roucoups avait été placé dans la première afin qu'il ne s'empiffre pas sur la route.
- Dis-moi, Arthur, commença le Tyranocif.
- Oui ? fit celui-ci.
- Comment se fait-il que Ho-oh te considère comme son fils spirituel ?
- Hum... Je dirais que c'est parce que c'est lui qui m'a demandé de sauver le monde... En fait, tout ça, c'était pour que les Sky Crawlers m'attrapent et me tuent, mais après l'avoir affronté, il est redevenu normal et depuis, me considérais comme son fils... Ah aussi, sourit-il, il est mort.
- Que... Comment le sais-tu ? fit Nack, étonné, à côté.
- Cela va peut-être vous paraître étrange, comme ça, mais il m'a confié son pouvoir au moment où Giratina le tuait. Je me souviens très bien de ses mots, et il disait me léguer sa flamme divine.
Ses amis en restèrent bouche-bée.
- Et... Tu comptes toujours sauver le monde, même si c'était un piège ? demanda l'Hypocéan.
- Oui. Giratina m'a dit qu'ils ne souhaitaient pas le détruire, mais l'intégrer en tant que Sky Crawler. Cependant, à mes yeux c'est la même chose. Et, est ce que vous voulez toujours nous accompagner, ma sœur et moi, sachant que je n'arrêterai pas ?
- Bien sur ! s'exclama Girth. Depuis le temps, nous sommes devenus de vrais amis, puis même depuis la bataille de Doublonville, nous avions tous pris notre décision.
Arthur sourit de nouveau, en entendant les paroles apaisantes de son camarade.
- Je vous remercie, tous. Seul, j'aurais été incapable de continuer, alors vous savoir à mes côtés...
Riant alors, le Tyranocif s'approcha de lui et l'écrasa d'un bras autour du cou. Nack, quant à lui, observait la scène avec frustration. Le remarquant, Girth saisit une baie à la branche la plus proche.
- Nack, tu en veux une ? dit-il en lui tendant.
- Avec plaisir ! s'exclama l'Hypocéan en s'avançant.
Mais alors, le Pokémon la retira.
- Ah ! Pas de bras, pas de baie Pêcha !
Il lui lança finalement, et Nack l'avala.
- Au fait, dit le Riolu, comment tu fais pour te tenir sur la terre, sans pattes ?
- Je me tiens sur ma queue, répondit-il. Avec, j'ai assez de stabilité et je peux rester debout sans difficulté.
- C'est trop fort ! s'extasia Arthur.
Ils entendirent un bruit venant de derrière les buissons et se retournèrent. Alors, un Tauros en sortit, suivi d'un deuxième, et d'un troisième.
- Arthur, on devrait les combattre ? demanda Girth.
- Non, répondit-il. Ils doivent simplement être énervés que nous ayons pris leurs baies. Dans ce cas-là, il ne nous reste plus qu'à...
Les deux attendirent avec attention la fin de sa phrase.
- Les partager.
S'approchant, il prit une baie et la tendit vers un Tauros.
- Vous aussi, vous voulez des baies ?
En guise de réponse, le Pokémon hocha la tête. En effet, tous les Pokémon ne pouvaient pas parler. C'était là un trait développé par l'appartenance à une communauté où les créatures se comprennent pas un langage différent que celui d'origine. Ainsi, il est normal par exemple que les deux Riolu puissent parler le langage des humains, vivant autrefois à Rosalia. Toujours sans pouvoir s'exprimer, les Tauros s'approchèrent davantage d'Arthur et se mirent à le renifler. Confiant, celui-ci arborait un grand sourire.
- Aidez-nous à cueillir les baies, dit-il, et ensuite nous mangerons tous ensemble !
L'écoutant, les trois Pokémon se joignirent au groupe, et leur indiquèrent où trouver lesdits fruits. Ainsi, au bout d'une vingtaine de minutes, tous furent bien chargés.
- Bien ! dit le Riolu. Je propose de ramener tout ça aux autres. Ils doivent être en train de mourir de faim ! Enfin surtout Reon...
Sur ces mots, les six revinrent en sens inverse, tentant de retrouver leurs trois autres amis. Mais plus ils avançaient, et plus ils semblaient s'enfoncer à travers les bois. Au bout d'un moment, ils atteignirent un endroit où la lumière était bloquée par les feuillages.
- J'ai l'impression qu'on est perdus, fit remarquer Girth.
En effet, chargés de plusieurs kilos de fruits, ils se retrouvaient au beau milieu de nulle part.
- Bon et bien faisons marche arrière, suggéra Nack.
Revenant une nouvelle fois sur leurs pas, les compagnons n'en avancèrent pas pour autant.
- Je commence à avoir vraiment faim... dit le Riolu, se tenant le ventre.
-Moi aussi, dit l'Hypocéan. Et j'ai l'impression que c'est également le cas de nos amis Tauros. On a qu'à manger ici ?
- Mais, et pour les autres ?
- S'ils ont vraiment faim, ils parviendront bien à trouver de quoi se nourrir, je pense. Puis imagine qu'on les retrouve dans deux ou trois heures, affamés, tandis qu'eux auront déjà fait leur repas !
- Il a raison, ajouta Girth. Dans tous les cas, nous serons mieux après avoir mangé.
Arthur soupira et entreprit de déposer ses baies sur de la mousse. Les cinq autres l'imitèrent et rapidement, un monticule de fruits multicolores se forma.
- Avec ça, on risque pas de mourir de faim... Bien les Tauros, vous avez bien travaillé, servez-vous !
Tous contents, les trois Pokémon commencèrent à manger, sous l'œil attendri des trois autres. C'est étrange de voir à quel point des Pokémon aussi durs de nature peuvent devenir aussi doux. A les voir ainsi, on pourrait aussi croire que tout va pour le mieux, bien que ce ne soit pas le cas.
- Parfois, j'aimerais être comme eux, dit Arthur, ignorants.
Il attrapa une baie Oran et croqua dedans.
- Que veux-tu dire ? demanda Girth.
- Regarde-les. Ils ont l'air si heureux de pouvoir simplement manger, et ne se doutent pas que nous courrons tous un grave danger.
- Il faut bien que quelqu'un le sache et s'en occupe, dit Nack. Qui sait, si ce n'était pas nous, peut-être que ça serait eux, et dans ce cas, ce serait leur tâche de nous protéger et nous éloigner de ce danger.
- Tu penses que nous les mettons en danger, en restant si près d'eux ? demanda le Riolu.
- A vrai dire, ça m'étonnerait que nous soyons de nouveau attaqués. Cependant... On ne sait jamais. Doublonville a été détruite, partiellement par notre faute.
- Eh bien, je ne sais pas pour vous, mais moi ça m'a coupé l'appétit, tout ça ! fit le Tyranocif en se relevant.
- Tu as raison, dit Arthur, moi aussi. Puis, on peut bien leur laisser, après tout, et nous devons retrouver les autres.
Il s'approcha alors des Pokémon, qui, le voyant arriver, détournèrent le regard de leur nourriture.
- Les Tauros, nous nous en allons, c'était un plaisir de vous rencontrer ! J'espère que nous nous reverrons bientôt, et sinon, mangez bien !
Tous contents et la bouche pleine de nourriture, ils lui sourirent et remuèrent la queue. Alors les trois autres s'en allèrent, les laissant à leur festin. Déjà éloignés, ils ne virent pas des hommes arriver discrètement derrière les Tauros, et les égorger pour les dépecer.
Il leur fallut une heure pour retrouver leurs amis, qui ne les attendaient plus.
- Vous en avez mis du temps ! s'exclama Rainy. Et, où sont les baies ?
- Désolé, on s'est perdus en chemin... répondit Arthur.
- Bon, tant pis ! fit-elle. »
Derrière, Reon affichait une mine horrifiée. Rien qu'à penser qu'il devrait marcher sans nourriture, il se sentait épuisé. Car les compagnons reprenaient déjà leur route en direction des Tourb'îles, sans s'attarder davantage ici.