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A l'aube du pouvoir (T.1) de Raishini



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Informations

» Auteur : Raishini - Voir le profil
» Créé le 05/08/2012 à 19:57
» Dernière mise à jour le 16/11/2013 à 14:44

» Mots-clés :   Fantastique   Hoenn   Présence de poké-humains   Sinnoh

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Chapitre 13 : Des forces en action
Entravé par une camisole en caoutchouc, Cyril se débattait de temps en temps, comme mu par un réflexe primitif. La chmabre d'isolement où il se trouvait était tapissée par une sorte de rembourrage en plastique jaune et cotonneux. Selon ce qu'on lui avait dit, la salle avait été aménagée spécialement pour son cas, afin d'éviter la moindre propagation électrique. D'étranges secousses ébranlaient le bâtiment par intermittence et manquaient de le faire basculer sur le dos.

L'appréhension était sa seule compagne. Qu'allait-on lui faire dans les heures qui viendraient ? Allait-on le torturer ou l'exécuter sommairement ? Les coups qu'il avait reçus le lancinaient déjà suffisamment pour ne pas en plus qu'on en rajoute davantage. Cyril avait peine à se l'avouer, mais il craignait la mort et la souffrance. Vivre l'une comme l'autre lui serait insupportable. Quel lâche il faisait...

Et puis non, il avait beau avoir bravé un nombre conséquent de dangers par le passé, il demeurait humain. Éprouver de la peur quant à son sort était tout à fait naturel. D'un autre côté, Cyril s'en voulait d'avoir de tels sentiments. Il aurait préféré, -et de loin-, être consumé par la flamme de l'audace et du courage, celle qu'ont tous les héros en mauvaise posture. Mais il n'était pas un héros, juste un petit fanfaron qui avait surestimé ses capacités. Rien de plus qu'un adolescent ignorant et naïf. A présent, il n'avait qu'à attendre la mort en se lamentant sur son incompétence...

Un étrange tintement lui fit tendre l'oreille vers la seule porte d'entrée de la cellule. Quelques secondes plus tard, trois hommes entrèrent et l'avisèrent avec condescendance.

- Alors, prêt pour passer l'arme à gauche ? lança avec ironie un petit homme à moustache de morse et à l'expression calculatrice sous ses grosses lunettes. Mr. Notfair sera très content de te voir servir d'exemple !

- Ainsi, vous allez vraiment le faire ? marmonna Cyril en se sentant étrangement détaché. Très bien, emmenez-moi et qu'on en finisse.

Pris au dépourvu quelques instants, ses tortionnaires gardèrent un silence béat en l'observant fixement. Puis le plus grand des trois le souleva par le flanc comme une poupée de chiffon et le reposa brusquement devant lui, intimant l'ordre d'avancer par un regard menaçant. A pas feutrés, la procession s'extirpa de la cellule.

Durant sa marche languissante, des pans de murs noirs défilèrent par bribes dans son champ de vision. La tête basse, Cyril n'osait lever le regard, de peur d'apercevoir quelque chose de déplaisant ou de défaillir. Le monde entier paraissait le rejeter telle une immondice repoussante et se complaire dans son infortune. C'était là un sentiment à nul pareil qui le révulsait et le désarmait.

Lui et son indifférente escorte traversèrent ainsi couloirs après couloirs jusqu'à atteindre les premières marches d'un escalier raide. Plusieurs d'entre elles étaient étrangement bosselées ou penchées et cela étira une grimace de réticence à Cyril. De plus, le premier contact qu'il établit ne lui convint guère. Il avait la saisissante impression de marcher sur le sentier qui le précipiterait vers sa mort prochaine.

- Allez, bouge-toi, nous n'avons pas que ça à faire de promener un sale morveux à travers la prison ! lui rappela un des geôliers en le poussant brutalement.

Gravir la volée de marches irrégulières lui coûta un effort suprême, tant physique que moral. Les parois à l'éclat falot l'oppressaient. De même, cet écho sinistre qui ponctuait chacun de ses pas n'avait visiblement pas fini de le hanter.

Un vortex de pensées insolubles et chaotiques paraissait évoluer en lui à mesure qu'il approchait de sa destination finale. Quelque part au-dessus de sa tête, il perçut les gémissements et les protestations lointaines de quelque prisonnier soumis à la torture. Lâchement, il se félicita de ne pas être voué à son sort. Au moins, sa mort serait certainement rapide. Rien de bien glorieux en somme, mais rien de bien terrible également.

Des relents pestilentiels lui parvenaient par des bouches d'aération et il se demanda quelles horreurs pouvaient bien être pratiquées en ces lieux. La violence et l'infamie étaient-elles donc des rites d'Orowind ?

Enfin, après avoir escaladé un nombre incalculable de marches, il atteignit un pallier en béton armé qui lui parut plus récent que le reste. En réponse à ses interrogations secrètes, l'homme à la moustache de morse expliqua :

- Nous voici arrivés au premier étage, siège des décisions et sanctions proclamées par le directeur en personne. Selon les notifications de ce dernier, ton exécution se déroulera sur le toit et sera retransmise à travers le monde, afin que chacun puisse bien réaliser à quel point il est inutile d'opposer une résistance au Gouvernement. Réjouis-toi, tu auras l'honneur d'être le premier d'une longue série d'exemples ! ajouta-t-il en riant comme un bossu.

Toutefois, son ricanement stupide se mua en un sourire poli, tandis qu'il s'inclinait révérencieusement face à un nouvel arrivant. Bien que d'âge mûr, ce dernier affichait encore une énergie et une carrure admirables. Son visage trapu aux joues creuses était encadré d'une crinière de cheveux argentés et mangé par une barbe tout aussi foisonnante. Malgré les nombreuses rides et cernes qui soulignaient ses traits, une vigueur intarissable se lisait dans son regard de fauve bleu acier.

Assurément, cet individu avait un charisme certain ; il émanait de lui une autorité incontestable, renforcée par un flegme déconcertant. Si on ajoutait à cela une démarche souple et ample malgré l'étroitesse de son costume, on ne pouvait qu'être impressionné.

- Monsieur Notfair ! couina l'homme à moustache de morse en s'inclinant une seconde fois. C'est un plaisir de voir le directeur se déplacer lui-même pour assister notre escorte, nous...

- Assez, répliqua le directeur d'un ton sec, cassant. Il me tarde d'en finir avec ce jeune déluré qui croit pouvoir défier impunément les autorités. Rendons-nous sur le toit afin d'appliquer la sentence !

Chaque parcelle de son visage était animée d'une fureur contenue mais redoutable. De toute évidence, Mr. Notfair était aguerri et savait concilier rigueur et détermination. Lorsque son regard accrochait la lumière, il flamboyait tel un brasier de glace. Un brasier qui vous mordait, vous laissait incapable de la moindre résistance...

En l'espace d'une fraction de secondes, Cyril formula tous ces constats. Le directeur d'Orowind était, à l'instar de la forteresse, intraitable et abrupt, voire même dénué de sensibilité.

La démarche presque féline et sauvage, Mr. Notfair s'éloigna tout en incitant le groupe à lui emboîter le pas. Ainsi, Cyril vit passer succinctement un sinistre couloir, sans heureusement pouvoir le détailler.

Ce fut certainement pourquoi il ne put réprimer un hoquet de surprise quand ses enjambées le portèrent dans une vaste salle circulaire. Les pavés dorés qui composaient le sol luisaient tel le soleil en plein jour. Cet éclat soudain étira une grimace à Cyril et picota ses pupilles habituées à la pénombre.

A présent, il se trouvait dans cette salle d'un autre temps, voire ancestrale. Des colonnades aux nervures d'argent ornaient symétriquement les bords de la pièce ; les lanternes accrochées aux murs par des montants en fer étaient toutes allumées. Une enfilade de bancs matelassés s'alignait dans chaque recoin et le plafond voûté offrait une large variété de cannelures, de volutes et de frises colorées. Enfin, plusieurs bureaux d'ébènes occupaient le milieu de ce véritable musée des arts.

Néanmoins, alors que Cyril s'émerveillait de la présence d'une telle salle, Mr. Notfair les fit traverser. Invariablement, semblait-il, l'homme marquait ce qu'il côtoyait de son indifférence la plus blessante. En un rien de temps, les passants eurent tôt fait de chasser cette vision majestueuse de leur esprit et débouchèrent dans un nouveau couloir, aussi inhospitalier que les précédents. Cyril se prit aussitôt à regretter la pièce voisine, source de réconfort et de finesse non négligeable dans un tel monument de rudesse.

Pendant quelques minutes qui parurent des heures à l'adolescent, le groupe marcha. Seul le frottement des chaussures contre les pavés de pierre brisait momentanément le silence. Hormis cela, la courte procession s'abandonnait à un calme désarmant, ce qui laissa à Cyril tout le loisir de ruminer ses erreurs et ses regrets les plus douloureux...

- Je suppose que tu te demandes quel était cet endroit où nous sommes passés ? dit soudainement le directeur à l'attention de Cyril.

Bien qu'il fût de dos par rapport à ce dernier, le garçon acquiesça. Mr. Notfair semblait néanmoins avoir des yeux dans le dos car il poursuivit sur un ton neutre :

- Il s'agissait de la salle de réunion des gardiens de la forteresse. Je l'ai faite aménager spécialement dans une optique de confort. C'est d'ailleurs là-bas que j'ai proclamé la peine de mort à ton encontre, ajouta l'homme, et Cyril devina qu'il souriait à pleines dents d'un air féroce. Quant aux évadés dont fait partie ton ami, Jérémie Marchal, les gardiens se tiennent prêts à les accueillir avec la distinction qui s'impose. Je ne permettrai à personne d'interférer avec l'autorité que nous représentons. S'il le faut, mes hommes abattront les rebelles sans hésiter.

Cyril grelotta comme s'il avait avalé de force un seau de glaçon, conscient de la gravité et de la précarité de la situation. Ainsi, Jérémie avait fui sa cellule. Hélas, il le savait assez intrépide pour essayer de le sauver. Rien qu'à cette pensée, le sang battit sourdement à ses tempes. Si seulement il pouvait l'en dissuader...

Toutefois, lorsque son ami comprendrait, il serait certainement déjà trop tard.



Sa suite s'écroula au milieu d'une fontaine sanglante tandis qu'un éclat argenté déchirait l'air. Des remous soulevèrent la chevelure de Jérémie et un sifflement l'assourdit au moment où il se retournait, stupéfait. Des râles d'agonie lui étirèrent une brève nausée.

Un pli soucieux barra son front alors qu'il dévisageait, la mine incrédule, un sombre guerrier armé d'une hallebarde. Totalement insensible aux perles écarlates qui continuaient de pleuvoir autour de lui, il coula un regard ténébreux vers Jérémie. Tel un tunnel sans fond, ses yeux caves brillaient de méchanceté et paraissaient vouloir happer l'adolescent.

Taillé dans le roc, son visage ovale et glabre était doué d'une sérénité morbide. Une sérénité qui fit tressaillir Jérémie, à l'image d'un enfant confronté à ses peurs les plus cauchemardesques. Cet individu implacable avait quelque chose... d'inhumain, comme une poupée coordonnée par un marionnettiste fou.

- Toi, serais-tu... un de ces hommes doués de pouvoirs ? demanda-t-il d'une voix caverneuse en contemplant Jérémie, un intérêt soudain sur le visage.

Voyant que sa réponse tardait, l'adversaire se décala pour lui faire front complètement. Une nouvelle fois, Jérémie tremblota malgré lui. Son vis-à-vis effectuait d'habiles moulinets, décrivant un arc avec la lame de sa hallebarde...

En scrutant l'endroit, Jérémie nota la présence d'une niche au dessus de l'entrée. L'attaquant en avait de toute évidence jailli. S'il recherchait par là l'effet de surprise, il avait indéniablement réussi son coup.

La salle où Jérémie se trouvait semblait une aire de combat aux proportions gigantesques. Une petite armée aurait aisément pu y livrer bataille. Les dalles blanches et parfaitement lisses renvoyaient les images aussi nettement que des miroirs. Elles étaient séparées par de minces sillons noirs, formant ainsi un insolite réseau de veinules semblable à une toile d'araignée.

A en juger par l'absence complète de mobilier, Jérémie en déduisit que la pièce était dédiée à l'affrontement pur et simple. Se dispenser de toute pensée matérialiste était en effet le propre d'un bon guerrier. L'adolescent ne le savait que trop bien pour s'être souvent fait tancer par son père à ce sujet.

L'avantage que lui procurait son pouvoir, certes naissant mais redoutable, ne suffisait pas à le rassurer pour autant. De tous ceux qui avaient croisé son chemin, cet individu était le premier à le faire douter par un simple regard. D'autre part, il s'était débarrassé des autres prisonniers, -qui gisaient désormais sans vie près de l'entrée-, avec une aisance confondante.

- Qui es-tu ? demanda Jérémie en essayant de se donner une certaine assurance.

Un cliquetis le fit sursauter alors que l'ennemi fichait sa lame entre les rainures noires du carrelage. Puis celui-ci ouvrit la bouche, calmement, avec une lenteur délibérée même :

- Tu n'as pas eu vent de mon nom ? Il est de mon devoir de te le rapporter. Par habitude, je le dévoile aux personnes que je projette d'abattre. Je suis Ayashi, Ayashi Akamida.

Devant le peu de réaction de Jérémie, Ayashi, laissant enfin une pointe d'agacement se frayer un chemin parmi ses traits, expliqua :

- Si tu ne me connais pas, alors il est évident que tu ne peux pas mesurer l'ampleur de la menace. Toi et tous les évadés ne pourrons rien contre nous, les gardiens d'Orowind mondialement célèbres ! Nous... les Orokami !

Cette appellation n'évoquait strictement rien de connu à l'esprit de Jérémie. En revanche, un frisson courut le long de son échine et hérissa ses cheveux plus qu'ils ne l'étaient déjà. C'était une sensation bluffante mais extrêmement désagréable. Il se sentait tel un daim pourchassé à travers bois et rivières par une meute de loups sanguinaires. Quelque chose en lui générait dans chaque centimètre de sa peau une peur instinctive, sans cesse renouvelée...

Ayashi le dévisageait longuement, plus impressionnant que jamais dans sa tunique noire bardée d'épaulières en fer. Mus par ses moindres mouvements, des rubans de tissus effilochés virevoltaient à la base de ses poignets et de ses genoux. A cela s'ajoutait un tatouage aux motifs tribaux qui mouchetait de bleu sa joue droite. Bien que téméraire, Jérémie sentait nettement qu'il ne valait mieux pas attiser les foudres de cet homme là.

Et pourtant, et pourtant... Les circonstances actuelles portaient à croire que leur confrontation serait inévitable et que fatalement, l'un finirait par anéantir l'autre. C'était une pensée déroutante, accablante. Mais une pensée malheureusement évidente. S'il désirait aller plus avant dans la prison, il devrait battre ce nouvel adversaire.

- Très bien, Ayashi... souffla le garçon en mobilisant tant ses sens que sa volonté. Allons-y.

Mais au fond, il était plus résigné qu'autre chose.

- Je vois que tu as enfin compris à qui tu avais affaire, déclara Ayashi, non sans une légère suffisance dans la voix. Quoiqu'il en soit, je te garantis que tu ne tiendras pas plus de cinq minutes, gamin de glace.

La subtile inflexion qui nuançait ses propos déchira l'air, tel un glas mortel. Un glas qui, plus que tout, précipita Jérémie contre des lames imaginaires. Du moins, -s'il ne parvenait pas à triompher d'Ayashi-, serait-ce le sort véritable qui l'attendrait. C'était désormais quitte ou double. Soit le garçon tuait ou neutralisait le combattant, soit il finissait lamentablement empalé sur sa hallebarde.

A son talent d'en décider ou pas.