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A Guy and his Breathtaking Destiny de Drad



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» Auteur : Drad - Voir le profil
» Créé le 03/03/2012 à 03:57
» Dernière mise à jour le 02/08/2015 à 23:06

» Mots-clés :   Aventure   Humour   Présence de personnages du jeu vidéo   Présence de transformations ou de change

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XII - Night Fever
J'avais MAL. Partout. Dans les pattes, dans les ailes, dans la gorge, dans le bec, dans le crâne (mais ça, c'est pas nouveau). La reposante et mélodieuse symphonie des vagues s'échouant sur la terre silencieuse me berçait. Je sentis une forte odeur marine ; j'avais froid, j'étais trempé, et le sable sous mon corps pesant semblait imprégner mon corps. Mes paupières s'agitèrent fébrilement, j'entrouvris puis ouvris délicatement mes yeux : le spectacle incessant du coucher de soleil sur l'océan me faisait face, l'horizon en position verticale. J'enfonçai mes griffes dans le sol moelleux, pénétrant, piquant et froid, et me dressai sur mes avants-bras plumés avec peine. Une fois assis vainement, je contemplais l'océan orangé, calme, les vaguelettes s'échouant sur la plage, dessinant ondulations par centaines ; le ciel rose, avec du bleu azur persistant vers l'est, faisait état d'univers pour l'astre resplendissant qui éclairait notre planète de son éclat ambre à cette heure de la journée. Le ciel n'était donc plus couvert, la mer n'était plus déchaînée. J'eus alors un frisson quant à ce que j'allais découvrir de Vaguelone : je me retournai... et trouvai la ville intacte, bien qu'elle semblait tout de même avoir fait un nettoyage intégral. Seul le bruit des vagues se faisait entendre. Tout le reste était désert. Tout.


Je remontai la plage, mes pattes s'engouffrant dans les sablons humides, ma tête lourde, et ma vision paradoxalement parfaitement nette. Je me retrouvai alors dans les rues de la ville, toujours aussi désertes. Quand, soudain, au beau milieu d'une grande place, entre deux palmiers émeraudes, face à la fontaine blanche aux eaux diamant qui s'écoulaient lentement, je vis Zekrom.

- Hé ! criai-je. Hé, Zekrom !

Pas de réponse. Je m'approchai hâtivement de la créature noire ailée au générateur électrique caudal conique. J'entendis son souffle profond, bestial mais assuré. Je penchai ma tête pour voir son visage ; ses yeux rubis et son iris or fixaient et semblaient percer les eaux claires contemplées. J'agitai les plumes, voulant attirer son attention, mais rien. Aucune réaction. Je hurlai :

- ZEKROM ! YOUHOU ! C'EST MOI, CHRIS !

Il sursauta alors, manquant d'en tomber à la renverse, se rattrapa sur un palmier d'à côté, l'arracha, et ils tombèrent tous les deux sur les pavés en faisant trembler le sol. J'éclatai de rire, quand le concerné se releva brusquement, et, le visage obscurci, les yeux couleur sang, il vociféra sauvagement :

- TU TROUVES ÇA DRÔLE, IGNOBLE PETIT HUMAIN ?!

Et il rugit à pleins poumons, manquant de me faire envoler, soufflé par le son produit par le dragon mythique ; il se jeta au-dessus de moi, le gosier déployé, ses crocs tranchants comme des scies me cernèrent, et il referma sa gueule béante effroyablement sur mon petit corps ébahi, me broyant et me déchiquetant violemment.




- AAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHH !

Je criai, me relevai brusquement, et me frappai brutalement la boîte crânienne sur le lampadaire braqué sur mon bec d'Arkéapti entier. Je geignis, me frottant frénétiquement le somment de ma tête tout de bleu déplumé :

- Mais bon sang de bordel de putain de... QUI A FOUTU CE TRUC AU-DESSUS DE MA TÊTE ?!

Je vis alors Fire, penché sur ma couveuse du Centre Pokémon, ma chambre avec le même décor que celle de Méanville, le carrelage blanc, les lumières moisies et la plante, sauf que Lilas jouait le rôle de cette plante. Reptincel s'excusa platement, repoussant rapidement la lampe articulée qui trônait au-dessus de mon lit. Fragilady se précipita à mon chevet en virant Flamme de là :

- Imbécile ! Je t'avais pourtant prévenu de faire attention !

- J'voulais juste voir ses réflexes oculaires, c'est tout... haussa des épaules le meneur.

Le Pokémon Plante ne releva point :

- Tu vas mieux, Chris ? Tu n'arrêtes vraiment pas de nous faire peur, ces derniers temps !

J'étais un peu hébété :

- Heu... On va dire que ça va... Mais... Le raz-de-marée ? Les Sharpedo ? Vaguelone ? Que...

Fire serra le poing, et s'exclama alors, combatif et fier de moi :

- Franchement, t'es le roi des rois, Frère Plume !

Puis, admiratif, faisant de grands gestes, donc me mimant (mal) ce qu'il s'était passé :

- T'as tout le monde qui s'était barré, et moi, j'vous regardais, j'vous voyais portés par la vague géante, là, et d'un coup, y a eu une lumière éclatante en pleine milieu, et t'as une putain de tornade de la mort qui a explosé la vague en plein milieu, comme ça, BAM ! Y avait plus rien en une seconde, tout s'était dispersé en pluie, qui nous est tombée dessus juste après ! C'était dément !

Hm hm. Bien sûr.

- Le principal, ajouta Lilas, c'est que tout le monde soit en bonne santé. Bisou se repose dans une chambre à côté, et moi, ça va déjà mieux.

La secouriste remercia alors timidement, se tortillant, puis se jetant dans mes ailes, toute rose rose :

- Je te loue sincèrement pour ce que tu as fait, Chris. Je te dois la vie.

Je balbutiai, Chef-fleur penchée sur mon torse :

- Oh, mais, heu, je... hum, je, hm... C'est... C'est rien... Enfin, j'veux dire, c'est normal quoi...




[...]

Instant gênant.




- HM HM, BON, c'est pas tout ça, mais on va y aller, hein, ça serait bien, non ? On a un certain Pokémon dans cette salle qui doit redevenir humain ! lança Fire en tirant Lilas vers la sortie.

Cette fois, je n'eus pas de mal à me lever, premièrement parce qu'on ne m'avait pas branché à une machine flippante, et deuxièmement parce que, les réveils en ayant raté un épisode, j'commençais un peu à connaître. Nous passâmes ma porte de chambre, Reptincel pouvant atteindre facilement la poignée désormais (tout comme Lilas, me direz vous), et me tint donc la cloison battante. Nous trouvâmes Polarhume dans le couloir, devant ma chambre ; le Pokémon Gelé se jeta sur son héroïque sauveur ultime de la mort qui tue qui balance inconsciemment des tornades magiques qui explosent et détruisent tout (moi) :

- TONTON PLU ! T'ES PAS MORT ! ZUIS TROP CONTENT !

Un Bisou tout morveux qui vous fait un gros câlin d'amour dans vos plumes, ça marque. Aussi bien physiquement (parce qu'après, z'avez le torse tout visqueux) que moralement. Donc voilà, les retrouvailles, les mots de réconfort rassurant, et c'est reparti.


Après avoir traversé les couloirs pour rejoindre le hall principal du Centre Pokémon, les W.T.F. et moi-même nous étions posés sur les banquettes installées pour attendre, que ce soit que son Pokémon aille mieux ou une tierce personne avec qui on aurait rendez-vous. Pour nous, c'était le second cas.

- Puisque j'te dis qu'il m'a assuré qu'il viendrait ! me répéta Fire. J'l'ai revu ici ; il sortait du Centre, j'l'ai choppé, j'lui ai fait comprendre qu'il lui manquait quelque chose à faire, et il m'a dit d'être à 19h34 ici même.

- C'est que j'ai pas spécialement confiance en Ludwig. On ne l'a accompagné que pour qu'il nous accompagne, et regarde où ça nous a menés... On devrait déjà être dans un avion direction Hoenn à l'heure qu'il est.

- Mais ne t'en fais pas, tout va bien. Il nous reste toujours une semaine, non ? sourit positivement Lilas.

- Tu parles ! Si tu comptes aujourd'hui, ouais. Mais il est quasi 19h30, et pour moi, il reste six jours.

- Six zours pour quoi ? zozota Bisou.

- Pour sauver une région, je suppose, soupirai en posant ma tête dans mes griffes.

Il y avait relativement peu de monde dans le Centre ; faut dire qu'après ce qu'il s'était passé, les touristes avaient quasiment tous filés. L'infirmière Joëlle et son Nanméouïe faisaient de l'ordre à la réception en ce début de soirée, en allant voir de temps en temps si les derniers patients ne manquaient de rien. Les écrans de télévision, suspendus aux coins de la grande salle d'entrée où nous nous trouvions, diffusaient en boucle des flashs spéciaux concernant les récents événements : on voyait ma tronche de piaf halluciné, en train de hurler au désespoir tout seul dans la rue, puis des interviews de passants, ensuite les images du tsunami et des Sharpedo, de la populace en fuite, et enfin de l'apparition soudaine et magistrale d'une gargantuesque et lumineuse tornade éclatante de vents violents au sein même de la vague qui menaçait la station estivale, suivie de sa formidable dispersion en grosse gouttes tombantes et ruisselantes. Au moins, je passais à la télé. Mais, comme je le disais, peut-être qu'un grand nombre de personnes étaient parties ou partaient, il y avait toujours des gens en ville, dont trois d'entre elles assises dans la même salle que nous quatre. Elles (à savoir une vieille petite mamie grisâtre et un jeune couple de gens trop biens pour tout) nous regardaient - enfin, ME regardaient - avec des yeux éberlués, fascinés et peureux, tout en persiflant par chuchotements entre elles, sans aucun doute à mon égard. J'm'en branlais, j'étais pas à ça près ; le monde entier pouvait me pointer du doigt, moi, mon but, c'est de sauver les gens qui vont en avoir besoin, et de retrouver fissa une vie normale. Reptincel sortit alors le Pokédex, et demanda :

- Est-ce qu'un Pokémon de l'envergure de Frère Plume peut apprendre une attaque semblable à une putain de tornade mystique et dévastatrice ?

- Si vous faites allusion par "Frère Plume" au spécimen d'Arkéapti qui se trouve à vos côtés, je vous répondrais qu'il y a statistiquement et dans la limite de mes connaissances 0,43 % de chances pour qu'il apprenne une attaque qui correspondrait à cette description. Mais il faudrait tout de même savoir préalablement de quelle attaque il s'agit.

- Pas faux... souffla le Pokémon Flamme avant de tourner son museau vers moi. T'en connais, toi, des attaques comme ça, môssieu le Dresseur ?

Je me posai la question, et réfléchis à voix haute, jetant des coups d'œil aux images retransmises par les écrans accrochés :

- Voyons... C'est trop puissant pour être une attaque Tornade... C'est pas Vent Violent, ni Lame d'Air... on voit clairement que ça provient d'un être à l'intérieur de la vague... C'est peut-être même pas moi ?

Le meneur éclata de rire, montrant ses crocs ivoires puissants et fraîchement acquis :

- Mais bien sûr ! C'est pour ça qu'on t'a retrouvé gisant sur la plage, ramené par les flots, le bec tout fumant ?

- Et, à bien y réfléchir, c'est vrai que j'ai senti comme une violente brûlure dans le gosier avant de m'évanouir pour la énième fois... Mais j'ai toujours du mal à croire que personne n'ai rien et que le tsunami ait implosé ainsi...

- Pour ce qui est de mon état de santé et celui de Bisou, je connais une attaque que vous appelez Abri, si je ne m'abuse et si ma mémoire ne me fait pas défaut, signala joyeusement Lilas. Je l'ai exécutée en urgence, utilisant mes dernières forces avant de tomber dans les pommes, mais me protégeant ainsi que Polarhume.

- Mouaich. N'empêche que ça fait très déroulement de film catastrophe d'Unys, conclus-je. Et, pour ce qui est de mon évolution... ?

Le Pokédex donna ses résultats :

- Vous avez le niveau pour. Tout comme le spécimen de Reptincel ici présent. Bien qu'il semble avoir été acquis par je ne sais quel stratagème ou dopage...

Flamme me regarda, je regardai Flamme : vive les Allégraines.

- ...vous avez donc un niveau environ égal à, comme le dirait certains et permettez moi l'expression, une moyenne d'environ 40 sur une échelle de 1 à 100. Sachant que le niveau auquel beaucoup de Pokémon débutent leur vie de manière autonome est aux alentours de 5.

Stupéfaction.

- Néanmoins, comme je l'ai précédemment précisé, il ne suffit pas d'atteindre un niveau élevé pour évoluer. Sans amitié et confiance profondes avec quelqu'un d'autre, donc par lui-même, un Pokémon doit accomplir un but personnel qui le libérera de ses maux, le fera gagner en assurance, et le fera se développer efficacement. Tout est dans la tête, et chacun doit savoir ou doit trouver quel peut être ce but à accomplir, ce but auquel il doit croire.

Nouveaux échanges de regards, cette fois-ci quelque peu perturbés, entre Fire et moi. Bon, reste plus qu'à trouver, pour Reptincel, son "second but personnel" et, pour ma part, mon seul et unique "but personnel". C'est pas gagné.


19h34 à l'horloge du Centre. Normalement, le Dresseur de Renouet ne devrait plus tar...

- En tout cas, moi je dis qu'on a eu de la chance !

Les portes automatiques en plexiglas du Centre Pokémon s'écartèrent alors au passage de trois personnes s'introduisant dans l'enceinte de l'établissement : Ludwig, accompagné du gamin avec la casquette au Carchacrok mâle, et de ma mère, Cynthia. Notre Dresseur d'un jour nous remarqua et s'écria :

- HEY ! Vous voilà !

Les trois humains s'approchèrent, Ludwig avec un grand sourire, la gamin nous regardant avec amusement et Cynthia s'exclamant, heureuse :

- Hé ! Mais ce serait pas ce fameux Arkéapti qui nous a sauvé la vie ?

Ludwig se pencha sur notre groupe plus imposant que la dernière fois :

- Bien ! Laissez-moi juste le temps de checker mes mails sur le PC, et on reprend le métro direction Parsemille, comme promis !

Et, en se dirigeant vers la réception :

- Je re tout de suite !

Et il commença à tapoter sur le clavier d'ordinateur en faisant les yeux doux à Joëlle. Le gamin qui avait défié ma mère nous salua et me remercia pour ce que j'avais fait pour sa ville ; Fire scanda que j'étais bien formé par l'équipe et que les W.T.F. sont toujours prêt à sauver une ville entière des catastrophes les plus saugrenues ; moi, mon attention était dirigée vers ma mère. Cette dernière, souriante et rassurée de voir que j'allais bien, posa sa main fine, délicate mais assurée sur le haut de mon crâne, et m'ébouriffa les plumes gentiment :

- Alors ? Tu t'es remis de notre dernière rencontre ?

Elle sait que je sais parler. Je peux parler. Je peux m'exprimer clairement. Elle me comprendra dans mon intégralité, dans chaque mot prononcé. Je n'avais plus qu'à lui dire que c'était moi, Chris, son fils, qui a été enlevé puis foutu dans ce corps pokémonesque. J'ouvris le bec et déclarai, tout penaud et balbutiant :

- De... De... De rien pour la ville.... Ah, heu, oui, je m'en suis remis... Mais je suis encore un peu chamboulé par les événements...

Elle continua à sourire, avec le gamin en fond qui paraissait émerveillé par ma voix compréhensible des humains :

- Je te comprends. C'est plutôt difficile, avec tout ce qui t'arrive. Si tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésite pas !

Fire ouvrit grand sa gueule et déclama :

- C'est votre fils, hein.




[...]




- Je ne sais pas ce qu'il me dit, mais il a l'air d'un très bon copain ! lança ma mère, amusée.

Je tournai le bec vers le concerné qui me pressait pour la révélation, et souris, sarcastique :

- Oh, oui, c'est un très bon ami ; son aptitude à plaisanter continuellement et à vouloir tout faire à la place des autres est plutôt utile.

- J'dis ça, c'est pour t'aider, Frère Plume, rétorqua-t-il en croisant ses pattes plus musclées qu'avant.

- Je vous remercie chaleureusement pour le soutien que vous avez apporté à Chris, chère madame, salua Lilas, qui s'était levée pour faire sa révérence.

- Je suis enchanté également de te connaître ! répondit Cynthia en l'imitant artistiquement.

Fragilady porta Polarhume à hauteur des derniers arrivés, et ils le saluèrent, en n'omettant pas de remarquer qu'il était trop mignon et que c'était un amour. Ouais, voilà. Le gamin s'approcha de moi, se pencha, et me demanda, curieux :

- Est-ce que par hasard, tu ne saurais pas si...

Un crissement de pneus au dehors, un déluge de coups de feu tonna brutalement, la baie vitrée d'entrée explosa en mille morceaux en deux secondes à peine dans le bruit cinglant du verre brisé. Tout le monde se jeta à terre, l'Infirmière, Nanméouïe, Ludwig, la petite vieille, les deux amoureux, les W.T.F. par automatisme, la gamin, ma mère et moi. Deux gars encagoulés, habillés exactement comme ceux qui avaient pénétré dans le Centre Pokémon de Verchamps (c'est-à-dire en noir), déboulèrent en écrasant les bouts de verre sous leurs grosses pompes, et hurlant :

- TOUS À TERRE !

Ils remarquent qu'on y était déjà, à terre.

- Putain, Bill, t'es con ! Tu vois pas qu'ils sont déjà allongés, à se pisser dessus, là ?!

- Hé, ça va hein ! Tu commences pas à me faire chier, Jack !

Jack et Bill ? Ce serait pas les deux abrutis qui ont essayé de nous capturer de force dans la Forêt d'Empoigne ? Je gueulai, la face contre terre, entre les gémissement plaintifs de ceux à qui ça n'arrivait pas tous les jours :

- PUTAIN ! VOUS NOUS SUIVEZ, OU QUOI ?!

Jack, relevant sa mitraillette vers le plafond, s'exclama :

- Ça alors ! Mais ce serait pas les Pokémon débiles de la dernière fois qui nous avaient échappés ?

- Hé, regarde, t'as l'autre con rouge sur pattes qu'a évolué ! remarqua l'autre, en pointant Reptincel de son propre flingue à répétition.

- LE CON ROUGE SUR PATTES VOUS EMMERDE ! vociféra Fire.

Ils firent mine d'être atteints :

- Oh, je crois qu'il est pas content ; ouh là là j'ai peur je me demande vraiment ce que je vais faire !

Ils éclatèrent d'un rire gras. J'aime vraiment pas les abrutis de connard de merde, mais en plus les débiles, ils sont pitoyables. Quand, venant de l'extérieur, on entendit de gros talons marteler le trottoir, puis écraser de nouveaux les bouts de verre éparpillés ; une voix masculine et relativement excentrique se fit entendre :

- Franchement, les mecs, je vous avais dit d'utiliser les balles qu'en cas d'extrême urgence ! Vous êtes vraiment des... Des... Des crétins !

- S'cusez, m'sieur. C'est notre premier vol ; nous, on chasse.

La voix quelque peu fluette répondit :

- Eh bien justement nous mais alors je vous jure ! Si je dois vous montrez les ficelles du métier, je vous les montre et vous m'obéissez, les mecs ! Allons-y, dépêchons dépêchons ! On vient voler tous les Pokémon qui en valent la peine !

Je me relevai, et, imités par les autres, je me rendis compte du troisième individu en question. Jack et Bill hurlèrent de mettre nos mains derrière nos têtes et de ne plus bouger, ce que tout le monde fit. Le couple se collait à mort, en sanglotant, la vieille marmonnait je ne sais quoi, Lilas prit Bisou dans ses feuilles en essayant de la calmer. Bref, toutes les personnes dans le hall d'entrée de ce Centre Pokémon pouvaient désormais voir la tronche complètement folle du mec aux talons : une tenue dorée, scintillante de partout, avec un pantalon pattes de Donphan, des strass multicolores éparpillés, les manches en forme d'étoile, les épaules (du vêtement) très larges, une hallucinante paire de lunettes dorée, rubis et décoré tout aussi exagérément que le reste du personnage, mais, ce qui choque le plus, c'était sa coupe afro mi-rouge mi-blanche d'un mètre de diamètre (sans strictement aucune emphase). Tout le monde restait sans voix.

- Ah ! Vous restez sans voix devant mon style éblouissant et totally disco ! Je sais, je suis le plus classe et le plus groovy !

Y a de quoi rester complètement O_o. L'Infirmière cria :

- Vous êtes complètement malades ! Vous n'avez pas le droit de voler les Pokémon des honnêtes gens !

Le gars disco et doré l'imita piteusement :

- Vous êtes complètement fous ! Oh là là ! Vous n'avez pas le droit de voler des Pokémon vous êtes dans l'illégalité la plus totale ! Oh là là ! Tu sais, fillette, on le sait, ça. Allez, les mecs, perdons pas plus de temps, chargez vous des Pokémon en présence, et moi, je commence le reboot quelque peu amélioré du PC, fuo ho ho !

Il frappa des talons jusqu'à l'ordinateur de stockage des Pokémon, se mettant à pianoter, et branchant une clé USB dans le port, tout en chantant Dancing Queen. Les deux autres gusses, quant à eux, pointèrent leur flingue vers les honnêtes gens :

- Allez, pas d'histoires, et raboulez vos Pokémon.

Exclamations de frayeur. Cynthia, suivie par Ludwig, rétorqua :

- Si vous croyez que c'est comme ça que vous allez nous convaincre ! Qui plus est, j'ai bien peur que nous ne soyons jamais convaincus !

- Mes Pokémon, vous pouvez vous les foutre où je pense ! Enfoirés !

Les deux encagoulés se regardèrent :

- J'crois pas qu'ils nous ont bien compris, Jack.

- On va leur montrer ce que c'est que le respect et la situation d'otages, Bill.

La nana du couple de jeunes pleura :

- On est des otaaaaaaaaaaaaages !

Son mec la soutenait fermement, malgré ses larmes qui ruisselaient :

- Mais non Stéphanie, tout n'est pas perdu, soit forte mon amour, même si on va tous mourir!

- Vous, les jeunes, vous êtes vraiment des chenapans ! lança la mémé aux ravisseurs. Toujours à enquiquiner les personnes charmantes et gentilles, en l'occurrence moi !

Les "preneurs d'otages" menacèrent avec leur gros flingues, exaspérés :

- Hé, ho, fermez là, hein ! Sinon j'vous descends et j'me barre avec vos Pokémon !

Tout portait à croire qu'ils allaient vraiment le faire. Les pleurs de la nana, le marmonnement de la mémé et les insultes silencieuse de Fire et Ludwig couvraient le son du tapotage de clavier de l'autre en doré. Mais personne ne bougeait. Jack soupira :

- Bon, si c'est comme ça...

Et il tira soudain vers le gamin à casquette et ma mère. Des cris. Je me précipitai en rugissant d'un cri rauque, mais Bill me barra la route avec sa mitraillette. Le gamin et ma mère regardèrent, figés de peur, les impacts de balle dans le mur.

- Les prochaines, c'est dans le bide. Alors, vos Pokémon.

Le couple craqua alors, tendant rapidement quatre Poké Ball aux ravisseurs, la mémé protestait qu'elle n'en avait pas, et le gosse, en pleurant lui aussi, donna ses six Poké Ball malgré le regard attristé de la Championne de la ligue de Sinnoh. Fire regarda intensément une Ball du gamin à casquette en particulier, je le remarquai, puis il me souffla en me regardant étrangement, les pattes toujours sur la tête :

- T'façon, j'crois que c'était à cause d'Attraction. J'pense plus trop à lui, tu vois.

Je tiens à rappeler qu'il me regardait. J'étais inquiet. J'allais ouvrir le bec quand il me rassura d'une tape sur l'épaule :

- Hé, t'inquiète hein ! J'aime peut-être les mecs, mais les piafs déplumés, c'est pas mon genre. Je trouverais l'homme de ma vie un autre jour !

- Heureux de te l'entendre dire.

Je remarquai également que son évolution lui avait fait prendre de l'assurance. Tant mieux. Bill nous ordonna de se la fermer, et Jack demanda à ceux qui avaient craqué sous la pression :

- Ok, ok, mais... C'est quoi, ces Pokémon ?

Le couple, bégayant entre deux couinements, nomma Mustébouée, Babimanta, Joliflor et Ponyta, et le gosse fit adieu à Clamiral, Linéon, Noarfang, Manternel, Géolithe et Carchacrok. Jack demanda d'indiquer lesquelles contenaient lesquels, et ce fut chose faite. Alors il balança à terre tout le monde sauf Ponyta, Clamiral et Carchacrok (si ma mémoire visuelle était correcte), qu'il garda. Les propriétaires voulurent se précipiter reprendre celles délaissées, mais Bill les arrêta de suite avec son atout à poudre qu'il tenait fermement :

- Tutut. On a dit de pas bouger, hm? Hé, m'sieur, c'est bon, on a un Pokémon relativement fort, un qui déchire tout et qui est côté sur le marché médicinal, et un type Feu.

L'homme Disco s'écria, ne quittant pas de yeux le PC, faisant remuer son énorme coupe afro :

- Fantasmagorique ! Pour ma part, j'ai transféré trois Pyrax, et on a aussi cinq Dracolosse, quatre Métalosse, six Galeking, six Trioxhydre, deux Tranchodon, un Rhinoféros pour le fric et un Majaspic pour le fun ! Et j'me garde deux Frison, parce qu'ils ont trop le style classieux absolu ! Ce... Ludwig, c'est ça ? Oui, ce petit mec a vraiment trop de générosité en son petit cœur de dancer !

- NAN ! LAISSEZ MES POKÉMON OÙ ILS SONT ! VOUS N'AVEZ PAS LE DROIT ! J'AI MIS TROP DE TEMPS À LEUR FOUTRE DES EV ! ILS SONT TROP PUISSANTS !

- Et justement, on va pas s'gêner, mec ! lança le doré avec un sourire narquois au concerné. La vache, j'arrive toujours pas à croire qu'on a mis la main sur trois Pyrax d'un coup ! C'est le boss qui va être content !

Je fus assez interloqué quant au nombre de Pokémon se ressemblant dans le PC de Ludwig, il me souffla comme à un ignorant qu'il en avait un Timide, un Rigide, un Modeste, etc, et que ça allait lui prendre trois heures de faire des allers-retours devant la Pension pour avoir de nouveaux les bons. CQFD.

- Et cette gentille dame nous donnera bien quelque chose ? plaisanta très sérieusement Jack, pointant du bout du canon de son arme Cynthia, avec Bill en fond qui ajouta "Ouais d'abord !"

Ma mère fit un mouvement de tête afin de relever sa mèche blonde, faisant s'agiter délicatement ses pinces noires qui composait sa coiffure d'or descendant majestueusement, puis ajouta d'un air dédaigneux, un sourire en coin :

- La seule chose que je voudrais vous donner, c'est un coup de pied dans votre face.

J'aime ma maman.

- J'T'AI DÉJÀ DIT QUE T'ÉTAIS PAS EN MESURE DE L'OUVRIR ! vociféra Jack.

- OUAIS D'ABORD ! gueula Bill.

Quand l'homme aux talons s'avança, et sourit largement :

- Calmos, les mecs ! On a déjà plein de Pokémon groovys, puissants et discos ! Ça ira pour today !

Puis, à l'adresse des otages :

- Vous voyez, on n'est pas si bad boys que ça ! Allez, on s'arrache !

- Minute m'sieur, on a des comptes à régler avec cette troupe de Pokémon de malheur, remarqua l'autre abruti de connard de merde encagoulé en pointant de sa mitraillette noire l'équipe de secours et d'exploration dans son intégralité, membres adhérents involontairement inclus.

- Hm ah oui ? Bah prenez-les, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ? En plus, y a un type Feu !

- HÉ, ON VA SE CALMER, HEIN ?! PERSONNE NE PREND PERSONNE ! ET PERSONNE NE SE FAIT PRENDRE ! rugit l'intéressé.

- Et il faudrait vraiment être les derniers des imbéciles pour accepter une telle soumission ! Surtout sous les ordres d'énergumènes aussi idiots que vous ! renchérit Lilas.

- EZPÈCE DE BÉBÉ CADOM ! ajouta férocement Bisou.

Voyant tant de Pokémon protester, Jack me foutit le canon de la mitraillette sous la gorge, et me proposa machiavéliquement :

- Tu peux traduire, s't'eu plaît ? J'ose imaginer une réponse positive à nos intentions, et qui serait positive pour toi également si tu ne veux pas finir percé au niveau de la trachée.

Tension qui règne dans le hall d'entrée. La mémé murmurait "Démonte-les !", l'Infirmière se remaquillait, le Nanméouïe s'était barré depuis un moment, le couple comptait les minutes de vie ensemble qu'ils ne passeraient jamais, Ludwig se souvint qu'il avait laissé son unique Pierre Stase sur un des Tranchodon fraîchement reproduit, donc chialait aux sentences cruelles que ces hommes allaient infliger à ses Pokémon, et ma mère, le gamin et les W.T.F. étaient à cran. J'ouvris alors le bec, et répondis :

- Bleu.

L'autre était désarçonné :

- Hein ? Quoi, "bleu" ?

- Bleu. C'est tout. Et j'ajouterai que peut-être, enfin seulement si c'était le cas omniprésent, et suivant un certain ordre d'idée, alors ils auraient répondu jaune, mais, en l'occurrence et dans la tournure actuelle que prennent les choses c'est plutôt bleu.

"M'sieur" disco s'approcha, se penchant sur ma petite personne, manquant de m'assommer avec sa touffe de cheveux monumentale :

- C'est-à-dire, bleu ? Explique-toi, mec !

Je déblatérai, haussant les épaules et prenant un air logique :

- Eh bien, si l'on considère que le bleu est une couleur liée à l'océan, cela voudrait dire eau, ou encore marin, voire rocher, ou, pourquoi pas, bateau. Le fait qu'il y ait plusieurs personnes dans la même situation dramatique, des personnes se trouvant déjà bien bas, mais qui essayent de garder la tête hors de l'eau, je pencherais plus pour sous-marin. Un sous-marin qui serait en perdition, mais dont les vivres resteraient bloquées dans un frigo fermé à clef, au fond du tiroir de la petite sœur de l'un d'entre nous, petite sœur en complexe de la personnalité comme le suggère le violet du fard à paupière de madame ici présente, car nous remarquons tous qu'elle préfère manifestement le rose, à en juger par sa tenue. Paradoxalement, on pourrait ajouter que les uniques ascenseurs métaphoriques pour atteindre la surface, et ainsi donc par comparaison les espoirs spiritueux que chacun d'entre nous gardons dans ce fameux coffre fermé à clef, sont en perdition eux aussi, vu que nos vivres le sont. Or, le pull-over de cet homme démontre bien par les pois rouges démodés et le col en V agrandit que nous sommes dans une triste époque, une époque de crise, voire une époque de dépression ou même, permettez moi l'expression, de récession, ce qui indiquerait que les marchés boursiers des céréales sont en chute libre, que leur prix déjà fantastiquement élevé serait d'autant plus grand que les levers de soleils à l'ouest, donc que les vivres remises précédemment en question seraient tous simplement inexistantes voire inventée par l'esprit divagateur et affolé de ces personnes en perdition dans les abysses. Mais bien heureusement, de gentilles créatures, qui étaient au préalable de vilains monstres méchants ayant fait couler le sous-marin fatidique le jour de l'anniversaire du Chaglam de l'un des survivants habiles et forcenés, comme le sous-entend cette carte postale dépassant du gilet 100% pure laine kaki de madame, sont venues achever le travail en terrassant la petite sœur, seule sur la planète à connaître le code du coffre fort renfermant la clef qui ouvre le coffre de la clef du réfrigérateur précédemment nommé. Donc, en conclusion, tout le monde ne peut plus rien, à part les vilains monstres maintenant gentils et tout bêtes, car totalement désemparés face à la prestance, l'indigence et l'intelligence de l'un des membres de l'équipage du sous-marin, à savoir le sergent en chef d'état major, second capitaine du lieutenant-sergent... Bien entendu fan du groupe ABAB, fameux groupe de Disco des années 1976, ce qui insinuerait que ce haut gradé est outrageusement hors des limites imposées par la justice pénale, vu qu'il a nuit à ces personnes en détresse avancée. Je certifie donc qu'il est coupable, hop là, affaire classée, coup de marteau du juge, oui je sais c'était facile mais c'est le boulot d'un avocat qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ha ha ha, tout ce procès n'étant qu'un habile subterfuge pour dissimuler les véritables intentions de ce membre d'équipage quelque peu malin. Et, s'il on considère qu'en plus de cela, ce courageux et vaillant passager de sous-marin troué est poursuivi par l'incroyable sort du destin s'acharnant continuellement sur sa petite personne craintive, faible et sans défense, il est donc, toujours aussi métaphoriquement, représenté par un pauvre petit poulet déplumé, pour ainsi nommer la viande de gallinacés tels que Galifeu, et pour ainsi dire la dernière vivre à lutter pour sa survie dans ce sous-marin perdu. Or, le Destin n'est rien d'autre que ce même petit exemplaire, que dis-je, ce spécimen de gallinacé, puisque lui-même est poursuivi sans relâche par les êtres vivants assoiffés de vengeance refoulée dans ce sous-marin coulé qu'est la situation de tous. Donc poulet = destin. Et, par la même occasion et conclusion combinées, bleu, logiquement parlant le langage du Ce Qu'il Fallait Démontrer, le saint CQFD. Le Destin n'est qu'un poulet dans du bleu. D'Auvergne, de préférence. Ça a plus de goût, et en plus c'est un produit AOC.

Toute la salle se la fermait. A part Fire qui me demanda qu'est-ce que c'était que l'Auvergne, je lui répondis en messe basse que ça m'était venu comme ça. Les réactions des trois imbéciles ne se firent pas attendre :

- Hé! Il a parlé du groupe ABAB ! C'est un ouf, ce mec !

- J'crois plutôt qu'il parlait de sous-marin et de ma petite sœur. Cuisinée avec du poulet.

- J'ai pas de petite sœur... Hé, le Pokémon, ça veut dire que j'ai une petite sœur qui est avocate et qui vend des pull-over ?

Je jetai un coup d'œil aux abrutis en détresse intellectuelle, et, avec un grand sourire narcissique :

- Ça veut dire que je me fous de votre gueule, abrutis de connard de merde.

Et, durant mon fantastique discours sur l'art d'enguirlander des personnes à deux neurones, les sirènes des voitures de police s'étaient faites entendre. Ils frémirent, et se hâtèrent vers la sortie en n'oubliant pas les Ball volées et la clef USB. Le gars habillé en doré à talons hauts cria :

- Mince, les mecs ! Faut qu'on s'arrache ! Laissez tomber ces lamentables danseurs de rue, on leur fera leur fête une prochaine fois ! Let's leave ! Fuyons !

Et il partit en Moonwalk, puis nous le vîmes par derrière les vitres du Centre, sautillant et gambadant habilement à travers les rues de Vaguelone, disparaître avec ses comparses et leurs sacs quelque peu remplis.


Les flics étaient arrivés en fanfare, mais, évidemment, y avait plus rien à voir. A part constater les brisures de verre, les balles logées dans le mur et les plaintes de Pokémon volés. Ma mère et les autres, nous les avions laissés en plan en promettant que tout irait bien pour nous ; je parlerais à Cynthia... Un autre jour ? Bref, nous devions y aller avant que la police arrive. Le problème, c'est que Ludwig était la plus grande victime, qu'il était donc la personne la plus touchée, et que j'étais sans doute recherché, suite à mon altercation avec Columbo au Commissariat de Volucité. Donc on s'était barrés presque à contrecœur pour Ludwig (disons qu'on l'a menacé trèèèèès légèrement) entre le départ des trois guignols et l'arrivée des voitures immaculées et couleur nuit, éclairant les rues de leurs gyrophares rouges, bleus et blancs, sous le soleil couchant. Nous nous étions dépêchés tout aussi trèèèès légèrement, nous avions trèèèèès légèrement passé les tourniquets de la station de métro de Vaguelone en sautant, bien qu'utilisant un ticket tout de même pour Ludwig, bien connu pour être trèèèèès civilisé envers n'importe qui. Nous arrivâmes donc en trèèèèès légère trombe sur le quai, trèèèèès naturellement, et bondîmes dans le premier wagon venu, qui vint après 7 trèèèèèès courtes minutes. Une fois assis sur les strapontins qui s'abaissent en couinant, sur la ligne Jaune, dans le bon métro, nous nous dirigeons en direction et terminus de Méanville, où nous changerons et pourrons prendre enfin cette ligne Marron de malheur. Tant mieux. Et nous reprenons enfin notre route vers un destin plus qu'incertain, recelant de moultes passionnantes aventures extraordinaires *effet dramatique sombre et mystérieux*


Que voulez vous que je vous dise à propos de ce voyage en train souterrain ? Vu les récents problèmes sur cette ligne de métropolitain de combat, ajoutés aux récentes échappées des touristes, tous les trains de la ligne Jaune étaient mobilisés pour le transport de voyageurs, donc les combats étaient annulés, donc tout se passa bien. Hé, on va pas exagérer hein, on prend le métro, c'est tout. Quand vous prenez le métro, y a tout qui va à fond, déraille, explose, et vous survivez comme un héros épique qu'on voit dans les romans pas réalistes ? Sérieusement. Nan, on prend le métro, animé par les secousses incessantes, les effluves bizarres, les néons clignotant, la chaleur humaine, si ce n'est la compression entre êtres humains suants aux heures de pointe. Pas de bol, 20h00, jour de fuite de Vaguelone, et départ pour des soirées de folie en ce soir d'été où il fait 33°C, ça donne une heure de pointe improvisée. Mais c'est là qu'on aime bien faire que 50 centimètres de haut, car au moins, on ne se prend pas les poitrines et autres coup de coude des gens et les valises dans les pieds. Nan, on se prend les valises en entier, et t'as pas intérêt à lever le bec. Franchement, c'est quoi ce trip pour ces nanas d'aller en soirée en jupe ?! Et leurs Pokémon, peuvent pas les ranger dans leur Ball ? C'est pas possible ce manque de civilité ! Et ça y est, j'étais reparti dans une séance d'humeur massacrante, contaminé par toute cette masse grouillante et humide, gémissant et maugréant tout bas. Donc, au départ bien installé, puis tu laisses ta place aux mamies et aux femmes enceintes (logique, même s'ils devraient inclure les personnes qui parcourent la région de long en large depuis quatre jours sans rien bouffer, sans aller faire de besoins et avec un stress total continu), puis ces dernières laissent ta place vide, car bien obligées de se lever. J'avais perdu de vue les We Tackle at Foes et Ludwig, avec les allers et venues des passagers à chaque station, entre ceux qui descendent pour laisser rentrer et ceux qui poussent en hurlant qu'il vont finir écrabouillés si on ne se concasse pas. Sans oublier les fameux "on prendra le suivant" de ceux qui, sur le quai, avaient du temps. Allez leur dire que tous les métros sont bondés, c'est trop décourageant de patienter pour se retrouver sans bonus. Bon, t'façon, je savais qu'on descendait tous à Méanville... D'ailleurs, c'est quoi ce système à la con ?! T'as qu'une seule station qui dessert toutes les lignes, et c'est la seule où tu peux en changer ! Donc, forcément, tu te retrouves dans un Seviper de fonte en pleine indigestion, qui avance péniblement et lourdement, avec les odeurs suspectes, les gargouillis et l'humidité qui vont avec. MAGNIFIQUE ! J'ai vraiment bien choisi mon moment pour découvrir le métro d'Unys, tiens.


- Méanville. Méanville. Attention à la marche en descendant du train.

VICTOIRE ! Le quai de la station tant désirée défila à côté du train souterrain, puis décéléra lentement, avant de s'arrêter. Les portes coulissantes s'ouvrirent, le métropolitain se déchargea naturellement de son trop plein, vomissant des passagers tous plus mal élevés, attentionnés, propres, et sales les uns que les autres, expulsant par ces orifices latéraux la population qui le hantait jour et nuit. Je fus entraîné malgré moi et plutôt heureusement par ce flot plus intense que pour les autres arrêts, et m'étalai comme une merde sur le quai, à cause de cette foutue "marche en descendant du train". Le temps que tout le monde m'écrase les vertèbres, me piétine, que les gamins fassent "Regarde maman un Pokémon tout moche et écrasé !" et que les parents répondent "Touche pas à ça ! C'est sale !", bref le temps que le quai soit nettoyé par le temps qui passait, le Seviper de fonte repartit, soulagé, pour qu'enfin quelques uns de ces précédents maux d'estomac me hèlent :

- FRÈRE PLUME !

- CHRIS !

- TONTON PLU !

- ARKÉAPTI !

Voilà, ceux que j'avais perdu vinrent me retrouver, et, après de brèves explications quant à ma figure toute rouge d'embarras, de chaleur et de face contre terre, nous continuâmes notre traversée des sous-sols de la région en se dirigeant vers la correspondance qui nous mènerait à Parsemille.


Nous revoici, après quelques petits mètres à monter des marches (qui n'ont strictement aucun intérêt de faire l'objet d'une ellipse), dans l'Engrenage du Métro, avec toutes les directions possibles vers tel coin d'Unys, éparpillées sur sa circonférence. Pas le temps de tergiverser, nous nous hâtâmes vers le train d'acier tracé de marron. Il était à quai, le signal sonore retentissait, et peu de personnes semblaient y avoir pris place : occasion en or pour courir comme des dératés et bondir dans le premier wagon à portée au moment de la fermeture des portes, qui se claquèrent à nos trousses.

- Ça y est ! On y est ! souffla Ludwig en se laissant choir sur un siège au tissu décrépi aux couleurs de la compagnie des trains.

Le train souterrain souffla, nous fit pencher vers l'arrière, et roula en accélérant, suivant son tracé habituel et prévu.

- Je ne suis pas mécontente d'être enfin dans le bon train, sourit Lilas pour faire bonne figure, figure étant exténuée.

Bisou se frottait les paupières, bâillant, et Fire enchaîna :

- C'est clair ! On est bien posés là !

Puis il bâilla également, déployant ses crocs ivoires, imité par tout le monde aux alentours. Qu'est-ce que c'est chiant, ce réflexe pokémonesque. Rien que d'y penser, ça fait bâiller.

- En tout cas, on est enfin remis sur de bonnes rails ! Direction Parsemille, mes amis ! renchéris-je après m'être décroché la mâchoire de sommeil.

Le wagon venait de pénétrer à toute allure dans le tunnel obscur, quand, de l'autre bout du wagon :

- Hé mec ! Tu vas pas faire ton pathetic dancer ! Tu vas danser sur la même mélodie que moi, ou alors t'auras à faire à mon groove irrésistible et mes Pokémon costauds !

- Ouais ! Tu vas nous obéir, à m'sieur et à moi !

- Et à moi !

- Mais eeuuuh! Laissez-moi ! Je veux ma mamaan !

Putain de bordel de merde. Pas eux. Nous tournâmes nos globes oculaires de manière à aligner nos pupilles et notre fovéa et ainsi avoir une vision parfaite vers les coupables de telles déblatérations cruellement menaçantes, et vîmes l'homme follement passionné de disco, refoulant sans doute d'obscures séquelles psychologiques depuis sa tendre enfance, en tenue qui reluisait d'une couleur proche d'une longueur d'onde proche des 580 nanomètres, accompagné de ses deux sbires, les deux dé-cagoulés, laissant reluire leurs crânes chauves sous les photons émis par les gaz entubés agités électriquement, leur tenue noire paraissant faite de poly-para-phénylène téréphtalamide. Par la barbe du grand saint Arceus, cette dernière réplique est tout à fait moisie et je n'avais pas envie d'avoir à nouveau à faire avec ces incapables de premier ordre ! Non mais alors non mais vraiment zut alors quoi c'est pas possible bon sang de bonsoir non mais alors ! Zut quoi !

(NB : Traduction du passage précédent = On tourne la tête, et y a les trois cons méchants de tout à l'heure.)

- Vous êtes vraiment collants ! hurla Ludwig en faisant sursauter les voyageurs et leurs Pokémon apeurés.

Les trois imbéciles nous remarquèrent, et le m'sieur doré s'exclama :

- Oh ! Vous alors ! Vous êtes ici les mecs ?! Barrez-vous, on discute avec un ami !

Jack acquiesça, et Bill ajouta en bousculant avec force le gamin menacé :

- OUAIS ! On est juste ses amis qui veulent son Pyronille !

Et le gars à la coupe afro gargantuesque et partiellement écrasé sur le faux plafond conclut :

- Et il va nous le donner bien gentiment ! Les Pyronille et Pyrax, c'est ce que le boss veut le plus, et on déçoit pas le grand boss ! Allez mec, file nous ce Pokémon !

Pensant apparemment qu'on allait rester là sans rien faire, Reptincel s'interposa en filant à leur encontre, suivi de près par Fragilady, Polarhume, et moi-même :

- AH HA ! JE VOIS QUE VOUS NE NOUS CONNAISSEZ PAS ! Contre les ennemis de la paix et les abrutis pleins de toupet ! Contre le mal qui fait mal et le paranormal pas normal ! Qui défend la veuve et l'orphelin ? Qui défend les fleuves et le pain ? Qui sauve les damoiseaux et demoiselles en détresse ? Qui ose, dame, des zozos et du zèle sans traîtresse ? C'est nous, l'épique recours, l'équipe de secours W.T.F. !

Des murmures dans le public, des "Chouette ! Une équipe de secours est là pour nous sauver !" provenant des Pokémon spectateurs, et Ludwig qui se ramena en déboulant à travers le wagon :

- Et ils sont pas tout seuls ! Vous nous avez déjà causé des emmerdes, on va pas vous laisser recommencer !

- Les mecs, sortez vos flingues, vite !

- On les a laissés dans la camionnette, m'sieur !

La coupe afro fit un 180°, énervée :

- Abrutis ! Vous n'êtes que des mauvais sbires !

Puis, terminant son 360° :

- Vous êtes tenaces, les gars ! Mais on aura ces Pokémon ! Eux et tous ceux que la chouchoute du boss jugera bon d'avoir ! Je ne veux pas perdre mon temps avec des débutants du dancefloor et du rythme endiablé latino tels que vous, alors je ne mettrais pas vos Pokémon K.O.pour cette fois... Du moins, pas si vous nous bloquez à nouveau la route ! Let's go leave this endroit !

Et l'improbable bad boy disco détala en ouvrant la porte qui jouxtait le wagon suivant, perché sur ses hauts talons et nettoyant le plafond avec ses cheveux, suivi de près par ses deux sbires. Les W.T.F., Ludwig et moi étions tous d'accord :

- On les laisse pas s'échapper !

S'en suivit alors une poursuite tout le long du métropolitain qui traçait dans l'obscurité. Les trois abrutis de connard de merde filaient comme des Lockpin à travers les wagons, bousculant les mémés et envoyant valser les groupes d'amis qui sortaient, et nous ne les lâchâmes pas d'une semelle, hurlant de s'arrêter, et au nom de la loi de la Guilde Pokémon Internationale, ouvrant constamment portes automatiques après portes automatiques, le métro se secouant, les habitacles traversés branlants. Nous manquâmes tous de trébucher plus d'une fois sur un pied, une patte ou une poussette, se prenant les barres verticales pour se cramponner dans les épaules et les strapontins dans les genoux. Je bondissais en battant des ailes frénétiquement, les We Tackle at Foes traçaient, et Ludwig courait à grande enjambées acharnées. Jusqu'au moment fatidique, le moment où nous arrivâmes à l'avant du train, face à la porte du conducteur.

- Ouvre, mec ! frappa brutalement Discoman en tambourinant la frêle paroi.

Et la porte s'ouvrit. Nous bondîmes en face de la porte franchie et claquée par les abrutis, les quelques passagers fuyant vers les wagons arrières, épiant les événements à travers la vitre de la voiture précédente. Je gueulai à la cabine du conducteur refermée :

- VOUS ÊTES CERNÉS ! RENDEZ-VOUS !

- Z'AVEZ NULLE PART OÙ ALLER ! ajouta Ludwig, imité par Fire qui relatait l'article 58 de la loi de la Guilde Pokémon Internationale, qui stipulait que tout ennemi à la paix Pokémon, une fois cerné, ne pouvait que se rendre sans faire d'histoires et causer d'autres désagréments aux fidèles et vaillants secouristes.

Silence total, à part nos souffles haletants après une telle course, le ronflement du moteur de traction et le cliquetis nerveux du métropolitain. C'est alors qu'une brusque et puissante accélération nous fit tomber à la renverse, et on entendit des cris de stupéfaction et d'inquiétude provenant des voitures précédemment traversées. Nous nous remîmes sur nos membres antérieurs, puis nous habituâmes tant bien que mal à la vitesse toujours plus importante, croissante et inquiétante du Seviper géant, en prenant appui sur les installations décidément très pratiques. C'est alors que la porte de la salle des commandes s'ouvrit soudainement en claquant contre la paroi de la locomotive, et il nous apparut la coupe afro rouge et blanche, avec le zozo déguisé qui va avec. On entendait ses sbires et une tierce personne marmonner, mais les paroles provenant de la bouche soulignant la plus extravagante paire de lunettes de tous les temps couvrirent ses bruits :

- Les mecs, bienvenue dans le train fou de la Night Fever !

Le gus à la coupe qui ne me revenait décidément pas expliqua en esquissant des pas de danse :

- Voyez, le conducteur fait également partie de la bande, et improviser un missile sur rails était dans le plan depuis le début ! Vous allez tous vous écraser sur Rotombourg, votre destination finale, les mecs ! Sauf si, bien sûr, nous avons ce que nous voulons...

Je tressaillis. Lilas était pour sa part ahurie, Bisou insulta méchamment les méchants de "gros cacas", Fire restait impassible, et Ludwig protesta :

- Tout ça pour un Pyronille ?! Z'avez qu'à en attraper, bouffons !

Notre ennemi agita son doigt de gauche à droite :

- Tututut ! Mauvais rythme, mec ! Voler et snatcher, c'est bien plus groovy, tu vois ? Et puis, vu que nous sommes au sommet du podium étant donné votre situation, je demande TOUS les Pokémon de TOUS les voyageurs ! Enfin, les plus utiles, ceux qui correspondent à nos critères, quoi...

Connard.

- Vous croyez que nous précipiter sur une fin de voie nous fera flancher ?! Et j'vous signale que vous y êtes aussi, dans ce train !

- Mais voilà un Pokémon très intelligent ! rit le type en faisant une vrille sur lui même avant de me pointer de son long doigt. Vois-tu, moi, je suis déjà payé en pièces dorées sonnantes et trébuchantes depuis longtemps, j'ai eu une belle vie bien disco, ma mission a été accomplie avec rythme en grande partie et... Surtout que j'ai un plan IN-FA-ILLI-BLE pour nous sortir de là, mes mecs et moi !

- Ça nous fera pas flancher ! rugit Fire. On s'est démerdés de situations bien plus coriaces !

- Vous nous impressionnez que dalle ! Z'êtes que des débiles ! insulta le Dresseur de Renouet, inflexible.

Lilas tenait le regard face au type de doré et de coupe afro éclatant, serrant précieusement Bisou dans ses feuilles. Le train accélérait de plus en plus, et les crissements au dehors étaient de plus en plus aigus ; le métro filait à la vitesse de l'éclair, déboulait et fusait à travers les stations, manquant de happer au passage les usagers. Le Seviper atteignait ses limites de vitesse, et, croyez-moi, ça vous clouait sur place et les effets sons, lumière et physiques atteignaient leur paroxysme. Le gus éclata de rire :

- Vous allez tous crever, les mecs ! Fuo ho ho ! Moi, le grand et le sublime Bouledisco, je vais vous faire danser et vous montrer ce que c'est que le tempo des grands danseurs disco et latino !

Bouledisco ? C'était ça son nom ? Quel patronyme de merde.

- Vous ne savez donc pas régler ça à la loyale ? défia Ludwig.

- Oh, mais si tu veux du rythme déchaîné, je vais t'en donner, moi ! Mais venez pas pleurer dans les jupes de vos mamans ! Je vous aurais prévenus !

Il sortit alors de la cabine de commandement un lecteur CD pourvu de grosses enceintes, brandit une Poké Ball hors de sa poche de pantalon trop large et trop jaune en vrillant, dansant et balançant le son avec son Pokémon :

- Let's the music and the groove start !

Sa Poké Ball fut envoyée en l'air sur une musique de taré, et un Pokémon bipède vert, tout sautillant en rythme, vêtu d'un poncho ocre rayé de zigzags marrons, son large bec grand ouvert, son sombrero de nénuphar géant agité par sa danse frénétique et endiablée, piétinait avec ferveur le sol métallique. Ludicolo, un Pokémon qui ne m'étonna pas, si ce n'est me fit sourire venant d'un dresseur tel que Bouledisco. Le combat était donc engagé dans la locomotive et ses suivants qui déboulaient, le métropolitain étant transformé en véritable missile sur rails, effectivement. Ludwig éclata de rire, avant de chercher frénétiquement dans ses poches une Poké Ball, et ce fut le drame :

- MERDE ! J'LES AI LAISSÉES AU CENTRE POKÉMON !

B-B-B-B-BOULET TIME !

- MAIS T'AURAIS PAS PU VÉRIFIER AVANT, ABRUTI ?! vociférai-je.

- Ah ah ah ah ah ah, mauvais tempo, mec ! éclata de rire à son tour notre antagoniste qui dansait joyeusement avec son Ludicolo.

- T'en fais pas, on va y aller, nous ! lança Reptincel, bondissant aux devants du dresseur désemparé. Allez les gars, on va le défoncer !

Lilas le suivit bien volontiers, Bisou également, mais moi... :

- Hé mais non ! J'ai pas envie de me retrouver K.O. ! Et en plus, j'suis une grosse merde en combats Pokémon, quand je suis Pokémon ! La dernière fois, je me suis fait...

- DISCUTE PAS, FRÈRE PLUME ! ON VA L'EXPLOSAY, TOUS ENSEMBLE !

- Mais je suis pas sûr que...

- ÉCOUTE, SI TU FAIS RIEN, ON VA SE SCROTCHER COMME DES MERDES AU BOUT DE LA LIGNE ! T'AS EXPLOSÉ UN TSUNAMI À TOI TOUT SEUL, ALORS TU VAS PAS ME FAIRE CROIRE QUE T'AS PEUR MAINTENANT !

Bouledisco ne se fit pas prier :

- Quatre contre un !? Mais vous êtes mauvais joueurs ! Pour la peine... Entrez en piste vous aussi, mes Pokémon groovys !

Et bam. Trois Ludicolo supplémentaires furent envoyés, si bien qu'une muraille de Pokémon verts et dansants énergiquement nous bloquait. A croire qu'il n'avait que des Ludicolo (ce qui ne m'étonnerait pas, pour vous dire). Pas le choix. Fire rugit un fulgurant Lance-Flammes, Lilas envoya Danse-Fleur dans un nuage de pétales fuchsias, Bisou chialait en baissant la défense spéciale de tout le monde. Bouledisco répliqua :

- AH HA ! HYDROCANON !

Les quatre Insouciants balancèrent des trombes d'eau en combo ultime, ce qui élimina d'un seul coup l'attaque Feu, Plante, fit taire Bisou, et nous propulsa tous les cinq avec une puissance phénoménale à l'autre extrémité du wagon dans un véritable déluge. Complètement trempés jusqu'aux os, Bouledisco enchaîna :

- Vous trois, Vampigraine sur tout le monde sauf la verte ! Et toi, balance Laser Glace sur la verte ! En rythme, les cocos !

Trois des joyeux lurons sautillants tirèrent depuis leur sommet de sombrero-nénuphar une graine reluisante couleur émeraude, qui atterrirent toutes trois sur Flamme, Gelé et Oisancien, à savoir ma pauvre petite personne. La graine était collante, et des lianes en poussèrent rapidement, nous enserrant complètement, et plantant de sadiques petites épines dans la peau. Pendant ce temps, un rayon blanc comme neige transperça l'atmosphère d'urgence qui régnait au sein de la locomotive-fusée pour piquer et frapper impétueusement Chef-fleur. Les Vampigraines lançaient de violentes douleurs par moments, et les Ludicolo auteurs de cette attaque ne semblaient qu'en profiter, rayonnant du même éclat rougeâtre que les douleurs qui nous étaient infligées. Ludwig, quant à lui, était dans les vaps après s'être pris la fameuse barre verticale dans la face.

- Il faut... Il faut leur défoncer la face... geignit Reptincel.

Je balbutiai, hébété:

- Je... Je peux pas...

Quand il me saisit brutalement, et me secoua dans tous les sens :

- BON SANG ! TU ME GAVES SÉRIEUX ! TU VAS PRENDRE CONFIANCE EN TOI OU MERDE ? PUTAIN DE DÉFAITISTE !

Quand d'autres Hydrocanons les aspergèrent tous de plein fouet, le quatrième m'ayant loupé de justesse. Fire et Bisou tombèrent à terre en un rien de temps, Lilas fut achevée avec un second Laser Glace, et moi, j'étais le dernier conscient :

- Bah alors mec ? C'est déjà fini la dance party ? T'es qu'un incapable, toi et tes amis !

- Je... Je suis pas... Je ne suis pas un incapable !

- Si, puisque tu gis comme une merde du dancefloor. Allez mes cocos, on va le faire vibrer ! Danse Folle générale ! Oh yeah !

Et les cinq gusses adverses se mirent à exécuter des mouvements frénétiques, encore plus énergiquement et parfaitement coordonnés sur la musique de Bouledisco. Je fus soudainement pris de tremblements, ma tête tournait, et mon corps se mit à réagir au rythme endiablé des danseurs : je me mis à les imiter, incapable finalement de faire quoi que ce soit, à part d'imiter connement leur danse débile, agitant bizarrement en ondulant les bras une fois à gauche, une fois à droite, déhanchant en rythme, en faisant une vrille toutes les deux secondes. C'était la méga honte, et c'était fantastiquement exaspérant et le pétage de câble était quasi obligé :

- ARRÊTEZ ÇA TOUT DE SUITE ! BORDEL DE PUTAIN DE MERDE DE...

- Mais nan mec ! T'as le groove en toi, le rythme dans la peau ! Laisse toi emporter par le pouvoir de la musique et de la danse !

- STOPPEZ ÇA DIRECT, J'VOUS DIS ! rugissais-je en pleine toupie.

- Allez, les cocos ! Le grand final, et comme ça a commencé ! Hydrocanon !

Les Ludicolo se mirent en position, inspirèrent, et crachèrent des chutes d'eau hallucinantes. Elles filèrent droit sur moi, quand je me ressaisis soudain âprement, demandant un effort mental considérable, inspirai, sentis une brûlure à l'estomac, puis crachai un mystique feu sacré en direction des jets d'eau fusants. Le souffle violet violent alla à l'encontre les trombes d'eau, j'expulsai de tout mon être le feu sacré des dragons, le Dracosouffle, qui, par une incroyable force de persévérance plus qu'étonnante, évapora les molécules d'eau et stoppa les quatre attaques ennemies. Je repris mon souffle, épuisé mais debout, stupéfait de la puissance de l'attaque d'ordinaire pas si importante, même si elle fut une grande première pour ma part. Je profitai de la déstabilisation des danseurs qui faisaient moins les malins en bondissant de strapontins en strapontins, planant et battant vigoureusement des ailes, volant de perchoirs en perchoirs, puis assénai deux magnifiques Cru-Aile puissamment chargées de ma vengeance et superbement efficaces, avant de prendre appui sur le dernier Insouciant touché, et de filer à travers les airs à toute allure, donnant toujours plus d'énergie, croissante en moi, à mes battements de bras plumés, réussissant donc héroïquement à voler habilement et à une vitesse hallucinante, difficilement contrôlable mais assurément déjantée et désarmante dans une enceinte aussi petite. Je virai soudain à tribord, en plein vol, piquai directement sur l'un d'entre eux, le Ruban Joie, la Compèt Ball et la clochette chamboulés par la vitesse, et percutai le Ludicolo visé de plein fouet ; j'enchaînai, et, d'une agile Acrobatie, frappai avec force et conviction le dernier des quatre. Je retournai sur le sol en un salto avant, effectuai une réception parfaite, tournai le bec vers les quatre Pokémon K.O. en un coup et vers Bouledisco totalement ébahi. Je rugis fantastiquement, déployant mes cordes vocales, poussant un cri rauque et menaçant, sorti du fond des âges. Je sentis la pure satisfaction de ce que j'étais, et la confiance en mon être actuel, et la conscience que je déchirai vraiment tout, que j'étais un pur Pokémon de roxxor.
Je resplendis alors d'une lueur intensément vive, et sentis une forte contraction de mes muscles ; j'eus alors l'impression d'écarter et d'étendre mes bras plumés à l'infini, mon coccyx et le haut de mon arrière-train grandirent, et je ressentis un long membre prendre forme à cet endroit. Mon bec se modifia, comme si on me malaxait fortement les nerfs faciaux ; des picotements me saisirent de partout, ma peau s'étirait, mes organes se remuaient et bougeaient. Ma musculature contractée se modifia, j'éprouvai une sensation d'élargissement et de durcissement de cette dernière, en particulier au niveau des cuisses et de mes serres : les frêles pattes se développèrent et se modifièrent, mes gigots s'épanouirent. Je discernais une faramineuse forte douleur et une impression de puissance revenue de la nuit des temps. Le tout en à peine dix secondes. J'évoluais.