2.10 - La nuit avant
Après avoir fomenté le plan contre le Ministre, Moosh et Patty étaient retournés à l'hôtel. Patty observa Moosh.
- Ca va aller ?
- Hm…
- On ne dirait pas.
- Jean n'avait pas l'air très emballé par le fait de s'allier à nous. Et quand j'ai fait des propositions, il ne m'a pas beaucoup écouté…
Patty leva les yeux au ciel.
- Tu aurais dû faire une LOOOOONGUE déclaration d'amour. J'aurais dû te le rappeler.
- Je ne suis même pas sûr que le plan va marcher en fait…
- Jean avait raison de dire qu'il n'est pas un grand tacticien en dehors de la forêt, mais il a parfaitement déterminé l'enchaînement possible des évènements. Le reste est entre nos mains. Et l'autre inconnue ce sont les Pokémon du Majordome et du Ministre… On verra bien.
Quelqu'un frappa à la fenêtre, ce qui fit sursauter Patty.
- KYAAAAAAAH !!! MAIS QUEL EST LE CRETIN QUI…
Patty et Moosh virent Jean à la fenêtre. Patty s'étonna. Moosh alla ouvrir.
- Ouiiiiiiiii ?
« On dirait vraiment une gamine de seize ans qui ouvre à son petit copain… » songea Patty.
- J'ai besoin de te parler.
« Ok, là ça devient affreusement équivoque… » songea Patty, apeurée.
- Ah bon ?!
- Hm. En privé, bien sûr.
- Ah, bah merci pour moi… grommela Patty.
Moosh s'avança sur le balcon et ferma derrière lui. Jean était assis sur la rambarde. Du balcon de l'hôtel, on voyait Sylvebourg éclairée par la lune, le Palais du Ministre couvrant la sortie nord. Certaines cheminées fumaient déjà.
- Qu'est-ce que tu veux ?
- Je voulais juste clarifier un point. Mon pacte avec le Ministre.
- … Oh.
- Lui ne coupe pas d'arbres et moi je protège le village. L'ennui c'est qu'il y a eu peu d'attaques depuis son arrivée. Par contre effectivement, le village a besoin d'exploiter son bois…
Moosh acquiesça.
- … Je sais que je fais du mal à tout le monde en restant ici.
Moosh grimaça. Jean avait la tête basse et faisait pendre ses cheveux devant son visage, ce qui lui donnait une allure sinistre.
- Mais… Bon, c'est la seule façon que je connaisse pour me sentir utile. Pour ne pas oublier qui je suis, tu comprends ?
Moosh acquiesça. Ce que disait Jean Georges lui remémorait les propos d'une autre personne.
- Mais ça veut pas dire que je me joindrais à toi un jour, ok ?
- Hm, ok.
- C'est juste que les gens… les gens doivent s'habituer à ma présence et à mon action. Et ils le feront plus facilement si le Ministre n'est pas dans les parages.
Moosh acquiesça.
- Oui, c'est… cool. Mais tu voudrais pas… avancer ?
- Avancer ?
- Si tu restes ici, tu vas t'encroûter, non ? Tu… resteras ici et c'est tout. Tu ne veux pas… voyager, voir du pays, vivre des aventures ?
- Je vois où tu veux en venir et ça ne me plait pas.
- Je sais, pardon, je suis nul pour mentir ou ruser…
Jean sourit.
- Comment un gamin aussi peu sociable que toi peut prétendre à une fonction pareille ? Chef de la Ligue, ça veut dire que tu vas être la voix qui donnera le ton aux humains et aux Pokémon ! Et tu arrives à peine à établir des contacts humains. Un peu comme moi en fait, sauf que moi je prétends juste être…
- La voix de la forêt.
Jean regarda Moosh qui souriait. Le vagabond soupira.
- T'as gagné…
- J'espère que notre plan marchera demain…
- Le sort de la forêt en dépend…
Moosh acquiesça.
- J'espère qu'on ne va pas se planter. C'est un combat difficile…
- Et aucun de nous n'est un stratège de renom… Ce qui me bouffe le plus c'est de devoir utiliser les enfants…
Moosh acquiesça.
- Patty s'en occupera bien.
- Mouais. En même temps c'est pas une combattante. Pourquoi tu l'as prise avec toi ?
- C'est elle qui est venue toute seule.
Jean plissa les yeux, intrigué.
- Tiens donc. Tu acceptes n'importe qui, en fait ! Elle voulait te suivre, tu la prends avec toi, et ensuite c'est moi que tu veux prendre.
Moosh haussa les épaules.
- Il faut bien que je recrute…
- Hm. Mais ça ne marchera pas avec moi, il faudra que tu trouves autre chose. Et surtout quelqu'un d'autre. Tout en gardant à l'esprit que tu ne peux pas avoir n'importe qui avec toi. Tu ne peux pas me forcer, tu vois. Et tu ne pourras pas forcer beaucoup d'autres personnes, il va falloir que tu t'y fasses.
Moosh acquiesça.
- Hm, je crois l'avoir compris.
- Je rentre. Bonne nuit.
- Hm.
Jean Georges s'échappa par les toits. Moosh soupira. « Même si je me demande ce que tu feras une fois le Ministre vaincu et la population toujours contre toi… »
Moosh rentra dans la chambre. Patty dormait déjà… bruyamment.