Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Smirnoff : Renaissance de Domino



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Domino - Voir le profil
» Créé le 20/09/2011 à 20:12
» Dernière mise à jour le 20/09/2011 à 20:12

» Mots-clés :   Hoenn   Johto   Présence de personnages du jeu vidéo   Romance   Slice of life

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
HS1 - La teinture blonde
Ennui. Routine. Morosité due à l'enchevêtrement des deux.

Chaque jour c'est la même chose. Elle n'en voit jamais le bout, même quand elle est au milieu.

Du travail, rien que du travail.

Son mari, elle le voit, ils se parlent, mais sans plus. Vie sexuelle ? Néant.

Pas d'enfants, non plus. C'est triste, sa vie.

On arrive, on lui dit « Je veux voir tel docteur ». Elle dirige. Parfois on lui dit des noms de patients mais elle les oublie parce qu'elle n'en a rien à foutre du nom ou de la vie d'une bande de tarés qu'on colle ici pour ne plus voir chez soi.

Ah ça, elle sait quel talent ils ont, ses docteurs. Le docteur Graham est surdiplômé, ça, c'est clair. Il a sorti des patients du marasme le plus affreux.

Pour autant…

- Candice…

Candice regarda l'homme.

- Howard…

… Howard Graham n'était pas un bon mari.

- Candice, j'aurais dû… te le dire plus tôt et dans d'autres circonstances, mais… je te quitte.

Candice regarda le docteur Graham, étonnée.

- N… Non… M… Pourq…
- Allons, Candice. Toi et moi, ça ne fonctionne pas, tu le sais bien. Je pense qu'il vaut mieux pour toi, comme pour moi, qu'on se sépare. Je reprends évidemment la maison, c'est moi qui l'ai payée…

Candice tomba des nues.

- Mais tu as toujours ton logement de fonction ici, non ? Tu ne fais qu'y dormir ces derniers temps, je commençais à en avoir assez de ce mariage sans amour. Et puis, bonjour l'incongruité, un psychiatre de renom marié à… une simple réceptionniste…

Candice resta bouche bée. « Dont les cuisses avaient l'air de te plaire il y a vingt ans… »

- Enfin bref, je te libère de ce mariage, tu es libre à présent… tu as cinquante-six ans, tu es réceptionniste dans un hôpital psychiatrique, mais, hey ! Tu es libre !

Candice regarda son mari partir. Elle était seule, à présent.

- Bonjour !

Candice regarda Dimitri qui lui passait devant chaque jour et qui lui disait bonjour chaque jour depuis plus d'un mois déjà.

« … je suis… »

Elle se regarda, à la réception.

« … je ne suis rien… »

Elle se regarda le soir même, dans son logement.

« … je… »

Lendemain, même chose.

Les jours et les semaines passaient. C'était toujours la même chose.

Quand elle alla au supermarché, ce jour-là, elle voulait changer les choses. Les choses étaient trop monotones. Il fallait changer de décor.

Ras le bol de regarder les mêmes trains passer devant sa fenêtre.

Elle repéra ce couple, avec cet enfant.

- Ethan a juste pris une horloge Pikachu ?
- Oui mais c'est pas grave. On devrait le laisser faire comme il veut ! proclama Rachel. Si plus tard il veut des jouets, il en aura.

Candice regarda Ethan. « Quel adorable petit garçon… »

Discrètement, elle entra dans le magasin à la suite des Smirnoff. Elle était complètement invisible de toute façon. Elle repéra les caméras de surveillance. Comme elle passait son temps à la réception de l'hôpital, à scruter des écrans de surveillance sur son ordinateur, elle savait comment anticiper les angles morts.

Elle vit le couple se disputer et le gamin s'éloigner un peu.

« C'est ma chance… »
« Si je m'y prends habilement, cet enfant peut être à moi… »
« Et comme ça… je ne serais plus toute seule… j'aurais le sentiment de servir à quelque chose… et… et Graham cela ne sera plus grave, le fait que Graham m'ait quitté… »

Elle passa derrière lui, lui obstrua la bouche d'une main, le prit contre lui en bloquant sa tête contre sa poitrine…

« Je le tiens solidement ! »

Elle partit le plus discrètement possible, rasa les murs…

« Personne ne me voit, personne n'en a rien à foutre de moi… »

Elle sourit. « Tant mieux ! »

Elle passa par une porte de sécurité. Une fois dehors, Ethan cria.

- EEEEEEEEEEEH ! LACHEZ-MOI !!! MAMAN !!! PAPA !!!!
- La ferme ! Chut ! Tais-toi !

Ethan se débattait mais Candice le tenait fermement. Elle se mit à courir.

« Seigneur, quelle idiote je fais ! Comment je pars d'ici… »

Par chance, le parking était proche, et par un hasard miraculeux, sa voiture n'était pas garée loin.

« Le ciel est avec moi ! C'est rare ! »

Elle ouvrit sa voiture avec ces télécommandes bizarres qui font bip bip. Ethan se débattait en gémissant.

- Lâche-moi madame !! Lâche-moi !
- Tu vas te taire, oui ?

Elle le jeta sur la banquette arrière. Le gamin se cogna contre l'accoudoir de la porte d'en face.

- Hiiiiiiiiiiiin !!!

Candice le laissa chouiner. Elle monta à la place du conducteur. Sa voiture était garée juste à côté de celle des Smirnoff. Ethan se releva et s'en aperçut.

- Papa… Môman… sanglota le gamin.
- C'est moi ta mère, maintenant.

Ethan se frictionna la tête en pleurant. Candice roulait assez vite, et Ethan dut s'accrocher à l'accoudoir pour se tenir, la réceptionniste ne daignant pas ralentir.

***

- Ce sera là, ta nouvelle maison.

Elle ferma la porte derrière elle. Ethan regarda le logement de fonction.

- M… Où sont papa et maman ?
- C'est MOI ta maman. Tu comprends ? Arrête de pleurnicher, sale môme !

Ethan, trop timide, se recroquevilla sous les cris de la dame. Il en tomba sur les fesses.

- Bon… Comment je vais faire avec toi…

Ethan, apeuré, seul, dans une situation inconnue, pire que chez Clarence, se mit à hurler de chagrin, comme un bébé. Les yeux clos par les larmes, la bouche ouverte dans un hurlement de tristesse et de désespoir.

- BWAAAAAAAAAAAAH !!! OUIIIIIIIIIIIIIIN !!!
- Chuuuuuuuuuuuut !!! Chut chut chut !
- T'es pas ma maman ! T'es pas ma maman ! Je veux ma mamaaaaaaaan !!
- Tu vas la fermer oui ?

Elle le gifla. Ethan regarda la dame, abasourdi.

- Voilà. TU LA BOUCLES !!

Ethan s'essuya le nez avec sa manche, effrayé, soumis, apeuré.

- Bon, comme on est dans un putain d'hôpital psychiatrique, les fenêtres ne s'ouvriront pas suffisamment pour que tu partes. Je n'ai qu'à fermer les stores et tout ira bien…

Ethan regarda la dame qui fermait ses stores. Il se leva et se dirigea vers la porte. C'était fou, même pour lui : Il n'était jamais sorti tout seul dehors.

- AH NON NON NON !!! QU'EST-CE QUE TU CROIS FAIRE LA !!!
- Hiiin !

Ethan se précipita dehors. Candice le rattrapa à temps.

- Niiiiiiiiiiiin !!! Niiiiiin je veux pas je veux pas !
- Personne ne va venir te chercher, qu'est-ce que tu crois !!!

En effet, Candice était la seule assez paumée et assez seule au monde pour se servir des logements de fonction de l'HP. Elle dormait souvent ici depuis le jour où elle a constaté que ça ne servait à rien de revenir chez elle. Graham ne lui parlait pas. Faire des kilomètres en voiture juste pour dormir, voilà quoi.

Elle jeta Ethan dans une pièce, une buanderie, et elle l'enferma avec la machine à laver et la sécheuse. Le gamin tapa à la porte en pleurant.

- Je veux sortir ! Je veux sortir !! Ouiiiiiiiiiin ! Mamaaaaaaaan ! Papaaaaaaaaa !
- Qu'est-ce qu'il est bruyant ce môme…

***

[Et dans l'actualité, les étonnants évènements de Cimetronelle.]

Candice parachevait la teinture d'Ethan, ligoté à une chaise. Le gamin sanglotait silencieusement, attaché.

[- Déjà je supporte pas aux infos quand les familles de victimes se plaignent et chialent devant la caméra, je veux pas offrir ce plaisir à ces vautours, s'ils veulent se branler, y'a Internet !
- En l'occurrence, là, la famille de victime, c'est NOUS, et soit POLI, tu passes à la télé !
- Euh... Ouais, bah rendez-nous notre Ethan. S'il vous plait. Et lui faites pas de mal !
- Ou si vous avez des informations, appelez le numéro sur le site de la police de Hoenn et sur les affiches ! supplia Rachel.]

Ethan sanglota plus bruyamment. Candice soupira.

- Tu ne sais faire que pleurer ?
- … Maman… papaaaa…
- C'est pas possible ! Pschhhhhh…

***

Le lendemain, Candice réfléchit à la suite. Elle ne pouvait pas continuer comme ça. A garder ce petit braillard ici.

« S'ils font des recherches, ça va forcément aboutir ici… Je vais me faire prendre… Ils vont m'arrêter et me tuer… J'ai entendu dire que les Smirnoff avaient des liens avec le gouvernement… bon, on en a changé depuis, donc ils en ont peut-être un peu moins… »

Elle regarda la porte où Ethan était détenu.

« Je ne peux pas prendre le risque d'aller en prison à cause de ce petit… »

D'où l'idée de prendre un bus le surlendemain. Néanmoins elle devait être certaine d'un détail. Elle alla trouver l'infirmière de garde le soir venu.

- Catherine !!

La jeune femme se tourna vers sa vieille collègue.

- Ouiiii ? Oh, Madame Graham !

Catherine était une blonde. Au sens propre et figuré. C'était une jeune poulette, et Candice l'avait longtemps soupçonnée de se taper son mari. « Comment une fille aussi jeune peut se taper un mec de 75 balais ?! »

- … Howard m'a quitté, Catherine.
- Oh c'est bête pour vous !
- … Catherine, tu es remplacée demain matin, tu ne travailles pas !
- Ah bon ? Ah bah j'aurais juré que…
- Ils font un test pour une éventuelle nouvelle employée qui devrait te remplacer.
- … ah bah c'est nul ! J'suis mécontente, j'tiens à te le dire !
- Ca n'est pas moi, c'est la direction.
- Oh bah non alors !
- On se dit à après-demain alors !
- Hm !

Candice fait demi-tour, satisfaite. « Cette pute ne viendra pas me gêner. Et si elle se fait virer pour ne pas avoir pris son service, tant pis pour sa gueule ! »

Catherine resta dans le couloir. Elle eut… une colère de blonde.

- La direction est vraiment nulle ! Qu'est-ce que j'ai mal fait dans mon travail !! Ah alors ça, ça me la coupe. Bah pour la peine je rentre chez moi… ça leur apprendra. Et toc !

Elle partit donc, oubliant de fermer la dernière porte… celle de Dimitri Corbin, le patient 87.

***

Le lendemain, donc, sans l'infirmière de garde pour l'empêcher de sortir, Dimitri sauva Ethan. Yann procéda donc à sa libération dans le bureau de la direction.

- Voilà…
- Signez aussi ici…
- Purée c'est aussi long que pour l'y enfermer !

Dimitri se mordilla les lèvres. Yann regarda son ami.

- T'en fais pas, vieux. La vie commence pour de vrai maintenant. C'est pas quelques signatures qui vont m'arrêter.

Dimitri sourit. Catherine entra dans le bureau.

- M… MONSIEUR LE DIRECTEUR !

L'homme releva la tête, étonné.

- Mademoiselle Catherine…

Dimitri se retourna.

- Bonjour !
- Bonjour… Oh monsieur le directeur, je suis désolée, on m'a dit que Madame Candice avait fait des choses affreuses… En plus je n'ai pas prise mon service ce matin à cause d'elle et TOUTE LA NUIT j'ai pensé que j'avais oublié de fermer les portes de certains patients !! Monsieur le directeur, je suis tellement désolée !

Le directeur regarda la blonde en larmes dans son bureau. Dimitri la regarda et regarda le directeur.

- Alors c'est grâce à elle que j'ai pu sortir pour récupérer Ethan ?! Madame Catherine, arrêtez de pleurer !

La blonde s'étonna. Dimitri lui sourit chaleureusement.

- Vous êtes une héroïne ! Paradoxalement… c'est très bien ce que vous avez fait !

Yann haussa les sourcils. Catherine regarda Dimitri en clignant des yeux.

- C'est vrai ?

Le directeur acquiesça.

- Oui, grâce à votre… maladresse et à votre crédulité, un enfant a été retrouvé !

Catherine sourit.

- Oh waouh !! Waouh !! Je vais le dire à Howard… euh, au docteur Graham !!

Elle partit en courant sur ses talons hauts. Yann haussa les sourcils.

- Tu sais ce que je pense, Dimitri ?
- Non, dis-moi, Yann.
- Quelque part, t'étais dans un endroit où les gens autour de toi étaient aussi voire encore plus fous que toi !
- Je le pense aussi… ça a dû être la folie dehors aussi, non ?
- Oh ouais, mais au fond avec le recul, c'était marrant !

Dimitri sourit.

- J'suis content de vous retrouver tous.
- Ouais, moi aussi je suis content que tu reviennes.

***

Le bus.

Candice qui reste contre la vitre, sidérée.

« C'est… la fin… »
- Madame, allez-vous asseoir, il y a de la place ! soupira le chauffeur.
- … non, non, je… descends au prochain arrêt…

L'arrêt suivant se profila. Candice sortit du bus. Elle regarda autour d'elle. La gare.

Un train accepterait peut-être qu'elle se jette dessous…