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La Faucheuse. de T-Tylon



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» Auteur : T-Tylon - Voir le profil
» Créé le 08/08/2011 à 23:38
» Dernière mise à jour le 08/08/2011 à 23:38

» Mots-clés :   Présence d'armes   Sinnoh   Suspense   Terreur

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Spécieux.

Sinnoh. Quelque part dans les étendues vierges situées au Nord-Ouest de l'île.

Samedi 29 Mai 2010. 13 heures 18 minutes.



La pluie. Froide et pénétrante. Si épaisse et lourde qu'elle était à comparer avec un mur d'eau chutant en trombe depuis le ciel, sans ne donner l'impression un seul instant de ne jamais devoir s'arrêter. Les feuillages de la flore environnante fléchissaient sous le flot continu de goutte dans un concert de clapotement assourdissant. Et seul le bruit des rafales de vent, jouant à égale mesure de froid et d'intensité que la pluie, venait briser cette naturelle mais déprimante monotonie.

Aucun cri d'animal. Aucun bruit permettant d'envisager la présence d'une quelconque faune pouvant subsister dans cette partie sauvage de l'île ne venait faire supposer l'inverse (quand bien même un simple son pourrait trouver son chemin dans ce véritable déluge.) Ce qui était tout à fait normal ; avec un tel temps, aucun pokémon forestier ou autre animal composant la faune n'irait risquer jusqu'à même pointer le bout de son nez sans voir son précieux pelage finir en un amas de poils détrempés (exceptés ceux de type Eau.) Cela se traduisait par une absence pure et simple de ces dernier devant à l'accoutumé parcourir ces bois, qui en ce jour gris s'étaient tous effacés devant l'omniprésence du bombardement aquatique.

A perte de vue (quand bien il n'était possible de voir à plus de quelques mètres dans le mur d'eau), il n'y avait que les reflets ondulants de l'écorce des arbres déformées par le jeu de l'eau ruisselante sans arrêt à leur surface, et les note désynchronisées de celles s'égouttant sur celui des buissons dans une parodie de mouvement désincarné. Les bois étaient intégralement vides, et apparaissaient comme dénués de toute trace de vie…

Mais au milieu de ce décor fade et sans saveur, la chute lourde en trombes infinie laissait transparaitre la silhouette d'une ombre parmi le brouillard. Le profil d'une forme, évanescente dans la brume d'éclat d'eau et de froid, louvoyant sous le rideau d'eau et de feuille comme l'apparition d'un esprit fantôme. Présent, comme n'étant pas là à la fois.

La pluie, comme elle aussi n'arrivant pas à reconnaitre sur quoi elle tombait, ne faisait que se laisser glisser sur les contours de la forme anonyme aussi docilement que les brins d'herbe se soumettaient au vent. La boue à ses pieds, abondante de l'union de la terre gorgée par l'eau, peinait à les maculer, de même à ne serait-ce que la déséquilibrer malgré sa traitre inconsistance recouvrant le sol inégal forestier ; la silhouette marchant parmi les bois comme un spectre glissant dans un cimetière sans nom ni âge.

Cela faisait plus de deux jours qu'elle parcourait les étendues sauvages la séparant de son but. Marchant inlassablement. Qu'il pleuve ou qu'il vente. Sans ne s'accorder jamais plus que le strict repos nécessaire pouvant interrompre son indéfectible avance. Et grâce à cela elle approchait désormais de la frontière géo-climatique séparant le reste semi-tempéré de l'île de celui polaire du Nord ; bien plus rapidement qu'aucun randonneur spécialisé disposant d'un matériel d'expédition adéquat (contrairement au sien.) Ce faisant, elle continuait de diminuer d'avantage et perceptiblement l'écart qui la séparait de sa prochaine étape : la petite ville enneigée de Pinfuge (aussi la ville la plus proche du reste tempéré de l'île, servant d'escale avant d'atteindre Frimapic.) Avant de reprendre à nouveau la route pour s'enfoncer dans les vastes espaces de neige recouvrant les méandres de la route 217, et enfin rejoindre son second abri et se «préparer» en l'attente de ses instructions.

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Juste au même moment, alors qu'elle descendait une large pente raide en négociant attentivement le terrain boueux pour arriver en contrebas, le pendentif de jaune fade situé sous ses habits se mit à luire et chauffer l'espace d'un infime instant d'une pale lueur ; juste ce qu'il fallait brièvement au contact de sa peau pour lui faire comprendre que le lien était rétablit. Sans qu'elle ne s'arrête pour autant.


¤Ton signalement a été généralisé à toute l'île. Et même si la ville vers laquelle tu te diriges est loin d'être parmi les plus importantes, cela n'empêchera pas ses habitants de faire rapidement le rapprochement avec l'avis de recherche. Vas-tu réellement prendre ce risque ?¤

S'il y'avait une chose à mettre au crédit du légendaire, cela était bien qu'il ne s'embarrassait pas de mondanité pour aller droit au but.

«Je pourrais effectivement continuer ainsi dans les bois jusqu'à arriver au second refuge. En chassant les animaux ou pokémons sur ma route ainsi qu'en croisant des points d'eau naturelle, les problèmes liés à la nourriture ou à l'hydratation ne se poseraient pas. Cependant, à défaut de pouvoir me renseigner depuis le monde Distorsion, il me faut récupérer l'information pour connaitre le déroulement actuels précis des évènements.»

Il flotta un moment de blanc durant lequel seul le son de la pluie pourrait souligner l'appréhension dont était traversé à cet instant le spectre.

¤Comment peux-tu affirmer que je ne puisse pas te relayer les informations dont tu aurais besoin ?¤

«La question ne se poserait pas si l'inverse était le cas.» Répondit-elle platement.

¤Je t'ai pourtant fais part de la description de l'avis avant son émission généralisée.¤ Releva-t-il sur le même ton.

«Vrai. Comme il m'est avéré qu'il se trouve toujours une extrême limitation à ton pouvoir, et qu'il n'apparait pas à ton avantage de le gâcher en posant des questions auxquelles tu aurais réponse.»

L'évidence du raisonnement ne rencontra que l'éloquence d'un nouveau silence.

«La description de l'avis ma été reportée quelques dizaines de minutes avant son émission à la radio. Le poste de police le plus proche du centre pokémon se trouvait à quelques centaines de mètres à peine. Et la procédure de l'émission d'un avis de recherche criminel classé de rang A prend administrativement un temps non négligeable ; pour la mise en place et le traitement administratif afin d'être correctement relayé aux restes des autres postes sur l'île. D'abord vient la description sommaire, celle de l'avis, ensuite arrive les informations détaillées associés au dossier juste crée. Ce qui demande trois-quarts d'heure au bas mot. Hors si l'information était récupérable dès son émission je serais partie du centre avant six heures. Ce qui ne fut pas le cas. Cela, plus le fait que le poste de police le plus proche se situait à seulement quelques centaines de mètre du centre, ainsi que celui du pendentif et de mes conditions associées devant agir comme une borne d'émission et de relais ; toutes ces données me font déduire qu'il t'es possible «d'espionner» le monde réel, mais au changement notable d'être désormais restreint d'un rayon d'observation délimité à une zone donnée autour du pendentif, en temps que point central, qui ne dois pas dépasser plus de quelques kilomètres.»

¤Un seul. Pour être exact.¤ Lui concéda-t-il. ¤Je dois alors déduire pour ma part que ta brève altercation avec le chauffeur était pleinement mesurée ?¤

«Oui.» Rendit-elle neutralement. «Par ce bref litige, combiné avec l'infirmière du centre. A long terme ni la Ligue, ni la police, le Consortium ou Rising Sun ne se montreront trop encombrants. Ainsi que de n'avoir qu'une marge de manœuvre extrêmement réduite en officieux à mon encontre.»

Bien qu'en «pratique» marchant seule sous la pluie, le doute était clairement manifeste de la part du spectre.

¤Encore, que te permet-il de poser une telle affirmation ?¤ Renvoya-t-il palpablement dubitatif.

«As-tu vraiment du temps et de ton pouvoir à perdre pour me questionner ?» Releva-t-elle neutralement.

¤Si et non.¤ Répliqua-t-il platement. ¤Non, car je ne suis effectivement pas obligé ou «réellement» contraint de converser avec toi. Et si, parce que converser n'augmente en rien l'énergie que je dépense à la recherche des clés dans la zone donnée.¤

«Tu n'as aucune idée d'où elles se trouvent ?» Déduit-elle neutralement.

¤Précise, non. Approximative par contre, oui. Néanmoins proportionnellement par rapport à leurs influences respectives sur l'environnement. ¤

«Plus précisément, qu'est-ce que cela veut signifier ?» La reprit-il sur le principe.

¤Exactement ce que cela veut dire.¤ Rendit-il platement. ¤Déjà saches qu'il m'est contraint une journée de récupération dans le monde Distorsion pour circonvenir une heure sur Terre ; cela fait deux jours, donc potentiellement deux heures devant nous avant que je ne doive couper le contact. Ensuite, vois ces clés comme tes baies : je ne sais pas précisément où les trouver, mais je peux remonter jusqu'à elles en suivant les traces qu'elles laissent immanquablement derrière elles.¤

«Le principe du Cherch'objet.» Soumit-elle par comparaison. «Dans une maison ou en ville, ce dispositif ne sert strictement à rien en pouvant confondre des articles disposés en vitrine comme des objets perdus. A l'opposé en campagne il se révèle très utile à dénicher l'écho d'objets synthétiques égarés dans l'environnement naturel, tel un intrus dans le paysage.»

¤C'est exactement cela. Au détail près que ces clés sont tout aussi intruses dans la nature qu'elles s'y trouvent correctement à leur place.¤

La contradiction axiomatique fut notée sans le moindre changement notable par l'humaine. Bien qu'elle lui était impossible de ne pas l'enclin à développer plus clairement par rapport à sa situation.

«Que je sache quoi chercher serait la moindre des bases.» Fit-elle neutralement remarquer.

¤En temps voulu ; lorsque tu auras rallié ton refuge en plus «saine» sécurité. Soit-en assurée.¤ La réprima-t-il posément. ¤Mais pour en revenir te concernant, ainsi que la ville vers laquelle tu te diriges. Comment peux-tu être aussi assurée d'avoir mise les quatre majeures organisations auxquelles tu auras certainement à faire en position aussi délicate, comme tu le sous-entends ?¤

«Ce n'est pas un sous-entendu. Mais une réalité.» Confirmait-elle platement. «Mais la question devrait plutôt t'être retournée. En tant que légendaire des dimensions, pourquoi «questionnes»-tu mes méthodes en étant pourtant à l'origine de toute condition ?»


La question méritait d'être posée de son côté. Cela se comprenait aisément dans le sens où une créature considérée comme divine interrogeait un mortel d'une vraie question sans contre-sens rhétorique ; ce qui revenait du même à un artiste-peintre de consulter sa toile sur l'état de son tableau. Un paradoxe plus que particulier.


¤Je n'ai fait qu'apporter les règles à la matière. Je ne suis cependant nullement à l'origine de l'esprit. L'institution des émotions, de l'âme et de la volonté ne sont pas de mon fait, et sont nés de surcroit après moi.¤ Lui rendit-il d'un écho d'une imperceptible rancune. ¤Mais il n'est ni le temps, ni le lieu approprié pour tenir cette discussion. Seulement que tu saches que je te questionne parce que je n'ai pas l'omniscience infuse concernant l'esprit, loin sans faut.¤

«L'information est le savoir ; le savoir est le pouvoir. Mais l'ignorance est le bonheur.» Proclamait-elle platement en conséquence. «Tout ce que tu t'es contenté de faire fut créer mais sans n'avoir la moindre idée du pourquoi, et sans qu'il ne fut jugé bon nécessaire que tu en apprennes d'avantage une fois la conscience acquise. Ce qui ne ressemble ni plus ni moins qu'à du service jetable ; preuve en est que depuis des éons tu fus enfermé sans qu'aucun changement «notable» n'eut lieu dans l'histoire.»


Bien qu'un nouveau silence des plus complets lui fût renvoyé en retour, il ne fallait pas être devin pour savoir que le «service jetable» confirmait ses déductions d'une rancœur particulièrement prononcée ; ce qui en fait se déterminait à la «l'état» du pendentif suspendu qu'elle sentait devenir de plus en irritant au contact avec sa peau. Sans que cela ne l'influence nullement de façon négative.


«C'était un constat, Giratina. Pas une insulte. Si tu veux évacuer ton irritation, commence par différencier tes alliés de tes ennemis et réagir de façon appropriée avec ces derniers ; ce qui débute par ne pas chercher à te passer les nerfs sur le seul être avec lequel tu entretiens l'unique partenariat entreprenant ta libération : c'est-à-dire moi.»


Aussitôt la sensation d'irritation disparut au dessus de sa poitrine comme si elle n'avait jamais existée, mais pour être remplacée par une sorte d'infime mais intense picotement qui parcourut son derme comme un battement de cil. Cependant, la réaction du légendaire à l'indifférente réprimande – tenant plus lieu de rappel par constat – ne fut pas motivée par les même raisons qu'elle avait anticipée.


¤… Tu «ressens» mes émotions ?¤

La surprise du spectre était à la hauteur de la contradiction dans la question. Mais elle prit de l'ignorer le temps de se saisir du pendentif pour le sortir et l'exposer sous l'éclat froid de la pluie.

«Non. Apparemment, seulement interprétées de façon approximative sous forme de sensation nerveuse.»

Tout aussi apparemment, le pokémon appréhendait la réponse d'une certaine forme déconcertée.

¤Comment cela ?¤

«Dans l'idée populaire et en psychologie, les émotions sont partiellement associées à des sensations nerveuses ressenties dans le corps. Dès la fin de ma déduction j'ai ressentit une vive démangeaison sous-cutanée à l'endroit où le pendentif était au contact avec ma peau. Démangeaison étant synonyme d'irritation, l'analogie suggérait un état irrité.»

En réponse confirmant l'hypothèse, toute sensation extérieure liée au pendentif disparut dans la continuité.

¤Tu es vraiment… Particulière. C'est comme si, à défaut de savoir comment tu le «ressentirais», vu ton insensibilité aux émotions, la partie de l'orbe t'étant allouée s'était synchronisée avec tes conditions pour s'adapter à ta neutralité en translatant l'émotionnel sous appréhension matérielle… Je n'arrive de moins en moins à savoir «comment» et «où» situer ce que tu es.¤ Admit-il de façon troublée.

«A l'inverse, il m'est confirmé de mon côté que tes connaissances sur le sujet ne sont pas significativement étendues. Ce qui est curieux dans le sens où tu semblerais avoir observé le monde plus longtemps que n'importe quel autre être, vivant ou mort, sur cette terre.»

¤Je n'observais précisément le monde que lorsqu'une forte convergence émotionnelle se concentrait en un point dans le monde réel. Hors avec les très nombreux conflits qui s'y trouvent et ne cessent d'éclater chaque jour, il faut un formidable rassemblement d'émotion – à inverse mesure positive ou surenchérir en négatif – pour que «l'image» de l'évènement m'apparaisse réellement claire. Ce qui est sans compter sur un nombre à peine quantifiable d'autres restrictions concernant mon emprisonnement qui m'empêche d'observer les dits évènements du monde à ma guise et d'en retirer l'information, et donc le savoir me faisant défaut allant avec.¤

«Forcé d'observer le déroulement du monde tout en étant fortement restreint dans ses observations ?» Evalua-t-elle d'une surprise induite. «Giratina, que s'est-il exactement passé durant ta «rébellion» pour qu'il te soit réservé un tel traitement ?»

Un nouveau moment de silence flotta dans l'air pluvieux sans qu'aucune réponse ne vienne lui faire faire retour.

«A part s'il vient de se décider un nouvel et imprévu changement d'avis de ta part, nous sommes associés par le pacte que tu as proposé selon tes termes ; qu'au passage j'ai acceptée sans n'en avoir préalablement consultée la véritable nature avant. Je rappelle aussi que tu as pris tes risques en dépensant de ton énergie pour me convier dans ton monde afin que je mène à bien ta libération, comme tu le souhaites.» Indiqua-t-elle d'un calme prononcé.
«Jusqu'à présent, je me suis montrée bien plus que coopérative à devoir subir cette même rétention d'information, alors que tu es le seul à même de devoir me fournir les indications quand à la marche à suivre. Penses-tu vraiment, dans ma situation de fugitive évoluant en parallèle avec la tienne de prisonnier millénaire, que j'ai ne serait-ce le moindre intérêt quand à porter un jugement personnel sur tes motivations, alors que tu sais parfaitement que je reste au final totalement indifférente quand à tes projets de «quête de la vérité» ; quitte au passage à devoir me mettre à dos le temps et l'espace, entre autre obstacle que tu m'amènes à risquer devoir affronter ?»

¤Non.¤ Fut-il platement obligé d'admettre. ¤Néanmoins je garantis répondre à la moindre de tes questions lorsqu'il m'en sera donné le temps et les moyens, et si j'y possède effectivement réponse. Mais en attendant, puisqu'il semblerait que tu sois plus en avance sur le sujet, et qu'il est aussi dans nôtre intérêt commun de combler mes lacunes liées à ces millénaires d'emprisonnement, je souhaiterais que tu m'exposes la logique te permettant d'affirmer avoir entraver la marge de manœuvre de trois organisations complètes menés par de nombre tes semblables lancés à ta poursuite, en ayant seulement de ton côté manipulée de façon sommaire une infirmière et un livreur de poisson.¤

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Pour cette fois, la demande fut posée avec le calme échut à ce que devait ressembler la conversation sous les meilleurs hospices. Plus d'irritation, ou de sensation lésée. Mais à l'opposé pas de respect, ou un quelconque aspect d'humilité. Juste un parfait calme d'attention complètement neutre. Ce qui était exactement comme cela que devait pragmatiquement évoluer leurs rapports. En conséquence celle-ci accepta d'accorder une nouvelle faveur au pokémon, compte-tenu qu'il était effectivement aussi dans ses intérêts à ce qu'il évalue ainsi lui-même les capacités de l'humaine envers laquelle il fonde finalement ses attentes.


«Tout le principe repose sur la balance apparente du pouvoir que «semble» justement détenir ces organisations, mais du point de vue de la population.» Commença-t-elle d'un rythme d'édiction mécanique. «Le Consortium apparait comme une sorte de corporation d'ordre semi-gouvernementale, touchant aussi bien aux fondements de l'économie qu'à la politique. La police, bien qu'étant considéré comme les garants de l'ordre public reste avant tout une force armée, avec des armes et des prérogatives leur permettant de passer outre des règles normalement restrictives pour le reste de la population. La Ligue, quand à elle, est une institution civile dans le plus pur sens du terme qui ne dépend pas directement du Consortium, et qui possède une forme d'autorité parallèle – bien que notablement moindre - par rapport au gouvernement central lui permettant de rester en partie neutre. Puis Rising Sun, qui est une organisation criminelle œuvrant purement en dehors du contexte juridique, mais intégralement composée de l'association des anciennes teams – toutes venant du civil - et du noyau dur de leurs effectifs servant à encadrer l'enrôlement et la formation des nouvelles recrues. Enfin, bien que fondamentalement toutes très différentes entre elles, il est certain, au moins une fois dans l'histoire de leurs existences respectives, que ces organisations aient eu à traiter de très près avec les autres ; officiellement ou officieusement

La nature des dites principales organisations ayant été résumées, elle pouvait enchainer avec la partie principale.

«L'être humain est lâche à la base ; ce qui est un critère primitif essentiel et commun à toute espèce vivante pour survivre. Il n'y a aucun avantage à être courageux et mort que contrairement à être couard mais vivant. Et cette infirmière en est le parfait exemple : seule, isolée dans son petit quotidien d'un poste relativement sûr et tranquille dans un centre pokémon. Elle ne cherche d'embrouille avec personne, et n'en attend raisonnablement pas moins en retour de son côté. Elle ne possède aucune autre ambition que d'aspirer à conserver ce train de vie médiocre, mais l'exposant de par sa nature à un très faible risque de danger. Cependant par mon intervention, et surtout avec l'histoire lui ayant été fournie – en même temps que la douille -, il ne lui ait laissé aucun autre choix que de suivre et d'exécuter les indications fournies à la lettre. Elle n'a pas besoin de savoir si c'est fondamentalement vrai ou non, mais juste de l'envisager comme une possibilité à laquelle elle n'a virtuellement aucun réel moyen de s'y soustraire, autrement qu'en suivant le fil de mon histoire si elle tient à conserver la vie qu'elle croit être sur le point de perdre. Puis une fois avoir atteinte Charbourg, et sûrement remettre la douille à l'arène avec une discrétion égale à la tension qui devait la parcourir tout le long du chemin, immédiatement ces derniers relaieraient l'info à la police qui l'embarquerait au poste dans l'instant pour interrogatoire. Conformément à mes prévisions…»


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Sinnoh. Charbourg, poste de Police. Salle d'interrogatoire 2.

Vendredi 28 Mai 2010. 13 heures 12 minutes.



La pièce était sombre, plongée volontairement dans une pénombre presque totale seulement rétro éclairée par la lumière venant de quelques écrans et appareils d'enregistrement qui traitaient et analysaient en temps réel toute sorte de données. Depuis cette obscurité, un nombre restreint de personne observait le déroulement de la scène s'opérant de l'autre côté de la baie vitrée, où se trouvait un homme de bonne corpulence qui tournait lentement autour de la pièce, épuré de toute trace de mobilier superflu autre qu'une table en son centre et une chaise rattachée, sur laquelle se trouvait une jeune femme recroquevillée sur sa position. Visiblement intimidée par l'homme l'encerclant par sa seule présence.

Puis un bruit de pas perceptible se rapprochant, émit depuis le couloir, parvint dans la sombre salle de l'autre côté de la vitre. Les quelques personnes déjà présentes détournèrent leur attention un instant de la scène pour la reporter sur la porte qui s'ouvrait pour laisser entrer un nouvel homme, devant lequel, bien que d'une carrure moindre que celui se trouvant dans l'autre pièce, le personnel présent réagit d'un bref salut protocolaire.


«Qu'est-ce qu'on a ?» Demanda platement ce dernier.

«Toujours rien. Elle est clairement mouillée jusqu'au cou, mais elle n'a encore rien lâchée de concret sur le suspect.» Lui fut-il platement résumé.


L'homme prit note de ces informations. Puis il se retourna vers la baie vitrée pour constater par lui-même la direction de l'interrogatoire mené par l'un des inspecteurs du poste, qui maintenait son petit manège circulaire autour de la suspecte.


«Reprenons depuis le début.» Reprit d'ailleurs celui-ci en recommençant un nouveau tour en rond autour de la table.
«Jeudi 27 Mai 2010. Centre pokémon de Féli-Cité, aux environs de deux heures du matin. Vous profitiez d'une pause durant vôtre service de nuit pour tirer une cigarette dans l'impasse derrière le centre, lorsqu'un individu, correspondant à la description de l'avis de recherche lancé à toute l'île, se présente à vous avec une blessure par balle à l'épaule. Est-ce exact ?»

«Mais l'avis de recherche a été diffusé plusieurs heures après, et j'avais déjà fini mon service avant !»

«Mais vous saviez qu'il s'agissait probablement d'une criminelle à cet instant ; qu'elle n'avait pas reçue cette blessure à l'épaule sans une bonne raison derrière. Sachant cela malgré tout, vous avez acceptée de la traiter et de l'aider en lui fournissant illégalement de l'aide soignante en utilisant du matériel et des ressources médicales privée sans autorisation.» Répliqua-t-il d'un doigt accusateur.

«Elle se vidait de son sang, et sans une transfusion d'urgence je me retrouvais avec un cadavre sur les bras et une accusation de «non assistance à personne en danger» ; alors que je suis infirmière et que je me trouvais en plein cadre médical ! Qu'est-ce que vous vouliez que je fasse ?!» Se défendait-elle vivement.

«ASSEZ !»

L'homme s'arrêta dans son manège circulaire devant elle en cognant brutalement du poing sur la table, avant de se pencher dessus pour se mettre juste en face d'elle.

«Vous avez acceptée d'apporter de l'aide à une personne suspecte fortement liée aux attentas de Voilaroc, en prenant le soin de ne pas avertir ni la police ni vo pairs SCIEMMENT. De plus vous étiez en possession de la douille responsable de sa blessure, que vous admettez vous-même avoir extraite. Ce qui vous rend automatiquement complice dans cette affaire !»


L'infirmière, ne pouvant nier cet état de fait, se renfonça sur sa chaise d'un air désespéré. Se tenant la tête entre les mains, accablée par ces accusations. Tandis que de l'autre côté de la baie vitrée (apparaissant comme un miroir depuis la salle d'interrogatoire) l'inverse se produisait pour le petit personnel observant la scène, concluant qu'elle allait bientôt craquer.


«Assistance criminelle. Association de malfaiteur. Livraison et utilisation non-autorisée de matériel médical privé. Dissimulation d'information à dénoncer un dissident criminel membre d'un groupuscule terroriste, ce qui fait de vous une partisante terroriste. Et pire, traitre à la nation par implication dans l'assassina de la gouvernante Tatiana Matis.»

Il se planta à nouveau en face de la jeune femme de l'autre côté d'une main sur la table en se penchant vers elle.

«Vous allez écoper de tous les motifs d'accusation à la place des véritables criminels si vous persistez à nous mentir. Et croyez-moi, si vous avez un bébé, vous ne serez pas prête de revoir la lumière du soleil avant qu'il n'ait lui-même des petits enfants.»


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¤Ils iraient jusqu'à l'accuser de tous les maux parce qu'ils ne t'ont pas capturés ; tandis que cela fait à peine deux jours que l'avis a été émit et qu'ils sont toujours sensés être à ta traque, et alors qu'elle ne représenterait même pas un danger pour un simple Chenipotte ?¤

«Pas vraiment. D'une part il est en partie dans leurs attributions de pouvoir arrêter en envoyer quelqu'un devant le tribunal, préalablement sous le motif des accusations plus ou moins graves ayant été consignées à l'encontre du dit accusé. Mais cela sert véritablement plus d'intimidation en lui mettant la pression jusqu'à ce qu'elle craque, sans avoir ainsi besoin de recourir directement au pénal pour lancer la procédure de jugement. Car ils ne cherchent pas à coffrer inutilement des gens qui ne servent même pas de second couteau.»

¤En clair, ils lancent des menaces sans réellement vouloir les mettre à exécution. Mais pourquoi iraient-ils jusqu'à ces extrémités avec cette infirmière, alors qu'elle ne sait rien du tout ?¤

«C'est justement là le dilemme, et sur lequel repose toute le principe: ils ne savent pas qu'elle est totalement ignorante et extérieure à tout cela. Hors, qu'elle ne sache quelque chose ou effectivement rien, la méthode pour s'en assurer reste inchangée : l'intimidation. Ils la pousseront dans ses retranchements en la pressant impitoyablement comme un vulgaire fruit, pour l'acculer dans un coin dont ils seront sûrs et certains qu'elle finira par leur révéler ce qu'ils veulent entendre.»

¤Mais puisqu'elle ne sait rien, cela ne les mènera nulle part.¤ Nota-t-il platement.

«Non.» Récusa-t-elle neutralement. «Tu n'as pas fait attention à ce que j'ai dit : ils seront sûrs et certains qu'elle finira par craquer, mais pour révéler ce qu'ils veulent entendre. Pas ce qu'ils devraient entendre.»

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Depuis l'autre côté de la baie vitrée, devant le spectacle de l'infirmière fondant en larme, il ne faisait plus aucun doute aux yeux du personnel policier présent qu'ils allaient obtenir leurs informations. Il n'en était cependant pas de même pour le dernier membre en date ayant pénétré dans la pièce, ne s'avérant être nulle autre que le directeur. Qui émettait, de par son expérience dans le domaine, de plus en plus de réserve et de doute quand au degré d'implication de la jeune femme, qui lui apparaissait de plus en plus comme une sorte de simple civile embarquée par un mauvais concours de circonstance dans une histoire la dépassant totalement.

Il se tourna vers l'un des officiers en second présent aussi pour l'interrogatoire.


«Lieutenant. Que pouvez-vous me dire sur elle ?»


Comme un instant l'esprit ailleurs. L'officier se reprit vis-à-vis de son supérieur en allant chercher les informations demandées sur l'un des postes dans la salle, et revenir avec celles-ci affichées en hologramme translucides sur la baie vitrée servant aussi d'écran interactif.


«Monique Basilys. Infirmière de service de nuit au centre pokémon de Féli-Cité. Interpellée en 2004 à seize ans pour usurpation d'identité, s'étant servie de celle de sa mère afin de s'acheter un paquet de cigarette.»

Un instant de silence perceptible flotta dans l'air alors que le directeur le regardait platement, sans que ce dernier n'en comprenne vraiment la raison.

«Et bien alors, la suite ?» Lui fut-il simplement intimé.

«Mais c'est tout.» Lui répondit l'officier, prit au dépourvut.

«Comment ça «c'est tout» ?» Reprit le directeur d'un air mauvaisement surprit. «Vous n'allez pas me dire, qu'à part cette stupide manœuvre de vol d'identité pour s'offrir des cigarettes, cette fille possède un casier vierge ?»


Le regard gêné qui lui rendit l'officier (qui s'écrasait d'avantage devant le sien qui gagnait en intensité) lui faisait pourtant bien comprendre qu'il ne mentait pas ; les données s'affichant d'ailleurs devant lui le lui prouvaient pleinement. Puis au fur et à mesure qu'il les consultait plus en détail, ses doutes et son sentiment réservé se muait progressivement en malaise prononcé : salaire d'infirmière normal, compte en banque normal, aucun action passée enregistrée permettant d'établir son profil psychologique comme celui d'une personne pouvant s'associer avec un groupuscule terroriste. Son profil était typique celui de l'infirmière pokémon lambda, et du civil s'étant retrouvé au mauvais endroit au mauvais moment. Ce qui ne faisait que renforcer son sentiment de malaise en celui du gros sale et mauvais pressentiment sur cette affaire.

Alors qu'il consultait toujours le dossier de l'infirmière, son subalterne de son côté, continuait l'interrogatoire.


«Avez-vous réellement la moindre idée de la merde dans laquelle vous vous trouvez, et allez finir étouffée si vous ne vous résignez pas à coopérer ?»


Le ton plus agressif employé par l'officier fit détourner l'attention du directeur du dossier sur la vitre de nouveau dans la salle ; vers la jeune femme qui sanglotait d'avantage devant les accusations que l'accablait sans vergogne le policier. Ce dernier qui ne manquait pas d'enfoncer encore d'avantage le clou.


«Savez-vous dans quel état a-t-on retrouvée la gouvernante ? Morte littéralement vidée de son sang entre les bras de son amant.» Continua-t-il en se penchant d'avantage sur la table. «Est-ce que vous réalisez maintenant ce qui risque de vous arrivez si vous ne finissez pas par nous dire tout ce que vous savez sur cette criminelle et son organisation ? Vous serez considérée aux yeux des archipels comme la personne ayant aidée les meurtriers de la gouvernante Matis. Alors parlez !»


La direction que prenait l'interrogatoire, mais surtout de voir le comportement de l'officier qui allait bien au-delà de ses prérogatives, fit interrompre le directeur dans son investigation. D'un geste vacant de la main sur la vitre il ferma et expédia le dossier dans le même temps pour se retourner vers les autres membres du personnel, et constater d'un air aussi surprit qu'ulcéré de voir parmi ces derniers qu'il semblait être le seul à se sentir révolté devant cette scène.


«Faites-le sortir.» Finit-il par leur intimer autoritairement.

«Quoi ? Mais monsieur, on est sur le point de la tenir. Elle va bientôt se mettre à parler !»Lui fut-il hâtivement répondu.

«Vous m'avez parfaitement entendu !» Répliqua-t-il sèchement. «Il va beaucoup trop loin. Faites-le sortir avant que ça ne dégénère !»

Mais les réticences de ses officiers permirent à celui dans la salle d'interrogatoire de compléter sa diatribe.

«Parlez ! Avouez que vous conserver des informations ayant un rapport direct avec cette criminelle et le groupuscule responsable derrière les attentats de Voilaroc. Donnez-nous son nom et ceux de tous ses contacts, et vous aurez une chance devant le juge d'éviter la perpétuité !»


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«C'est à partir de là que la phase principale du plan se met en place.»

¤Comment ? Et pourquoi se montreraient-ils si obtusément agressifs avec elle ? C'à n'a pas de sens de s'en prendre aussi «férocement» à quelqu'un n'ayant au final aucun rapport avec les évènements de cette nuit.¤ Réfutait-il rhétorique ment.

«L'être humain est un animal social qui vit et fonctionne selon un système de clan et d'appartenance de caste, qui sont les métiers et les rôles occupés et joués dans la société. Seulement, étant fondamentalement semblable à une énorme pièce de théâtre, l'énorme point faible de ce système est de s'appuyer inévitablement toujours sur les apparences. Parce qu'à la base l'être humain réagit et adapte son modèle comportemental en fonction des évènements apparents se passant devant lui. Ainsi la gouvernante, avec le rôle d'importance qui lui a et est toujours attribué, même à titre posthume, conserve une image d'idole aux yeux d'une population éprouvée par la corruption du système qui escomptait qu'elle change correctement les choses, et que ce fut justement pour empêcher cela qu'elle fut assassinée.»

¤Mais quel est le rapport entre les deux, l'assassina et la tentative agressive d'inculpation de l'infirmière par les policiers ?¤ La reprenait-il en partie confus.

«Parce que ce que la population voit moins, pour ne pas dire fait volontairement fît, c'est qu'il n'y a pas que la gouvernante qui eut à subir la mort cette nuit là : il en fut de même pour plusieurs membres de police officiant à différents branches spécialisés. Mais en comparaison de la gouvernante, les gens se moquent éperdument de ce qui peut arriver aux policiers ; tout simplement parce que contrairement à ces derniers, la gouvernante représentait les espoirs de leurs intérêts personnels. Et c'est là où la contradiction du système frappe : les policiers aussi restent de simples humains. Hors dans le fonctionnement social des rapports comportementaux il subsiste ce qu'on appelle le «lien d'appartenance de caste», qui se traduit par une facilité d'approche et d'entretien mutuel entre deux personnes partageant un poste plus ou moins proche dans un même rôle de société ; la police en fait évidemment partie. Tout comme les boulangers, les bouchers, les douaniers, et tout ce qui se rapporte à un poste lié à un rôle apparemment plus ou moins fixe dans la société ; ce qui exclu les livreurs de plat à domicile, ou ce genre de métier où la facilité de remplacement de personnel associé est proportionnelle à celle de son recrutement.»

¤En d'autres termes, même si leurs points de vue et appréhensions respectives divergent, ou même s'ils ne se connaissent pas directement – pour ne pas dire ne s'être jamais croisés de leur vie -, un policier partagera plus ou moins le ressenti d'un autre policier en se basant sur l'expérience de métier commune entre eux qui les font se sentir appartenir à une même forme de clan.¤ Compléta-t-il en résumé logique.
¤Jusque là je comprends. Mais cela ne m'explique toujours pas en quoi ils iraient à l'encontre de leurs principes aussi agressivement avec une de leur semblable qui, si elle n'est pas policière, n'en reste pas moins une personne officiant à un métier de soin, donc un rôle d'aide vital dans vôtre société.¤

«Parce que, tous comme les pokémons, les êtres humains restent à la majorité anatomiquement tous égaux entre eux, sur les points les plus évidents. A défaut de posséder la même couleur de peau, de cheveux ou d'yeux généralisée à toute l'espèce, et bien que différenciant de nombreuses mais mineures disparités de critères physiques entre eux : ils possèdent tous des dents, des mains avec des ongles, des bras et des jambes dotés de muscles et de tendons qui, s'ils sont bien entrainés et alimentés en ressources nutritionnelles, sont à même de devenir de véritables et versatiles armes létales. En ce sens place deux humains seuls entre eux dans la même pièce, de même corpulence et relativement de même apparence, et le rapport de statu entre eux restera indéfini. Rajoute cependant une arme à feu entre les mains de l'un d'entre eux et, même si l'autre désarmé était considéré comme l'empereur de l'univers, tu n'obtiendras du second que l'image éloquente d'un simple mortel se soumettant devant un dispositif permettant à n'importe quel moment de mettre un terme à sa vie. Ce qui dans l'analogie se traduit par le fait que les policiers sont armés et donc immanquablement considérés instinctivement comme dangereux aux yeux de leurs semblables civils ;vu que le rapport de force est complètement déséquilibré pour ces derniers.»

¤«Gardiens de la paix», tout en étant équipé d'une arme conçue pour nulle autre chose que délivrer la mort. Je commence à saisir où tu veux en venir…¤ Convenait-il pensivement.

«Mais cela n'est pas même la poudreuse recouvrant le sommet de l'iceberg.» L'assura-t-elle de cette neutralité inchangée. «La population apparaissant comme désarmé, et les policiers étant eux armés, inévitablement un gouffre se forme entre ces deux «castes». Hors ce qui est d'autant plus terrible pour les policiers est que, non comptant d'être considérés comme une force armée par rapport à leurs semblables, l'armée en question et la loi les considère de leur côté comme parfaitement civils. Ce dilemme donne lieu au fait que le rôle du policier devient à ce titre encore plus isolé, donc d'une appartenance et d'une accessibilité d'entretien de rapport sociaux encore plus restreinte ; pour ne pas dire plus qu'uniquement confinés à leur propre service dans la majorité. Mais ce faisant, plus un clan reste fermé, et plus la réaction prise en réponse par les membres le composant lorsqu'une action est prise à l'égard d'un de leur semblable devient violente. Jusqu'au point où cela peut devenir irraisonné.»

¤La colère.¤ Déduit-il d'une réponse englobant une idée plus large du tout.

«Parfaitement : la colère.» Reprit-elle de son rythme d'édiction mécanique. «Frustration. Irritation. Rancune. Aigreur. Irascibilité. Rage. Emportement. Hargne. Haine. Indignation, ou même violence sont tous des concepts faisant partie à même échelle d'un seul et même principe émotionnel : la colère. Une émotion impulsive qui prône systématiquement la prise de décision hâtive au fît de toute capacité de raisonnement basée sur un jugement d'évaluation de contradiction posé, et donc à juger impérativement sur les apparences dans ce genre de situation. Ce qui se traduit dans le fait que par les morts que j'ai répandus dans les évènements de Voilaroc, aussi bien civils que policiers, et de l'aversion effective qu'ils doivent porter à l'organisation dont je suis sensée faire partie à leurs yeux, mais étant par la même hors de leur portée, ils reportent alors intégralement cette même rancune sur la première personne leur tombant sous la main qui apparaissait comme pouvant avoir un lien avec «mon» organisation, et donc immédiatement l'envisager nullement comme autre chose que de devoir y être forcément lié.»

¤Là où l'infirmière entre en jeu…¤ Reprit-il en comprenant de mieux en mieux où l'exposé menait.
¤Mais à t'entendre c'est comme s'ils choisissaient de se comporter ainsi ; d'être comme de parfaits chiens de garde rendus exprès enragés et à qui on jetterait un os pour qu'ils se jettent dessus à le ronger aveuglément, sans même réfléchir.¤

«Parce qu'ils sont influencés dans leurs choix par la colère, mais sans même s'en rendre conscients. La colère est impulsive et altère le jugement pour statuer comme unique option tout ce qui se rapporte à de l'agressivité : menace et intimidation, via des cris ou une démonstration de force physique sur l'environnement. C'est d'autant plus facile pour le policier, possédant en plus de ce par sa fonction du pouvoir, de cèder à ses pulsions s'il est absolument certain d'être en son bon droit ; parce que l'infirmière – en plus d'être considérée comme du sexe faible – le prend ouvertement pour un abrutis via une scène de cinéma visant à la faire passer pour une victime. Scène qui est d'autant plus crédible de par le fait que l'infirmière en question est tout ce qu'il y'a de plus innocent. Car si dans l'idéal de la justice il est dit «Innocent jusqu'à preuve du contraire», dans la réalité de l'être humain, et ce depuis plusieurs milliers d'années, c'est «Coupable jusqu'à preuve du contraire».»

¤ Et en apparence, l'infirmière apparait à leurs yeux comme coupable ; par tes actions à l'ambassade et dans la forêt exacerbant la colère des policiers en ayant réduite au silence nombre de leurs semblables. Mais qu'inversement tu t'es montrée d'une trop étonnante «générosité» avec elle en la laissant vivre et lui confier docilement ta blessure pour qu'elle la traite afin qu'elle n'apparaisse pas automatiquement comme complètement impliquée. Alors qu'en fait c'est totalement l'opposé.¤ Continuait-il en suivant le sens déductible de l'exposé.

«C'est précisément là où le piège se referme. Et où dans une salle d'interrogatoire, là où le port d'arme est évidemment formellement interdit, qu'il se révèle que même une simple faible infirmière peut montrer les crocs ; surtout quand comme n'importe quel animal acculé dans un coin, et rendue comme n'ayant plus rien à perdre à cause des menaces d'un interrogatoire trop zélé, elle le fait avec l'énergie du désespoir…»

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C'en était trop. Comme un bouchon de champagne cédant sous la pression après avoir secoué sans arrêt ni scrupule depuis le début de son arrivée ici, la pauvre infirmière finit par craquer.

«MAIS JE SAIS PAS !» Céda-t-elle en hurlant. «Je ne connais rien d'elle ou de n'importe quel groupe terroriste, rien du tout ! J'y suis pour rien dans l'ambassade ; j'ai jamais rien fait de mal à personne ! Par pitié, arrêtez de crier… !»


La pauvre femme s'effondra en lourds sanglots sur la table, et gémissait pitoyablement tout en se tenant la tête. Malgré les accusations et les menaces proférées à son encontre, son discours restait toujours inchangé… Ce qui n'était pas le résultat escompté par l'homme l'ayant acculé à ce point ; qui ne laissa pas le temps ni à l'infirmière, ni – sans le savoir – à ses collègues (étant restés impassible devant la scène) pour reprendre les hostilités.


«Vous mentez !» Cria-t-il de nouveau en tapant du poing sur la table. «Vous avez soignée la criminelle faisant partie de l'organisation terroriste responsable de la destruction partielle d'un des bâtiments les plus important de l'île, et de plus d'une vingtaine de mort et de centaines de blessés liés à cet incendie ! Vous êtes complice ! Alors parlez, au nom de la Justice !»


Complètement à bout. Eprouvée et malmenée comme une vulgaire marionnette, et épuisée mentalement au-delà de toute morale à subir toutes ces accusations alors qu'elle se savait parfaitement innocente. La dernière déclaration du policier avancée comme la justification d'un tel traitement fut la goutte d'eau qui fit éclater le vase.


«La justice ?!ELLE ETAIT OU VÔTRE JUSTICE QUAND LA GOUVERNANTE S'EST FAITE ASSASSINEE ?! OU ETIEZ-VOUS LORSQUE L'AMBASSADE ETAIT EN TRAIN DE BRÛLER ?! ET ELLE EST OU VÔTRE JUSTICE A ME METTRE TOUTES CES ACCUSATIONS SUR LE DOS, ALORS QUE JE N'AI RIEN FAIT ?!»

Le hurlement surenchérit par l'infirmière surprit d'autant plus l'officier et ceux derrière la vitre que par la férocité des arguments avec laquelle elle répliquait.

«VOUS FAISIEZ QUOI QUAND L'INCENDIE N'ARRÊTAIT PAS DE GAGNER DE L'AMPLEUR EN AGGRAVANT LE COMPTE DE MORT ET DE BLESSES ?! POURQUOI VOUS AVEZ LAISSES LA LIGUE ET LES POMPIER SE DEMERDER EN N'OUVRANT PAS CES FOUTUS PORTES ALORS QU'ON AVAIT PLUS QUE JAMAIS BESOIN DE VÔTRE AIDE ?! ET VOUS FAITES QUOI A LA PLACE DE RECHERCHER LES VRAIS CRIMINELS ? VOUS CHERCHEZ N'IMPORTE QUI SUR QUI REJETER LA FAUTE ET PAYER POUR VOS ERREURS A VÔTRE PLACE !»


Mais l'instant de surprise passé, et la colère arrivant à un nouveau stade de dégradation, il n'était absolument pas dans l'intention de l'officier de se laisser, lui et ses collègues ayant données leurs vies cette nuit dans l'exercice de leurs fonctions se faire cracher dessus.


«NOUS ETIONS A LA POURSUITE DES CRIMINELLES RESPONSABLES DE CET ATTENTA, ET DONT FAIT PARTIE CELLE QUE VOUS DEFENDEZ !» Répliquait-il sur le même ton. «ET PLUSIEURS DE MES COLLEGUES SONT MORTS A CAUSE D'ELLE LORS DE CETTE POURSUITE, TANDIS QUE DES CENTAINES DE PLANQUES COMME VOUS RESTAIENT PASSIFS DANS LEURS COINS A ATTENDRE BÊTEMENT QUE TOUT SE FINISSE AVEC UNE TASSE DE CAFE !»

«A QUI ALLEZ-VOUS FAIRE CROIRE QUE TOUT EST LA FAUTE D'UNE SEULE PERSONNE DENUEE D'ARME ET DE POKEMON ?!»

La déclaration fracassante répliquée par l'infirmière prit à nouveau l'officier et ses collègues hors de la pièce par défaut.

«LA PERSONNE QUE J'AI SOIGNEE N'AVAIT NI POKEMON NI ARME SUR ELLE, ET ELLE N'A MÊME PAS TENTEE DE ME MENACER UN SEUL INSTANT ! ELLE M'A CONFIEE LA DOUILLE RESPONSABLE DE SA BLESSURE POUR QUE JE L'APPORTE A LA LIGUE ALORS QU'ELLE N'A MÊME PAS CHERCHER A SAVOIR MON NOM OU QUI JE SUIS ! VOUS ALLEZ ME DIRE QUE PARCE QU'ELLE S'EST FAITE TIREE DESSUS C'EST QUE C'EST FORCEMENT UNE CRIMINELLE ?! QUE C'EST NORMAL POUR LES FLICS DE TIRER D'ABORD SUR LES GENS AVANT DE LES ARRÊTER, ET DE LES ACCUSER SANS LA MOINDRE PREUVE EN FALSIFIANT LA VERITE ?! ET LA, ELLE EST OU LA JUSTICE ?!»

De nouveau rengorgé par l'aspect de ses «aveux» qu'il cherchait à recueillir depuis le début, l'officier renchérit de nouveau dans le ton.

«VOUS AVOUEZ !» Hurla-t-il en la pointant d'un doigt outrageusement accusateur. «VOUS AVOUEZ QUE VOUS ÊTES DE MECHE AVEC ELLE ! VOUS NE POUVEZ NIER, NOUS EN AVONS LA PREUVE ! EN AYANT ACCEPTEE DE PRENDRE LA DOUILLE, VOUS ADMETTEZ ÊTRE COUPABLE DE COMPLICITE !»

«COUPABLE DE COMPLICITE ?! ET ELLE VIENT DE QUELLE ARME CETTE BALLE : D'UNE ARME DE LA POLICE ! COMMENT AURAIT-ELLE PU S'ÊTRE PRISE CETTE BALLE A VOILAROC SI ELLE SE TROUVAIT A FELI-CITE DANS LE MÊME TEMPS ?! ELLE PROUVE JUSTE QUE TOUT CE QU'ELLE M'A DIT EST VRAI ET QUE LA POLICE EST CORROMPUE JUSQU'A LA MOELLE ! SINON POURQUOI VOUS L'ACCUSERIEZ DE TOUT ALORS QUE VOUS SAVEZ QU'IL EST IMPOSSIBLE DE POUVOIR S'EN PRENDRE A L'AMBASSADE SANS TRAITRES A L'INTERIEUR ?!»


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Un instant d'arrêt s'effectua dans l'averse qui donna lieu à silence poignant dans la forêt, tandis que le légendaire restait de plus en plus interdit par les révélations que lui révélait l'humaine.

«A partir de là ils seront complètement piégés.» Affirma-t-elle platement. «Le fait est qu'il est impossible pour la police de confirmer qu'une seule personne peut avoir tenue en échec l'ensemble de leurs services mobilisés à Voilaroc cette nuit, en plus de reconnaitre pour le moindre d'entre eux que pas à un seul moment la présence de pokémon dressé à mes côtés fut relevée ; de même inversement qu'il est très facile d'imaginer le scénario que je puisse avoir reçu «l'appui tactique» des autres membres de mon organisation dans la forêt par les capacités de commandos dont j'ai fait preuve, via l'efficacité avec laquelle je suis passé outre tous leurs dispositif de traque ; et qu'ils s'y trouvaient et attendaient ma venue depuis le tout début. Enfin la douille est là pour renforcer la crédibilité de mon histoire au détriment de la leur qu'ils ont, par cet interrogatoire impulsif, descendus eux-mêmes flèche.»

¤Mais comment cette douille pourrait renforcer ta crédibilité au lieu de la descendre ?¤ La reprit-il sur la forme.

«A cause du modèle de la balle, associé uniquement à la police, mais qui vient de l'arme d'un des agents infiltrés de Rising Sun dans leurs rangs. La même arme qui doit partiellement avoir fondue dans l'incendie de l'entrepôt chimique ; donc la seule preuve matérielle pouvant «relativement» les décharger rendue irrécupérable. Hors en cherchant bien dans leurs bases de données, en associant les striures de la balle au profil du policier à l'arme associé, de même qu'à l'ADN qu'ils récupéreront rapidement des quatre corps incinérés, leurs analyses établiront qu'il s'agira bien du même homme qui n'opérait pas dans un endroit logique de son service en se trouvant sur un lieu où il ne devait pas être, sans qu'aucun des trois autres membres s'y trouvant avec lui n'en aient informés leur central. Par ce fait, j'utilise l'effet prévu et escompté par Rising Sun contre eux et la police dans la même manœuvre. Aucun flic intègre n'aurait dû connaitre et posséder les accès de cette usine associée au consortium, et s'y trouver alors qu'ils avaient reçus l'ordre d'être mobilisés en force pour la traque. Ce qui ne donne lieu qu'à une seule explication du point de vue des policiers et des civils s'ils rendaient ces informations publiques : c'était des flics corrompus. Donc par extension d'idée, avec l'impossibilité d'avoir réduite en cendre l'ambassade sans aide interne, surtout avec la trace volontairement laissée dans le hack impliquant un code de haute sécurité du consortium, pour la population ce sera la preuve que la police entière est corrompue…»

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… Mais le pire, comprit finalement Timothy Pelant, directeur du poste de Charbourg, était qu'en s'en étant pris aussi agressivement à l'innocente infirmière, alors qu'ils réalisaient trop tard qu'elle n'était qu'un leurre sur lequel ils s'étaient rués aveuglément dessus, du point de vue de l'infirmière il était désormais certains qu'elle ne considérait plus la police comme autre chose qu'un ramassis de flics corrompus – comme l'en avait déjà «informée» la fugitive - et s'empresserait de répéter tout ce qui s'était passé durant l'interrogatoire aux journalistes, donc au reste de la population. Hors n'ayant aucune réelle preuve concrète pour l'incriminer, vu que par les analyses la douille perdait totalement sa valeur pour se retourner au contraire contre eux, ils seraient forcés de la libérer. Seulement en la libérant les effets seraient catastrophique sur la crédibilité et l'intégrité de la police qui serait alors totalement remise en cause. Mais s'ils ne la libéraient pas en l'incriminant sur le motif de fausses accusations, ils prouveraient définitivement qu'ils étaient effectivement corrompus en choisissant volontairement le chemin de la damnation…

D'une seule manœuvre, le groupuscule terroriste qu'ils poursuivaient les avait totalement entravés ; les ayant manipulés comme de vulgaires marionnettes et eux s'étaient laissés complètement faire. Comble de l'horreur, admettre cet état de fait à la population, que l'organisation de défense de la paix en entier s'était fait dicté sa conduite par l'organisation terroriste, sans doute aussi responsable de la mort du précédent gouverneur Matis, serait encore plus terrible que s'ils reconnaissaient ouvertement être des toutous obéissant à la botte du consortium. Mais en faisant de la rétention de telles informations, ils acceptaient là aussi de jouer la carte de la corruption… De plus le sang retrouvé sur la douille s'était révélé être le même que celui relevé sur les lieux du second incendie à l'usine, permettant d'affirmer qu'il s'agissait bien de la même personne aperçue à Féli-cité ; bien que l'analyse de son sang menait à un résultat absent de leurs bases de données. Sans compter que dans le même temps, toute leurs scans satellites démontraient qu'elle ne pouvait pas avoir rejoint Féli-cité sans pokémon aussi rapidement et l'innocentaient ainsi sur le principe inévitable de la physique : il était impossible pour un être humain de couvrir une telle distance par n'importe quel autre moyen connu que pokémon aussi rapidement sans aide extérieure. Dont ils ignoraient totalement la nature. Ce faisant ils étaient obligés de l'accuser tout en ayant aucun «réel» moyen tangible et crédible devant normalement permettre de l'incriminer.

Mais ils leur restaient une échappatoire. Plutôt un pacte avec le diable pour éviter la catastrophe… C'était de mettre l'infirmière au silence en l'extradant pour l'enfermer dans un endroit sûr où elle n'aurait aucun moyen de communiquer avec l'extérieur pour ne pas révéler cette «vérité». Mais surtout pour ne pas qu'en apprenant cette «vérité» la population ne se mette à soutenir la «suspecte», qui apparaitrait pour eux comme «innocente», en freinant le plus possible les efforts de la police «corrompue»…

C'était là le plus cruel dilemme auquel il devait faire face dans toute sa carrière, et sa vie entière : renoncer à ses engagements et ses principes en accusant une innocente pour le bien général, ou la laisser partir et voir la police perdre définitivement toute autorité reconnue. Hors sans police pour maintenir l'ordre dans un climat de tension aussi instable, le chaos éclaterait forcément de partout et de façon sanglante, et le gouvernement serait obligé de faire voter la loi martiale en faisant appel à l'armée. D'ici là il y'aurait sans doute de nombreux morts…


«Lieutenant Corron.»

L'officier réagit à la voix grave de son supérieur en se tournant vers lui, d'un air hésitant.

«Monsieur ?»

«Contactez le QG de Féli-cité et préparez un convoi pour un transfert spécial au Roc. Classé secret défense.»


Un silence plus poignant que la prise d'un Kraboss refermée sur leurs intestins s'installa dans la pièce, tandis que chaque membre du personnel présent comprenait ce que signifiait une telle décision. Sans n'arriver toutefois à la réaliser.


«Monsieur… Vous êtes certains ? Si cela s'apprend…»

«C'est pour cela que je requiert l'emploi d'un convoi spécial, afin que cela opère dans la plus grande discrétion.» Lui renvoya-t-il fermement. «Toute trace d'enregistrement ou à l'écrit relatif à cet interrogatoire doivent aussi être effacée. Il ne faut pas prendre le risque que ces informations puissent être divulguées à la presse, au risque de voir des émeutes éclater de partout.»

«Mais…. Qu'est-ce qu'on doit leur dire ?» Lui demandait hésitant.

«Qu'ils doivent se tenir prêt à transférer une personne suspectée d'être impliquée dans l'affaire des attentats de Voilaroc, pour interrogation dans un cadre d'investigation touchant au secret défense.» Statua-il.

Puis, devant l'indécision prononcée de ses subordonnés, il se fit plus insistant.

«Il me semble vous avoir donné mes directives. Exécution.»


L'officier subalterne se résigna en sortant de la salle, tout comme ses autres collègues qui commençaient à effacer toute trace de la procédure dans leurs archives. Avant de se préparer à donner des raisons justificatives pour contenter la presse en faisant passer sous silence les évènements passés dans l'interrogatoire… La liberté d'une personne est un bien maigre sacrifice s'il permet d'éviter des émeutes sanglantes en maintenant l'ordre. Même si cela signifie qu'ils doivent pour se faire agir exactement à l'encontre de tous leurs propres principes. Bien qu'en reconnaissant ainsi amèrement qu'ils suivaient la ligne de conduite édictée par leurs véritables ennemis.

Sans savoir, ni ne pouvoir jamais envisager admettre que cela restait intégralement le fait d'une seule personne.


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Après un nouvel instant de flottement durant lequel le légendaire réalisait le plan caché derrière les manœuvres alambiquées de l'humaine, il intervint de nouveau dans l'exposé en relevant la contradiction la plus évidente qui se montrait dans ce raisonnement.


¤Mais si tu es certaine qu'ils la feront passer sous silence en l'enfermant, toute ta stratégie n'aura menée à rien si cela s'avérait effectivement le cas vu que la presse, et donc la population n'en apprendra rien.¤ Nota-t-il.

«Ce qui serait effectivement le cas si elle se trouvait être le pion principal. Mais en fait, elle sert juste de leurre pour le véritable messager qui fera valoir mon histoire dans les mœurs.»

¤Quel messager…¤ Il marqua un temps en réalisant la réponse. ¤Le livreur de poisson ?¤

«Correct.» Lui rendit-elle neutralement. «Pour l'être humain, une vérité s'accepte en se basant autant sur les faits que le minimum de personnes requises qui prêchent la même version des faits. C'est comme cela que les religions ou les légendes gagnent leur crédibilité et «lettres de noblesse» : plus un modèle de religion ou version d'une légende obtient l'acceptation de partisans proportionnellement à la masse de gens le composant et au statut qu'ils occupent respectivement dans la société, et plus facilement elle sera rapidement considérée comme une base existentielle fondamentale de l'identité du peuple appartenant à cette croyance ; appelée aussi «culture». Le folklore viking, les légendes scandinaves, les dieux égyptiens, le panthéons grecs ou romain, etc. Mais inversement, cette même base culturelle tient proportionnellement au nombre de personne croyant en cette version des faits. Ce qui est évident : aucune légende, mythe ou religion ne peut subsister sans personne pour y croire. Seulement cela ne s'arrête pas uniquement qu'à l'aspect religieux ou folklorique, mais aussi à l'autorité du pouvoir en place et du système institué.»

¤Ce qui doit me faire te demander : comment alors amener les forces de l'ordre au point de rupture aux yeux de la population avec l'aide d'un banal livreur de poisson.¤ Souligna-t-il sans humour.

«Très simple. L'être humain est par nature buté à ne voir les choses soit qu'en noir, soit qu'en blanc, mais jamais réfléchir à toutes les nuances de gris existantes de part le monde et l'histoire dans la réalité ; ce qui s'applique aussi bien à ce à quoi ils sont rattachés et veulent défendre envers et contre tout, que ce dont ils détestent et veulent se débarrasser absolument.» Reprit-elle mécaniquement. «Pour résumer la chose plus clairement, disons qu'une personne en détestant une autre sera plus encline – volontairement ou inconsciemment - à coopérer négativement à l'encontre de cette dernière que positivement ; même si cela pourrait causer sa propre perte à court ou long terme. Bien sûr cela s'applique aussi dans l'autre sens avec une personne adulée en lieu et place de celle détestée, auquel la première personne apportera tout le soutien nécessaire pour la défendre et protéger ses intérêts. Et ce même si la logique démontrait inconditionnellement qu'il faudrait normalement adopter la réaction contraire.»

¤Je vois où cela mène.¤ Reprenait-il en rejoignant de plus en plus son raisonnement. ¤Comme la population est exaspérée par le gouvernement qu'ils croient certains d'être manipulé par le Consortium, elle est alors plus encline à reconnaitre la version des faits de ton histoire que celle des policiers ; encore mieux dans le sens où la condition du nombre de personne préalablement requise joue alors dans ce cas en inversé. Les policiers sont nombreux, c'est donc facile pour eux de cacher la vérité avec le pouvoir et leur autorité conféré par le système.¤

«Mais le fin du fin, qui assoira automatiquement ma version des faits par rapport à celle des flics, est qu'ils n'ont strictement aucun moyen d'en fournir une de leur côté qui puisse apparaitre crédible d'une quelconque façon à la population. Tous les témoins civils m'ayant aperçue dans Voilaroc parleront d'une seule silhouette sombre prise en chasse par plusieurs voitures de police et d'une ninja. Et les autres dresseurs de la ligue et membres de la police ayant poursuivit la traque jusque dans les bois feront état d'un véritable fantôme expert en camouflage forestier qui les aurait à lui seul tenu en échec sans un seul pokémon. Comment pourrait-il admettre une vérité qu'eux-mêmes ne doivent toujours pas arriver à croire ? Et c'est justement là qu'ils feront en sorte d'assurer tous seuls ma couverture.»

¤Pardon ?¤ Fit-il authentiquement surprit.

«Outre la colère, Giratina, un autre sentiment, pour ne pas dire le sentiment au centre de ce plan, fait partie intégrante de tout le système comportemental humain. Dans sa complète intégralité. Il s'appelle l'orgueil ; plus précisément concernant cette histoire, la mauvaise foi.» Continuait-elle platement. «Pour résumer, la mauvaise foi est associée à l'hypocrisie dans le sens où c'est un acte de dissimulation et de tromperie conscient de la vérité, basée sur la volonté de conserver sa fierté et l'intégrité de son amour propre intact ; au fît complet des faits et de la réalité. Par exemple, imagine un jeune dresseur débutant prétentieux et arrogant se servant d'un Rattata contre un autre dresseur utilisant un Fantominus, et qui se fait rétamer à plate couture. Son premier réflexe serait d'accuser son adversaire d'avoir triché en n'ayant subit aucune des attaques de son Rattata, avant tout autre chose.»

¤C'est ridicule. Le rapport des types interdit toute altercation possible entre celui du Normal et celui du Spectre. Je le sais pour avoir moi-même mit cette condition en place.¤ Intervint-il platement.

«Mais ici on ne parle pas de réalisme, Giratina, mais d'orgueil.» Le corrigea-t-elle sur le même ton. «Bien évidemment que le Rattata n'avait strictement aucune chance contre un Fantominus, tandis que ce dernier n'aurait par exemple qu'à devoir lancer une «Malédiction» et attendre tranquillement que tout ce finisse sans même à avoir effectué le moindre autre geste. Mais ça le dresseur arrogant ne le sait pas, et ne voudra pas admettre avoir commit une erreur aussi stupide que tout le monde devrait connaitre et qui le ferait passer complètement pour un idiot s'il acceptait d'admettre qu'il avait perdu uniquement à cause de son incompétence. Sa fierté le lui interdisait. Aussi l'échappatoire, du moins «l'excuse apparente» est toute trouvée : il dira qu'il faudra mettre la victoire de son adversaire sur le compte de la chance, ou une autre esquive du genre pour ne pas admettre ses torts. Alors que tout lui serait plus bénéfique de les reconnaitre.»

¤Mais toi, tu n'accordes pas même cette chance aux policiers…¤ Souligna-t-il neutralement.

«Evidemment. Il n'y a pas pire ennemi que ceux qui acceptent de voir la réalité en face en admettant leurs erreurs, et qui gagne par la même l'occasion de pouvoir apprendre de ces erreurs et d'en sortir plus forts, plus expérimentés, et donc forcément plus dangereux qu'avant en comblant leurs anciennes lacunes et points faible. Cependant, grâce à l'irrationnel des émotions dictant la majorité des décisions humaines, ce genre de personne sont excessivement rares ; probablement autant que les shinys pour trouver une comparaison adaptée. J'agis alors de manière à ce que cette même possibilité n'arrive jamais en la réduisant systématiquement à néant avant même qu'elle puisse à peine prétendre à se présenter comme telle, pour ne même pouvoir qu'éventuellement s'interposer dans mes plans.»

¤Ne strictement rien laisser au hasard.¤ Convenait-il en approuvant.

«Et voici comment se déroulera l'effet du résultat escompté : en faisant disparaitre l'infirmière, alors que forcément des témoins de l'arène de Voilaroc affirmeront qu'elle a été emmenée au poste par ces derniers, leur seule option sera d'invoquer l'excuse magique du «Secret Défense», en devant toutefois être contraint de donner un minimum de justification à la presse ; ce qui se traduira forcément par prétendre qu'il s'agit d'une partisante terroriste disposant d'information relative à l'attenta, donc à «mon organisation», et qu'elle est doit être amenée devant les autorités plus compétentes qui l'interrogeront pour permettre de lever définitivement le voile sur toute cette affaire. Hors le livreur de poisson entendra forcément parler de ça dans les médias, et fera passer le contenu du message que je lui ai «involontairement» laissé comme «véritable» version des faits en le répandant la rumeur dans la population. Et quelle serait la preuve à l'appui de ce qu'il avancerait ? Tout simplement d'avouer le fait qu'il m'a prit en auto-stop à Féli-Cité en fournissant exactement la même image qu'il s'est faite de moi que l'infirmière ; donc une version des faits diamétralement différente de l'avis de recherche, et rejoignant celui d'une innocente infirmière séquestrée par la police qui l'incrimine sous le motif de fausses accusations.»

¤Mais il leur suffirait juste de le réduire au silence en l'incriminant sous les mêmes motifs que ceux de l'infirmière, en le faisant passer pour un activiste terroriste de ta fausse organisation.¤ Contra-t-il sur la forme.

«Mais quelle chance qu'à Floraville tout le monde connait tout le monde ; y comprit leur livreur de poisson attitré depuis plusieurs années, qui possède une image et une réputation d'intégrité plus qu'honorable. Et que tous les habitants de la ville fleur, la ville réputée la plus pure et innocente de Sinnoh, s'empresseront immédiatement de prendre la défense.» Renvoya-t-elle simplement.

Cette fois-ci le silence rendu en retour par le spectre Légendaire fut d'un tel poignant qu'elle en fut trompée l'espace d'un infime instant à envisager que la communication puisse s'être coupée.

¤Tu avais intégrée toutes ces variable depuis ce point, en si peu de temps ?¤

«Et ce n'est toujours pas la partie finale.» Assurait-elle de nouveau mécaniquement. «Mais peux-tu quand même m'observer depuis le monde Distorsion lorsque tu opères en phase de récupération d'énergie ?»

¤Toujours, par la partie de l'orbe nous reliant.¤ Affirmait-il.

«Alors tu as sans nul doute observé la destruction explosive de ma maison ; la demeure de la maitresse des baies de Sinnoh.» L'intimait-elle neutralement à répondre.

¤Oui. D'ailleurs n'essaieraient-ils pas justement d'inculper l'origine de cette explosion au chauffeur pour tenter de décrédibiliser ses arguments ?¤ Renvoyait-il sur le même ton.

«Sans nul doute. Vu que l'occasion se présente d'elle-même à eux et que, par manque de temps et d'opportunité, ce serait une véritable absurdité que de ne pas en profiter.» Convint-elle toujours neutralement. «Quel dommage cependant que toutes les analyses et éléments de l'enquête associées retraçant la nature et l'origine de l'explosion ne la révèleraient comme ne pouvant avoir été commise qu'à l'aide d'une déflagration dont l'origine et la puissance se devait d'être égale à celle de plusieurs centaines de kilos d'explosifs ; clairement pas ce que le pauvre Machoc du livreur de poisson ne pourrait jamais être capable à lui seul de faire, et encore moins une jeune femme isolée, blessée et en cavale dénuée de pokémon. Qui n'aurait de toute manière aucune raison de s'en prendre à une personne s'apparentant à une célèbre jardinière alors qu'elle est en fuite.»

Un nouveau silence éloquent se fit du côté du pokémon qui, pour une rarissime nouvelle fois dans toute son histoire, ressentait l'étonnement dans sa forme la plus aboutie.

¤Ainsi, tu avais réellement prévu…¤ Réalisait-il pensivement.

«Non.» Contra-t-elle platement. «J'ai envisagée les éventualités pouvant arriver, et ai simplement composée avec les possibilités s'offrant à moi en m'adaptant de facto à la situation avec des éléments déjà présent, et prévisibles depuis plus longtemps que ma rentrée dans l'ambassade. Rien de plus.»


Ce qui voulait dire qu'elle avait composée avec le «peu» qui s'était présenté à elle, et qu'elle avait réussie, en l'espace d'à peine quelques heures, à venir à la conclusion d'une telle extension en continu et parallèle de la partie de ses plans ultérieurement déjà mise en place ? Aussi facilement ; comme si cela ne représentait pour elle qu'une simple logique de base évidente ? Même pour lui, alors qu'il était sans nul doute possible le mieux placé pour reconnaitre et affirmer que l'humaine était étrangère à l'orgueil et qu'elle lui disait effectivement la vérité, l'impossibilité des contradictions – non, l'extraordinaire convergence des conditions rassemblées et les parfaites coïncidences qui en découlaient lui faisait apparaitre la scène comme purement irréaliste.

Elle avait transformée purement et simplement toutes ses altercations négatives en opportunité positive : La douille des faux agents de police responsable de sa blessure avait été retournée contre la police. Le sur-déploiement de leurs effectifs mobilisés à sa traque comme justement témoins de son innocence ne pouvant pas l'inculper comme seule responsable des évènements de Voilaroc. La réputation d'inviolabilité de forteresse de l'ambassade se retournait aussi contre les gardes la protégeant, avec le hack et les soupçons sur la sécurité lors de la mort du précédent gouverneur renforçant la version de trahison en interne. Le massacre pur et simple de ceux s'étant lancés à sa poursuite dans la forêt sans s'être servie d'un seul pokémon, pour ensuite changer radicalement d'approche avec les deux humains servant de pions en se montrant parfaitement vulnérable et attentionnée avec eux. Puis l'explosion de sa propre demeure en invraisemblable prévision frisant la divination qu'elle puisse servir justement d'argument défensif à son «récent» pion, tout en affaiblissant encore d'avantage celui de ses adversaires… La police serait accusée. Par extension le Consortium serait accusé. Par association avec un groupuscule terroriste, mais pas dénommé de façon précise, les teams seraient «fortement» suspectées. Et enfin, de part leur présence dans la ville roc et leur participation dans l'emprisonnement de l'infirmière qui était venu justement leur apporter la «preuve» révélant la corruption de la police, en se basant justement initialement sur l'idée que les dresseurs ne devaient pas être corrompue, même la Ligue serait accusée…

C'était impossible qu'elle puisse avoir prévue les choses aussi loin, ou même composer avec ce qu'elle avait sous la main pour obtenir un résultat aussi incroyable. Aucun être humain, voire même pokémon ne pourrait arriver à manipuler aussi facilement l'esprit et les émotions pour arriver à une telle conclusion ; surtout pas un être justement dénué d'émotion. Et pourtant ce même être se trouvait devant lui. Un être qu'il savait pourtant avoir tout fait de son côté pour acquérir sa particularité en sachant qu'elle lui serait utile… Mais en se rendant compte qu'il n'avait vu jusque là qu'une infirme partie de son réel potentiel.


«Et cela n'est toujours pas la conclusion.»


Devant pareille affirmation, le spectre fit de nouveau un silence d'attention sans même chercher à la questionner de nouveau. A ce stade, il ne pouvait plus être étonné par ce qu'elle allait lui révéler. Quand bien même cela devrait lui apparaitre absurde.

Sauf qu'elle n'enchaina pas de nouveau à l'oral comme il s'y était préparé. Mais seulement à la place alla chercher de sa main quelque chose enroulé dans un petit sachet de plastique, qu'elle sortit de sa poche pour l'amener bien en visuel dans sa paume, sous la pluie. Puis de faire sortir le petit objet du sachet, de dérouler le bandage confectionné de baie Palma l'entourant, pour révéler une sorte de fine et petite sculpture de bois ouvragé, et disposant d'une petite accroche à l'une de ses extrémités dont l'usage était prévu pour être poinçonner et pendu au lobe d'oreille. La moitié d'une paire de boucle d'oreille unique au monde…


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Sinnoh. Floraville. Décombres de l'ancienne maison de la maitresse des baies.

Jeudi 27 Mai. 17 heures 40 minutes.



Nuages. Montagnes. Collines. Forêts. Elle ne prêtait pas la moindre attention aux reflets composant le paysage autour d'elle, l'esprit trop préoccupé à se concentrer sur son escale, et qui défilait de toute façon trop rapidement au travers de ses lunettes d'aviation pour ne lui apparaitre autrement que comme l'image d'un flou continu ; son Togétic battant des records de vitesse chez son espèce pour leur permettre d'arriver le plus vite possible à bon port.

La monotonie du décor accompagnant jusque là leur vol cessa finalement, lorsqu'au loin commença à leur apparaitre les infinies variétés de fleur colorées tapissant presque à perte de vue les vastes plaines de la ville fleur. L'objectif qu'ils s'étaient fixés de rejoindre avant la tombée de la nuit depuis Bonville, dès que l'écho des terribles nouvelles s'y passant leur parvinrent.

Sans n'arrêter de décélérer pour autant. Son Togétic maintint sa vitesse pour les conduire jusqu'au lieu précis à l'origine de leur venue. Et qui lui apparaissait comme devoir être le même que celui d'un point entre les arbres, à l'écart de la ville, d'où s'échappait mollement de fines volutes de fumée opaque retraçant la présence récente mais pratiquement maitrisée d'un incendie.

Lorsqu'à l'approche du lieu le pokémon ralentissait sa vitesse, dans l'intention de se poser, une boule se noua dans sa gorge à la vue du spectacle ultérieurement caché de loin par les feuillages, qui se présentait désormais à elle : la maison de la maitresse des baies, le véritable petit bijou d'architecture et de refuge rural qui faisait la fierté discrète de la ville, réduite à l'état de cendres fumantes. Au point qu'il était impossible, par comparaison avec l'image qu'elle gardait de la demeure en tête, de penser qu'il ne puisse jamais s'y être trouvé à cet emplacement sans doute autre chose qu'une large cabane.

Autour de ces «restes» (aucun autre terme lui parvenait à l'esprit pour décrire le tas de bois consumé présent devant elle), la jeune femme sur le Togétic voyait s'y trouver depuis ses modestes hauteurs quelques véhicules aux couleurs des pompiers, dont plus d'une dizaine de ces derniers, accompagnés de plusieurs pokémons Eau, continuer de quadriller et d'arroser la zone pour éviter tout risque de nouveau départ de feu. Ainsi qu'une autre personne présente à l'écart de ces derniers. Mais qui paraissait comme plus basse au niveau du sol par rapport à eux…

En se rapprochant d'avantage, elle reconnut finalement la silhouette de dos de la championne de Vestigion, de part son accoutrement inchangé, et celle de son Dracaufeu présent hors de sa ball à ses côtés (à qui il avait été cependant intimé de se tenir à l'écart à cause du danger que représentait la flamme de sa queue). Mais lorsque que le Togétic se posa au plus proche d'elle et que sa dresseuse ne descende pour la rejoindre, elle resta un instant hésitante en réalisant que la dresseuse ranger était effondrée à genoux sur le sol, dans une parodie de pantin à qui on aurait coupé les fils reliant les bras et les jambes. Puis parvint finalement à concentrer suffisamment ses esprits pour lui permettre de continuer là où elle s'était arrêtée, et rejoindre enfin la championne plante.

Lorsque le Dracaufeu de cette dernière parvint finalement aussi de son côté à reconnaitre la jeune femme accompagnant le Togétic (qu'il n'avait lui pas reconnut en ne trouvant pas sur son visage le traditionnel sourire niais qui s'y situait pourtant toujours dans ses souvenirs), il lui rendit la même expression attristée qui se trouvait sur son propre visage. Mais qui reflétait à peine celui affligé de sa dresseuse à quelques mètres de lui (qu'il n'osait pas approcher dans son état actuel). Malgré cela, ou plutôt à cause de cela, la jeune femme du Togétic se rapprocha de celle effondrée sur place pour lui placer une main voulue réconfortante sur l'épaule, afin de lui faire réaliser sa présence. Mais de sentir comme un intense pincement au cœur lorsque la championne, au caractère impétueux et à la réputation presque sauvage, tourna la tête pour lui rendre l'image d'une personne affligée et moralement brisée. De laquelle se reflétait dans ses yeux emplis de larmes la douleur de quelque chose de précieux qui lui avait été arraché devant elle.

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Cette dernière conservait toujours suffisamment ses esprits pour maintenir un niveau de conversation intelligible. Mais c'était d'une voix aussi vacillante que lui apparaissait désormais son image de dresseuse d'élite brisée, pâle reflet de son état habituel en funeste contraste avec celui des ruines fumantes à proximité, qu'elle s'adressait à l'ancienne maitresse de l'île.


«… Pourquoi elle… ?»


L'ancienne maitresse n'avait aucune réponse à lui donner ; elle-même n'arrivant pas à croire ce qu'elle voyait. Devant l'image des ruines fumantes, elle sentit la boule qui lui tenaillait la gorge se muer en une horrible sensation de remords qui lui comprimait la poitrine. Elle qui, croyant que la demoiselle des baies ne risquait rien, tout simplement parce qu'elle ne voyait aucune raison pour laquelle sa vie pourrait être menacée, l'avait délaissée à peine quelques jours plus tôt pour s'en aller mener ses petites fouilles en répondant à l'appel de sa passion. Ces mêmes ruines qui étaient à leur place depuis des milliers d'années, et qui n'auraient pas plus bougées si elle s'était décidée à venir une semaine plus tard. Alors que si elle avait retardée son voyage elle aurait été encore présente avec la maitresse des baies, et aurait pu faire quelque chose pour empêcher cela.

Mais ce n'était pas ce qui importait pour la dresseuse qui se tenait effondrée à ses côtés. Pour elle, avec la mort de la gouvernante annoncée en simultanée sur toutes les chaines, la coïncidence lugubre qui se déroulait sous ses yeux ne lui laissait entrevoir que le pire. Le genre de «pire» pour lequel elle supplierait de ne jamais à voir à faire face. Que ce soit en rêve ou cauchemar. Mais qui se réalisait sous ses yeux, desquels coulaient abondamment ses larmes.

Voir l'expression brisée de la championne, qui se révélait n'être qu'une simple humaine comme les autres, l'attristait d'avantage à vouloir chercher un moyen de la rassurer, tout en sachant pertinemment qu'elle n'en avait aucun en tête pour la faire sortir de cet état affligé. Quand bien, ou mal, elle essaya, même si elle se montrait maladroite.


«… Flo… Peut-être qu'elle se trouvait ailleurs, pour ses cueillettes…»

Le relent de sanglots que lui rendit la dresseuse lui soulignait tristement l'idée du contraire.

«… Elle n'a laissée aucun message…*sob*… Et personne ne l'a vue en ville depuis avant-hier… Pas même sa famille…*sob*…»

«… Mais ça ne veut pas dire qu'elle se trouvait à l'intérieur…» Fit-elle désespérément pour la rassurer.

«… Pas un seul appel, même pas manqué… Alors qu'elle m'avait promise ne plus sortir sans son pokématos…*sob*… Même pas un seul message… Un seul mot…»

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L'autre dresseuse commençait à son tour à vaciller devant la seule conclusion qui semblait devoir en être tirée, et qui, à défaut de l'atteindre au même point que la championne, ne l'en touchait pas moins durement. Mais parvint à conserver son équilibre et rester sur ses jambes malgré tout. Contrairement à la championne ; qui fut parcourut d'un nouveau sursaut de sanglots en reniflant difficilement, le nez bouché à force de pleurer.

Tandis que ses larmes continuaient de couler. La jeune femme lui tendit un mouchoir en papier, qu'après un temps de réaction à comprendre qu'il lui était adressé elle accepta d'une main hésitante, et se vider de ce qui lui obstruait les voies nasales. Elle ne lui fallut néanmoins peu de temps avant de recommencer à renifler, par ses sanglots qui ne semblaient pas pouvoir être arrêtés. Ce malgré la présence de la jeune femme qui la réconfortait en lui massant lentement la main derrière son dos, et celle de son pokémon qui s'était rapproché pour se mettre à côté d'elle malgré l'injonction des pompiers.

Puis, sans prévenir, l'attitude de la championne se mit à virer du tout au tout. D'abord continuant à sangloter, elle commença à renifler l'air de façon plus prononcée. Et bientôt les larmes et les sanglots cessèrent alors qu'elle humait encore d'avantage, comme percevant à son odorat – désormais dégagé – les effluves d'une senteur imperceptible aux nez de la jeune femme, comme aux pokémons (qui ne pouvait distinguer autre chose que l'odeur du bois brûlé.) Puis se redressa tel un ressort sur ses jambes pour commencer à courir vers la forêt de l'autre côté des ruines calcinées ; de manière si soudaine qu'ils en furent laissés sur place sans même n'avoir eut le temps d'appeler la championne par son nom.

Ils se lancèrent automatiquement à sa poursuite dans les bois ; mais qui s'eut finie rapidement lorsqu'elle et les deux pokémons volants rejoignirent la championne qui s'était de nouveau agenouillées par terre au milieu des bois. Quelque chose seulement visible d'elle semblant avoir été ramassé entre ses mains… Qui, une fois qu'ils arrivèrent à sa hauteur, virent entre ses mains tenir une sorte de petite sculpture en bois ouvragé à peine plus grosse que le bout de son doigt ; avec une accroche de boucle d'oreille tordue à son sommet.

Avant même que l'ancienne maitresse ne lui demande de quoi il s'agissait, celle-ci reprit d'une forme plus rassérénée.


«C'est l'une de ses boucles d'oreille. Mon cadeau d'anniversaire pour fêter sa première année ensemble… Elles sont uniques au monde.»

L'autre dresseuse et les pokémons sentirent comme un poids se libérer tandis qu'ils comprenaient que si l'une d'entre elle se trouvait ici, presque au milieu de nulle part dans la forêt. Alors…

«C'à veut dire qu'elle est toujours en vie…» Conclut-elle d'un air soulagé.


Mais bientôt son air soulagé, tout comme celui de la championne disparurent en concluant que cela voulait aussi dire que quelqu'un l'avait enlevé, et la retenait quelque part contre son gré. Peut-être même qu'ils étaient déjà hors de Sinnoh… Mais ils avaient fait l'erreur de s'en être pris à la mauvaise personne.


«Rising Sun…» Reprit-elle gravement, ses sanglots de chagrin se muant en larme d'une haine inconcevable.
«Je la retrouverais. Elle et les bâtards qui ont osés s'en prendre à elle… Peu importe où ils se cachent ou combien ils sont. Même s'ils étaient des milliers… Si jamais ils ont touchés un seul de ses cheveux, je les massacrerais jusqu'au dernier…»


Jamais encore l'autre dresseuse, ni les deux pokémons volant – surtout celui de feu –, n'avait vu la championne sylvestre éprouver une rancœur aussi prononcée. Il semblait d'ailleurs certains que si elle tenait en main autre chose que le petit morceau de bois précieux à ses yeux, elle l'aurait réduit en morceau à mains nues.

Elle fut cependant interrompue dans le ruminement de ses ressentiments lorsque l'autre jeune femme prit malgré cela de poser une main sur son épaule pour attirer son attention ; envers laquelle la championne commença à perdre du pourpre de son visage en reconnaissant l'expression sur celui de l'ancienne maitresse. Le même genre d'expression calme et d'une froideur méthodique, effilée comme le fil d'un scalpel, que l'ancienne reine de l'île arborait lorsqu'elle s'engageait sérieusement dans un combat ; l'exacte expression à laquelle chacun de ses potentiels adversaires, qu'ils soient dresseurs ou non, ne doit affronter et espérer sans sortir vivant et en un seul morceau après.


«On la retrouvera.» Corrigea cette dernière d'un ton qui ne laissait place à aucune objection.


La championne ne répondit pas. Et se contenta seulement de se relever lorsque main posée sur son épaule se proposa de l'y aider en la saisissant, pour se tenir de nouveau sur ses deux jambes. L'autre main refermée fermement sur le petit objet, résolue à ne plus s'accorder un seul instant de relâche avant d'avoir retrouvée sa propriétaire. Strictement rien ni personne ne l'empêcherait de la retrouver. Et elle irait jusqu'au bout du monde s'il le fallait. Même si cela devait signifier qu'elle doive rendre son titre pour mener la traque jusqu'aux autres îles…

Peu importait la raison pour laquelle les teams s'en étaient prises à elle. Elles s'étaient attaquées à la personne à laquelle elle tenait le plus sur terre, et elle ne leur pardonnerait jamais.


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Un énième silence s'empara des alentours alors que, simultanément, le son de la pluie et celui du vent s'éteignait comme possédant sa volonté propre réagissant aux révélations de la tueuse, et qui était alors rendus aussi interdit que ne se le trouvait l'autre être de légende de l'autre côté du voile de ce monde.


«Pour la population, toutes les institutions affiliées à la sécurité seront coupables. Police, Armée, agence de sécurité privée et même Ligue Pokémon. Pour ces derniers tous les efforts seront désormais tournés à l'encontre de Rising Sun, par la double coïncidence de l'ambassade et de la ville-fleur, ainsi que par les informations officielles sur les effectifs infiltrés de ces derniers dans la police les désignant automatiquement coupable aux yeux de la Ligue. Enfin, de part le fait que Rising Sun s'était déjà fait éjecter de Sinnoh, et qu'il n'y avait plus aucune trace suffisamment notable de ces derniers sur l'île pour qu'ils soient à l'origine des attentas de Voilaroc, ces derniers gagnent là l'occasion parfaite de pouvoir faire passer leur «message d'espoir» dans la population en faisant passer leur propagande sur le Consortium le relatant comme réel responsable de la mort de la gouvernante, en utilisant carrément des commandos militaires et des traitres en interne pour prendre d'assaut la forteresse ; la preuve étant le fait qu'aucun autre scénario plausible viendrait infirmer cette théorie. Ce qui est aussi au passage exactement ce que la population voudrait entendre comme message, et voir apparaitre comme «nouvelle» organisation rebelle ; vu que la prise d'otage dans les marais était à mettre sur le compte des anciennes teams avec leurs anciens uniformes, comme l'avait prévu la Cour de Lupercal. Ce qui donne en résultat final que la police va désespérément devoir se battre contre la population ET contre Rising Sun, tandis que ces derniers devront affronter la police ET la ligue, mais avec le soutien de la population contre laquelle la Ligue se devra de rester neutre. Détournant ainsi totalement l'attention de nos actions pour me permettre de mener à bien ton contrat.»


Le légendaire en restait interdit. Malgré avoir vu au travers de l'histoire des espèces naitre, se développer, évoluer, puis mourir tellement de fois qu'il lui semblait toujours voir la même scène. De même qu'avoir vu défiler des époques entières de la réalité comme chaque grain de sable piégé dans le sablier infini du temps. Jamais encore il n'avait vu se produire un tel impact dans la réalité, des effets d'un simple être vivant. Alors qu'ils n'en étaient qu'au tout début de leur partenariat, et qu'elle n'avait même pas encore commencée à s'attaquer aux réelles conditions les liants par le pacte…

C'était vrai. Elle avait réussie littéralement à mettre en position d'extrême précarité pratiquement tous ceux de ses semblables voulant se lancer à sa traque. Elle les forçait à «jouer» selon ses règles, ses méthodes, selon ses décisions et ses choix, tout en restreignant au maximum leur marge de manœuvre de leur côté ; en restant pour autant toujours invisible. Elle était impitoyable. Ne laissait passer aucune chance, ni même courir le moindre risque. Elle n'avait strictement aucune retenue à manipuler, massacrer, corrompre et éliminer n'importe qui ou quoi lui ferait obstacle ; qu'il s'agisse aussi bien de ses ennemis que de ses «amis». Elle opérait avec une froide et implacable efficacité, même face à l'imprévu, et finissait toujours par atteindre son but : Elle venait. Elle voyait. Elle tuait.

La mort a un nom : elle s'appelle la Faucheuse.



[Fin de l'arc Cynthia Luna.]