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Smirnoff : Renaissance de Domino



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Informations

» Auteur : Domino - Voir le profil
» Créé le 29/07/2011 à 20:49
» Dernière mise à jour le 31/08/2011 à 04:26

» Mots-clés :   Hoenn   Johto   Présence de personnages du jeu vidéo   Romance   Slice of life

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049b - Ethylotest 4 - Se payer la fiole
« Un jour d'obscurité où la lumière ne filtre qu'à peine, tu seras soumise à deux choix dans ta petite pièce. Fierté ou Traitrise sont les deux seules options que tu trouveras jusqu'à ce que les Dieux de la Mort viennent te rendre visite. »
(Prédiction de Pakunoda dans Hunter X Hunter Volume 12)



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- J'ai un hôpital si grand que vous pourriez y avoir dix équipes sous votre commandement !
- Comment se fait-il que vous n'ayez pas postulé chez nous ?!
- Monsieur Smirnoff, j'ai un poste de chef de service à vous proposer !!

Denis, Rachel et Lily observaient David, assailli par les propositions de job.

- Eh bah…
- Dire que pendant une période, il ramait pour avoir ne serait-ce qu'un poste d'infirmier, non mais je rêve… soupira Rachel.
- J'ai l'impression d'être en couple avec une mégastar… Je me sens tout petit ! soupira Denis.
- Ne t'en fais pas je suis sûr que David saura faire la part des choses… marmonna Lily.

David quitta ses soupirants et rejoignit Denis avec des tas de paperasses.

- Sors moi de cet enfer !!
- Tu croules sous les propositions…
- Oui mais ces gens sont débiles, ils m'ont juste vu me battre, j'veux dire…

Rachel et Lily observaient le petit couple. Denis regarda les propositions.

- … Tu pourrais gagner de l'argent, poursuivre une belle carrière…
- Pas comme ça ! Je veux pas… je veux pas devenir un monstre à la tête d'un empire…
- L'hydre de Lerne te remercie… marmonna Lily.
- Tu vois ce que je veux dire… Et surtout pas en aussi peu de temps !

Denis grimaça.

- Mais, euh… ton avenir ?
- Mon avenir c'est toi !

Lily roula des yeux vers le ciel.

- David, c'est très flatteur mais ma valeur foncière est très légère !
- Qu'est-ce que tu veux dire ?
- Je veux dire que… Bah qu'en plus d'un salaire de libraire, un salaire de grand médecin dans un hôpital, ça mettrait du beurre dans nos épinards !

David plissa les yeux.

- Et… pourquoi toi, tu n'essaies pas d'avoir ta propre librairie ?!
- C'est plus difficile pour moi…
- Sous-entendu, désolé chéri, je ne suis pas né avec une cuiller en argent dans la bouche !

Rachel regarda Lily, surprise.

- Ca y est, maintenant je vois la ressemblance avec ton frère !
- Désolé chérie, je ne mange pas de ce pain-là ! Vois avec ma cousine !
- Ce serait pas la même chose, c'est tellement plus sympa entre filles inexpérimentées…

Denis et David regardèrent Rachel et Lily qui s'éclipsèrent en ricanant.

- … Elles sont folles ! soupira David.
- Euh… Enfin ce que je veux dire, David… N'hypothèque pas ton avenir pour moi !
- Comment ça pour toi ?
- Je vois ce que c'est, tu as peur que je jalouse ta carrière alors tu vas revoir tes ambitions à la baisse…
- Mes ambitions sont très basses, Denis !

Denis regarda David.

- Tu me le jures ?
- Oui… On manque d'argent ?
- Non, non, non ! Mais… Un peu plus, ça serait sympa… au cas où !

David plissa les yeux.

- Tu anticipes sur Perrine, toi !
- … un peu. Je sais que je fais des plans sur la comète mais…
- Disons qu'au moins, l'un de nous deux a pensé à cet aspect des choses…

Denis acquiesça, gêné.

- Euh… mais… ça reste ta fille et ton affaire personnelle, loin de moi l'idée de m'immiscer ou de prendre dans cette histoire un rôle qui n'est pas le mien…
- Disons que d'un certain côté ça m'arrangerait que tu prennes un petit rôle…

Denis plissa les yeux.

- … s'il te plait ?!
- Je serais là, maintenant… c'est à toi de voir.

David acquiesça.

- On retourne vers les autres ?
- Ouais. J'ai été obligé d'expliquer tes surnoms aux autres !
- Roland s'est foutu de ma gueule pour Azalée ?
- Bingo.
- Pfff…
- David Smirnoff ?

Denis et David se tournèrent vers Rachid.

- Oh… Monsieur Rachid !
- L'appelle pas monsieur ! grommela Denis.
- Je tenais à vous féliciter pour votre combat et à m'excuser pour l'organisation sécuritaire déplorable…
- Ce n'est rien, j'ai récupéré mon Pokémon – en partie grâce à vous et je vous en remercie d'ailleurs…
- Disons que le fait que vous ayez préservé les écrans géants de votre fougue m'a… comment dire, encouragé à vous porter secours !

Denis hocha significativement la tête.

- Les écrans, hein…
- Tout à fait !
- Mouais… sourit le libraire.
- En attendant, je voulais également savoir… Cette femme, la connaissez-vous ?
- Eloïse Sylvermann, oui…
- Les interrogatoires ont lieu en ce moment mais je voulais savoir si elle vous avait parlé sur le terrain d'un complice avec un hélicoptère.

David pencha la tête sur le côté.

- Non…
- Un jeune homme aux cheveux rouges particulièrement sûr de lui… avec un Zoroark…

David grimaça.

- Euuuuuh non elle ne m'en a pas parlé !
- Oh… Je vois… C'était uniquement pour savoir, nous avons un petit problème en ce moment… Bref, je ne vous embête pas plus avec ça. Permettez que je vous invite à déjeuner tout à l'heure ?

David rougit. Denis soupira.

- Désolé, on a déjà des projets avec la famille, tout ça…
- Oh, euh, je voulais dire vous deux, évidemment, et avec mes frères ! Une invitation en bonne et due forme à déjeuner à la table du personnel dirigeant !

David regarda Denis qui haussa les épaules.

- Euh… D'accord !
- Excellent ! Je vous attendrais devant le Duchesse, c'est le restaurant dans un paquebot au milieu d'un lac ! Ne me demandez pas comment le paquebot est arrivé au milieu du lac ! Héhéhé ! A tout à l'heure !
- Oui…

Rachid s'éloigna. Denis hocha la tête.

- Tu as un ticket !
- Tu cr… Non ! Non absolument pas, c'est… purement amical !
- David, je t'en prie ! Quand je suis amical je fais un sourire ou une tape sur l'épaule, mais j'invite personne à manger ! Surtout à bord d'un restaurant-paquebot !
- Tu viens avec moi, hein ! Déjà que je sens que je vais faire tapisserie…
- Bien sûr que je viens avec toi ! Te laisser seul avec trois hôteliers sexy, hors de question !
- Oh…
- Mais… Dis-moi, ce type au Zoroark, ce serait pas…

Denis fit mine de feuilleter un calepin.

- L'ex-mari de ta belle-sœur ?
- Si…
- David, c'est du parjure !
- Bah oui mais… Ça reste quelqu'un qui a fait partie de la famille à un moment donné, je ne peux pas… le dénoncer comme ça, c'est pas un ennemi non plus, enfin pour le moment… enfin je pense pas…
- Ta naïveté est soit séduisante, soit déconcertante…
- Denis, je suis pas mon père ou mon frère, s'il y a quelque chose qui m'amène à une embrouille, je préfère autant l'éviter !

Denis acquiesça.

- J'espère qu'ils auront des plats sympas…
- Je croise les doigts pour des makis au thon ! geignit David, envieux.

Kyle arrivait, mené par Perrine.

- Tu vois, il se casse ! Tu le féliciteras plus tard !
- Mais non maintenant !
- Perrine, ne répond pas, ok ?
- Oui papa…
- Viens on y retourne, je rate plein de rencards sympas moi !

Linda et Roland attendaient, seuls dans les gradins. Roland avait Ethan à ses côtés, somnolent.

- Alors, comment ça va, la vie de famille ?

Roland haussa les épaules.

- Bien, bien… Passé le fait d'avoir un enfant, le reste s'est imbriqué tout seul…
- Toi qui est un esprit si libre, j'avais déjà eu du mal à croire que tu allais te marier, mais alors avoir un enfant…
- En plus j'ai été devancé par Lily… enfin par David puis par Lily… Je suis une erreur de la nature !
- Oh non, je trouve que tu es devenu un jeune homme très bien !
- Mamaaaaan, tu me gênes… Papa prend sur lui, hein ?
- Je crois que ton père fait sa crise de la soixantaine…
- Ca me rappelle « Papa fait sa crise de la cinquantaine »… J'espère que la saison 2 sera riche en rebondissements !
- Roland, tu vois ce que je veux dire, il… Il est nostalgique.
- La vie de papa a été très bien remplie, il n'y a rien dont il doive se plaindre…
- Ah mais c'est de vous voir, jeunes, sans soucis…
- On a des soucis ! Vous n'avez jamais eu affaire à notre voisinage !
- En même temps ton père et moi avons toujours été un peu reclus et exclusifs à nos amis… Vous avez choisi un style de vie différent, c'est tout.

Roland acquiesça.

- M'man…
- Oui, mon poussin ?
- C'est normal que Rachel m'énerve parfois ? J'veux dire, elle veut tout le temps qu'on sociabilise, qu'on soit corrects en société…
- Ah mais Roland, c'est ça, la vie !
- Elle veut toujours qu'on ait une vie normale… Déjà, bonjour le concept concret, mais en plus… merde, j'veux pas qu'on ait une vie normale, moi !
- Roland, ça ne peut pas non plus être l'Agence Tous Risques tous les jours !
- Mais j'ai besoin d'action, moi ! Ca fait quatre ans que j'ai l'impression de m'encroûter ! J'en suis venu à faire des combats clandestins sous les conseils de Max Perry !
- Peut-être que tu devrais arrêter d'être professeur pendant un temps et par exemple… je ne sais pas, moi, tenter de participer à une ligue Pokémon pour satisfaire tes envies d'action !
- Avec le gamin sous le bras ? J'peux pas abandonner ma famille comme ça !

Linda acquiesça.

- Sage décision.
« Et je me sens un peu piégé aussi… »

Roland regarda sa mère. « Nan. Inutile de l'inquiéter. »

« Wesh, Wesh, mesdames et messieurs, reprenez place, ça va reprendre, yo !!

Dans la loge, Armando était supervisé par un type aux grands cheveux rouges.

- Tu n'as pas changé, toujours aussi rustre…

Armando se retourna vers Goyah.

- V… Vous ?! Ah putain, sérieux, combien de fois on vous a dit de pas vous adresser à moi mais à mes frères, vous savez, ceux qui sont sérieux et qui risquent pas de vous balancer une saloperie un mot sur deux !
- Je sais, je sais, pardon. Rachid m'a parlé de cette embrouille à l'héliport et de l'incident qui vient d'avoir lieu…
- Ah ouais, grosse embrouille, pis Rachid qui est reparti dans un délire avec ses écrans géants…
- Hm. Dis-moi, tu penses que ça peut avoir un lien avec la Team Plasma ?

Armando plissa les yeux et s'assombrit.

- Eh, déconnez pas avec certains sujets…
- Quoi qu'il en soit, vous devriez installer les micros près du terrain. Ce afin de détecter toute conversation suspecte…
- On les a déjà mis mais on n'a pas le droit d'écouter les conversations, c'est la cellule d'enquête qui s'en charge. Vous le savez, nan ?
- Hm. Seulement, les plus à même de réagir, c'est vous, non ?

Armando plissa les yeux.

- Ca n'est pas pour rien que vous êtes les meilleurs champions d'Unys.

Armando baissa la tête.

- Je vous donne donc mon feu vert, si jamais vous deviez intervenir, je vous laisse libres de le faire de quelque manière que ce soit !
- …
- Tu transmettras à tes frères.
- Bah ouais bien sûr.
- Hm. Le gouvernement Unovite surveille de près.
- J'me doute sinon vous seriez pas venu me faire votre laïus.
- Bonne journée.
- Ouais.

Dans le stade, chacun reprenait sa place.

- « Solidarité médicale » ?
- Oui !

Max plissa les yeux.

- C'est la seule justification que je te donnerais. Et puis je suis une femme indépendante, mariés ne veut pas dire que je doive suivre ta doctrine de non-intervention !

Max leva les yeux au ciel.

Pendant ce temps-là, Yann et Dimitri avaient une discussion.

- Que tu te sentes coupable, Ok, mais maintenant qu'il sait tout… Les choses sont claires !
- Hm.
- Quoi qu'il en soit, si avec Rose les choses deviennent craignos…

Yann croisa les bras et les décroisa.

- Rompt immédiatement ! Cette fille ne vaut pas la peine que tu te prennes la tête !
- Ok…
- Je sens que ce que je te dis entre par une oreille et ressort par une autre…
- Désolé, j'suis pas vraiment concentré… J'suis trop… embrouillé.
- Mouais. Dimitri, je sens que la fin de l'année va être très difficile pour toi… On fait toujours chambre à part ?
- Oui, Rose veut que je la rejoigne.
- Oh.
- Et puis on n'a pas fait la paix, tu t'es pas excusé.

Dimitri partit devant. Yann resta là, tout con. « Merde, l'a pas tort, le petiot… »

- Tu ne l'as pas vu ?!!

Claire secoua la tête. Charlie sembla inquiet.

- Mais où peut-il bien être ? C'est pas comme si il avait quelque chose à faire sans moi !
- Peut-être qu'il s'est enfui ! sourit Claire.

Charlie la regarda, stupéfait alors que Malcolm frappa l'épaule de son épouse.

- Tu n'en sais rien, primo, et deuxio, n'émets pas des suppositions pareilles aussi légèrement. Il doit avoir un truc à faire sans t'en avoir parlé, c'est normal !
- … Peut-être qu'il s'est vraiment barré… souffla Charlie.
- Il avait une bonne raison de le faire ? demanda Claire, narquoise.
- T'es en mode garce ou quoi ? s'étonna Malcolm.
- Papa…

Malcolm se tourna vers Alexander qui se tenait l'entrejambe.

- Attends, Alex, ta mère joue les garces, on ira vider ta vessie après !
- Mac, emmène le petit aux toilettes, voyons !
- … Je vois, on veut jouer les garces en liberté… Bon… Viens mon grand, laissons ta mère et tes sœurs jouer les garces… Mais je le dirais à Roland !

Claire regarda Charlie qui semblait tétanisé.

- Tu sais, Charlie, la meilleure chose que tu puisses faire, c'est tout me dire !

Charlie regarda Claire, inquiet.

- J… Je sais pas où mon mari peut être et toi tu joues avec mes nerfs ?
- Exactement. Je ne sais pas non plus où il est mais je suis d'autant plus intéressé par les raisons qui ont pu le pousser à faire ce qu'il a peut-être fait.

Charlie se mordilla les lèvres.

***

- Café Mocha, ton préféré !

Léopold posa le gobelet sur la table basse. Charlie le regarda, un peu absent. Léopold regarda son mari.

- Je suis là si tu as besoin, hein.

Charlie hocha la tête.

- Je sais que c'est jamais facile... surtout avec toi, d'ailleurs, hein…

Charlie hocha piteusement la tête.

- Tu veux que j'allume la télé, que je te mette un peu de musique classique ?

Charlie secoua la tête et se recroquevilla sur le canapé. Léopold restait là, serviable.

- Un petit câlin peut-être ?

Charlie grommela. Léopold acquiesça rapidement.

- Je voulais juste te faire sourire !
- C'est raté, répondit froidement Charlie.
- … Je vais aller dans la chambre, faire un peu de rangement…
- Fais donc, ça me fera des vacances.

Léopold partit dans la chambre, quelque peu embarrassé.

***

- Les haricots sont bons ? Je les trouvais un peu trop fermes…
- Ca va.

Léopold supportait la froideur de Charlie avec force patience. Il faut dire qu'avec toutes les sautes d'humeur de son compagnon, il était rodé.

- Yann rentre dans deux semaines, son examen est proche, j'espère que ça va aller pour lui.
- Hm.
- … J'espère qu'il va bien encaisser la nouvelle…

Charlie soupira.

- Il s'en fout, il l'a vu quoi, cinq fois… au pire il va m'adresser un putain de regard de chien battu et me faire des condoléances en carton… Puis la petite étreinte avec la tape sur le dos du genre « ça va aller, ça va aller »…
- Charlie, tout de même, c'est notre fils…
- Notre fils… Mon Dieu, Léo, mais tu t'entends parler ?!

Léopold regarda Charlie, étonné.

- Mais enfin Charlie…
- Tais-toi, juste… tais-toi, Léopold, ok ? J'en ai… marre que tu essaies de faire la conversation ! Tes parents sont en vie, bénis le ciel que ce soit le cas, et fous-moi la paix.

Léopold hocha la tête et replongea dans son assiette.

***

Le soir venu, Léopold vit Charlie entrer dans leur lit.

- Bonne nuit…
- Hm.

Léopold éteignit sa lampe, tournant le dos à Charlie qui lui tournait le dos. Le blond poussa un léger soupir.

***

- Tu vas travailler ?

Charlie secoua la tête.

- Oh. Je ne sais pas trop ce que je vais faire aujourd'hui, personnellement… On va se faire un musée ?
- Non, ça ira.
- On pourrait…

Charlie fronça les sourcils, noir comme le café.

- On pourrait je sais pas moi, inviter Claire et Malcolm !
- Je pense que Claire et Malcolm ont autre chose à faire que de venir goûter ta cuisine.

Léopold dissipa rapidement le ton caustique de la remarque.

- Ok, alors on peut aussi… Tiens et si on se refaisait une série ? Friends par exemple ? Bon, c'est pas drôle, mais de temps en temps…

Charlie se leva, excédé.

- EST-CE QUE TU POURRAIS FERMER TA PUTAIN DE GUEULE ?

Léopold resta figé et silencieux. Du moins, cinq minutes.

- Charlie, je sais que tu traverses des moments extrêmement difficiles, j'essaie juste de… d'être un peu conciliant et de te sortir de ta morosité…
- LAISSE-MOI DANS MA PUTAIN DE MOROSITE ET ARRETE D'ETRE UN PUTAIN DE LECHE-CUL !

Léopold acquiesça.

- Ok, ok, désolé. Je… vais… faire les poussières dans la chambre de Yann.
- Et par pitié ARRETE DE PARLER A TOUT BOUT DE CHAMP !!!

Léopold pressa le pas vers la chambre de Yann où il resta trois heures. Oh, il finit bien les poussières en une demi-heure, mais il resta deux heures et demi, apeuré, à regarder la télévision dans la chambre du petit, apeuré à l'idée de retrouver Charlie.

***

Le soir venu, fallait bien faire la popote. Léopold revint dans le salon. Charlie était sur le canapé à regarder un porno de leur collection. Il hocha la tête. « Ambiance… » d'autant que de nombreuses canettes de bière étaient présentes sur la table basse.

- Tu… veux manger quelque chose de précis ?

Léopold plissa les yeux, c'était surréaliste, il regardait vers la télévision, avec Charlie assis, la main dans le pantalon, en train de regarder deux acteurs en plein 69.

- Nan.
- Ok… euh, tu veux manger tout court ?
- Nan ça ira.

Léopold se fit, pour la première fois en vingt ans de vie commune, un sandwich.

***

- Il faut qu'on parle…

Léopold avait l'art de choisir son moment, la libido de Charlie était à son max, et celui-ci était en pleine action entre les jambes d'un Léopold qui faisait bon gré mal gré.

- Euh… Je pense que tu devrais… je sais pas, aller voir tes sœurs…

Charlie ne répondait pas, laissant sa respiration haletante combler les silences. Léopold grimaçait sous les assauts de Charlie.

- Je… Hmph… Je veux dire… Tu es malheureux, je le vois bien, je le sens bien, même, mais… Je sens aussi… Aow, Charlie, tu me fais mal !

Charlie se courba au-dessus de Léopold qui le regarda droit dans les yeux.

- C'est-à-dire que… Je sais que ce tu tenais vraiment à lui, et sa mort n'a pas été…

Charlie obstrua la bouche de Léopold avec sa main et donna de grands coups de hanche. Si Léopold avait pu parler, il aurait crié. Charlie fit mine de ne pas sentir les larmes sur le visage de son compagnon.

***

Le soir même, Léopold ne trouvait pas le sommeil. Il alla prendre une douche après cette nuit quelque peu violente. « Dire qu'à une période j'aimais qu'on soit comme ça avec moi… »

Il se regarda dans le miroir. « Tu penses que tu peux supporter tout ça, Finsbury ? Tu penses vraiment ? »

Léopold se regarda. Il se souvint du camp militaire. De la violence, du sang… Il ferma les yeux et craqua complètement. Il se réveilla le lendemain dans cette même baignoire où il avait cuvé son chagrin.

***

Il se leva, un peu patraque, et rejoignit le salon où Charlie était déjà, en peignoir et en train de boire. Léopold tomba des nues.

- D… Dès le matin ?!

Charlie le regarda.

- Oh, commence pas…
- C… Charlie, je peux comprendre que tu sois très affecté, mais quand même, sois un peu raisonnable, et…
- J'ai dit : Commence pas ! Ok ?

Léopold allait hocher la tête mais il réalisa soudainement que ce n'était pas la solution.

- N… Si, je vais commencer ! Lève tes fesses et viens m'aider à préparer le petit déjeuner !

Charlie soupira.

- Tu me demandes jamais ça… Trouve autre chose.
- Charlie…
- Oh, pardon, excuse-moi d'être une telle loque !
- Le coup de la victime ça marche pas, Charlie ! Ca fait plus d'un mois !
- ET ALORS ? TU CROIS QUE CA S'EFFACE COMME CA, POUF ?
- Mais essaie au moins de… je sais pas, moi, de réagir !

Charlie posa la bouteille et se leva pour faire face à Léopold qui plissa les yeux.

- Euh… Tu veux des œufs, du bacon ? Du thé ou du café ? Parce que je sais que tu aimes les deux, mais… geignit Léopold.

Charlie colla une gifle à Léopold. Mais une bonne. Une taloche de grande qualité. Léopold en tomba presque à la renverse, son dos se heurtant à l'arête de la porte.

- Ourf !
- … L… Léo…
- Ca va, ça va…
- M… Merde, Léo, je…
- Non, ça va…

Léopold se releva difficilement sous les yeux d'un Charlie, affolé par son propre geste. Plus affolant encore, Léopold se releva comme si de rien n'était.

- Je vais faire le petit déjeuner et… te laisser tranquille.
- Léo je suis désolé, vraiment !
- Je sais que tu l'es, tu… tu en as gros sur le cœur, je comprends.

Charlie restait obnubilé par le bleu sur la joue de son compagnon, qu'il se frictionna, légèrement endolori. Et Charlie de voir Léopold qui faisait comme si de rien n'était.

- Tu veux… un lait au miel avec tes tartines ? Je sais que tu adores ça, le lait au miel…

Le brun changea radicalement de comportement, trop peiné par sa réaction idiote. Il se jura surtout de ne plus jamais le refaire. Et de même, il veilla à ce que Léopold ait chaque soir des rapports sexuels tendres. Léopold savait qu'il faisait ça pour se racheter, mais il ne pouvait qu'apprécier la lente mais sensible résurrection de Charlie après le deuil de son père.


***

Charlie regarda Claire et soupira.

- Ok, ok, tu veux tout savoir ? Oui je l'ai frappé ! Une fois, je lui ai collé une gifle parce que je ruminais la mort de mon père comme un con, et lui il était là, tout serviable et tout gentil, et moi ça me faisait chier, ok ? Ça me faisait chier de le voir me tourner autour sans arrêt comme un crétin à vouloir me servir je ne sais quoi ou à vouloir me réconforter de je ne sais quel tourment à la con ! Alors j'en ai eu marre et je lui ai collé une taloche ! Pour la regretter aussi vite et tout faire pour qu'il ne m'en veuille pas, mais NON ! Même pas ! Il… Il agissait comme si de rien n'était… parce que… voilà, c'est Léopold, il préfère nier que les choses existent plutôt que les voir en face ! Je… je me sens tellement nul à côté de lui qui est si… pragmatique, si entier, si conciliant…

Claire acquiesça. Charlie soupira.

- De ton côté, Claire, tu me débectes !
- Pardon ?!

Nell regarda sa mère, étonnée (Oui elle était là tout ce temps et elle a tout entendu)

- Ouais, parce que te voilà en train de te mêler de ce qui ne te regarde pas, en pensant faire la bonne amie, mais tu sais quoi ? Dans une situation comme la nôtre à moi et à Léopold, le mieux que tu puisses faire, c'est de ne pas t'en mêler, de rester à l'écart et de nous laisser régler ça entre nous, c'est une affaire de couple, pas une histoire pour que MADAME ne satisfasse son besoin de potins !
- C… Ça n'était pas du tout ça ! J'étais juste inquiète…
- Non, si tu étais vraiment inquiète, tu aurais parlé à Léopold d'abord et pas à moi !
- Léopold n'a rien voulu me dire !
- C'EST QU'IL N'Y AVAIT RIEN A DIRE ET CERTAINEMENT PAS A TOI ! C'est un problème privé, je me bats avec ça, je fais en sorte que Léopold… que Léopold cesse de prendre sur lui, j'essaie de lui en parler mais il CONTINUE à nier le fait que j'ai eu et que j'ai encore parfois des réactions violentes à son égard… C'est pas qu'il m'énerve c'est juste que des fois, il intervient au mauvais moment, il en fait trop, ça devient forcément insupportable au bout d'un moment…

Claire acquiesça.

- Claire, avec tout le respect que je te dois, je t'aime bien, mais là, franchement, laisse-nous régler ça tous les deux. Ne t'en mêle pas !

Claire hocha la tête.

- D'accord Charlie, mais si tu le frappes encore une fois devant moi pour je ne sais quelle raison idiote guidée par ton égoïsme ou ta faiblesse morale…

Charlie haussa les sourcils.

- … je te tue, on est bien d'accord ?

Claire s'éloigna. Charlie soupira. « Avec tout ça, je ne sais toujours pas où est Léopold ! »

- Oh, Nathalie !

L'historienne regarda Adam et Jennifer.

- Tiens ! Le couple de l'année ! Vous êtes venus me féliciter pour ma défaite humiliante ?
- C'était le projet ! sourit Jennifer.
- Mais en cours de route on s'est rappelé que tu avais des ongles et que tu griffais ! ricana Adam.
- Le destin aurait-il un humour particulier ? s'étonna Daniel.

Adam, Jennifer, Nathalie, Daniel et Clarissa se regardèrent. Louis, Nora et Gerald semblaient surpris. George se cacha derrière sa mère.

- Moi, au moins, j'ai daigné bouger mon cul pour aller me battre, pas comme certaines !

Clarissa plissa les yeux.

- Je me consacre à ma famille, moi !
- J'ai une famille aussi, ma grande, c'est pas pour autant que j'ai fait tapisserie !
- C'est gentil pour ton mari qui a décidé inexplicablement de rester assis sur son siège… soupira Gus.
- C'est pas pareil, toi, tu sais bien !
- J'aimerais t'entendre argumenter là-dessus…
- Nathalie, de toute façon la participation n'est pas obligatoire, et encore heureux ! Adam, Jennifer, vous n'êtes pas encore passés dites-moi ! sourit Clarissa.
- Non, en effet…
- Le plus tard sera le mieux… souffla Jennifer.
- Avec monsieur Smirnoff encore en lice, on a du souci à se faire ! sourit Daniel.
- Pire que ça, j'aimerais de préférence ne pas avoir affaire à toi ! grommela Adam.
- On a peur ?
- OUI !

Louis regarda son père, surpris.

- Je suis un simple professeur et toi tu es… un terrible architecte !!
- Je peux construire des murs de briques et toi seulement des murs de savoir… C'est moi le meilleur !
- Mon Dieu encore cette rivalité qui date de Mathusalem… soupira Jennifer.
- C'est ça les garçons que veux-tu… souffla Clarissa.
- Heureusement que tu n'es pas comme ça ! grommela Nathalie.
- Je n'ai rien dit, ne me crie pas dessus ! soupira Gus.

Richard passa et regarda tout le monde, étonné.

- Qu'est-ce que vous faites là ? Ça va reprendre !

Les autres le regardèrent passer, surpris. Une fois qu'il les eut dépassés, il cria.

- Oh, au fait, bonjour !

« Mesdames et messieurs, nous revoici pour la seconde partie de cette matinée après cette courte pause… »
- … durant laquelle une femme et six Pokémon ont été euthanasiés pour le bien de l'humanité !

Linda regarda Roland, blasée. Roland haussa les épaules.

- Désolé, c'est plus fort que moi !

Tout le monde revenait. Vince, Travis et Alice portaient des sacs de crackers au fromage.

- Où avez-vous trouvé ça ?!! s'étonna Lily.
- Derrière une boutique ! sourit Travis.

Roland écarquilla les yeux.

- Mon DIEU ! On a des voleurs dans la famille !
- Oh, tu sais…

Etienne revint aux côtés de Linda, suivi par Estelle.

- Ma thèse en faculté portait sur le vol !
- Je sais, je l'ai apprise par cœur quand j'avais douze ans… soupira Roland.
- Ah… oui… Hm…
- La plus belle année de ma vie. J'étais devenu à moitié fou, et au lieu de dire « Passe-moi le sel », je disais « Quand l'occasion se présente, le voleur doit saisir l'instant et dérober adroitement sa cible, de sorte à s'en faire le nouveau possesseur. »
- C'était l'intro ! sourit Etienne.

Estelle leva les yeux au ciel. David et Denis arrivèrent.

- Votre attention, vous tous ! Devinez quel couple fringant est invité à déjeuner avec Rachid, Armando et Noa à bord du restaurant « Le Duchesse » ?

Roland haussa les sourcils.

- Non ?!
- Si !
- Ca fait seulement six mois et vous faites déjà ça à cinq dans le lit ?!!

Estelle éclata de rire. Denis baissa la tête, accablé. David soupira.

- Apparemment, cette histoire avec Eloïse va m'apporter des ennuis… soupira David.
- Ah c'est à cause de ça ? s'étonna Travis.
- Bah en gros c'est pour en discuter…
- Un interrogatoire clandestin ? La vache, ils savent donc faire autre chose que ressembler à des femmelettes… marmonna Finn.

David s'assied.

- Ca ne me réjouit plus tant que ça d'aller déjeuner avec eux…
- Pense à la super bonne bouffe ! s'enjoua Denis.
- Ca fait pas tout !
- Mais ça va être trop bien !!

Roland soupira.

- Eh bah y'en a au moins deux qui s'amusent. Où est Rachel ?
- Elle aide Charlie à retrouver Léopold.

Claire, Malcolm, Judith et les enfants arrivaient.

- Ah, pour une fois que moi-même j'ignore où est Léopold… souffla Claire.
- Voilà qui est ballot… souffla Roland.
- Ne l'encourage pas, elle est dans un sacré délire des familles, là… soupira Malcolm.

Norbert et Lionel arrivèrent à leur tour avec des milkshakes.

- On a fait des folies ! soupira Norbert.
- J'vois ça, un milkshake, quelle audace ! marmonna Etienne.

Rachel et Charlie revinrent, suivis par Yann et Dimitri.

- Bon, bah on a perdu Léopold ! soupira Rachel.
- Ne prends pas ça à la légère ! Je sais pas où il est et ça me met les nerfs en pelote ! soupira Charlie.
- Tant que tu as les nerfs en pelote, profites-en pour te tricoter une nouvelle vision de ta relation !

Charlie balança un regard laser rouge à Claire qui esquiva d'un grand bond en salto arrière.
Enfin, non, mais tout comme.

- Claire, qu'est-ce que je t'ai dit !! grommela Charlie.
- Quelque chose, et moi je t'ai dit autre chose ! souffla Claire.
- COMBAT DE POUFFES !

Double regard de la mort qui tue vers Roland qui soupira.

- Léopold, lui, au moins, il riait à mes blagues. Avant sa mort tragique !
- QUOI ?
- Mais non j'déconne !

Norbert grommela.

- Vous pourriez arrêter de supputer que mon fils adoré est mort ?
- Et toi tu pourrais arrêter d'utiliser le terme « Supputer » ? Y'a des enfants ici ! souffla Lionel.
- C'est habilement placé et dans un contexte tout à fait sain !
- Tu viens de dire Con et Sein, grand-père ! sourit Yann.
- Toi, écoute de la musique comme tous les jeunes de ton âge !

Le stade était quasiment rempli quand la loge fit entendre sa voix.

« Sont appelés sur le terrain : Alice Smirnoff… »
- Juste quand j'étais bien installée !
- C'est pas de bol maman ! D'autant qu'il reste plein de gens super forts ! sourit Vince.
- Oh tu connais ta mère, elle est dégourdie, fiston !
« sera opposée à… Sheldon Masters ! »

Dimitri plissa les yeux. Yann regarda Alice.

- Z'allez morfler, il est balaise !

Rachel regarda Alice et secoua la tête. La hippie de la jungle acquiesça et dévala les escaliers.

- ALLEZ HOP ON FINIT CA EN VITESSE HISTOIRE QUE JE RETROUVE MON SIEGE !
- … Maman a toujours été aussi folle ?
- D'autant que je me souvienne, elle m'a épousé donc forcément elle l'est un peu ! admit Travis.

Sheldon descendit également les marches vers le stade. Alice arriva rapidement sur le terrain, mais elle était épuisée.

- Rhan la vache ! J'aurais dû y aller mollo, j'ai plus vingt ans !

Sheldon arrivait lentement mais sûrement. Un peu déprimé, le Sheldon. Yann soupira. « Faudra que j'essaie d'aller lui parler… »

***

– Et c'est pour ça que les biscuits Oréo ont été créés. Pour être décomposés et fusionnés entre eux. Et c'est là tout le vice que constitue leur consommation. On se retrouve rapidement avec des biscuits non-fourrés… et pas forcément très bons !

Rose sourit. Sheldon également.

- Ça fait plaisir de te voir sourire, tu as tout le temps l'air triste.
- Oui je suis un peu comme ça… Un peu tout le temps triste !
- Tu portes bien ton nom en tout cas, tu es comme une petite fleur, jolie, mais fragile !
- Flatteur ! Hihihi !

Sheldon sourit. Rose le regarda alors qu'ils étaient en pause pendant leur voyage itinérant.

- Dis, Sheldon…
- Quoi ?
- … Ça te dit qu'on sorte ensemble ?

Sheldon s'étonna.

- Quoi ? Mais, euh… Je… Enfin j'étais juste ton ami, je voulais pas forcément qu'on en arrive là…
- Je t'aime bien, et je vois en toi des tas de choses qui me plaisent beaucoup !

Sheldon rougit, embarrassé.

- Baaaaaaaaaaah… bah… Baaah…
- Ne sois pas ridicule. Ah vous les garçons, ce que vous pouvez vous encombrer de choses inutiles !

Sheldon plissa les yeux.

- Y'en a eu d'autres ?
- Oui, un. Ça n'a pas duré très longtemps parce qu'on a déménagé avant que ça puisse… aller plus loin. Et puis surtout j'étais trop jeune !
- … Bizarrement, j'ai moins l'impression d'avoir une fille fragile en face de moi…

Rose s'étonna.

- Et… Quelle image tu as de moi, là, au juste ?
- … l'image de quelqu'un d'assez… superficiel ou pervers, je sais pas trop…

Rose s'offusqua.

- Un peu comme si tu étais en train de jouer, tu vois.

Rose grimaça.

- … salaud !

Elle se leva et partit. Sheldon aurait pu, et aurait dû même la laisser dans son coin.
Manque de bol, ses parents l'avaient bien éduqué.

- A… Attends, Rose, excuse-moi, c'est pas ce que je voulais dire !!


***

« Si j'avais su, ce jour-là, je l'aurais laissée dans sa merde et je lui aurais même dit de crever, ça aurait évité des emmerdes à des tas d'autres mecs ! »

Sheldon montait les marches vers le terrain.

« Je pense que je devrais vite arrêter de penser à cette fille… »

A ce moment précis, ce qu'on aurait pu croire être un Sheldon déprimé était en réalité un Sheldon au faîte de ses possibilités. Hormis à l'âge adulte, il est fort improbable qu'il atteigne un jour le niveau dont il était le détenteur actuellement. Non pas que ses Pokémon étaient plus forts, mais sa détermination était portée à son paroxysme, de telle sorte qu'Alice, malgré son expérience, allait avoir fort à faire.

Sheldon arriva sur le terrain. Alice le salua poliment. Sheldon agita la tête poliment.

« Messieurs dames, choisissez le mode de combat ! »

Alice haussa les épaules. « Je n'ai que trois Pokémon, le choix est vite fait… »
Sheldon plissa les yeux. « Le moins de Pokémon on utilisera, plus j'aurais de chances de gagner. »

Yann pencha la tête.

- Sheldon a l'air différent…
- Ah ?
- Dimitri, ça va, pas la peine de faire ton timide, il est à des dizaines de mètres de toi, tu peux réagir normalement…
- Oh, euh… Je m'en fiche…

Yann soupira et se saisit de son téléphone. Il envoya un SMS à Amy. « Un de mes potes sur le terrain ! »

« Ce sera un 3 vs 3 alors ! »

- C'est très étonnant qu'Alice n'ait capturé aucun Pokémon depuis que tu lui as offert Bulbizarre ! s'étonna Linda.

Travis haussa les épaules.

- Elle a jamais été très captureuse !
- Oui je vois ça…

Alice hocha la tête.

- Bonne chance, jeune homme.
- Vous aussi.
- A toi de jouer, Calvin !!
- Karaclée, à toi !

Cadoizo faisait face au karatéka. Alice s'étonna de voir un tel Pokémon. « Un de ceux d'Unys… Je n'ai vraiment pas l'habitude avec ceux-là… »

- Karaclée, Gonflette !

Le Pokémon agita les bras et sembla se muscler. Alice hocha la tête.

- Calvin, Aeropique !

Le Pokémon chargea Karaclée qui reçut le coup assez correctement.

- RIPOSTE !

Karaclée frappa Cadoizo en retour. Le Pokémon fut littéralement projeté en arrière.

- Et hop, Cacadoizo ! sourit Roland.
- Roland, bon sang… soupira Rachel.
- Je sais, je t'énerve en long en large et en travers !
- Si ça n'était pas le Pokémon de ta tante, j'aurais rigolé, mais là en l'occurrence…

Alice ne se laissa pas démonter.

- Repos !

Cadoizo s'endormit immédiatement. Sheldon plissa les yeux.

- Je vois… Balayette !!

Karaclée fonça droit sur Cadoizo.

- Bla-Bla Dodo !!

Cadoizo s'agita et utilisa l'attaque SouffleGlacé. Karaclée recula, touché. Le Pokémon enchaîna sur un Aeropique. Sheldon plissa les yeux.

- REVIENS !

Karaclée revint dans sa Pokéball.

- A toi, Zéblitz !!

Le zèbre noir et blanc apparut.

- Nitrocharge !!!

Entouré de flammes, le zèbre noir chargea Cadoizo et le heurta de plein fouet. Le Pokémon en profita pour se réveiller.

- Cadoizo, Retour !

Le Pokémon Livraison sauta sur Zéblitz et lui donna un coup de boule hautement puissant. Zéblitz résista tant bien que mal et électrocuta le pingouin. Alice s'étonna.

- Allez, Eclair Fou !!

La foudre tomba sur Zéblitz, venue d'on ne sait où, et le Pokémon put asséner un coup fatal à Cadoizo. Travis haussa les sourcils.

- Ce garçon n'a pas à rougir de sa technique ni même de sa force !
- Alice n'est pas si forte en même temps… marmonna Etienne.
- Eh ! Elle est très forte, seulement je pense qu'elle mésestime son adversaire ! grommela Travis.

Alice rappela Cadoizo qui était évidemment KO. Sheldon sourit.

- Au suivant.
- Certes. Little !!

Florizarre apparut. Zéblitz gratta le sol avec un sabot.

- On y va, Nitrocharge !!!

Zéblitz chargea Florizarre. Le Pokémon Plante ricana.

- Fouet Lianes !

Florizarre repoussa Zéblitz en toute simplicité.

- Hmph ?!
- Florizarre a beaucoup d'expérience et de combats derrière lui… Ne le sous-estime pas ! Danse Fleurs !!

L'attaque accula Zéblitz qui recula. Sheldon fronça les sourcils.

- Reviens !

Sheldon fit revenir Zéblitz. Il regarda Florizarre.

- Bon… Pashmilla !!

Le Pokémon chinchilla à la douce fourrure blanche apparut. Charlie soupira.

- Le Pokémon préféré de Léo… Hoooooon…
- Mais il est où, papa, sérieux ? s'étonna Yann.
- Je ne sais pas, je l'ai perdu de vue un instant et il n'était plus là ! Et si jamais c'est son tour ? Je fais quoi, moi ?
- Tu utilises tes super pouvoirs de champion d'arène pour convaincre les trois gusses là-haut de retarder son match ! sourit Yann.
- Ca marche pas comme ça, fiston…

Sheldon agita le bras.

- Pashmilla, attaque Plumo-Queue !

La fourrure de Pashmilla s'agita et le Pokémon fouetta le visage de Florizarre.

- Je vois, jolie attaque ! Danse Fleurs, encore !

L'attaque entoura Florizarre pour le protéger. Plus fort encore, la tempête de pétales emporta Pashmilla et le souleva dans les airs.

- Pashmilla !!
- On sent bien que ton Pokémon a évolué il y a peu… Il bouge avec difficulté.
- Hmph… Boule Roc !!

Pashmilla créa des rochers qui partirent vers Florizarre. Le Pokémon les brisa avec Fouet Lianes.

- C'est pas vrai ! Reviens !!

Sheldon rappela Pashmilla. Yann plissa les yeux.

- Maintenant tous ses Pokémon sont affaiblis…
- En effet, c'est une mauvaise posture… souffla Roland.
- Karaclée !!

Le karatéka bleu revint sur le terrain.

- Little, Fouet Lianes !

Le Pokémon plante projeta sa liane sur Karaclée. La liane ligota l'un des bras du Pokémon Combat.

- Mauvais calcul !

Karaclée attira Florizarre à lui en faisant preuve d'une force extraordinaire. Alice haussa les sourcils, surprise.

- Direct Toxik !

Karaclée frappa Florizarre du bout des doigts d'une foule de coups répétés et puissants.

- Florizarre, débloque-toi avec plus de lianes !!

Florizarre tenta de frapper Karaclée avec des lianes supplémentaires mais le Pokémon Combat coupa les lianes avec son Direct Toxik, exécuté avec sa main libre.

- Quelle dextérité ! Quelle force ! s'étonna Alice.
- Close Combat !!

L'attaque fut plus directe, plus énergique. Florizarre fut repoussé, très affaibli.

- Finissons-en avec Exploforce !!

Karaclée créa une petite sphère bleue au bout de ses doigts. Il l'envoya, la faisant suivre la liane, et elle explosa au visage de Florizarre qui n'en supporta pas plus.

- Little…
- Et voilà ! Ouf…
- Que de difficultés, hein !
- Ouais… ouais, mais au moins j'ai l'avantage.
- Je vois ça. ROUGE !

Le Pyroli d'Alice apparut. Sheldon le sentait bien.

- Allez, Balayette !!

Karaclée sauta à côté de Pyroli et chercha à lui décocher un coup de pied dans les jambes.

- Rouge, Ebullilave !!

Pyroli s'entoura d'une sphère de flammes. Karaclée fut violemment repoussé.

- On continue avec Façade !!

Pyroli chargea Karaclée et l'écrasa au sol dans un puissant coup de patte. Sheldon regarda son Pokémon, KO, complètement assommé.

- Zut… Reviens…
- On approche de la fin… Rouge est très bien éduquée, c'est un Pokémon très puissant…
- Hmph… Zéblitz ! Eclair Fou !!

Le Pokémon électrique chargea Pyroli à toute vitesse. Le Pokémon s'emmitoufla dans sa queue. Travis sourit.

- Ca va chier !
- La fameuse technique de maman !

Zéblitz passa à travers Pyroli. Sheldon s'étonna.

- Q… QUOI ? Mais…

Roland plissa les yeux.

- Intéressant… Une variation de Canicule…
- Elle crée des mirages avec l'aide de la chaleur. L'air chaud soulevé trouble son côté du terrain.
- Malin… admit Roland.

Sheldon était complètement paumé, il ne voyait plus Pyroli.

- Rouge…

Pyroli sortit sous Zéblitz et lui asséna un coup de Tunnel bien placé dans le ventre. Le Pokémon semblait avoir du mal à marcher après ça.

- Zéblitz !!
- Lance Flammes !

Pyroli acheva le zèbre. Sheldon regarda son deuxième Pokémon consécutif abattu.

- Zut…
- Plus dure sera la suite !
- … Pashmilla !!

Le Pokémon Normal apparut. Roland croisa les bras.

- Issue incertaine…
- Même à moi ça paraît plutôt clair que Sheldon va se faire éclater… marmonna David.

Alice acquiesça.

- Flammèche !!

Pyroli balança une volée de mini-boules de feu.

- Balle Graine !!

Pashmilla roula sa fourrure blanche en cigarettes et tira des graines comme d'une mitraillette. L'attaque stoppa les flammèches.

- Les graines sont plus solides et rapides que de simples flammounettes. C'est évident que Sheldon a bien joué son coup… quant à savoir si sa stratégie est viable sur le long terme…
- PLUMO-QUEUE !!

Pashmilla fit claquer le fouet vers Pyroli.

- Danse Flammes !

Pyroli cracha un tourbillon de feu qui frappa violemment Pashmilla, entouré par la spirale de flammes, fut repoussé.

- Boule Roc !!

Pashmilla se rétablit sur ses pattes et balança des pierres sur Pyroli. Le Pokémon s'en prit quelques-unes avant de charger vers Pashmilla.

- Tu t'es bien battu mais c'est fini : Giga Impact !!

Sheldon écarquilla les yeux. Travis leva les yeux au ciel.

- Alice et son côté expansif !
- Maman n'a jamais su finir un combat avec modestie et simplicité…
- Ta mère en profite, pour une fois qu'elle a l'air forte !

Pashmilla était évidemment KO. Sheldon baissa la tête.

« Eh bien on dirait que l'âge et la différence d'expérience ont eu raison de l'issue de ce match ! Victoire d'Alice Smirnoff ! »

Ethel plissa les yeux.

- Rien d'étonnant…
- Tu penses que tous les membres de la famille héritent forcément d'une force spectaculaire ?!
- Ca semble être le code en vigueur, non ?

Alice salua son adversaire.

- Félicitations, jeune homme, continuez ainsi, vous deviendrez très fort !
- Merci…

Ils repartirent chacun de leur côté. Yann plissa les yeux.

- Dommage pour Sheldon…
- Il n'était pas prêt, du moins je doute qu'il l'ait été... Je pense que c'est ma faute s'il a perdu…

Yann regarda Dimitri qui se prenait la tête. « Vaut mieux pas le déranger, il est irrécupérable, là… »

« On enchaîne, parce qu'on manque de temps… »
- Nannanananananan !! geignit Charlie.
« Ce sera donc Ethel Perry… »
- Ma belle-sœur ! s'écria Claire.
- Sa belle-sœur !! geignit Roland.
« Contre Estelle Ludges ! »
- MAZELTOV PUTAIN ! Ca fait des lustres que j'attends, moi, merde ! AAAAAAAAH ! Ca va me faire du bien de me dégourdir les pattes !

Ethel laissa son tricot sur son siège.

- Tu fais gaffe que personne ne vienne me l'écraser ou me le chourer !
- Oui, madame.

Estelle se déplaça jusqu'aux marches. Elle croisa Alice.

- Bonne chance !
- J'vais l'éclateeeeeeer !!!

Etienne haussa les sourcils

- Elle a ses chances ?
- David a pu battre Ethel alors je pense que tante Estelle a toutes ses chances. Ça se jouera à la chance, je suppose.
- Ta tante est forte mais elle n'est pas non plus exceptionnellement forte…
- Ethel a fait partie de l'Ennéagramme, je suppose qu'elle est forte… marmonna Roland.

David regarda vers la loge. Il y avait une sorte de latence étrange. Il se leva.

- J'ai… quelque chose à faire ! Je reviens !

David se leva et se dirigea vers les couloirs. Denis haussa les sourcils. Il regarda les autres qui haussèrent les épaules.

Estelle se servit de Nelly, son Arcanin, pour monter les marches tranquillement.

- Aaaaaaah ! Ça fait du bien de se faire transporter !
- Maman… soupira Colin.
- Grand-mère est un peu fainéante, hein ? sourit Walter.
- Carrément, mais elle a 64 ans, elle peut se permettre d'être fainéante…
- Dire que moi, je ne suis toujours pas passée… souffla Kate.
- Tu vas te coltiner un gros client, je le sens ! ricana Bernice.
- Déconne pas !

Denis s'inquiétait de savoir où David avait bien pu se rendre.

- Vous… m'excusez, je vais voir pour David !
- Fais donc, ça m'inquiète aussi ! marmonna Rachel, intriguée.

Denis fonça à toutes berzingues pour essayer de suivre David.

Sur le terrain, Estelle et Ethel se faisaient face. Estelle soupira.

- Quelle ambiance hypocrite…
- A qui le dites-vous…
- Vous êtes la femme du frère de Claire, c'est bien ça ?
- Et vous êtes la tante de David Smirnoff.
- Je savais que je vous connaissais ! sourit Estelle.
- On continue de se vouvoyer parce que ça fait plus classe.
- Exactement. Rien de mieux qu'être une femme blasée qui se croit importante parce qu'on la vouvoie !
- La simplicité passe avant le reste.
- Et merde au reste du monde ! ricana Estelle.

Les deux femmes se sourirent.

David arriva devant le bâtiment logistique du stade et se fit arrêter par un gorille.

- Excusez-moi, jeune homme, mais l'entrée est interdite aux civils.
- J… Je dois absolument parler au trio d'Ogoesse !
- C'est interdit pendant les combats. Le trio a des affaires très importantes à régler.

Denis arriva à cet instant.

- S'il vous plait ! Je peux au moins leur faire parvenir un message ?
- Non.
- Un petit bout de papier…
- Jeune homme, soit vous retournez dans les gradins, soit vous déguerpissez, soit vous vous faites arrêter !

Denis arriva.

- Hey… Il t'a pas laissé entrer ?
- Euh…
- Monsieur, vous êtes ?
- Moi et mon jeune ami sommes… un cadeau envoyé pour le trio d'Ogoesse, une petite distraction si vous voyez ce que je veux dire !

David rougit, outré. Le gorille plissa les yeux et hocha la tête.

- Je savais que ces trois petites lopettes cachaient quelque chose. Je vous fouille et vous pouvez y aller. Evitez de trop les… « distraire » !

David et Denis se firent fouiller, puis ils eurent accès à l'escalier de service.

- Denis, mais comment t'as su que…
- J'ai dit ça au pif, je pensais pas que ça marcherait !!
- Wouah…

Ils passèrent, sans les voir, devant un set de trois tenues noires accompagnées de perruques blanches.

- Tu veux leur dire quoi ?!
- Euh… Un truc !
- Je vois. Ca a le mérite d'être précis !

David et Denis arrivèrent à la loge.

- Ca fait chier tout ça… Moi à la longue ça m'emmerde ces combats… Pis c'est qui ces gens qui défilent, en fait ? Ni des champions, ni des compétiteurs de haut niveau…

Denis scella la bouche de David avec un doigt, friand de ce genre de conversations.

- Armando, voyons… Ce sont des challengers au même titre que ceux que nous recevons à l'arène… C'est ça qui est intéressant ! sourit Noa.

Rachid saisit une radio.

- Hm… Sécurité, oui, ici Code Vert, je vous appelle pour vous signaler que la concurrente aux cheveux noirs sur le terrain est celle qu'on appelle Ethel Wilde, c'est une dangereuse nihiliste qui s'est livré à des comportements nocifs au gouvernement de sa région…
- STOP !

Le trio, stupéfait, se tourna vers David et Denis. Denis leva les mains.

- Nous venons en paix !
- … David Smirnoff ?! s'étonna Rachid.
- Je suis désolé de m'imposer ici mais, euh…

Denis regarda David, intrigué.

- … Ethel est une bonne personne, inutile de renforcer quoi que ce soit pour elle, elle n'est pas dangereuse. Je sais que vous êtes plutôt tendus, mais je connais cette femme et elle est gentille, elle ne fera rien de mal ici, elle est mariée et tout ce qu'elle demande, c'est à être heureuse et en paix…

Rachid pencha la tête.

- Vous la connaissez elle aussi ?

Armando plissa les yeux.

- C'est ce mec que tu as invité à déjeuner à notre table, nan ?

David frémit.

- Je sens que vous allez avoir des choses à nous dire… sourit le jeune homme aux cheveux rouges.

David se mordilla les lèvres. Rachid semblait presque suspicieux.

- Je me porte garant pour elle, si jamais elle tente quelque chose, je… euh…

Denis regarda David, de plus en plus étonné.

- … vous m'arrêterez aussi.

Rachid haussa un sourcil et reprit sa radio en main.

- Oubliez mes instructions. Sécurité au niveau 2, habituel. Terminé.

David acquiesça.

- Merci.
- … J'imagine que vous savez des choses sur elle… ainsi que sur son groupe.
- Son ancien groupe, l'Ennéagramme a été dissous.
- Hm… David Smirnoff, vous êtes conscient que votre audacieuse intervention ici change la donne au sujet du déjeuner auquel nous allons nous livrer d'ici une petite heure ?
- Oui, j'en suis conscient.
- … Nous verrons ce qu'il en est à cet instant alors.

David acquiesça. Denis resta un moment alors que David commençait à descendre.

- Euh… votre vigile nous a laissés passer parce qu'on lui a fait croire qu'on était… là pour vous satisfaire !

Rachid grimaça. Noa soupira.

- Oh bon sang… j'appelle le central qu'ils nous virent cet abruti…
- Faites-le remplacer par quelqu'un… disons quelqu'un d'intelligent ! sourit Denis avant de repartir.

Armando soupira.

- J'vous avais dit d'essayer d'être un peu plus masculins !
- Oh la ferme, Armando ! soupira Rachid.

Denis rejoignit David qui avait atteint les couloirs.

- Eh bah…
- Ne me demande pas pourquoi j'ai fait ça, je ne sais même pas ce qui m'a pris…
- Si je n'étais pas modeste, je dirais qu'avant de m'avoir rencontré, tu n'aurais jamais été faire un truc pareil.

David regarda Denis et acquiesça.

- C'est vrai… C'est nouveau pour moi, ce genre de choses… Mais il fallait que je le fasse, elle m'a aidé. Maintenant que j'y pense, c'est quelque chose que Roland aurait fait plus facilement que moi…
- En fait au fond de toi résidait un courage insoupçonné !
- Voilà on peut dire ça !

Denis sourit et retourna avec David vers les gradins.
Gradins où se déroulait une conversation hautement intellectuelle.

- Je parie trente Pokédollars qu'ils le font sauvagement dans les toilettes ! sourit Malcolm.
- Mes oreilles de mère, Malcolm, enfin ! grommela Linda.
- Je suis certaine qu'ils se contentent de gros câlins salaces dans les couloirs, pour quarante Pokédollars ! sourit Lily.
- Rien de tout ça ! Ils chantent du Lady Gaga avec des marionnettes en chaussettes. Quand il vient à moi, oui je suis prête ! Dun-dun-dun-dun ! Je lave ses pieds avec mes cheveux ! Dun-dun-dun-dun !

Rachel regarda Roland.

- Mais t'as fumé quoi ?!!
- La beuh que Denis m'a filé, pardi. Oh, soixante qu'ils sniffent de la coke !
- Est-ce que vous pourriez cesser de spéculer ainsi, c'est très embarrassant ! soupira Etienne.
- D'autant plus quand nous sommes là ! grommela David.

Tout le monde se tourna vers le duo. Denis soupira.

- David avait juste une petite course à faire.
- Rien à voir avec la drogue, le sexe ou tous les autres trucs que tu m'imagines faire, Roland !
- J'imagine juste que tu as une vie excitante !

David et Denis se rassirent.

- Ma vie est bien assez excitante sans que tu ne m'en imagines une !
- Ca n'embête personne que maman se batte… marmonna Colin.

Estelle et Ethel… avaient une conversation de femmes.

- Je comprends ce que c'est, moi mon frère s'est incrusté dans mes affaires romantiques jusqu'à ce que je ne lui dise clairement : « Bon, mon coco, on est mariés, arrête de t'immiscer dans nos affaires ! » souffla Estelle.
- L'ennui c'est que je pense qu'Elliot n'a pas vraiment de vie à lui, de son côté…
- C'était pareil pour Etienne mais au final il a fini par comprendre que voilà…
- Vous n'étiez pas à son service…
- Tout à fait, et surtout je ne vivais pas pour lui faire plaisir ! Faites comprendre à votre frère que voilà, il doit faire sa vie de son côté ! admit Estelle.
- J'essaierais de lui parler plus sérieusement, alors, nonobstant sa fragilité émotionnelle...
- Truc de mec pour éviter les vraies conversations… soupira Estelle.
« Mesdames, excusez-nous de vous déranger pendant vos digressions, mais… »
- Quel gros relou…
- Tu m'étonnes… Tu crois qu'ils font des trucs ensemble tous les trois ?! s'étonna Estelle.
- Ah mais oui, totalement !
- Ca crève les yeux, non ?
- Absolument ! Il y a même un pari qui court dans certains gradins, c'est affolant !
- Berk ! Il faut que j'aille miser !
- Je n'ai mis que 10 Pokédollars par précaution.
- Ca se comprend… On fait quoi pour le match ?
- J'avais presque oublié ça… J'ai quatre Pokémon majeurs…
- Moi aussi, ça tombe bien. Enfin en théorie j'en ai six, mais je doute qu'un Pikachu et un Eoko soient des adversaires valables…
- Cela va de soi. Il y a des modes de combats à quatre…
- Oui…
- Vous êtes éleveuse, c'est ça ?
- Oui, donc je ne suis pas une combattante à proprement parler…
- Ça vous ennuie si je teste mes nouveaux Pokémon sur vous ?
- Oh, ça fera de l'action !
- En fait je déteste en capturer – rapport à mon histoire personnelle – mais pour le coup, Max m'a encouragé à diversifier mon équipe, ce genre de trucs quoi…
- Un truc d'homme.
- Vous êtes drôlement féministe !
- Seulement quand des trucs d'hommes me font chier.

Etienne soupira.

- Elles en mettent un temps…
- Elles ont l'air de bien déconner en fait… marmonna Roland.

Estelle soupira.

- Va pour un 4 vs 4 !
- Un 4 vs 4 ça me va ! sourit Ethel.
« Enfin… Mesdames et messieurs, ce sera donc un 4 vs 4 ! Nos deux concurrentes vont s'opposer dans un double combat à quatre Pokémon qui s'achèvera quand les Pokémon de l'une seront tous KO ! »
- C'est très inventif comme combat !
- J'ai remarqué aussi ! acquiesça Ethel.
« Commencez vite, qu'on puisse aller manger… »

Estelle et Ethel roulèrent des yeux.

- Bon… Coudlangue et Mysdibule !

Le gros plein de soupe à la langue interminable apparut aux côtés de l'étrange Pokémon jaune et noir. Estelle haussa les épaules.

- Je vois, on est une fille complexe, hein !
- Exactement.
- Bon. Trevor et Nelly !

Mangriff et Arcanin apparurent. Etienne acquiesça.

- Bon, Estelle veut gagner, c'est déjà ça…
- Parce que tu crois qu'Ethel veut perdre ? marmonna Roland.
- Comment vous pouvez savoir que votre sœur veut gagner ? s'étonna Malcolm.
- Son choix stratégique indique qu'elle veut gagner.
- Ma boule de cristal indique que toutes les personnes de ce stade vont mourir un jour où l'autre ! BINGOOOO !!

Tout le monde regarda Roland. Bernice soupira.

- Ok, moi je cherche plus à comprendre, ton cousin est définitivement taré !
- Je t'ai jamais dit de chercher à comprendre, en même temps…

Ethel acquiesça et reprit son sérieux.

- Mégafouet !

Coudlangue frappa Mangriff d'un puissant coup de langue entourée de lumière verte.

- Mysdibule, Danse Lames !

Mysdibule se mit à danser sur le terrain, littéralement. Charlie pencha la tête.

- Léo adorait faire danser ses Pokémon…
- Oh mais ça va il est pas mort non plus ! soupira Roland.
- Je supporte pas de pas savoir où il est !
- Pourquoi tu vas pas le chercher ? marmonna Yann.
- J… Je sais même pas par où commencer et surtout si on annonce son nom, je veux être là pour aller prévenir les mecs là-haut qu'il… qu'il est absent.
- C'est inutile… soupira Roland.
- C'est ce que Léopold ferait pour moi !

Norbert se mordilla les lèvres et se concentra de nouveau vers le match.

- Trevor, Close Combat !!

Mangriff esquiva la langue de Coudlangue et frappa la créature de multiples coups.

- Nelly, Lance Flammes !!

Le chien Légendaire cracha un jet de flammes vers Mysdibule. Le Pokémon, dansant, esquiva en beauté l'attaque ennemie et fonça vers Arcanin, lui assénant une puissante attaque Tête de Fer.

- Je sens le côté Eleveuse… Vous n'êtes pas très forte, hein…
- Moi je sens le côté médecin, grosse baratineuse blasée ! Tranche !!

Mangriff frappa Coudlangue sans lui laisser le temps de réagir. Ethel plissa les yeux.

- Ligotage !

Coudlangue choppa Mangriff et le serra dans sa langue.

- Roue de Feu !!

Arcanin frappa Mysdibule d'un coup assuré. Etienne hocha la tête.

- Estelle marque des points.
- D'après la charte des Bons-points familiaux, elle échappe donc de peu au sacrifice familial rituel MAIS se retrouve confrontée à la fosse à serpents. Continue de gagner des points, tantine, sinon les cobras viendront te mordre les mollets !

David et Lily levèrent les yeux en soupirant.

- Ça dure encore combien de temps ce tournoi ? soupira Lily.
- Trois jours, le temps que les phases suivantes se déroulent… soupira David.
- Trevor, Tranche-Nuit !!

Mangriff se dégagea de l'étreinte linguistique. Coudlangue recula. Ethel sourit.

- L'âge vous honore d'une expérience que je n'ai pas, mais j'ai avec moi la fougue… et je pense honnêtement être à l'apogée de mon art !
- Et de votre modestie…
- Oh ça va hein ! On peut bien se vanter de temps en temps… Allez !! Force Poigne !!

Mysdibule choppa Arcanin à une patte et tenta de la projeter ad patres. Le chien regarda le Pokémon noir et jaune, méchamment.

- Game over, bitch ! DEFLAGRATION !!!

Estelle réussit le grand nettoyage de Mysdibule sur le terrain. Ethel haussa les épaules.

- Ah mais quelle garce !
- Je vous avais prévenue !
- Coudlangue, Roulade !

Le Pokémon chargea Arcanin qui recula, touché.

- Trevor, Close Combat !
- Excusez-moi, mais il me semble que j'ai droit à un Pokémon supplémentaire. Limaspeed !!

L'insecte à la capuche apparut, prenant des poses ninjas. Roland sautilla de joie. Rachel lui donna une tape sur la tête. Roland grimaça et regarda sa femme qui secoua la tête, outragée.

- Picots !

Limaspeed tournoya sur lui-même et envoya des cailloux noirs apparemment inoffensifs.

- Une technique de garce sournoise !
- Je ne suis pas sournoise, je suis intelligente, c'est ça l'expression que vous cherchez !
- C'est pas comme ça que je le vois ! Close Combat !

Mangriff allait frapper Coudlangue, mais Limaspeed prit sa place et esquiva sans problème les coups de patte du Pokémon.

- J'avais pourtant cru comprendre que vous n'étiez pas née avec une cuiller en argent dans la bouche !
- Certes, non ! BOURDON !!

La limace ultrarapide balança une onde de choc droit sur Mangriff. Le Pokémon fut repoussé et s'écrasa contre une rambarde.

- Oh !!
- Coudlangue, Séisme !

Le Pokémon frappa le sol alors que Limaspeed effectuait un saut dans les airs. Arcanin et Mangriff furent sévèrement touchés.

- Et crotte…
- Pensez que nous sommes enregistrées !
- Pardon. Putain de bordel de merde !
- C'est mieux ! acquiesça Ethel.

Estelle rappela ses Pokémon.

- Bon. Stanley et Janette !!

Serpang et Magirêve apparurent face à Ethel qui sembla surprise. Serpang grimaça, touché par le picots. Magirêve s'en moqua complètement.

- Jolie équipe.
- Je les élève depuis mon plus jeune âge. Mes belles années sont derrière moi…
- A une époque vous étiez belle ?
- Oui ! Mais je pense néanmoins pouvoir vous délester d'au moins deux Pokémon !
- Alors ça, ce serait étonnant…
- Janette, Vague Psy !

Le Pokémon créa des ondulations autour de lui. Ethel observa le fantôme alors que le poisson serpentaire à côté était enroulé sur lui-même.

- Eh bien quoi, Vague Psy ?

Serpang se souleva dans les airs. Ethel écarquilla les yeux. Max plissa les siens.

- C'est une Smirnoff, n'oublie pas ça, ne te laisse pas distraire !

Estelle eut un sourire malicieux.

- Vous vous demandez ce que je cache, hein ?
- … Légèrement, oui…
- Je vous explique. Cette attaque, Vague Psy, me permet d'effectuer d'intéressants déplacements d'énergie. Voyez, d'accroître la complexité de ma technique.

Ethel plissa les yeux.

- Maintenant j'utilise Zone Etrange !

Les yeux de Magirêve brillèrent et le terrain s'entoura d'une étrange pièce translucide et sphérique. Estelle écarta les bras.

- Ouiiiiiiiiiiii ! Tout est inversé ! Toutes nos défenses !!

Etienne pencha la tête.

- Si je voyais l'utilité d'une telle stratégie…
- ONDE FOLIE !!!

Magirêve s'en donnait à cœur joie et Ethel ne savait plus où donner de la tête.

- Mais… Mais…
- Et la touche finale : Air Veinard !!

Ethel regarda ce qui se passait sur le terrain. Ses deux Pokémon étaient plus perturbés que jamais. Estelle semblait toute contente.

- Ma sœur est une incontrôlable pétoire !
- Gros mot, papi ! cria Noé.
- Qu'est-ce que tu veux dire ? demanda Colin.
- En fait elle est en train d'embrouiller Ethel plutôt que les Pokémon adverses. C'est de l'esbroufe…
- CASCADE !

Serpang flotta sur le terrain, aidé par la Vague Psy (Oui bah oui c'est un poisson donc il aime les vagues, ndla) et frappa Coudlangue au ventre, le projetant hors de la Zone étrange. Ethel haussa les sourcils.

- Je… vois…
- HAHA ! Surprise, n'est-ce pas ?
« C'est digne d'une gamine… » songea Max.
- Estelle, bon sang ! soupira Etienne.
- On ne la changera pas ! sourit Linda.

Ethel regarda Coudlangue qui était KO. Serpang ricanait, fier de sa victoire. La plupart des effets invoqués par Estelle disparurent.

- Et c'est ce qu'on a appelé : Les aristocrates !!
- Hmph… Vous allez bien mériter ce qui va vous arriver. Je pourrais utiliser Bouldeneu ou Brasegali mais… Vous venez de mériter un châtiment bien plus terrible.

Ethel sortit une Pokéball.

- Hexagel, à toi de jouer !

L'étrange Pokémon Glace apparut. Estelle pencha la tête sur le côté. David haussa les sourcils.

- On connait ce Pokémon, on l'a vu au tournoi d'accueil d'Unys sous le giron Poképolite…
- Quel tournoi ? s'étonna Malcolm.
- Tu n'étais pas là, tu étais chez tes parents, marmonna Roland.
- Ah, oui… Et toi et ma sœur en avez profité pour coucher ensemble !
- MAC ! grommela Claire en regardant les enfants.

Lily lui balança une chaussure.

- C'EST TOI QUI VA PAYER LES PSYCHOTHERAPIES !
- Ras le bol d'être entouré de gens aussi vulgaires ! soupira Aude.
- Et ferme donc cette braguette, c'est indécent !

Charlie fronça les sourcils en regardant Yann qui haussa les épaules.

- Quoi, je charrie, c'est tout !
- Ca va, pardon, pardon, rhôôô !
- Pense un peu aux enfants, Malcolm, surveille ton langage ! soupira Claire.
- Ok, ok, ok ! Y'a quoi avec ce Pokémon ?
- Bah il est bizarre ! souffla Roland.
- Ah. C'est tout ?

Estelle plissa les yeux.

- Mais qu'est-ce que c'est que ce truc ?!!
- Un Hexagel.
- J'ai vu ça… C'est… particulier.
- Vous voulez voir à quel point ?
- N… Non !
- Tant mieux. Survinsecte !

Limaspeed envoya une foule de mini lumières qui attaquèrent Magirêve et Serpang. Estelle fronça les sourcils.

- Pistolet à O, Rafale Psy !

Les deux Pokémon tentèrent d'attaquer et de repousser l'offensive insecte. Ethel sourit.

- Toute résistance est inutile ! Blizzard !!!

Hexagel émit un vent glacé puissant qui toucha Magirêve et Serpang.

- Ecosphère !!

Limaspeed créa une boule d'énergie verte au bout d'un de ses bras. Magirêve l'arrêta avec Feuillemagik.

- Stanley, Hydroqueue !!

Serpang sauta vers Hexagel et tenta de lui donner un vigoureux coup de queue. Hexagel sembla ricaner et s'illumina.

- LANCE SOLEIL !!!

Hexagel envoya un puissant rayon sur Serpang. Etienne haussa les sourcils.

- Un Pokémon Glace qui connait Lance Soleil ?!
- D'après les scientifiques ce serait représentatif du fait que la réverbération du soleil sur la neige intensifie grandement le faisceau lumineux et aveugle les gens ! signala Roland.
- Des scientifiques ont travaillé là-dessus ?! s'étonna Lily.
- J'ai fait des recherches à titre personnel parce que ça m'intriguait aussi, et j'ai découvert ça, oui.
- Les scientifiques ont du temps à perdre ! soupira Lily.

Magirêve couvrit Serpang et se prit le Lance Soleil à sa place. Estelle fronça les sourcils.

- Attaque Balle Ombre !!

Lorsque Magirêve fut débarrassée du Lance Soleil, elle envoya une sphère noire vers Hexagel qui l'encaissa sans problèmes.

- Désolé, ma vieille… Tranche Nuit !!
- Hein ?!!

Hexagel chargea Magirêve. Serpang tenta de s'interposer, mais Survinsecte de Limaspeed vint l'intercepter. Magirêve fut perclus de coups et s'écroula alors qu'Hexagel revint vers sa maîtresse en tournoyant.

- Quel beauté…
- Beauté ? Tu parles de Flocon de Neige, là ? Il est moche !
- Dis ce que tu veux, il va mettre fin à ce match ! Lance Soleil, puissance maximum !!

Hexagel s'éleva dans les airs et menaça le reste du terrain. Limaspeed envoyait de plus en plus de Survinsecte, et Serpang était submergé par les rayons d'énergie semblable aux abeilles d'un même essaim. Estelle plissa les yeux.

- Tes deux Pokémon, là, ils ont des défenses très faibles…
- Je ne suis pas une experte en grandes défenses, c'est vrai.
- Ouais. Depuis le départ, tu t'en prends à mon attaque spéciale avec ces bestioles.
- J'aime beaucoup Survinsecte. C'est faible mais c'est amusant. Ça fait comme une invocation d'insectes, je trouve ça cool !
- Hin-hin. CASCADE !

Serpang se glissa sous les Survinsecte, se plaça juste sous Hexagel et monta vers le haut à la perpendiculaire, entouré d'eau. Ethel regarda le Pokémon, surprise.

- Euh…

Serpang éclata Hexagel qui ne résista pas et se brisa comme un vulgaire cristal. Ethel haussa les sourcils. Etienne sourit.

- Bravo Estelle !!
- Je rêve ou tu l'encourages sincèrement ?! s'étonna Roland.
- J'encourage tous les membres de ma famille !
- On dirait que vous vous chamaillez tout le temps.
- C'est ma sœur, je suis son frère, forcément, on a envie de se tuer. Tu connais ça avec Lily !

Roland regarda sa sœur qui le regarda.

- Ouais, c'est vrai !
- Je confirme, c'est réciproque. Le jour où j'ai une occasion, je le tue !
- Je t'aime aussi, sœurette !

Etienne les désigna.

- La preuve par l'image !

Norbert leva les yeux en secouant la tête. Serpang chargea ensuite Limaspeed.

- Je peux te toucher avant que tu ne le fasses !!
- Ah ça c'est ce qu'on va voir !!

Limaspeed balança une Ecosphère à la face de Serpang, ce qui acheva le serpent de mer qui réussit néanmoins à écraser Limaspeed au sol, le mettant KO en un seul coup. Estelle haussa les épaules.

- Bon, bah, j'ai gagné mon pari !
- Et moi je ne serais pas jalousée par mon compagnon qui avait perdu aussi, c'est tout bon pour nous deux, merci de ne pas avoir été une adversaire chiante, je retourne à mon tricot !
- Ah, vous aussi ?
- Oui, c'est une écharpe pour Max. Il a le rhume des foins en avril-mai.
- Voilà qui casse un mythe…
- Exact. Et vous ?
- Des mitaines pour mes deux petites-filles ! Maudites jumelles !
- C'est dur, les mitaines, surtout pour les enfants ! Bon courage !
- Vous aussi !

Les deux femmes se tournèrent le dos et repartirent vers leurs places respectives.

« Voilà voilà, pas de victoire sur ce match… Il nous reste vingt minutes, pourvu que le prochain combat soit court… Han noooooooon !!! »

Roland haussa les sourcils.

- Quoi, Magicarpe contre Magicarpe ?!
- Roland…
- Ou mieux, Métamorph contre Métamorph… Oh non ! Six Qulbutoke contre Six Qulbutoke ! On en a pour la semaine !! Yahoo !
- Roland… grommela Rachel.

« hah… *soupir* Bon, Etienne Smirnoff sur le terrain… »

Le public applaudit immédiatement. David, Lily, Roland, Colin et Kate regardèrent le patriarche.

- Et Léopold va rater ça ! soupira Charlie.
- Il va aussi rater la prochaine apocalypse, tu sais… marmonna Yann.
- Ton CYNISME est MALVENU ! grommela Charlie.
- Je sais, mais tu sais que j'ai raison !
- Léopold, où es-tu…
« Etienne Smirnoff fera face à Adam Merridew !

Etienne haussa les sourcils.

- Mon ancien élève ?!
- Oh, Etienne, sois prudent ! souffla Linda.
- … Je ferais de mon mieux…
- Bonne chance, papa ! sourit David.
- Ouais, éclate-le ! souffla Roland.
- On sait tous que tu vas gagner… marmonna Lily.
- Courage, Oncle Etienne ! lança Kate.
- Allez tonton ! sourit Colin.
- Grand-père !

Etienne regarda Ethan qui le salua. Etienne caressa la tête du gamin.

- Je ferais de mon mieux !
« Oh ! Oh ! Mesdames et messieurs ! Afin de suivre ce combat dans les meilleures conditions, un dispositif exceptionnel va être mis en place ! »
- Si ça implique des lunettes 3D, je lance un génocide ! grommela Roland.

Rachel allait dire quelque chose mais elle s'abstint.

- Et je t'y aiderais ! sourit Rachel.

Estelle croisa son frère.

- Ramasse-toi, kéké !
- Estelle, tu es vieille ! Trèèèèèèèèèèèès vieille !

Estelle sourit et tapota l'épaule de son frère qui descendit.

« Grâce à un jeu de micros et de haut-parleurs, vous entendrez tout ce qui va se dire sur ce terrain !! »

Denis observa David qui regardait en face. Ethel remontait bien à sa place.

- Tu pensais qu'ils ne tiendraient pas leur promesse ?
- Je préfère être sûr.

Roland haussa un sourcil, se demandant de quoi le couple parlait.

Et pendant ce temps-là, Adam…

- AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH !!!
- Ca fait combien de temps qu'il crie ? demanda Daniel.
- Une minute… soupira Nathalie.

Gus regarda George qui… n'entendait rien.

- Le petit veinard…
- JE PEUX PAS AFFRONTER MONSIEUR SMIRNOFF !
- C'est un honneur, Adam ! soupira Jennifer, le stade entier t'envie !!
- NON ! NON J'VEUX PAS !!! OUIIIIIIIIIIIIIIN !!!

Jennifer soupira, se leva et gifla Adam.

- Aouch !
- Oh ! s'étonna Clarissa.
- Merci mon Dieu… soupira Louis.
- Quelqu'un veut des nouilles sautées ? sourit Richard en mâchant ses pâtes.

Jennifer secoua Adam.

- Adam Merridew, tu vas affronter Etienne Smirnoff et tenter de le vaincre parce que vous êtes des dresseurs, et si jamais tu n'y allais pas à fond, tu serais une honte pour l'ensemble des dresseurs de ce stade !! Alors tu y vas et tu défonces tout, sinon je ne te parle plus !!

Adam regarda Jennifer et plissa les yeux.

- O… Ok !

Jennifer le regarda.

- … Je crois que…
- … On… Euh… J'y vais !

Adam descendit. Jennifer le regarda descendre. Nathalie soupira.

- Ah les hommes, décidément, ils se laissent mener par le bout du vous-savez-quoi !
- Merci d'avoir épargné un certain mot à des enfants innocents… souffla Daniel.
- Comme si on n'avait pas compris… marmonna Nora.
- Nora, voyons ! soupira Clarissa.

Jennifer regarda Adam monter vers le terrain.

« Tu as compris, toi aussi, hein… Tu viens de réaliser… »

Jennifer se mordilla les lèvres, se tordit les sourcils, mais finalement ne put résister et craqua, fondant en larmes devant une Nathalie étonnée.

- Merde, euh… Jenny…
- Jennifer ! s'étonna Clarissa qui se leva pour se mettre à côté d'elle.
- Laissez-la respirer, peut-être… marmonna Gus.

Adam se retrouva face à Etienne qui était monté avec l'aide de son Blizzaroi.

- Je profite du fait que tout le monde puisse m'entendre pour quémander des escalators !

Estelle leva un pouce et entama des applaudissements suivis.

Etienne regarda Adam qui sourit faiblement.

- Adam… J'espère que nous ferons un beau match !
- Ouais… J'espère aussi… Euh… Ça me gêne un peu d'affronter mon ancien professeur.
- Si cela peut te rassurer, je ne suis plus vraiment le dresseur que j'étais, j'ai outrepassé mon apogée, et de loin, à présent chaque année qui passe m'affaiblit…
- Ne dites pas ça, je suis persuadé que… vous êtes encore très fort !
« Choisissez votre mode de combat ! »
- Cela semble évident…
- Oui, je trouve aussi…
- Il faut que j'ajuste mon équipe… marmonna Etienne.

Ce qui provoqua des « Oh » et des flashes de photographes dans le public.

- Oh non mais je vous en prie… soupira Roland.
- Ton père est une sommité dans le monde des Pokémon, il est quasiment aussi important que Samuel Chen, Douglas Orme, Bernard Seko, Gilbert Sorbier ou Eleanor Keteleeria… souffla Malcolm.
- Je sais, merci, mais pour autant je trouve les réactions des gens à son égard complètement débiles.
- Pourvu que Léopold revienne pour ce midi, je ne supporterais pas de manger sans lui ! geignit Charlie.
- Quelqu'un aurait une enclume ? soupira Yann.
« Six contre six, évidemment… eh bien… euh… on va… retarder l'heure du déjeuner ! Héhé… »

Etienne acquiesça.

- On peut y aller !
- Bon.
- Ca va aller ? sourit Etienne.
- Oui, oui… Je pense pouvoir vous affronter.
- Tu es devenu professeur, tu dois avoir des élèves dans cette assemblée…
- Possible, oui…
- Alors faisons de notre mieux.
- … d'accord ! A toi, Riri !!

Le Cacturne d'Adam apparut. Etienne hocha la tête.

- Foretress, go !!

Le Pokémon Insecte et Acier apparut. Adam pencha la tête.

- Ah, oui, vous n'utilisez plus vos surnoms…
- Non, en effet, marmonna Etienne.
- Vous voulez pas le faire comme ça, par pure nostalgie ?
- Ce ne serait pas juste envers mes Pokémon.
- Et envers les petits thaïlandais qui ont donné leur vie pour fabriquer ces chaussures !

Tout le monde regarda Estelle qui fit tourner son index.

- Même disque, vieille… c'que j'veux…

Adam hocha la tête.

- Riri, Vampipoing !!

Cacturne chargea Foretress et frappa le Pokémon droit dans sa coquille.

- Picots !!

Foretress tourna aléatoirement et balança des pointes un peu partout. Cacturne recula par bonds.

- Riri, Dards Nuée !

Le Pokémon balança des dards vers Foretress qui encaissa avec candeur. Etienne sourit.

- Euh…
- La force importe, mais les coups utilisés importent aussi… Astuce Force !

Foretress se mit à l'envers, ce qui… ne changeait pas grand-chose. Sauf statistiquement parlant.

- Oups… Papa surpasse un Scarhino en force pure, maintenant…
- DARDS NUEE !!

Foretress tourna sur lui-même et balança des pointes. Cacturne riposta avec la même attaque mais le manque de puissance se faisait sentir.

« Crotte, je me fais dégommer par un Foretress ! »
- Foretress, Pics Toxik !!

Foretress envoya d'autres piques. Adam haussa les sourcils.

« Picots, Pics Toxik… »
- Euh… Vampipoing !!

Cacturne fonça sur Foretress, le poing en avant.

- Bien vu, crétin, sa défense s'est vue réduite de 50 points… soupira Malcolm.
- Je pense, moi, qu'il devrait changer maintenant avant que papa ne fasse empirer la situation… marmonna Roland.
- Moi aussi j'aurais changé dès le départ, vouloir gagner avec un Cacturne contre un Foretress… soupira David.
- Si son Cacturne avait Mitrapoing encore… admit Lily.
- Je rêve ou vous êtes tous pour Adam ?! s'étonna Linda.
- Boh, tu sais, maman, c'est certain que papa gagne, alors le vrai challenge c'est de voir si Adam va vraiment résister ! admit Roland.
- Ouais… ajouta Lily.
- Bah… oui… souffla David.

Linda plissa les sourcils, suspicieuse. Estelle regarda Linda.

- Moi je souhaite qu'Etienne perde !
- Oh, Estelle !
- J'ai fait match nul, la moindre des politesses qu'il puisse me faire c'est de perdre ou de faire match nul aussi de sorte que je ne me sente pas jalouse !
- … C'est idiot comme logique !
- C'est la famille ! D'ailleurs Lily devra gagner pour éviter d'être la brebis galeuse de sa fratrie.
- Oh, je suis sûre qu'ils s'en foutent.
- Non. Tu gagnes ou tu crèves ! asséna Roland.
- Si tu perds, on aura l'air de quoi… marmonna David.

Lily désigna ses frères devant une Linda sciée.

Foretress esquiva Cacturne en tournoyant.

- Piège de Roc !!
- Oh non, non, non !!

Foretress lâcha les pics rocheux. Le terrain d'Adam était miné.

- Oh la tuile ! « Et j'ai aucun Pokémon volant pour contrer ça ! »
- C'est un peu trop facile tout ça.
« Encore moins Tour Rapide… »
- Je tends à penser que tu comptes me laisser gagner.
- N… Non !!
- Alors ? Réagis !
- C'est qu'est-ce que j'essaie de faire !! C'est difficile d'être en face de vous, ça fait remonter plein de souvenirs nostalgiques !
- Tu recueilleras mes larmes et tu te vautreras dans la Pensine plus tard !

Adam souffla.

- Bon bah quand faut y aller… Danse Folle !!

Perrine regardait attentivement. Elle-même possédant un Cacturne, elle s'intéressait forcément au match.

Cacturne dansait et effectuait des mouvements latéraux. Foretress se déplaçait à son rythme. Adam hocha la tête et fit reculer Cacturne.

- Certes…
- Riri, Tempêtesable !

Cacturne se mit à tourner sur lui-même. Etienne s'étonna.

- Que…

Par analogie, Foretress tourna sur lui-même. Etienne s'étonna.

- Mais… mais…
- Désolé, monsieur Smirnoff ! Nœud d'Herbe !!

Cacturne tendit les coudes vers Foretress et cracha par ses dards des lianes qui ligotèrent Foretress. Etienne haussa les sourcils.

- Pour vous libérer de mon Nœud, vous devrez faire Tour Rapide !

Etienne regarda le sol. Adam était déterminé.

- … dans mon camp !
- …

Roland siffla, impressionné.

- Bien joué, en effet… Je te reconnais comme un adversaire valable !

Adam sourit.

- Tour Rapide !

Etienne dissipa ses efforts des tours précédents et se libéra de l'emprise de Cacturne. Néanmoins, le professeur de stratégie sourit.

- Je dois encore te rappeler que je suis ton professeur ?

Foretress chargea Cacturne. Adam haussa les sourcils. Le Pokémon insecte emporta Cacturne dans sa rotation.

- Et Tacle Lourd !!

Foretress écrasa Cacturne contre le sol. Adam sembla stupéfait. Le public de même face à cette victoire choc.

- Bon ! On va pouvoir commencer sérieusement !
- … A toi, Fifi !!

Le Brasegali d'Adam apparut. Etienne hocha la tête.

- Reviens, Foretress.
- …
- Tu ne pensais pas que j'allais le garder, non ?
- J'étais simplement en train de me rappeler de l'époque où vous l'appeliez Simon.

Etienne leva les yeux au ciel. Roland se délectait de ce spectacle. Judith se mordilla les lèvres.

- C'est…
- Pourquoi avoir renoncé à les surnommer ! C'est si bête !
- C'est personnel. Je pense que Jennifer a pu t'en parler, non ?
- Non.
- …
- Elle m'a dit que vous ne les surnommiez plus mais j'ignorais qu'il y avait une histoire là-dessous…

Comme souvent dans sa vie, Etienne attrapa une Pokéball pour détourner la conversation. Roland était au bord de l'orgasme sadique.

« Je ne me rappelais pas à quel point… »

Etienne envoya Capidextre. Adam sursauta presque.

« … j'appréciais de le voir souffrir… »

- Roland, tu me fais peur !

Le jeune professeur regarda sa femme qui était effectivement apeurée. Ethan regardait le match de son grand-père.

- Quoi ?
- Tu as l'air… je ne sais pas, ton visage me rappelle celui d'un Hannibal Lecter…
- Tu te fais des idées, Rachel.

Rachel haussa les épaules et regarda le match. Roland reprit son sourire diabolique que Linda avait bien aperçu elle aussi, tout comme Malcolm qui était atterré.

- Merde, Erwan…
- Capidextre.
- Pardon, pardon… Fifi, Poing de Feu !!

Brasegali chargea Capidextre. Le Pokémon sauta, grimpa sur Brasegali et lui claqua la tête entre ses paumes. Un Bluff de toute beauté. Denis haussa les sourcils.

- Quelle dextérité… Quelle fluidité du mouvement… A un âge pareil…
- Les Pokémon de papa sont très athlétiques, c'est parce qu'il s'entraine peu… marmonna David.
- Ah oui ?
- Ses Pokémon acquièrent de la force en faisant des travaux domestiques.
- Oui, la fameuse méthode Smirnoff…
- Papa l'a inventée et la perpétue depuis sa prime jeunesse, d'où sa force.
- Ouais, je vois…

Roland frétillait tellement qu'il était incapable de sortir la moindre pique. Il voyait son père complètement crispé, face à un adversaire qui lui renvoyait son passé en pleine gueule. Et le Roland, il était content.

Brasegali était immobilisé, et Capidextre en profita pour lui balancer une flopée de Météores. Brasegali s'effondra, terrassé par l'attaque.

- Cette fois, je suis sérieux ! Onde de Choc !!

Capidextre sauta et créa des sphères électriques bleues autour de ses poings.

- Double Pied !!

Brasegali frappa Capidextre au ventre, le repoussant. Le second coup, rapide, partit après un tour sur lui-même et atteignit le visage.

- Hmph…
- Professeur, j'ai comme l'impression que vous vous faites vieux…

Etienne regarda Adam qui prenait confiance en lui.

- CAPIDEXTRE !!!

Le Pokémon se réceptionna sur une main et tourna sur lui-même, créant une tornade de filaments d'électricité. Claire était éberluée.

- Impossible…
- Papa déteste ce mot… marmonna Lily.
- C'est digne d'un Pokémon électrique, ce genre de technicité dans l'attaque… C'est hallucinant !!

Brasegali sauta au milieu de la fournaise et laissa s'abattre un Pied Brûleur. Lorsque l'électricité et la poussière furent soulevés, Capidextre était en l'air, prêt à s'abattre sur Brasegali. « Je vois venir le Giga Impact d'ici… »

Brasegali recula et prépara quelque chose. Un Exploforce. Etienne s'étonna.

- GO !!

Brasegali laissa partir l'Exploforce mais pas avant de le shooter d'un grand coup de pied pour envoyer la sphère rougeâtre sur Capidextre.

- La vache… marmonna Charlie.
- Comment c'est trop chié… souffla Finn.
- Je rêve ou Adam est devenu super balaise ?! s'étonna Daniel.
- Il est très fort… Je pense même qu'il me surpasse… songea Richard.

Daniel regarda Richard qui haussa les épaules.

- On peut être un jeune faible et malchanceux et finir génial et Dieu du Combat !

Capidextre renvoya l'Exploforce d'une simple attaque Coup Double. Les yeux des spectateurs sortirent de leurs orbites. Rachid, Armando et Noa avaient lâché les micros et observaient le match, accoudés comme des écoliers.

- Capidextre, attaque Retour !!

Le Pokémon singe déchaîna autour de lui une aura blanche fulminante. Adam s'étonna. Le Pokémon sauta vers Brasegali et lui asséna une série de coups de poing et de tête. Brasegali recula pour tenter de parer à la créature survoltée.

- Merde, merde !
- Météores !!

Les mains de Capidextre s'agitèrent et balancèrent de puissantes charges explosives. Brasegali se couvrit. Capidextre toucha de nouveau terre et fonça vers Brasegali. « Réagis, Adam, bon sang ! »

- Séisme !!

Brasegali frappa le sol du pied. Le Retour cessa et Capidextre roula par terre en reculant vers son maître. Adam acquiesça.

- Allez ! Stratopercut !!

Brasegali chargea Capidextre à toute vitesse, le poing préparé à frapper en hauteur.

- Acrobatie !

Capidextre passa sous Brasegali et le frappa de deux rapides coups de poing. Adam geignit mais se ressaisit bien vite.

- BOUTEFEU !

Brasegali s'enflamma et fonça vers Capidextre. Le Pokémon allait se prendre le puissant coq de combat en pleine face.

- MitraPOING !!!

Capidextre frappa brusquement Brasegali qui fut violemment repoussé par les poings du singe. Capidextre renvoya Brasegali vers son maître… droit dans la rambarde. Mais le singe avait morflé suite à ce coup qui ne l'avait pas laissé indemne. Le Pokémon regarda Etienne qui hocha la tête. Adam regarda le tableau, il avait déjà perdu deux Pokémon sur six.

- Crotte, crotte, crotte…
- Je suis surpris, je ne pensais pas que tu me résisterais à ce point !
- … Je n'abandonne pas pour autant !

Adam appela le bassin en étendant les bras. Etienne rappela Capidextre, de toute façon épuisé.

- Loulou !!!

Le Lumineon d'Adam plongea dans le bassin. La belle créature aquatique nagea quelques longueurs.

- Je vois… C'est embêtant, je n'ai pas de Pokémon Eau sur moi…
- Même pas Debra ?

Estelle serra les dents, embarrassée. Roland avait des bouffées de chaleur et s'il avait pu se frotter le pantalon, il l'aurait fait, mais il y avait trop de monde, et sa femme se poserait des questions. Linda baissa la tête.

- Non, je n'ai pas Flagadoss.
- Ça vous gêne que je parle des surnoms de vos…
- OUI !

Magistral et appuyé. Roland écarquilla les yeux.

- Toilettes ! Gros caca !

Il sauta dans l'escalier et s'enfuit vers le couloir sous les yeux étonnés du reste de la troupe. Une fois isolé et à l'abri des regards, il partit dans un rire nerveux, incontrôlable et impossible à arrêter. La satisfaction de voir son père dans un tel état de pression psychologique était trop intense. Roland s'étonna, il pensait avoir fait la paix avec ses idées destructrices concernant sa famille, mais…

Il regarda ses mains.

« C'est toujours là ! »

Il ricana de plus belle, s'appuyant sur le mur pour éviter de tomber au sol.

« C'est toujours là… C'est toujours présent en moi… »

Roland s'assit, dos au mur, et regarda en l'air le ciel bleu, les oiseaux de l'île, l'infrastructure du stade, ce que personne d'autre ne regardait, trop fascinés par le match en contrebas.

« Cette noirceur qui m'habite… Je n'ai jamais vraiment réussi à la gérer… Tout au plus je la refoule, mais… Elle fait toujours partie de moi… »

Rachel plissa les yeux et soupira.

- Je me demande ce qu'il est allé faire…
- Probablement se faire plaisir… soupira Malcolm.

Claire manqua de taper Malcolm, mais…

- Je crois aussi… souffla Estelle.
- Alors tu penses ça aussi… soupira Linda.

Rachel les regarda et se retourna vers le match.

« Non, moi je suis certaine que ça ne lui fait pas plaisir de voir son père dans une telle posture… »

Roland revient à sa place.

- Alors ! Il a fait une syncope ?

Tout le monde regarda Roland qui leva les mains en l'air.

- Plaisanterie ! Baissez vos révolvers !

Rachel leva les yeux au ciel et serra Ethan contre elle.

- Contre Luminéon… ce sera donc… Roucarnage !!

L'oiseau apparut et se posa au bord du bassin. Adam s'étonna.

- Aucun Pokémon Eau ? Vous en avez deux !
- Et alors ? J'ai le droit d'être excentrique !
- Quel était le surnom de Roucarnage, déjà ?
- Adam !
- C'est une femelle, vous ne l'auriez pas appelé Adam.
- Jenny !

Adam plissa les yeux.

- Ne parlez pas d'elle ici. C'est un combat. Elle en a soupé, du combat, non ?

La principale intéressée regardait le combat, absente.

- Hm-mm… Pardon.
- Je suis déçu, monsieur Smirnoff…
- Oh, et pourquoi ? Parce que tu perds ?
- Je… ne perds pas, vous m'avez fauché deux Pokémon mais Capidextre et Foretress ne sont pas en meilleure forme ! Ou plutôt devrais-je dire Erwan et Simon !
- A quoi te sert-il de me torturer ainsi ?!!

Roland haussa les sourcils. « Tiens, lui aussi il a remarqué ! »

- Je ne vous torture pas, mais vous pouvez comprendre que je suis déçu de voir que vous… avez renoncé à ce qui faisait l'essence d'Etienne Smirnoff !
- Tu n'es pas dans ma vie, tu ne sais pas ce que j'ai traversé…
- Je sais qu'on a failli vous tuer, mais c'est une raison pour…

Roland était suspendu au spectacle sous ses yeux. Linda était très stressée. Estelle embarrassée aux entournures.

Il faisait une chaleur à crever sur le gradin des Smirnoff, comme si l'espace d'un instant ils étaient les Borgia, les Thénardier, les Perón, les Tudors. Comme si quelque chose de vraiment important était en jeu.

Judith sirota un thermos de thé chaud. Elle avait presque froid, à l'inverse.

Charlie regardait la photo de Léopold dans son porte-feuille.

Yann regardait vers Amy qui ne le regardait pas, elle était elle aussi fascinée par le match.

Dimitri avait du REM dans la tête.

Le stade entier se complaisait dans un silence qui frisait l'amnésie du temps et autres figures de style à la con. Ce genre d'instant drogué où tout paraît inexistant, vide. Et sur les écrans géants…

Etienne était incapable de trouver des mots.

Il chuchota en chevrotant, en soufflant presque exagérément, presque pour étouffer un soupir dans un ordre.

Afin qu'il ne devienne pas prière.

- Roucarnage, …

Soupir frustré d'Adam.

- … ouragan.

Le Pokémon s'éleva dans les airs et fomenta un vent puissant et tourbillonnant. Etienne regardait la piscine remplie de vent, vent qui soulevait l'eau, eau qui soulevait le poisson, poisson qui portait la délivrance.

- Laser Glace, Loulou !

L'attaque fusa. Etienne tendit un bras sur le côté.

- ESQUIVE !

Et la Roucarnage partit sur le côté où Etienne avait tendu son bras, esquivant le rayon glacé. Luminéon enchaîna avec des bulles, Roucarnage les contra avec des lames d'air qu'il envoyait par plâtrées, ses ailes fonctionnant comme des éventails qui envoyaient des murs de vent. Et ça repoussait tout. C'était magique.

David.

Dans les yeux de David il n'y avait qu'un père qui luttait. Et néanmoins beaucoup d'incompréhension.

- Qu'est-ce qu'il a, papa ?!
- Il boîte… marmonna Roland d'un air sinistre.

Rachel le regarda puis regarda David.

- Je crois que ça le perturbe qu'on parle des surnoms de ses Pokémon.

David regarda Maman. Maman se faisait vieille. Il y avait quelque chose que David voulait exprimer parfois, sans vraiment oser le dire ni même le penser à haute pensée.

« Maman, tu deviens vieille… et si un jour je me réveillais et que tu étais morte ? »

David se mordilla les lèvres.

« J'y pense tout le temps, ça me bouffe, maman, si tu savais… »

David plissa les yeux.

« Je m'en veux presque de vivre, jeune et heureux alors que tous tes rêves sont derrière toi… »

David fixait Linda.

« As-tu seulement un jour été vraiment heureuse ? »

Linda se tourna vers David. Elle sembla hésiter à parler.

- T… Votre père va très bien !

Chaque détail comptait avec Maman. David l'avait remarqué avec le temps. David se leva et se déplaça, passant devant Denis qui le regardait, surpris, passant devant Rachel et Ethan, passant devant Roland, embêté, passant devant Linda et s'asseyant à la place de Papa.

David s'assied et il prit la main de sa mère.

- Ca va aller, maman.

Linda regarda son fils.

- Ca va aller, papa va s'en tirer, il est fort.

Linda acquiesça.

- Ce n'est pas pour le combat que je m'en fais, mon chéri.
- Je sais.

Linda hocha doucement la tête et posa sa tête sur l'épaule de son fils. Lily sourit en regardant son frère qui avait l'air d'un vrai adulte maintenant. Colin, à côté de Lily avait une pensée similaire.

Les mots de David avaient résonné sur le gradin et tout le monde avait recouvré l'ouïe. Il y avait des encouragements dans le stade. Il y avait le vent qui soufflait. Et deux Pokémon qui se battaient.

(Je devrais écrire plus souvent sous Doliprane. Ou pas… ndla)

- Tornade !!!

Luminéon agita ses grandes nageoires papillon et s'éleva dans les airs, emporté par le vent qu'il créait. Etienne fronça les sourcils.

- Rapace !

Roucarnage chargea vers le ciel. Roland plissa les yeux.

- Roucarnage contre Luminéon : Fucking Epic ?!
- Roland… grommela Colin.

Roucarnage rejoignit Luminéon qui se retourna vers le sol, activant un Siphon. Etienne s'étonna. « Cette technique… »

Roucarnage fonça en plein Rapace droit vers Luminéon. Adam joignit ses mains près de sa bouche.

- VEEEEEEEEEENT AAAAAAAAAAAAARRIEEEEEEEEEEEEEEEERE !!!

Etienne et le stade se bouchèrent les oreilles. Adam avait oublié les haut-parleurs.

- Désolé !

Luminéon fonça vers le sol, emportant Roucarnage dans le Siphon et se transformant en véritable missile. Judith haussa un sourcil. Le Vent Arrière donnait l'impression que Luminéon était projeté par un tourbillon partant de son derrière.

- Vent Arrière, aussi appelée Pet Apocalyptique…
- Chhht !
- Chht toi-m…

Roland regarda Estelle qui lui avait sommé de se taire. Roland écarquilla les yeux. Il était le seul à ne pas être absorbé par le match. Même sa sœur était tombée dans le piège. Même Denis, même Finn, même Yann, même Bernice, même Dimitri, même Rachel, Ethan, Noé, Flora, Nell, Alexander, Daria, Nadia, Walter…

Roland devait être la seule personne du stade à ne pas vraiment s'intéresser à la finalité du match. D'un coup, son sadisme et son plaisir se transformèrent en un puits de solitude.

Luminéon s'écrasa dans la piscine. Adam regarda le bassin. Etienne regarda son élève.

- C'est un complot ?
- Pardon ?
- Tout ça, c'est pour me ramener à mon passé, à ma trentaine, à mes belles années…
- C'est juste un match, monsieur Smirnoff, je donne le meilleur de moi contre vous…

Luminéon et Roucarnage étaient inertes dans le bassin. Premier KO pour Etienne. Troisième pour Adam. Pokémon rappelés, bassin fermé.

- Adam, si c'est une blague, elle n'est pas drôle !!
- Monsieur…
- La technique avec Luminéon, le rappel des surnoms… Ca suffit quoi !
- Mais pourquoi ça vous gêne ! C'est juste…
- Mais parce que, Adam ! Il y a des choses que… que je ne peux plus regarder en face, c'est tout !
- Pourquoi ?!
- PARCE QUE J'AI DES ENFANTS !

Onde de choc dans le stade. Ulrich Trafalgar regarda Gloria qui était intriguée. Max et Ethel plissèrent les yeux. Marigold était intéressée. Daniel, Clarissa, Louis, Nora et Gerald observaient aussi, tout comme Nathalie qui grimaçait, pas sûre de comprendre. Mister Love-Pin rehaussa ses lunettes tout comme Richard Lewis. Timothy poussa un gros soupir. Stuart Gibson pencha la tête sur le côté. Edgar, Lila, Omar, Stacy et Gilles étaient tout aussi interrogatifs. Donna crut mal comprendre tout comme Harrison et Tobias.

- Il parle des voisins d'en face ?
- Chut, mon poussin… marmonna Donna.

Colin était refroidi par cette annonce. Roland était plus noir et plus rigide que le café. Linda avait pris ça comme un coup de poignard, mais David avait amorti le choc dans la chaleur de sa main. Denis eut un regard pour lui, inquiet de sa réaction, mais David était absorbé par le match.

« Elle » se leva.

- Ouais, bah moi, j'en ai assez entendu.

Lily se leva et partit, tout simplement. Finn haussa les sourcils.

- Mais t'es sérieuse, là ?!
- Oui !
- Lily… s'étonna Aude.
- Euh… Madame Judith…

Elle se tourna vers Finn et hocha la tête. La vieille mère adoptive de Malcolm se leva et vint prendre les mains de Noé et Flora pour que Finn rejoigne la fuyarde.

- Vous avez des enfants ?! Et… Et après, quoi ?!
- Ils ont tout changé ! Du jour au lendemain, je ne pouvais plus être… Je ne pouvais plus… être moi pour moi, mais moi pour eux !

Lily regardait le terrain. Finn vint la rejoindre.

- Je… J'ai dû vivre avec eux, par eux ! Subir mon insupportable aîné…

Roland plissa les yeux. « Coucher avec l'ennemi… »

- … Tenter d'aimer une fille trop raisonnable et normale pour moi…

Lily se mordilla les lèvres. Finn la regarda.

- Tu peux pas t'en aller comme ça, là ! C'est ton père sur ce terrain !

Lily regarda Finn.

- Et… et finalement tenter de donner à mon petit dernier l'attention qu'il méritait au milieu de tout ça !

David ne réagit pas. Son visage ne tiqua pas du moins. Seule Linda sentait comment il avait réagi. Denis bombardait David de regards inquiets.

- Et au milieu de tout ça, gérer une nouvelle absolument ingérable, quelque chose qui vous poignarde en plein cœur et auquel vous devez faire face parce que c'est… Faire face ou tout laisser s'écrouler…

Linda se mordilla les lèvres, les yeux vibrants et humides.

- … Je ne peux plus surnommer mes Pokémon parce que je ne peux plus regarder ma vie et ma famille en face !

Lily serra les dents et partit dans les couloirs en courant. Finn grommela et la poursuivit.

Adam hocha la tête.

- D'accord, d'accord, la vie est très compliquée, très dure, très insupportable, je comprends… ok. On… on continue ? Je vous embête plus.

Etienne hocha la tête. Adam se mordilla les lèvres, ému.

- Je… Je faisais juste ça parce que… ces surnoms, ces techniques… C'est ça mon lien avec vous… En apprenant qu'on allait se battre, j'étais d'abord déchiré mais en montant ces escaliers, j'ai réalisé deux choses… La première c'est que… Les sentiments, ça ne pousse pas avec de l'engrais et un arrosoir…

Roland plissa les yeux. « Et le prix de la métaphore la plus foireuse… »

- … et surtout… J'étais content de vous affronter ! Ca signifiait tellement de choses ! Je suis devenu professeur grâce à vous, c'est vous ma vocation, c'est vous mon Jools Sivi…
- STOP !

Jasper Colin, dans l'assistance, baissa lourdement la tête. « Mon pauvre Etienne… C'est poutre dans la gueule sur poutre dans la gueule… »

Etienne avait levé la main.

- Pas un mot de plus. Pokémon suivant.
- … Muffin.

Ursaring apparut face à Adam. Etienne soupira.

- Lucario !

Le Pokémon fit son apparition face à Etienne. Le public applaudit cette apparition, mollement.

- Pisto Poing !

Lucario chargea Ursaring. Adam tendit un bras en avant.

- Martopoing !!

Ursaring frappa en avant, avec les bras. Lucario fut stoppé et recula, vivement frappé.

- Allez ! Séisme !!

Ursaring frappa le terrain, choquant vivement Lucario. La retenue d'Adam, visiblement, s'en était allée…

- CONTINUE, CLOSE COMBAT !!

… avec un semblant d'admiration.

- ATTENDS, MERDE !!

Lily se retourna vers Finn, haletante.

- J… Je peux pas supporter ça !
- …
- De… De le voir exprimer des regrets que j'ai toujours nié, de voir que finalement mon frère a toujours eu raison, que mes parents ont toujours été faibles, que mon cercle familial est fondé sur des compromis… C'est… C'est la concrétisation de tout ce dont je t'ai parlé… durant cette guerre où on s'est rencontrés… Même moi je fais des compromis ! Une guerre, mais à quoi je pensais ! A quoi je pensais, à quoi je pensais, à quoi je pensais, MERDE !!!

Finn serra Lily contre lui.

- J'en peux plus, Finn, j'en peux plus de cette famille, ça fait cinq jours que je suis de nouveau obligée de les fréquenter et ça recommence à me bouffer !!

Finn hocha la tête. Lily était serrée contre lui, profitant au maximum de sa chaleur et de sa présence.

- J'en peux plus…
- Je vois ça.
- Finn, promets-moi que quoi qu'il arrive, on… on sera justes avec nos enfants et on leur dira tout quoi qu'il arrive ! Quoi qu'il nous arrive ! Si on se sépare, ils sauront pourquoi, si on se dispute, ils sauront pourquoi, et ils seront au courant de tout et on sera des parents sincères et…

Finn soupira.

- Je crois que le propre des parents, c'est… tu vois, de laisser croire aux enfants que le Père Noël existe. Que la fée des dents met une pièce sous l'oreiller. Que la cloche de Pâques amène des œufs en chocolat. Que papa et maman s'aiment très fort. Que le monde extérieur est beau et que le foyer est uni, soudé et avancera ensemble toute la vie. Et un jour on prend conscience que tout ça était faux…

Finn regarda Lily en l'éloignant de lui.

- Tu as le droit de ne pas t'en soucier. Tu as les enfants, tu m'as moi. Tu sais que je te soutiendrais comme je peux, même si… là, je bosse plus, même si… je suis pas toujours de bon conseil, je suis pas super intelligent, je suis pas toujours raisonnable, j'ai dressé notre fils en pensant lui inculquer la politesse et les bonnes manières… Si tu veux que j'arrête, j'arrête, si tu veux qu'on parle, on parle, si tu veux qu'on fasse l'amour, on fait l'amour, mais je suis là pour toi, Lily, et si tu veux te servir de moi comme d'un bouclier contre ta famille, comme je pense que tu l'as toujours fait…

Elle pleurait à chaudes larmes.

- … Fais-le, je m'en fous. C'est toi et les mômes, ma vie, maintenant. Vous m'avez transformé et je peux plus rien faire sans vous.

Lily sanglota contre Finn qui se recroquevilla sur elle comme pour la protéger d'une pluie invisible.

- Mmmmmm… nnnnnn…
- Je sais, moi aussi. Je sais… marmonna Finn.

Linda se retourna vers les sièges vides de Finn et Lily, inquiète.

- Il est avec elle, ne t'en fais pas, maman.

Linda regarda David. Elle regarda Denis qui rectifia son regard d'amoureux transi pour un regard normal et quelque peu compatissant.

L'Aurasphère de Lucario repoussa Ursaring et lui colla une forte beigne. Adam restait concentré.

- Retour !

Ursaring chargea Lucario, entouré d'une aura blanche légère. Lucario prépara une attaque.

- Pied brûleur !!

Lucario frotta ses pieds au sol, attendit qu'Ursaring soit assez prêt et porta le coup de pied enflammé…

… qu'Ursaring contra en tenant le tibia de Lucario de la main droite.

- Muffin, attaque Martopoing !!

Ursaring écrasa Lucario contre le sol en frappant le ventre non gardé. Etienne grommela.

- Lucario, Pisto Poing !!

A terre, le Pokémon frappa Ursaring en pleine face.

- Et Stratopercut !!

Lucario projeta Ursaring qui retomba lourdement auprès de son maître. Adam fronça les sourcils. Ursaring se releva et sembla légèrement assoupi.

- Hmph… Dracochoc !

Lucario leva les mains en l'air et créa une aura bleue néfaste autour de lui. Il tendit un bras et balança une foule de rayons en forme de dragons sur Ursaring. Le Pokémon Hibernant se prit la charge sans trop de dommages. Etienne remarqua soudain sa Grimace.

« Ma vitesse… Il veut jouer sur la vitesse… »
- VITESSE EXTREME !

Lucario partit dans les airs à une vitesse folle. Il fonça vers Ursaring, se déplaçant en spirale.

Toujours endormi, Ursaring retint Lucario à bout de bras. Etienne s'en étonna. Le choc avait été rude.

Adam avait un regard dur.

- Si vous ne pouvez pas faire abstraction de vos sentiments pour un simple match… Pardon, monsieur, mais…
« Ca n'est pas un simple match ! » songea Etienne.

Dans un Close Combat radical, Ursaring abattit Lucario. Etienne ferma les yeux, dépité.

- … Vous n'êtes pas digne de vous tenir ici, au milieu de tous ces dresseurs qui se battent pour recevoir le titre de Meilleur Dresseur de Poképolis !
- … Adam…
- Vous venez de sous-utiliser ce Lucario de la pire façon qui soit !
« En effet, s'il en était resté à du Spécial au lieu de vouloir faire son Kéké en physique, là où Ursaring excelle, papa aurait gagné… » songea Roland.
- J'espère que vous saurez jouer la prochaine manche !

Etienne soupira. Il envoya Foretress, sous les yeux étonnés de la foule. Adam grommela. Roland se redressa de son siège.

- Mais il fait quoi, là ?
- Je crois qu'il doit être un peu perturbé… marmonna Rachel. Tu peux comprendre ça ?
- Pas vraiment.

Linda, David, Denis, Judith et Estelle regardèrent Roland. Norbert, Lionel et Charlie aussi, avec un temps de retard.

- Roland, tu ne vois pas que tout le monde est secoué, là ? s'étonna Malcolm.
- Vous êtes tous en train de faire preuve d'empathie alors que papa est juste en train de maugréer sur son passé comme une femme de ménage sur des gravures faites au compas sur le bois d'un pupitre d'écolier !

Linda s'étonna de la métaphore choisie. Roland était très sûr de lui pourtant.

- Papa est en train de se foutre en l'air tout seul, en empathisant avec lui, vous ne faites que donner du grain à moudre à toutes ses lamentations !
- La faute à qui, Roland ?

Roland regarda Malcolm qui haussa les épaules.

- Plait-il ?
- Ne fais pas l'innocent, tu n'as pas été un saint, les vingt premières années de ta vie.
- J'avais de bonnes raisons. Que j'ai appris à apprivoiser. Papa doit faire de même !
- Et tu crois que c'est si simple… soupira Linda.

Roland regarda sa mère.

- On parle de papa, pas de David, là !
- Roland, tu n'étais pas du bon côté de la barrière pour en parler aussi légèrement… marmonna Linda.

Roland grimaça. Rachel le regarda. Denis ne comprenait rien et ne voulait pas trop comprendre.

- Et même moi, je ne t'ai presque jamais rien renvoyé à la face, mais… J'ai terriblement souffert, et… une part de moi a toujours peur de toi, c'est vrai. Et pour Etienne, c'est également toujours une forme de rage contenue qui le ronge. Tu es son fils, il ne peut pas te renier parce qu'il t'aime, mais tes actes le renvoyaient à… mon acte et donc à sa responsabilité de père, de mari et d'homme.

Roland écarquilla les yeux. Linda secoua la tête.

- Et je doute que quoi que ce soit arrange quoi ce que soit. Des deux côtés. Tu t'es remis, très bien. C'est moins simple pour lui.

Yann plissa les yeux. Il envoya un texto à Amy. « Derrière moi j'ai toute la souffrance du monde qui se déballe. C'est trop fun ! »

- Yann, à qui tu envoies des textos ? s'étonna Charlie.
- … Sheldon !
- Sheldon a bon dos… marmonna Dimitri.

Charlie plissa les yeux.

- Astuce Force !

Foretress se retourna. Ursaring se prépara à le réceptionner.

- … Elecanon !

Foretress balança la charge électrique. Ursaring la vit arriver et l'esquiva d'un rapide mouvement latéral. Foretress arrivait sur le côté.

« Evidemment c'était une diversion, je ne suis pas si bête ! » soupira Adam.

Foretress allait attaquer avec Tour Rapide. Ursaring prépara un Martopoing. Mais d'autres Foretress arrivaient de toutes parts. Adam regarda Etienne qui souriait. Il était de nouveau sérieux.

- Bon. On est prêts ?

Adam acquiesça. Foretress chargea Ursaring en plein ventre avec Damoclès. Ursaring recula et abattit ses bras sur le Pokémon Ver Caché. Foretress se ferma hermétiquement.

« Abri… »
- EXPLOSION !

Estelle se couvrit, pas certaine. Linda savait. Gradin interloqué. Adam grommela.

- Vous me sous-estimez. Séisme !

Ursaring frappa Foretress d'un coup de massue avec les deux mains. Foretress s'effondra, KO. Ursaring aussi, KO.

Adam s'en étonna. Etienne souffla.

- Patience. Désolé.
- … Je vous reconnais bien là.
- C'était juste histoire… de balancer la sauce.
- Hm…

Les deux dresseurs rappelèrent leurs Pokémon.

- On continue, je suppose… souffla Etienne.
- Content de voir que ça va mieux.
- Le combat est une de ces activités qui me revigore toujours.
- Bon. Norton !!

Hippodocus apparut. Etienne haussa les sourcils.

- Que de souvenirs…
- Oui…
- En fait finalement tu n'as jamais changé d'équipe en tout ce temps…
- Non. Je suis parti de rien et j'ai remporté des Ligues Pokémon, et j'ai travaillé dans la recherche… Grâce à vous !

Etienne hocha la tête.

- Et ce, sans jamais citer votre nom sur aucun CV !

Etienne regarda Adam, surpris. Adam sourit.

- Partir de rien et réussir, quoi. Comme vous nous l'avez appris.

Etienne s'en étonna.

- Au départ je me suis dit « Vas-y, dis au monde que tu as été l'élève de Smirnoff, les gens vont t'aduler, tu vas crouler sous les propositions… » Et au moment de faire mon curriculum, je me suis dit… « Si tu fais ça, tu fous en l'air ton enseignement, tu le jettes aux orties et tu le piétines ». Alors sur mon CV, j'ai juste marqué « A eu son diplôme » avec mon code de probation, mais sans votre code de probation à vous – et il s'est avéré que ça a suffi à ce que je me fasse engager !

Etienne acquiesça. Adam sourit.

- Donc… ma carrière, j'en suis satisfait. Après, sentimentalement, ça n'a pas toujours été au top, mais bon… après, on ne peut rien contre le destin !
- Je comprends ça. Scarhino !

Le Pokémon Insecte apparut. Timothy poussa un soupir désolé. « Dire que… Bwoh, à quoi bon ressasser tout ça… »

- Ce bon vieux… Ce bon vieux Scarhino ! sourit Adam.
- Oui, voilà, ce bon vieux Scarhino. Et rien d'autre qu'un bon vieux Scarhino.

Adam plissa les yeux.

- Ca a dû les peiner, vos Pokémon, que vous cessiez de les…
- MEGACORNE !!

Scarhino fonça sur Hippodocus. Adam déglutit. « Ok, il veut plus causer, je vais trop loin… »

- Tête de Fer !!!

D'un bon gros coup de naseaux, Hippodocus repoussa Scarhino.

- FRAPPE ATLAS !!!

Scarhino vola vers Hippodocus qui le repoussa à nouveau avec la même attaque.

- Je vois… Tunnel !

Scarhino s'enfonça dans le sol. Adam soupira.

- Vous êtes si bête que ça, monsieur Smirnoff ? Séisme !!

Hippodocus leva une patte, juste pour avoir Scarhino sous son ventre.

- Que…
- Quand tu as dit « Vous êtes si bête », Scarhino était déjà sous Hippodocus. FRAPPE ATLAS !!

Le Pokémon Unicorne sauta avec Hippodocus, sous les yeux impressionnés du stade, et projeta le Pokémon sur le terrain avec une force titanesque.

- Bien ! Mégacorne, maintenant !!

Scarhino frappa Hippodocus en plein ventre alors que le Pokémon était à moitié retourné. Il se rétablit sur ses pattes. Adam fronça les sourcils.

- C'est la guerre que vous voulez !
- Fais attention aux expressions que tu emploies, mon grand !
- Ouh pardon !
- CLOSE COMBAT !

Scarhino sauta sur Hippodocus et le roua de coups, sans que le Pokémon ne bouge. Etienne haussa un sourcil. Adam désigna son Pokémon.

- Je ne vous présente pas l'attaque Paresse, vous l'avez bien assez combattue en cours !
- …
- Je ne vous présente pas non plus Lame de Roc !

Les rochers tournèrent autour d'Hippodocus, frappant Scarhino qui recula, gêné.

- Casse Briques !

Avec sa corne, Scarhino tenta de contrer quelques pierres, mais il était bien attaqué aussi. Etienne grommela.

- Tête de Fer !

Hippodocus fonça sur Scarhino, lui présentant ses naseaux enrobés d'une lumière métallique. Roland et compagnie suivaient le match. Lily et Finn revinrent discrètement.

- ALLEZ, DAMOCLES !!

Hippodocus défonça littéralement Scarhino qui se retrouva complètement acculé contre une rambarde. Etienne souffla, dépité.

- Eh bien…
- Je suis sérieux, monsieur. Tout ce que j'ai dit pendant ce match, je le pensais. Et là, je suis sérieux.
- Enfin ! Reviens, Scarhino.

Etienne plissa les yeux. « Ce serait marrant que je me fasse battre… Ils sont tous là, à me regarder… »

Etienne regarda les gens dans le stade.

« C'est moi qu'ils veulent voir triompher, tout ça pour m'applaudir… Par le passé, cela m'aurait dégoûté, j'aurais perdu rien que pour… plaisanter… mais j'ai perdu tout ça… Aujourd'hui je suis un homme sérieux, un père de famille, un professeur à la retraite, un grand-père… Je ne suis plus celui que j'étais… sauf dans le combat. C'est le seul endroit où je suis resté le même. »

Etienne soupira et prit une Pokéball.

- Advienne que pourra. Blizzaroi !!

Le Pokémon Glace et Plante apparut face à Hippodocus.

- Je ne lâche rien ! Tête de Fer !!

Hippodocus chargea Blizzaroi.

- Martobois !

Blizzaroi retint Hippodocus à bout de bras d'un sévère coup de poing. Les deux Pokémon se poussaient l'un et l'autre comme des sumos.

- Norton, Lame de Roc !!

Le rochers frappèrent Blizzaroi qui poussa un gémissement sourd.

- Ca n'a rien à voir avec mon Floper ! souffla Norbert.
- Mon pauvre Norbert ! Cette comparaison n'a, mais alors, absolument pas lieu d'être ! ricana Lionel.
- Comment ça ?
- Mais entre ta grosse barrique libidineuse et ça, tu avoueras qu'il y a quand même un monde ! soupira Lionel.
- … Floper n'est pas une grosse barrique libidineuse !
- Norbert, on en rediscutera, y'a un match, là !
- Hmph…

Des lianes apparurent autour d'Hippodocus. Roland plissa les yeux. « Vampigraine… »

- Blizzaroi, Blizzard !!

Le yéti balança un puissant souffle glacé qui repoussa violemment Hippodocus dont la vie était pompée par la Vampigraine.

- Damoclès !!

Hippodocus chargea violemment Blizzaroi qui recula, fortement atteint.

- Nœud d'Herbe !!

Blizzaroi se décala et laissa Hippodocus trébucher fortement sur un arceau végétal. Le Pokémon Glace avait toutefois été bien choqué par la charge sauvage d'Hippodocus. Hippodocus retomba donc, les fesses en l'air. Blizzaroi leva le bras pour lui porter un Martobois fatal, mais Hippodocus fit trembler la terre. Le Séisme fit légèrement reculer Blizzaroi, permettant à Hippodocus de se relever.

- Vous jouez sur les laps de temps…
- C'est vous qui m'avez appris à ne rien lâcher. Lame de Roc !

Hippodocus lâcha une armée de rochers vers Blizzaroi. Etienne souffla, prêt à porter le coup de grâce.

- Martobois !

Blizzaroi contra les rochers en agitant son poing chargé d'énergie végétale.

- Et POINGLACE !!

Blizzaroi frappa Hippodocus en plein nez. Le Pokémon recula.

- Tête de fer !

Hippodocus tituba d'avant en arrière.

- A… Allez Norton !

Etienne était prêt à attaquer, mais Hippodocus s'effondra.

- Oh…

Néanmoins son nez frappa le pied de Blizzaroi qui sembla très endolori par cette attaque surprise et s'effondra, KO.

- … Oh… marmonna Etienne.
- … voilà ma malchance qui revient !
- Hm… Dernier Pokémon…
- C'est embêtant, mon dernier Pokémon…
- Ah oui… Il me semble savoir lequel c'est…

Adam eut un grand sourire. Etienne soupira.

- Capidextre…
- OLGA, GO !

Les deux Capidextre se firent face. Lily, David et Roland penchèrent la tête sur le côté. Etienne regarda son Capidextre.

- Ca va aller ?

Le Pokémon hocha la tête, ayant parfaitement récupéré de son match précédent.

Adam se mordilla les lèvres.

- Vous ne pourriez pas l'appeler Erwan, juste pour ce match ?

Roland sourit. Etienne resta ferme.

- Non !
- Ca me ferait plaisir, juste comme ça…
- Non, non, et définitivement non. Mon père ne mérite pas d'être associé à un Pokémon, fut-il mon plus précieux et mon plus loyal Pokémon.

Adam acquiesça.

- Je comprends… En tant qu'élève, ça me plaisait de faire face à vous et à votre équipe… mais bon… si vous ne voulez pas, je ne vais pas vous forcer. Ça me désole, c'est tout.
- Je suis désolé que ça te désole. Tu me connais assez bien pour savoir que je suis inflexible sur certaines choses.

Roland leva les yeux au ciel. « Ce qui t'a toujours été très judicieux... »
Lily plissa les yeux. « Malheureusement. »
David se mordilla les lèvres. « C'est pas vrai, papa, et tu le sais très bien. »

- Bref. Bluff !
- BLUFF !

Les deux Pokémon se foncèrent dessus et se frappèrent les paumes l'un de l'autre. Le choc les effraya tous les deux.

- Hm…
- Hmph… Capidextre, Météores !

Le Pokémon d'Etienne envoya des étoiles sur le Capidextre d'Adam.

- Olga, contre son attaque avec Torgnoles !

Le Pokémon d'Adam contra les météores à coups de claques. Etienne s'étonna de la possession d'un tel coup.

- Torgnoles ?!
- Oui…
- … C'est… étrange !
- Vous n'avez pas tout vu, monsieur ! Coup Double !!

La femelle Capidextre d'Adam sauta vers le Capidextre d'Etienne et lui asséna une double frappe. Etienne s'étonna de son manque de puissance.

- … Multi-Coups !

Roland s'étonna.

- L'aptitude spéciale de ta Capidextre est Multi-Coups !
- Oui !
- D'où l'apprentissage de Torgnoles…
- Voilà.
- C'est… à la fois très judicieux et assez étrange…
- Oui mais bon, je ne voulais pas non plus en faire un… Erwan Bis !
- … C'était ton dernier mot. Acrobatie !

Capidextre tourna sur lui-même et frappa son adversaire femelle de multiples coups de patte et de pied. Capidextre sauta ensuite sur le visage de son adversaire et l'écrasa contre le sol.

- Coup Double !!

Le Capidextre d'Etienne, dans un mouvement acrobatique, abattit ses queues sur la Capidextre au sol, mais celle-ci s'était échappée.

- Désolé, ma Capidextre connait Hâte.
- …
- … Olga, Demi-Tour !!

Le Pokémon Singe fonça droit vers le Capidextre d'Etienne qui la repoussa avec des Météores. Toutefois, cela n'arrêta pas la femelle singe qui fit demi-tour et chargea à nouveau le Pokémon Académique d'Etienne.

- Mitrapoing !!

Le Capidextre d'Etienne tenta de frapper la Capidextre d'Adam, mais celle-ci esquivait. Elle réussit à frapper son adversaire d'un grand coup de queue derrière la tête. Le Capidextre d'Etienne s'effondra sur un genou.

- Capidextre !!

Roland se redressa. « Papa va perdre ! »
Lily serra les dents. « Non, pas possible… »
David serra la main de sa mère. « Oh lala… »

Etienne se mordilla les lèvres. Capidextre se releva. Etienne souffla. Le public applaudit la résistance du Pokémon violet. Adam regarda son ancien professeur.

« Je suis désolé pour ce que je vais faire, mais j'ai une chance de l'emporter, alors… »
- Capidextre, Reflet !!

Le Pokémon d'Etienne se dédoubla en multiples images. Adam plissa les yeux.

- RETOUR !

Les Capidextre s'entourèrent d'une lumière blanche. Adam ne pouvait pas repérer le bon. Sauf que…

« Je sais que les reflets ne sont que des déplacements furtifs d'énergie… »

Les Capidextre se mirent en branle. Adam regarda sa Capidextre qui hocha la tête.

- Olga, Rebond !

La Capidextre d'Adam sauta en l'air. Les Capidextre Reflets d'Etienne foncèrent à sa rencontre.

- Et Souplesse !

Elle tourna sur elle-même, créant une véritable tornade avec son corps. Les reflets furent désagrégés et Adam repéra le Capidextre majeur qui tentait d'attaquer, malgré le bordel de queues, de mains et d'auras blanches lumineuses.

- VAS-Y, OLGA !
- Capidextre, Giga Imp…
- ATTRACTION !!!

La Capidextre agita les queues et envoya une nuée de cœurs sur le Capidextre principal qui retomba calmement au sol, dépossédé du Retour et complètement gaga. La Capidextre d'Adam se remit face à Etienne, et le Capidextre d'Etienne était complètement fou amoureux. Etienne soupira.

- Oh, misère…
- Quelque chose d'aussi simple qu'Attraction vous plonge dans un tel désarroi ?
- Je n'avais pas besoin de ça…
- C'est pourtant… quelque chose auquel vous pouviez vous attendre, non ?

Etienne soupira.

- Je n'ai jamais su… résister correctement à l'attaque Attraction…
- Votre Pokémon attaquera toujours, mais moins souvent. Vous êtes soumis au hasard de la vie, professeur !
- Coup Double !

Capidextre agita les queues, mais sans plus.

- Capidextre, attaque Météores !!

Le Capidextre d'Etienne n'attaqua pas. Adam prit une grande respiration et saisit l'occasion.

- OLGA, TORGNOLES !

La Capidextre roua le Pokémon d'Etienne de claques. Roland était sidéré.

« IL VA LE BATTRE, IL VA GAGNER, IL VA BATTRE PAPA, PAPA VA SE PRENDRE UNE ROUSTE MONUMENTALE, UNE HUMILIATION PAS POSSIBLE DEVANT DES MILLIERS DE PERSONNES !! »
- Oh mon Dieu… s'étonna Rachel.
- Etienne… geignit Linda.
- Ca va aller, maman, papa va gagner… marmonna David.
« Si ça arrive je veux bien m'enfiler une bouteille entière de sauce piquante ! » songea Roland, surexcité.
- Papa va sûrement s'en sortir… acquiesça Lily.
« Mais non, il va perdre, petite idiote, c'est certain… Je ne dirais pas que je souhaite sa défaite, mais si elle advenait… »

Roland regarda le visage terrifié de son père sur les écrans géants.

« … Je devrais changer de sous-vêtements ! »


Adam fronça les sourcils, prêt à achever son professeur.

- Allez ! Souplesse !!

Les queues fouettaient l'air. Capidextre était désarmé, incapable de résister, le peu de moments de lucidité qu'il avaient lui servaient à se protéger maladroitement.

- Capidextre…

Etienne regardait son Pokémon.

Déstabilisé.

Lui, le grand stratège, le puissant dresseur, qui était venu à bout de Cynthia et Hélio, d'Antoine de Beaufort, de tant d'autres adversaires…

- Capidextre…

VAINCU

Par l'attaque Attraction.

Norbert et Lionel étaient suspendus à ce qui allait arriver. Charlie en avait oublié Léopold. Yann n'arrivait plus à texter. Dimitri mâchonnait une pizza. Kate et Bernice avaient les mains sur les genoux, prises par le suspense. Travis était en transe. Malcolm était bouche bée. Claire regardait cela avec un air stupéfait. Estelle secouait doucement la tête. Judith était neutre.

Dans tout le stade, on regardait la Capidextre d'Adam s'acharner sur celui d'Etienne.

- Capidextre…

Ulrich Trafalgar s'étonnait. « Le père va échouer là où le fils avait si bien réussi ?! »

- Capidextre…

Les murmures d'Etienne résonnaient dans le stade où le silence était total.

- Capidextre, je t'en prie…

Roland allait faire une attaque cérébrale tellement il était fébrile. Colin grimaçait, incapable de réaliser que son oncle allait peut-être perdre.

- F… Faut l'encourager, là ! Nan ?
- Il ne nous entendra pas… marmonna Finn.
- Papa va gagner, c'est pas possible autrement… marmonna Lily.
- Mais oui, papa va gagner, hein maman ? sourit David.

Linda hocha la tête, hébétée. Roland avait un sourire carnassier. « Mais non, il va se ramasser, la branlée de sa vie, vous dis-je. Et vous savez comment je vais réagir ? »

– HAHAHA ! BIEN FAIT POUR TA GUEULE VIEUX CON !!!

Tout le monde regarderait Roland, stupéfaits.

- OH PUTAIN QU'EST-CE QU'IL S'EST MANGE !!! BOOYA ! BOOYA DANS TA FACE YEAAAAAAAAH !! C'EST LE PLUS BEAU JOUR DE TOUTE MA PUTAIN DE VIE DE MERDE OH LALALALA !!!

Etienne reviendrait vers sa famille, désolé.

- J'ai été mauvais, mauvais… Je suis un raté… Je ne mérite même plus de vivre !
- Oh mon Etienne ! Ca n'est pas grave, je t'aime toujours ! crierait Linda.
- Je suis une honte pour la famille… Roland, c'est à toi que revient la mission de préserver notre honneur. Moi, je suis fini.

Roland se lèverait et regarderait son père.

- Ca n'est pas la mort, papa, tout le reste de ta famille sait à quel point tu es un grand homme !
- …
- Sauf moi ! Moi, maintenant, je vois que tu es un gros perdant, et si tu savais à quel point ça me fait plaisir ! WHOUUUUUUUU ! Je REVIS ! YEAH ! ALLEZ VIENS RACHEL ON VA SE SAOULER LA GUEULE AU BAR A VODKA DEVANT LE STADE !
- J'arrive mon chéri ! crierait joyeusement Rachel.
- Moi aussi papa ! crierait Ethan, âgé de 18 ans et du fric plein les mains.


- Roland, tu baves ?!
- Hein ? Non ! Non !

Roland s'essuya la bouche d'un revers de la main.

- Papa ne perdra pas, j'en suis persuadé !! mentit Roland.

Etienne regarda son Capidextre s'effondrer au sol.

Roland afficha un grand sourire en direction du stade, au bord de l'explosion orgasmique.
David eut une grimace désespérée.
Lily serra les dents, apeurée.

- … Capidextre !

Le Pokémon se releva difficilement.

- Capidextre, allez ! Je sais que tu te fais vieux, mais…

Le Pokémon se rétablit sur ses pieds, patraque et toujours amoureux. Adam se mordilla les lèvres.

- Je suis désolé, monsieur… Olga, attaque Coup Double !

La Capidextre sauta vers Etienne et son Pokémon.

- Capidextre, allez, Onde de Choc, Météores ! Mitra Poing !

Capidextre était toujours dans la lune. L'adversaire allait frapper.

- ETIENNE !! cria Linda.

Etienne ferma les yeux, crispa son visage et lâcha, comme si c'était d'une douleur infâme :

- ERWAN !!!

Capidextre se ressaisit miraculeusement de l'Attraction. Roland tomba des nues.

- MITRAPOING !!!

Le Pokémon frappa d'un grand coup dans le ventre d'Olga, son adversaire. Adam resta médusé. Sa Capidextre partit s'échouer derrière lui. Etienne regarda son Pokémon.

- Tout va bien… Capidextre ?!

Le Pokémon regarda son maître, interloqué, mais il allait presque bien, et hocha la tête en conséquence.

- Allez ! Onde de Choc !!

Les mains de Capidextre s'entourèrent d'une aura électrique bleue. Adam regarda sa Capidextre revenir à la charge.

- Olga, Poing Eclair !!

La femelle Capidextre attira à elle l'Onde de Choc du Pokémon d'Etienne, qui allait néanmoins à sa rencontre. Roland était scié. « J'y crois, pas le revoilà revenu dans la course !! Tout ça à cause de son foutu surnom ! »

- COUP DOUBLE !!!

Le Capidextre d'Etienne et celle d'Adam firent l'attaque en même temps et croisèrent donc les queues. Adam regarda son professeur.

- … Je gagnerais, monsieur ! Désolé ! Torgnoles !!

La Capidextre écarta les queues du Capidextre d'Etienne et s'apprêtait à le frapper.

C'était sans compter sur les deux mains jointes de Capidextre, unies en un énorme poing. Le Capidextre tournoya et frappa un grand coup en pleine face.

Giga Impact. La Capidextre fut projetée ad patres, sans plus de procès. Capidextre retomba sur ses fesses, épuisé. Il y eut un temps de latence, et le dernier KO fut confirmé.

« …….. ET C'EST UNE VICTOIRE EXTRAORDINAIRE »
Roland s'éclata des vaisseaux sanguins dans les yeux.
« D'ETIENNE SMIRNOFF !!! UN GRAND BRAVO !!! »

Clameurs du stade, tout le monde se lève et applaudit Etienne. Adam sourit, heureux également que son professeur ait gagné. Etienne était essoufflé, ce match lui avait demandé beaucoup d'efforts, et il n'avait clairement plus l'âge de se battre comme ça.

- Bravo, monsieur…
- C'est toi que je félicite, Adam, tu as été exceptionnel, bravo, je ne penserais pas que tu me tiendrais tête comme ça !

Les deux se rejoignirent et se serrèrent la main sous une standing ovation de malade. Même Jennifer applaudissait.

David serra sa mère dans ses bras.

- J'étais sûre qu'il gagnerait !
- Je n'en ai jamais douté !

David se sépara de sa mère et retourna auprès de Denis.

- Alors comme ça tu me délaisses ? sourit Denis.
- Ne sois pas bête, Denis, il fallait que je le fasse.

Le ton sérieux de David remit Denis à sa place. Il hocha la tête, modérément convaincu.

Etienne, aidé par Blizzaroi, descendit les marches et remonta vers sa famille, victorieux.

- Bravo, Etienne ! félicita Norbert.
- C'était grandiose ! Du grand Smirnoff ! sourit Lionel.
- Excellent, Etienne ! sourit Charlie
- Bravo !
- C'était génial !

Roland était déconfit. Rachel le regarda.

- Ton père a gagné, c'est génial, non ?
- … Ouais, ouais.
- Ca va ?

Roland se ressaisit et hocha la tête très exagérément.

- Oui… oui. C'est juste que j'ai eu tellement… peur qu'il perde !
- Tu mens très mal, Roland, et tu n'es mais alors absolument pas crédible.
- … Très bien, j'enrage, j'aurais aimé qu'il se vautre, je suis vert de rage ! Contente ?!
- Décidément… soupira Rachel.

Etienne arriva au niveau de son fils qui devait forcément se pousser pour qu'il retourne à sa place. Roland se leva.

- Félicitations, papa…
- Merci fiston, même si je sais que tu n'es absolument pas sincère…
- Hmph…
- Bravo, Etienne ! sourit Rachel.
- Merci.
- Bravo papi !

Etienne regarda Ethan.

- C'est Grand-Père ! Je supporte pas Papi !
- Oui papi !
- Bravo, monsieur, très beau match !
- Merci Denis.
- Papa, félicitations…
- J'aurais pu faire mieux, mon grand, on le sait tous.

Linda serra Etienne dans ses bras.

- J'ai eu tellement peur !
- Mais non, mais non, tout va bien !

Roland leva les yeux au ciel. « Bah voyons, tout est super… »

« Pause déjeuner, Vite !! J'ai FAIIIIIIIM !!! »

***

La troupe se réunit près de la sortie du stade.

- On mange où ? demanda Estelle.

David regarda Denis.

- On a une invitation, nous…
- Il faudrait qu'on y aille, nan ? sourit Denis.
- Oui… C'est où, le Duchesse…

Charlie arriva vers eux.

- Je viens avec vous, Yann et Dimitri ont leurs projets de leur côté, j'ai une place là-bas en tant que champion… Je suppose également que Rachid, Armando et Noa ne veulent pas parler que de crevettes et de sushis avec toi, donc ça me permettra de garder un œil !
- Merci ! sourit David.
- … et de cuver l'absence de Léopold.
- Si ça se trouve il est à l'hôtel… marmonna Claire.

Charlie regarda Claire qui haussa les épaules.

- Pour… je ne sais pas, se reposer…
- Tu ne pensais pas à ça !
- Charlie, je n'ai rien à me reprocher donc je n'ai pas peur de dire ce que je pense…
- JE N'AI RIEN A ME REPROCHER, CLAIRE, RIEN, ET TES PETITES INSINUATIONS COMMENCENT A M'ENERVER !!!

Tout le monde se tourna vers le duo. Malcolm vint aux côtés de Claire.

- Euuuuh tu baisses d'un ton ?
- NON ! TA FEMME EST EN TRAIN DE DIRE QUE JE SUIS UNE PERSONNE ABJECTE !
- Je n'ai RIEN DIT de tel ! C'est toi face à tes responsabilités !
- J'AIME LEOPOLD ! J'AIME LEOPOLD FINSBURY, 35 ANS, SANG RHESUS O NEGATIF, DONT LE PLAT PREFERE EST LA TARTE AUX MIRABELLES, DONT LA SERIE PREFEREE EST WILL AND GRACE, DONT LA COULEUR PREFEREE EST LE BLEU, J'AIME CET HOMME ET QUOI QUE TU PUISSES DIRE, JE…

Charlie sentit une tape sur son épaule.

- Arrête de crier !

Charlie se retourna vers… Léopold.

- L… L… Lé…

Claire était éberluée aussi. Léopold semblait aller tout à fait bien si ce n'est qu'il avait l'air d'avoir beaucoup pleuré.

- Charlie, ça va ! Ne t'en fais pas !
- LEOPOOOOOOOOOOOLD !!!

Charlie s'éffondra sur lui en pleurant.

- Léo mon Léo ! Je suis tellement désolé ! Pardonne-moi !! Pardonne-moi !!
- Mais qu'est-ce qui s'est passé pendant que j'étais pas là ?!
- Sheldon a perdu… marmonna Dimitri.

Yann regarda Dimitri, blasé.

- Sérieusement… Dimitri !
- Quoi ? C'est vrai, non ?
- … Sérieux !

Charlie regarda Léopold et l'embrassa à pleine bouche. Colin boucha les yeux de Walter.

- Je vois pire aux infos, papa…
- Quand même !

Charlie regarda Léopold.

- Je t'aime, mon Léo ! Je ne veux plus jamais qu'on soit séparés !
- Mais on n'était pas séparés, j'ai juste été faire quelque chose… N'enguirlande pas Claire comme ça, voyons…
- Euh… je crois que je l'ai un peu mérité en fait… marmonna Claire.

Charlie regarda Claire, puis regarda Léopold.

- Je… Je suis désolé d'avoir levé la main sur toi ! Vraiment ! Je…
- Charlie, voyons, ça va ! Je t'aime assez pour comprendre que…
- Il n'y a RIEN à comprendre, à excuser ou qui ne se justifie, je t'aime et jamais ô grand jamais je ne devrais… lever la main sur toi ! Je suis affreusement désolé ! Sans toi, je ne suis plus rien, Léo !

Léopold regarda Charlie et hocha la tête.

- Si… si tu as besoin de ça… ok, d'accord, je te pardonne. Mais… dans ma tête, c'est déjà oublié…

Claire pencha la tête. Estelle soupira.

- Je crève la dalle, moi ! On peut pas remettre les feux de l'amour à plus tard !
- Léo, on va manger au Duchesse, j'y ai des places !
- Sérieux ? Cool !
- On emmène David qui va déjeuner avec Rachid et ses frères.
- QUOI ???

Léopold empoigna et souleva David au dessus du sol (Du moins dans son imagination débridée.)

- Maudit sois-tu, David Smirnooooooooff !!

Sous-entendu :

- SALE PETITE ENFLURE COMMENT OSES-TU ?

David sourit et rétorqua :

- Jaloux, hein ?
- NON ! ABSOLUMENT PAS !
« Tu parles… » songea tout le monde.

Roland soupira et regarda Rachel.

- Tu peux t'occuper du petit ?
- … Hein ? Bien sûr, pourquoi ?
- Cool ! J'vais manger tout seul !

Roland partit en solo. Rachel grimaça, stupéfaite.

- D'accooooord… eh bah Etienne, Linda, si vous voulez profiter un peu d'Ethan, je mange avec vous !
- Bien… euh…

Malcolm regarda Claire qui haussa les épaules.

- Si tu veux y aller…
- Je sais pas trop… Ça m'a l'air d'être complètement débile cette fois-ci. On va se faire un resto avec maman et les enfants ?
- Ca paraît être une bonne idée.
- On se joint à vous ! sourit Lily.

Colin regarda sa sœur qui acquiesça et le suivit. Yann attendait Amy. Dimitri le regarda.

- Tu manges où ?
- Quelque part, Dimitri, je croyais qu'on était en froid.
- … Oh.

Dimitri partit d'un côté. Yann soupira.

***

- Salade de thon !

David n'en croyait pas ses yeux. Il avait une serviette autour du cou. On jouait du violon. Ils étaient sur un BATEAU au milieu d'un LAC. Denis, à ses côtés autour de la table ronde, était tout sourire.

- Qui aurait cru qu'en allant chez le docteur il y a six mois, je me retrouverais ici !
- Pareil, qui aurait cru qu'en allant à la librairie… sourit David.
- Alors, David Smirnoff…

David regarda Rachid.

- Je crois qu'il faut qu'on parle de vos connexions…
- Hm… Avant cela, je tenais encore à m'excuser pour… mon intrusion dans vos locaux…
- Peu importe, ça nous a permis de virer ce goujat de vigile… soupira Noa.
- Tu m'étonnes… marmonna Armando.
- Ce n'est rien, David. Concernant… Eloïse Sylvermann, elle a été inculpée et sera rapatriée jusqu'à la prison internationale, son cas doit être réglé avec le gouvernement brésilien… Quels sont les liens de votre famille avec elle ?
- Mon oncle est en conflit avec elle depuis des années à propos de la préservation de la forêt amazonienne.

Rachid haussa les sourcils. David entérina.

- Et sa famille est très liée à la nôtre. Les Price, vous connaissez ?

Rachid secoua la tête. David souffla.

- Vous… ferez des recherches, je n'ai pas vraiment envie de digresser là-dessus, c'est… une femme néfaste, menaçante, qui travaille pour l'argent.
- Bien… Vous n'avez toujours aucune information concernant… L'homme au Zoroark ?

David regarda Rachid, l'air hésitant.

- … Nathan Vinner.

Rachid acquiesça.

- … cependant…
- Cependant ?
- Tout comme Ethel… Euh… Ne l'arrêtez que s'il fait quelque chose, pas avant qu'il n'arrive sur le terrain, c'est l'ex-mari de ma belle-sœur…

Rachid haussa les sourcils. Denis soupira.

- Cherchez pas à comprendre, moi-même…
- Cet homme a fait quelque chose de… de bien pour la mère de ma belle-sœur, il ne mérite pas d'être arrêté.
- Avec vous, on n'arrêterait personne…
- Pour… pour de mauvais instants que vous pouvez voir, il y a tout un passif… Cet homme est gentil, il ne fera probablement rien de mal, enfin, ça fait deux-trois ans que je ne l'ai pas vu, je ne saurais dire… si…

David soupira.

- Faites ce que vous voulez, j'ai pas d'ordres à vous donner après tout…

Rachid plissa les yeux. Denis regarda David.

- David, nous écoutons ce que vous avez à nous dire et si vous nous demandez de ne pas agir, nous n'agirons pas.
- C'est pas si simple, c'est quelqu'un de gentil mais en même temps il est un peu fou…
- Nous serons sur nos gardes. Quoi qu'il en soit.

David hocha la tête.

- Votre père a été incroyable ! sourit Noa.
- Ouaiiiis ! C'était dingue ! sourit Armando.
- Merci ! Oui, c'était… très intense, on a tous vécu ça comme au ralenti, c'était extraordinaire dans les gradins !

Denis ricana en mâchonnant sa salade. « C'est peu de le dire. On dirait presque que tu te fais interviewer par des journalistes… »

Mister Love-Pin mangeait aussi avec Jeanine.

- J'ai honte de m'être fait inviter !
- Oh ça va. Tu avais mieux à me proposer que le Duchesse ? Et puis tout est gratuit !
- Hmph, c'est l'intention qui compte !
- Justement !!

Plus loin, Charlie et Léo mangeaient tranquilles. Charlie ne pouvait s'empêcher de regarder Léopold. Léopold s'en aperçut.

- Quoi ?
- Rien, tu m'as manqué !
- Je me suis absenté deux heures !
- C'était trop ! Et où étais-tu ?!
- Surprise surprise ! sourit Léopold.
- Bon…
- Tu peux arrêter de me faire du pied ?
- J'ai besoin de te sentir présent à mes côtés, je savais pas où tu étais, j'avais peur, j'étais… perdu.

Léopold soupira.

- Toi et moi c'est très fort, Charlie. C'est plus fort que… Pfff je sais même pas si quelqu'un dans le stade ou même dans notre gradin a une relation aussi forte que la nôtre !

Charlie regarda Léopold, malheureux.

- Ca n'empêche que… j'ai merdé.
- Charlie, quand on était petits, tu m'as collé un coup de poing. Franchement, tu crois qu'une baffe parce que je suis trop prévenant alors que ton père est mort, ça me fait quelque chose ?

Charlie allait pleurer. Léopold plissa les yeux.

- Je sais que tu es fragile, Charlie. Si c'est à moi de tout prendre, je suis prêt à l'accepter. C'est ma part de force au milieu de mon océan de faiblesse. Je ne dis pas que tu dois me frapper tout le temps, hein, arrête autant que possible !

Charlie rit jaune.

- Mais… Je peux supporter tes peines, même quand elles prennent une telle forme. Je suis là pour ça. Je t'aime. Plus que jamais.

Charlie acquiesça.

- Ca te dit qu'on adopte un autre enfant ? sourit Léopold.
- Hein ?
- Allez, quoi ! Yann va partir, Dimitri est majeur donc techniquement plus sous notre garde… On peut avoir un autre enfant, c'est possible ! Mes pères m'ont adopté à notre âge… Cette fois on le prend plus jeune et on l'élève comme des papas gâteaux !

Charlie ricana.

- Ou alors deux, et on les gâte comme des porcs jusqu'à leurs douze ans où là, on devient de vieux cons aigris…
- Arrête ! ricana Charlie.
- Et plus tard quand on sera vieux on regardera les cinquante gamins qu'on a adoptés et qu'on aura pourris et on formera un gang !

Charlie éclata de rire et regarda Léopold qui souriait.

- Mais… mais comment tu fais ?!
- Pour ?

Charlie se rapprocha de Léopold et l'embrassa tendrement.

- Pour être la meilleure chose qui me soit jamais arrivée ?
- Je sais pas, je dois avoir une espèce de sixième sens…
- Je t'aime, Léopold Finsbury.
- Je t'aime aussi, Charlie Winchester.

***

- Je t'aime, bouteille de sauce piquante.

Roland était à la terrasse d'une pizzéria. Alors que sa famille fêtait la victoire d'Etienne, lui se saoulait à la sauce piquante qu'on met sur les pizzas. La serveuse approcha de lui.

- Monsieur, cette sauce est réservée… aux pizzas !
- Que je la foute sur la pizza, directement dans ma bouche ou dans mon cul, qu'est-ce que ça peut te faire, espèce de traîne-savates qui n'a toujours pas compris qu'elle gagnerait plus d'argent en levant les jambes allongée sur une table qu'en apportant des pizzas à la con à des clients insupportables et capricieux ? Hm ?

La jeune femme recula. Roland grommela et s'envoya la carafe d'eau directement au broc. Dimitri s'assied face à lui.

- Tiens. V'la Rémi sans Famille. Fais gaffe à tes chiens, ils vont se faire bouffer par les loups.
- Vous ne vous saoulez pas ?
- Nan. Un pari interne que je dois régler.
- Je peux manger votre pizza ?
- T'es pas avec ta gueuse ?
- Elle est avec sa famille.
- Pas de bol pour toi.

Roland s'envoya à nouveau de la sauce piquante.

- BORDEL CA BRÛLE ! Va prendre la carafe d'eau sur la table à côté !

Dimitri se leva et alla prendre la carafe.

- Excusez-moi, messieurs-dames !
- Mais dites donc…
- Enfin, mais…

Dimitri porta la carafe à Roland qui la but cul-sec.

- Aaaaaaaaaaaah ! Bah si avec ça ma vessie n'explose pas !

***

Rachel essuyait la bouche d'Ethan.

- Non, mais il est tellement… bouffi d'orgueil, forcément, l'expectative de vous voir perdre, ça l'a mis dans un état d'euphorie… Il a cru que je ne voyais rien, mais…
- J'ai cru le voir aussi… marmonna Travis.
- Il était effrayant… soupira Linda.

Vince évitait d'écouter les conversations des adultes. Estelle restait plutôt silencieuse, ne voulant – étonnamment – pas entrer dans le débat. Etienne semblait attristé en mangeant.

- Pourtant j'aurais cru qu'il me respectait au moins parce que lui et moi avons en commun cet amour du combat…
- Je pense plutôt qu'il est en rivalité totale avec vous… Pour le prochain tour, il aura certainement envie de… casser la baraque, si vous me passez l'expression…

Etienne soupira.

- Je suppose que je ne peux rien y faire…
- Non, et surtout ça n'est pas votre faute, c'est lui qui est très con sur ce coup-là. Pardonnez mon langage…
- Roland n'est pas con, il a sa propre logique idiote… marmonna Estelle. Du coup, c'est dur de le suivre, et là j'avoue que même moi je ne l'ai pas trop compris…

Rachel soupira.

- Je ne veux plus trop en parler, on règlera ça quand on sera revenus à la maison, là… Là ça fait juste un peu trop.
- Parlons plutôt de ton combat à venir ! sourit Travis.
- Ah non !! Non ! Amenez Lily ici, elle aussi va devoir se battre ! ricana Rachel.

***

Adam mangeait seul, des moules-frites. Jennifer vint s'asseoir face à lui avec un sandwich poulet-crudités. Adam la regarda. Jennifer se mordilla les lèvres.

- Je suis désolée.
- … Pas autant que moi. C'est… C'est… difficile, là.
- Tu as été extraordinaire pendant ces cinq ans, vraiment, j'ai beaucoup apprécié ce que tu as fait, ce que tu m'as apporté, ce que tu as tenté de me faire supporter.

Adam plissa les yeux.

- Mais je… Il n'y a pas d'amour véritable entre toi et moi. Je comblais ta solitude et toi tu comblais mes pertes… Pour autant, on est juste amis, et pas… Pas ce qu'on a essayé de devenir.

Adam acquiesça.

- J'avais… grosso merdo compris ça aussi.
- Je suis vraiment désolée.
- Ca va. On reste potes ?
- Je ne vois aucune raison pour que ça change. Mais tu ne peux plus habiter chez moi.
- Très bien…

***

- Ce dessert était vraiment excellent, merci ! sourit David.
- Si je n'étais pas si poli, j'en redemanderais, personnellement ! sourit Denis.
- Oh mais n'hésitez pas ! sourit Noa.
- Ils ont toujours un nombre affolant de restes ! souffla Armando.
- Les gars, les gars, ça va être le karaoké ! sourit Rachid.

Les frères de Rachid plissèrent les yeux.

- T'es sûr ?
- On a promis à Inezia !

David pencha la tête.

- Inezia est notre meilleure amie ! révéla Rachid.
- Mais Rachid en pince pour elle !
- Absolument pas, Armando ! Tsssss ! Arrête de répandre ce genre de rumeurs !
- T'as raison, ces rumeurs comme quoi qu'on est tous les trois gays et qu'on couche tous les trois ensemble, c'est beaucoup mieux ! marmonna le rouge.

David et Denis, à peine embarrassés. « Uuuuuuuuh… »

- En même temps comme dirait Bardane, « Il suffirait d'un sur trois » ! souffla Noa.
- Il ne parlait pas de nous en disant ça !! soupira Rachid.

Sur la scène au fond de la salle du restaurant où les notables dinaient, Mister Love-Pin se présenta au micro.

- Bien, bien, bien, on m'a demandé d'être l'hôte pour le karaoké ce midi… *grignote un graissin* … Bon, alors apparemment il y a une tradition, on ouvre avec les triplés d'Ogoesse qui chantent une chanson d'amour en ouverture…

Jeanine, Charlie et les autres champions haussèrent un sourcil.

- Une chanson d'amour ?! s'étonna Denis.
- En fait on nous appelle le Trio qui fait le Tri, mais nous sommes également le Trio qui fait tomber les cœurs ! sourit Rachid.
- Nous aimons à chanter l'amour sous toutes ses formes, ça entretient le mythe ! sourit Noa.
- Et on danse, aussi, n'oubliez pas la danse… soupira Armando.

Love-Pin hocha la tête.

- Je laisse donc place à Rachid, Armando et Noa pour… « Teenage Dream » de Katy Perry…

Les trois se levèrent sous les yeux de Denis et David. Charlie plissa les yeux. Goyah applaudit avec le reste de la salle alors que les trois s'installaient devant trois micros.

Et la musique démarra.

Rachid débuta, les mains sur le cœur, la voix de crooner.

- You think I'm pretty
Without any make-up on
(Tu penses que je suis belle sans maquillage)

Armando poursuivit, les mains sur le cœur également.

- You think I'm funny
When I tell the punchline wrong
(Tu penses que je suis drôle quand je rate la fin de la blague)

Noa, habité, reproduisait la meme choregraphie.

I know you get me
So I'll let my walls come down, down
(Je sais que tu m'as eu, donc je ne résisterais pas)

Les garçons tournèrent sur eux-mêmes et tendirent un bras tout en maintenant une de leurs mains sur leurs cœurs respectifs. David et Denis avaient les mentons qui touchaient terre.

- Before you met me
I was a wreck but things
(Avant que tu ne me rencontres, j'étais une épave mais les choses)
- Were kinda heavy
You brought me to life, now
(Etaient plutôt lourdes, tu m'as ramené à la vie, maintenant)
- Every February
You'll be my valentine, valentine
(Chaque Février, tu seras mon valentin, Valentin…)

Les garçons serrèrent le poing et le firent descendre peu à peu tout en chantant en chœur.

- Let's go all the way tonight
No regrets, just love
(Faisons la totale ce soir, pas de regrets, juste de l'amour !)
We can dance until we die
You and I
(On peut danser jusqu'à la mort, toi et moi)
We'll be young forever (Nous serons jeunes pour toujours !!)

Refrain, les garçons serrèrent les poings et replièrent leurs bras sur eux-mêmes et chantaient en regardant en l'air. David pencha la tête sur le côté. « Si Roland voyait ça ! »

- You make me
Feel like
I'm living a
Teenage Dream (Tu me donnes l'impression de vivre un rêve adolescent)
The way you turn me on (La façon dont tu me fais vibrer)
I can't sleep (Je ne peux dormir)
Let's run away
And don't ever look back
(Fuyons sans nous retourner)
Don't ever look back !

Rachid mit ses mains sur son cœur, puis au niveau de ses yeux, désignant ses tempes avec ses index.

- My heart stops
When you look at me
(Mon cœur s'arrête quand tu me regardes !)

Armando se saisit les avants-bras puis porta les paumes vers le ciel, les coudes replies.

- Just one touch
Now baby I believe
(Juste un frôlement, maintenant bébé j'y crois)

Noa étendit les bras vers le public, regardant vers le ciel.

- This is real
So take a chance
(C'est bien reel alors saisis ta chance)

Serrant le poing, ils tendirent le bras d'un côté, puis d'un autre dans une synchronisation parfaite entre eux trois. Denis était fasciné. Léopold chantait aussi à table. Charlie soupira. « Il va retomber dans les comédies musicales, oh non… »

- And don't ever look back
Don't ever look back


Le calme revint sur scène. Rachid, Armando et Noa tournèrent le dos au public, roulant des fesses, ce qui provoqua… un certain émoi !

- We drove to Cali
And got drunk on the beach
(On a conduit jusqu'en Californie et on s'est saoulés sur la plage)
- Got a motel and
Built a fort out of sheets
(On a pris une chambre et on a fait un fort avec les draps)
- I finally found you
My missing puzzle piece
(Je t'ai finalement trouvé, ma pièce manquante de puzzle !)
I'm complete (Je suis comblé)

Denis regarda David, fasciné par les popotins, et lui prit la main, emballé par toute cette guimauve. David regarda Denis et lui sourit aussi. Les garçons se retournèrent et défirent sensuellement les nœuds papillon. Charlie ouvrit la bouche, beat.

- Let's go all the way tonight
No regrets, just love
We can dance until we die
You and I
We'll be young forever !!


Les trois ouvrirent brusquement d'une main leurs chemises. Léopold cessa de chantonner, absolument défait. Charlie essuya un saignement de nez.

- You make me
Feel like
I'm living a
Teenage Dream
- The way you turn me on
I can't sleep

- Let's runaway
And don't ever look back

Don't ever look back

La danse des garçons devenait de plus en plus… compromettante. La main sur leur poitrine désormais exposée, la veste cependant toujours sur les épaules, le trio chantait comme si de rien n'était, toujours aussi charmeur.

- My heart stops
When you look at me

- Just one touch
Now baby I believe

- This is real
So take a chance

- And don't ever look back
Don't ever look back


Les trois ouvrirent leur veste en grand, caressant leurs ventres respectifs devant une assemblée médusée. « C'est ça les grands déjeuners mondains ?!! » s'étonna David.

- I might get your heart racing (Je pourrais faire glisser ton cœur)
In my skin-tight jeans (Dans mon jean serré)
Be your teenage dream tonight (Être ton rêve d'ado ce soir)

Cette fois les mains glissèrent… SUR les pantalons à des endroits que la décence m'interdit de citer. Néanmoins tous les yeux dans la salle étaient… surpris ?!

- Let you put your hands on me (Laisse aller tes mains sur moi)
In my skin-tight jeans (Dans mon jean serré)
Be your teenage dream tonight (Être ton rêve d'ado ce soir)

Le trio était déchaîné alors que l'assemblée tapait dans ses mains pour encourager ses champions chanteurs.

- You make me
Feel like
I'm living a Teenage Dream
The way you turn me on
I can't sleep
Let's runaway
And don't ever look back
Don't ever look back


Les vestes étaient carrément retirées et balancées à la foule. David attrapa celle de Noa, que Denis lui fit lâcher immédiatement.

- My heart stops
When you look at me
Just one touch
Now baby I believe
This is real
So take a chance
And don't ever look back
Don't ever look back


Léopold priait pour qu'ils tombent le pantalon. Charlie était médusé devant toute cette audace.

- I might get your heart racing
In my skin-tight jeans
Be your teenage dream tonight


La même chorégraphie que tout à l'heure avec les mains baladeuses…

Let you put your hands on me
In my skin-tight jeans
Be your teenage dream tonight


Les garçons frappèrent dans leurs mains et saluèrent d'abord en s'inclinant puis en levant la main sous les applaudissements. David n'avait qu'un mot en bouche.

- … Quelles fabuleuses aisselles !
- Il faut qu'on invite au moins un des trois frères pour un Jacuzzi ! geignit Denis.
- Comment tu veux qu'on leur demande ça ?!
- Comment tu veux qu'on n'ait pas l'idée de leur demander ça après ça !!
- … Mouais…

Charlie soupira.

- Léo, cesse de baver !
- Charlie, je veux qu'on aille voir des comédies musicales cet été !
- … Et merde !

En route pour le troisième quart !