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Smirnoff : Renaissance de Domino



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Informations

» Auteur : Domino - Voir le profil
» Créé le 08/04/2011 à 20:59
» Dernière mise à jour le 31/08/2011 à 04:17

» Mots-clés :   Hoenn   Johto   Présence de personnages du jeu vidéo   Romance   Slice of life

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048a - Ethylotest 3 - Les tas d'ébriété
« Sentir ton corps, tout ton être qui se tord
Souriant de douleur, sentir ton heure
Poindre au cœur d'une chambre
Qui bannit le mot « tendre »…
Sentir ta foi qui se dérobe
A chaque fois que tu sembles comprendre
Parle-moi encore si tu t'endors
Si c'est ton souhait, je peux t'accompagner… »

(Mylène Farmer, Dernier Sourire)



- Il faut qu'on parle !
- On n'est pas dans Sept à la maison, donc il me semble que ça n'est pas obligatoire…

Théodore soupira.

- J… Je pensais qu'on avait un bon contact…
- Et donc que tu pourrais coucher avec moi comme ça ? soupira Marigold, exaspérée.
- N… Non ! Pour qui tu me prends, ça fait à peine deux jours qu'on se connait ! Je pensais au moins qu'on était amis !

Marigold soupira et se retourna vers Théodore.

- Tu connais Malcolm Heine ?
- Oui bien sûr, c'était mon camarade de voyage itinérant et on a passé une guerre ensemble… euh…

Marigold soupira. « Il m'énerve avec son humour, il est trop mignon… »

- … C'est également le meilleur ami d'un de mes ex.
- … d'un de tes…
- Tu connais Roland Smirnoff ?
- Bien obligé puisque je connais Malcolm Heine, c'est un peu comme connaître le Club Sandwich sans connaître le sandwich !

Marigold esquissa un sourire qu'elle ravisa. Elle secoua la tête, attristée.

- Il ne pourra rien se passer entre nous, je suis désolée.

Elle tourna le dos et partit. Théodore plissa les yeux.

- M… Mais pourquoi ?! J'ai rien compris, ah les femmes…

Plus loin, Kate et Bernice sortaient de leur chambre.

- Tu te sens prête ?
- Moui… Disons que j'y vais sans réelle envie de gagner ou de perdre donc ça va… marmonna Kate.
- Ma pauvre biche. Enfin, je t'avouerais que moi aussi je suis pas dans un trip « Gagner, gagner, gagner… » Ce qui arrivera arrivera... le reste importe peu.
- Quoi qu'il en soit... Ma mère a toujours l'air de t'apprécier autant, ça fait plaisir…
- Ta mère et ton frère sont cools, bon niveau cousins, David est marrant, Lily est une excellente camarade de beuverie…
- A mon propre étonnement d'ailleurs… assura Kate.
- Roland est plus difficile à cerner…
- Surtout depuis son mariage… Je n'arrive plus à le cerner non plus et pourtant je suis dans sa famille !
- J'ai le sentiment que t'es pas la seule. Par contre ton oncle…
- Oh ne t'occupe pas de lui… Maman dit toujours qu'Etienne, quand on ne peut pas faire avec, il vaut mieux faire sans et attendre qu'il se réveille.
- Hm… Moui… Ton frère nous attend au resto mexicain sur la quatrième rocade.
- Ok…

Les deux femmes se mettent en chemin.

- Berny ?
- Oui ma belle ?
- … Merci…
- De ?
- De tout ça, de la relation stable, de l'appart, de la vie de couple… Des trucs cons mais dont… intimement en fait je rêvais sans réellement oser…

Bernice sourit.

- L'avantage c'est qu'on voulait la même chose dès le départ et que… Tes yeux sont aussi ensorcelants que tes jambes !
- J'en ai autant à ton service mais Colin nous attend…
- Maudits soient les rendez-vous fraternels…

Elles croisèrent une jeune femme blonde aux cheveux courts dans une robe jaune.

- Mesdames, excusez-moi…
- Oui ?
- Hm ?
- Comment dire, je me suis perdue, sauriez-vous où sont les chambres 200 ?
- A l'étage ! renseigna Kate.
- Merci… Oh vous ne seriez pas les dirigeantes de Ludges & Twain, à Unys ? La boîte de coordination ?!
- Hm, vous êtes ? s'étonna Bernice.
- Inezia, la championne de Méanville ! Ravie de vous avoir rencontrées, il faut que j'y aille !

Inezia partit alors que les deux femmes observaient ostensiblement ses fesses.

- La vache… marmonnèrent-elles en chœur.

Elles se regardèrent, surprises.

- Ouh…
- Pas bon, ça… marmonna Bernice.

De même, David et Denis se retrouvaient avec un petit intrus sur les bras.

- Elle est où maman ?!

David regardait les numéros de chambre.

- Roland est bien gentil mais il pourrait passer reprendre Ethan quand même… ou il aurait pu hier !
- Tu m'étonnes… grommela Denis.
- … ça veut dire quoi ça ?
- Qu'hier j'étais plutôt… en condition, et que du coup…
- Oh. Mais… c'est pas… grave, non ?

Denis sourit.

- Je te rassure, ça n'entre pas en ligne de compte dans notre relation.
- Ah…
- Non pas ce que soit mauvais, juste que… Au vu de mon passé, tu comprends que l'important c'est d'abord la confiance mutuelle.
- Oui mais… Denis, tu pourrais trouver d'autres types comme moi qui accepteraient très bien pour la drogue, qui auraient une famille moins compliquée…

Denis plissa les yeux.

- Mais qui ne serait pas aussi David. J'en trouve comment, un autre David ?!
- LA !

David, Denis et Ethan se retournèrent vers Rachel suivie par Roland.

- Inutile de t'exciter comme ça !

Rachel reprit Ethan des bras de Denis.

- Mon bébééééééééé !
- Mamaaaaaaaan !
- … J'allais pas le manger, ou pire ! marmonna Denis.
- Elle est partie de la chambre comme une folle…

David observa Rachel qui avait juste mis une veste par-dessus sa robe de chambre.

- Euh… Rassure-moi, t'as une culotte ? s'étonna David.
- Aucune importance ! Désolée mon chou ! Maman a fait la grasse mat' !
- Tonton Denis m'a fait manger de la glace !

Rachel regarda Denis, surprise.

- Glace ?

Denis haussa les sourcils.

- Crème glacée… aux amandes ! Avec David on en raffole, on fait des soirées télé avec un pot de glace aux amandes, ça finit toujours de façon sympa…

David ricana. Rachel souffla.

- Bon, quoi qu'il en soit je suis contente de t'avoir récupéré !
- Dis aussi que je n'aurais pas dû le leur laisser !
- Je t'avais dit de le confier à Lily !
- Elle a deux mômes, elle en a peut-être un peu ras-le-cul !

Denis et David observaient le couple.

- On n'allait quand même pas le laisser à mes parents quand même ! souffla Roland.
- Non, bah non…
- Et comme je fais pas confiance à ta mère…
- Super, vas-y, rajoutes-en…

David plissa les yeux.

- Mais, euh… Rachel, tu avais peur qu'on… euh…

Rachel regarda David et haussa les sourcils.

- Non ! Nononononon ! Rien de tout ça !
- Alors quoi ?!

Rachel secoua la tête.

- Rien du tout !
- … t'as l'air stressée par quelque chose…
- C'est rien, David… marmonna Denis, vexé.

Rachel le regarda, pas très contente d'elle.

- C'est une mère, c'est normal…
- Oh.
- Elle ne pense pas à mal, j'en suis certain ! assura Denis, ironique.

Rachel tourna le dos et s'en retourna vers sa chambre. Roland soupira.

- Vivement qu'elle ait ses règles, je vous jure !

David n'avait pas compris grand-chose. Quand ils disparurent au détour d'un couloir, Denis poussa un gros soupir.

- … Denis ?
- J'ai dit à Rachel pour mon passé.
- … aouch…
- Ca craint, ouais, parce que là du coup je vois ce qu'elle en pense vraiment…
- Oh, non… E… C'est quasiment une de mes meilleures amies, je peux pas me mettre à la détester où à la soupçonner, et toi non plus !
- Non, mais… il va vraiment falloir que je fasse quelque chose.
- … Je serais là, t'en fais pas, si jamais tu sens que tu dois le dire...

Denis hocha la tête.

- Quand le moment sera venu.

Charlie frappa à la porte des garçons.

- Dimitri, Yann, on vous attend…

Léopold regarda Charlie qui s'éloigna de la porte.

- T'es vraiment devenu un super papa poule !
- N'exagère pas, ils sont grands, je dirais plutôt Superviseur…
- Moniteur de colo ! sourit Léopold.

Charlie ricana à sa suite.

- J'suis encore désolé pour hier.
- C'est rien…
- J'suis sûr que tous les autres sont en train d'en parler…
- Ou pas ! sourit Léopold. Et dans ce cas on s'en fait pour rien et tu t'en fais pour rien.

Charlie regarda Léopold, les larmes aux yeux. Léopold plissa les siens et vint se blottir contre son mari.

- Charlie, après tout ce qu'on a traversé, ça, c'est vraiment mineur.
- Pas à mes yeux, Léo. Pas à mes yeux.

Léopold soupira.

***

- Je ne peux pas vous cacher que le diagnostic est très pessimiste…

Charlie se prit la tête entre les mains, fou de tristesse. Léopold s'efforçait de le soutenir. Norbert était tout aussi choqué. Lionel, Etienne, Linda, Estelle et Marine Winchester étaient également présents.

- Je pourrais, comment dire, adoucir la fin, mais cette pneumonie est lente et rugueuse, chacune de ses toux expulse du sang, il lutte pour respirer…
- Ohnon, nonnononononon… geignit Charlie.
- Je suis vraiment, vraiment désolé, le transport le tuerait, le seul fait de se lever lui serait très dommageable, je peux lui faire gagner du confort mais sans plus.
- Pauvre Lindbergh… soupira Linda, attristée.

Charlie ne savait pas quoi faire. Marine soupira.

- Et… on ne pourrait pas… comment dire… faciliter le processus ?
- LA FERME !

Charlie se leva et regarda sa sœur qui l'observait, éberluée, derrière ses lunettes.

- MARINE TU DIS PAS CE GENRE DE CHOSES !
- Je pense au bien de papa avant tout ! Maman a eu la chance de mourir dans son sommeil, papa pourrait ne pas avoir la même, je refuse de le voir agoniser dans la douleur !
- IL A DIT QU'IL POURRAIT RENDRE CA SUPPORTABLE !
- Confortable ! On ne peut pas stopper toutes les douleurs !

Charlie regarda Will Preston, l'infirmier de son père. Jeune homme de bonne famille britannique portant des lunettes ainsi qu'une pèlerine noire.

- Je t'en supplie, fais ce qu'il faut mais… aide-le, pitié…
- C'est mon travail, inutile de demander quoi que ce soit.
- Vous êtes certain qu'il ne vaut pas mieux…
- Marine, tais-toi !
- Excuse-moi, je suis aussi la fille de papa, j'ai mon mot à dire, je refuse que papa mette du temps à mourir juste parce que tu fais des caprices…
- FERME TA GUEULE !
- CHARLIE ! grommela Léopold.
- Je comprends que tu sois en colère, je laisse passer, mais Charlie…
- Tu n'as AUCUNE idée de ce par quoi moi et papa on est passés ! Toi et Christine, vous vous êtes barrées de la maison en vitesse, mais moi j'ai traversé leur divorce, j'étais avec eux au remariage, j'étais en contact régulier avec papa quand maman était malade…
- Je sais, je sais tout ça…
- ALORS NE VIENS PAS ME DIRE QUE JE FAIS DES CAPRICES !
- Charlie, ta situation est différente.
- Ah oui ? En quoi ?

Etienne se pencha vers Linda.

- Maintenant je trouve Roland adorable…
- Chut, Etienne !

Charlie se frictionnait la tête. Marine soupira.

- Tu étais le petit dernier, tu es arrivé après nous, tu as eu droit à plus d'attention…
- Oh, quoi, tu es jalouse, maintenant ?
- Un peu, oui !

Charlie s'étonna. Marine soupira.

- Tu sais pas… Tu ne sais pas ce que c'est que de grandir avec des parents… autoritaires, rigides, froids… Tu es arrivé dans un bon moment, tu étais un garçon, papa avait rencontré ces gens…

Etienne, Linda, Norbert, Estelle et Lionel penchèrent la tête.

- … et entre… le papa que tu as connu et celui que nous avons connu moi et Christine… Enfin Charlie ! Papa n'a jamais eu une seule conversation en tête à tête avec nous ! Il ne nous a jamais dit qu'il était fier de nous, il ne nous a jamais encouragées ! Le jour où j'ai eu mes premières règles…

Léopold se boucha les oreilles.

- … J'ai cherché à le lui dire, tu sais ce qu'il a fait ? Il a brûlé les draps et il a demandé à maman de me parler, elle s'est contentée de m'acheter des tampons et de me dire qu'à présent j'aurais besoin de ça ! Tu sais ce que c'est d'apprendre l'hygiène féminine avec sa sœur aînée ? Tu réalises combien ça peut être embarrassant ?
- …
- Alors, ok, papa et toi c'est béton, je ne dénie pas. Mais malgré mes griefs, je pense en premier à son bien, et je pense que son bien… c'est de s'en aller sans que la maladie ne progresse plus encore.

Charlie acquiesça.

- Vite fait bien fait, hein ?
- Non, Charlie ! souffla Linda.
- Tu es en colère, tu es triste, moi aussi alors j'arrête cette conversation ici ! soupira Marine.

Norbert vint la rejoindre et regarda Charlie.

- Tu n'as pas à être aussi méchant, Charlie…
- Vous voulez qu'il meure, peut-être ?!
- … je ne m'accapare pas toute la souffrance à moi, au moins, et je pense que c'est le meilleur hommage que je puisse faire à ce cher Linus !

Charlie secoua la tête, attristé.

- Votre avis est biaisé par tous vos fantasmes…
- CHARLIE ! Mon père quand même !! grommela Léopold.
- P… Pardon…
- Je vais servir du thé… soupira Norbert. Ca m'évitera d'entendre des insanités.

Léopold serra Charlie contre lui alors que les adultes fuirent en cuisine.

- Léo…
- Je comprends, je comprends…
- C'est pas possible, il peut pas… partir maintenant… Et Yann qui est…
- Ca ne joue pas en ta faveur, c'est certain… Tu es tout fiévreux, tu viens de traiter mon père de vieux lubrique…
- Excuse-moi…
- C'est rien. Tu sais que je suis là par monts et par vaux.

Charlie hocha la tête et se blottit contre Léopold qui regarda autour de lui en soupirant de son nouveau statut de soutien moral qu'il peinait à assumer. Son regard s'arrêta, surpris, sur l'infirmier, stoïque, qui les observait derrière ses lunettes.

***

- Ah ouais ?!!
- Ouais… Enfin je le dis pas à tout le monde mais bon on n'est pas à ça près.
- Mais… gays, gays ou… joyeux ?
- Tu me rappelles quelqu'un, là, Urbain… Nan, des homos quoi, des mecs ensemble.
- … ça doit être… étrange… mais sympa, au moins t'as pas de mère qui te crie dessus.
- Non au lieu de ça j'ai un papa qui le fait à sa place !

Urbain ricana alors qu'Anne-Lise les surveillait lors de leur exploration forestière pour qu'Urbain capture des Pokémon. Yann regarda Coupenotte.

- Il a pas l'air emballé à l'idée d'avoir des copains…
- Nan, pas trop, mais il s'y fera, je suppose. Et toi-même, tu…
- Je ?
- Bah tu as déjà… comment dire, flirté avec des garçons ?
- Jamais été tenté, et jamais vraiment essayé en fait. Disons que j'avais 13 piges quand ils m'ont adopté, ça fait deux ans que je vis avec eux, ça se passe super bien… Bon ils sont un peu dingues et des fois on fait des descentes pour casser du méchant mais à part ça tout baigne.
- Cool… Donc t'as déjà eu des petites amies ?
- Quelques-unes mais ça a pas duré et puis bon, tu vois le truc, au début tu t'investis et ensuite…
- Ouais…
- Enfin bref, et tOUAAAAAAAAAAAAAAAAH !
- YANN ! MADAME FORSYTHIA !

Anne-Lise releva la tête d'un tronc d'arbre plein de sève qu'elle observait.

- Quoi ?! Urbain, que se…
- C'EST YANN, IL EST TOMBE DANS UN TROU !
- Un TROU ???
- OUI !

Elle approcha et vit le puits dissimulé entre des hautes herbes. Elle grimaça, gênée.

- YANN ? YANN, TOUT VA BIEN ? cria t-elle.

Aucune réponse. Elle soupira.

- Et merde ! Mon élève est clamsé !
- Oh non ! geignit Urbain.
- Je vais devoir aller le signaler, je vais avoir des tas d'ennuis et… oh bon sang je dis QUOI à sa famille ?!
- … c… c'est tout ce à quoi vous pensez ?! Le pauvre si ça se trouve il est paraplégique, conscient et immobile…
- Il faudrait voir quelle est la profondeur de ce trou…

Anne-Lise balança un caillou dans le puits. Il ricocha et tomba très bas.

- … bon…
« Ouch ! »

Anne-Lise pencha la tête vers le trou.

- YANN ? T'ES VIVANT ?
« J… J'peux pas bouger ! »
- Oh mon Dieu… TU SENS TES JAMBES ?
« … J'ai un mal de chien, je suppose que oui ! »
- Miracle ! Il souffre !

Urbain plissa les yeux.

- Bon ! Je vais aller en ville pour chercher de l'aide. Aucun de mes Pokémon ne peut nous aider dans une telle situation… Reste ici pour qu'on garde un point de repère.
- M… Tout seul ?
- Tu n'es pas seul, il y a le trou ! Je reviens vite !

Anne-Lise partit à travers le bois au pas de course. Urbain regarda le trou et s'assied à côté.

- Ca craint…

***

Yann était allongé dans le fond de la grotte. Il avait surtout glissé mais ses genoux avaient pris sévère et il était couvert d'éraflures.

« Si Charlie ou Léopold savaient où je suis en ce moment… »

Yann regarda autour de lui. La cavité était bien plus grande qu'il ne l'avait cru au départ. Deux petites lueurs rectangulaires jaillirent de l'obscurité.

- Putain… Putain !!


***

- J'étais certain que tu étais là !
- Mais où est ta femme ? s'étonna Linda.

Timothy leva les yeux au ciel.

- Chez sa mère avec les enfants… Ils ne m'aiment pas beaucoup, comme je suis un converti, tout ça…
- Hon…
- J'ai pris un risque, j'en paie le prix, hein.
- Exactement !
- Etienne ! grommela Linda.

Roland arriva avec Rachel et Ethan.

- Oh, oncle Timothy !
- Bonjour Roland… Mademoiselle…
- Madame, je suis Rachel, la femme de Roland…
- Rachel je te présente mon oncle Timothy, le cousin de mon père.
- Oh ! C'est vous Tim, celui qui s'est marié à une musulmane…
- C'est… un de mes faits d'armes !
- Et donc voici Ethan, notre fils !

Timothy regarda le gamin.

- … Tu es grand-père, Etienne ?!!
- Tu n'as pas idée…
- Il se passe quoi… OH ! ONCLE TIM !
- Lily, bonjour !
- T'es LA ?! Mais comment ça se fait ?!
- Je me suis dit que ce serait une occasion de voir mon cher cousin pendant que ma femme est en vacance chez son imbuvable famille !
- Oh, Tim… souffla Linda.
- Je n'exagère pas, Linda !
- Finn !

Le militaire arriva.

- Chérie ?
- Oncle Tim, je te présente mon mari, Finn, et mes enfants, Noé…

Le jeune garçon fit un salut parfait.

- Monsieur !
- … et ma fille, Flora qui est… normale !
- Caca maman ?
- … très normale !
- Enchanté… Lily, quelle famille !
- Merci, merci… Ca m'a demandé moins d'efforts que je ne le pensais !
- Au moins tu es heureuse !
- Oui, même si mon mari est un ancien militaire chevronné…

Timothy regarda Finn qui plissa les yeux.

- Et dans quelles guerres avez-vous servi, monsieur ?
- … aucun conflit hors de Poképolis et un seul conflit sérieux, le dernier en date.
- Bon…

Lily regarda Finn qui la regarda.

- Quoi ?
- Rien… Euh… On fait quoi ? On mange où ?
- Il faut attendre David, non ? songea Roland.
- Ce… n'est pas obligatoire ! assura Etienne.

Roland regarda son père, étonné.

- Vraiment ?!
- ETIENNE ! Bien sûr qu'on attend David ! grogna Linda.
- Un souci ? s'étonna Timothy.

Roland acquiesça.

- Ouais… En fait David s'est fait ligaturer les trompes !

Finn et Rachel pouffèrent de rire. Etienne leva les yeux au ciel. Timothy était de plus en plus intrigué. Linda se frictionna les yeux.

- Haa… David est gay, oncle Tim.
- Oh.
- Roland, pour l'amour du…
- Du ?
- …
- Je suis… musulman, pas arriéré, Etienne !
- Vous avez échangé vos cerveaux ? s'étonna Lily.
- Pas que je sache ! s'étonna Roland.
- Salut…

David et Denis regardèrent la petite assemblée qui s'était tournée d'un bond vers eux. Denis plissa les yeux.

- Nous vous… interrompons ?!
- Non, absolument pas ! Bonjour Denis ! sourit Linda.
- Oncle Tim ! Ca va ?
- Très bien, mon petit neveu… Tu as grandi, c'est dingue !
- Les années faisant, tu te doutes ! sourit David. Euh, Denis, le cousin de mon père, Timothy.
- Bonjour !
- Salam… David, je suis quelque peu étonné…

David plissa les yeux.

- Euuuhhh oui, oui bah…
- Rien de grave, mais… c'est surprenant quand on ne s'y attend pas !
- Oui…
- Mais tout va bien, tu es heureux et si c'est ainsi que ce doit être…
- Voilà ! sourit David.
- Ca alors papa, tu as vu, Oncle Timothy est étrangement calme et sage, que lui est-il arrivé ?!

Etienne regarda Roland, excédé.

- Ca ira pour la journée, Roland, hm ?
- Peut-être qu'on s'affrontera ! Qui sait ?
- A ce moment-là, j'en connais un qui va vite ravaler sa langue !
- DITES ! grommela Linda, excédée.

Etienne et Roland regardèrent Linda tout comme le reste de la petite famille.

- Certaines personnes ont faim ET sont désireuses de conserver un environnement calme !
- Il y a un café pas trop mal dans le coin… marmonna Timothy.

Etienne acquiesça alors que David chuchotait quelque chose à Denis.

- Ahon…
- Oui enfin…
- Je vois, ouais…

Etienne soupira.

- David, je peux savoir ce que signifient encore ces messes-basses ?
- J'entends, à titre purement personnel, des loups hurler au loin, serait-ce annonciateur de la tempête à venir… soupira Roland.
- Etienne, tais-toi, tais-toi, juste tais-toi ! soupira Linda en le prenant par le bras.
- Mais quoi, enfin, Linda ?
- CESSE de chercher à te battre avec nos enfants !

Etienne haussa les sourcils.

- Je ne cherche pas à me battre…
- Je disais simplement à Denis qu'on pourrait essayer un salon de thé sympa sur la Grand-Place…
- Oh oui ! C'est un ensemble de petites tables disposées sur une place, et les serveurs circulent en roller, c'est très amusant ! sourit Lily.
- Pour les serveurs, oui… marmonna Finn.
- … Je pense qu'il faut qu'on parle, David ! souffla Etienne.

Timothy haussa les sourcils tout comme les autres adultes. Lily approcha de Flora.

- Tu as fait caca dans ta couche ma chérie ?
- Nan maman !
- Quel dommage… soupira la jeune femme de façon sinistre.

David soupira.

- A propos de quoi ?
- Je… Comment dire ça…

David regardait son père qui réfléchissait.

- Où va s'arrêter l'horloge des activités… soupira Roland.
- David, je ne comprends pas pourquoi tu as préféré aller à Hoenn pour embêter ton frère avec tes problèmes plutôt que de venir chez nous !

Roland haussa les sourcils. Lily regarda David, surprise.

- Ca date, votre truc… marmonna Finn.
- « Embêter » ? Etienne, excusez-moi, mais…
- Je parle à mon fils, Rachel !
- M… Papa, je voulais simplement changer d'air…
- Par ailleurs je ne comprends toujours pas ce qui t'a pris d'aller t'installer chez cette femme immonde…
- Q… M…

David regarda Roland qui soupira.

- Malcolm ou Charlie…
- Peu importe qui nous l'a dit, permets-moi de te dire que tes choix de vie ont de quoi m'intriguer sérieusement !
- …

Roland, Rachel, Finn, Lily, Timothy et Linda regardaient David. Denis s'efforçait de rester stoïque.

- M… Mais je… Maman, enfin…
- … Désolée mon chéri mais… je me demande un peu où tu en es en ce moment également… et je ne comprends pas non plus ta décision, ne serait-ce que de ne pas être venu chez nous après ta rupture avec Kyle.
- … Je voulais pas… comment dire, régresser…
- Parce qu'en allant chez cette vieille trainée, tu pensais que tu allais grandir ?!
- Voilà, la morale est morte… Heure du décès ? soupira Roland.
- Neuf heures trente… souffla Rachel.

David allait baisser la tête face à son père mais il poussa un soupir lassé.

- C'est quoi ton PROBLEME, PAPA ?

Roland haussa les sourcils. Denis regarda David, effaré. Lily se frappa le visage, sentant que « cela » allait arriver.

- Pardon ?!
- Comment ça, Pardon ?! Qu'est-ce que tu crois ! J'en ai chié !
- Gros mot, tonton ! cria Noé.

Finn ferma la bouche de son môme.

- J… J'étais complètement anéanti ! Malcolm a eu la gentillesse de m'héberger, ce dont je me suis… montré indigne quand je suis parti pour essayer quelque chose avec Samantha et que… finalement elle m'a rendu amer et m'a isolé du monde, je croyais que ce serait une bonne chose mais… Pas du tout ! J'ai raté le mariage de mon frère et de ma sœur, j'ai fait des tas de trucs pas très reluisants, et au final quand Rachel est venue me chercher… Je pouvais plus refuser son aide, c'était… j'avais enfin un espoir de redevenir moi !
- Mais nous étions là, nous ! Tes parents !
- Je suis plus un bébé, papa ! J'avais besoin de prendre une décision qui me laisse la possibilité d'être un adulte !
- Ca ne change rien au fait que tu fasses décidément de très mauvais choix dans ta vie !
- … Parce que toi évid…
- Je suis un ancien drogué, monsieur Smirnoff !

David, sur le point de balancer tout un sac de bile sur son père, regarda Denis, stupéfait. Finn et Roland haussèrent les sourcils. Timothy plissa les yeux et regarda Linda qui était choquée. Rachel serra les dents et serra Ethan contre elle. Etienne secoua la tête.

- P… Pardon ?!
- J'ai pris diverses drogues pendant plusieurs moi, j'ai arrêté il y a deux ans maintenant. J'étais vraiment accro, ecsta, opium, coke, quelques joints et un peu d'héro pendant un temps. La totale. J'en suis venu à voler de l'argent à mes parents et à voler tout court pour m'en acheter. Ca a été une période… exécrable de ma vie, je le reconnais et… c'est… pour ça que j'aime votre fils, c'est parce qu'il ne m'en a pas tenu rigueur un seul instant et qu'il m'aime pour ce que je suis maintenant.

Etienne regarda David, abasourdi.

- M… Pourquoi tu lui dis ça maintenant ?!!
- Tu allais te disputer stupidement avec ton père et… j'ai trouvé que ça !
- Bon sang, David… soupira Etienne.
- Ca n'est pas David, monsieur Smirnoff, c'est moi et moi seul, et j'assume mes responsabilités et mes choix, tout comme David prend ses responsabilités et assume ses choix.

David regarda Denis et se serra contre lui.

- Je vois bien que vous aimez profondément votre fils et que vous ne voulez que le meilleur pour lui… Vous aimez vos enfants, ça se sent, vraiment, mais… David a grandi et il a vraiment été très mature vis-à-vis de mon passé, et… je l'aime également pour ce qu'il est et pour sa manière si unique d'aborder les choses.

Etienne regarda sa femme qui était tout aussi mortifiée.

- Eh bien… je… suppose que vous êtes tous assez grands pour aller manger chacun de votre côté, nous allons… manger tranquillement avec votre oncle Tim et… on se retrouve au stade ensuite !

Etienne, Linda et Timothy s'éloignèrent. David et Denis se regardèrent. Roland regarda Rachel.

- Et TOI tu leur as laissé Ethan à garder ?!... C'est pour ça que tu t'es énervée tout à l'heure ?!
- N… Disons que…

Denis regarda Rachel, impatient d'avoir la réponse également. Lily prit Flora et poussa Finn.

- On se barre, ils me font tous chier avec leurs histoires à la con !
- Reçu et approuvé… soupira Finn.
- Gros mot, maman !

Roland regarda Rachel qui soupira.

- C'était juste une question de… David le connait depuis six mois, Denis m'avait dit ça dans la journée, et…
- Et tu ne m'as rien dit !
- J'ai été méfiante, désolée, Denis…
- Pas de souci, j'ai l'habitude…
- Tu ne m'as rien dit, Rachel, merde ! Le mec de mon frère, j'ai le droit d'être au courant !
- La Grand-Place, Denis ? souffla David, excédé.
- Hm…

Le couple s'éloigna. Roland soupira.

- Une information aussi importante, Rachel !
- Pour moi ça ne l'était pas tant que ça !
- D'où le fait de flipper une fois que tu as su que j'avais donné Ethan à David et Denis !
- Maman, pourquoi tout le monde il est parti ?

Rachel remarqua en effet qu'ils étaient seuls, les autres membres de la famille étant partis.

- Fait chier… Voilà ce qu'on est devenus, un couple à la con au milieu d'une famille à la con, quelle merde !
- Bienvenue chez les Smirnoff…

***

- Je propose – je propose, c'est tout hein – mais qu'on mette les choses au point dès notre arrivée au stade ! Genre « Ok, Charlie m'a tapé, mais pas fort et surtout je comprends qu'il ait des accès de violence depuis la mort de son père » !

Charlie, Yann et Dimitri, attablés, regardaient Léopold, l'air complètement blasés.

- Léo, même moi je trouve ça idiot. J'ai fait une connerie, je dois l'assumer.

Léopold soupira.

- C'est compréhensible, Charlie.
- NON ! Ca n'est même pas excusable. Je devrais pas avoir à te frapper.
- Tu ne l'as fait que deux fois en presque vingt ans de vie commune ! Je sais que tu n'es pas mauvais.
- Je vais arrêter de boire, je vais faire une cure…
- Tu CUVAIS, Charlie ! Tu n'étais pas saoul, arrête tes bêtises !

Yann soupira et regarda Dimitri.

- Oui, moi aussi je me demande comment ça se passe dans les vraies familles, rassure-toi.
- Les garçons, je suis un mauvais exemple, ok ? Ne frappez jamais qui que ce soit ! souffla Charlie.
- Sauf si la personne en question l'a bien mérité !

Charlie regarda Léo, atterré.

- Quoiiiiii ?

***

Sur la Grand-Place, Denis regardait David. Et David pleurait. Sans rien dire. Il sanglotait en touillant son café. Et Denis le regardait, tristement mais respectueusement. Pour Denis, aimer quelqu'un, c'était aussi pouvoir le regarder pleurer.

- Bonjour…

Denis regarda l'homme qui approchait. Il semblait embarrassé et quelque peu intimidé. David le regarda et soupira.

- J'arrive peut-être au mauvais moment…
- Un peu… souffla David.
- Euh… je me présente, je suis Vincent Hadley, le… enfin, l'ex-compagnon de Kyle Tennant, le type que vous…

Denis acquiesça.

- J'aurais… besoin de parler à David.
- Vous pouvez le faire devant moi. Je le laisserais pas, pas dans cet état.
- Je… comprends.

Vincent prit une chaise et regarda David.

- … je suis… profondément désolé pour ce que je t'ai fait.

David regarda Vincent.

- … c'est pas la peine…
- J'aurais dû stopper cette incartade avec Kyle beaucoup plus tôt et rompre avec lui tout de suite… Kyle était attirant, il avait une fille, une situation, je me suis dit « C'est le jackpot »… Mais en fait… La petite ne m'a jamais accepté… et… Kyle, au fond, ne voulait que coucher et coucher encore, peu importe avec qui. Même sachant la petite à ses côtés. Combien de fois je la gardais pendant des… « gardes urgentes » à la fac… Tu parles…

David plissa les yeux en regardant Vincent.

- Pourquoi venir me dire tout ça ?
- … La culpabilité. J'ai un peu… ruiné ta vie.
- … sur le moment oui, mais… maintenant ça va. J'ai mis du temps à m'en remettre mais… sans cette séparation, j'aurais jamais pu… rencontrer Denis.
- … tant mieux pour toi. Ecoute, je viens aussi pour te parler de Perrine. La gamine ne m'aimait pas, elle voulait te voir toi, tout le temps et elle refusait tout ce que je lui offrais, même du matériel de peinture, elle le cassait et… Kyle, ça le faisait rire. Moi pas. Bref… Si jamais tu veux… intenter une action en justice pour récupérer la petite…

David écarquilla les yeux. Denis plissa les siens.

- … je suis prêt à témoigner salement contre Kyle. Ca lui… Ca lui apprendra à avoir joué avec moi comme ça.

David balbutia. Vincent sortit un papier et un crayon pour laisser son numéro à David.

- Passe un coup de fil si jamais un jour tu déposes la plainte. De l'eau a coulé sous les ponts depuis la précédente décision de justice… je pense que cette fois tu pourrais avoir l'avantage.
- … M… merci…
- Je vais au stade, à plus.
- Hm…

Denis regarda David qui avait arrêté de pleurer. David regarda le papier et le rangea dans son portefeuille.

- … Alors ?
- Alors quoi ? demanda David.
- Tu vas le faire ?
- Non, pas… pas pour le moment.
- Pas pour le moment ? David, c'est ta fille !
- Je l'ai adoptée et je ne l'ai eue que six mois… Lui il a eu un peu plus de trois ans pour la connaître…
- Et c'est toi qu'elle veut ! sourit Denis.

David regarda Denis.

- Et toi… tu veux avoir un enfant ?
- Pourquoi pas !
- M… Denis, c'est trop tôt !
- Ca fait six mois ! Comme pour toi et Perrine !
- … Attends… Vraiment ?!
- Si ça peut te rendre heureux…
- Mais… Toi, tu te sens prêt à assumer un enfant ?!

Denis plissa les yeux.

- Pas forcément… mais ça serait marrant de fonder une famille.
- Marrant ?
- Oui.
- Ca n'a rien de marrant de s'occuper d'un enfant, c'est… c'est compliqué et surtout… Notre relation va changer…
- Tu veux dire va évoluer !
- … Je sais pas, Denis.
- Tu… Tu ne veux pas la reprendre ?
- … Kyle tient à elle, aussi…
- … Et TOI, David ? Pense un peu à TOI !
- Je pense aussi à toi, je ne veux pas t'imposer un enfant que tu ne désires pas…
- A terme, ça me plairait qu'on ait un enfant. Voire même qu'on ne s'en tienne pas à Perrine, qu'on en prenne d'autres !
- D… D'autres ?!!

Denis acquiesça, souriant. David plissa les yeux et regarda son café, les larmes aux yeux.

- Avec toi, tout semble si simple…
- C'est une très belle déclaration, je te remercie.

David regarda Denis en souriant.

Sur la même place se trouvaient également Estelle, Colin, Kate et leurs familles.

- Tu veux pas qu'on aille rejoindre David ?! s'étonna Colin.
- Il a sa tête des grands jours, je pense qu'ils préfèrent rester tous les deux. J'espère que je n'aurais pas un adversaire trop tordu… marmonna Estelle.
- Maman, tu es concentrée sur le tournoi, wow ! s'étonna Kate.
- Moi j'ai pris des gens de la famille, je savais pas qui prendre comme adversaire, j'ai pas fait attention, j'étais occupé… souffla Colin.
- Par ta famille et ça, c'est bien ! assura Aude.
- Peu importe, papa, qui que tu aies face à toi, tu vas le battre, hein ? marmonna Walter.
- Bah… J'vais essayer quoi. J'suis pas non plus un boss comme peuvent l'être Rachel, Charlie ou même Roland…
- Oh, Colin ! soupira Kate.
- Même ton oncle est d'accord pour dire que tu es fort ! souffla Aude.
- Ouais mais bon… Tout ce que mes Pokémon savent faire c'est exploser ou sacrifier leurs vies pour que je gagne…
- Oh allez, on a tous vu que t'étais un crack ! Même moi j'étais impressionnée et pourtant moi les combats, pfoh ! soupira Bernice.
- T'as assuré pourtant ! s'étonna Estelle.
- Ouais mais parce que c'était des combats où fallait pas se battre à proprement parler… Si ça avait été des face-à-face, je me serais trouvée bien idiote... marmonna Bernice.
- Merci de surveiller ton langage devant le petit ! sourit Aude.
- C'est Kate qui me force !

Estelle sourit, tout en tenant Nadia sur ses genoux.

- Merci de m'aider… souffla Aude.
- Allons, c'est normal, tu ne vas pas en prendre une sur chaque genou…
- Maman, qu'est-ce qu'il a, oncle Etienne ?! J'veux dire… En ce moment il est…

Estelle soupira.

- Il est un peu frustré que ses enfants s'éloignent de lui, votre oncle n'a jamais compris ou très bien accepté les changements relationnels, pour lui une famille ça reste uni, ça ne se désorganise pas, ça ne se démembre pas… Il s'était habitué à Ted donc il parle très peu à Finn, il supporte moins bien le fait que Roland et Rachel soient ensemble qu'il le laisse paraître – notamment parce qu'elle lui répond – et de même il s'était habitué à la présence de Kyle donc Denis le gêne.

Colin plissa les yeux et résuma la situation.

- Donc… Oncle Etienne est aussi buté et débile que Roland à une époque ?
- Tout à fait. Et cela ne se calmera que si ces deux-là en viennent aux mains.
- Cool… marmonna Kate.
- Non, pas cool ! Ce serait très moche au contraire… marmonna Estelle.

Neil et Vanessa étaient très contents pour Stuart.

- Tu te rends compte, Stu ? Tu as émergé des éliminatoires !
- Hm… Oui, ça me met au niveau de n'importe qui qui sait esquiver ou parer un coup.

Neil grimaça et regarda son fiston.

- Je suis persuadé qu'au fond de toi, tu es fier d'avoir réussi.
- C'était à la portée du premier venu, papa…
- Ah non. Moi je n'aurais pas pu y aller !
- Tu n'as qu'un Farfuret et un Rattata de compagnie !
- Justement !

Stuart soupira.

- Si au moins ce tournoi débile pouvait aboutir à ce que je trouve un travail, là au moins je serais motivé.

Neil plissa les yeux, embêté.

- Je… pense qu'à ce niveau-là, fiston… personne ne peut t'aider, c'est à toi de…
- Han non papa, pas ce discours…
- Stuart, tu ne veux pas prendre les choses une par une ?

Stuart regarda Vanessa, sa… belle-mère, si on veut.

- Je veux dire… ok, tu n'arrives pas à trouver un travail, et ok ce tournoi ne t'aidera pas à en trouver un, mais… C'est un simple tournoi, fait pour te détendre, si tu viens ici avec des attentes qui, décemment, ne peuvent être remplies… Forcément tu seras déçu !

Stuart pencha la tête sur le côté. Neil regarda son fils.

- Hm… C'est… C'est pas faux…
- Je comprends que cette histoire de travail te turlupine et je sais tout ce que tu as laissé derrière toi…
- Oui, enfin… marmonna Neil.

Stuart regarda son père.

- Tu ne voulais quand même pas que je fasse comme voulaient Gilles et Omar, c'est-à-dire payer ma part de loyer en attendant ! C'était hors de question ! Et depuis, ils m'ont remplacé par Lenny et c'est très bien comme ça.

Neil soupira.

- Ce sont tes amis, ils voulaient seulement te soutenir !
- Maman n'aurait jamais accepté que je me fasse prendre en pitié.

Neil baissa la tête. Vanessa se tut. Stuart continuait à manger.

- Un restaurant gratuit ? Oh…

Mister Love-Pin leva ses verres fumés vers Jeanine qui faisait son ingénue.

- Quoi ?
- Non rien… Je m'attendais à ce que tu sois plus… original !
- Ah… Pardon, je souhaitais simplement être romantique !
- M'enfin… Je sors avec un type en costard rose et il m'emmène sur la plus grande terrasse de café du monde, grande comme une moitié de Central Park !

Brice haussa les sourcils. Jeanine sourit.

- Et où est donc passée toute ta fantaisie ?!
- Ah ça ! Je la garde pour le terrain, c'est là où j'en ai besoin. Dans le privé, je reste un être humain tout ce qu'il y a de plus normal. Avec un costard rose !
- Tu ne vas pas pouvoir jouer les cadors si les règles des combats sont strictes… Tu sais, les numéros de danse, tout ça… Et en six contre six, à enchaîner les lapines…
- Mais non, ça ira… Tu t'inquiètes inutilement pour moi !
- Ah non je ne m'inquiète pas pour toi mais pour les spectateurs ! Tu vas les ennuyer à mourir !

Brice, agacé, regarda Jeanine qui ricanait, amusée.

- Au moins cette fois je serais libre de massacrer qui je veux.
- Magnifique conception du combat, fils. Non, c'est… très louable !

Louis regarda son père, Daniel. Clarissa soupira tout comme Nora. Gerald mangeait tranquillement avec Munna.

- Le combat ça consiste en quoi ? A caresser tout le monde dans le sens du poil ?
- Ca demande de la stratégie et du doigté !
- Bah voyons. Tu bourrines, c'est tout, et puis voilà !

Daniel soupira.

- Ce qui t'a été très utile pendant les éliminatoires…
- Oh pffff ! Tu peux parler !
- PENTWELL !

La petite famille se tourna vers une petite foule en colère.

- Ouiiiiii ? répondit Daniel, blasé.
- Comment t'oses montrer ta petite face de rat ici après ce qu'a fait ton père ?!
- Ouais, t'as du culot !
- Je suis avec ma famille, là, vous pourriez… disons, repasser plus tard ?

Un type prit une batte et frappa la table à l'étonnement de la petite famille. Clarissa se leva en prenant Gerald avec elle. Nora s'écarta de la table, apeurée. Daniel se leva.

- M… Messieurs, c'est inutile de vous montrer violents…

Louis dressa Feunard entre son père et les belligérants.

- Louis, reste en dehors de…
- Regardez, il nous attaque !

Daniel fronça les sourcils.

- Et vous êtes en train de faire quoi, vous, là, bande d'abrutis, vous nous faites des cadeaux ?
- C'est la faute à ton père, tout ça, Pentwell, et tu le sais !
- Je m'appelle Pentwell, pas Suzuki, que je sache, et mon père était contre cette guerre !
- Ouais bah si il avait vraiment voulu l'empêcher, on n'aurait pas eu à se battre !
- Ou à y perdre des gosses !

Daniel leva les yeux au ciel.

- Je mange tranquillement avec ma famille, là, qu'est-ce que vous attendez de moi !
- Rien, on veut juste te casser la gueule !
- Exactement !

Daniel soupira. « Et je me plaignais des culs-terreux pendant les vacances aux USA… »

- Danny ! geignit Clarissa en tenant Nora et Gerald contre elle.
- Reste éloignée, chérie…

Un des types allait lever sa batte sur Daniel quand un Nosferalto l'attrapa.

- Hein ?!

Ils se retournèrent vers Jeanine.

- Vous vous en prenez au fils d'un officiel décédé du gouvernement, en tant que Championne, je ne peux pas vous laisser faire.
- Ah ouais ?
- Physiquement, qui plus est, quelle honte…

Ils se tournèrent vers l'homme au costard rose qui sortit six Lockpin de couleur normale. Lesquels désarmèrent les badauds tout en encerclant la mêlée.

- On circule bien gentiment et on laisse la petite famille tranquille !
- … de quoi je me mêle ?!

D'autres dresseurs entouraient la foule, dont David accompagné d'Ecremeuh et Denis en compagnie de Joliflor. Les menaçants prirent du recul, vivement encouragés par les Lockpin. Une fois la situation calmée, Daniel se rassit en compagnie de sa famille et tous les gens autour se dispersèrent.

- … Désolé… soupira Daniel, le visage dans une main.

Nora, Clarissa et Louis regardaient Daniel qui semblait endosser une immense culpabilité. Clarissa soupira et regarda Gerald qui avait Munna sur sa tête. L'œil rouge du Pokémon scrutait la mère du gamin qui soupira, voyant bien que le Pokémon mangeur de rêves dévorait les préoccupations de son fils. Nora prit une grande inspiration.

- Quoi… Enfin quoi qu'il en soit vous allez faire le maximum pour la suite du tournoi, hein ?

Daniel acquiesça mollement. Louis souffla.

- Ouais, ouais…

Nora acquiesça à son tour.

- Si j'avais au moins mon diplôme, j'aurais essayé de participer moi aussi… Quelqu'un ne veut pas parler, là ? J'aime pas quand personne ne parle…

Clarissa soupira.

- Ca… Ca vaut peut-être mieux qu'on mange en silence aujourd'hui.

Louis regarda ses parents qui semblaient préoccupés. Il garda le silence également.

Et pendant ce temps-là, dans un troquet qui vend des nouilles cuites à la japonaise…

- Qui vote pour le lieu de déjeuner le plus miteux qui soit ?

Noé regarda Lily.

- Mais maman, c'est papa qui a choisi !
- Ca veut pas dire que c'est super génial ! grommela Lily.
- C'est quoi le bon dieu de problème de ta famille en vrai ?

Lily regarda Finn, suspicieuse.

- Attends, tu me fais ce procès d'intention que MAINTENANT ?!
- J'sais pas… Là le coup du mec de ton frère… Fin, putain, vous êtes une famille ou un putain de panel de sondage ?!
- Attends, attends ! Pour le mec de David, j'en savais que dalle ! Déjà ! Ensuite pour ce qui est du reste de la famille, bah… J'fais avec depuis que je suis née…
- Attends, je fais le calcul. Ton père…
- Oh non…
- Qui – si toutes ses histoires sont vraies – a été victime d'un complot orchestré par le camarade de voyage itinérant de sa grande-sœur qui l'a empêché d'enseigner correctement pendant dix ans, tes parents se connaissent depuis leurs huit ans mais se sont mariés à trente-trois ans, il a survécu à une prise d'otages, à une bataille face à Cynthia et Hélio, à une entrevue avec Esteban Gallhager et à la Guerre, là !
- Pffff… Oui, allez, voilà, tout est vrai, même le passage avec les zombies et les toilettes bouchées avec des éponges…

Lily serra Flora contre elle alors que Finn était éberlué.

- T… Tu réalises quand même ?
- Tu réalises que tu aurais pu penser à ça tout seul avant qu'on se marie et qu'on fasse deux enfants ? C'est trop tard, mon pote ! Et j'ai les clés de la voiture.

Finn grimaça.

- J'veux dire…
- Tu veux dire quoi ? On lutte tous avec ça à notre manière. Roland, qu'il le veuille ou non, est redevenu le petit chien des parents au moment où il s'est réconcilié avec eux… et il a beau s'en défendre, il estime énormément papa. David n'a rien trouvé de mieux qu'être gay et fricoter avec les pires personnes possibles au point qu'on devrait l'appeler David La Poisse… Et moi je m'efforce de croire qu'en étant une bonne PDG Hitlérienne jusqu'à l'ongle, je vais me détacher de ce cordon ombilical indéfectible qu'est le sang Smirnoff.

Finn plissa les yeux.

- Crade.
- N'est-ce pas. J'essaie d'oublier tout ça en ayant une famille, un boulot chargé, un petit mari qui ne me prend pas la tête alors s'IL TE PLAIT, ne commence pas à trop réfléchir, je n'ai PAS besoin de ça !

Finn haussa les épaules.

- Si tu préfères que je m'en foute…
- J'veux dire… Prends-toi la tête avec le fait que ma famille est bizarre si tu veux, mais… Dis-toi une chose avant d'y penser : A quoi ça va m'amener ? Eh bah à rien ! Ca ne me change pas, tu sais tout de ma vie : Mon agression, mon avortement, ma rupture etc etc. Je suis la moins intéressante de la famille et c'est pour ainsi dire un cadeau du ciel !

Finn hocha la tête.

- Tu m'étonnes. Vaut mieux que je m'en foute.
- Et pour ça, je t'aime.

Lily mangea ses nouilles, blasée. Finn regarda Lily.

- Et on fait quoi pour le mec de ton frère ?

Lily regarda Finn qui haussa les sourcils.

- Quoi ? J'm'en fous des histoires de familles, pas des membres en eux-mêmes ! C'est pas pareil !

Lily grimaça.

- Hm… Bah… On… voit comment David gère et on avise par rapport à ça.
- Mouais. Reste PDG et deviens jamais militaire…
- C'était pas l'intention… Noé dort !

Finn regarda son fiston sur ses genoux.

- On l'aura assommé avec nos conneries…
- zzzzR'o mot, p'a…zzzz…

Finn regarda Lily qui sourit, amusée.

Malcolm était assez dérouté voire agacé par l'attitude de Claire.

- Stop, STOP Claire ! Ca ne rime à rien, là !

Judith suivait le pas, un peu décontenancée.

- Tu deviens ridicule, chérie ! C'est quoi cette idée de ne plus vouloir croiser Charlie ?!
- Je suis désolée, je ne peux pas supporter ça ! Le fait que Charlie lève la main sur Léopold m'est insupportable !
- Euh… mais… on n'est pas dans leurs affaires !
- Oh Malcolm, ça c'est une parole de lâche et d'hypocrite ! Tu les as vus comme moi ! C'est de l'abus physique pur et simple, si je n'étais pas une si bonne amie pour Léopold, j'appellerais la police !

Malcolm plissa les yeux.

- Tu n'en fais pas un peu trop ?
- Et si tu me frappais, Malcolm ? Tu n'aimerais pas que quelqu'un le signale à la police ?
- … Claire, la question n'est pas là, primo, et deuxio je doute très fortement que Charlie « batte » Léopold !
- Ah oui ?
- De toute évidence c'est juste une petite claque que Charlie lui a donné par pure colère… Ca n'est pas ponctuel ! Et auquel cas tu n'es pas avocate…

Judith soupira.

- Mon pauvre Malcolm, un meurtre se déroulerait devant chez toi que tu ne le verrais même pas…
- Ta mère a raison, Mac ! Je veux au moins que Charlie admette clairement qu'il y a un souci.
- Bah ça c'est clair mais de là à dire que Léopold est un homme battu…
- Tu es bien comme tous les hommes, tu déprécies tout ce qui est grave !

Malcolm soupira. « Génial… Rabats-toi sur les enfants, Mac, au moins eux ne te feront des reproches que dans vingt ans… »

Les écrans s'allumèrent, affichant les têtes de Rachid, Noa et Armando.

« Mesdames et messieurs ! Veuillez gagner les stades ! Les matches vont bientôt commencer ! D'ici… Une demi-heure très exactement ! »

Marigold soupira et se dirigea vers le stade comme le reste des spectateurs et combattants.

- Marigold…

Elle leva la tête vers Trafalgar, accompagné par sa fille.

- Oh ! Bonjour !
- Le cœur y est ?
- Pour le combat, oui… Pour le reste, je ne pense pas…
- Oh. Personnellement, tant que le combat va, tout va.
- Je m'en doutais un peu, Ulrich, j'envie ton détachement…
- Cela s'applique à tout, certaines personnes ont besoin d'un rien qui fait tout. Cela peut être n'importe quoi, te dis-je. J'espère te voir sur le terrain.
- Oui…

Ils s'éloignèrent. Marigold soupira.

« Marigold, reine des abeilles… Reine des connes, oui ! »

Charlie, Léopold et les garçons allaient d'un côté alors que Marigold passait par une ruelle.

- Y'a un souci, les enfants ?
- Nan… Rien, p'pa ! assura Yann.
- Bon.

Dimitri soupira.

- Faites que je passe le plus vite possible !
- Quelque chose me dit que ce tournoi va être très, très long… marmonna Yann.
- Les enfants, on passera quand on passera, ok ?
- Ok…
- Oui papa…
- Ca va aller, Léo ?
- Ouaiiiiiiiis, au pire je déclare forfait !

Charlie, Yann et Dimitri plissèrent les yeux.

- Quoi ? Vous vous attendiez à autre chose ?
- Léo…
- Quoi… Oh non bah là on peut pas l'éviter !
- Et zut…

L'homme à lunettes approchait de Charlie et Léopold.

- Ca alors ! Vous allez bien ?
- Will… prononça Léopold, stoïque.

Charlie baissa la tête, assez embarrassé. Yann et Dimitri s'étonnèrent.

- Vous… nous présentez ?! s'étonna Yann.
- C'est Will, c'était… l'infirmier de ton grand-père, souffla Charlie.
- Ca va, Will, ça va… marmonna Léopold.
- Cool… Cool.
- …
- …
- …

Yann regarda ses parents, surpris.

- S'passe quoi, là ?
- … bon bah…
- Oui, à plus…
- Hm.

Will continua à marcher alors que Léopold et Charlie semblaient soulagés.

- C'est les gosses qui nous ont sauvés ! souffla Léopold.
- Il ne faut ABSOLUMENT PAS qu'il sache où est notre chambre !
- Peut-être qu'il peut avec les Bracelets… marmonna Léo.
- Merde ! Va falloir qu'on change de chambre !
- Pas maintenant, on a appelé les réparateurs pour le jacuzzi !
- Trop de détails !! geignit Yann.

Dimitri soupira. Il regarda autour de lui et semblait ne pas se trouver à sa place du tout.

***

- T'es qui, toi ? J… J'ai jamais vu un Pokémon dans ton genre !

Gringolem regardait Yann, l'illuminant avec ses yeux. Yann plissa les siens.

- T'es louche, mec, sérieux…

Le Pokémon se pencha vers les jambes de Yann.

- Touche pas, putain ! J'me suis cassé un truc, sérieux, ça fait trop mal, merde ! Putaiiiin !!

Gringolem se releva, salua Yann et repartit dans la grotte. Yann fronça les sourcils.

- EH ! POKEMON ! CONNARD DE POKEMON ! RAMENE TON CUL ICI TOUT DE SUITE PUTAIN !!

Yann soupira alors que peu à peu la lumière disparaissait. « Putain, j'vais crever ici, seul comme un chien… »

Yann allait-il mourir dans un flashback ?

***

- C'est pas possible, mon père peut pas mourir, c'est pas possible…

Etienne et Norbert prirent Léopold à part.

- Vaut mieux le laisser gamberger jusqu'à ce qu'il… réalise en quelque sorte que… ce qui est fait est fait… souffla Etienne.
- Laisse-le prendre du recul, mon chéri…

Léopold acquiesça.

- Ca va, je vais le soutenir. Il faut bien que je m'y mette un jour où l'autre… mais, papa, pourquoi vous n'avez pas emmené Lindbergh à l'hôpital ?
- Il a refusé. Il ne voulait pas…

Norbert regarda Etienne qui soupira.

- Il ne voulait pas que tout le monde se cloître à nouveau dans un couloir. En l'occurrence tout le monde est chez Norbert et Lionel, maintenant…
- Chez Norbert, Lionel et Linus ! Son nom restera sur la boîte aux lettres. Même si on déménage.

Léopold regarda Norbert qui soupira.

- Oh ça va, Léopold, hein !
- … tu n'as jamais…
- Jamais. Je n'ai… jamais pu. Les premiers cheveux blancs que je me suis fait, c'était pendant une période où on était fâchés.

Léopold et Etienne plissèrent les yeux. Norbert se rongeait les ongles.

- Parfois quand je faisais l'amour avec ton père… je ne pensais pas du tout à ton père…

Léopold semblait inquiet pour la santé mentale de son père. Norbert soupira, rempli de chagrin.

- … ces derniers temps, comme il avait froid, j'avais pris l'habitude de lui servir de bouillotte…
- Papa ! geignit Léopold, sidéré.
- … ne me jugez pas, c'est bien assez dur pour moi.

Etienne souffla et se passa une main sur le visage.

- Tu… Tu réalises à quel point…
- Oui ! Oui, Etienne, je réalise ! Je… Je m'accroche à un amour idiot, à un amour sans aucune réciprocité autre qu'une forte amitié… Je…

Léopold regarda Etienne qui semblait aussi concerné que lui. Norbert se couvrit le visage avec les mains.

- … j'avais pensé retenter ma chance après la mort de Lucy… J'ai honte, si vous saviez, j'ai tellement honte !

Léopold regarda Etienne qui le regardait aussi, stupéfait.

Will approcha de Charlie qui se trouvait toujours à la table de la cuisine.

- Ca va ?

Charlie secoua la tête.

- Ca va pas fort, non.
- Vous voulez une tisane ? J'ai ramené mes sachets…
- Non merci. J'ai… J'ai besoin… de mon père.
- Les calmants commencent à faire effet, il est moins crispé…

Charlie releva la tête.

- Il va mieux ?
- Non, non… Il se sent mieux.
- Oui mais… mais il souffre moins, hein ?
- Quand vous avez un cancer, vous ne sentez pas son arrivée, mais vous mourrez quand même. De même pour un anévrisme.

Charlie plissa les yeux.

- M… Maman est morte d'un cancer.
- Oh, désolé.
- Elle a fait ce qu'elle a pu…
- Ca n'est pas une question d'effort ni même de ténacité mais de résistance… les traitements sont agressifs…

Charlie hocha la tête.

- Et là, mon père…
- C'est la continuité de la vie, n'y voyez aucun destin qui s'acharne ou quelque malédiction…

Charlie regarda Will qui le regardait de façon neutre.

- Tu es si jeune…
- … J'étais… étudiant avant la guerre, mais j'ai acquis depuis une certaine expérience… qui a fait que j'ai rapidement passé mon diplôme. Mais rassurez-vous, j'ai toutes les qualifications.

Charlie hocha la tête.

- Merci pour tout ça… Je… Je suis content que ce soit quelqu'un d'aussi consciencieux qui s'occupe de mon père, il n'aurait pas supporté quelqu'un de dissipé ou qui prenne son travail par-dessus la jambe.
- Vous devriez arrêter de pleurer et vous ressaisir alors. Je doute également que votre père souhaite vous voir dans cet état.

Charlie hocha la tête.

- Vous avez l'air d'être quelqu'un de fort, Charlie, ressaisissez-vous.

Will lui prit la main, et Charlie posa la sienne par-dessus, devant un Léopold qui regardait à distance, légèrement choqué.

***

Gringolem revint avec de la boue et des feuilles. Il les posa à côté de Yann qui était à deux doigts de perdre connaissance.

- Putain, ça craint… Merde…

Gringolem regarda les jambes de Yann qui par chance pour lui était en short. Cela permettait au Pokémon d'avoir une bonne vue sur l'étendue des blessures et de les soigner correctement. Il prit la boue et l'appliqua sur les jambes de Yann.

- T… Tu fais quoi, là ?! Eh, Robocop ! J'te cause !

Yann, pris de panique à l'idée de mourir ici, retrouvait tous ses vieux mécanismes de défense d'avant son arrivée chez Charlie et Léopold. Sans sécurité, sans chaleur humaine, apeuré et seul, il n'avait d'autre choix.

Gringolem ne faisait là qu'appliquer ce qu'il aurait fait avec un de ses congénères. Etant des golems issus d'une technique de construction très ancienne et constitués à 80% de matière terrestre, soigner des blessures se faisait par l'application d'argile, et si possible de Lumargile. Cette gomme colorée et phosphorescente avait des propriétés non pas régénératrices mais conservatrices. C'était un peu un plâtre qu'il confectionnait là sans le savoir.

Mais ce Gringolem en particulier ne faisait pas partie de quelque communauté, il était seul.

Et ça lui donnait un motif de plus pour aider un voyageur égaré.

Yann se laissait faire, incapable de protester plus encore. Et puis le regard de ce Gringolem était rassurant, quelque part.

- C'est bizarre…

Gringolem continuait à appliquer l'argile et tournait la tête comme s'il écoutait Yann.

- D'habitude mon seul vrai pote c'est Dimitri. Il est sympa mais franchement des fois j'ai du mal à le suivre… et je me demande s'il écoute vraiment ce que je lui dis… En ce moment, y'a ce type, Urbain, qu'est vachement cool, on a de bonnes discussions, tout ça… Ca me fait du bien de parler, d'être écouté et d'avoir une réponse, tu vois…

Gringolem émit un couinement étrange.

- … T'es quoi, R2D2 ?! Bref… Et là… y'a un être vivant qui ne parle pas, à qui je peux parler sans avoir de réponse et qui… m'aide sans que je lui ai rien demandé. C'est… bizarre. J'me pose des questions sur l'humanité en général, quoi.

En quelques secondes, Yann avait retrouvé tout son calme social. Sûrement le fait que Gringolem le soigne.

***

- Ca va aller, papa… Will va faire en sorte que tout aille bien…

Will préparait ses seringues.

- Fiston…
- Tout va bien, papa…
- Fiston, c'est inutile que tu restes là…

Charlie haussa les sourcils.

- Quoi mais…
- Fiston, je refuse que tu restes encore là à me pleurer pendant des heures, voire des mois…
- M… Mais papa, tu vas…
- Mourir, je sais ! Comme ta mère avant moi !

Marine était dans la pièce également aux côtés de Léopold.

- Fiston, il est important que tu restes fort, que tu fasses rapidement ton deuil et que tu passes à autre chose.
- Mais papa…
- Je refuse d'être un fardeau, encore moins un de ceux que tu t'évertues à porter jour après jour…
- Mais papa, après tout ce qu'on a…
- Je sais fiston mais tu dois apprendre à… juste à faire avec !

Charlie plissa les yeux, attristé. Il regarda sa sœur.

- Dis quelque chose, toi !
- … Que veux-tu que je dise, il a raison !
- Dis quelque chose à papa !
- Oh ! Papa, désolée que tu meures, ça arrive, j'espère que ce ne sera pas trop douloureux et je voulais au moins que tu saches que je t'aime quoi qu'il se soit passé avant.

Linus acquiesça.

- Ca, c'est ma grande fille.

Charlie plissa les yeux en regardant Linus puis Marine.

- E… M… C'était profondément incorrect !
- Ca va me faire du mal, Charlie, rassure-toi ! J'essaie simplement de rester… la plus détachée possible pour éviter d'en souffrir ensuite.

Charlie soupira.

- J'peux pas… J'peux pas m'en empêcher aussi facilement…
- Et c'est difficile pour moi de t'en blâmer, fiston… soupira Linus.
- Ca devrait aller. Vous allez pouvoir dormir un peu, monsieur Winchester, un sommeil réparateur, et ensuite je réévaluerais l'avancée de la maladie et… nous aviserons.
- Merci jeune homme.
- Merci Will.

Léopold observa Charlie, quelque peu inquiet.

***

- Charlie ?
- Hm ?

Léopold regarda son mari, dubitatif.

- Euh… Tu vas bien ?
- Ouais… Ouais, je… je vais essayer de positiver un peu.
- Il se passe quoi entre toi et l'infirmier ?

Charlie regarda Léopold, stupéfait.

- Qu… QUOI ?
- Chut ! Toi, l'infirmier, il se passe quoi ?
- M… RIEN ! Mais enfin Léo…
- Je VOIS les choses, Charlie, depuis ce matin vous êtes bizarrement proches !
- Léo bon sang ! Mon père va mourir ! Tu crois vraiment que je n'ai que ça à faire de…
- Charlie…

Le brun haussa les sourcils. Le blond croisa les bras, sérieux.

- … J… Je ne sais pas quoi te dire. Je crois que je cherche juste à… m'accrocher à quelque chose de tangible et de rassurant.
- … Bah je sais pas… Frotte-toi contre une rampe d'escalier !

Léopold s'éloigna, dégoûté, devant un Charlie assez surpris.


***

Le clan Smirnoff s'était grandement dispatché dans le stade. David et Denis s'étaient isolés, Lily et sa petite famille s'étaient installés avec Travis, surpris par ce retournement.

- Y'a eu une dispute ?! J'devrais dire une énième dispute…
- Pas spécialement, disons que j'avais besoin de changer d'air… souffla Lily.
- Et vous venez vous asseoir ici pourquoi exactement ? s'étonna Finn.

Travis haussa les épaules.

- On vous a vus les premiers, on vous a suivis quoi !
- Oh.

Roland et Rachel, idem, avaient saisi l'occasion pour s'isoler.

- J'ai peur que ce soit un peu trop gras…
- Ce sont des frites, Rachel, c'est forcément gras ! Laisse le petit profiter des mystères de la vie !
- Plus que l'influence de tes parents, j'aimerais que cet enfant n'hérite pas de tes excentricités !
- Pourtant c'est un trait typiquement Smirnoff ! Tu préfères les super valeurs de ta famille ?
- Euh… Non !

Malcolm, Claire et les enfants arrivèrent.

- Tiens…
- Mac, où est maman ? s'étonna Rachel.
- Elle a croisé les parents de Roland, on en a profité pour s'éclipser…
- Vous évitez qui, vous ? sourit Roland.
- Charlie et Léo ! souffla Claire.
- Claire bon sang… soupira Malcolm. Prêt pour la baston, Roro ?
- Tout à fait, Coco. Ca va chier des Papilusion !
- ROLAND ! crièrent Claire et Rachel.
- Maudits gosses, ils ruinent mes meilleures blagues !

Le terrain s'ouvrit. Etienne, Linda, Estelle, Colin, Aude, les enfants, Kate, Bernice et Judith étaient ensemble. Et Etienne était furax.

- Et voilà, une fois de plus, cette famille se déchire…
- Je crois que tout le monde a besoin de prendre un peu l'air… marmonna Linda.
- J'aurais plutôt dit un truc du genre « Merde, Etienne, qu'est-ce que tu as encore fait ! »

Etienne regarda sa sœur qui haussa les épaules.

- Et qu'est-ce que c'est censé insinuer ?!
- J'ai insinué quelque chose ? Diantre, il me semblait pourtant avoir été claire comme de l'eau de source !
- Estelle, ça n'est pas la peine de… d'en rajouter ! assura Linda.
- Nan, t'as raison. Continue Etienne ! Tu es le meilleur des pères ! Je suis tellement fière de toi !

Etienne plissa les yeux, blasé. Kate regarda Colin.

- Pourquoi on est restés avec eux ?!
- Ils payent la bouffe.
- Hon.

Le terrain central des combats était constitué d'une sorte de grand piédestal. Des écrans recto-verso se trouvaient de chaque côté du terrain, probablement pour afficher les scores respectifs.

Charlie, Léopold et les garçons s'étaient trouvés quelques rangées à occuper avec les sœurs Winchester, Norbert et Lionel.

- Alors c'est la séparation ? s'étonna Norbert.
- Oh on va pas dire que c'était pas prévisible… souffla Lionel.
- En fait on essaye surtout d'éviter Claire… marmonna Léopold. Elle soupçonne Charlie de me violenter. Ce qui est évidemment faux.

Norbert et Lionel plissèrent les yeux. Yann grimaça. Christine et Marine penchèrent la tête. Charlie haussa les sourcils.

Donna et sa petite famille attendaient avec impatience l'annonce du premier match. La voix de Rachid résonna dans les hauts parleurs.

« BIEEEEEEEEEEEEEEENVENUE POUR LA SECONDE MANCHE DU GRAND TOURNOI POKEPOLITE ! » (Et non, Rachid n'est pas dans une réalité alternative ! ndla)

La clameur s'éleva du stade Victini. Neil s'était laissé emporter par la liesse.

- Eh bien, j'aimerais que tu montres autant d'enthousiasme pour ma cuisine… souffla Vanessa, amusée.
- Désolé, c'est juste… La seule idée que Stuart aille se battre ici, ça me remplit de fierté !
- En espérant que j'arrive à grimper sur ce terrain… soupira Stuart.

« Je suis Rachid et je serais le commentateur pour ce match, en compagnie de mes frères Armando et Noa ! Préparez-vous pour une foule de matches de qualité ! »

Le stade continua à applaudir. Max soupira.

- Quel troupeau d'abrutis…
- Ca va, tu vas pouvoir descendre dans l'arène toi aussi, arrête de trépigner comme un gamin… souffla Ethel.

« Les règles seront simples : Vous serez appelés après sélection de vos noms dans l'ordinateur. Une fois sur le terrain, vous choisissez les règles – pas forcément ensemble, un avis différent est départagé par un tirage au sort – et vous commencez à vous battre ! Tous les coups sont permis sauf évidemment blesser sérieusement son adversaire ou blesser un humain ! Nous allons, sans plus attendre, commencer ! Armando, si tu veux bien…
- Le premier concurrent appelé pour cette manche est… STUART GIBSON ! »

Stuart sursauta. Il regarda son père et sa belle-mère.

- Euh…
- Allez Stu ! Tu vas tout déchirer !
- Vas-y mon grand ! sourit Vanessa.

Stuart, emporté par le stress, ne pensa même plus à s'énerver. Il essaya de se lever sous les applaudissements du stade. Roland s'était levé.

- Trop cool ! Mon ancien élève préféré !
- Je croyais que c'était Dimitri… s'étonna Rachel.
- Je lui raconte ça pour lui faire plaisir !

Stuart descendit à grand peine. Mais il y mettait de la volonté.

« Noa…
- Il sera face à… MARIGOLD HELLER ! »

Roland déchanta. Rachel leva les yeux au ciel.

- Eh merde…
- J'suppose que j'peux pas jouer les Pom Pom Girls, ça serait ambigu… marmonna Roland.
- Là, clairement.

Théodore s'étonna que Marigold passe la première. Il descendit jusqu'à elle quand il la vit se lever.

- Marie…
- Laisse-moi !
- Bonne chance, Marigold… murmura le jeune homme.
- C'est inutile, vraiment !
- Mais je voulais juste…
- Inutile !

Marigold avança prestement vers le terrain. Théodore la regarda en soupirant. « Quelle femme… »

Marigold arriva la première à sa grande surprise. Les applaudissements continuaient, continuaient… puis cessèrent, et c'était le calme plat. Stuart clopinait jusqu'au terrain. Marigold haussa les sourcils et commença à s'impatienter. Le stade entier regardait le jeune homme s'échiner à grimper les marches avec ses béquilles. Marigold tapota du pied, quelque peu lassée.

Les applaudissements reprirent et Stuart arriva sur le dos de son Dodrio. Marigold souffla, soulagée.

- Bon. J'ai un adversaire.

Rachel plissa les yeux.

- Stuart a une chance ?
- Pas vraiment mais il peut toujours essayer… marmonna Roland.
- Marigold est si forte que ça ?
- Ouaip, elle est forte. Disons qu'elle est vicieuse.

Rachel haussa les sourcils.

- Trouve VITE une justification plausible à l'usage de ce mot !
- C'est comme ça qu'on peut décrire son style. Elle aime embrouiller et frapper. J'espère que Stuart va être malin et éviter le Full Battle.
- Un six contre six ?
- Ouaip. S'il la laisse jouer à son propre tempo, il a perdu. Plus elle aura de temps pour se placer, plus il sera dans la merde.

Marigold regarda Stuart qui rappelait son Dodrio. Les écrans affichaient les têtes des concurrents et des emplacements pour les Pokémon utilisés.

« Concurrents, veuillez décider des règles grâce à la table qui va apparaître devant vous. »

Un pupitre s'érigea face aux concurrents. Stuart soupira. « Fait frisquet, j'aurais dû prendre une laine… »

Les écrans affichèrent les règles choisies : 6vs6 pour les deux. Roland se frappa le visage.

- CRETIN ! Bordel ! Il va se faire bouffer !
- Ca va, il va peut-être assurer… marmonna Rachel. Tu ne peux pas être un peu optimiste ?
- Rien ne se déroule jamais totalement bien, Rachel.

Rachel leva les yeux au ciel.

- Je vois…

Marigold regarda Stuart.

- Tu sembles bien cacher ton jeu, je suppose qu'il n'y a que tes jambes qui fonctionnent mal.
- … Et je suppose qu'il n'y a que votre beauté qui fonctionne, à l'inverse…

Marigold sourit.

- Tu n'as pas besoin de me provoquer, je n'éprouve aucune pitié envers les handicapés.
- Là encore, moi non plus ça ne m'embête pas d'affronter une femme. Une vieille femme de surcroit.
- Qui marche comme une déesse, figure-toi, avec ou sans talons ! Un pied devant l'autre !

Stuart fronça les sourcils. Marigold de même.

« Stuart Gibson contre Marigold Heller, 6 contre 6 ! 3, 2, 1, ENVOYEZ ! »

Stuart saisit une Pokéball. Marigold de même.

- C'est à toi de jouer, Haydaim !

Le courageux cervidé apparut, pressé d'en découdre. Marigold acquiesça.

- Scobolide, à toi !

Un étrange insecte circulaire apparut. Le cocon semblait tout à fait adapté à rouler. Stuart plissa les yeux.

- Un insecte ?
- Oui j'adore les insectes !
- … oh.
- Scobolide, on commence avec Roulade !

Scobolide sauta et se mit à rouler dans la direction de Haydaim.

- … Feinte !

Haydaim s'avança vers Scobolide qui essaya de contourner Haydaim, sans compter sur un coup de patte arrière bien placé. Scobolide fut stoppé et s'arrêta.

- Je vois. Tentons autre chose alors, disons Bulldoboule !

Scobolide roula sur place puis fonça sur Haydaim. Le Pokémon cerf semblait apeuré mais Scobolide l'esquiva. Marigold sourit. Stuart plissa les yeux.

« C'est elle qui m'esquive ? Ca n'a aucun sens… »
« Mesdames et messieurs, c'est un étrange début de rencontre, Marigold semble ne pas vouloir toucher Stuart… »

Marigold intensifia son sourire.

- Euh… Euh…

Et Stuart ignorait ce qu'il devait faire. Scobolide retourna devant Marigold.

- Alors, Stu ? Un souci ?
- … Non. Ball'Ombre !

Haydaim leva la tête et balança la sphère sur Scobolide.

- Queue Poison !

La créature esquiva habilement la Ball'Ombre pour charger Haydaim. Une fois face à lui, Scobolide frappa avec les antennes arrière de son corps. Haydaim esquiva d'un bond rapide. Stuart plissa les yeux.

- Et… maintenant c'est bon ? Vous m'attaquez sans hésiter ?
- Ce n'est pas moi qui utilise un Pokémon complètement inadapté… Je suis sûr que tu as de très bons Pokémon. Je te donne un indice sur ma stratégie : Je n'utilise que des Insectes !
- …
- Juré craché !
- … Reviens, Haydaim…

Marigold sourit. « Et ainsi commence la spirale infernale… »

- A toi, Volcaropod !

Le Pokémon limace de lave apparut, tout pimpant. Jusqu'au moment où une explosion se provoqua sous lui.

- Uh ?!
- Je te présente mes amis Picots…

Volcaropod sembla tourner de l'œil.

- … et Pics Toxik !
- Oh misère… soupira Stuart.
- Prêt ? Hâte !

Scobolide se mit à tourner autour de Volcaropod.

- Lance Flammes !

Volcaropod tenta de viser Scobolide mais il semblait dépassé par la situation. Le Pokémon allait en effet beaucoup trop vite.

- Euh… Euh…

Roland grommela. « Petit crétin, plus tu la laisses se déplacer, plus elle enverra de Picots et de Pics Toxik ! »

- Reviens !

Scobolide retourna dans sa Pokéball. Stuart était éberlué. Marigold fit un grand sourire.

- Un avorton comme toi ne peut pas battre une dresseuse de ma trempe. Tu vas perdre ce match, lentement mais sûrement. SCARHINO !

Le Pokémon sortit de sa Pokéball.

- CLOSE COMBAT !
- Lance Fl…

Trop tard. Volcaropod se retrouva tabassé par Scarhino. Sans demander son reste, la limace de lave s'écroula. Scarhino se retrouva cependant brûlé.

- Oups. Les aléas du métier.

Stuart plissa les yeux et rappela son Pokémon. Il hésita pour la suite. Etienne soupira.

- Il faut choisir un Pokémon volant, c'est la seule solution pour se défaire des pièges souterrains… Ou alors un Pokémon avec Tour Rapide… Allons, jeune homme, un peu de jus dans ce jeu, que diable…

Omar, Gilles, Lila, Lenny, Stacy et Edgar observaient également le match.

- Euuuh… Dod… Dodrio !!

L'oiseau sortit de sa Pokéball, immunisé contre les attaques adverses.

- Bec Vrillé !
- Je crains ne pas pouvoir te laisser faire !

Dodrio fonça vers Scarhino qui s'entoura de petits rochers. Etienne secoua la tête. Roland était fou de rage.

- Merde Stuart, merde, non !!

La Lame de Roc frappa Dodrio avec rage. Stuart semblait au comble du désespoir.

« Oh non… J'ai perdu mon Pokémon Feu et mon Pokémon Oiseau… Et elle n'a que des insectes… Et tout ce qui me reste c'est un autre insecte, un daim qu'elle se fera un plaisir de grignoter, un poulpe et Momartik ! »

- Eh bien Stuart ? Continuons ?

« Sur ce qui me reste… Haydaim, Moyade et Momartik vont forcément se prendre les attaques adverses… Si en plus elle me réserve des attaques plus complexes par la suite… Mais forcément, quoi, elle a encore ses six Pokémon, forcément elle a encore du lest à lâcher… Quelles sont mes solutions ?! Avec un Scobolide et un Scarhino elle m'a mis au pilori… Qui sait ce qu'elle a d'autre de plus dangereux… »

Stuart ferma les yeux. « Allez, on se ressaisit !! »

- Haydaim…

Le Pokémon se prit les dégâts et le poison.

- …
- Pauvre Bambi ! J'ai tant pleuré quand les chasseurs ont tué ta mère ! MEGACORNE !

Scarhino fonça sur Haydaim.

- Aromathérapie !

S'entourant de fumerolle verte, Haydaim soigna le poison. Etienne grommela. « Il aurait été plus convenant de procéder à des changements rapides et de garder l'Aromathérapie pour plus tard… »

Roland se rongeait les ongles. Rachel soupira.

- Si tu t'étais montré aussi stressé avant la naissance d'Ethan !

Scarhino allait défoncer Haydaim quand le cerf retint l'adversaire à bout de cornes.

- J'ai Mégacorne aussi ! souffla Stuart.

Claire souffla, soulagée.

- Bravo Stuart ! Contrer un type par un type similaire c'est un bon moyen de s'en sortir sans trop de heurts !

Haydaim repoussa Scarhino et se retourna.

- PIED SAUTE !!

Haydaim infligea une violente ruade à son adversaire qui fut projeté vers sa maîtresse.

- Ressaisis-toi !

Scarhino s'envola, prêt à foncer de nouveau vers Haydaim. Etienne trépignait.

- Esquive, esquive…
- Scarhino, Aeropique !!

L'insecte bleu chargea droit vers Haydaim. Stuart semblait attendre son moment.

- … CAMOUFLAGE !

Haydaim disparut de la vision de Scarhino qui s'arrêta en plein vol, intrigué. Haydaim réapparut au milieu du terrain.

- Intéressant. Ton Haydaim est désormais de type Sol… Il a donc moins à craindre de mes attaques, cependant tu perds la corrélation entre l'interne et l'externe, ce qui t'empêche de profiter de tes attaques Plante à pleine puissance.
- Inutile de m'embrouiller avec des trucs que je sais déjà. Mégacorne !!

Haydaim chargea Scarhino et le frappa en plein ventre.

- Koud'Korne !

Scarhino repoussa Haydaim en arrière.

- Pied Sauté !

Stuart ne se laissa pas submerger et contre-attaqua. Haydaim colla une bonne ruade à Scarhino.

- Et Mégacorne !!

Stuart acheva Scarhino qui retomba auprès de Marigold, vaincu. Laquelle rappela modestement son Pokémon.

- C'est triste. Mais je ne m'en fais pas. Tu es un jeune homme réactif et vigoureux, cela promet un combat des plus intéressants. Cependant…

Elle se saisit d'une autre Pokéball.

- … tu es presque certain de perdre. Je suis la sœur d'Aaron du Conseil des 4 de Sinnoh et j'ai également fait partie de l'Ennéagramme.

Stuart plissa les yeux.

- Vois-tu, toi et moi ne jouons pas dans la même cour. Ca se voit rien qu'à ton équipe.
- Mon eq…
- Enfin bref. Papilord !

Le papillon masculin apparut. Stuart plissa les yeux. « J'ai pas à avoir peur de ce Pokémon là… Je suppose… Si elle aime tant que ça les insectes, elle doit les maîtriser à la perfection… »

- Papillodanse !

Papilord se mit à voler gracieusement. Stuart plissa les yeux.

- Euuuuuh… Ball'Ombre !

Haydaim attaqua l'adversaire volant qui esquiva d'un mouvement de danse.

- Euh…
- J'adore cette attaque, elle est tellement gracieuse !
- … oui c'est vrai…
- Bon ! Me voilà de meilleure humeur !
- …
- Hm. Vent Argenté !

Papilord balança une bourrasque d'une puissance hallucinante sur Haydaim qui valdingua comme c'était pas permis. Le Pokémon retomba lourdement en arrière. Stuart resta scié.

- Oups ! Dommage pour toi.

Stuart rappela son Pokémon, embarrassé.

- Il ne te reste plus que trois misérables Pokémon… Comment vas-tu faire ?

Neil plissa les yeux.

- Fiston…
- Oh, Stuart… geignit Vanessa.

Rachel et Malcolm tenaient Roland. Ethan, Alexander et Nell regardaient Roland alors que Claire tenait Léa qui dormait.

- MAIS TABASSE-MOI CETTE TRAINEE BON SANG DE BON SOIR !
- Roland tout de même ! geignit Claire.
- Il est saoul ou quoi ? s'étonna Malcolm.
- Même pas ! grommela Rachel.

Les écrans géants montraient les visages des deux concurrents, et c'est ainsi qu'un stade de trente mille personnes put apercevoir Stuart sangloter comme un gamin et faire demi-tour vers son gradin, sous les yeux d'une Marigold étonnée.

- Oh non… soupira Neil.
- Ow… geignit Etienne.
- Putain… Laissez-moi descendre !
- Non, Roland ! grommela Rachel.
- Laisse les choses se faire ! Si Stuart souhaite abandonner, qu'il en soit ainsi ! grogna Malcolm.
- Mais nan ! Mais nan putain !!

Vanessa se leva.

- Non, non, non !
- Vaness…

Elle descendit les marches des gradins et s'arrêta au bord.

- STUART !

Le gamin s'arrêta et regarda sa belle-mère.

- STUART GIBSON, DEMI-TOUR !!

Stuart baissa la tête, découragé. Marigold observait religieusement.

- Bon sang Stuart !!

Vanessa avança sur le terrain. Le service d'ordre ne prêta pas attention (Apparemment ils sont un peu à l'ouest).

- Stuart, je comprends que c'est un combat très difficile, je ne pense pas qu'il faille être tacticien pour le comprendre !
- …
- Bon sang, Stuart ! Chaque jour de ta vie est mille fois plus compliqué que tous les combats que tu feras ici ! Pour toi tout est plus difficile ! Mais pas les combats de Pokémon ! Tu es talentueux, tu le sais, ne lâche rien, bon sang ! Ta détermination, c'est tout ce qui fera la différence dans ta vie !

Stuart acquiesça mollement. Vanessa hésita mais lâcha quand même :

- Et puis franchement, que dirait ta mère en te voyant pleurer comme ça ?!
- ………………….
- Allez, demi-tour et quoi que tu fasses, fais de ton mieux !

Stuart regarda sa belle-mère qui était vraiment… « … positive… »

Stuart fit effectivement demi-tour sous les acclamations du stade – Marigold comprise. Papilord était toujours à ses côtés.

« Merci, Vanessa. Merci d'être aux côtés de mon père, merci d'être là, merci de faire autant attention à ne pas heurter ma sensibilité tout en me soutenant… »

Stuart revint à sa place tout comme Vanessa que Neil regardait, abasourdi.

- Tu es…
- Folle ?
- … extraordinaire !
- Merci !

« Si je descends de ce terrain la tête haute, j'essaierais peut-être de t'appeler Maman… »

Stuart chercha une Pokéball.

« Après tout, j'ai vingt-deux ans, techniquement je suis un adulte, je n'ai plus besoin de « maman », mais… après tout on a toujours besoin d'une famille autour de soi, non ? »

Stuart regarda Marigold, admirative.

- Quoi ?
- Merci d'être revenu. J'avais peur d'en rester là.
- … J'ai un peu craqué, désolé.
- Je ne pensais pas être aussi intimidante, désolée.
- Non, vous êtes pas intimidante, c'est moi qui… suis trop timoré, je crois.

Marigold plissa les yeux et repensa à Théodore.

- Oui, c'est… difficile de s'affirmer.
- Et essayez donc avec des béquilles !

Marigold sourit et hocha la tête.

- J'espère que tu auras compris qu'il n'y a aucune noblesse à fuir. Tu allais t'humilier à vie et tu t'en serais mordu les doigts d'avoir abandonné. Même si tu es certain de perdre, essaie quand même.

Stuart soupira.

- Au point où j'en suis, là, je suis obligé de gagner…
- Tu feras tout pour ça mais je ne me laisserais pas faire.
- Vous savez… J'avais un maître…

Marigold acquiesça.

- … Il s'appelait Roland Smirnoff.

Marigold fit de gros yeux.

- Et… quand j'étais sous son égide, tout paraissait super simple. Parfois j'aurais aimé rester son élève après ça.
- R… Roland Smirnoff… Tu es… un élève de…
- Oui, pourquoi ?

Marigold explosa. Littéralement.

- Bordel de merde ! Mais qu'est-ce que cette foutue vie s'échine à me rappeler ce mec ?! C'est pas POSSIBLE !

Roland plissa les yeux.

- Elle est en rogne… Soit elle a ses règles…
- ROLAND, LES ENFANTS ! grommela Claire.
- … soit Stuart lui a parlé de moi.

Rachel s'étonna.

- Tu lui as laissé un si mauvais souvenir que ça ?
- Elle détestait parler de ses exs, on a eu notre première dispute quand j'ai essayé de la taquiner là-dessus.
- Ah ça, si vous essayiez de parler entre deux parties de jambes en l'air… ricana Rachel.
- Bah attends, regarde où ça nous a menés !

Rachel grimaça.
Marigold regarda Stuart, furieuse.

- Ok, maintenant je suis VRAIMENT en rogne !
- … Vous avez un problème avec monsieur Smirnoff ?!
- Lui et moi sommes sortis ensemble pendant huit mois !
- Oh…
- Et il m'a quitté ensuite ! Je pensais que je m'en étais relevée mais en fait… pas tant que ça !
- Ah…
- Parce que cet abruti a fait sa petite rupture de son côté pendant que moi je suis restée là comme une conne à subir !
- … je… enfin, ça ne me regarde…
- Et maintenant, chaque fois que je trouve quelqu'un, je me rappelle de Roland et ça fout toujours tout en l'air !
- … mais… qu'est-ce que ça a à voir avec ce combat ?!
- C'est PAREIL ! Je me bats et forcément c'est contre quelqu'un qui connait Roland Smirnoff !
- Bah en même temps… je crois que tous ceux qui sont venus dans ce stade sont venus parce qu'ils connaissaient les Smirnoff… C'est un peu comme les Borgia… Les meurtres graveleux en moins !
- … j'ai détesté ce livre !
- Oh…
- Bon, peu importe, je ne vais pas te saouler avec ça…
« Trop tard… » songea Stuart.
- Il est temps d'en finir avec toi, sors un Pokémon que je t'achève comme il se doit.

Stuart secoua la tête.

- Vous avez oublié ? Je suis déterminé à gagner maintenant.
- Oh pfff. Si tu crois qu'en jouant les gros bras tu vas gagner…
- Moyade !

Le poulpe apparut et se prit Picots et Pics Toxik. Marigold sourit.

- Bon, bon… Papilord, attaque Papillodanse !

Stuart s'étonna. Marigold haussa les épaules.

- Je pense que tu n'arriveras pas à m'avoir alors je prends mes précautions !
- Hm… On va commencer par Essorage !

Les tentacules de Moyade s'étendirent et choppèrent Papilord qui passa à la moulinette infernale.

- Eh !!
- Je sais, c'est malpoli…

Papilord ressortit quelque peu chiffonné de cette entrevue.

- On poursuit avec Laser Glace !

Moyade attaqua Papilord qui eut bien du mal à contrer avec l'essorage.

- Sale petit monstre !! Papilord, Ecosphère !!

Papilord balança l'attaque qui fusa à toute vitesse vers Moyade.

- DISTORSION !

Une cage carrée se forma autour du terrain. Marigold s'étonna. L'Ecosphère était gravement ralentie.

- Mais… Mais…
- Et enfin Giclédo !

Moyade pointa sa couronne vers Papilord et le mitrailla d'eau. De fait, Papilord se retrouva totalement KO. Marigold était verte. Stuart souffla.

- Bon bah voilà. Il m'en reste quatre à battre, c'est faisable.
- Faisable ?!! Hmph ! SCARABRUTE !

Le Pokémon Insecte apparut. Roland sourit. « Elle est complètement folle de rage, c'est gagné, Stu ! »

- Plaie Croix !!
- …

Scarabrute frappa Moyade d'un coup donné avec ses griffes et sa pince. Moyade fut fortement repoussé.

- Encore !! Allez !! cria Marigold.

Scarabrute tenta d'attaquer mais il en était soudainement incapable.

- Quoi ?…
- Vous êtes intelligente mais vous ne connaissez pas Corps Maudit…
- Sale petit…
- J'y vais ? Laser Glace !

Moyade rudoya Scarabrute d'un bon rayon givrant. Marigold grommela.

- C'est pas vr… Abri !

Scarabrute contra l'attaque de Moyade. Stuart s'étonna.

- Hm ? A quoi ça vous sert ?
- Tu es malin voire audacieux mais tu as oublié que tu étais empoisonné !

Moyade semblait souffrir du poison. Stuart plissa les yeux.

- J'peux pas y faire grand-chose…
- Tu sacrifierais ton pauvre Pokémon ? Quelle cruauté ! sourit Marigold.
- Vous n'avez que Plaie Croix qui peut me toucher, hm ? Vantardise !

Moyade prit une pose hautaine. Scarabrute grogna, fou de rage, et fonça partout sur le terrain.

- Arrête, idiot !!

Scarabrute stoppa ses mouvements, embarrassé. Stuart soupira avec cette même nonchalance qui le caractérisait.

- Pourquoi s'arrêter en si bon chemin ! Provoc !

Scarabrute chercha à charger de plus belle Moyade tout en lui passant à travers. Ce faisant, le Pokémon se blessait en trébuchant, tombant ou faisant de grands gestes inutiles.

- … j'y crois pas !!
- Désolé… Laser Glace !

L'attaque acheva Scarabrute qui s'écroula sans plus de ménagement. Roland sauta de joie.

- TROP FORT !
- Tu n'es pas obligé d'en faire trop pour éviter de froisser Rachel… marmonna Malcolm.
- Merci Mac, j'avais à peine remarqué… soupira Rachel, consternée.
- Quoi ! Si j'étais là « Oh, bien joué Stuart », tu me ferais la morale !
- Pas du tout !
- Tu es une femme, tu es perverse et tu n'as aucune parole !
- Claire, balance-lui un bébé à la face ! grommela Rachel.
- J'peux pas, j'y tiens un minimum !
- Maudit instinct maternel !

Il ne restait à Marigold que Scobolide, Roserade et Apireine. Autant dire de sérieux atouts. « Je peux gagner, c'est une évidence… » songea t-elle.

- A toi, Scobolide ! Achève-le avec Bulldoboule !

Le cocon circulaire réapparut et chargea Moyade. Stuart plissa les yeux.

- Laser Glace !

Moyade rata son tir et l'attaque frappa devant Scobolide qui avait tout le loisir d'esquiver.

- Haha ! C'est la fin pour ce poulpe ridicule !

Scobolide glissa sur la glace déposée au sol et alla s'écraser contre un poteau soutenant un des écrans géants. Stuart rentra sa tête dans ses épaules. Marigold faisait de gros yeux.

« Ah non, pas cool ! Touchez pas au matos, j'ai la logistique du tournoi qui me hurle dans l'oreillette… Vous n'aviez qu'à prévoir des barrières, bande de fumistes !... oups le micro est allumé ! »

La plupart des gens présents dans le stade se rirent de cette mésaventure. Pas Marigold. Stuart haussa les épaules.

- Pas fait exprès ! Je voulais créer une rampe pour qu'il vole et…
- GNNNNNNNNN !!!!

Marigold était vraiment folle de rage. Stuart aurait pu reculer s'il n'avait pas de béquilles.

- MISERABLE PETIT… HMMMM !!! Je vois bien que tu as été son élève ! TU PARLES COMME LUI ! TU TE BATS COMME LUI !!!

Stuart plissa les yeux. Marigold plissa les siens en rougissant.

- … et tu as le même regard que lui…
- ………………… dheu… mais… euh… si… enfin, ça fait longtemps cette séparation ?
- Un peu plus de six ans…
- S… SIX ANS ?
- Oui, depuis, monsieur est marié et il a un enfant !
- Je sais ça… euh… mais… vous l'avez revu entre temps ?
- Oui, nous sommes restés plus ou moins amis…
- … et vous avez encore des griefs ?
- Je suis une fille convenable, jeune homme, je ne vais pas jouer les pétasses et les fouteuses de merde, c'est pas le genre de la maison !
- Ouais, ouais, c'est pas cool… mais faudrait que vous lui parliez, que vous régliez ça…
- Ce serait trop gênant…
- J'viendrais avec vous au pire… C'est l'occasion, il doit être dans le stade…
- Sûrement, oui… mais ça reste embarrassant, surtout si il y a sa femme, tout ça… d'autant qu'elle, je l'aime bien…
- Ah oui c'est compliqué quoi…
- Immensément.
- Ouais… On continue ?
- Bien sûr, maintenant que Moyade est KO.

Stuart s'étonna et vit en effet que son Moyade était à terre, achevé par le poison.

- M… M…
- Tu as commis une faute : Tu as négligé l'usage de Soin, ça t'aurait aidé…
- …
- Ou même d'Anneau Hydro qui aurait plus ou moins atténué les dégâts du poison.
- Oui c'est… c'est évident…
- Pourquoi ne pas en avoir fait usage ?
- Vu votre rapidité d'exécution, ça me paraissait superflu…
- Oui je comprends… Bref… Nos deux Pokémon sont KO… Nous n'en avons plus que deux chacun…

Stuart plissa les yeux et acquiesça.

- En effet…
- Tu as bien rattrapé la mise de départ, quand même…
- J'ai fait ce que j'ai pu, vous êtes très forte…

Marigold sourit.

- C'est bien de le reconnaître. Roserade !!

Le Pokémon apparut. Roland se cacha. Rachel le regarda.

- Je m'en fous, tu sais…
- Moi pas ! Je suis en stress, là !
- Mais pourquoi ? C'est débile ! Vous avez rompu il y a des…
- On n'a pas rompu, j'ai rompu.

Rachel haussa les sourcils.

- Quoi, tu veux dire…
- C'est moi qui ai émis le souhait de rompre.
- … c'était la merde, elle était chiante ?
- Non…
- Elle voulait se marier, un truc dans le genre ? Elle était en… Non, elle était pas enceinte, tu serais resté avec elle… supputa Malcolm.
- Non mais…
- Malcoooolm… grommela Claire.
- J'sais pas, c'était quoi ta justification ?! s'étonna Rachel.
- … J'pouvais pas m'engager avec elle comme elle aurait voulu que je m'engage avec elle.

Rachel plissa les yeux, abasourdie.

- Wow, Roland. Wow, juste Wow.
- World of Warcraft est un très bon jeu mais c'est pas le seul et l'unique, tu sais…

Stuart réfléchit. Il lui restait Ninjask et Momartik.

« Le choix s'impose de lui-même… »
- Ninjask, à toi !

L'insecte apparut, battant des ailes. Stuart s'étonna qu'il ne subisse ni les Picots ni les Pics Toxik. « Sûrement le type Vol… »

- Ninjask… Pour une fois que je n'utilise pas d'insecte, c'est mon adversaire qui s'en sert… Enfin bref… Zénith !

Roserade leva les bras en l'air.

- Prépare-toi, ça va saigner pour ton Pokémon… Hm ?

Ninjask enchaînait les Reflets. Marigold fronça les sourcils.

- Ca va saigner ! BALLE METEO !

Roserade leva les bras, créa une immense boule de feu et la balança vers Ninjask.

- Survinsecte !

Ninjask envoya de minuscules insectes de lumière qui partirent exploser la Balle Météo. Marigold serra les dents alors que Ninjask enchaînait les attaques de statuts.

- Ca n'est pas tenable, tu le sais !
- Ce Ninjask est expressément préparé pour ça, je sais ce que je fais, ça fait plus de cinq ans que je le forme à ce rôle.

Edgar acquiesça dans le public. Omar, Lenny et Gilles étaient sciés.

- Stuart ASSURE grave ! s'étonna Lenny.
- Il a su tirer parti du peu d'avantages qu'il avait pour remonter la pente, mais battre quelqu'un comme Mademoiselle Marigold, c'est extraordinaire… marmonna Gilles.
- Je pense pas qu'il ait une chance de gagner… souffla Omar.
- Kwaaaaaaaaaaa ? T'as vu comment il déchire sa race ? T'as vu, Omar ? Ouvre les yeux ! Même un type comme moi reconnait la magnificence de Stuart ! grogna Lenny.
- Tu es bruyant et lourdingue et je continue à me demander comment j'ai pu poursuivre une relation avec Stacy tout en étant ton colocataire !
- Simple : Elle m'aime bien !
- Je suis condescendante avec toi, nuance… marmonna Stacy en sirotant un coca.
- Stuart a réussi à égaliser la situation mais si vous réfléchissez bien, Ninjask n'est pas un Pokémon de combat. Il n'a donc plus que Momartik en théorie. Et face à Apireine je doute qu'elle assure.

Lenny plissa les yeux. Edgar semblait d'accord.

- RELAIS !

Stuart avait attendu le plus possible, mais cette fois Roserade était à deux doigts de le toucher. Ninjask revint dans sa Pokéball et Stuart saisit la Pokéball de Momartik.

- On y va !

Le fantôme blanc apparut. Linda s'enthousiasma.

- Un Momartik ! Comme ma Clytemnestre !
- Linda, ton imagination en termes de surnoms a le don de changer complètement la vision qu'on peut se faire des Pokémon… marmonna Estelle.
- C'est un compliment ?
- C'était à la fois un compliment et une boutade !

Colin plissa les yeux.

- Clytemnestre ça fait 12 lettres, tante Linda, ça ne devrait pas être accepté…
- Votre tante a toujours aimé contourner les lois, c'est dans sa nature... marmonna Etienne.
- … Merci de me faire passer pour une délinquante, Etienne ! grommela Linda.
- Tout le plaisir est pour moi !
- Et cesse de faire ton Roland ! sourit Estelle.

Etienne haussa les sourcils.

- Je ne faisais pas mon Roland, je faisais de l'humour !
- J'vois pas la différence alors…
- Hmph…
- Ca fait combien… Vingt ans que j'essaie de résoudre cette brouille idiote entre vous !
- Autant d'efforts inutiles, à force… soupira Linda.

Marigold sourit.

- Certes. Mais Momartik serait plus efficace avec des attaques spéciales, or tu n'as augmenté que ton attaque, ta vitesse et ton esquive.
- Ca suffira ! « Pas sûr, pas sûr ! »

Neil et Vanessa étaient sur les nerfs.

- Il peut gagner, il peut gagner… trépignait Neil.
- Non, non, non ! Il va gagner ! assura Vanessa.

Marigold tendit un bras vengeur.

- Roserade, Ball'Météo !!

Le Pokémon leva les bras pour créer une boule de feu. Travis hocha la tête.

- C'est la guerre. Combat de femmes !
- Ouaip. La meuf des glaces contre la meuf des roses, ça va chier… des pétales glacés ! sourit Finn.

Les deux hommes ricanèrent alors que Lily et Alice levaient les yeux au ciel.

- J'y crois pas…
- Les deux font la paire… soupira Alice.
- Momartik, Grêle !

Momartik invoqua la toute-puissante pluie de glace. Marigold recula, frôlée par des grêlons.

- Quelle attaque désagréable…

Avec les reflets de Ninjask et la capacité Rideau Neige, Momartik réussit à esquiver la Ball'Météo qui de toute manière était devenue une boule de glace. Roland avait de petits cœurs dans les yeux.

- Il est tellement intelligent ! C'est bien mon élève !
- Je dois avouer qu'il a bien joué son coup ! sourit Malcolm.
- Roserade, Feuill'Magik !

Roserade, gênée par la grêle, mit du temps à attaquer. Les feuilles lumineuses cherchaient Momartik dans la grêle. Une lueur verte moins prononcée fit son apparition. Etienne acquiesça.

- Abri…
- Tu vois ça d'ici, Oncle Etienne ?! s'étonna Colin.
- L'œil aiguisé voit à travers les pires intempéries…
- J'suis une quiche, moi, j'vois que dalle… Elle est devenue quoi la Balle Météo ?!

Bernice regarda significativement Kate qui serra les dents.

- Eclats Glace !

Les morceaux de glace partirent en trombe vers Roserade qui ne parvint pas à esquiver et se prit l'attaque sur un bras.

- Sale gosse…
- Encore une fois !
- Roserade, Ball'Ombre !

L'attaque de Roserade échoua mais l'Eclat Glace atteignit sa cible. Roserade fut repoussée hors de la grêle. Marigold plissa les yeux.

- Je vois… Reviens, Roserade…

« Mesdames et messieurs, il ne reste qu'un seul Pokémon à Marigold Heller… Serait-ce la fin ? »

- J'vais t'en donner de la fin, tête de salade ! APIREINE !

L'insecte apparut. Le Pokémon principal de Marigold observa la grêle.

- Tu vas morfler, sale morveux ! Aiguisage !

Apireine frotta ses griffes l'une contre l'autre.

- Eclats Glace !

Apireine se prit l'attaque. Le Pokémon encaissa.

- Appel Défens !

Apireine poursuivit l'augmentation des statistiques. Roland serra les dents.

- Attaque-là ! Tu as un boulevard !!
- C'est pas si simple, elle a fait Aiguisage, elle peut le contrer… marmonna Rachel.

La grêle s'amenuisa et Momartik apparut… empoisonnée et sévèrement affaiblie. Marigold sourit.

- J'en étais sûre ! Rayon Gemme !

L'attaque rata Momartik. Stuart serra les dents.

- La victoire ne tient qu'à un fil, gamin !
- Eclats Glace !

Momartik cracha les morceaux de glace qui frappèrent Apireine.

- Appel Défens !

Apireine contra l'attaque sur sa fin. Stuart plissa les yeux.

- C'est… dommage. Tu as du potentiel. Tu es un esprit vif et intelligent… Mais au final, c'est l'échec.
- …
- Vraiment, vraiment dommage. Par malheur pour toi, je tiens à mon prestige !
- Et par malheur pour vous, je suis rôdé à l'échec alors je ne pleurerais pas.

Marigold plissa les yeux. Stuart la regardait fixement, sans sourciller.

- … Rayon Gemme !

L'attaque frappa Momartik cette fois. Le Pokémon en fut vivement repoussé. Stuart releva la tête.

- AVALANCHE !

Momartik s'éleva dans les airs en tournoyant à la Tigre et Dragon, les bras étendus. Marigold s'étonna.

- Woups…

La fantôme des glaces s'abattit sur Apireine. Marigold se couvrit en prévision du fracas.

Sauf que le seul fracas qui eut lieu fut celui de Momartik s'effondrant sur le sol, achevée par le poison. Marigold haussa les sourcils en regardant le fantôme à terre. Stuart soupira, déçu.

- Reviens…

Stuart rappela le Pokémon. Marigold s'apprêtait à crier victoire quand Stuart appela à juste titre, Ninjask. La jeune femme déglutit. Stuart était neutre.

- J'vais quand même pas abandonner, ce serait lâche.
- …
- Vous en faites pas, mademoiselle Marigold, vous avez gagné…

Stuart souffla.

- Ninjask n'a aucune offensive digne de contrer Apireine...
- …
- C'est un défaut, j'aurais dû lui apprendre Toxik, un truc dans le genre, ou une bonne vieille Aeropique…

Edgar plissa les yeux. Gilles était bien embêté. Omar soupira, dépité. Lila pencha la tête sur le côté, un peu dégoûtée pour Stuart. Stacy était vraiment embêtée. Lenny était… debout.

- ALLEZ STUART, TUE-LA ! CASSE-LUI LA BOUCHE A CETTE MORUE !

Roland était également déçu. Etienne de même. « Un combat si relevé, se finir sur une note pareille… »

Marigold hocha la tête.

- Quoi qu'il en soit, c'était un beau combat, tu n'as pas à rougir. Pour un échec, tu t'en tires bien. Tu seras allé jusqu'au bout.
- …
- Voilà. Rayon Gemme !

D'un radical rayon blanc lumineux, Ninjask fut mis KO devant un Stuart qui détournait les yeux. Il rappela le Pokémon et soupira.

« Mesdames et messieurs, le nom de la première gagnante de cette seconde manche est MARIGOLD HELLER ! C'est un joli nom pour une première gagnante… »

Les applaudissements fusèrent. Stuart soupira alors que Marigold approchait pour lui serrer la main.

- Bravo, beau combat !
- Merci… de vous être battue sérieusement.
- C'était tout à fait normal !

Les deux adversaires se séparèrent et s'en retournèrent vers leurs places. Stuart utilisa Dodrio pour descendre. Une fois en bas, quelqu'un se dirigea vers lui.

- Stuart Gibson ?
- Hm ?
- Excusez-moi de vous aborder de la sorte, juste après votre défaite…
- Vous êtes quoi, journaliste, un truc comme ça, vous voulez que je pleure ?

L'homme secoua la tête.

- Je m'appelle Holland Cardus, mais les gens m'appellent Cardus vu qu'apparemment, Holland c'est ridicule…
- J'aurais dit l'inverse…
- … et vous auriez bien eu raison. Faisons court : Je suis un des chefs de la zone de combat de Sinnoh – et parfois de Johto, mais là-bas je ne reçois que sur rendez-vous – bref… J'ai assisté à votre match, vous semblez être un esprit vif, doué en stratégie et en maîtrise globale de vos Pokémon… L'Usine de Combat a besoin de personnel…
- Si c'est pour nettoyer vos couloirs, et d'une j'ai pas eu mon diplôme pour ça, et de deux, j'peux pas le faire en béquilles !
- Absolument. Je pensais à un poste de coordinateur des stocks, d'attaché de gestion, d'assistant ou même d'arbitre.

Stuart haussa les sourcils.

- J'aimerais être arbitre, oui…
- Vraiment ? Vous avez des références ?
- J'ai… j'ai fait une fac d'analyse de données et j'ai été reçu… et j'ai aussi été l'élève de Roland Smirnoff pour mon voyage itinérant…

Cardus plissa les yeux.

- Je vois. Ecoutez, donnez-moi vos coordonnées, je m'organise pour vous trouver un poste chez moi, n'importe où mais ma boîte a besoin de gens comme vous.

Stuart fit de gros yeux.

- Vraiment ?!
- Vous avez prononcé les mots magiques : Analyse de données, bien sûr que je vais vous donner un poste. Voici mes coordonnées, prêtez-moi votre carte dresseur…

Stuart se tortilla pour sortir sa carte et la donna à Cardus.

- Merci… Voilà…

L'homme passa la carte dans la fente d'un appareil. Cardus regarda ledit appareil.

- Voilà voilà ! J'ai vos coordonnées, je vous dis donc à bientôt !
- Ouais… ouais, merci…

Cardus s'éloigna. Stuart plissa les yeux.

- Bah mon vieux Stu, la chance tourne…

Marigold retourna à sa place où Théodore l'attendait.

- Encore toi…
- Superbe match ! Je te félicite !
- Je ne t'avais pas envoyé bouler ?
- … dans une pente ! Envoyer bouler quelqu'un dans une pente c'est prendre le risque qu'il vous revienne en pleine face ! Héhé…

Marigold plissa les yeux, dubitative. Théodore soupira.

- E… Ecoute, je suis désolé de connaître Malcolm Heine ! Ca va ? On peut rester amis ?

Marigold ricana, voire éclata de rire.

- Hein ?
- Oh mon… Mais… Pff !
- Quoi ?
- Amis ! Théodore, je ne veux pas qu'on soit amis ! Je voulais sortir avec toi, tu vois, dans un sens plus… romantique, je pensais que c'était clair !
- … Absolument pas…
- Eh bien maintenant ça l'est.

Marigold s'assied à côté de Théodore, toujours aussi surpris.

- Alors… toi… moi… ?
- Tais-toi et regarde le prochain match.
- Ok…

***

- And the looooove Profusion, you make me feel, you make me know…

Gringolem revint vers Yann en se bouchant les deux côtés de la tête.

- Merci d'être venu si vite. Ramène-moi à boire, s'il te plait !

Le Pokémon se pencha et alla chercher ce que Yann demandait. Yann hocha la tête.

- J'pourrais m'y faire !

***

Léopold n'eut aucune hésitation, il frappa à la porte des toilettes.

« C'est occupé ! »
- M'en fiche !
« J'ai les mains prises ! »
- Je nettoierais les murs !

Léopold attendit un petit moment et Will sortit des toilettes.

- Oh. Monsieur…
- Léopold, pour toi ! Qu'est-ce que tu trafiques avec mon Charlie ?
- Abs…olument rien !
- Comme si j'allais avaler ça.
- C'est… purement professionnel, je suis un peu trop empathique.
- Mouais… C'est dur ce qui lui arrive, là, t'as pas honte quand même ?

Will baissa la tête.

- Je prends mon métier très à cœur et je pense qu'avoir un bon contact avec la famille du patient est un atout…
- Je t'ai pas vu beaucoup parler avec Marine !
- Elle gère cela beaucoup mieux que Charlie.
- Mais Charlie est une éponge à émotions, tu pourrais lui faire beaucoup de mal !
- Ou beaucoup de bien.

Léopold fit de gros yeux devant un Will stoïque.

- Si tu touches à un seul de ses cheveux…
- Tu vas me donner la fessée ?

Léopold fit de plus gros yeux encore.

- Laisse-moi faire mon job et si t'as un problème avec Charlie, parles-en à Charlie.

Will s'éloigna. Léopold était stupéfait.

- Will !! WILL !!!

Léopold releva la tête et se dirigea vers la chambre de Linus.

***

Yann essaya de se relever mais Gringolem le stoppa dans sa tentative.

- J'vais bien ! Arrête de me gaver…

Yann retomba à genoux, bien plus blessé qu'il ne le pensait.

- Meeeerde…

Gringolem le rassied délicatement. Yann le regarda en soupirant.

- T'aimes jouer les bonniches, toi, hein ?

***

Charlie tenait la main de son père. Marine avait insisté pour que Léopold soit de l'autre côté à sa place, elle préférait être debout avec Etienne, Linda, Lionel, Norbert et Estelle. Will était à côté de Léopold, nettoyant le bras du vieux britannique.

- Il tremble, tiens-le, Léo.
- Hein ?
- Tiens-lui le bras, il tremble ! Monsieur Winchester a déjà les vaisseaux sanguins fragiles, il ne manquerait plus que je lui laisse l'aiguille fichée dans la plaie…

Léopold se leva un peu et regarda Linus.

- … c'est pour votre bien !

Léopold saisit fermement le bras de Linus pour que Will puisse piquer le mourant. Charlie regarda son père qui le regardait.

- Je ne pourrais pas t'empêcher de me pleurer, hein ?

Charlie secoua la tête, fou de sanglots.

- Je t'aime, fiston. Profondément. Je veux que tu le saches.
- Moiaussipapaaaaa…
- Etienne… merci pour tout ça…
- Hm…
- Linda, vous êtes toujours aussi belle…
- Et vous, vous commencez à délirer !
- Norbert…

Le vieux blond sanglotait.

- … tu sais ce que je pense et je te laisse imaginer la suite comme tu sais si bien le faire.

Tout le monde regarda Norbert qui pleurnichait toujours.

- Estelle, merci infiniment.
- Merci à vous !
- Lionel, tu es un pervers mais je t'adore !
- Tu vas me manquer, vieille branche.
- Marine…

La femme à lunettes regarda son père dont elle n'attendait plus rien.

- Je… je…

Marine plissa les yeux.

- Je suis tellement… tellement désolé…
- Ca va, papa…
- J'aurais… aimé être un meilleur…
- Ca va, papa, te dis-je, inutile de… de te tracasser. Je le dirais à Christine, mais… On t'aime très fort quelles que soient vos erreurs à toi et à maman.

Lindbergh semblait peiné. Will le regarda.

- Douleur dans la poitrine ? Vous sentez votre bras ?
- Pas… médical… grommela Linus, affaibli.

Marine plissa les yeux alors que son père la regardait.

- Je suis fier de tous mes enfants.

Marine grimaça et souhaita sortir de la pièce, submergée. Linus regarda Léopold, très ému également.

- Veille sur lui…
- Même au-delà de ma propre mort, monsieur, promis juré craché !
- Et tu es bien aussi maladroit que ton père…
- Désolé !

Will rangea ses seringues.

- Le sédatif devrait faire effet…

Linus ferma les yeux, prêt à s'endormir paisiblement. Charlie le regarda et continuait à serrer la main de son père dans la sienne.

Main qui se crispait.

Se crispait.

Serrait de plus en plus.

- Papa, tu me serres…

Will plissa les yeux. Linus rouvrit brutalement les yeux, l'autre main sur la poitrine.

- Il s'étouffe !
- PAPA !
- Sortez-le !

Etienne prit Charlie qui ne voulait pas lâcher la main de son père.

- LACHEZ-MOI ! LACHEZ-MOI ETIENNE !!
- Fiston, tu dois sortir ! grogna Etienne.
- NAN ! M'APPELEZ PAS FISTON !

Charlie se dégagea de l'étreinte d'Etienne alors que Linus agonisait dans la douleur. Léopold recula, incapable de supporter ça d'aussi près. Will tenta une trachéotomie mais Charlie repoussa sa main.

- Charlie !
- Non ! Non, non ! Pas d'acharnement !
- IL S'ETOUFFE !!
- Ca va aller, papa, ça va passer…
- Oh mon Dieu non ! hurla Norbert en se retournant.

Linda et Estelle étaient déjà sorties, incapables de regarder ça. Lionel soutenait Norbert, sinistrement fasciné par la scène. Linus regarda son fils qui lui tenait la main jusqu'au dernier soupir. Le pauvre vieil homme ne trouvait plus son souffle.

- Pas… pas de… pas de lumière, fiston…

Charlie plissa les yeux.

- Il n'y a… pas de lumière…

Linus se recoucha, se calma, les yeux toujours plantés dans ceux de son fils qui n'avait pas cligné les siens non plus. Léopold était effaré. Will de même. Lionel et Etienne se regardèrent, terrorisés. Charlie lâcha la main de son père, se leva et se dirigea vers la porte.

- Quelqu'un veut un café ?

Etienne, Léopold, Lionel, Norbert et Will regardèrent Charlie, abasourdis.


***

- Ca va mon Charlie ?
- Oui… C'était un combat bien sympa, la journée va être excellente si ça continue comme ça !
- Tu veux autre chose ou tu as tout ce qu'il te faut ?
- Ca va aller Léo, merci.

Charlie appuya sa tête sur l'épaule de son compagnon.
Pendant ce temps, Denis et David étaient rejoints par les parents de Denis.

- Papa ? Maman !
- Enfin nous te trouvons ! C'était pire qu'une déportation ce tournoi !
- Ruben, enfin !! Désolé chéri…

Denis fit la bise à ses parents. David se leva également pour serrer la main à son père ainsi qu'à sa mère.

- Madame…
- On a vu ton combat hier, Denis, c'était incroyable ! Ca t'a changé le combat ! manifesta Ruben.
- Oui, comme quoi…
- Qu'est-ce que vous faites tous seuls ? Je pensais que vous étiez avec la famille de David ! s'étonna Ester.

David serra les dents, gêné.

- On… ne les a pas trouvés ! assura Denis.
- Oui, ils doivent être… quelque part dans le stade ! acquiesça David.

Dimitri avait déjà fini son paquet de chips. Léopold le remarqua.

- Bah alors Dim ! T'es un goret ma parole !
- … ça se peut…
- Tu veux quelque chose ?
- … à boire, je pense, du thé glacé s'il te plait…
- Si y'en a pas, du jus d'orange ?
- Sans bulles alors !
- Okay !

Léopold se leva et arpenta le stade. Dimitri plissa les yeux et soupira.

- Yann ?

Dimitri et Yann levèrent la tête vers Rose.

- Hon… geignit Dimitri.
- Ouaip, tu veux quoi ? répondit nonchalamment Yann.
- … parler !
- Tu peux parler devant ma famille, aucun souci !
- En privé !
- Pas possible.

Charlie plissa les yeux, surpris.

- Yann, voyons, lève-toi et va parler avec Rose !
- Oui papa…

Yann se leva et suivit Rose. Ils s'arrêtèrent dans l'entrée des couloirs du stade.

- J't'écoute.
- Yann, j'ai fait une horrible erreur…
- Hm…
- Sheldon a dû te dire qu'on avait rompu…

Yann haussa un sourcil.

- Oui… oui il nous l'a dit…
- Yann, j'ai… couché avec Dimitri…

Yann regarda Rose qui semblait vraiment désolée. Il hocha la tête.

- D'accord.
- C… Je veux pas que tu me prennes pour une garce ou quoi, et j'ai vraiment hésité avant de te le dire… J'étais là, il était là, j'avais besoin de réconfort… J'ai… toujours besoin de réconfort.

« Avec tout le monde sauf avec moi… » songea Yann.

- Yann, je sais pas quoi faire ! J'aime Dimitri, mais je ne sais pas si je peux…
- Si tu peux ?
- Bah… poursuivre… enfin, tu vois, élaborer une relation avec lui.
- Dimitri est un mec normal, tu sais, tu peux en parler avec lui…
- Il est tellement… innocent… La première nuit ensemble, il était complètement dépassé…
- Mais attends, il m'a semblé d'après ce que Sheldon semblait dire que toi et lui vous aviez jamais…

Rose acquiesça.

- Je sais… Je sais aussi que tu dois te sentir frustré ou délaissé… à cause de… tes sentiments pour moi.

Yann écarquilla les yeux. ENFIN elle le reconnaissait.

- Je voulais t'en parler pour te dire à quel point je me sentais… mal de te faire tout ce mal.
- …
- Yann, je ne sais même plus si je suis une fille bien ou pas, j'ai tellement honte de me tenir à côté de mon père !

Yann baissa la tête et la hocha.

- Si… si tu as besoin, Rose, je suis là, ok ? Si tu veux parler ou même si… si tu veux rester à côté de quelqu'un sans avoir honte.

Rose acquiesça.

- Merci…
« Et pour le match suivant, sont appelés : ROSE EDELSON ! »

- Oh non ! Pas si tôt ! geignit Rose.
- Ca va aller, tu vas assurer… et puis au pire, c'est pas la mort ! sourit Yann.

Rose acquiesça.

- Merci Yann… Merci d'être un si bon ami !

Rose descendit les marches. Yann soupira et murmura.

- Merci Yann… Merci d'être une si bonne poire…
- Oh allons, ne dis pas ça !

Yann se tourna vers Léopold qui fit un grand sourire.

- P'pa… Depuis quand tu écoutes…
- Depuis le début évidemment, nous les Finsbury sommes reconnus comme des commères internationales.

Yann regarda son père qui hochait la tête. Le rouquin soupira.

- J'suis pas si con ! T'as rien entendu et j'te dirais rien !
- Et c'est très bien, fiston !

Yann s'éloigna. Léopold soupira et regarda le jus de fruits pour Dimitri.

- Ca suffira pas, assurément, ça suffira pas pour apaiser sa peine !

« contre… »

- Accouche, Joe la Fiotte ! grommela Bernice.

« …BERNICE TWAIN ! »

- Oh l'enculé !
- Bernice enfin, ton langage ! grommela Aude.
- Ca va, ça va ! Walter a pas entendu, il est sourd comme un pot !
- Nan pas du tout ! sourit Walter qui brossait Vivaldaim.
- Courage ma chérie, tu peux réussir ! sourit Kate.
- Rose, c'est la gamine, là ? J'vais essayer de la ménager, sinon elle va se suicider après le combat !

Kate, Colin, Aude et Estelle plissèrent les yeux. Bernice descendit l'escalier.

- Parfois, je me demande sérieusement ce que vous faites ensemble ! souffla Colin en regardant sa sœur.
- Elle est adorable, elle cuisine bien mieux que moi et c'est un petit océan d'amour !
- J'espère bien, sinon je la cogne !
- Ah non Colin, elle te cognera, elle a fait de la lutte à l'académie et à la fac ! ricana Kate.
- Et pis avec ta force de mouche, là… soupira Aude.
- Mais dis pas ça devant les gens, Aude !
- C'est pas les gens, c'est ta sœur !

Bernice et Rose se firent face sur le terrain. Rose était quelque peu apeurée. Yann revint aux côtés de Dimitri qui savourait son jus de fruits. Il regarda Yann.

- Alors ?
- Alors quoi ?
- Bah… tu… enfin, vous avez parlé, tu lui as dit quoi ?
- … elle m'a dit des trucs que je savais, j'ai fait mon étonné, et puis on a été interrompus.
- Ah bon.

Bernice regarda la jeune femme face à elle.

- Bah alors mon petit chat ? On a peur ?
- …
- T'as rien à craindre. J'vais pas te bouffer.
« Que les concurrentes décident du mode de combat à adopter ! Ouah, ça va nous faire deux femmes victorieuses l'une à la suite de l'autre ! »
- Il va la fermer, l'autre vigile de vestiaire à la mords-moi le nœud ?

Bernice choisit un 3vs3 et Rose un Combat Double.

- T'es pas marrante, chérie, faut faire durer le plaisir !
- …
- Je vois, t'as décidé de garder la bouche fermée, continue, ça m'arrange en plus j'adore parler toute seule !

« Le tirage au sort a décidé d'un 3vs3 ! »

- Yes ! sourit Bernice. T'es prête, la mioche ?

« Vous utiliserez 3 Pokémon, un Pokémon à la fois pour combattre. Pour qu'un vainqueur soit désigné, vous devrez mettre les 3 Pokémon adverses KO. COMMENCEZ !

- Miradar, à toi !
- Manternel…

Les deux Pokémon se firent face. Yann acquiesça. « Elle a l'avantage… »

- R… Reviens, Manternel !

Rose fit revenir le Pokémon à l'étonnement de Bernice.

- D… Désolée, je suis un peu stressée !
- Bon, bon…
- Ahem… Galopa !

Le cheval de feu apparut et hennit. Bernice hocha la tête de la même façon. Rose plissa les yeux. « Elle se moque de savoir qui j'appelle ?! Manternel ou Galopa, ça n'a aucune importance ? »

- Reflet !

Miradar se démultiplia autour de Galopa. Rose ne se laissa pas démonter.

- Nitrocharge !

Galopa fonça vers les Miradar.

- Encore, allez !

A la troisième tentative, Galopa toucha Miradar. Yann hocha la tête.

- Bien, bien… Elle se débrouille bien, hein, Dimitri ?
- Hm… oui…
- Rengorgement !

Miradar se remit du choc et sauta de joie, prêt à se battre à nouveau.

- Puis Boost !

Miradar s'entoura d'une aura rose. Le Pokémon sembla courir aisément. Il se mit à courir autour du terrain tout en dispersant des Reflets. Rose était paumée.

- Tu te demandes ce qui se passe, hein ma belle ? C'est simple. Tu ne te bats pas contre une tacticienne de renom mais contre une meuf qui, comme qui dirait, se démerde comme elle peut. RELAIS !

Rose s'étonna (Et les spectateurs se dirent « Encore une tactique avec Relais ! L'auteur est bien redondant ma foi ! »)

Bernice rappela Miradar et sortit Mushana à la place.

- Plénitude, ma belle !

Mushana s'illumina. Rose se demandait ce qui se passait.

- Je résume : Tes trois vitesses, mes deux reflets, mon rengorgement plus la Plénitude… Ca devrait aller. FORCE AJOUTEE !

Mushana s'éleva dans les airs, s'illumina et fit tomber vers Galopa une nuée de météores roses. Le Pokémon Feu s'écroula sous les yeux de Rose, tétanisée.

- M… Mais…
- T'es pas assez réactive. T'as peut-être des capacités mais franchement…

Kate sourit.

- Elle va gagner !
- C'était couru d'avance ! soupira Colin.

Bernice attendit le suivant. Rose rappela Galopa, dépitée.

- Euh… euh…
- T'as droit qu'à trois Pokémon, tu as déjà utilisé Manternel, tu peux l'utiliser ou en utiliser un autre !

Yann plissa les yeux. « J'l'avais pas remarqué avant mais y'a une énorme différence entre la Rose à qui on parle et la Rose sur le terrain quand elle se bat… »

- … Manternel !

Le Pokémon réapparut.

- Aiguisage !

Manternel améliora son attaque et sa précision. Bernice plissa les yeux.

- Plaie Croix !!

Manternel sauta sur Mushana et l'attaqua vivement.

- Crotte ! Force Ajoutée !

Mushana attaqua Manternel qui s'écrasa au sol, laminé.

- Survinsecte !!

Manternel s'entoura de lumières brunes qui dévoraient l'énergie psychique. Bernice haussa les sourcils.

- J'y crois pas ! Petite fouine va !
- Saute, Danse Lames !

Manternel sauta et tournoya sur elle-même.

- Ah bah voilà ! Boost !

Mushana s'entoura d'une aura rose.

- Et Force Ajoutée ! Paf !

Cette fois ce fut radical, Manternel fut plantée au sol, KO. Rose était terrifiée.

- C'est dommage mais bon… C'est le jeu, ma pauvre Lucette !
- … Girafarig !!

Le Pokémon Normal et Psy apparut. Bernice acquiesça.

- Effectivement, lui, je vais avoir du mal à le latter. Mushana, Relais !

Le Pokémon revint vers sa maîtresse. Rose plissa les yeux. « Elle est trop forte ! »

- Et en avant pour Léopardus !

Le félin poussa un grand cri. Girafarig eut un mouvement de recul.

- Et c'est parti pour Tranche-Nuit !

Léopardus chargea Girafarig, sauta dans les airs et frappa le Pokémon adverse d'un grand coup de queue recourbée en faux. Girafarig chancela. Bernice soupira.

- Ma foi… Je pense que ce qui a causé ta défaite, c'est que t'as la tête ailleurs…

Rose baissa la tête.

- Si tu avais été plus concentrée, t'aurais pu me battre. C'était qui ton autre Pokémon ?
- … Lockpin…
- Ah ouais… Bah elle aurait pu battre Miradar et Léopardus, et pour ce qui est de Mushana, tu te serais débrouillée avec Manternel. T'as pas assuré, cocotte.

Rose acquiesça.

- Dommage. Tranche-Nuit !

Un deuxième coup de queue en faux acheva Girafarig qui s'écroula définitivement. Bernice fut proclamée vainqueur au grand dam de Rose. Yann et Dimitri étaient quelque peu surpris.

- Bah ça… C'était rapide !
- Rien à voir avec le combat précédent, ça, c'est clair…
- Papa, où est passé Léopold ? s'étonna Yann.
- Aucune idée, il partait aux toilettes je crois… s'étonna Charlie.

Kate jubilait.

- Haha ! Elle est forte, ma femme !
- C'est pas encore ta femme que je sache… marmonna Colin.
- C'est ça, toi, continue de me charrier ! grogna Kate en poussant son frère.
- Les enfants… soupira Estelle.

Bernice revint à sa place.

- Inutile de me féliciter, à ce niveau-là autant affronter un bocal de cornichons à la belotte basque !
- Tu as quand même été drôlement impressionnante, ma Bernice chérie !
- Mouais, si tu veux. En attendant je ne suis pas contente de moi…
- Moi je suis contente que tu n'aies pas perdu !
- Toujours le verre à moitié plein, ma Katie, j'aime ça !

Colin leva les yeux au ciel.

- Bon c'est quand que c'est à moiiiii là ! grommela Roland.

Rachel, qui tenait Ethan sur ses genoux, soupira.

- Et quand ça va être ton tour, tu vas pleurer…
- Ou alors tu vas être tellement excité que tu vas tout foirer ! sourit Malcolm.
- Merci d'être encourageant…
- Ah mais je te soutiens ! Dans ta défaite !
- Salaud ! grogna Roland.

Claire leva les yeux au ciel. Léopold arriva.

- Salut tout le monde…
- Léo ! Tu viens enfin confesser les mauvais traitements de Charlie ! Vas-y, nous t'écoutons !

Léopold, Rachel, Malcolm et Roland regardèrent Claire, surpris.

- … Claire, je te défends de porter des accusations pareilles sur mon Charlie !
- Nier les choses ne les fait pas disparaître !
- A l'inverse, inventer des choses ne les fait pas apparaître. Malcolm n'a pas de tablettes de chocolats par exemple !
- Toi non plus ! grommela le principal intéressé.
- Non mais moi au moins c'est plat !
- Hmph…
- Et imberbe !
- T'es venu pour quoi au juste, Debbie Harry ?

Léopold regarda Roland et acquiesça.

- Tu devrais songer à parler à Dimitri !
- J'avais remarqué mais il refuse de me parler, lui !
- Penche-toi !

Roland se pencha et Léopold lui chuchota quelque chose à l'oreille. Roland recula en grimaçant.

- Sérieux ?
- Oui !
- Tu as l'haleine chaude et humide ! geignit Roland en se frottant l'oreille.
- C'est pas le plus intéressant ! grommela Léopold. C'est pour ça qu'il a hésité.
- Ouais j'essaierais de le coincer quelque part pour lui tirer les vers du nez. Sans mauvais jeu de mot.
- Merci pour ça.
- Merci d'être venu m'avertir.
- Pourquoi tout le monde est dispatché comme ça ?
- Oh en fait le mec de David est un drogué repenti et on s'est servi de ça comme excuse pour pas se coltiner les vieux.

Léopold haussa les sourcils.

- Et… comment David prend la chose ?
- Super bien ! admit Roland.

Léopold plissa les yeux.

- Vous êtes bizarres…
- C'est que maintenant que tu dis ça ! ricana Rachel.

***

Alors qu'Urbain attendait toujours près du trou, Anne-Lise Forsythia arriva au centre Pokémon le plus proche et réussit à trouver de l'aide en la personne d'un groupe de gardes forestiers. Cependant elle avait tenu à faire autre chose.

* Le numéro que vous avez demandé, le 135-232-257, n'est pas disponible pour le moment. Voulez-vous être redirigé vers la famille la plus proche pour un surcoût de quatre Pokédollars ? *

Anne-Lise accepta en tout désespoir de cause.

* Votre appel est redirigé au 129-161-149 *

Sonnerie une fois. Deux fois. Une vieille dame répondit.

- Madame ?
« Bonsoir, qui est-ce ? »
- Excusez-moi de vous déranger madame…
« Linda Smirnoff !
- Bonsoir Linda, je suis Anne-Lise Forsythia, le professeur de voyage itinérant de Yann Winchester…
« Oh mon Dieu… euh… »
- J'aurais aimé parler à… ses parents…
« C'est… Vous avez mal choisi votre moment, le… Le grand-père de Yann vient de mourir ! »

Anne-Lise haussa les sourcils.

- Oh.
« Oui… Je peux prendre un message ? »
- … J'étais juste intrigué par le fait que ses parents soient gays et je voulais voir par moi-même si c'étaient des gens normaux !
« Pardon ?! »
- Au revoir !

Anne-Lise raccrocha le visiophone, assez paniquée. « Inutile de les inquiéter avec ça, Yann est toujours vivant, je ne répondais qu'à mon devoir d'information… »

Elle se frotta les mains, stressée. « Faut que je retourne là-bas ! »

***

- A demain, bon courage pour passer la nuit… souffla Etienne.
- Merci d'avoir été là… marmonna Lionel.

Linda, Estelle et Etienne prirent congé. Lionel soupira et alla dans la cuisine. Charlie était assis devant la table.

- Bonhomme, si t'as besoin de parler… Je serais avec Norbert sur le canapé du grand salon…
- Hm…
- Courage mon grand.
- Merci, Lionel.

Il s'éloigna. Charlie soupira et se servit un verre de scotch, le vieux scotch de son père, son préféré. Au moment où il allait le boire, Léopold le lui prit des mains.

- Allons, Charlie.
- … laisse-moi…
- Je ne peux pas, Charlie, tu sais bien.

Léopold s'assied face à Charlie.

- Je vais juste rester là à te regarder. Je sais que t'as pas envie de remuer tout ça.
- …
- Juste là. A te regarder. Tu fais ce que tu veux, mais je suis là.
- … j'ai pas envie de parler ou de me prendre la tête.
- Ok.

Charlie hocha la tête. Will arriva dans la cuisine.

- Excusez-moi, jeunes gens, je vais juste me prendre un verre d'eau avant de repartir.

Charlie s'étonna.

- Tu pars ?
- Mon travail ici est terminé.

Charlie semblait maussade. Léopold plissa les yeux.

- Je suis vraiment désolé, Charlie. J'ai… J'aurais dû mieux faire.
- Tu as fait ce que tu as pu. C'était très bien.
- … ça ne m'empêche pas de me sentir un peu coupable, ça… ça aurait pu mieux se passer.

Charlie soupira.

- Le mieux, c'eut été qu'il ne meure pas.
- Charlie… geignit Léopold.
- Hm. Mais ça, ce n'était pas possible. On meurt tous un jour.

Charlie acquiesça.

- On meurt et… au final, pas de lumière, que des regrets qu'on… distribue sur le lit de mort…
- Charlie, arrête de ressasser tout ça… marmonna Léopold.
- J'veux pas de regrets… soupira Charlie, amer.

Léopold plissa les yeux.

- On prend bien ton ancienne chambre, Léo ?
- … je suppose, oui…
- Hm. Will, tu restes, ce soir ? marmonna Charlie.
- Pardon ?
- Pardon ?! s'étonna Léopold à la suite de Will.

Charlie acquiesça, très neutre et très posé.

- Le lit est grand. Y'a de la place. On tiendra aisément tous les trois.

Will était quelque peu assommé par cette demande. Léopold carrément sur le cul – c'était le cas de le dire.

- Ch… Charlie, mon Dieu, mais tu n'y…
- Fais pas ta pisseuse, Léo, tu en rêves depuis des lustres.
- … M… Mais enfin Charlie, ton père vient à peine de mourir, tu…
- Léo, non. J'veux… J'veux pas y penser pour le moment.
- Tu préfères… une partie à trois ?

Charlie hocha la tête en regardant Léopold très sérieusement. Will regarda Léopold qui le regarda aussi.

- On fait quoi ?
- Je suppose qu'on obéit… marmonna Léopold.
- Tu voulais me tuer tout à l'heure si jamais je touchais à un seul de ses cheveux !
- Bah… la situation a changé, quoi !

Cette nuit-là, donc, Charlie, Léopold et Will devinrent infiniment plus intimes, mais aucun détail ne filtra de cette nuit torride, si ce n'est que quelques personnes passant dans le couloir entendirent très clairement ce qui se passait dans cette chambre.


***

- Bah te revoilà !
- J'étais parti en pélérinage ! sourit Léopold.

Il se rassit aux côtés de Charlie.

- J'espère que mon tour va vite passer, c'est gonflant d'attendre… soupira Yann.
- Généralement c'est quand tu dis ça que Vlan, ton tour arrive ! sourit Charlie.
- Mouais, mais ça c'est dans les films, les bds ou les fanfictions !
- Comme celles que tu écris sur Dream Team… marmonna Dimitri.
- EH ! J't'avais pas dit que c'était un secret ?!
- Des fanfictions ? s'étonna Léopold.
- Yann est un shippeur…
- Mais ta gueeeeeeeeeeeeuuuuuule !!!
- Reste poli, Yann ! grommela Charlie.
« Le match suivant promet d'être intéressant ! CHARLIE WINCHESTER coooooooontre… »
- Déjà ? Oh non…
« Dawn Rutherford ! On applaudit bien fort les concurrents ! »
- QUOI ? OH PUTAIN ! C'EST DU FOUTAGE DE GUEULE ! MAIS MERDE ! ELLE A PAYE LE JURY OU QUOI ?!
- Calme-toi mon Charlie ! s'étonna Léopold.
- NAN J'ME CALMERAIS PAS ! NAN J'ME CALMERAIS PAS ! J'EN APPELLERAIS A LA COUR INTERNATIONALE DES DROITS DE L'HOMME !
- Fais pas chier et descends dans l'arène ! grommela Christine.
- T'es ridicule, Charlie, franchement ! soupira Marine.
- Ouais papa, tu crains, en plus tu dis plein d'insanités ! soupira Yann.
- Et tous les ships de Yann sont hétéros si ça peut vous…

Yann frappa la tête de Dimitri.

- … rassurer… Ouille…
- Dimitri, y'a deux sujets que j'aime pas qu'on aborde : Le fait que Gringolem soit asexué ET Mes fanfics !

Charlie descendit les marches, furieux. Alors que Dawn grimpait sur le terrain, toute contente.

Charlie arriva face à Dawn, toute contente.

- Ouiiiiiiiiiiiiii ! J'en rêvais de cet affrontement !!!
- …
- Ca me fait plaisir, on va pouvoir se parler tranquillement !
- Si tu t'excites moins, oui…
- Oh mais Charlie ça fait si longtemps ! Quoi de neuf alors ?
- Bah là je m'bats contre toi, ça s'annonce… passionnant…
- Mais encore ! On a tellement de temps à rattraper !
- Des broutilles, mes parents sont morts…

Dawn ferma la bouche, interdite.

- Oups ! Bavure ! Hihihi !
- … hihihi ?!

Léopold pencha la tête sur le côté. « D'un côté c'est un match intéressant d'un point de vue strictement sociologique, d'un autre je me demande quelles sont les réactions dans le stade vis-à-vis de ce match… »

Suffit de demander :

- C'est d'un frustrant… Le grand Charlie Winchester contre une illustre inconnue… grommelait Trafalgar.
- S'il se passe quelque chose, réveille-moi… grommela Max.
- Si je lève les yeux de mon tricot, déjà… marmonna Ethel.
- Rhô putain non, remboursez ! soupira Roland.
- T'as rien payé ! grommela Rachel. Et moi non plus et c'est tant mieux, je voulais affronter Charlie !
- Même contre Yann ça aurait été plus intéressant que ça ! soupira Claire.
- Même contre son père dans son état actuel ça aurait été plus intéressant ! souligna Malcolm.
- P'pa, on est obligés de regarder ? soupira Yann.
- Euuuuh… Oui, je suppose, au moins pour ton père ! hésita Léopold.
- J'vais compter les lignes sur les articulations de mes doigts pour voir si y'en a plus que la dernière fois… marmonna Dimitri.
- Merde alors, c'est qui cette truffe ? s'étonna Finn.
- Gros mot, Papa ! souffla Noé.
- Ah ! Charlie contre sa vieille amie Dawn, voilà qui risque d'être fort intéressant ! acquiesça Etienne.
- Tu serais intéressé par un match entre deux Magicarpe, Etienne… soupira Linda.
- Heureusement que j'ai ramené un bouquin… soupira Estelle.
- La petite Dawn, ça fait si longtemps… s'étonna Judith sur un ton monocorde.
- David, si je vais aux toilettes, tu me suis ? demanda Denis.
- … pour ?!
- … Comme ça, pour discuter !
- Oh, ok !

David se leva et suivit Denis.

Charlie faisait face à son Destin telle Sissi dans son film.

- Bon, Dawn, on va devoir s'affronter…
- Ca va être excitant ! Je suis persuadé que tu vas me flanquer une raclée !
- … Euh… Ouais…
- T'as changé, Charlie, t'étais marrant avant !
- Dawn ça fait vingt ans qu'on ne s'est plus parlés ! Depuis… tu vois, enfin…

Dawn s'étonna.

- … depuis le jour où tu m'as dit que tu étais amoureuse de moi.
- … Oh, mais c'est vieux ça !
- Dawn…

« Les participants sont invités à choisir le style de combat à adopter ! »

Charlie appuya sur un bouton et Dawn sur un autre.

« Charlie a choisi un 1 vs 1 alors que Dawn souhaitait faire un Combat Triple ! »

Dawn s'avéra surprise.

- Ah… Ah bon, tu ne veux pas me voir à ce point là ?!
- Le plus court serait le mieux, Dawn, crois-moi… On n'a plus rien à se dire !
- … Je croyais qu'on était amis !
- Je croyais aussi qu'on était amis, jusqu'à ce que tu m'avoues… ça !
- Oh. En tout cas je suis contente que tu sois toujours avec Léopold !
- Ouais… moi aussi je suis content d'être toujours avec lui.

« Le sort a tranché, ce sera un combat Triple ! »

Dawn s'enthousiasma.

- YOUPI ! ALLEZ EN AVAAAAAANT !

Elle balança les trois Pokéballs, laissant apparaître Posipi, Négapi et Lakmécygne. Charlie plissa les yeux. « Trois en même temps… Bon, avec un Séisme je devrais me débarrasser de deux d'entre eux, et avec une bonne attaque électrique, me faire le reste…

- Ce sera donc…

« Fais le bon choix et ne t'occupe pas de ce mauvais pressentiment qui te tiraille… »

- Cizayox, Frison et Mackogneur !

Roland pencha la tête sur le côté.

- … Choix stratégique douteux…
- Ah oui ?
- Vu les Pokémon en face, oui… Cizayox est sensible à l'eau et à l'électricité, Mackogneur au Vol, Frison a un nom trop ridicule pour être un héros…
- Charlie peut le faire. C'est pas une minette qui va l'arrêter…
- De plus c'est une femme. Elle le dégoûte forcément et biaise son jugement !
- Pourquoi je t'ai épousé, pourquoi on a fait un enfant…
- Parce que je suis le meilleur ! sourit Roland.

Dawn sourit.

- Prêt Charlie ?
- Ouais… Commence, tu as les Pokémon les plus rapides…
- Oui ! Négapi, Danse Pluie !

La souris bleue leva les pattes en l'air et invoqua la pluie. Charlie soupira.

- Et voilà, je vais être trempé…
- Par chance, ça ne touche que le terrain, pas tout le stade ! ricana Dawn.
- Hm… Pisto Poing.

Mackogneur et Cizayox se mirent en position. Dawn s'étonna.

- Qui va m'attaquer ? Qui va m'attaquer ?
- Disons…

Frison chargea et frappa Lakmécygne d'un coup radical. La Peignée projeta l'oiseau en arrière. Dawn haussa les sourcils.

- Ouah ! Quelle force ! A moi ! VENT VIOLENT !

Lakmécygne ouvrit les yeux et balança d'un coup d'aile un puissant ouragan. Frison meugla et retomba aux côtés de Charlie.

- FRISON !

Le taureau se releva en secouant la tête. Charlie souffla.

- FONCEZ !

Mackogneur et Cizayox frappèrent Posipi et Négapi.

- Enchaînez avec Casse-Briques !

Les deux Pokémon tournèrent sur eux-mêmes et frappèrent de l'autre main leurs adversaires. Charlie regardait durement Dawn.

- C'est quand même dingue, ça… Dans la vie de chaque homme… - c'est quelque chose que j'ai constaté avec le temps et l'expérience – mais dans la vie de chaque homme, il y a deux sortes de femmes. Une qui nous empoisonne la vie et l'autre qu'on aime passionnément.

Dawn plissa les yeux. Charlie continua son discours.

- … Au début, tu étais quelqu'un que j'aimais beaucoup, pour qui j'avais de l'estime. Mais le jour où…
- Tu n'en démordras jamais, hein, Charlie…

Charlie sembla surpris.

- Pardon ?
- Tu ne démords jamais de rien, tout reste attaché à toi comme la crasse sur une tapisserie. C'est dingue.
- …
- Le jour où je t'ai avoué mes sentiments, j'ai enfin cessé de me mentir à moi-même. De te mentir aussi. C'est dur de suivre quelqu'un pas à pas, de tout faire pour son bonheur et au final de s'apercevoir que ce n'est pas suffisant.

Charlie grimaça.

- Charlie, tu peux me mépriser tant que tu veux mais c'est grâce à MOI si tu es marié avec Léopold aujourd'hui !

Charlie baissa la tête.

- Tu as eu une belle et longue vie, tu es devenu Champion, je l'ai appris par la presse ! Tes parents sont morts, tu as adopté un enfant, tu as traversé la vie avec tout ce qu'elle avait de bon et de mauvais…
« Tais-toi… »
- Mais tu n'as jamais su dissocier l'un ou l'autre de ta vie, toujours à vivre avec les deux entrelacés ! Même Matt, tu n'as jamais pu l'oublier, hein !

Charlie eut un net mouvement de recul. Léopold plissa les yeux. « Ah la vile manipulatrice ! A tous les coups elle le baratine et lui, forcément… »

- Je suis certaine qu'à part Léopold, tu ne peux ouvrir ton cœur à personne d'autre !
« Mais tais-toi, bon sang ! »
- Tant que tu ne te délesteras pas de toute cette souffrance, tu resteras comme un Capuccino : A la fois doux et amer !
- Dawn…

Charlie releva la tête. La pluie se dressait entre eux.

- Tu m'énerves.
- …
- … parce que même après tout ce temps, tu me connais toujours aussi bien.

Dawn hocha la tête.

(Mylène Farmer – Diabolique mon ange)

- Cage-Eclair, Toxik !

Posipi paralysa Cizayox et Négapi empoisonna Mackogneur.

- Euh…
- Lakmécygne, Repos !

Repos tranquille
Heure inutile


Le cygne s'endormit. Charlie grommela.

- Pas de chance, j'ai Cran ! Gonflette et Danse Lames !

Dans cette chambre
La main qui tremble


- Encore !

Charlie s'étonna alors que ses Pokémon augmentaient frénétiquement leurs statistiques. Frison était le seul en état de combattre.

- Désolée, Charlie…

Ne reste que les rêves
Étonnante chimère


- … mais j'ai un plan, il est rôdé et je compte bien gagner pour te faire réaliser que les choses peuvent changer dans ta vie, et que par exemple, tu peux perdre !

Charlie haussa les sourcils.

- Tu as trop longtemps gagné aveuglément, quelles que soient les circonstances, il est temps pour toi d'évoluer un peu.

Qui garde son empreinte
A fui dans son étreinte…

Allons ailleurs si tu veux
Conduis-moi où tu es mieux


- … je comprends pas… Je… Je te comprends pas, Dawn !
- Pour grandir, je dois vaincre cette image de toi et toi aussi tu dois vaincre cette image de toi !

Charlie grimaça.

- FATAL FOUDRE !!!

Posipi et Négapi sautèrent dans les airs.

Et plus jamais la même…

Charlie serra les dents. Les nuages de pluie foudroyèrent les deux souris. Les rayons électriques partirent en trombe sur Mackogneur et Cizayox qui furent foudroyés sur place.

… Le vent fait sourde oreille

- Nan !!
- CHARLIE ! cria Léopold en se levant.
- P'pa ! s'étonna Yann.

Dawn restait stoïque face à Charlie qui regarda ses deux Pokémon, déjà presque hors combat.

Flik flak
Diabolique est mon ange
Tic tac
Plus rien ne nous dérange


Lakmécygne se réveilla. Charlie regarda Frison.

- Frison, Koud'Krane !

Le Pokémon recula en baissant la tête.

La claque
Bien contre lui et tangue
Tic tac
On s'est aimé à s'y méprendre


- Tu ne gagneras pas, Charlie.
- Je doute qu'une défaite puisse me faire avancer.
- Ah oui ? Moi je pense que ça te ferait du bien, ne serait-ce qu'à ton égo.
- J'ai déjà perdu des matches…
- Ah oui ? Contre qui ?
- …

Charlie plissa les yeux et pensa à Claire qui l'avait battu quand il était au plus mal, lorsque les parents de Roland étaient venus diner la première fois à Kanto.

Flik flak
Diabolique est mon ange
Tic tac
Plus rien ne me dérange


- Disons… comme je l'ai dit tout à l'heure, disons que c'était la femme que Léopold aime passionnément. C'est marrant le destin.
- Et toi, il y a une femme que tu aimes passionnément ? demanda Dawn, narquoise.

Charlie haussa les épaules.

- J'sais pas. En termes d'attachement on peut dire Rachel. Tu ne sais pas qui est Rachel, n'est-ce pas ?
- Je ne me souviens plus. Je ne vis pas dans le passé.

La claque
Suis contre lui et tangue
Et là
S'agenouiller et puis s'éprendre…


Charlie soupira.

- Pourtant, depuis tout à l'heure, celle qui ressasse, c'est toi !

Dawn fronça les sourcils.

- VENT VIOLENT !

Vent, j'ai souhaité ta mort !

Lakmécygne renvoya Frison dans les cordes avec une nouvelle bourrasque. Charlie grommela.

- Pisto Poing…

Cizayox était toujours paralysé et Mackogneur très affaibli, et les deux étaient encore sous l'emprise d'Encore.

Temps, j'ai maudit ton corps !
Et plus jamais la même
A tout jamais de celles


- Merde, merde, merde !!!
- C'est fini, Charlie, je suis désolée… Posipi, Négapi…

Qui entrouvrent fenêtre…

Yann, Dimitri, Léopold, Norbert, Lionel, Christine, Marine… Tout le stade en fait regardait la joute qui se déroulait sous leurs yeux, le dénouement en étant désormais totalement imprévisible.

- Machination…

Les deux Pokémon prirent leur air le plus perfide.

- Et maintenant…

Qui parlent et puis… se jettent…

- NŒUD D'HERBE !

Charlie écarquilla les yeux.

Les deux Pokémon se retrouvèrent liés main à main par un câble de lumière verte. Charlie semblait sonné.

- C'est terminé, Charlie, je suis désolée… FONCEZ…
- … FRISON, GIGA IMPACT !!!

Frison partit dans une charge folle. Dawn sourit. « Dans mon piège, crétin ! »

Charlie n'avait jamais été aussi sûr de lui.

« Je sais que tu veux profiter d'Herbivore pour contrer mon attaque et augmenter la tienne, mais tu oublies Lakmécygne ! Au moment où tu vas amorcer ta charge, je déclencherais Surf, suivi d'une double Fatal Foudre pour achever le travail ! »

Charlie était sûr et certain de son coup. Léopold serra les dents. Etienne était sur les rotules.

- Non, IDIOT IDIOT BON SANG NON !!!
- Etienne du calme !! geignit Linda.
- Putain il va se foirer en beauté… souffla Colin.

Plus loin, Malcolm et Rachel retenaient Roland.

- JE VAIS LE MASSACRER CE CON ! C'pas possible d'être aussi neuneu !!

Dans ma tête un désordre
Y remettre un peu d'ordre


Frison continuait sa charge alors que le stade retenait son souffle. Charlie acquiesça.

N'a jamais vu ma fièvre
N'a jamais dit je t'aime


Frison se heurta au Nœud d'Herbe. Mais à la surprise générale, il n'absorba pas l'attaque.

- Hein ?!! s'étonna Dawn.

Charlie sourit.

Cependant, je l'aime…

- Tu aurais mieux fait de vérifier ta théorie avant de mettre en pratique ta tactique. Ca rime en plus.

Le nœud se tendit et les deux souris s'entrechoquèrent dans un gros fracas.

- P… Posipi, Négapi !!

Frison « Giga Impacta » vers Lakmécygne.

- C… Ca ne marchera pas ! Vent Violent !
- Tu me crois si bête ?

Frison s'arrêta juste devant Lakmécygne.

- Un Pokémon aussi Téméraire que le mien ne te laissera pas faire. ECLAIR FOU !

La foudre tomba des nuages jusque sur Frison qui donna un grand coup dans le cygne prétentieux. Par là-même, il lui occasionna un KO retentissant. Dawn avait plein de cœurs dans les yeux.

« C'est lui, c'est Charlie, le grand, le vrai… Grâce à tous mes efforts je le vois enfin ! »

Cependant, je l'aime…

Dans une fantaisie remplie de chantilly, d'arcs-en-ciel et de poney roses, Dawn avait Charlie nu face à elle, ruisselant de sueur, velu, bandé et torride, sous une lumière parfaite mettant en valeur chaque partie de son corps.

« LE SEUL HOMME QUE J'AI JAMAIS VRAIMENT AIME ! KYAAAAAAAAAAAAH !!!!! »
- Relevez-vous…

Cizayox et Mackogneur se dressèrent. Posipi et Négapi se remettaient à peine de leur mise en déroute.

- PLAIE CROIX et CLOSE COMBAT !!!

Cizayox croisa ses griffes pour frapper violemment Posipi avec ses trois Danse Lames chargées, et Mackogneur frappa Négapi de toutes ses forces dans une rouée de coups tonitruante. Dawn tomba des nues. Elle était vaincue. Frison s'écroula à cause des dégâts de recul, Mackogneur à cause du poison et Cizayox resta le seul debout. Charlie souffla, soulagé.

Cependant, je l'aime…

- Ah, Dawn…

« Extraordinaire ! Le fringant champion de Jadielle vient de prouver à tout le monde qu'il était bien l'homme à abattre de ce stade ! Victoire de Charlie Winchester !

Léopold plissa les yeux. « C'est moi ou y'avait de la flatterie mal placée, là ?! »

Charlie regarda Dawn alors qu'elle rappelait ses Pokémon et que la pluie disparaissait.

- Dawn, j'ai pas besoin de… D'évoluer. Je suis marié, j'ai les garçons avec moi, j'ai des amis autour de moi, j'ai un travail qui me plait…

La jeune femme hocha la tête.

- J'ai pas besoin qu'on me fasse la leçon et certainement pas une folle dans ton genre ! Mais regarde-toi ! Tu baves presque !

Dawn plissa les yeux.

- JE, NE, T'AIME, PAS, ET-JE-NE-T'AIMERAIS-JAMAAAAAAAAAAAAAAAAIS !

Dawn recula, écœurée.

- J'espère que le message est bien passé cette fois ! Adieu !

Charlie repartit, la victoire en poche. Dawn resta un moment immobile puis haussa les épaules.

- Pas grave !

Elle fit demi-tour et s'en retourna vers les gradins.

***

Le lendemain, Charlie, Léopold et Will sortirent discrètement de la chambre.

- Bon, on reste les plus… normaux possible ! souffla Léopold.
- Ca vaudrait mieux… souffla Charlie.
- C'était géant les mecs, faudra qu'on recommence ! sourit Will.

Charlie et Léopold se regardèrent et regardèrent Will.

- Euh… Comment te dire ça…
- C'était purement sexuel, Will… Je… pensais que c'était clair dès le départ !

Will plissa les yeux, un peu déçu.

- Oh… Oui… j'aurais dû… euh… On reste copains, on… pourra recommencer quand même hein ?

Charlie et Léopold se regardèrent.

- Baaaaaaaah…
- On… On verra ! acquiesça Charlie, plus pour s'en débarrasser que pour autre chose.

Le petit groupe arriva en cuisine. Norbert, Lionel et Marine étaient attablés. Charlie regarda sa sœur et les deux hommes. Léopold avait du mal à cacher sa gêne. Will serra les dents et se dirigea vers la porte.

- Ravi de vous avoir connus… A un de ces jours si vous avez besoin de mes services…

Will claqua la porte. Marine regarda son frère et secoua la tête, atterrée.

- … T… t…
- …
- Comment… Comment tu peux encore te regarder dans une glace, là ? Sérieux ?!

Charlie soupira.

- J'ai… besoin de boire !

Charlie partit vers le grand salon. Léopold regarda ses parents.

- … désolé…
- Disons juste… évitez d'aller au-delà de trois et… choisissez un peu mieux les dates ! admit Lionel.

Léopold se mordilla les lèvres.

- Faut que j'aille… le réconforter et éviter qu'il ne vide le minibar.
- Va donc…

Léopold partit. Marine soupira, stupéfaite.

- J'y crois pas, nom d'un chien !

***

Les équipes de secours parvinrent à remonter Yann, engoncé dans un brancard. Urbain sembla soulagé.

- Ouf !
- Oh mon Dieu Yann, tu vas bien ?! souffla Anne-Lise, soulagée.

Yann acquiesça.

- J'ai été aidé là-dessous… par un Pokémon.

Yann prit la Pokéball et lâcha Gringolem. Anne-Lise acquiesça.

- Gringolem… Je pensais ces Pokémon dans des endroits plus mystiques…
- Faut croire qu'il s'était éloigné de sa maison…
- J'aurais préféré qu'Urbain capture un Pokémon mais bon…
- Oh je pense pas que je le ferais combattre, madame Forsythia.

Un infirmier approcha de Yann qui était encore dans son brancard.

- Jeune homme, on va t'examiner pour voir si tu peux continuer le voyage itinérant et si c'est pas le cas, on appellera tes parents !
- Ok…

Anne-Lise serra les dents. « Vaudrait mieux pas pour le moment… »


***

Les combats allaient reprendre mais Léopold s'était encore échappé. Charlie soupira.

- Il me fait quoi, là ? Il la joue Batman ?!
- Impossible, Léopold a des yeux… marmonna Dimitri.

Dans les couloirs du stade, Léopold retrouva Dawn.

- Hey… Dawn.
- Léo…
- Ca va ?

La jeune femme semblait maussade.

- Moi et Charlie… on pourra plus jamais être amis comme avant. Je pensais que le temps aurait effacé les mauvaises choses, mais il y reste collé comme à la peste et… je dois admettre que… j'ai encore le béguin pour lui…
- Oui, les situations de ce genre sont toujours un peu compliquées, j'en sais quelque chose.

Dawn regarda Léopold.

- Tu parles avec ton passé de chaud lapin ?
- Non, d'autre chose en fait, mais… aussi de mon passé de chaud lapin ! Et surtout… les sentiments ont autant le pouvoir de changer à jamais les relations que… les actes. Et ce… quelle que soit leur apparence.

Dawn acquiesça.

- Je suis mariée, il s'appelle Frank… Ca fait quelques années… Forcément, c'est un britannique, tu te doutes…

Léopold ricana.

- Je sais, ouais, j'ai de la chance…
- Charlie est vraiment… une plaie, à aimer. Il… il chamboule complètement le cerveau !
- Et il ne le fait même pas exprès ! admit Léopold.
- Oui…
- … C'est vrai que… depuis que je suis avec lui, j'encaisse des trucs que je devrais pas encaisser… confessa Léopold.
- Ah ?
- Oui… Mais… quelque part, ça m'en apprend beaucoup sur moi-même. Je tolère les choses, j'apprends à décompresser. Surtout depuis la guerre, toute cette merde…
- Oui, j'en… ai entendu parler.

Léopold hocha la tête.

- Je crois pas que Charlie te déteste, juste que… tu lui rappelles une période d'incertitude où il s'appuyait sur toi et… tu lui ramènes cette image à la figure.
- Hm, je comprends…
- J'te laisse, Dawn, à plus peut-être.
- Tu peux me laisser ton mail ?

Léopold haussa les épaules.

- Pourquoi pas.

Second Quart