Justice, gloire et Graffias. de illapa

Comme l'avait prédit la secrétaire, nous ne reçûmes aucune visite désagréable durant la nuit, il n'y eut pas d'explosion, rien. Seulement quelques ronflements émanant de CorCaroli.
Nous survécûmes également au petit déjeuner, signe que personne n'y avait ajouté un quelconque poison.
Il nous fallut cependant attendre la fin d'après midi, pour être sûrs que le boss soit rentré. Ikse tenta de retrouver le camion du vendeur de glace a l'eau de mer de la veille, mais il ne le retrouva pas. Il décida donc d'aller se balader sur la plage, pour se détendre avant que les hostilités ne commencent.
CorCaroli s'entraîna donc à surpasser sa phobie de l'eau, CorLéonis à creuser, et Nashira à discourir sur la façon « dont nous allions bouter ces mécréants ».

Aux alentours de 13h, Ikse reçu également un appel visiophonique du professeur Micocoulier : les starters étaient enfin arrivés ! Ce qui donna lieu à une discussion mémorable :
-Voilà ! Tu as donc le choix entre salamèche, kaiminus, ou tortipouss. Oh, et il y a toujours le zarbi, le lovdisc ou une ecremeuh si tu...
Mais Ikse le coupa net :
-Non ! Sinon... Je choisis toripouss. J'ai déjà des pokémons feu et eau. Et il est toujours hors de question que je me trimballe avec un zarbi ou une ecremeuh !
-Très bien, très bien... Ah oui ! Et tu es à Towneau, la ville dominée par la team Aqua... J'imagine qu'il arrive a point dans ton équipe si tu veux affronter la team de l'eau ! Par contre, je dois te dire, que heu... il y a un petit souci avec le tortipouss...
D'un ton méfiant, mon dresseur répondit :
-Ne me dites pas qu'il a été volé ! Que vous m'envoyez un cadoizo à la place !
Durant ce laps de temps, le prof et Ikse s'affairèrent chacun sur la machine et, une pognée de seconde plus tard, une pokéball tomba d'un tuyau. Ikse la prit.
-Oh non, non, rien de grave, il est juste muet. Et je t'aurais quand même envoyé un chetiflor, soit dit en passant.
Il y eu un instant de silence. Ikse n'en revenait pas.
-Pardon ?
Un peu gêné, le prof répondit :
-Il est... Muet.
-Et vous me dites ça seulement maintenant ?
-Heu...
-Et là, vous allez m'annoncer que le salamèche est aveugle et le kaiminus est sourd et que finalement, j'ai bien choisi ?
-Non ! Ikse enfin...
-C'est se moquer du monde !
Le prof prit un air pitoyable :
-Heu... Tu ne vas pas le rejeter pour ça, hein ? Ce pauvre petit tortipouss, il...
-Bien sûr que non ! La Justice ne doit abandonner personne !
L'homme de science parut soulagé.
-Ah ouf ! Très bien alors ! Mais si jamais tu as besoin du zarbi ou de l'ecremeuh, ou...
-Je vous ferais signe, je n'y manquerais pas. Maintenant, si vous voulez bien m'excuser, je vais aller faire la connaissance de ce pokémon muet.

On en fut donc quitte à un retour sur la plage.
Ikse fit sortir toute sa fine équipe, puis il présenta chacun. Et tour à tour, nous lui souhaitâmes la bienvenue dans l'équipe. Joyeusement, la tortue verte nous répondit par un souffle dénué de son très enthousiaste.
-Mais, je ne peux pas t'appeler uniquement par ton espèce... Alors autant te donner un p'tit nom tout de suite qu'en penses-tu ?
Silencieusement, le pokémon plante-terre acquiesça. Il avait quand même l'air content.
-Hm... Justice ! Parce que le tort tue !
Atterré, je répondis :
-C'est toi qu'un devrait toutue-rer pour une blague aussi vaseuse.
Mais Ikse m'ignora et continua :
-Je plaisantais. Hm... Toto ? Titi ? Toti ? Tito ? Torti ? Titor ?
CorLéonis jappa :
-Tortellini ! C'est vachement bon avec du pesto vert !
Blasé, je répliquais :
- Ouais, et pourquoi par torturlututu pendant qu'on y est ? Parce qu'une tortue, c'est bien protégé, pour un battre une c'est une dture lutte ! Non mais vraiment, trouvez lui un vrai nom, genre Pélagie-Vérité !
Mais Ikse eut l'illumination :
-Oh je sais ! Je vais t'appeler Khélone !
Nashira approuva :
-C'est un nom fort joli... Mais ne serait-ce point un nom féminin ?
Il y eut un instant de silence. Mais Khélone nous fit comprendre avec force sourire et souffle muet que ce nom lui convenait.

Puis, Ikse décida, à l'aide de son stupidex de voir les attaques de notre nouveau compagnon.
Qui avait Charge, Repli et Vol-vie. Il lui faudrait de l'entraînement, à notre tortue...
Gentiment, CorCaroli informa le nouveau venu des projets de notre connu X. Les yeux du tortipouss s'écarquillèrent dans une expression qui signifiait clairement « Mais il est fou ! ». Puis son air mua en une mine déter-minée. A la réflexion, ce n'était pas vraiment comme s'il avait le choix, maintenant qu'il était là... Un peu comme moi en fait. Quelle tristesse.

Et, sans même qu'on ne s'en apperçoive, il était déjà 18h. Déjà l'heure... Ikse rappela tout le monde, je me réinstallai sur son épaule, puis nous nous dirigeâmes d'un pas assuré...Vers un marchand de sandwich. Une fois tout le groupe nourri et gonflé à bloc, nous marchâmes d'un pas déterminé vers le bâtiment de la team Aqua.
Ikse entra.
Comme la veille, la secrétaire était là, à son comptoir. Ikse s'approcha, mais avant qu'il n'ait eu le temps de prendre la parole, la femme de bureau déclara :
-Ah, Monsieur, vous voilà ! Notre boss, Monsieur Tsunami vous attend. Il a annulé tous ses rendez-vous pour vous recevoir. Il est dans son bureau au dernier étage. Malheureusement l'ascenseur est en panne, nous attendons que le plombier vienne réparer le piston hydraulique qui le fait fonctionner. Je suis désolée, mais il va vous falloir prendre les escaliers. A propos, à quel nom dois-je vous annoncer, Monsieur ?
-Heu... Ikse.
La sbire le regarda bizarrement, mais elle ne releva pas.
-Très bien, Monsieur X. Le patron vous attend. L'escalier est sur votre droite.
-Heu... Merci.

La secrétaire acquiesça, puis Ikse alla prendre l'escalier. Ca sentait le piège à plein nez. Le premier étage semblait être une salle de repos, aussi aquariumesque que le rez-de-chaussée. Quelques sbires étaient vautrés dans des canapés bleus et regardaient la télé, où un reporter expliquait qu'Atown connaissait une effervescence croissante proportionnelle au nombre de bâtiment colorisé et que l'entreprise de peinture Color-en-ciel était en train d'y établir des locaux.
Mais aucun d'eux ne bougea pour nous empêcher d'avancer. Ils se contentèrent de nous regarder passer.
Les étages suivants, qui comptait un nombre incalculable de bureau, un laboratoire, une salle de réunion, la cantine... Personne ne sembla faire un geste pour nous arrêter. Pourtant, tous portaient la tenue bleue de la team Aqua, à l'exception du cuisinier, qui portait la tenue traditionnelle tablier blanc-toque blanche portant l'insigne de la team Teflona. Discrètement, ce dernier nous fit un sourire en nous voyant passer, puis il retourna à la cuisson de son krabby.

Et enfin, nous arrivâmes au dernier étage, face à deux doubles portes en bois... étrange. En les observant mieux, je me rendis compte que ces portes étaient composées de planches de bois flotté. Ikse resta là une bonne minute, ne sachant pas trop quoi faire devant cet obstacle. Puis il se décida à frapper un geste hésitant. Quelques secondes plus tard, un des deux battants s'ouvrit silencieusement, et un homme apparut dans l'encadrement.
Ce qui frappai l'œil en premier, c'était son costard impeccable, taillé dans un tissu bleu marine. Il avait des cheveux parfaitement coiffés, gélifiés et tirés en arrière. Ils étaient teints en un bleu qui jurait furieusement avec les sourcils roux de l'homme. Ce dernier avait les yeux bleu terne, mais qui brillaient d'une étrange lueur. Et surtout, ses yeux étaient bridés. Un métis. Il n'était sûrement pas de la région.
Il me faisait penser à ces méchants qu'on voyait dans les films d'espionnage, ces chefs d'entreprise multimilliardaires, gentlemen et toujours tiré à quatre épingles, jusqu'à ce que le héros agent secret vienne lui tirer quatre balle et mette fin à sa mafia.
L'homme adressa un grand sourire aussi éclatant que celui d'un sharpedo à mon dresseur, et l'invita à entrer d'un geste et d'un ton cordial :
-Ah, Monsieur X ! Entrez je vous prie ! Je vous attendais !
Ikse hésita un instant. Il se fourrait droit dans la gueule de l'absol. D'un autre côté, il ne pouvait plus faire machine arrière, désormais. Tâchant de garder la tête haute il entra d'un pas digne et déterminé dans le bureau de son ennemi.

Ce dernier referma délicatement la porte derrière nous, puis il alla s'assoir derrière son grand bureau fait du même bois que la porte. Ledit meuble trônait au centre d'une grande pièce, aux murs bleus recouverts de photographies de fond marins et de coraux en tous genres, d'étagères portant divers livres et classeurs de documents. Il y avait une plante en pot dans un coin – un arbre à baie Alga. L'un des murs cependant, celui juste en face de nous n'était en fait qu'une grande verrière donnant vue sur toute la ville et le haut du logo du bâtiment.
Puis, le boss aux allures de mafioso reprit la parole.
-Asseyez vous, Monsieur Ikse , vous n'allez pas rester debout ! Si ? Comme vous voudrez. Souhaites vous quelque chose à boire ? Un café ? Un thé ? Celui de Monsieur Aulait, notre cuisinier est délicieux, je vous le recommande.
Sans se soucier de connaître la réponse, le boss appuya sur une touche d'un téléphone posé sur son bureau et déclara :
-Madame Vague ? Dites à Monsieur Aulait de me monter un expresso, vous seriez bien aimable.
Il se détourna du téléphone, puis s'adressa de nouveaux à Ikse.
-Au fait, je manque aux bonnes manières, je ne me suis pas présenté ! Je suis Sushi Tsunami ! Ravi de faire votre connaissance !
Ah oui. Un métis avec un nom d'éternuement... Ikse hocha la tête.
-Je suis Ikse. Et voici Graffias.
-Ah oui, et vous êtes venu pour, je cite ce que m'en a rapporté Madame Vague : « mettre fin à nos agissements néfastes sur la population », est-ce bien cela ?
Silencieusement, mon dresseur hocha la tête d'un air grave.
-Est-ce que cela implique de démanteler ma team ?
-C'est fort probable.
M. Tsunami fit mine de perdre son sourire pour un air faussement contrarié.
-Ah, je vois. Et cela au nom de la justice, c'est bien cela ?
-Tout à fait.
Le sourire de sharpedo de l'homme réapparut sur sa figure, imperceptiblement plus large qu'avant.
-Mais, Monsieur Ikse, dites-moi, quelle définition donnez-vous donc au mot « justice » ?