Légende en poche de Dracaufeu2828

Les deux enfants grelottaient de froid dans une cave sombre. Lucas avait tout expliqué à Eva. Elle lui avait pardonné, car la rancœur n'était pas son premier souci. Charles les avait enfermés dans cette geôle, le temps que le maître « décide ». De quoi ? Aucune idée, mais sûrement pas de ce qu'il allait manger ce midi. Le garçon contempla le pichet d'eau sale qui avait été déposé dans leur cellule. A côté, une assiette de viande séchée. Lucas demanda :

« Tu as faim, Eva ?
- Oui, mais j'ai surtout peur.
- Tiens, mange, ça te fera du bien. Tu oublieras peut-être.
- Il y a peu de chances.
- On peut toujours essayer. »

Mais alors que le jeune homme tendait la main vers la nourriture pour en donner à Eva, un Rattata apparut. Le rongeur se saisit du morceau de chair et l'emporta avec lui dans son trou. Eva éclata en sanglots :

« Mais ce n'est pas vrai !!!!!!! Sale bête ! »

Et elle jeta un caillou en direction de l'endroit où avait disparu le pokémon souris. Lucas lui chuchota des paroles d'apaisement, bien insuffisantes pour la consoler. La porte claqua, et Charles apparut dans l'encadrement.

« Le maître s'est décidé. Direction le Maxime, les mioches. »

Le champion empoigna le bras des deux amis, et la pénombre engloutit bientôt leurs frêles silhouettes.

***


Lucas et Eva étaient à genoux sur le sable du cirque Romain, le Maxime. Au dessus d'eux, dans une tribune, Paul caressait un Chaglam. Paul avait toujours eu une passion pour la mythologie, ça, Lucas le savait. Mais de là à reconstituer un cirque Romain tout entier... Chapeau ! Du sable aux tribunes, tout avait l'air parfaitement authentique. Restait à savoir ce que Paul comptait faire de tout cela... Le maître fit un signe de la main à Charles, qui remit aux deux enfants une épée émoussée. Il entreprit ensuite d'ouvrir une énorme porte de fer. Derrière, on entendait des grognements féroces. Une fois la porte ouverte, une grille d'acier apparut. A l'évidence, on ne souhaitait pas que ce qui était enfermé ici s'échappe. Le maître prit la parole :

« Vous tuer sans vous laisser de chance serait une action bien basse... C'est pourquoi je vais vous laisser une chance. Sortez vainqueurs du combat contre le pokémon derrière cette grille, et vous aurez la liberté. Sinon...»

La grille tomba, laissant la place à une maigre barrière de chêne. Un hurlement retentit... Et la protection vola en éclat. Sortit alors de sa prison un dragon. Il était orange et bleu, possédait deux protections au-dessus de ses petits yeux noirs, et une demi-douzaine de pics sur la tête. Ses ailes avaient la forme de la lame d'une hache, son ventre était protégé de plaques grises et ses pattes étaient titanesques. Le lézard géant fixa les enfants, déploya ses ailes et piqua droit sur eux.

« GROAAAAAR !!!!!!! »

Les deux enfants se jetèrent sur le sol, et esquivèrent de peu les griffes énormes qui se refermèrent au-dessus d'eux. Malheureusement, ils avaient lâché leurs épées ! Elles se plantèrent dans le sol, trop loin pour qu'ils puissent les atteindre. La gueule garnie de dents du monstre allait se refermer sur la pauvre Eva, quand Paul siffla et susurra à la bête :


« Tout doux, mon mignon. Les voir mourir tout de suite serait sans intérêt, tu ne crois pas ? »

La bête cligna des yeux, et d'un coup de patte, renvoya les épées vers leurs propriétaires. Elle leur laissa le temps de les ramasser, avant de se lancer à nouveau avec un sifflement féroce.

Lucas roula sur le côté, évitant les terribles mâchoires. Il tenta d'attaquer le dragon, qui le repoussa comme un insecte. Le pokémon leva sa queue, et frappa le sol. Le choc souleva Lucas d'une trentaine de centimètres. Le monstre avait dû calculer son coup, car il lança une nouvelle attaque de sa queue, qui heurta le garçon en plein vol.

BLAM !!!!!!!

Lucas était à terre, les yeux remplis de larmes, il regarda Eva s'écraser à son tour sur le sol en gémissant. Le choc souleva une volute épaisse de poussière, qui se dispersa au vent. Le pokémon était bien trop fort pour deux enfants. A ses côtés, son épée, brisée en deux. Une arme bien dérisoire face à un tel monstre. L'horrible bête les fixa de ses petits yeux méchants, et regarda Paul, comme pour attendre un signal. La bouche du maître s'étira en un sourire cruel, et pouce vers le bas, il lança :

« Caedite eos*. »

La bête hurla si fort que les murs en tremblèrent et que des gravats en tombèrent. Rapide comme l'éclair, elle abattit sur Lucas ses crocs acérés.

***

C'est toujours dans ces moments-là de l'histoire qu'une lumière aveuglante apparaît, et qu'un ange ou autre créature divine sauve les héros. Il gracie le méchant, parce qu'il ne serait pas moral de le tuer, et s'en va avec les enfants. Ils vécurent heureux toute leur vie, et patati, et patata...

Eh bien pas cette fois.

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*Caedite eos : En latin : Tuez-les.