Les Chroniques des Univers: [Tome 3] Le Cristal du destin de imhotep43

Quelque part entre Rivamar, Verchamps et Voilaroc, une ombre se déplaçait entre les arbres. Furtive, agile, discrète... Elle était tout cela à la fois, et elle était bien obligée de l'être, car les routes et les chemins étaient parsemés de barrages. Les bois n'étaient guère plus sûrs, car avec la neige qui était tombée la veille, les traces de pas se devinaient plus que facilement, mais c'était toujours ça de pris.

"Je ne comprends pas pourquoi je dois aller ici... On est au milieu de nulle part, et il n'y a rien sur les cartes qui suggère l'existence de quoi que ce soit ici."

Après plusieurs jours sans croiser la civilisation, la barbe naissante rendait le visage du jeune homme presque méconnaissable dans l'ombre du sous-bois enneigé, mais n'importe qui au sein de l'Arche aurait pu reconnaître le Metang d'argent qui lévitait derrière lui. Il s'agissait en effet de Cyrus.

"Sans doute cartes dire pas tout ! tenta le pokémon dans un français approximatif."

Les communications de Cyrus avec Silver étaient assez sommaires. Cependant, les capacités cognitives du pokémon d'acier étaient suffisamment importantes pour que Cyrus puisse en tirer parti.

En effet, dans ces bois touffus où l'on pouvait rencontrer un membre d'une milice derrière chaque arbre, la faculté d'empathie du pokémon lui permettait de ressentir les émotions, et par conséquent la présence d'humains aux alentours.

"Grand nombre d'homme à droite... centaine... pas loin.
-Qu'est ce que tu dis ? Cent hommes qui sortent de nulle part ?
-Pas sortir de nulle part. Être là bien avant nous, mais rentrer juste dans seuil de détection."

Cyrus prit le temps de réfléchir. Peut-être que les informations qu'il avait trouvé dans la bibliothèque familiale n'étaient pas aussi farfelues que ça... Et puis il avait toujours en tête le fait qu'il était désormais impossible de trouver des informations sur les mythes de Sinnoh dans les librairies publiques. Pourquoi Renaissance se serait-elle acharnée à supprimer tous les écrits concernant les légendes s'il n'y avait pas une part de vrai là-dedans ?

"Ainsi il se peut que quelque chose soit vraisemblable dans tout ça ? Très bien ! Ces journées à crapahuter auront au moins servi à quelque chose.
-Quoi nous faire maintenant ?"

Pour toute réponse, Cyrus prit une ball à sa ceinture et rappela Silver.

"Maintenant, on peut passer de l'autre côté."

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Plusieurs mois de recherches, plusieurs tentatives infructueuses, mais il le sentait, Cyrus était désormais proche de ce qu'il recherchait. Il avait été surpris par la tranquillité du lieu aux premiers abords. Contrairement aux environs en proie à la panique générale et au départ massif des Pokémon, cet endroit semblait vide de son, comme si tous les êtres vivants ayant habité ici avaient depuis longtemps fichu le camp. Mais de ce côté ci, les choses étaient encore plus impressionnantes.

En effet, derrière les arbres du monde des vivants se cachait un lac parsemé d'îlots recouverts d'arbres touffus qui empêchaient toute possibilité de deviner qu'un lac se cachait sous ces épais branchages. Ce lac se tenait au pied d'un bloc de pierre de taille impressionnante. Ce n'était pas une colline, mais bien un temple taillé d'un seul bloc. Mais cela, Cyrus n'en savait rien, car de son côté, il ne voyait qu'une immense montagne...

"C'était donc ça qu'on voyait de loin l'autre fois..."

Il contemplait en effet un pic montagneux qui lui barrait la route à peine une centaine de mètres plus loin. Dans le monde réel, ce pic se tenait précisément au même endroit que ce temple dont Cyrus ignorait encore l'existence. S'approchant encore de l'aiguille rocheuse, il leva la tête. Bien qu'ayant une bonne vue, il ne pouvait pas déterminer où s'arrêtait cette montagne, car tout là haut, le roc se perdait dans les volutes d'éther qui jouaient le rôle de nuage dans ce monde.

"Une chose est sûre, fit-il en tentant de gratter la pierre qui composait ce monolithe, il est impossible de traverser cette chose depuis ce monde... Ce qui veut dire que je vais devoir repasser de l'autre côté si je veux espérer trouver une entrée..."

Dans les yeux de Cyrus, une lueur pâle semblait apparaître alors qu'autour de lui, le monde des morts s'effaçait petit à petit pour laisser place à une vision du monde des vivants. Il découvrit alors tout le paysage qui l'entourait. Le lac, le temple et... plusieurs centaines de miliciens aux couleurs de Renaissance apparurent alors.

"Youpi, ça va encore être joyeux tout ça... Voyons voir, je suppose qu'il est inutile de tenter un rush... A moins que..."

En effet, il venait de remarquer que s'il était capable d'effacer un monde entier de ses yeux, il devrait sans doute arriver à s'effacer des yeux des gens de l'autre monde tout en étant physiquement dans le même monde qu'eux...
"Le souci c'est que je n'ai aucune idée de la manière dont je vais pouvoir faire ça... Et je saurai encore moins si ce camouflage marche ou pas...
-Et je suppose que c'est là que j'interviens ? fit une voix familière dans le dos de Cyrus."

Se retournant, il eut cependant la surprise de ne pas tomber sur le Professeur Sorbier, mais sur Antoine.

"Alors, Cyrus, comment vont les affaires ? Je ne sais pas si tu as remarqué, mais je suis toujours mort, alors quoi que tu ais essayé de faire pour me ressusciter, ça n'a pas encore marché !
-Désolé Antoine, mais j'ai besoin du corps du défunt pour reconstituer le lien qui l'unit à son âme... Je l'ai d'ailleurs dit à...
-Lilian, je sais... Et ce que tu ne sais pas, c'est que vu l'état dans lequel est l'intéressé depuis ma mort, on est pas prêt de le retrouver ce cadavre. Enfin bon, ce n'est pas la raison de ma présence ici. Il me semble que tu as demandé un coup de main.
-Oui, mais tu ne peux pas m'aider directement parce que ça fait appel aux connaissances du monde des morts..."

Antoine imita alors le bruit d'un buzzer de jeu télévisé, faisant ainsi comprendre à Cyrus qu'il était dans l'erreur.

"C'est vrai uniquement si tu cherches des informations auxquelles seuls les morts ont accès. Et je suis même presque sûr que si on attend encore quelques mois, tout sera accessible à tout le monde.
-Je ne vois pas ce que tu veux dire.
-Il s'avère que cette bande de zigomards, fit Antoine en montrant les sbires de Renaissance à l'oeuvre de l'autre côté, cherche plus ou moins la même chose que toi.
-Giratina ?
-En effet, mais dans leur cas, ils n'ont pas le pouvoir que tu as de passer d'une dimension à l'autre comme ça. Alors ils se sont plongés comme toi dans les livres de mythes et autres contes de Sinnoh. Il s'avère, mais tu le sais déjà, que dans la mythologie Pokémon, le Dieu Giratina était le demi-frère d'Arceus. A ce titre il possédait autant de pouvoir que les autres demi-frères du dieu tout puissant.
-Attends, tu m'as perdu... Arceus ?
-Oh, en effet, tu n'as sans doute pas lu ça dans tes livres. Coup de chance, c'est le seul sujet sur lequel Giratina autorise de discuter à loisir avec les vivants. Et tu vas très vite comprendre pourquoi !"

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Antoine prit alors un ton moins enjoué, plus pédagogique et entreprit d'apprendre à Cyrus de quoi il était question.

"On va faire très simple. Arceus est le pokémon originel. Celui qui a tout créé, de la Terre jusqu'aux étoiles en passant par les hommes, les animaux et les plantes. Il en est aussi le gardien, et celui grâce à qui on peut prendre le contrôle total de cet univers si jamais il venait à être capturé. Problème, on ne sait pas qui a créé Arceus. L'intéressé s'est donc très vite demandé "Et s'il n'existait pas de quoi contrer ma toute-puissance ? Que se passerait-il si on me capturait ?". Ainsi il a créé à partir de son ADN plusieurs autres créatures dont le pouvoir était censé contrer le sien en cas de grosse tuile. Mais, parce qu'il ne voulait pas que ces créatures puissent à leur tour mettre un bazar monstre s'ils venaient à être capturés, il ne leur a donné qu'une partie de ses pouvoirs. Comme ça en cas de pépins, il aurait eu le dessus.
-Ce qui veut dire qu'il faut réunir TOUS les Pokémon issus de cette création pour pouvoir contrer Arceus.
-Exactement, et c'est là qu'est l'os !"

Antoine reprit sa respiration et continua:
"En effet, si quelqu'un, et c'est le cas de Renaissance, cherche à réunir le pouvoir de tous les Pokémon légendaires, il aurait suffisamment de puissance pour forcer Arceus à se rendre, le capturer et ainsi avoir le contrôle total de l'univers. Ce quelqu'un se retrouverait alors avec le pouvoir d'Arceus PLUS son contre-pouvoir dans les mains. Soit deux fois la puissance nécessaire pour créer un univers tout entier !
-Mais je ne vois pas en quoi c'est lié à notre affaire !
-Tout juste Auguste ! Il s'avère qu'il y'a longtemps, Giratina était, comme ses deux frères Dialga et Palkia, enfin, frère est un abus de langage comme tu t'en doutes, mais passons... Giratina, donc, vivait au côté de ses congénères dans un monde à part. Mais un jour où les problèmes étaient légion, Giratina décida de prendre le parti des humains et de leur porter assistance contre un grand danger qui les menaçait, qui ne fut pas du goût d'Arceus qui l'envoya en punition dans une dimension perdue dont il ne pouvait plus sortir. Cette dimension donne sur celle des vivants par une porte, située précisément dans ce temple. Je te passe les détails, mais il s'avère que toutes les sécurités prises pour cacher ce temple à la vue des humains ont été déverrouillées...
-Et par qui ? Qui les a déverrouillées ?
-Ahem... En fait, c'est nous..."

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Cyrus resta interdit alors qu'Antoine semblait gêné.

"C'est aussi notre faute s'ils contrôlent Dialga également si tu veux tout savoir. Le professeur Sorbier l'avait capturé il y'a vingt ans de cela et on pense que la pokéball de Dialga a fini entre les mains de Renaissance. Quant à ces sécurités, c'est Lilian qui les a débloquées en capturant les elfes.
-Tu veux dire, Créfadet, Créfollet et Créhelf ?
-A l'époque, on ne savait pas que leur capture allait briser le sceau qui maintenait ce temple invisible. Ce n'est que plus tard, lorsque Sorbier a cherché à combattre une maladie qui frappait mystérieusement les élus qu'il s'est intéressé à la mythologie de ce lac. Pour ta gouverne cette source contient une quantité incroyable de Poussière, la molécule qui nous a modifié génétiquement. En boire a fixé ce problème qui était lié à un mauvais réagencement de notre ADN lors du développement de nos pouvoirs."

Antoine s'arrêta, laissant à Cyrus le temps d'assimiler tout cela. Et il assimilait plutôt vite.

"L'Ombre agit à l'envers sur moi... Si je suis lié à Giratina, alors ce lac rempli de Poussière doit agir à l'envers sur lui ! C'est ce lac qui l'empêche de quitter cet endroit en absorbant tous ses pouvoirs.
-Exactement ! Tu comprends vite ! Il reste cependant une dernière sécurité qu'Arceus a mis en place. Pour invoquer les légendaires, il fallait posséder un objet particulier, que seul l'élu lié au pokémon concerné avait les pouvoirs de trouver. Il en existe un pour Palkia, pour Dialga, et notamment celui de Giratina possède un double rôle. Arceus a fait en sorte que cet objet permette de libérer Giratina si le besoin s'avérait nécessaire. C'est la clé qui ouvre la porte sur le monde des morts et cette clé est cachée dans ce temple.
-Enfin tout ça ne me dit pas comment rentrer sans être vu !
-Et c'est ce que j'essayais de t'expliquer lorsqu'on a subitement changé de sujet pour parler cuisine... Il suffit de te placer dans un autre plan... Et là, je te parle biélorusse. Donc pour faire clair, chaque dimension est constitué de plusieurs plans indépendants les uns des autres. Si changer de dimension c'est faire un saut en avant avec beaucoup d'élan, changer de plan, ça reviendrait à sauter à cloche-pied.
-En clair, je dois faire la même chose que d'habitude, mais de manière moins prononcée, c'est ça ? Mais je ne comprends toujours pas pourquoi tu as le droit de me dire ça.
-T'occupe, on discutera de ça plus tard. Maintenant, je te suggère de te dépêcher, ça fait déjà trois heures qu'ils sont entrés dans le temple..."

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"Conformément aux nouvelles lois promulguées par le gouvernement en place, sont considérés comme fugitifs recherchés, les individus suivants:
-Toute personne assimilée de près ou de loin au mouvement anarchiste nommé "Nouvelle Alliance". Ceci inclut également les champions dissidents des arènes et les membres du conseil de l'ancienne Ligue Pokémon. La liste des personnes recherchées est affichée devant les centres Pokémon de chaque ville.
Conformément aux nouvelles lois promulguées par le gouvernement en place, sont considérées comme illégales et passibles d'une arrestation immédiate les actions suivantes:
-La protection, l'aide morale ou logistique, ou la dissimulation d'un membre du mouvement anarchiste nommé "Nouvelle Alliance".
-Le non-respect du couvre-feu instauré par le gouvernement en place.
Tout contrevenant se verra emprisonné pour la durée estimée nécessaire par le tribunal d'urgence en attendant son jugement définitif par ce dernier."

Le tract de Renaissance fut arraché du panneau d'affichage public de Féli-Cité d'un mouvement sec, par un homme grand, colossal même, dont les yeux noirs emprunts de reflets rougeoyants donnaient l'impression d'être deux puits sans fond donnant sur le centre de la Terre.

Ses cheveux d'un rouge ardent volaient au vent, donnant l'impression qu'il possédait une crinière de feu. Sculpté comme un athlète, ses muscles saillants étaient visible sur son torse nu, dont le torse était à peine couvert par une écharpe faite d'un tissu si fin qu'on aurait cru qu'elle allait se disperser au vent, tel du sable du désert.

Il avait le regard sérieux, presque grave, alors que de sa bouche s'échappait un léger bruit montrant son mépris vis à vis d'un tel tissu d'inepties.

"Tss, c'est véritablement n'importe quoi, dit-il d'une voix forte, emprunte d'une puissance à peine dissimulée...
-Et dire qu'il ne leur a même pas fallu six mois pour en arriver là, lui répondit une autre voix qui, bien que plus claire, semblait tout aussi puissante.
-C'est là que tu fais erreur, Kyra... Je suis certain que c'était préparé depuis longtemps. Je ne crois pas que l'histoire puisse se répéter de manière aussi similaire par hasard..."

La dénomée Kyra était une femme très belle. Des yeux d'un bleu profond, une robe longue de même couleur dont la traînée flottant sur le sol ressemblait aux vagues qui sans cesse parcouraient les océans. C'était une véritable sirène au visage mystérieux et au corps sculptural exempt de tout défaut. Ses cheveux longs, ondulés et soyeux étaient maintenus ça et là par quelques pinces qu'on aurait dit faites de nacre pure.

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Sa beauté candide fut cependant troublée lorsqu'elle fronça les sourcils.

"Enfin Gregory, tu penses que nous subissons toujours les conséquences de cette altération du continuum ?
-C'est ce que dit le livre. Tu le sais, tu as veillé sur un de ces bouquins pendant des années, fit-il d'un ton sûr de lui, mais sans jamais paraître hautain.
-Je sais, et pourtant, je ne peux m'empêcher de me demander à quoi nous servons, si nous sommes tous liés par un destin aussi implacable.
-C'est justement la raison de notre présence ici, Kyra. Je n'ai pas l'intention de laisser Archie nous empêcher d'agir si la seule alternative possible à cet apocalypse dépend en partie de nous.
-Tu sais qu'il ne nous laissera pas faire... Regarde ce qui est arrivé à Gérard.
-Je ne pense qu'à lui justement. Son retour silencieux est un signe du destin justement. Et même si Archie a le pouvoir absolu, il sait que nous sommes son contre-pouvoir. Il sait qu'ensemble, on peut se mettre en travers de son chemin. De toute façon, on ne pourra pas se cacher éternellement. Avec les élus, nous sommes la cible principale de Renaissance."

Dans la ruelle déserte, des pas rapides se firent entendre. Quelqu'un s'approchait des deux inconnus.

"Il faut partir fit la voix de la nouvelle venue, une patrouille arrive et le couvre-feu est en place depuis bientôt deux heures. On ne doit pas nous trouver là."

Alors que la jeune femme rejoignait finalement ses deux compagnons, elle quittait la zone d'ombre dans laquelle elle s'était dissimulée pour devenir tout à fait visible. Légèrement vêtue, elle possédait des atouts qu'elle n'avait pas à envier à Kyra. Bien que totalement différente, elle possédait une grâce au moins égale à celle de son amie. Ses grands yeux verts semblaient observer le monde tels ceux des faucons, des yeux perçants et à l'affût du moindre détail. Elle était très légèrement vêtue, une sorte de paréo de plumes masquant ses hanches alors qu'un bandeau large enserrait sa poitrine opulente. Telle une Amazone, elle avait cet air sauvage de femme rebelle, libre comme l'air.

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"Je crois qu'on n'a plus rien à faire ici de toute façon, fit Kyra.
-Rayane, combien sont-ils ? demanda le colosse aux cheveux carmin. On peut aisément s'en débarrasser.
-Non, Gregory, fit l'amazone aux cheveux d'un vert profond, dont les mèches semblaient bouger comme les plumes d'un oiseau porté par le vent. Tu sais qu'Archie n'aimerait pas ça. A supposer que nous puissions agir, nous n'aurons droit qu'à un seul essai. Inutile de se battre contre du menu fretin."

Serrant le poing, Gregory réussit à contenir sa fureur. C'était un sanguin, un homme très terre à terre qui s'énervait facilement... Et quand il était énervé, mieux valait ne pas être sur sa route. Il distribuait les coups comme un volcan crachait sa lave. Lorsqu'il serra le poing, on aurait dit que la terre tremblait au rythme des battements de son coeur.

"Foutu Archie...
-On parle de moi ? fit une quatrième voix sortie de nulle part."

Le vent retomba soudainement, alors que les immondices qui jonchaient les rues et que ce vent faisait voler se figeaient en l'air, comme si le temps s'était arrêté. A vrai dire, c'était exactement ce qu'il se passait.

Au milieu des trois protagonistes, une lumière blanche se matérialisa, et Archie en sortit. De minces lunettes à monture d'or soulignaient son regard gris. Bien que jeune, ses cheveux blancs donnaient l'étrange impression d'un être intemporel, qui se jouait des lois du temps et de l'espace. Son costume immaculé renforçait cette impression d'être divin, hors du monde et de sa corruption.

"Vous comptez vraiment finir comme Gérard ? fit-il d'un ton sans aucune animosité, presque peiné d'entendre de telles choses de la part de personnes qu'il considérait vraisemblablement comme des amis.
-Archie ne t'énerve pas, fit Kyra la première.
-Oh, mais je ne suis pas énervé, reprit l'homme aux lunettes d'argent. Un petit rappel des règles tous les deux ou trois cents ans ne fait jamais de mal.
-Sauf que nous n'avons pas l'intention de suivre les règles cette fois-ci, répondit sans hésiter Grégory. Nous sommes en danger, Archie ! Et tu le sais."

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Archie serra les dents. La dernière fois que quelqu'un s'était monté la tête avec lui de cette manière, ça avait très mal fini.

"On a dit la même chose la dernière fois et tu sais comment ça a fini. Nous avons vécu plus de mille ans de tranquillité depuis. Inutile de s'alarmer.
-Il a raison Archie, reprit Rayane. Il y'a mille ans, il nous suffisait de nous enfouir dans un coin reculé pour pouvoir être tranquille. Et nous avions le soutien du peuple d'Omagua. Mais la technologie a évolué depuis, et le seul descendant des cités de l'Or conscient de son rôle a déjà bien du travail avec les Elus.
-Et les Elus y arriveront tout seuls, si tel est leur destin.
-Et si le destin avait décidé qu'on les aide, Archie ? Il aura belle figure ton principe de non-ingérence, quand nous tomberons les uns après les autres, et qu'ils utiliserons nos pouvoirs pour te faire tomber.
-Je suis désolé de le dire, continua Gregory, mais on n'est même pas sûr de vivre libre demain. Peut-être qu'ils sont déjà en marche pour nous capturer ! Et après nous, ce sera toi ! On n'est plus au temps où un chevalier un peu plus doué et persévérant que les autres arrivait à capturer l'un d'entre nous, et nous relâchait à sa mort ! Ils sont déjà sur nos traces.
-Si tel est notre destin, nous serons capturés... Les enfants ont la pierre désormais, et ils sauront comment s'en servir pour nous libérer.
-Pardonne-moi de ne pas être aussi optimiste que toi ! Je n'ai pas l'intention de me laisser capturer sans rien faire ! En me battant avec les Elus, je me bats pour ma survie, et ça, c'est permis dans ton code divin, je me trompe ?
-Il est vrai que tu peux te défendre, Gregory. Vous pouvez tous vous défendre. Mais au moment même où vous dépasserez le strict cadre de l'auto-défense pour attaquer de votre chef, la sentence vous tombera dessus. C'est la loi !
-Et bien crois-moi Archie, le jour où je devrai dépasser ces bornes que tu as arbitrairement fixées, tu auras intérêt d'agir vite, parce que je ne vais pas perdre mon temps à t'attendre."

Dans un nouveau tremblement de terre qui soulevait des quantités de poussière, Gregory disparut, laissant Archie seul avec les deux jeunes femmes.

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Il soupira en songeant à ce qu'il devrait faire si son ami continuait ainsi dans l'erreur.

"Et vous, les filles, vous en pensez quoi ? demanda-t-il sans conviction."

Kyra prit la main d'Archie délicatement, avec dans les yeux un mélange de peine et de conviction qu'ont les humains quand il doivent faire des choix cornéliens.

"Tu sais qu'on ne peut pas faire autrement, Archie. Si on s'est incarnés tous les trois, ce n'est pas parce que la compagnie des hommes nous manquait... C'est parce que c'est le seul moyen de les surveiller."

Rayane, moins émotive, restait dans son coin les bras croisés.

Elle ajouta cependant:
"Les choses ont changé, Archie. Regarde ce mouvement, cette "Renaissance". Ils ont modifié les lois du monde des hommes pour en tirer avantage. Tu dois en faire de même si nous voulons avoir une chance."

Lâchant la main de son ami, Kyra ajouta, une perle salée coulant au coin de l'oeil:
"Nous agirons de toute façon, Archie. Nous agirons quelle que soit ta décision. Que tu nous y autorise ou pas, nous allons faire ce que nous devons faire... Au revoir Archie..."

Une pluie torrentielle s'abattit sur la place déserte. On n'y voyait plus à dix centimètres. Quand elle s'arrêta quelques secondes plus tard, Kyra avait disparu.

"Et tu feras ce que tu dois faire dans ce cas là, je suppose, fit Rayane avec une moue de désapprobation.
-On ne modifie pas les lois du monde comme les humains ratifient un traité de paix !
-Et pourquoi pas ? fit l'Amazone en se rapprochant de l'homme immaculé. Un traité c'est quoi ? C'est dire arbitrairement que la paix est instaurée entre un jour donné et le jour suivant. Si je veux tuer mon voisin le lendemain du traité, ça ne remettra pas ce dernier en cause... Tout ceci est arbitraire, Archie. Il ne faut pas modifier les lois du monde pour des prétextes puérils, c'est certain. Mais il y'a des moments où il faut agir et celui-ci en fait partie. Et puis on leur doit déjà la vie à ces gamins. TU leur dois la vie. Par deux fois ils ont empêché la destruction de ton univers, dois-je te le rappeler..."

Elle se tut, déposa une bise de réconciliation sur la joue d'Archie en murmurant une dernière parole...

"Fais ce que tu crois bon, mais laisse-nous faire de même, OK ? A très vite !"

Et elle disparut dans une tornade de plumes qui dura à peine une fraction de secondes, laissant Archie seul avec lui-même. Le temps de regarder le ciel noir, symbole de mauvais présages, et il rétablit le cours du temps avant de disparaître dans une intense lueur blanche.

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Devant l'entrée du temple situé au delà du lac oublié de Sinnoh, des herbes se plissaient alors qu'un mince courant d'air se faisait sentir des gardes qui surveillaient les allées et venues. Ce courant d'air, c'était Cyrus qui se déplaçait, dans un constant effort pour ne pas être visible par ses ennemis. Dans son esprit, restait gravée la dernière phrase d'Antoine.

"Quoi que tu rencontres dans ce temple, garde toujours à l'esprit quelle est ta mission. Tu n'as pas de temps à perdre pour une vendetta."

S'il faisait allusion à Giratina, il ne comptait certainement pas en arriver là. Une fois dans le temple, il n'aurait sans doute que très peu de temps avant de croiser une des nombreuses équipes d'exploration qui avaient déjà passé la porte.

Lorsque ce fut son tour de s'aventurer dans le temple, il remarqua tout de suite que l'atmosphère semblait lourde, et qu'il semblait flotter un brouillard fin qui empêchait néanmoins de voir plus loin que la pièce dans laquelle il était.

"Génial, ça veut dire que quand je vais tomber sur l'un d'entre eux, il vaut mieux que mon camouflage soit bien fonctionnel, sinon, je vais avoir des trous dans la peau."

Ainsi il avança dans la première salle, avant d'être confronté à un premier choix cornélien... Trois directions s'offraient en effet à lui, et rien ne semblait pouvoir distinguer la bonne des deux autres.

"Bon, et bien on va faire simple, fit-il pour lui même en partant droit devant."

Il traversa le passage qui reliait une pièce à l'autre, et bizarrement, le brouillard ne semblait pas se dissiper de manière normale. Au lieu de voir de plus en plus loin devant petit à petit, il semblait qu'il voyait toujours l'intégralité de la pièce dans laquelle il se trouvait. Au moment où il traversa l'arche qui servait de connexion entre les deux pièces, ce fut le phénomène inverse qui se produisit. La brume se dissipa soudainement dans la nouvelle pièce alors que derrière lui, la lumière de l'extérieur fut noyée avec le reste de l'entrée dans un brouillard dense.

Ceci dit, ce phénomène était loin d'être son souci principal. En effet, dans cette pièce, il y'avait un homme. Et il regardait dans sa direction.

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Cependant, heureusement pour Cyrus, il ne semblait pas le voir. Il continua alors son chemin, gravissant la petite estrade qui menait jusqu'à l'homme. On aurait dit qu'il regardait quelque chose à l'endroit précis où était Cyrus auparavant. Sans doute un indice sur l'endroit où il fallait se diriger.

L'oeil de Cyrus fut cependant attiré par cet homme... Il se dégageait de lui une telle aura. Un mélange de puissance et d'assurance qui donnait l'impression qu'il était plus qu'un homme. Ses cheveux noirs étaient parsemés de mèches jaunes, et son costume penchant plutôt sur des tons grisâtres était zébré ça et là par de longues bandes de tissu rouge.

"Restons concentrés, fit-il pour lui-même. Voyons voir ce que ce gaillard observe."

Se plaçant juste à côté de lui, il regarda une dernière fois son visage pour chercher dans quelle direction il scrutait. A son tour, il regarda au même endroit, sans rien remarquer au premier abord... Mais en y regardant de plus près, il s'apercevait...

"Qu'on ne voit rien du tout ! S'il y'a quelque chose à remarquer, pourquoi je ne le vois pas ? fit-il intrigué."

Il essaya dans tous les sens, en plissant les yeux, en regardant de biais, la tête en bas, en essayant de retourner mentalement l'image dans sa tête, mais il ne voyait rien du tout sur le mur.

"Sauf que s'il n'y a rien, que diable peut regarder ce brave homme depuis bientôt cinq minutes ?"

A ce moment là, l'intéressé se retourna vers Cyrus, et à la surprise de ce dernier prononça les mots suivants:
"Mais... toi, bien sûr, c'est toi que je regardais."

Cyrus fut pris de la plus grande frayeur qu'il ait jamais eu. Il fit un véritable bond en arrière et se réceptionna sur les fesses, ayant perdu l'équilibre dans la panique. Il continua sa route à quatre pattes, tentant d'attraper une des balls à sa ceinture pour se défendre. Mais l'inconnu l'en dissuada.

"Allons, tu ne crois pas que si je devais te faire du mal, je l'aurai déjà fait ?
-Je... Je...
-Oui, je t'en prie, développe. Tu dois sans doute avoir beaucoup de questions dans la tête. Je crois qu'une discussion nous ferait du bien à tous deux."

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Cyrus reprit sa respiration et tenta de calmer les battements de son coeur qui tambourinait dans sa poitrine.

Après plusieurs essais infructueux, il réussit à prononcer:
"Enfin... Comment pouvez-vous me voir ? Je suis pourtant passé devant les miliciens sans être repéré.
-Oh, ça... Je ne sais pas comment ton camouflage fonctionne, mais il semble qu'ici, aucun appareil électronique ne fonctionne. Ni radio, ni système de camouflage ou que sais-je.
-Sauf que, je n'utilise aucun dispositif. Je fais ça..."

Cyrus ne termina pas sa phrase. D'une part ceci aurait semblé absurde à quiconque était un tant soit peu normal, d'autre part, si ça ne le surprenait pas, alors il y'avait de grandes chances pour qu'il fasse partie de Renaissance.

"Tout seul ? Tu veux dire que... tu es une sorte de ninja ? Un professionnel de la discrétion ?"

Cyrus respira plus calmement. Pour l'instant, il n'était pas démasqué. Restait à maintenir la situation telle qu'elle.

"Plus ou moins, mentit-il. Je suis très discret. C'est une technique de manipulation mentale. Même si quelqu'un me remarquait, l'oeil ne traiterait pas l'information et l'individu m'ignorerait.
-Oh, je vois. Intéressant, malheureusement, ça ne semble pas fonctionner sur moi. J'ose espérer que tu ne voulais pas que nous ne nous rencontrions pas...
-A... A vrai dire j'ignore qui vous êtes et ce que vous faites ici.
-Je pourrai te retourner la même question, jeune homme. Qui es-tu et que fais-tu ici, mystérieux manipulateur d'esprits ?
-A vrai dire, je ne sais pas si je peux vous faire confiance, sans vouloir vous offenser..."

L'inconnu réfléchit quelques secondes au contenu des propos de Cyrus. Vu d'un oeil extérieur, aucun des deux hommes n'avait agressé l'autre. Pourtant, il fallait avouer qu'il avait fichu une sacrée trouille au jeune homme. S'il était sur la défensive, alors c'était sans doute à lui de faire le premier pas.

"Il est vrai que dans les circonstances actuelles, je suis quand même un peu fautif. Aussi je tiens à te rassurer, je n'ai rien à voir avec l'organisation fallacieuse qui possède le nom de Renaissance. Et je crois que je tiens autant que toi à ne pas les rencontrer dans ces couloirs. Après, tu n'as que ma parole pour me croire, mais j'ose espérer que nous pourrons nous faire confiance mutuellement. L'ennemi de mon ennemi est mon ami, tu vois le genre d'idées auxquelles je fais appel. Maintenant, si je pouvais te demander ton nom, ça m'éviterait de t'appeler "jeune homme" ou "mystérieux inconnu"
-Je m'appelle Cyrian Versili, mais tout le monde m'appelle Cyrus...
-Oh, enchanté Cyrus. Je m'appelle Gérard... simplement Gérard."

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Tendant la main vers le jeune homme, il l'aida à se relever et épousseta ses épaules recouvertes de sable.

"Tu cherches aussi l'entrée du sanctuaire ?
-En réalité, je chercherai plutôt la clé qui ouvre cette porte.
-Mais tu cherches aussi la serrure dans laquelle va cette clé, je suppose.
-En réalité, mon but est que Renaissance n'ouvre PAS cette porte, pour qu'ils ne puissent pas prendre le contrôle de ce qui se trouve derrière. Donc si je peux juste éloigner la clé de la serrure, je pense que c'est plus simple. Et puis au moins, j'ai plus de chance de ne pas croiser les sbires de Renaissance en ne cherchant pas la même chose qu'eux.
-Ton idée prend en compte l'hypothèse selon laquelle la serrure et la clé ne sont pas au même endroit.
-Si j'ai bien compris, cette porte est sensée rester fermée, pour emprisonner ce qui est à l'intérieur. Si j'étais la personne qui avait construit cette prison, je n'aurai pas mis la clé juste devant la porte pour que le premier venu en libère toute la puissance de ce qui se cache derrière.
-Un raisonnement on ne peut plus sensé, jeune homme."

Alors qu'il se retournait vers l'endroit où il était posté juste avant de faire une peur bleue à Cyrus, il ajouta:
"Je peux peut-être t'aider à trouver cette clé, si tel est ton dessein.
-Et comment pourriez-vous ? Vous connaissez cet endroit ?
-Il est simple de trouver la porte qui mène à l'autre côté. Mais le mécanisme est plus complexe qu'il n'y paraît. C'est une cellule qui ne s'ouvre que de l'intérieur. Et la clé, elle, est soigneusement cachée dans ce temple, c'est à dire à l'extérieur de la cellule.
-Mais c'est impossible, on ne peut pas accéder à la cellule ailleurs que par ici !
-Ah bon ? fit Gérard intéressé. Et comment sais-tu cela ?"

Cyrus se réfréna. Il ne devait pas révéler sa nature à un inconnu de manière aussi stupide.

"Je veux dire... S'il y'a un autre moyen d'accéder à la cellule, à quoi servirait cette porte là ?
-Oh, la question est en effet bien légitime. Mais si j'avais la réponse à celle-ci, je ne serai pas là à t'attendre. Je crois qu'il te faudra deviner ceci seul. Mais ma proposition pour trouver la clé tient toujours. Alors, pouvons-nous y aller ?"

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Cyrus acquiesça, et suivit l'inconnu dans un dédale de pièces toutes semblables les unes aux autres. Il espérait que cet homme sorti de nulle part savait ce qu'il faisait car il était d'ores et déjà incapable de se rappeler de son itinéraire. Quelques fois, dans des pièces qui, au lieu de contenir une estrade vide, possédaient une colonne gravée de symboles, qui semblait soutenir le poids du plafond sur la pièce, l'homme en costume s'arrêtait et soufflait sur le bas de la colonne pour révéler des chiffres dissimulé sous la poussière. Mais à chaque fois il prenait une mine renfrognée et repartait sans donner plus d'explications à Cyrus.

"Je peux savoir ce qu'on fait ? demanda le jeune homme.
-Ce temple est hors du temps et de l'espace. Chaque pièce n'a aucune position définie par rapport à une autre, et il n'y a de temps propre que celui qui s'écoule dans la pièce. Tout droit, il y'a le passé, ou peut-être le futur. Et si je fais demi-tour, peut-être que je ne reviendrai pas dans la pièce que j'ai traversé juste avant.
-Dans ce cas, comment vous dirigez-vous ?
-Le labyrinthe est doté de sanctuaires. Des zones qui, comme celles que nous avons traversé, possèdent des piliers de pierre avec des inscriptions dessus. Chaque pilier a été construit à une époque différente, et les pièces qui n'en possèdent pas sont celles où des piliers n'ont pas encore été bâtis.
-Je vois, chaque pilier est donc le seul repère qui place une salle dans un temps et un espace donné.
-Exactement, jeune homme. Et nous cherchons la pièce dans laquelle se trouve un certain pilier qui fut érigé à une date et pour un but précis.
-Garder la clé... Autant dire que si c'est le but de ce temple que d'emprisonner Gir... quelque chose derrière ses murs, alors ce pilier est parmi les plus anciens.
-Exactement. Mais pour le protéger, les créateurs du labyrinthe ont créé plusieurs piliers en même temps pour que même à cette époque là, le vrai pilier soit dissimulé. En réalité, je me dois de te le dire, nous avançons au hasard."

Cyrus écarquilla ses yeux. Cela faisait plus de vingt minutes qu'ils avançaient sans savoir où ils allaient ? Mais comment allaient-ils retrouver leur chemin ?

"Mais, si c'est un labyrinthe, comment allons nous nous retrouver ?
-Ce temple n'est un labyrinthe que pour ceux qui y cherchent quelque chose. Ceux qui abandonnent leur quête peuvent sans crainte se diriger dans la direction opposée à celle où le regard se porte sur les inscriptions des piliers. Tu remarqueras qu'à chaque fois, nous nous dirigeons ailleurs que dans cette direction. N'ais crainte, nous touchons au but."

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Sur la surface de métal, une goutte se mit à grossir, petit à petit. Lorsqu'elle fut suffisamment lourde pour que la gravité l'arrache à ce plafond d'acier, elle ne se pria pas pour chuter dans un "ploc" qui pouvait sembler aussi bruyant qu'un coup de feu dans les couloirs déserts de l'Arche. Une autre goutte, puis une autre encore...

Des bruits de pas se laissèrent entendre à un bout du couloir. De plus en plus forts, ils n'arrivaient cependant pas à couvrir le bruit si particulier de ces gouttes d'eau qui tombaient. Des pas légers, typiquement féminins. Et puis une voix qui fredonnait une chanson... Pour se rassurer sans doute en ces temps incertains où la mort vous guettait à chaque coin de rue.

En passant sous la gouttière, la jeune fille au cheveux auburn, sentant encore l'odeur de la coloration qu'elle avait utilisé quelques jours plus tôt, cette jeune fille, donc, sentit une goutte froide lui atterrir sur le crâne. Levant à peine la tête, elle continua son chemin, alors qu'un point rouge très lumineux venait d'apparaître à l'endroit précis où les gouttes se formaient. La flaque elle, semblait bouillir de l'intérieur, et il ne subsista bientôt de la fuite qu'un point noir là où l'acier avait été soudé comme par magie.

"Lilian se laisse aller, fit-elle pour elle-même. Il y'a quelque mois, il n'aurait jamais laissé la structure se dégrader de manière aussi prononcée.
-Il faut le comprendre, fit une autre voix venant de nulle part. C'est dur de songer que son meilleur ami est mort par sa faute."

Kim se retourna, cherchant l'origine de ces paroles. Après un instant de confusion, elle reconnut la voix.

"Oups, désolé, je n'ai pas pris l'habitude de contrôler mes pensées."

La voix de Nina, dont Kim trouva enfin la source, son esprit, se fit plus discrète, alors que la jeune élue rattrapait son aînée. Cette fois-ci, elle n'était pas talonnée par une petite boule de poils sur pattes. Morph était parti en mission avec Jess.

"C'est étrange, mais dans ces couloirs, la voix...
-... résonne de manière impressionnante, termina Kim. Je vois que tu fais des progrès concernant la transmission de pensée.
-J'ai encore du mal à séparer ce que je veux garder pour moi de ce que je veux partager, mais c'est en bonne voie."

Il fallait dire aussi que Nina avait tout intérêt à progresser dans ce cloisonnement de son cerveau, vu que quelques semaines auparavant, tout le monde s'était mis à rêver de Cyrus parce qu'elle avait passé la nuit à pleurer sur sa disparition, après l'attentat manqué de Féli-Cité, une disparition dont elle s'attribuait la faute. Repensant à cet évènement, Kim et elle sourirent pour la première fois depuis longtemps.

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"Tu permets que je t'accompagne dans ta marche solitaire ? demanda l'élue de la Roche à sa congénère.
-Même si par définition, elle ne sera plus solitaire, tu es la bienvenue. Comment vas-tu ?"

Nina soupira. Elle avait toutes les raisons de déprimer, tant sur le plan personnel que concernant son rôle d'élue.

"Voyons, tu veux la version courte ou longue ?
-La version la plus récente que tu ais à me donner me suffira. Je connais bien toute l'affaire désormais.
-Et bien je commence à me faire à l'idée que je ne reverrai peut-être jamais Cyrus, qu'il me déteste et qu'il a toutes les raisons pour. Jess m'a juré que s'il remettait la main sur lui, il tâcherait de lui expliquer tout ça, mais je suis persuadé qu'il pourrait éviter cette conversation en s'évanouissant dans la nature comme il l'a fait cette fois-là. Et puis Jess est déjà bien occupé avec ses missions. Autant dire que la probabilité qu'ils se croisent est presque nulle. Et encore, "presque" nulle si Cyrus est toujours dans ce monde. S'il se balade dans la quatrième dimension où Dieu sait quel plan astral, on peut toujours courir pour le retrouver.
-Ca va faire combien de temps que tu n'as plus de nouvelles ?
-Ca fait combien de temps qu'Antoine est mort ?"

A nouveau un soupir, partagé cette fois-ci. Kim répondit tout de même, ayant cette date figée dans sa mémoire comme un couteau planté dans une blessure.

"Cinq mois et treize jours.
-Déjà... Le temps passe si vite. J'ai l'impression que c'était hier.
-J'ai surtout l'impression que depuis ce "hier", nous n'avons rien fait, et que le monde lui a viré à l'apocalypse... Je ne me rappelle plus comment le conflit avec Sento avait commencé, mais j'ai cette étrange impression de déjà-vu qui m'assaille à chaque fois que je regarde les nouvelles. Réseaux censurés, chaîne de télé et de radio contrôlées, couvre-feux, émeutes réprimées de manière plus que sanglante...
-Sans compter la question la plus importante... Qui est à la tête de tout ça ?"

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Depuis plus de cinq mois en effet, le sujet au coeur des publications résistantes était celui-ci: qui dirigeait Renaissance ? Qui était la tête du serpent qui avait déjà fait tant de victimes par sa morsure mortelle ?

Les villes semblaient garder un semblant d'ordre grâce aux milices créées par l'organisation, mais dès les banlieues les plus proches du centre, c'était l'anarchie, et les factions résistantes partageaient le territoire avec les gangs fraîchement créés et les pilleurs de tous bords. Contrairement au dictateur fou de Sento, ceux qui dirigeaient Renaissance avaient fait des réseaux de communication leur cheval de bataille. Les satellites étaient de plus en plus nombreux dans le ciel à être piratés, et ce n'était qu'une question de temps avant que le réseau Phénix tout entier ne tombe aux mains de Renaissance.

La protection de toute l'infrastructure technologique de la Nouvelle Alliance avait été laissée aux mains d'Arno, qui ne pouvait plus se consacrer à ses trouvailles technologiques diverses et variées que pendant de rares crénaux. Autant dire que depuis cinq mois, l'Arche était sur la défensive et qu'au moindre relâchement, qui arriverait tôt ou tard, Renaissance couperait le lien qui unissait l'Arche à toute civilisation. Ce ne serait ensuite qu'une affaire de temps avant que le réseau de satellites soit reconfiguré pour mettre à jour toutes les bases sous-marines de l'Alliance, l'Arche la première.

"Le plus triste dans cette histoire, c'est que petit à petit, on perd notre statut de sauveurs de l'humanité pour devenir rien de plus qu'une milice armée parmi tant d'autres.
-Que veux-tu dire ? demanda Nina.
-Et bien pour être sûrs de ne pas être remarqués, il nous faut couper les yeux et les oreilles du monstre. Tromper des satellites n'est pas chose aisée, mais quand on n'arrivera plus à se camoufler, il faudra en venir aux moyens plus "radicaux".
-Tu veux dire détruire les infrastructures ? Commettre des attentats ?
-Dans lesquels mourront forcément des innocents et dont les retombées atteindront encore plus d'innocents. Coupe leur l'électricité un matin et Renaissance sortira un tract dans l'après midi pour dire "Vous voyez, ils vous font du mal, ils vous privent de votre droit de vivre humainement, c'est la Nouvelle Alliance l'ennemie." Il faut se rendre à l'évidence. Dans quelques semaines, peut-être quelques jours même, il va falloir agir. Et ce jour-là, la Nouvelle Alliance ne sera plus perçue comme l'aide divine, la force en laquelle certaines personnes croient, la chose qui leur permet de se lever le matin. Si tu crois que l'état du pays est catastrophique, attends de voir ce que feront les gens à ce moment là !"

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Continuant d'avancer dans les couloirs, Nina et Kim arrivèrent finalement à l'endroit où la première devait se rendre: sa chambre.

"Tu veux rentrer ? Continuer cette conversation ?"

Kim hésita un instant. Elle ne devait pas perdre trop de temps ici, elle avait encore des choses à faire. Mais elle avait aussi besoin de partager ce qu'elle avait sur le coeur avec quelqu'un.

"Pourquoi pas ? Mais vire-moi à grands coups de pied là où je pense d'ici un quart d'heure maximum ! Il faut que je fasse ma part de travail si on veut maintenir le bateau à flot.
-Assieds-toi, je t'en prie."

Prenant ses aises, l'élue du feu se laissa aller à un nouveau soupir, résumant à lui tout seul l'état de désespoir dans lequel la situation était plongée.

"Et là, pourquoi tu soupirais ? demanda Nina en s'asseyant sur son lit.
-Aucune idée... Sans doute pour la même raison que tout à l'heure...
-L'impression que les choses t'échappent ? Que tout va mal finir et que tu n'as rien fait pour l'en empêcher ? Bien sûr, je ne dis pas que je sais ce que tu ressens, mais j'ai ce genre de pensées assez souvent en ce moment alors..."

Kim sourit, plus par politesse cette fois-ci. C'était à son tour de vider son sac.

"C'est un peu plus que ça. J'ai vécu la guerre à Sento. Aussi loin que je me souvienne, les plus vieilles images dans ma tête sont des réminiscences parlant de peur et de violence. Et puis cette guerre m'a enlevé mes parents. J'ai retrouvé la paix et la sécurité avec les gens de l'Alliance. Et voilà que Sorbier meurt, qu'Antoine meurt, et que le monde sombre à nouveau dans le chaos. C'est plus qu'une bataille perdue pour moi... C'est un pas, que dis-je, un bond en avant vers un endroit où je ne veux plus jamais mettre les pieds. Tu comprends ?"

Bien sûr que non, elle ne pouvait pas comprendre. A son tour, Nina baissa les yeux. Elle allait ponctuer à nouveau cette conversation par un soupir de tristesse quand ses yeux abaissés rencontrèrent le talisman qui ne l'avait jamais quitté... Le cristal qui ornait sa gorge de son éclat pâle.

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Et là, avant même qu'elle ne comprenne de manière claire ce qu'elle avait décidé de faire, elle fut frappée par la facilité par laquelle elle pouvait l'accomplir.

"On peut... On peut éviter tout ça ! fit-elle comme une évidence.
-Je me demande bien comment, fit Kim loin d'être gagnée par l'euphorie de son amie.
-Grâce à ça, fit Nina en montrant Destinée. Je ne sais pas comment, mais je le contrôle ! C'est vrai qu'on ne peut jamais dire qu'on a fini d'apprendre, avec de tels pouvoirs, mais je maîtrise l'essentiel de mes dons, et le reste, je ne peux l'apprendre que par moi-même. Et Lilian l'a dit, c'est grâce aux pouvoirs de la Roche que j'ai réussi à faire marcher ce cristal ! C'est peut-être pour ça que j'ai reçu ces dons ! Seuls, ils sont à peine aussi puissants que les tiens, mais avec Destinée... Avec ce cristal on peut faire changer les choses ! C'est à ça que je dois travailler !
-Tu oublies une chose, Nina. Tu peux maîtriser ce cristal, utiliser ses pouvoirs, mais ça ne fera qu'attirer encore plus l'attention sur toi. N'oublie pas qu'on a essayé de t'enlever, et la personne derrière tout ça avait sans doute prévu ceci ! Si, comme je le pense, ton enlèvement et le meurtre du professeur sont liés à la montée en puissance de Renaissance, il y'a fort à parier que tu es très haut sur leur liste des cibles à abattre.
-Il ne faut pas penser à ça ! Chacun des membres de la Nouvelle Alliance risque sa vie à chaque fois qu'il part en mission ! C'est ce qui régit nos vies !"

Nina était essoufflée après un discours aussi passionné. Elle se demanda même d'où lui était venue cette fougue. Mais il semblait qu'elle soit communicative.

Kim semblait en effet considérer d'un oeil nouveau l'ensemble des choses. Si c'était possible, et ça l'était certainement, qui pourrait les arrêter ?

"On n'a besoin que d'une chose, expliqua Nina. Montrer aux gens qu'on est là et qu'ils peuvent compter sur nous. Il nous suffit d'une seule action, bien ciblée, avec une bonne couverture médiatique pour redorer notre image. De là, on arrivera à prolonger le status quo qui maintient ce monde en équilibre au dessus du gouffre du chaos.
-Je... Il faut en avertir Lilian.
-Pas question. Il est trop traumatisé par la mort d'Antoine pour nous laisser prendre de tels risques. Il faudra faire ça à notre façon. De la conception du plan jusqu'à son exécution, nous travaillerons en comité réduit. Reste à savoir qui voudra bien rejoindre ce "comité".
-Ne crois pas que Lilian est contre nous. On sera plus nombreux que tu le crois, Nina... Je crois... je crois qu'on est nombreux à vouloir que les choses changent... Il suffit d'une étincelle..."

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Cyrus resta cependant très inquiet, et pour de nombreuses raisons. Tout d'abord, il leur fallut encore une bonne dizaine de minutes avant que Gérard ne daigne sourire devant un pilier. De plus, Cyrus ne pouvait s'empêcher de se demander pourquoi et comment il connaissait de telles choses sur le temple. Enfin, il était toujours possible que dans leurs pérégrinations, ils tombent nez à nez avec les membres de Renaissance.

"Nous sommes arrivés ?
-Pas encore, mais ce pilier est de la même époque que celui que nous cherchons.
-Je vois, et qu'est ce qui vous fait dire cela ?
-Oh, je parcours ces lieux depuis longtemps. Et je sais comment pense ce labyrinthe."

Cyrus le suivit donc, à peine plus confiant qu'auparavant.

"Mais on parle de milliers d'années, comment pouvez-vous être sûr que ce pilier est de cette époque ? Vous n'étiez pas là..."

Gérard sourit seulement, laissant Cyrus deviner par lui-même ce que ses propres propos impliquaient.

"Oh, je vois, c'est sans doute du au fait que nous voyageons dans l'espace-temps à chaque fois que nous changeons de pièce.
-Sans doute en effet. Mais nous avons déjà croisé plusieurs dizaines de piliers et jamais deux fois le même. Plus nous avançons et plus la probabilité de tomber sur le bon grandit."
Et en effet, il ne crut pas si bien dire. Passant l'arche reliant la pièce à la suivante, ils tombèrent sur une autre pièce... Loin d'être vide ! En effet, autour du pilier s'affairaient déjà des dizaines de personnes, dont certaines étaient armées.

"Rassure-toi, ils ne peuvent pas nous voir.
-De quoi ? Je croyais que mon camouflage était...
-Je t'ai menti. En réalité moi aussi je me sers du même camouflage que toi, ce qui nous rend mutuellement visibles l'un l'autre."

Cyrus réfléchit longuement à l'absurdité de cette phrase. Ils ne pouvaient pas utiliser le même camouflage vu qu'il lui avait lui aussi menti sur la nature de ce dernier. Mais bon, dans ce monde sans temps ni espace, il n'était plus à une incohérence près.

"A votre avis, c'est le bon pilier ?
-C'est lui, sans aucun doute."

En effet, parmi les chiffres représentés, l'oeil de Gérard semblait reconnaître tous les signes qu'il cherchait. Un 1 symbolisant sans doute que ce pilier était le tout premier sculpté. Un autre, 487, représentait le numéro de Giratina dans la longue liste des Pokémon connus. Et ainsi de suite. Tous les chiffres correspondaient.

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"Reste à trouver la clé, fit Cyrus.
-Elle est ici, et elle n'y est pas...
-Je ne comprends pas, arrêtez de parler en énigmes, j'ai suffisamment l'habitude avec..."

Et là Cyrus tiqua à nouveau. Non pas parce qu'il avait encore une fois failli se démasquer, mais parce que cette phrase avait pour lui un sens connu. Tout autour du temple se dressait une muraille infranchissable dans l'autre monde. Mais rien ne disait que cette muraille n'était pas creuse... Il bascula alors de l'autre côté, du moins il tenta, sans parvenir à y arriver.

"Je ne comprends pas... Pourquoi je ne peux pas accéder à l'autre... camouflage, fit-il pour se rattraper.
-Oh, sans doute parce que celui qui te cache aux yeux de ces scientifiques est déjà actif, fit Gérard sans se démonter.
-Mais ce camouflage n'a rien à voir avec... hé, une seconde... Ca n'a peut-être rien à voir avec ce que vous croyez, mais ça a quand même quelque chose à voir avec mon problème."

Gérard hocha poliment de la tête en constatant que Cyrus comprenait tout seul. En effet, vu qu'il était dans un autre niveau d'énergie, il ne pouvait pas changer de dimension sans revenir au niveau d'énergie précédent.

"Ca veut dire qu'ils vont me voir pendant une fraction de secondes.
-C'est un risque à courir, je pense."

Cyrus soupira. C'était encore et toujours lui qui prenait tous les risques.

"Et bien il faut espérer que celui-ci ne soit pas celui de trop."

Il se concentra à nouveau, et dans sa tête, il lui semblait avoir changé de plan, mais rien autour de lui ne lui indiquait qu'il avait réussi. Personne ne regardait dans sa direction et il n'avait émis aucun son.

"Ca, ça peut s'arranger, pensa t'il."

Il siffla alors de manière à être entendu par tout le monde ici. Voyant que les têtes commençaient à se tourner, il comprit qu'il avait réussi et n'attendit pas d'y être invité pour disparaître dans l'autre monde. Au maximum, il avait été vu un millième de secondes par des coins d'yeux qui avaient eu le temps de converger vers sa direction avant qu'il ne change de dimension. Du moins l'espérait-il.

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Et de l'autre côté, le spectacle était plus qu'intéressant. En effet, dans ce monde, le pilier existait toujours, mais était creux. Se dirigeant vers la niche qui contenait certainement la clé qui ouvrait la cellule de Giratina, Cyrus sembla déçu en s'apercevant qu'il ne s'agissait que d'un objet très primitif, ayant la forme d'un octaèdre. Recouvert de poussière, il semblait terriblement anodin. Mais Cyrus espérait secrètement que Gérard ne s'était pas trompé alors il prit l'objet dans ses mains. De la taille d'une grosse pomme, il était froid au toucher. Sans doute fait de métal. En soufflant dessus, Cyrus révéla une couche d'un métal brillant et qui, depuis les milliers d'années pendant lesquels il avait été entreposé, semblait avoir prouvé son caractère inoxydable.

"C'est... de l'argent ?
-Du platine, en réalité, fit une voix désincarnée dans le dos de Cyrus."

Se retournant, il vit là où se tenait Gérard dans le monde réel une créature gigantesque qui lui glaça le sang. Elle possédait des ailes noires comme la nuit et son corps serpentin était orné d'anneaux rouges. Il possédait également, semblant avoir été greffées par un généticien fou, quatre pattes massives collées à son torse de serpent. Son visage, lui était caché par un masque de métal brillant... Ou peut-être que ce métal était son vrai visage...

"Qui... qui êtes vous !
-Voyons Cyrus, ne me dis pas que tu es surpris. Qui d'autre que moi pouvait connaître aussi bien ce labyrinthe ? Qui d'autre que moi pouvait avoir vécu pendant des milliers d'années dans ce dédale ? Qui pouvait te voir malgré ton changement de plan puis de dimension ? Je t'attends depuis des siècles, jeune élu... Et mon véritable nom est...
-Gi... Giratina, termina Cyrus en bégayant. Ca explique tout !"

En effet, cela expliquait les nombreuses allusions aux millénaires passés, leur mutuelle visibilité sous leur camouflage qui était bel et bien de même nature pour les deux...

"Mais... si vous êtes vraiment... vous ! pourquoi n'avez vous pas pris la clé tout seul ?
-Ce que tu vois n'est qu'une projection de moi-même, un avatar que je me suis fabriqué et qui hante les couloirs de ce temple. Je ne peux pas quitter ces lieux tant que mon corps reste piégé dans la prison dont tu possèdes désormais la clé.
-Et cet avatar ne peut pas quitter le temps car la Poussière détruit vos pouvoirs...
-Détruit NOS pouvoirs, Cyrus. Car tu es bel est bien l'élu qui est lié à ma condition. Toi seul peut me libérer. Quiconque tenterait de le faire à ta place n'aurait que des intentions mauvaises et se servirait de moi pour mettre à genoux mon frère et mon créateur."

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Cyrus se mit à penser plus que de raison. Les questions affluaient dans sa tête, toutes aussi importantes les unes que les autres, mais il devait en choisir une pour pouvoir commencer à comprendre.

"Dans ce cas, comment puis-je vous libérer ? Je croyais que la serrure ne s'ouvrait que de votre côté ?
-Il te faudra deviner ceci seul, jeune élu. Comme je te l'ai dit, je ne sais pas par quel stratagème Arceus a créé cette échappatoire ni comment il comptait s'en servir.
-A supposer qu'il comptait s'en servir un jour... Si c'était juste un moyen de vous convaincre de rester raisonnable en attendant du secours qui n'arriverait jamais..."

Giratina ferma solennellement les yeux, semblant avoir toujours songé à cette alternative, mais ne l'ayant jamais vraiment accepté.

"Si tel est le cas, je crois bien que ce monde est perdu... Par la folie de son créateur, triste ironie du sort..."

A nouveau, le silence s'abattit sur la pièce, totalement isolée du monde extérieur. Giratina reprit enfin:
"Il est temps pour toi de partir, jeune élu. Ton chemin est encore long et jalonné d'embûches. Eussé-je eu la connaissance des évènements futurs...
-Une seconde, et toutes ces questions ? Sorbier m'avait promis que vous pourriez y répondre.
-Ni ici, ni maintenant. Même si je ne suis qu'une illusion dans ce monde, il est toujours à la merci du Dieu Pokémon. Si je déroge à ses règles...
-Oui, j'ai compris, je commence à connaître la chanson de la sanction divine... Mais dites moi, si les morts obéissent à vos règles, que vous obéissez à celle du Dieu ultime, alors, dites-moi, à qui obéit-il ?
-Je l'espère, à la voix de la raison, dont nous nous ferons les porte-paroles... Si ce n'est pas le cas, alors nous courons tous à notre perte dans un futur très proche !
-Vous promettez de m'éclaircir quand nous nous rencontrerons de l'autre côté ?
-Je crois que j'aurai du mal à me soustraire à cette rencontre, de toute façon. S'il est dans ta destinée d'être l'élu qui est lié à moi, il faudra que nous ayons bien plus qu'une longue conversation pour que tu comprennes quel est ton rôle, quels sont tes attributs et quelles épreuves tu dois passer pour prouver ta pureté.
-Youpi, fit Cyrus faussement amusé. Ca va être encore très amusant, je suppose.
-Ce n'est pas exactement le terme que j'aurai employé", fit Giratina avec, Cyrus l'aurait juré, un sourire sur les lèvres... "Mais si ça peut te rassurer, tu as déjà réussi certaines d'entre elles. Maintenant, partons ! Tu n'as plus rien à faire ici."

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Sur le chemin menant à l'entrée, Cyrus put voir le temple sous sa véritable forme, depuis cette dimension. Une série de salle reliées entre elles par des portails de téléportation uniquement discernables par la mince aura bleue qui entourait Cyrus à chaque fois qu'il passait au travers. Des portails qui semblaient évidemment totalement indiscernables les uns des autres...

Ils étaient reliés par paires, et changeaient régulièrement de binôme, rendant ainsi le labyrinthe des salles particulièrement vicieux. Sans l'indication de Giratina selon laquelle il était impossible de traverser deux fois la même salle, Cyrus aurait tôt fait de se perdre. Après avoir vérifié ce système sur deux ou trois salles, il décida de vérifier la deuxième assertion du pokémon légendaire.

"Donc si je prends ce portail qui est juste en face du pilier, je me retrouve normalement..."

Après avoir passé le portail, il se trouva dans une pièce où un mur était condamné... Le seul mur condamné depuis qu'il était entré dans ce temple.

"Dans ce monde, le temple est condamné, c'est une prison... Donc cela veut dire que dans le monde réel, cet endroit... C'est l'entrée !"

Presque au moment où il pensait à cela, Cyrus bascula de l'autre côté, et se mit à nouveau à l'abri dans un plan parallèle afin de n'être vu par personne. Effectivement, de ce côté, la salle était à ciel ouvert. A sa droite, Giratina avait de nouveau retrouvé la forme humaine de Gérard. Cyrus ne put que remarquer les ressemblances entre son apparence et celle du Pokémon dont il était le masque.

"C'est... impressionnant... Vous me rappelez quelqu'un sous cette forme...
-C'est le signe caractéristique des incarnations. Nous avons toujours de nombreux points communs avec le pokémon que nous sommes au fond de nous. Tu en as fait l'expérience, je crois. Je sens que tu as fusionné avec un pokémon.
-Effectivement, mais le chapeau vaporeux et le collier de perles ne m'allaient pas du tout...
-En tout cas, je sens aussi que d'autres que moi se sont incarnés récemment. Sache les reconnaître au moment propice, ils te seront d'un précieux appui si le besoin s'en fait sentir."

Cyrus s'avança alors vers la lumière. Sans surprise Gérard-Giratina resta dans le temple, toujours bloqué dans sa prison millénaire.

"Avant de partir...
-Oui ? fit Cyrus en se retournant.
-Il est d'usage chez les humains de se serrer la main lorsqu'on se quitte, n'est ce pas ?"

Bien que Cyrus soit surpris par une demande aussi futile, il se prêta à l'exercice. Lorsque sa main toucha celle de l'incarnation, les deux brillèrent d'une intense lueur alors que sur la main de l'élu se fixait à jamais le symbole d'un monde et d'une époque oubliés de tous... Mais contrairement aux Elus qu'il avait pu côtoyer, ce ne fut pas une auréole qui se dessina, mais un tout autre symbole.

"Je t'expliquerai la signification de ceci un autre jour... Sans doute... Au revoir Cyrus."

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"Intéressant !"

Dans la pièce totalement plongée dans le noir, seule la lumière des écrans de surveillance éclairait le visage de la jeune femme. Ses doigts aux ongles impeccables pianotèrent sur le clavier, cliquèrent à deux ou trois endroits sur une zone précise et s'afficha alors un zoom de l'image qu'elle visionnait précédemment.

Sur la vidéo, un visage était désormais bien visible. Pendant les deux secondes pendant lesquelles il était visible à l'écran, il ne prit le temps que de siffler une fois, sans doute pour attirer l'attention. Ce qu'il ne savait pas, c'est que plusieurs caméras surveillaient la pièce. Des caméras qui retransmettaient instantanément à des écrans comme celui-ci, situé dans un des QG de Renaissance.

"Cyrian Versili... Intéressant, intéressant de découvrir ce genre de choses... Encore quelque chose que je n'avais pas prévu. Cela met un visage sur notre mystérieux téléporteur du centre commercial."

En effet, reconnaissable au domino Double un qui trônait sur sa poitrine, la jeune femme qui pianotait sur le clavier n'était personne d'autre que l'instigatrice de l'attentat raté de Féli-Cité.

"Cela n'explique cependant toujours pas pourquoi il peut se téléporter malgré toutes les mesures technologiques prévues... Il ne se sert ni des pouvoirs de l'Alliance, ni d'une technologie connue..."

Regardant la vidéo en boucle, le cerveau de "Double un" ne put pas ne pas remarquer un détail troublant. Un bref éclair lumineux derrière Cyrus. Elle repassa le passage au ralenti. La caméra ne filmait que 24 images par secondes, aussi n'avait elle pas pu capter l'intégralité du phénomène... Mais en sélectionnant la bonne image, la jeune femme put voir le visage flou ainsi que le torse d'un homme derrière Cyrus. Bien que l'image ne soit pas entière, elle remarquait le costume, et surtout les couleurs qui l'ornaient. Baignée dans la culture des légendes Pokémon, elle ne put que reconnaître l'incarnation derrière Cyrus...

"Giratina... qui apparaît et disparaît de l'image comme le fait ce jeune homme, mais bien plus rapidement. J'ai du mal à croire aux coïncidences... Ce serait donc là qu'il faudrait chercher la source de son pouvoir ?"

Double un était au courant de beaucoup de choses... Voire de l'intégralité du plan à court, moyen et long terme de Renaissance. Et voici que la seule inconnue du problème venait de se présenter.

"Je crois que nous avons résolu notre problème... Désormais, plus rien ne peut nous arrêter."

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"Lilian, est ce qu'on peut te parler ?"

La salle de conférences, toutes lumières éteintes, était elle aussi sombre comme la nuit. C'était à se demander ce qui rendait le noir aussi captivant lorsqu'il fallait réfléchir. Un silence de malaise hantait les lieux, rendant la pièce aussi conviviale qu'un cimetière, une nuit où la lune était cachée par d'épais nuages. Perdu dans des pensées macabres, l'intéressé ne brisa même pas le silence pour répondre. Nina se demanda même pendant un moment s'il était dans la pièce. Mais Kim, loin d'être dupe, commençait à savoir comment pensait l'élu. Sortie de nulle part, plusieurs boules de feu illuminèrent la pièce, révélant le dos du fauteuil, et le reflet de Lilian dans les écrans en face de lui, au fond de la pièce.

"Je serai brève, nous partons en mission, inutile de nous empêcher de partir.
-Inutile de demander la permission dans ce cas-là..."

La réponse sèche, et pourtant justifiée plongea à nouveau la pièce dans le silence. Puis un soupir de Lilian se fit entendre. Puis enfin sa voix.

"C'est vous qui avez raison... Allez voir Arno. S'il a réussi à remettre en marche le zappeur sur les Pokedevices. Sinon, je vous téléporterai depuis le manoir des Versili dès que vous me contacterez."

En effet, lorsqu'il ne maintenait pas à flot le réseau d'informations de la Nouvelle Alliance, Arno passait son temps à rétablir les fonctions du Pokédevice bloquées par le piratage de tous les réseaux de Sinnoh par Renaissance. S'il avait récupéré les communications entre Pokédevice, la fonction de téléportation était encore fortement compromise quelques jours auparavant.

"Excuse-moi, fit Kim interloquée, mais... que veux tu qu'on aille faire là-bas ?
-Vous allez bien chercher Cyrus ? Si je me souviens bien, c'est aujourd'hui qu'il atteint sa majorité. C'est donc aujourd'hui que vous comptez aller le chercher... Je me trompe quelque part ?"

Oui, il se trompait, énormément même. Mais dans la tête de Nina, l'information fit l'effet d'une bombe. Elle avait pourtant marqué ce jour dans son calendrier... Elle y pensait toujours... Mais aujourd'hui, au jour même où ils pouvaient ENFIN agir, elle l'avait oublié.

"Il faut partir, fit-elle tremblante, comme si elle ressentait un funeste pressentiment. TOUT DE SUITE !"

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Cyrus, lui, avait retrouvé le confort de son foyer depuis presque une heure lorsqu'on sonna à la porte du domaine. Son père étant absent, il aimait flâner dans le domaine, en sachant qu'il ne serait pas interrompu par d'éternelles remontrances, leçons de morale ou de vie par l'illustre paternel, le self-made-man modèle, le patriarche respecté par tous. Il regardait avec curiosité le symbole gravé à jamais sur sa main. Un symbole qui avait la forme d'une...

"Monsieur ! Monsieur !"

A l'autre bout du parc, Stan appelait de vive voix Cyrus. Il n'avait pas entendu la sonnette, étant situé à l'arrière du château familial.

"Quelqu'un à la porte, c'est pour vous !
-Enfin ! ENFIN ! fit-il comme un enfant qui découvrirait ses cadeaux de Noël après les avoir attendu pendant des semaines."

Il avait tout prévu au cas où quelqu'un de la Nouvelle Alliance viendrait le chercher pendant qu'il crapahutait dans le temple-prison. Stan devait le contacter par tous les moyens possibles, pendant le temps qui aurait été nécessaire s'il ne répondait pas du premier coup, mais Cyrus était revenu bien avant que quelqu'un ne vienne le chercher, rendant cette précaution inutile. Il avait même eu le temps de faire un détour avant de venir.
Et maintenant, il courait presque, comme un enfant. Il était certain que c'était Elle qui viendrait le chercher... Arrivé dans le salon il ne put contenir sa joie.

"Vous en avez mis du temps !"

Quelle ne fut pas sa déception lorsque dans le hall, Stan accueillait une jeune femme, certes charmante, mais qui ne ressemblait en rien à Nina, ou à n'importe quelle femme de la nouvelle Alliance que Cyrus avait pu rencontrer. Cependant, elle lui semblait familière, étrangement familière...

"Nina n'est pas venue avec vous ?"

Un instant de silence. Infinitésimal, mais bien présent. Cyrus le prit pour de la peur... La peur de le décevoir...

"Nina Sorbier n'a pas pu venir avec moi. Vous vous doutez bien qu'avec les récents évènements, elle ne sort pas de sa cachette si facilement... Mais dites-moi..."

D'un coup d'oeil, elle montrait Stan, mettant sans doute en question sa loyauté. Mais Cyrus fit taire cette voix sans aucune hésitation.

"Oh, vous n'avez aucun souci à vous faire. Cet homme a ma confiance la plus absolue. Si la Nouvelle Alliance me fait confiance, alors elle peut en faire de même avec lui."

Stan rougit de tels compliments. Mais il tiqua cependant à l'entente du nom "Nouvelle Alliance".

"Monsieur, vous faites partie de cette organisation terroriste ?
-Stan, il y'a beaucoup de choses que vous ne savez pas sur la Nouvelle Alliance, mais ça va devoir encore attendre un peu. Quelle est la situation, fit-il à la nouvelle venue."

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D'un coup d'oeil, il jaugea la nouvelle venue. Elle semblait être du même âge que lui, mais avec l'éternelle jeunesse des Elus, il n'y avait rien de surprenant à ce qu'elle puisse avoir plus de deux fois son âge. Elle était entièrement vêtue de blanc, ce qui tranchait radicalement avec ses yeux, ses cils et ses cheveux, tous d'un noir de jais. Ses cheveux longs s'enfonçaient sous la fourrure de sa pèlerine et ne furent révélés que lorsque Stan lui proposa de lui donner ses vêtements d'extérieur.

"On m'a demandé de vous conduire...
-Aux locaux de la Nouvelle Alliance, je sais. Ca fait un bout de temps que j'attends ça."

A nouveau, Cyrus crut déceler un léger silence entre sa remarque et la réponse de la jeune femme, qu'il attribua cette fois-ci à de la surprise.

"Exactement. Mais vous n'êtes pas sans savoir que nous allons devoir tester vos pouvoirs et parfaire votre entraînement avant que vous ne puissiez intégrer une équipe sur le terrain.
-Je m'y étais préparé, mais dites-moi, quand pourrais-je enfin voir Nina ?
-Oh, je crains qu'elle ne soit en mission. Nous n'avons d'ailleurs plus aucune nouvelle d'elle et de son équipe depuis un certain temps..."

Cyrus fit une mine contrite suite à cette phrase. Mais la jeune femme rectifia tout de suite le tir.

"Oh, je sais, cela peut vous effrayer, mais rassurez-vous, c'est une opération sous couverture. Et depuis que Renaissance bloque les communications, il est encore plus difficile d'avoir des nouvelles. Je ne dis pas que c'est le cas, mais j'ose espérer que tout se passe bien pour elle.
-Et les autres ?
-Tout le monde va bien, vous pourrez les contacter dès qu'on aura récupéré le réseau de communications."

Alors que Stan commençait à s'éloigner avec la pèlerine, la jeune femme le coupa dans son mouvement.

"Je suis désolé, mais nous ne pouvons pas rester longtemps ici. Je crois que nous allons partir dès que Cyrus sera prêt.
-Je le suis. Donnez-moi cinq minutes le temps d'aller chercher ma valise."

Se sachant en terrain amical, Cyrus raccourcit même le délai en se téléportant dans sa chambre et en revenant par le même moyen, sa valise à la main devant un Stan médusé et une belle inconnue souriante.

"Avec un tel potentiel, je me doute que notre collaboration sera très fructueuse. Allons-y maintenant."

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Sur le point de partir, Stan crut cependant bon de clarifier un dernier point avec Cyrus.

"Monsieur... Que... que dois-je dire à votre père ?
-Oh... c'est vrai, lui... Euh, et bien, dites-lui ce que vous voulez. Que vous ne m'avez pas vu depuis ce matin par exemple. Que je ne suis jamais revenu de ma petite "expédition". J'ai profité de ma majorité pour mettre les voiles..."

Stan fut sidéré par une telle assurance. Cyrus n'avait jamais masqué le mépris qu'il avait pour son père, mais le domestique n'avait jamais cru que ce soit à ce point... Alors que Cyrus repartait, ce fut cette fois-ci le téléphone de la jeune femme qui se mit à sonner.

D'un clic sur l'oreillette très discrète qu'elle avait, elle prit l'appel.

"Oui... Très bien... Je vois..."

Dans le même temps, Stan tentait de faire revenir Cyrus à la raison.

"Monsieur, je me permets d'insister. Ce genre de discours n'est pas le genre sur lequel on peut revenir aisément. Je sais que Monsieur votre père possède un certain... "tempérament" mais de là à le renier..."

Cyrus resta un instant penaud. Comme d'habitude, ce bon vieux Stanislas venait de le ramener à la raison.

"Excusez-moi, Stan. En plus, ce serait risqué pour vous de dire que je suis parti et que vous n'avez rien fait pour me retenir. Dites-lui seulement que je suis parti ce matin. Il a l'habitude de ce genre de caprices.
-C'est aussi ce que je pense.
-Cyrus, nous devons y'aller ! fit la jeune femme encore au téléphone.
-Une dernière chose, fit Stan en haussant la voix comme Cyrus ne l'avait que rarement vu faire. Vous permettez ?"

La jeune femme, trop occupée avec ses problèmes à l'autre bout du fil, fit un signe de la main laissant comprendre à Stan qu'il pouvait faire ce que bon lui semblait, tant qu'il était rapide.

"Mon dernier conseil sera simple... Faites attention Monsieur.
-N'ayez crainte, à partir de maintenant, je suis en sécurité...
-Permettez-moi d'avoir quelques doutes là dessus, monsieur."

Cyrus ne le savait pas, mais ce qu'il prenait pour de la méfiance envers ce groupe soit disant terroriste qu'était la Nouvelle Alliance, n'était en fait que de la méfiance envers cette femme.

"Dépêchons-nous, Cyrus, on vient de me dire que Renaissance nous a repéré, fit la jeune femme en raccrochant. Ils sont sur nos traces.
-Où allons-nous ?
-Féli-Cité pour commencer.
-Prenez ma main, nous serons arrivés dans une seconde... Oh, j'ai oublié de vous demander votre nom..."

La jeune femme sortit alors de sous la pèlerine un collier, au bout duquel trônait... un domino orné d'un double un...

"Je m'appelle Domino Harvey... Mademoiselle Harvey... Mais tout le monde m'appelle Domino..."