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Smirnoff : Renaissance de Domino



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Informations

» Auteur : Domino - Voir le profil
» Créé le 13/01/2011 à 04:12
» Dernière mise à jour le 28/02/2011 à 20:22

» Mots-clés :   Hoenn   Johto   Présence de personnages du jeu vidéo   Romance   Slice of life

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038 - Alchimie
« Pour aimer, il faut avoir du courage quand on a de l'argent, et un romantisme délirant lorsqu'on est pauvre. »
(Christine Arnothy)



- Qui frappe aussi fort à la porte ?!
- La petite est morte de peur… souffla Kyle.
- Je vais ouvrir, reste là avec elle !

Vincent ouvrit la porte à… Samantha.

- Salut le grand trouduc !
- … Madame, nous n'avons pas eu le plaisir d'être présentés… David ?
- … Là, pour le coup je suis désolé ! Geignit David.
- Y'a pas à être désolé. David veut voir la môme !

Vincent plissa les yeux.

- Kyle, viens à la porte s'il te plait !

Kyle arriva, surpris.

- On veut voir la gamine !
- David, qu'est-ce qui se passe ?

David baissa la tête.

- Euh… J'aimerais bien… voir Perrine.
- …
- Ca veut dire ce que ça veut dire ! Ramène la gosse !
- David, qui est cette femme ?
- C'est… Samantha, ma… petite amie !
- Je… vois… quitte à prendre des compagnons plus âgés, veille à ce que ce soient de vrais hommes !

Samantha frappa Kyle sur la tête.

- Sois poli, toi, petit con !
- Non mais dites donc !
- Samantha, arrête, arrête ! Euh… Kyle, Sam s'y est mal prise, mais je veux vraiment voir Perrine !
- Primo il suffit de demander, deuxio sans ramener cette… chose !
- Comment il parle, lui, là !
- D'autant plus : Qu'est-ce que tu fais avec une femme ?
- C'est inutile de porter des jugements, Kyle…
- Je te laisse la voir quelques minutes mais pas elle !

David hocha la tête.

- Merci…
- Je vais à la voiture !

Samantha s'éloigna. David vit Perrine arriver. Il hésita mais la petite vint vers lui.

- Salut papa-maman !

David serra la petite dans ses bras.

- Ma chérie…


***

- Je flippe !
- Mais non !

Rachel aidait David à se préparer sous les yeux intrigués d'Ethan.

- Maman il fait quoi Oncle David ?
- Oncle David a un rendez-vous ce soir ! Maman se fait un plaisir de le préparer !
- Rachel, c'est embarrassant…
- Tu t'es rasé ?
- Oui…
- Partout ?
- RACHEL !
- Oh ça va, je demande, moi ! Tu dois faire bonne impression !
- C'est un rencard, pas un entretien d'embauche… ou un check-up médical…
- C'est pareil ! Denis va probablement se pomponner aussi !
- Ca n'a pas l'air d'être le genre…

Rachel sourit.

- C'est peut-être la chance de ta vie ! C'est bizarre que tu aies décidé de foncer au moment où ça va mieux entre moi et Roland.

David eut un sourire gêné.

- Bah… C'est juste que…
- Pauvre de toi. C'est moi ou Roland qui t'emmenons ?
- Euh… bah…
- C'est moi ! Je veux voir ce Denis, s'il te plait !
- …

***

- C'est débile…

Yann regarda Dimitri.

- Je rêve où c'est toi qui a dit ça ?
- Je trouve ça débile de s'habiller pour aller à une soirée.
- Organisée par le campus !
- Nos habits normaux ne suffisent pas ?
- Faut être présentable, Dimitri, et tu as beau être habillé par mon pater, il faut que tu soies sur ton 31 !

Dimitri secoua la tête.

- Je peux pas monter sur un nombre, crétin…
- J'ai entendu ! Grommela Yann.

Yann se faisait habiller par son Gringolem qui semblait y tenir.

- T'es lourd, Gringolem… Déjà le ménage, maintenant m'habiller… J'vais finir par t'appeler R2D2... T'es mon Pokémon, pas ma bonniche !

Le Pokémon robotique lâcha Yann qui ajusta ses manches tout seul.

- Merci quand même de m'avoir aidé…
- On est obligés d'y aller ? Ca m'ennuie tout ça… soupira Dimitri.

Yann souffla.

- D'habitude, tu traverses les évènements sans broncher et là tout d'un coup…
- On est à la fac, ça sert à quoi de faire la fête ? Y'a quoi à fêter ?
- C'est la rencontre entre étudiants !
- On a besoin de faire une fête pour ça ?

Yann plissa les yeux.

- C'que tu peux être lourd parfois !
- J'suis pas si gros que ça pourtant…
- ………….. Dimitri parfois je me demande si tu le fais pas exprès…
- De ?
- … de rien ! Rose et Sheldon nous attendent !

Dimitri plissa les yeux.

- Maintenant que j'y pense, c'est bizarre que tu acceptes aussi facilement de trainer avec la fille dont tu étais amoureux et son petit copain !

Yann manqua de s'écraser la tête dans le mur.

- Dimitri, pourquoi tu as ce genre de réflexions dans les moments les plus inappropriés !!
- Quel moment aurait été approprié ?!
- AUCUN ! Mets tes chaussettes !
- T'es de mauvaise humeur ce soir…
- Noooon c'est vrai ?

Dimitri plissa les yeux et cessa de parler.

***

- Allons, Malcolm, il faut bien que tu manges !

Malcolm secoua la tête, déprimé au dessus de sa soupe. Estelle soupira.

- Entre Linda qui est folle de chagrin, Etienne qui s'est enfermé dans son bureau… La poisse !

Estelle quitta la cuisine et regarda le salon. Rachel regardait la télévision aux côtés de Claire. Elle trouva Roland dans une pièce.

- Ecoute, Charlie, je comprends ce que tu es en train de me dire, j'en prendrais la pleine mesure en rentrant, mais le père de Mac vient de mourir !… Voilà… Tu comprends donc que savoir ce qui se passe avec David… Là pour le coup… A la limite s'il a quelqu'un ça n'en est que mieux pour le moment… Oui, même si c'est un mélange entre un cendrier et un chimpanzé. Voilà… A plus tard, Charles.

Roland raccrocha et regarda Estelle.

- J'en peux plus !
- Et moi donc. J'étais pas super proche de lui, donc pour rassurer mon frère…
- J'essaierais de parler à papa… Même si ça me gonfle…
- Où est la gamine de Mac et Claire ?
- Chez leurs voisins. Je vais appeler Léopold pour qu'il aille la chercher… Je sais pas trop quoi faire en fait…
- Essaie de parler à Malcolm. Ton père pourrait t'envoyer trop de choses à la figure dans un élan de tristesse.

Roland sourit.

- Merci d'avoir compris ça.
- Je suis ta tante, Roland, je comprends beaucoup de choses !

***

- Ca va aller ?

Malcolm soupira.

- Comment tu veux, Roland…
- Je me doute bien. Tu devrais manger, la soupe d'Estelle est excellente, c'est le seul plat qu'elle sache faire correctement !

Malcolm soupira et se força à manger.

- C'est bien ! sourit Roland.
- Ca change rien…
- Tu t'attendais à ce qu'à la première gorgée de soupe, ton père ressuscite ? Ca ferait un bon film d'horreur, ça, Les Zombies de la Soupe...
- C'est pas drôle !
- C'était pas fait pour ! Mac, ton père est mort, fais-toi une raison !
- Tu te rends compte de ce que tu me dis ?
- Tu te rends compte que rien ne pourra y changer quoi que ce soit ?

Malcolm soupira.

- Dégage, tu es… insupportable dans ce genre de situation !
- J'essaie simplement de te rassurer, de te soutenir, j'vais pas y aller avec les « Pauvre Malcolm, tu as raison de te morfondre, et si on allait brûler des cierges ? » !

Malcolm geignit.

- Mon père, Roland !
- Je sais, Malcolm, j'ai vu le corps, j'ai été à même de l'identifier... Tu veux que je dise à Rachel de venir te parler ?
- Non, je veux pas voir Rachel.

Roland regarda Malcolm.

- Mac, c'est ta sœur…
- J'veux pas… parler ! A qui que ce soit, sauf à Claire !
- Donc si j'amène Claire et Rachel et si Claire sert d'intermédiaire…

Malcolm utilisa sa cuillère et balança de la soupe sur Roland. Lequel se leva, étonné.

- … Ok, usage de la violence, d'accord… je vois… Ecoute, si t'as besoin de parler, je suis là, et… si t'as besoin de t'entrainer au lancer de soupe, je suis là aussi.

Roland quitta la pièce. Il aperçut Rachel et Claire sur le canapé. Claire observa Roland.

- T'as de la soupe sur ton…
- Oui, Malcolm inaugure une discipline olympique. Il veut te parler.
- D'accord.
- En fait il veut te parler à toi et seulement à toi… pas à Rachel.

Claire plissa les yeux.

- Je vais le raisonner !
- Bon courage…

Claire se leva. Roland en profita pour prendre sa place auprès de Rachel.

- Ca va, chérie ?
- … tu m'appelles chérie maintenant ?
- Je sens que tu as besoin de soutien.
- Hm.
- Et que ce soutien… je ne suis pas le meilleur pour te l'apporter… parce que je suis Roland, tout ça, mais… si tu as besoin de parler… je suis prêt à écouter.

Rachel hocha la tête.

- J'ai pas envie de parler.
- Oh.
- … Y'a un coin tranquille dans cette maison ?
- Pour ?

Rachel regarda Roland qui plissa les yeux.

- … j'aime pas ce regard !
- J'ai besoin de décompresser !
- ... Oh non, Rachel, c'est l'euphémisme le plus crade qui puisse être !
- Tu as dit que tu voulais me soutenir !
- Y'a mes parents, ma tante, ton frère et ta belle-sœur, ça va, non ? Tu veux Chatroulette aussi ?

Rachel posa sa main sur l'entrejambe de Roland qui fit de gros yeux.

- T'es… sérieuse en plus !
- S'il te plait !
- ………….. J'ai le droit de refuser ?

Rachel se leva et prit Roland par la main.

- Bon sang, je suis le seul être humain normal de cette maison ?!
- La buanderie !
- Rachel non, merde, j'ai grandi dans cette maison ! J'ai lancé des regards méprisants à ma mère dans cette buanderie ! Mes t-shirts y ont été lavés !
- M'en fiche.

Elle ferma la porte de la petite pièce et embrassa Roland.

- Hmphf… Malpoli… hm… incohérent… mmmf… indécent etc etc…
- La ferme, Roland, juste tais-toi !
- Rachel, quand même !!
- Chhhhht !

Roland repoussa Rachel et sortit de la buanderie. Il soupira et alla au réfrigirateur se servir de l'eau. Rachel sortit à sa suite… Furieuse.

- Je croyais que tu me soutiendrais !
- Oui ! Te SOUTENIR, pas FORNIQUER ! Les mots sont pourtant assez éloignés sur le plan de la sémantique pour que personne ne les confonde entre eux !
- J'ai juste besoin de faire quelque chose qui me sorte un peu de cette ambiance à la con de « faut pleurer » tout ça !
- Rachel, ton père est mort hier ! Ok ? Mort ! Hier !
- Je SAIS !
- Tu as pleuré dans mes bras toute la nuit !
- Je sais aussi et crois-moi je me sens assez misérable comme ça !
- Et aujourd'hui, madame veut la jouer « Faisons l'amour comme ça j'aurais l'impression que mon père n'est pas mort et que tout ça n'est qu'un cauchemar ? »

Rachel croisa les bras.

- Exactement.
- … Ta réponse était censée être complètement autre chose ! grommela Roland.
- Désolée, je suis paumée, moi dans tout ça… Je te rappelle que mon père et moi c'était pas la joie, je suis triste parce que… C'est quand même le mec qui m'a élevé, qui m'a appris l'art du combat, qui m'en a donné la passion… Et pourtant il a été un véritable salopard avec moi, il a été jusqu'à me dire que ma fausse couche ne l'avait même pas ému…

Roland acquiesça.

- Tu prêches un convaincu, niveau haine parentale, c'est à peine si j'ose aller parler à mon père de son meilleur ami mort qui a couché avec ma mère qui elle, est en train de pleurer à un point que c'en est embarrassant !

Rachel regarda Roland, abattue.

- Comment ça peut coller nous deux avec… deux familles aussi merdiques !

Roland haussa les épaules.

- Tu sais, tu as essayé de me violer dans la buanderie et j'ai résisté, je suppose qu'on n'est pas normaux nous non plus !

Rachel soupira et se frictionna le visage.

- Tu as appelé ta sœur ?
- J'ai pas envie de la faire chier avec tout ça, elle ne connaissait pas bien ton père, etc…
- Hm… Linus, Norbert ?
- Pourquoi tu veux qu'il y ait du monde ?
- Nan, mais juste pour les prévenir en fait, je m'en fous qu'ils viennent - et je préfère autant qu'ils ne ramènent pas leur cul ici, sinon ça va se transformer en fiesta mélancolique…
- Wow. Tu es de plus en plus sexy… Comment je fais pour résister à la tentation… Oh, oui, c'est vrai. Ton père est mort !

Rachel plissa les yeux, blasée.

- C'était pour te faire rire !
- J'ai même pas envie de rire. J'ai envie de prendre du crack, là !
- Saoule-toi, c'est pareil.
- Non, j'ai envie de garder toute ma tête… mais en même temps d'oublier ce qui se passe, d'oublier que mon père est mort, qu'il faut que j'en souffre, mais que cette souffrance est impropre avec nos rapports qui n'étaient pas au beau fixe… C'est sans fin !
- Tu deviens saoulante à écouter en tout cas, je suis déjà bourré comme un coing… sans mauvais jeu de mots. Tu veux qu'on aille se battre dans le jardin ?

Rachel haussa les sourcils.

- Avec nos Pokémon ?
- Non, avec des outils de jardin. Je prends Bêche, tu prends Pioche ? sourit Roland.

Rachel sourit et hocha la tête.

- D'accord. Merci.
- Je suis toujours bon pour les distractions !


***

Roland déposa David devant le restaurant à huit heures cinq.

- Je suis en retard à cause d'un noeud de cravate… soupira David.
- Sois heureux que j'ai convaincu Rachel de t'emmener à sa place…
- Merci pour ça… Oh, il est là ! Il est là Roland ! geignit David, apeuré.

Roland leva son portable et prit une photo de Denis qui attendait devant le restaurant. David regarda Roland, choqué.

- Désolé, c'était la condition pour que je t'emmène. En plus de trucs entre moi et Rachel que t'as pas à entendre.
- Yerk…
- Amuse-toi bien et évite que ça finisse mal, histoire que ce soit lui qui te ramène, auquel cas mon portable restera ouvert jusqu'à… vingt-trois heures. Je suis un couche-tôt, moi. Et si tu rentres, ne fais pas de bruit !
- On dirait que tu parles à un gamin…

Roland eut un sourire significatif.

- Allez. Va donc, et ne fais pas tout foirer !
- Je te déteste, parfois... soupira David.
- Moi aussi je t'aime, frérot.

David soupira et sortit de la voiture. Denis sourit, engoncé dans une veste noire assez classe.

- Hey !
- Hé… C'est… un peu nouveau pour moi, c'est mon premier… « premier rencard », les autres fois ça s'était passé différemment… sourit David, embarrassé.

Denis plissa les yeux.

- On est aussi embarrassés l'un que l'autre, c'est un bon début !
- Oui je suppose…
- Entrons, il fera moins froid !
- Ca sert quoi ici ?
- Tu as des préférences ?
- Non… pas vraiment. A vrai dire je me contenterais d'un plat de pâtes…
- Oh ! Meilleures pâtes à la carbonara ? Ici !
- Vraiment ?
- Sérieux ! Délicieuses !

Ils faisaient la queue pour obtenir une table.

- La Cime Privée est un restaurant sympa, tu es déjà allé dans un restaurant de leur ligne ?

David plissa les yeux.

- Une fois, peut-être, avec mon premier petit copain… C'était un restaurant mais j'ai pas fait attention...
- Ah, ça va être marrant de nous raconter nos histoires d'ex, je le sens !
- … D'abord, qu'est-ce que tu espères de ce rendez-vous ? C'est... comme ça pour le fun ou c'est pour... quelque chose de sérieux ?
- J'ai l'air d'être homme à plaisanter ? s'étonna Denis.
- … Donc tu…
- Je pensais que c'était clair, je veux qu'on sorte ensemble ! sourit Denis.
- Oui, donc on a bien compris la même chose...
- Tu pensais que je cherchais un partenaire de bingo ? Ou un coach pour les combats d'arène ?
- Tu as déjà combattu en arène ?
- J'ai six badges !
- Sérieux ?
- Le premier de la région Sinnoh, les trois premiers de la Région Hoenn, le premier de la région Kanto et le premier de la région Johto !
- … wow…
- Mais je les ai eus l'année de mes seize ans ! Je voulais réaliser un tour de force mais en réalité j'étais encore beaucoup trop inexpérimenté.
- J'ai même pas un seul badge, ruban… J'ai jamais rien gagné de ma vie, sauf un tournoi avec des Pokémon de prêt ! sourit David.
- Ah oui ?
- J'avais un Pokémon complètement fada qui faisait des doigts d'honneur à tout le monde… Un Pokémon d'Unys.
- Cette région a des Pokémon de dingue…
- Mon frère les a étudiés. Il en a trois. Ma sœur en a récupéré un qu'elle a reçu en cadeau quand elle a récupéré les parts d'une société… Une histoire compliquée. Mais son singe bleu est mignon !
- Flotajou… Elle en a de la chance, c'est un Pokémon rare. Ta sœur a des sociétés ?
- Pfou, si on commence à parler de ça… Mon grand frère est prof en faculté, ma sœur est PDG de « Daycare »…

Denis écarquilla les yeux.

- C'est pas vrai, tu es le frère de Lily Meadow ?!!
- Hm !
- Il y a des documentaires sur ta sœur, des sites Internet, des groupes Facebook, c'est de la folie !
- Je sais…
- Et toi tu es médecin… Ta famille est hallucinante !
- Hm… Je suis médecin… dans un petit cabinet.
- Arrête, je suis libraire, tu vas me faire pleurer !

David hocha la tête.

- Juste que… parfois je me sens un peu… inférieur à eux.
- Les médecins font le travail que Dieu se refuse à faire, Dave.

David plissa les yeux.

- Tu es croyant ?!
- Nan, c'est juste pour l'image. Sans vous, des gens comme moi, des gens inquiets pour leurs Pokémon, seraient obligés de se faire passer pour des Dresseurs Pokémon agréés par la Ligue Pokémon pour aller faire soigner leurs Pokémon gratos dans un centre Pokémon !

David ricana.

- Mauvaise idée, vu les procédures administratives…
- Ouais… Tu es utile, David, ne laisse jamais rien ni personne te persuader du contraire. Ces gens que tu aides chaque jour… Crois-moi, ils savent ce que tu fais pour eux.

David hocha la tête.

- Désolé, toi tu es simple libraire et moi je me plains…
- Je fais un boulot que j'aime ! C'est génial de conseiller à ses clients des livres, de les empêcher d'en acheter… J'ai dissuadé une fille d'acheter « Rêves de Vampires au Crépuscule »…
- Oh mon Dieu ça se vend encore ! Ricana David.
- Hm ! Je lui ai dit « Oh mon Dieu, il y a des livres tellement mieux que celui-là, j'ai un livre avec du feu, de la passion et des pompiers virils ! », elle est repartie avec un exemplaire de Fahrenheit 451 !

David hocha la tête.

- Tu œuvres pour le bien de l'humanité quoi !
- Exactement. C'est ce qu'il faut se dire quand on travaille.

David sourit et regarda Denis qui souriait aussi.

- Eh bah, pour un docteur, tu es une bonne compagnie pendant une file d'attente ! Une table pour deux, s'il vous plait…

L'officier leur donna un ticket. David et Denis se retrouvèrent à une table dans un coin avec deux banquettes.

- Génial, on n'a pas à choisir qui ira sur la banquette ! sourit Denis.
- Ca résout énormément de problèmes ! admit David. Au fait… je ne t'ai pas trop embarrassé devant tes parents ?

Denis agita les mains.

- Nullement, ils ont l'habitude - pas des déclarations romanesques à la caisse par des prétendants un peu frappadingues…
- Pour l'anecdote, c'est la petite amie de ma cousine qui m'a accompagné ce jour là !

Denis sembla stupéfait.

- Ta cousine est lesbienne ?!
- Je sais, je sais…
- Wow… Une famille gay-friendly, je rêve !
- Eh oui, eh oui… Pour tes parents…
- Hm ! Ils savent pour moi, pour mes penchants, pour le reste… au début ça a été difficile…
- Comment tu as… su que…
- C'était tout naturel, j'en ai pris conscience assez tôt, j'ai roulé ma première pelle à dix-sept ans… premier mec sérieux à dix-huit, première fois à dix-huit également donc…

David hocha la tête.

- Toi ?
- Pris conscience à quinze, prise de conscience personnelle à dix-sept, premier petit ami à dix-sept, grosse déception à dix-neuf, première nana à dix-neuf…
- A vingt ans tu avais déjà tout un bordel derrière toi, dingue !
- Hm…
- Ca a l'air de te gêner…
- Juste que j'aime pas revenir sur mes erreurs… Trop nombreuses.
- J'ai eu trois grandes relations dans ma jeune vie, David. Trois échecs. Et pourtant je suis là ce soir prêt à repartir sur une relation !

David sourit.

- Apprécions juste le moment présent, les exs on s'en fout !
- Tu devrais répéter ça au reste de ma famille, ça résoudrait un tas de trucs ! Sourit David.

***

- Ca craint… soupira Rose.
- J'arrête pas de le dire à Yann mais il me croit pas… soupira Dimitri.
- C'est pas comme si on avait des devoirs en plus, arrêtez de faire genre on vous torture ! Grommela Yann.

Sheldon soupira.

- Au moins on passe un peu de temps ensemble, Rose !
- Je préfère amplement les soirées télé-pizzas ou télé-nachos !
- Même les soirées télé-nachos ?

Un des gymnases avait été transformé en salle de bal. Dimitri s'étonna.

- Pourquoi y'a des noms devant les assiettes ?

Yann s'étonna. Sheldon examina l'ensemble.

- Plan de table… On est placés ?!
- Oh non… soupira Rose, c'est pire que tout !
- Tu m'étonnes ! On sait même pas avec qui on va être ! souffla Sheldon.
- On s'en va ! clama Dimitri.
- On peut pas, c'est obligatoire ! souffla Yann. Il suffit juste de s'y faire !

Rose, Sheldon et Dimitri regardèrent Yann qui leva les mains en l'air.

- C'est la vie, quoi… euh…

***

Rose se retrouva au milieu de filles de diverses promotions.

- Qui a eu l'idée débile de mélanger les promos comme ça ? Soupira une fille noire.
- C'est absurde ! On est trop différentes !
- J'approuve… J'aurais préféré être avec mes amis ! Admit Rose.
- Sérieusement, à part parler chiffons, on va faire quoi ?

Yann se retrouva avec des gens qui semblaient… pas s'apprécier du tout.

- J'te reconnais, toi, t'es dans ce groupe de connards qui mettent leur musique de téléphone à fond dans la cour de récré !
- Quoi, ta gueule, t'es pas content tu te barres !
- Vas-y fils de pute tu parles pas comme ça aux gens, t'as été élevé où ?

Yann plissa les yeux. « J'dis rien… J'attends… Je mange ce que j'ai été me servir… »

Dimitri était installé à la table Fashion…

- Parfait ! Juste parfait ce petit haut en satin !
- Tu trouves ? Je savais que j'aurais dû avoir un ami gay pour me complimenter !
- Ma chérie tu es exquise ! Cette robe te va à merveille ! Tu ne trouves pas toi aussi ?

Dimitri regarda la jeune femme avec une robe verte et un décolleté très large. Il acquiesça.

- Au moins si de la nourriture te tombe de la bouche, tu ne saliras pas ta robe, juste ton torse ! sourit Dimitri, naïvement.

La jeune femme haussa les sourcils tout comme le jeune styliste junior à ses côtés qui éclata d'un rire très folasse.

- Tu es a-do-ra-ble-ment drôle, mon chou ! sourit le jeune homme.
- Tu parles comme une fille exprès ou tu es né comme ça ? s'étonna Dimitri.
- … et délicieusement offensant…

Sheldon, à l'inverse…

- Le gouvernement ? Des PISSEUX !! S'ils s'étaient rangés du côté de Suzuki dès le départ, rien de tout ça n'aurait eu lieu !
- Mais ouais !
- Mais ils étaient trop cons les autres, à cause d'eux, v'là pas la guerre qu'on a eus !

Sheldon plissa les yeux.

- T'en penses quoi ?
- … Je suis un émigré Unovite ! Je ne sais rien de votre guerre ! Désolé !
- En fait si tu veux, c'est l'histoire d'un mec super, Suzuki, et de trois autres gouvernements de connards…
- Ouais, mais typiquement l'histoire à la con !
- En fait Suzuki il a un plan pour le pays, mais les trois autres ahuris c'est des putains de bouseux…
- Incapables de respecter un vieux sage de cent ans ! Tu te rends compte ?! Mais cet irrespect de merde dont ils ont fait preuve !
- De la connerie absolue !
- Des attardés, ouais !

Sheldon hocha la tête face à cette propagande bien assénée.

***

Denis avait sorti O'Kama, son Joliflor pour le diner. Le Pokémon mangeait joyeusement son entrée, des boulettes d'engrais. David avait sorti Nucléos qui sirotait une boisson énergisante à la paille.

- Tu sais que ce Pokémon a les moyens de devenir super puissant ?
- Oui, oui…
- Excuse-moi, je me doute que pour toi il est avant tout une source de matériel médical…
- Hm, bah oui…
- Mais quand je vois un Pokémon je pense illico aux possibilités tactiques… Et un Nucléos, ça évolue en Méios puis en Symbios…
- J'en ai déjà vu un en action, c'est assez impressionnant, oui…
- Si un jour on peut, je t'aiderais à le faire évoluer !
- Je suis pas trop dans le trip combat…
- Ah ?
- J'ai jamais trop aimé… J'ai jamais trop su comment m'y prendre…

Denis sourit.

- Tu sais, au départ j'étais mauvais aussi. Et puis un jour, j'en ai eu marre que les autres gamins à la récré m'embêtent parce que j'étais un peu chétif et que j'étais un peu bonne patte, alors je me suis bougé les fesses… Oh, ton Pokémon académique c'était quoi ?
- Corayon d'abord, mais je l'ai donné à l'échange…
- QUOI ?

Denis se releva de sa banquette. David geignit.

- Les… autres élèves trouvaient que… ça faisait… fiotte. J'avais dix ans, j'étais un enfant malade, couvé par sa mère et j'avais un Corayon, femelle, rose…

Denis hocha la tête.

- Un Pokémon aussi rare et toi tu le donnes à l'échange ! David, soit tu es très généreux soit tu es fêlé !
- J'ai eu un Tadmorv en retour !
- OH MON DIEU ! ricana Denis.
- Je sais, ouais ! sourit David. Le hasard de la vie fait que j'ai récupéré mon Corayon et que j'ai gardé mon Tadmorv.
- Un Corayon en Pokémon académique, à coup sûr tu es un petit veinard !
- Va dire ça à ma vie passée… soupira David. Mais bon, le fait est… que chacun de mes Pokémon représente quelque chose à mes yeux. J'ai un Ecremeuh par exemple.
- Oh ! Ce Pokémon peut devenir vraiment excellent en combat !
- Tu as vu mon Parasect, mon Magnezone…
- Oh David, ton Magnezone… soupira Denis, sensuellement.
- Erk !
- Je sais, pardon !
- T'as pas vu mon Grotadmorv !
- Et je souhaite pas le voir ! Ricana Denis.
- Il est mignon, juste un peu crade…
- Ca te ressemble tellement pas ! Ricana Denis.
- Hm…
- Le fait que tu aies eu un Corayon comme Pokémon académique montre que tu es quelqu'un de précieux, d'important pour ceux qui t'entourent. Et Ecremeuh est un symbole de personnalité accueillante et de soutien indéfectible dans la vie.

David plissa les yeux. Denis hocha la tête.

- Je… suis un fervent adepte de Pokémonologie.

David serra les dents.

- Mon frère te volerait dans les plumes !
- Un frère sceptique ?
- C'est peu de le dire !
- J'ai deux sœurs personnellement, mais elles sont plus joueuses qu'autre chose ! Elles adorent taquiner mes copains…
- Ah ?
- J'ai aussi un petit frère mais on n'est pas en très bon contact… Oui j'ai une famille nombreuse… Tu l'as vu, mes parents sont assez âgés…
- Hm ! Tu ne m'as pas dit quel était ton Pokémon académique…
- Mystherbe ! Il est finalement devenu Joliflor, je considérais que le type Poison nuisait à la balance de mon équipe !
- Tu parles chinois pour moi… Et niveau Pokémonologie ? sourit David.
- Eh ben... la possession d'un Mystherbe montre une personnalité commune, banale…
- Oh… tu exagères !
- J'ai aussi un Altaria, ce qui prouve que je suis coquet et soucieux de mon apparence… ce qui ne transparaît pas ce soir comparé à toi !
- C'est ma belle-sœur qui m'a habillé !
- Alors attends, une sœur femme d'affaires et mariée, une cousine lesbienne, un frère, prof, qui est marié à une autre prof…
- C'est elle, ma belle-sœur, je vis chez eux.

Denis plissa les yeux.

- Ah…
- Oui je sais, c'est… pas très glorieux.
- Tu n'y peux rien je suppose…
- C'est une situation compliquée… Je vivais chez mon frère au départ, je me suis installé chez mon petit ami…
- Kyle…
- Hm… qui ensuite m'a quitté avec notre fille pour un autre homme…
- Tu as une fille ?
- Hm… Elle s'appelle Perrine, j'ai eu une photo récemment de la part de mon ex…

David montra le portable à Denis qui plissa les yeux.

- Elle est chou… Un Arakdo en plus ! Personnalité complexe !
- Hm, c'est le cas de le dire… Elle est silencieuse mais elle adore l'art et elle aime aussi les jeux de construction…
- Et il t'interdit de la voir ou quoi ?
- C'est plus compliqué que ça… il a une injonction d'éloignement…

Denis écarquilla les yeux et… éclata de rire.

- Hahahhaaaahahaha !
- …….
- D… David, TOI ! Une injonction d'éloignement ?!
- C… C'est pas drôle !
- Mais enfin, t'es tout mignon, tout sage, comment TOI tu as eu une injonction d'éloignement ?!
- …
- … La chose me fait rire, pas la situation, c'est dur ce qui t'arrive ! Mais ça s'arrangera. Elle ne t'a probablement pas oublié, tu pourras sûrement la récupérer un jour ou la revoir…
- Je sais pas.

Denis regarda David qui semblait attristé, mais à sa propre surprise, il se ressaisit et regarda Denis.

- Euh… et sinon… toi, tu vis où ?
- J'ai un appartement dans un petit village hors de Cimetronelle, entre Cimetronelle et Nénucrique en fait.
- Ah… et… c'est…
- Plutôt sympa. Sûrement moins bien que chez ton frère…
- Il habite dans un pavillon résidentiel…
- Il est marié depuis…
- Voyons, leur fils a trois ans, il a quatre ans en janvier… Ils se sont mariés trois mois après sa conception…
- C'est à la fois flippant et passionnant toutes ces précisions…
- Ca fait près de quatre ans je crois.
- J'avais cru comprendre. Tu peux pas t'empêcher de penser à voix haute, c'est adorable !
- J'ai hérité ça de ma famille…
- Moi je suis trop collant, chacun ses défauts.

David regarda Denis, gêné.

- Je… te trouvais pas collant, juste que… ton approche n'était pas très orthodoxe.
- Tu es médecin ! J'ai été chez toi sur un coup de tête, au hasard ! Tu avais le nom d'un alcool que boit l'une de mes sœurs, alors bon… J'entre et… vlan le vieux fantasme du docteur, en plus tu es jeune, mignon… J'ai craqué !

David plissa les yeux.

- D'ailleurs c'est bizarre, j'ai l'impression d'avoir un autre David en face de moi. Plus naturel, moins forcé et grognon.
- C'est juste le fait de me… retrouver à nouveau dans une situation du genre, tu vois, rendez-vous, romance…
- T'es un romantique ?
- Plutôt oui, disons que pour moi les sentiments sont une part importante dans une relation.
- Oh c'est trop choupi ! J'ai jamais eu de mec romantique.
- Et… aucune de mes deux relations sérieuses n'étaient d'un romantique rutilant… Surtout la deuxième... Brrr...
- Ca ne t'en rend que plus adorable !
- Merci, tu n'es pas mal non plus sur ce plan. Jamais eu quelqu'un d'aussi calme et discret... marmonna David.
- Idem !

Sourires échangés.

***

Danse et donc permission de se lever. Yann souffla, soulagé. « Un peu plus et ils sortaient les flingues… Dimitri, à cette table, il serait MORT ! »

Yann croisa Rose.

- Oh !
- Oh…
- Je cherche Sheldon ! Marmonna Rose.
- Moi je… cherchais Dimitri !
- Tu veux danser avec Dimitri ?
- Non je veux faire tapisserie avec Dimitri !

Rose grimaça.

- Sérieusement, on se serait posés contre un mur, on papoterait, c'est tout !
- Oh !…

Rose repéra Sheldon, en plein débat politique.

- Il a l'air de s'entendre avec sa tablée…

En réalité, Sheldon…

- Vous vous rendez compte ? Baser un régime politique sur une essence guerrière ! Ca n'a pas de sens ! Mon avis ? Vous avez été endoctrinés dans cette guerre ! C'est de la propagande, on vous a lavés le cerveau !
- … Comment tu peux dire ça ?
- Suzuki était un guide !
- Un guide qui vous a fait croire que la guerre était le meilleur moyen d'asseoir un pouvoir ! Non ! On n'assied pas son autorité en tuant des gens ! Personne ne mérite de mourir pour une simple ascension au pouvoir ! asséna Sheldon.

Rose soupira en levant les yeux au ciel.

- Il est en train de débattre politique… Il est intelligent mais dieu qu'il est lourd parfois, et une fois dans un débat impossible de l'en sortir.

Yann écarquilla les yeux ce qui poussa Rose à se retourner. Dimitri était entrainé par le jeune homme carrément gay de sa tablée sur la piste de danse.

- … C'est Wilfried, il est dans notre promo ! S'étonna Rose.
- Dimitri est trop bizarre parfois, j'te jure !
- On est seuls…
- … ouais… on dirait bien…

Un slow démarra, « Everytime » de Britney Spears.
(Rassurez-vous j'ai honte, ndla) (En fait non j'assume, nlda)

- Ils sont sérieux, là ? Geignit Yann.
- J'aime cette chanson !

Yann regarda Rose.

- Du moins les accords de piano sur cette chanson ! rectifia Rose.
- …

Rose tendit la main. Yann plissa les yeux.

- Risqué, terrain glissant, toi pas célibataire…
- Dimitri danse avec un homme, danser avec toi à côté, c'est de la gnognotte !

Notice me, take my hand (Remarque-moi, prends ma main)

Yann prit la main de Rose et la regarda. Elle semblait plutôt amusée par la situation.

Why are we strangers when(Pourquoi nous ignorer quand…)

Le duo entra dans la foule et se positionna comme la convention l'ordonnait entre personnes convenables.

Our love is strong
Why carry on without me
(Notre amour est fort, pourquoi continuer sans moi ?)

Yann plissa les yeux. Il avait eu le relatif bonheur/malheur d'avoir un père britannique et un père américain d'adoption qui lui avaient appris le minimum syndical en anglais notamment avec les sous-titres des séries télés. Rose prenait la chanson pour ce qu'elle était, une mélancolique balade anglophone à laquelle elle ne pigeait rien.

Yann comprenait tout.

Everytime I try to fly, I fall (Chaque fois que j'essaie de voler, je tombe)
Without my wings, I feel so small (Sans mes ailes, je me sens si petit)
I guess I need you, baby (Je suppose que j'ai besoin de toi, bébé)

La salle était remplie de projecteurs et de lumières tout en restant relativement sombre. Rose trouvait ça très joli. Yann était quelque peu embarrassé.

- C'est vraiment une jolie chanson, hein ? Sourit Rose à l'oreille de Yann.
- … hm, très jolie.

And everytime I see you in my dreams (Et chaque fois que je te vois dans mes rêves)
I see your face, it's haunting me (Je vois ton visage, ça me hante)
I guess I need you, baby

Yann scruta la salle. Sheldon était toujours dans sa tribune romaine, prêchant les petits hoennais naïfs, Dimitri dormait à moitié sur l'épaule de son compadre qui semblait tout énamouré. Yann sentit alors qu'une tête se posait sur son épaule.

- … R… Rose ?!
- Quoi ?
- … Rien…

I make believe that you are here (Je m'imagine que tu es là)
It's the only way I see clear (C'est la seule façon d'y voir clair)

Yann était maintenant très embarrassé. « A quoi joue t-elle ? » fut sa première réflexion. « J'en profite ou je suis un gentlemen ? » C'est là que Yann se félicita d'avoir deux papas : Il garda un flegme tout amical. Même si au fond il s'en mordait les doigts.

What have I done (Qu'est-ce que j'ai fait ?)
You seem to move on easy (Tu sembles t'en remettre facilement)

Yann se laissa porter par la chanson, et alors que Rose serrait Yann affectueusement contre elle, il perdit un peu de son flegme et serra Rose contre lui également. Il n'avait jamais ressenti une telle sensation, celle d'être totalement en phase avec la personne. Il avait eu quelques romances entre Rose 1 et Rose 2, du moins entre son premier contact avec Rose et ce second contact, mais jamais il n'avait ressenti une telle adéquation à ses désirs personnels. « Tu es raide de cette fille, Yann. Fais-toi une raison, elle a un petit copain. »

La chanson reprenait sur un autre refrain, une fois encore très solennel, alors que Yann se sentait comme bercé dans un rêve. Il ignorait ce que Rose pensait - et il ne le saurait probablement jamais - mais cela lui paraissait sur le moment - et ce genre de perception était rare chez tout un chacun - comme un des plus beaux moments de sa vie.

Très égoïstement, bien sûr.

I may have made it rain
Please forgive me
(J'ai peut-être tout ruiné, s'il te plait pardonne-moi)

Comme souvent dans ces moments-là, ces moments heureux, Yann regarda dans le vide. Tentant cependant de saisir chaque seconde, chaque instant, d'en garder la trace.

My weakness caused you pain (Ma faiblesse t'a fait souffrir)
And this song's my sorry (Et cette chanson est mon repentir)

Alors que Yann était bienheureux, Rose semblait complètement la tête à autre chose. Elle regardait vers Sheldon, comme si elle attendait une réaction de sa part.

***

- Bélier !

Donphan chargeait vers Roland qui avait sorti Phyllali.

- Hâte !

Phyllali sauta en l'air, esquivant l'attaque.

- Feuill'Magik !

Le renard végétal créa un véritable tunnel de feuilles de lumières et visa Donphan dans sa charge, accompagnée des feuilles qui s'aimantaient à lui. Rachel était émerveillée.

- J'adore le style de tes attaques…
- Ne t'ébahis pas trop…

Phyllali arriva sur Donphan.

- Queue de Fer !

Donphan leva ses fesses et contra l'attaque de Phyllali. Le Pokémon vola dans les airs et retomba plus loin, sur ses pattes.

- Figure-toi que j'ai pris quelques leçons de physique des attaques avec Claire…
- J'adore quand tu me surprends comme ça ! Sourit Roland.
- Roland… Rachel…

Les deux se tournèrent vers Norbert, Lionel et Linus.

- Oh…
- Continuez, continuez… marmonna Norbert. Nous étions juste venus… délivrer nos condoléances, mais comme nous savons que Rachel n'aime pas trop ça…
- On passe juste en coup de vent, Linda ne nous a pas ouvert et Etienne… marmonna Lionel.

Rachel vint les serrer dans ses bras à leur propre surprise.

- Merci d'être venus.

Roland roula des yeux au ciel. « Et après elle ne voulait pas qu'ils viennent… »

Linus arriva vers Roland.

- Tu dois parler à ton père.
- … Lindbergh, la situation…
- Ne me sers pas du Lindbergh, bon sang ! Tu as passé ta jeunesse à jouer les durs mais quand il s'agit d'être sérieux ou d'être combattif, tu baisses les bras ?

Roland regarda Rachel, Norbert et Lionel, embarrassé.

- Euh…
- Etienne a perdu son meilleur ami, il est forcément effondré, tu es le seul à pouvoir le raisonner pied à pied, sans fioritures !
- Vous pouvez pas…
- Nous sommes des amis de ton père, pas des intimes ! Nous vieillissons, nous n'avons plus le fer de lance pour affronter ton père ! Fut un temps où nous étions ses supérieurs hiérarchiques, crois-moi ça ne l'arrêtait pas pour traiter Norbert comme un égal, pour me rabaisser plus bas que terre ou pour toiser Lionel, simple flic !
- T'as mis de l'adrénaline dans le café de Linus ? S'étonna Lionel.
- Ca lui arrive d'être pertinent parfois… admit Norbert.
- Alors monte et va parler à ton père !
- On… avait des plans avec Rachel…
- Je suis d'accord, vas-y !

Roland regarda Rachel, blasé. « Tu disais pas ça y'a une heure ! Enfin, si tu le disais mais dans un contexte radicalement différent… »

- Va parler à ton père.
- Et toi, va parler à Malcolm ! Grommela Roland.
- C'est plus urgent que tu ailles parler à ton père ! Assura Rachel.
- Je vais te préparer un thé pour que tu le lui montes !
- … woaw, un plan vachement élaboré ! Admit Roland.
- La ferme !

Linus mena la marche. Roland regarda Norbert et Lionel et fit tourner son doigt à côté de sa tempe. Norbert haussa les épaules, aussi intrigué que lui.

***

On frappa à la porte du bureau. Etienne releva la tête, assis à la table.

- Entrez…

Roland entra. Etienne soupira.

- Manquait plus que ça…
- Linus t'a fait un thé…
- Je me doute que ce n'est pas toi.

Roland plissa les yeux. « Ca commence super bien ma parole… »
Il posa le thé sur la table.

- Euh… Tu veux… discuter ?
- Roland, ça n'est vraiment pas le moment…
- Je sais, c'est les autres qui me forcent. J'voulais pas te parler, je savais que ça partirait en sucette, mais… Je suis ton fils… et… un fils… se doit de rassurer son père. Enfin je crois. Enfin c'est le devoir d'un fils…
- Alors ça c'est très cohérent…

Etienne s'assied au fond de son fauteuil. Le visage marqué par la tristesse.

- C'était tellement évident que tu ne saches pas quoi faire en tant que fils. Tu n'as rien à faire, je m'en fiche, Roland. A l'heure actuelle, tu es là parce que Rachel est concernée de près, parce que Malcolm est concerné de près… et pour rien d'autre. Tu ne devrais même pas être là. La mort de Kenneth, ça n'est pas quelque chose qui te chagrine, je suppose.
- Faux.
- Oh je t'en prie, Roland. « Au fait, maman, toi et monsieur Heine… » « Maman, ne m'adresse pas la parole, tu as fait ça avec Monsieur Heine… » J'en passe et des meilleures, le DVD du best-of hommage devrait sortir sous peu, je suppose...

Roland soupira.

- T'as la rancune tenace…
- Oh-ho ! Tu veux bien redire ça que je l'enregistre et que j'aille le dire au toi du passé ?

Roland leva les yeux au ciel.

- Tu es content que ça se passe ainsi, parce qu'au moins tu peux nous regarder souffrir, soupira Etienne.
- Papa, pourquoi ne veux-tu pas comprendre que…
- Que QUOI ?

Roland recula.

- Que tu as changé ? Que d'un coup tout s'efface, mais bon sang Roland dans quel monde tu vis ? Mon meilleur ami vient de se suicider dans une maison de retraite dont il était censé sortir… Et…

Roland regarda son père, abattu.

- Et te voilà à contempler les restes en te délectant, les yeux remplis de…
- Oh la ferme papa !

Etienne regarda Roland, surpris.

- La ferme, putain ! J… J'en ai marre que tu me ramènes sans cesse tout à la gueule !
- Une fois encore, laisse-moi sortir mon dictaphone et mon Tardis…
- CA TE FERAIT MAL D'ETRE UN VRAI PÈRE POUR UNE FOIS DE TON COTE AUSSI ??!

Etienne grimaça. Roland grommela douloureusement.

- M… Merde ! Un père ça renvoie pas à son fils les conneries qu'il a faites ! Un fils, ok, ça peut jouer au con, ça a pas d'expérience de la vie, et d'accord ça n'excuse rien, mais un père, le moins que puisse faire un père, et je suis pas père donc je sais pas trop de quoi je parle, mais papa, le moins que tu puisses faire, c'est de te comporter avec moi de sorte à ce que je regrette encore plus mon comportement passé, et non en faisant comme si tu essayais stupidement de tout foutre en l'air alors que je fais un putain d'effort en regardant maman sans penser tout de suite « Salope » ou en te regardant toi sans penser « Gros lâche » !

Etienne hocha la tête. Roland soupira.

- Wow. Maintenant j'ai droit à un cours sur la paternité. Dingue.
- Papa…
- Roland, il ne suffit pas de… belles paroles.

Roland plissa les yeux.

- Changer, c'est un long processus. J'en ai commis des erreurs avec ta mère. Tu crois que tout va bien et puis un jour, paf… tout fout le camp, tout change du tout au tout… Ta mère a habité chez Lionel pendant un temps.
- Ah bon ?

Etienne hocha la tête.

- Hm. Il y a eu un souci entre nous, j'ai… commis un impair difficilement réparable, elle a mis du temps à s'en remettre… moi aussi… Ensuite tout s'est enchaîné, on a renoué, Travis est arrivé… Le fils de mon beau-père, quel hasard… Je détestais mon beau-père, un vrai connard !

Etienne se mit à ricaner. Il regarda Roland.

- Finalement, tu vois, tel père tel fils.

Roland acquiesça, souriant.

- Mais ton grand-père… c'était quelqu'un. Je l'ai… pas connu assez longtemps mais j'en garde un souvenir impérissable. Et Kenneth… Kenny a eu une empreinte indélébile dans ma vie.

Roland baissa la tête.

- J'suis vraiment désolé, j'ai… obligé Malcolm à les laisser, Rachel les a placés…
- C'est la vie. Qu'est-ce que j'y pouvais ? De toute manière Kenny refusait mes visites, même une fois en établissement.

Roland regarda son père, étonné.

- Quoi ? Papa…
- Du coup je me sens un peu bête. Il refusait que je vienne le voir. Ca voulait dire quoi, ça ? Mon meilleur ami qui ne veut plus me voir, je suis quoi, moi ? ricana Etienne.
- …
- Et là, ta mère refuse que j'entre dans notre chambre où elle cuve sa déprime. Elle refuse mes visites aussi. Voilà.

Roland plissa les yeux.

- C'est comme si… on avait fait les mauvais choix, tous les trois…
- … Tu veux que j'aille voir maman ?
- Inutile. Il lui faudrait David fondu en guimauve et passé en intraveineuse.
- David… c'est à lui qu'il faudrait une intraveineuse en ce moment… marmonna Roland.
- Hm… S'il peut, dis-lui de passer ici quelques semaines, histoire que Malcolm puisse vivre son deuil sans problèmes pendant les vacances d'avril.

Roland acquiesça, songeant au fait que ça pourrait l'éloigner de l'horreur décrite par Charlie.

- D'accord.
- Ca nous fera du bien à tous les deux, à moi et à ta mère.

Roland hocha la tête.

- Mais ne te voile pas la face, Roland, tu n'es pas bon pour rassurer qui que ce soit.

Roland plissa les yeux.

- Tu… penses pouvoir le faire mais tu ne fais que repousser les problèmes des gens à plus tard, tu frôles la surface sans voir les vraies conséquences.

Roland baissa la tête et repensa à Lily.

- Si un jour votre relation à toi et à Rachel foire… tu peux être sûr que ce sera ta faute.

Roland hocha la tête et se mordilla les lèvres.

- Finalement… J'étais pas le pire de cette famille ! J'avais de la concurrence. Je suis pas sûr que si je prend un dictaphone à mon tour et si je fais écouter ça au « Toi » du passé… Il apprécie aussi. Je suis persuadé que tu as été quelqu'un de bien un jour et que ce quelqu'un est quelque part au fond de toi… mais qu'il est genre décrépi... soupira Roland, amer.

Roland tourna les talons.

- Je vais aller voir maman. Et si j'ai réussi à… faire que Lily soit à peu près stable maintenant, et si j'ai pu apporter du soutien à David après sa rupture, et si j'ai pu aider Rachel à passer le cap de Nathan, eh bah… Je suis peut-être pas parfait, je suis peut-être un gros con dans le fond et peut-être même que je me mens quand je dis que toi et maman, je vous aime… Mais moi au moins je reste pas assis comme un couillon sur un bureau. Ca, c'est lâche. Je fais ce que je peux pour m'en sortir et qu'autour de moi, on s'en sorte. Ce que toi tu as cessé de faire !

Roland s'en alla. Etienne hocha la tête et but son thé.

« Disons que je n'ai plus besoin de le faire… vu que tu t'en charges très bien, fiston… Il faut bien que ton vieux papa te pousse un peu. »

Etienne sourit et se leva.


***

- Elle crie, elle me menace, je cours dans la rue - mais je peux pas courir, je suis malade - je fais cinq pas je m'essouffle et je vomis !

Denis ricana.

- Elle sort son Bouldeneu, elle fouette le sol, je suis mort de trouille, Colin vient à mon secours, il est emporté par ce type qui est agent du gouvernement…
- Wow… T'as vécu des trucs de dingue…
- Au final je suis même arrivé à la battre, alors que quand même, elle était super forte, un Brasegali, un Coudlangue, un Bouldeneu… Alors moi forcément, je m'excuse d'être nul, tout ça…
- Oh lalala ! Ca me mettrait en pétard un adversaire pareil !
- J'avais des techniques pour l'attaquer en plus. Un de mes trucs c'était d'appuyer sur mon Parasect pour en faire sortir une fumée noire et violette…
- Sérieux ?
- L'effet est radical, toutes les statistiques du Pokémon s'effondrent.
- Tu maîtrises la Bombe Spore ?
- En fait ça marche mieux avec Choc Mental…
- C'est extraordinaire !
- Et mon Corayon a un Pouvoir Antique qui lui permet de créer de la roche, du corail pour être plus exact. C'est dû à des expériences en laboratoire.

Denis plissa les yeux.

- De minute en minute, tu deviens de plus en plus séduisant !
- Ca n'a pourtant rien d'extraordinaire. J'ai une combinaison, j'enrobe mon Ecremeuh en pleine roulade d'une fine couche de corail…
- Alors comme ça on est un combattant refoulé ? Quand comptais-tu faire ton coming-out ?

David haussa les épaules.

- J'essaie juste d'être original en me battant ! Ca m'arrive pas souvent en plus…
- Pourtant tu t'es un peu entrainé !

David hocha la tête.

- Seulement… pour être utile, au cas où. Dans ce monde, si tu n'es pas fort…

Denis sourit.

- Dans ce monde, si tu n'es pas fort, tu peux toujours être brave.

David sourit.

- Hm... c'est vrai.
- Finissons de manger, ça fait une heure et demie qu'on est là !
- Oh mon Dieu, j'ai pas vu le temps passer ! Ricana David.
- La conversation était agitée… Comment ça s'est fini, ce fameux combat ?
- J'ai soigné ses Pokémon, elle est partie dans les bras de son Brasegali !

Denis sourit, attendri.

- Finissons ce repas. Même les meilleures choses ont une fin. Puisse t-elle être aussi douce que celle de ton combat !

David sourit à son tour bien que perplexe. Que voulait t-il dire par là ?

***

- On se revoit plus tard, Dimitri !

Lequel salua son nouveau copain fan de mode.

- Quoi que tu veuilles, n'hésite pas à venir demander ! sourit Dimitri.
- Avec grand plaisir ! sourit Wilfried.

Dimitri sourit et se dirigea vers Yann, plus qu'interloqué, un verre à la main.

- … T'as dansé trois chansons avec ce type ?!
- C'était plutôt sympa !
- Toute la fac te prend pour un homo !
- … et alors ?!
- … Dimitri, t'es la seule personne normalement constituée qui puisse répondre « Et alors » à ça !
- C'est un type comme les autres, j'ai le droit d'être son ami !
- A ta guise…
- Tu regardes quoi ?
- Rose et Sheldon qui dansent.
- Oh.

Yann plissa les yeux.

- On a dansé, tout à l'heure, sur Britney.
- Elle était consentante ?
- …
- Vous avez dansé sur Britney, elle a dû avoir mal quand vous êtes montés…
- DIMITRIIIIIII !
- Je plaisantais !
- J'suis pas sûr !
- Ca t'apprendra à dire que je fais exprès de mal comprendre les choses !

Yann soupira.

- Dimitri…
- Hm ?
- Tu sais ce que c'est, la jalousie ?
- Léopold disait « C'est pas un péché capital donc c'est pas interdit ».

Yann hocha la tête.

- Je crois que je suis jaloux.
- De ?
- De Sheldon. Parce qu'il a Rose.
- Son jardin !

Yann regarda Dimitri qui sourit.

- J'étais à une table très blagueuse ! Wilfried a beaucoup d'humour.
- C'est quand, le mariage ?
- Les hommes ne peuvent pas se marier entre eux à Poképolis, toujours pas…
- Dimitri je plaisantais !
- Ahon.

***

- Maman ?

Roland entra alors que sa mère était allongée sur le lit.

- Maman, ça va ?
- …

Roland ferma la porte derrière lui.

- Maman, j'suis désolé…
- Je sais, Roland, je sais.

Il vint s'asseoir auprès d'elle.

- Tu… tu devrais aller parler à papa, maman.
- Je ne veux pas parler à ton père. Pas maintenant.

Roland acquiesça.

- Tu veux que Linus te fasse un thé ?
- Linus est ici ? Norbert aussi ?
- Oui…
- Dis à Norbert de monter.
- … Maman…
- Norbert, mon chéri.

Roland plissa les yeux.

- Maman, je voudrais juste que tu te lèves, que tu parles avec papa, c'était votre ami…
- C'est trop compliqué, Roland, tu le sais mieux que quiconque.

Roland plissa les yeux.

- Hm…
- Dis à Norbert de monter, chéri.

Roland baissa la tête.

- Maman, je suis vraiment, vraiment désolé… Je vais chercher Norbert.
- Fais donc ça.

Roland soupira et sortit de la chambre. Une fois dans le couloir, une réalité sordide le frappa.

« J'arriverais jamais totalement à me détacher de tout ça, hein ? J'aurais pris conscience de l'erreur trop tard… »

Il marcha dans le couloir, l'air hagard, passant devant les anciennes chambres de lui, David et Lily. Il descendit. Rachel était avec Norbert, Lionel, Linus et Claire.

- Euh… Linda veut voir Norbert, elle est dans la chambre.
- J'y vais !

Norbert se hâta. Roland soupira.

- Claire, comment va…
- Il est devant la télé, ta tante est à la cuisine elle prépare le repas de ce soir.

Roland alla au salon. Malcolm leva la main.

- Hey… Ca va ?
- Hm.
- Tu vois, ça va aller, Mac… Tu vas recommencer à vivre, et ton père… sera toujours auprès de toi… dans ton cœur… Et je sais que…

Roland commença à pleurer.

- Merde putain je crois pas un putain de mot de ce que je te dis !

Malcolm regarda Roland, étonné.

- J… J'sers à rien, Mac ! Là, au milieu de tout ça j'ai l'impression d'être dans une putain d'essoreuse à salade, merde !
- …
- Mon père m'envoie chier, ma mère m'envoie chier, toi tu m'envoies chier…
- … J'ai juste pleuré dans les bras de Claire, ça allait mieux après…
- J'peux pleurer dans tes bras, Mac ?
- Nan… parce que… nan !

Roland vint se blottir à côté de Malcolm qui soupira.

- Roland, c'est mon père qui est mort !
- Et ça me rend triste. Il était pas méchant ton pater.
- Je sais. Il était cool. Y'a des photos de lui dans cette pièce. Y'a des photos de mon père chez toi. Y'en a une où il est jeune, avec ton père et une femelle Ramoloss. Y'en a une où il est avec ta mère…

Malcolm recommença à pleurer. Ils se pleurèrent l'un sur l'autre.

- Et j'en veux toujours à Rachel, j'arrive pas à lui reparler, Roland…
- Ca se comprend, Mac…
- Ah ?
- Quand tu te sentiras prêt, tu lui reparleras ! Tant que tu me promets de lui reparler un jour !
- C'est ma soeur, je serais bien obligé... Roland...
- Je sais, Mac, je sais... Ton papa, tout ça.

Lionel regarda dans le salon et vit les deux garçons se pleurer dessus.

- Si Norbert était là… marmonna le policier.

Il entendit un chut et observa Estelle, hors de la cuisine, espionnant son neveu et Malcolm comme une gamine espiègle.


***

David et Denis sortirent.

- Bon, eh ben…
- Attends, faut que tu me ramènes… Il est onze heures trente… mon frère peut pas trop…
- Ah ! Ok, pas de souci…

Denis amena David à sa voiture. L'échange de sourire devint de plus en plus évident.

- Je suis donc pas le seul à penser que ça s'est bien passé ?

Denis ouvrit à David.

- Je… trouve aussi !

Les deux montèrent dans la voiture noire. Une fois dans le silence de la voiture, ils ricanèrent.

- La vache, le claquement de porte le plus drôle du monde !
- C'est marrant un claquement de porte ! Clac ! Sourit David.

Ils ricanèrent à nouveau. Denis regarda David. Les rires cessèrent.

- Tu es un garçon génial.
- … Merci… Ca porte malheur de dire…
- Non, c'est après « bonne chance ! »
- Ah !… T'es super aussi.

Denis hocha la tête.

- Faut que je conduise, là, donc… on arrête les compliments cinq minutes…
- Allume la radio, ça évitera que je t'en refasse.
- Bonne idée, Docteur Smirnoff !

Les deux mains se joignirent vers la radio. David et Denis se regardèrent.

- C'est d'un cliché !
- Trop ! Ca ne devra jamais se reproduire ! Assura David.
- Et surtout… C'est ma voiture, d'où tu touches à la radio ?

David plissa les yeux.

- Je… sais pas, d'habitude, je… prends pas d'initiatives.

Denis hocha la tête.

- Voleur d'autoradios, va.
- Ca y est les clichés reviennent…

Denis alluma la radio qui passait « Lullaby » de Sia..

La voiture démarra. Silence sur le chemin. La calme chanson accompagnait ce petit moment de félicité. Ce n'est qu'au moment où ils entrèrent dans Nenucrique que David se remit à parler.

- Là, la sortie à droite…
- Ok.

Denis arriva devant la maison. Il coupa le contact et regarda David.

- Bon, bah… voilà…

Echange de regards. Denis allait parler mais David prit la parole.

- J'ai… passé une excellente soirée.
- Moi de même. On se reverra ?
- … pourquoi pas mercredi pour un petit ciné ?
- D'accord mais on essaiera de moins papoter, hein ? Sourit Denis.

David acquiesça. Denis regarda David, un peu gêné. David de même, petit blanc dans la conversation. Les deux se fixèrent. David approcha, hésitant. C'est Denis qui scella le baiser. Un baiser agréable, se dit David. Le baiser gagna en profondeur, en intensité, en… en plein de choses. De mémoire de David ce fut le baiser le plus long de son existence. Quand ils se séparèrent, il fallut aussi qu'ils cessent de s'étreindre.

- … Woaw…
- … C'est pas moi c'est toi qui… avec tes bras, là !
- C'est toi qui a commencé avec tes mains baladeuses !

Denis recula.

- Tu as raison. Il vaut mieux… en rester là et ne rien gâcher en… faisant des bêtises.
- C'est exactement ce que je pensais ! Même si… C'était vraiment super. J'ai apprécié.
- Moi aussi. Ce sera un plaisir de te revoir mercredi. Mon numéro !
- Ah oui !
- Attends, j'ai un stylo et…
- J'ai mon bloc notes pour les ordonnances d'urgence ! Sourit David.

Ils se donnèrent leurs numéros.

- J'aurais pu t'enregistrer directement dans mon répertoire… marmonna Denis.
- C'est plus marrant avec des bouts de papier !

Une fois les numéros échangés, les deux se regardèrent, se délivèrent un dernier baiser furtif en comparaison du premier et David ouvrit la porte.

- A plus, Denis !
- A plus, Dave !

David ferma la porte et resta là à regarder Denis partir. Denis s'éloigna en saluant David d'une main. David sourit.

- Halala…

David se dirigea vers la maisonnée.

***

Roland rejoignit le lit dans sa chambre où il dormait avec Rachel.

- Ca va ? Demanda Rachel.
- … Et toi ?
- Journée éprouvante.
- David s'est… trouvé une meuf.

Rachel grimaça.

- Une meuf… une amie ?
- Une petite copine. Charlie les a vus dans un bistrot…
- Ouah… Ton frère est super mal…
- Tu m'étonnes… Ca va aller avec Malcolm ?

Rachel souffla.

- S'il veut me parler, qu'il vienne, s'il ne veut pas, je ne le force pas.
- Tu devrais le forcer un peu…
- Ca ne ferait que ralentir l'échéance, c'est mon frère, je sais qu'il m'aime mais qu'il a du mal à gérer ce que j'ai fait… ça lui passera. Ton lit est affreusement inconfortable.
- J'ai jamais aimé le confort…
- Au moins, Malcolm te parle, c'est déjà ça. Et Claire me parle, c'est l'essentiel.
- Au moins par des jeux d'intermédiaires, on peut vous faire converser.
- Ca me fait peut-être un peu chier pour Nell…

Roland hocha la tête.

- Mais toi, au fait, par rapport à tes parents…
- Oh Rachel je t'en prie, ton père est mort, moi je paie juste mes vieilles brouilles… Et je me sens plus inutile que jamais. Mes deux parents m'ont envoyé chier à leur manière. Leur meilleur ami est mort et j'étais incapable de faire quoi que ce soit pour les aider.

Rachel soupira.

- Tu ne peux pas sauver le monde, Roland. Je te l'ai déjà dit. Tu te prends la tête pour rien…
- T'es marrante, toi. Malgré tout le mal que je lui ai souhaité, je l'aime, cette famille de cons.

Rachel ricana et se serra contre Roland.

- Rachel je suis pas trop d'humeur…
- Laisse-moi juste être contre toi. On m'a parlé de morts toute la journée, je veux sentir quelque chose vivre contre moi.
- …

Roland regarda Rachel. Il l'embrassa, se positionna au dessus d'elle.

- Je comprends ce que tu voulais ce midi. Cette envie de vouloir se vider la tête…
- Voilà c'est exactement ça !
- Si tu es d'aplomb…
- Oh crois-moi Roland, entre faire ça et discuter chiffons toute la nuit…

Roland acquiesça, se releva et commença à se deshabiller.

- Roland, mon père est mort…
- Je sais. Je suis - une fois de plus - désolé pour ça.
- Mon père est mort et… je réponds à un besoin d'affection stupide.
- Tu sais, l'avantage avec l'affection… enlève ton chemisier, s'il te plait…

Rachel s'affaira.

- L'avantage avec l'affection c'est que… c'est toujours la même chose, mais contrairement aux mots, ça lasse rarement. Tu en connais des gens qui disent « Oh là là j'en ai marre que les gens soient affectueux avec moi ! »
- Les masochistes !
- Hm… Laisse ça de côté. Toi et moi on s'aime, on va juste prendre du bon temps tous les deux, tranquilles…

Roland bougea un peu et la tête du lit claqua contre le mur. Rachel grimaça.

- Je rêve, on va réveiller toute la maison !
- … gênant…
- … Verrouille la porte.
- Quoi ?!
- Roland, va tourner ta clef dans cette porte.
- M… Tu te rends compte de ce que va penser mon père ? Ma mère ? Ma tante ? Malcolm ?

Rachel hocha la tête.

- Tu penses vraiment qu'ils vont oser venir ? Malcolm ne veut pas me parler, à la limite, Claire pourrait venir se plaindre mais elle a un sommeil de plomb et je doute qu'on la réveille.
- C'est… horrible et… paradoxalement excitant !

Roland se leva et alla fermer sa porte.

- Comme au bon vieux temps, personne ne doit rentrer !

Roland retourna au lit et embrassa Rachel.

- Merci Roland.
- Pour ?
- Pour ce que tu vas me faire oublier pendant quelques minutes.
- … quelques minutes ?
- Ah ça, ça ne dépend que de toi !

Ils s'enlacèrent, pressés de prendre cette dose d'endorphine. Ce qu'ils ignoraient encore tous les deux, c'est que c'est cette nuit là, une calme et tempérée nuit d'avril qu'ils conçurent Ethan Smirnoff.