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Smirnoff : Renaissance de Domino



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Informations

» Auteur : Domino - Voir le profil
» Créé le 10/01/2011 à 16:37
» Dernière mise à jour le 28/02/2011 à 20:08

» Mots-clés :   Hoenn   Johto   Présence de personnages du jeu vidéo   Romance   Slice of life

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037 - Vulgum Pecus
« Lorsque l'adversité frappe, les enfants gâtés font toujours plus pitié que le commun des mortels. »
(Bruno Tessarech)



- Merci d'être venus !
- Tout naturel… soupira Rachel. C'est un peu mon père aussi, tout de même !
- J'ai hâte qu'il sorte ! Sourit Malcolm.

Claire se retourna vers Roland et Rachel.

- Dire qu'il y en a qui essaient d'échapper à leur beaux parents…
- Pauvre Claire. Tu veux un bonbon ? Sourit Roland.
- Non merci !
- J'espère juste qu'il ne sera pas trop ronchon. Dans le pire des cas je sortirais… marmonna Rachel.
- Non, non, je tiens à ce que tout redevienne plus ou moins normal. S'il a suivi une thérapie, c'est qu'au moins il doit t'avoir pardonné !
- Et rassure-toi je ferais des excuses si besoin est.

Roland regarda Rachel qui leva le doigt.

- Si besoin est !
- Ouf tu me rassures !
- Disons que c'est plus que probable que je le fasse ! Admit Rachel. C'est vieux tout ça, au fond il n'avait pas tort, avec le recul…

Malcolm soupira.

- Vieilles histoires, rien de bon là-dedans. Tu fais comme tu veux, Rachel.
- Ouh je sens que tu vas pas dire ça bien longtemps… marmonna Roland.


***

Roland avait les paupières basses. Pas au point de s'endormir mais il était diaboliquement blasé. Ethan lui tapa l'épaule. Roland regarda son fils dans les bras de Rachel qui lui souriait.

- Ouais, ouais, toi t'es content, tu vas voir du monde !
- Roland…
- J'peux pas avoir des vies ou des cœurs comme dans Zelda ?
- Tu n'es pas Link, Roland !
- C'est quand même incroyable que je préfère rester à la maison avec David et Kate ! Ca dépasse l'entendement, la métaphysique du monde en est chamboulée !!
- J'espère que Kate et sa copine ne mettront pas la maison à sac.
- Rachel, tes inquiétudes sont sublimes. Promets-moi que quand on se mariera - oh zut, ça c'est déjà fait !
- Roland, rien, cet après-midi, ok ? Pas de problèmes de couples émergés à la surface devant tout le monde…
- Woah Rachel, tu en as pris conscience ? Tu es au courant de mon futur changement de sexe aussi ? Sourit Roland.

Rachel regarda Roland, blasée.

- Pas de blagues crades qui ne font rire que toi…
- Oui madame.
- Pas d'irrespect envers qui que ce soit !
- C'est trop dur, Rachel ! Y'aura Tamara Horton !
- Tamara a ses travers - elle est raciste, contre l'avortement, très croyante et réfute la théorie de l'évolution - mais c'est une femme bien !
- Tu t'écoutes parler, Rachel ?! Y'aura aussi Harrison et son crétin de fils !
- Tobias est un chic gamin !
- Et Andréa Horton… Tu sais qu'elle est nymphomane ?
- Roland, merde !
- C'est quand même hallucinant que tu me forces à respecter ces gens.

Rachel soupira.

- Ecoute. On fait un pacte. Tu gardes Ethan avec toi !
- Que me vaut ce privilège ? S'étonna Roland.
- Et tu le garderas tout l'après midi !
- Wow. On est quel jour ? Thanksgiving ?
- Si et seulement si à aucun moment que ce soit, personne ne me rapporte que tu aies dit une saloperie !
- Facile il me suffira de supprimer les témoins !
- On arrive alors ferme ta bouche !
- RACHEEEEEEEEL !

Une trentenaire trop brune, trop maquillée, trop refaite, se dirigea vers Rachel alors que Roland tenait Ethan.

- Prépare-toi à cogner…
- Nan !
- Si Ethan, tu es mon Pokémon ! Vas-y !
- Nan j'suis pas un Pokémon !
- A ton âge, je voulais être un Pokémon ! Admit Roland.
- Comment allez-vous, Rachel ? Et vous êtes venue avec Roland… Hm…
- Bonjour Tarama… Tamara pardon, oh cette dyslexie verbale !

Rachel serra les dents. Tamara agita les mains.

- Ce n'est pas grave, ça n'est pas comme si on s'attendait à ce que vous soyez… bien éduqué !
- Votre second prénom c'est collagène ou toxine botulique ? Juste au cas où il faille que je m'en souvienne !

Rachel se frappa le visage du plat de la main.

- Vous êtes si drôle, si cultivé !
- Vous aussi, cette salade sur votre tête c'est d'un drôle, d'un cultivé… marmonna Roland.
- Ahem… Venez donc, les autres invités sont déjà là !

Tamara partit devant. Rachel regarda Roland.

- Premier avertissement, à trois, je te retire le petit !
- Et l'alliance avec ?
- Ca veut dire quoi, ça ?
- Ca veut dire ce que ça veut dire ! J'ai une limite moi aussi !
- Roland, ne peux-tu pas bien te tenir ?
- Je t'en prie, appelle maman pendant que t'y es ! Ma carte d'identité doit être fausse, si on t'écoute, j'ai huit ans !
- Moi j'ai trois ans ! Sourit Ethan.
- Oui mon bonhomme !

Rachel regarda Roland, exaspérée.

- Reste le plus loin possible de moi cet après-midi !
- Oh t'en fais pas c'est pas comme si on était mari et femme !

Rachel s'éloigna.

- Clarence !
- Oh Rachel !

Roland passa devant les deux femmes, tenant le petit. Clarence regarda le professeur, étonné.

- Ca va pas ?
- Il… est de mauvaise humeur !
- Oh… Vous avez salué Tamara je présume !
- Il a été infect une fois de plus !
- J'ai cru comprendre que c'était normal chez lui…
- Clarence, vous avez été mariée, vous savez ce que c'est de… lutter pour essayer de changer les mauvaises habitudes de son mari !
- Croyez-moi Rachel, n'est pas Marge Simpson qui veut…
- Mais c'est possible ?
- Ca dépend. Mon premier mari était sale, je l'ai rendu propre. Mon second mari était bête, je l'ai rendu intelligent… Si ton mari est… grossier…
- Jamais à un point grandiloquent, il est juste méchant, irrespectueux…
- Eh bah alors…
- Il est juste insupportable !
- Alors essaie de le rendre plus supportable !
- J'essaie mais il a l'air de croire que je fais ça pour l'embêter !
- Alors tu te bats peut-être contre le mauvais ennemi !

Rachel plissa les yeux, intriguée.

Roland se retrouva au milieu de tous ces gens qu'il ne supportait pas.

- Ethan, tu as envie de faire caca ?
- Nan j'ai fait avant partir.
- Tu es un méchant garçon, Ethan, vilain, vilain, vilain !
- Oh mais c'est le petit Ethan ! Bonjour monsieur Smirnoff !

Roland regarda Donna.

- Je vais pleurer, ça me fait plaisir de vous voir Donna, vous pouvez pas savoir !
- Vous devriez aller avec Harrison, il est avec Morty, vous savez le concessionnaire…
- Oui, oui…
- Ils regardent la formule un dans le salon en buvant des bières…
- Ces gens ont trouvé le paradis terrestre… Où est Tobias ?
- Il traine dans le coin…
- Faites attention, la fille des Horton est un peu… proche des garçons !
- Vraiment ?
- Tobias est jeune et innocent, protégez-le de ça !
- … Vous êtes sérieux ?
- Gardez au moins un œil sur lui !
- Oh… si vous le dites…
- Petits fours, monsieur Smirnoff ?

Roland et Donna se tournèrent vers Andréa Horton, jolie blonde sans défaut, dans une robe qui laissait voir son décolleté de femelle de seize ans.

- Non merci.

Roland boucha la vue d'Ethan alors que Donna refusait également. Roland regarda dans le jardin, autour de la piscine.

- Tob' est là-bas !
- Je vais surveiller !
- Vous avez bien raison…

Roland alla au buffet. Difficile quand tout le monde fume et que vous avez un gamin dans les bras.

- Géniaaaal… Je vais peut-être rejoindre Harrison tout compte fait… Bière et cigare, que choisir…
- Smirnoff…

Roland se tourna vers Stephen Horton. Il était devenu un puissant et respecté magnat de la finance après la guerre en saisissant des opportunités laissées à l'abandon. Un gros profiteur quoi.

- Stephen… Ca alors, vous avez l'air épanoui… heureux… souriant…
- Epargnez-moi vos flatteries insipides, je vous préviens seulement que le filtre de ma piscine est cassée.
- Je ne suis ni mexicain, ni réparateur de piscine.
- Epargnez-moi également vos blagues vaseuses…
- Comme l'eau de votre piscine ! Acquiesça Roland.
- Il est formellement interdit de se baigner ou de jeter quoi que ce soit dans la piscine. Suis-je bien clair ?
- Zut je vais devoir me dispenser d'une activité édictée par ma religion…
- C'est très sérieux !
- Je m'en doute, il en va de l'avenir de l'Europe telle que nous la connaissons !
- Hm… Je me demande pourquoi vous avez seulement le droit de vous tenir en ces lieux…
- Allez voir sur Wikipédia. Ah non, c'est quoi pour vous les riches… Wikileaks !
- Hmph…

Il s'éloigna. Roland regarda Ethan.

- T'as compris, Ethan ?
- Nan, rien du tout !
- C'est bien ! T'es un bon Smirnoff !

***

- Ils ont plein de chaînes sur cette télé ! Et tu dis que leur mariage va à vau-l'eau ? S'étonna la jeune femme qui accompagnait Kate.

Laquelle était à table avec David qui hocha la tête. Sur le canapé, une jeune femme aux cheveux courts et teints en cuivré, la vingtaine, bien dans son débardeur blanc.

- Ca devient insupportable… mais j'ai nulle part où aller d'autre…
- David, ça m'étonne que tu n'aies pas un peu plus évolué…

David regarda sa cousine, toute belle, ressemblant de plus en plus à sa mère, toujours aussi adepte du cuir et des vêtements échancrés. Elle avait les cheveux coiffés en chignon et percés par une baguette chinoise ornée d'un petit bracelet de perles.

- Bah…
- Je pensais que ta rupture avec Kyle puis ton extraordinaire rupture d'avec Samantha t'aurait fait évoluer, mais là je vois un type entre deux eaux, indécis, mal dans sa peau… Ca me sidère !
- Désolé… geignit David.
- Ouais, Kate m'avait parlé de toi comme d'un petit mec déprimé mais à ce point là… marmonna la compagne de Kate.
- Désolé aussi, Bernice… J'm'y fais pas à ton prénom…
- Kate a eu du mal aussi, au début elle m'appelait Bergère !

Kate ricana.

- Mais dès le moment où j'ai pris la conquête d'Unys, j'ai aussi pris la conquête de ton cœur !
- J'ai toujours su que je me maquerais avec une meuf ambitieuse ! Ricana Bernice.

David soupira.

- J'me sens nul… Tout le monde est casé sauf moi…
- Allons David, tu trouveras quelqu'un…
- Regarde, ton idiote de cousine a bien trouvé une idiote de meuf ! Admit Bernice.
- Oui regarde, j'ai trouvé quelqu'un alors que…
- T'es chiante…
- Oui…
- T'es pas super facile à vivre… énuméra Bernice.
- C'est vrai, je suis un bordel à moi tout seul ! Admit Kate. Tu sais ce qu'on a fait pour célébrer notre union ? Elle avait un Mamanbo, un magnifique Pokémon d'Unys, tu sais, cette espèce de Lovdisc avec des ailes !
- Hm…
- Et on a fait échange entre son Pokémon et mon Lovdisc ! C'était super romantique !
- Depuis j'ai ce petit poisson adorable dans mon aquarium et Kate utilise mon amour de Boubou pour ses concours !

David plissa les yeux.

- En fait… J'ai eu une occasion, récemment !
- AH ! AH ! ENFIN DU CROUSTILLANT !
- Nous sommes toutes ouïes ! Sourit Bernice.

David plissa les yeux. « Elles se sont trouvées ces deux là… »

- J'ai rencontré… un mec, un patient quoi, un libraire qui s'appelle Denis !
- Denis, David… On va vous appeler les D's !
- Ou les Denvid, ou les Davis - Les Davis ça sonne bien !!… énuméra Bernice.
- … mais j'ai tout fait foirer.
- Comment ?
- Bah, il venait souvent me voir, comme il s'entraine beaucoup, ses Pokémon se blessent…
- Oh c'est… presque mignon ! Acquiesça modérément Bernice.
- Il est déjà aussi maladroit que toi, c'est un bon début ! Sourit Kate.
- … mais j'en ai eu marre qu'il vienne tout le temps, il était agaçant avec ses « Alors Docteur Smirnoff »…
- Toi aussi tu peux être agaçant David, avec tes airs de petit pleurnichard ! Marmonna Kate.
- … et… en partant, après que je l'ai engueulé parce qu'il a attendu deux jours pour me présenter son Laggron blessé…
- Tu l'as engueulé ?
- Bah… Oui, et en partant il me balance qu'il me trouve mignon…
- +1, si j'étais hétéro j'te boufferais toute cru ! Sourit Bernice en regardant un documentaire animalier.

David soupira.

- Quand j'ai voulu aller m'excuser… il m'a repoussé sous prétexte que j'étais une petite chose fragile et qu'il voulait un mec solide !
- Ca se comprend… acquiesça Bernice.
- David, après tout ce temps, tu te sens toujours incapable de mener une relation ? S'étonna Kate.
- Bah en voyant Roland et Rachel se disputer… et surtout je repense à Kyle… Le Pokémon académique de Perrine est un Arakdo… Elle a de la chance, c'est un Pokémon rare…

Kate roula des yeux vers le ciel alors que son cousin commençait à sangloter.

- Daviiiiiid… soupira la jeune femme.
- T'avais raison, quelle pleureuse !
- Bernice, à partir de maintenant nous sommes les hommes de la maison, toi et moi !
- Reçu !

***

- Et quelle ambiance de dingue ce soir… soupira Roland.

Roland vit Tobias arriver vers lui.

- Yo.
- Ma mère m'a dit de venir vous voir… Y'a un souci ?
- Tu t'en sors pour ta dernière année à l'académie ?
- Oh putain j'me fais pas assez chier, faut que vous me parliez de l'école…
- J'me fais chier aussi, parler de l'école ça m'aide, et toi parler de l'école ça te fera penser à autre chose !
- A autre chose qu'à quoi ? C'est rempli de cul-bénis, on est juste là parce que ma mère est genre super appréciée des gens du quartier.
- Ma reum aussi. Alors, on tape une track ensemble ou on cause chiffons, ganjabitch ?
- Z'êtes méga con, mon père avait raison…
- Ouais il est super intelligent, ton père… soupira Roland.
- Nan il est con aussi.
- Tout le monde est con, hein…
- Ouais.

Roland acquiesça.

- T'es un brave gosse.
- Mouais.
- T'approche pas d'Andréa Horton !
- J'suis pas à jour dans mes vaccins, vous en faites pas.

Roland plissa les yeux puis ricana et tendit l'index alors que le gamin s'éloignait.

- Pas mal, celle-là, pas mal.
- Hé, mais n'est-ce pas Roland !

Il regarda Clarence qui venait se servir au buffet.

- Comment vous pouvez rester ici ? Ces gens ont un drapeau des états confédérés sudistes dans leur chambre, au dessus de leur lit !
- Ca m'amuse de faire tâche. Et vous ?
- Je garde le môme pendant que Rachel s'amuse… soupira Roland.
- Elle discute avec les autres femmes, ça doit être follement passionnant.
- Je préfère quand elle vous parle, j'ai l'impression que vous discutez de trucs sensés !
- Rachel est une fille adorable, elle est un peu perturbée en ce moment…
- Vous m'en direz tant… Calme-toi, Ethan.
- J'peux aller par terre ?
- Donnez-le moi… marmonna Clarence.
- Ah non, pour une fois que je l'ai dans mes bras… Reste calme Ethan.
- Mmmm…
- Elle me reproche quoi au juste ? Grommela Roland.
- Vous ne prêtez peut-être pas assez attention à son besoin d'être intégrée à une communauté, d'être un animal social. Elle a besoin de sécurité.
- On a vécu des choses difficiles avec une précédente supérieure hiérarchique, je la comprends mais ça fait quatre ans ! Et puis besoin de sécurité, je vous en prie ! Y'a pas plus gendarme qu'elle à la maison !
- Vous êtes sûr ? Vous êtes certain qu'il n'y a pas un aspect de Rachel que vous souhaitez protéger ?

Roland soupira.

- On a traversé des moments tellement durs… J'étais tout le temps auprès d'elle quand son père est mort. J'ai vraiment senti qu'elle se reposait sur moi et quand Ethan est né, elle a pris une espèce d'assurance, d'indépendance…
- Elle a juste pris son envol, c'est devenu une grande fille. Mais elle est toujours la petite fille à son papa, croyez-moi. Elle a besoin de vous.
- Et j'ai besoin d'elle…
- Mais oui ! Assura Clarence. Il suffit juste que vous arrêtiez de faire les idiots et que vous vous voyiez tels que vous êtes réellement ! Et pas comme vous semblez vous voir actuellement.

La nounou d'Ethan s'éloigna. Roland soupira et regarda son gamin qui semblait fatigué.

- Ethan ?
- Hm ?
- Tu veux faire dodo ?
- Nan, pas dodo !
- Ok, ok.

Roland laissa la tête du petit reposer sur son épaule. C'est cet exact moment que choisir Tamara pour entrer et crier haut et fort :

- Qui veut aller voir mon beau jardinet fleuri derrière la piscine ? La terre est fraichement remuée par mes employées !
- Oh !
- Oh oui !

Roland leva les yeux au ciel. Ethan releva la tête, réveillé par cette intervention.

***

- Votre père est prêt, il est habillé depuis ce matin…

L'infirmière menait le groupe vers la chambre.

- Il va vraiment mieux, plus de soucis, plus de délires paranoïaques ?… marmonna Claire.
- Tout va mieux, il vérifie les pages de la bourse, il a demandé des nouvelles de sa petite-fille…

Malcolm sourit.

- On aura juste à lui trouver une maison de repos proche de Céladopole et tout ira bien.
- Au pire on l'héberge quelques temps…
- Ah zut, Monsieur Malcolm Heine est le seul à avoir signé la décharge…

L'infirmière marqua un arrêt et tendit le stylo à Rachel et Claire.

- Oh…
- Oui bah oui ça parait évident… marmonna Rachel.
- Bonjour l'infirmière… marmonna Roland.
- Je suis vraiment désolée, un oubli ridicule de ma part !
- Moi je vais voir papa ! Sourit Malcolm.
- Quel gamin… soupira Rachel.

Malcolm arriva au bout du couloir, observé par Roland. Il frappa deux coups à la porte située avant l'angle, la porte de gauche.

- Papa c'est moi !

Malcolm ouvrit la porte. Il eut un regard stupéfait l'espace d'un instant, ce qui interpella Roland.

- Mac ?

Malcolm regarda Roland, hébété.

- Malcolm ?! Les filles !

Malcolm entra dans la chambre et la ferma.

- MAC !
- Qu'est-ce qui se passe ?! S'étonna Rachel.
- Malcolm ?! S'étonna Claire.
- Eh ! Il n'a pas le droit de…

Roland chercha à ouvrir la porte mais celle-ci était bloquée par un meuble.

- Malcolm Heine !! Ouvre cette putain de porte !!
- Sécurité ! Cria l'infirmière.
- Mais qu'est-ce qui se passe ? Cria Rachel.

***

Derrière la porte, Malcolm, qui venait de bloquer la porte, observa le corps de son père, pendu avec une ceinture, au dessus d'une chaise, à un crochet servant normalement à la pose d'une tringle à rideaux.

- …

Le jeune homme était absolument défait. Malcolm sentait des chapes de plomb lui retomber dessus avec force.

« Il m'a appelé pour que je vienne le chercher… Et il se pend ? »

Malcolm s'assied contre la commode qu'il avait rapidement utilisé pour caler la porte. Personne d'autre ne devait voir ça. C'était son cloître, son petit linceul, son petit instant privilégié entre lui et le corps pendu de son père.

Un dernier moment père-fils.

Malcolm avait fait ça par nécessité, non par égoïsme. Il avait toujours été un peu le préféré. En tête lui revenaient tous les efforts que faisait son père pour se rapprocher de lui. Il avait espéré qu'un jour son père redevienne celui qu'il était. Mais finalement la dernière chose que son père avait été capable de créer entre eux, c'était cette mise en scène macabre.

Tout ce que le petit garçon apeuré trouva à faire, c'était de pleurer, recroquevillé dans un coin. A attendre. A attendre quoi, impossible de le savoir. Il se contenta de pleurer alors que dans sa tête dansaient les embruns de nostalgie d'une époque à présent révolue.

***

- C'est de la folie ! MAC !

Roland tapait contre la porte.

***

Les bruits de l'extérieur ne l'atteignaient plus. Dans la chambre désormais il n'y avait plus qu'eux. Une âme et un corps. L'âme sans corps n'était plus capable de « bouger » ou d'« agir », ces mots étaient bannis d'un langage obsolète à les traduire. Il était trop tard. Le petit Malcolm avait manqué à son devoir de bon fils.

En tant que jumeau, il avait toujours eu conscience de n'être que la moitié d'Un. L'autre moitié… Elle ne devait pas voir ça. Malcolm avait toujours été et s'était toujours vu comme un demi-être chargé de protéger l'autre part de lui-même. Il était le jumeau « conservateur », celui qui voyait en la préservation du lien familial un gage de sécurité, de lumière, de guide.

Et puis il y avait eu Claire.

Elle avait réussi à devenir l'autre partie de Malcolm, à éclipser sa sœur qui, elle, voyait cette famille comme une chose à aimer mais lourde, étouffante. Même si Malcolm l'aimait et qu'au fond il savait sa sœur pleine d'amour, il la savait aussi empreinte d'une part d'ombre, d'un détachement que lui se refusait à adopter.

Claire était pour ainsi dire la nouvelle jumelle de Malcolm. Et Rachel était simplement un « membre de la famille ». Là encore les mots traduisaient très mal ce qu'ils voulaient vraiment dire. Malcolm ne s'est jamais senti aussi mortel qu'à ce moment là, cet instant où son père avait voulu lui laisser, à lui et à lui seul un message poignant.

Un message indéchiffrable, gravé dans ce corps vieilli, ce corps amaigri, ce corps trop fatigué et trop nu pour supporter la lourdeur cérémoniale d'habits neufs.

Malcolm regarda son père, mort. Son visage était noir. La chambre était trop sombre, et surtout Malcolm se refusait à donner quelque représentation de ce visage déformé par la douleur de l'étouffement dans son esprit triste et malade.

« Je comprends mieux pourquoi ils masquent les pendus dans les films. Tu avais tort, Roland, ça n'est pas pour masquer le piètre jeu des acteurs ou le fait que les acteurs soient remplacés par des mannequins, c'est juste parce que… »

Malcolm redoubla de sanglots tout en ayant cette pensée absolument idiote.

« … c'est trop horrible !! »

Il geignit et se releva, cassé.

« C'était pour moi, cette représentation, hein, papa… »

Le fils prit une seconde chaise dans la chambre et grimpa pour dénouer son père. Il sortit Noctunoir qui s'apprêtait à réceptionner le corps. Malcolm constata que les Pokéballs de son père étaient vides. Malcolm recommença à pleurer. « Warner, Airey, Biggie… »

Noctunoir déposa Kenneth dans son lit. Malcolm glissa une main respectueuse sur le visage de son père pour lui redonner une couleur plus digne.

Il resta un moment à se recueillir seul. Ah vous derrière la porte, vous les ignorants, continuez à taper contre la porte et à hurler des insanités, Malcolm n'en avait cure. Seule comptait la chute de son père, une chute injuste, pensa-t-il. Une chute qu'il avait voulu spécialement cousue de fil blanc pour son fils. « Regarde ce que toi et ta sœur avez fait de moi ». C'est le message qu'il avait laissé, ses derniers mots tracés en lettres invisibles sur les murs de la chambre.

« Comment on a pu le laisser vivre là ? »
« Comment Rachel a pu l'y laisser ? »
« Comment j'ai pu ne rien faire ? »

Et autant de sermons culpabilisants que le jeune homme s'assénait, conscient de sa part de responsabilité.

« J'ai été… un mauvais fils ! »

Le mot de « Père » était quelque chose d'important pour Malcolm. Il avait toujours vu le sien comme un être irréprochable, qui l'avait élevé avec force efforts et bonnes intentions. Et lui s'était efforcé d'en devenir un même si ça n'était pas vraiment gagné au départ. Mais à présent il s'efforçait de suivre l'exemple.

Et maintenant il avait comme l'impression qu'un jour ce serait lui le pendu. « Tel père tel fils, hein… »

***

- Malcolm !! Pleurait Claire, blottie contre Rachel.
- MAC, OUVRE ! OUVRE CETTE PORTE ! Y'A LA MOITIE DU BÂTIMENT QU'EST LA !

Roland soupira, épuisé. On entendit des meubles bouger. Rachel, Claire et Roland se redressèrent. Malcolm sortit sans trop ouvrir la porte.

- Malcolm… souffla Roland, rassuré.

Claire vint le serrer dans ses bras. Malcolm était livide. Rachel le regarda, surprise.

- M… Mac ?
- Papa dort. Il faut laisser dormir papa.

Roland regarda Rachel. Il avait compris, depuis longtemps mais il avait compris. Claire regarda Malcolm, toujours serrée dans ses bras. La sœur jumelle se précipita vers la porte et vit le corps dans le lit.

- AAAH !! NAN !! MAIS NAN, NAN !!! C'EST PAS POSSIBLE, AAAAAAAH !!!

Roland entra à sa suite. Malcolm restait là, le regard fixe, presque zombifié.


***

Roland regarda Rachel qui discutait avec des gens du quartier comme si elle négociait des traités de paix.

- Oh quel adorable enfant !

Roland regarda les trois femmes qui l'approchaient. « Arceus, si tu les foudroies, juré, j'te respecte… »

- Il est trop mignon !
- Quel adorable gosse !
- Oh je craque !
- Ca donne presque envie d'en avoir un !
- Les neuf mois à faire la baleine en moins par contre !
- C'est claiiiir !!
- Bonjour, comment allez-vous ? Moi ça va super ! Soupira Roland, cynique.
- Il a des joues, on en mangerait !

Et la jeune fille couverte de bronzage artificiel de pincer la joue d'Ethan qui geignit de douleur. Roland s'éloigna.

- CA VA PAS ?

Tout le monde se tourna vers lui alors qu'il frictionna la joue de son fils.

- Ca va, Ethan ? Vous êtes pas bien, vous avez vu où qu'on pinçait la joue d'un enfant comme ça ?
- Ca va, pas la peine d'être aussi désagréable !
- On n'avait pas vu qu'il était en porcelaine !
- Ouais bah apparemment vous aviez pas vu qu'il y avait un papa au bout de ce gamin ! Vous êtes maboules, ma parole !
- Hanlala mais quel pauvre type ! Venez les filles !
- C'est ça, allez remplir la cuvette des toilettes ! J'vous donne le code, c'est deux doigts au fond de la bouche ! Ca va, Ethan ?

Le petit hocha la tête.

- J'aime pas être là !
- Moi non plus…

Rachel désigna Roland du doigt, furieuse. Lequel s'éloigna rapidement.

- Papa pourquoi maman elle est méchante ?

Roland regarda son fils.

- Hey, Ethan, maman n'est pas méchante !
- Avec toi si !
- … Maman est en colère contre papa parce que papa est fou ! Tu vois ! Bleublblblbl ! Papa est frappé du cerveau !
- Ah.
- Mais maman n'est pas méchante ! D'accord, Ethan ? Maman est un océan de gentillesse ! Tu m'entends ? Tu peux répéter ?
- Un chiant de ventillesse !
- … ne répète pas !
- On passe un moment d'intimité ?

Roland leva les yeux au ciel et se retourna vers Harrison.

- Je vous rends la boîte à outils ce soir
- Chouette, pour le coup je m'en moque…
- Un souci ?
- Vous faites quoi debout, Donna m'a dit que vous étiez en train de regarder la télé !
- La maîtresse de maison est arrivée, en rogne, on a préféré se disperser.

Roland soupira.

- Toujours des gêneurs pour vous empêcher de faire ce que vous voulez…
- Eh ouais. Genre des chieurs de voisins d'en face.
- Oh, eh, hein, vous cherchez un peu la merde !
- Ce serait ennuyeux, sinon. Quand vous causez de trucs d'apprentissage des attaques, vous êtes ennuyeux à en crever.
- Je sais pas faire la conversation courante. Un défaut familial…
- Hm. Au fait, elle est de votre famille, la jolie poupée qui est arrivée chez vous, ce matin ?
- C'est ma cousine, Kate.
- Joli petit lot…
- Elle est lesbienne, et ce sera répété à Donna.
- Vous aurez pas les noix.
- On parie ? Vous savez pas de quoi je suis capable !

Harrison secoua la tête.

- Vous êtes un connard mais pas un enfoiré. Y'a une différence. Mon patron, c'est un enfoiré. Il nous sucre des parts de nos salaires quand il veut pour son petit plaisir. Vous, vous êtes chiant dans un but précis. Pas dans un but personnel.
- … La vache, vous réfléchissez ?!
- Ca m'arrive de temps en temps.
- J'vais pouvoir arrêter de vous traiter de Vieille Ford.
- … Vieille… Oh, c'est facile, ça !
- Au moins vous l'avez comprise, vous êtes pas un de ces abrutis qui n'ont jamais vu Star Wars.
- J'me suis endormi avant la fin du premier.
- … wow…

***

Bernice était assise avec David dans le jardin où les Pokémon dormaient. Kate s'exerçait avec son nouveau Pokémon, un Mesmérella. La jeune adolescente gothique faisait des allées et venues tout en soulevant de plus en plus de cailloux avec ses pouvoirs psychiques.

- Kate est devenue vachement forte…
- Eh oui. Les gens changent. On s'est rencontrées alors qu'elle se faisait agresser. Elle rentrait de boîte à Unys. Comme je suis une bête de dresseuse, je l'ai sauvée facilement et on a fait connaissance.
- Ah…
- Ca a pas été simple au début, ta cousine est un peu inaccessible. Et elle a du mal à faire confiance. Mais j'y croyais ! Je la voulais parce que je voyais en elle quelqu'un de spécial, tu vois ! Qui changerait ma vie ! Et c'est le cas.

David hocha la tête.

- On s'améliore respectivement, elle m'apporte le soutien, le confort et l'amour et moi je l'aide à être une meilleure éleveuse et coordinatrice.
- Ca se tient.
- Et en plus elle a un frère et une belle sœur en or, on déconne bien tous les quatre ! Quand les moutards de ton cousin sont pas là !

David sourit.

- Ils sont mignons les enfants de Colin…
- Ouais. J'sais pas si on devrait adopter avec Kate…
- L'adoption a passé le cap de la situation de guerre, c'est poss…
- A Sinnoh, Kanto, Hoenn et Johto oui. A Unys, c'est une autre affaire.
- Vous êtes bizarres à Unys.
- Ouais… On est un peu trop différents de vous… Tu devrais retenter avec ton libraire.

David soupira.

- Même les meilleures relations peuvent foirer… Deux ans avec le même mec et ça marche pas alors qu'on… qu'on avait pour ainsi dire tout pour bien finir…
- Eh, si tu pars sur une base aussi négative, il t'arrivera que des merdes aussi ! Regarde, t'as repoussé un mec idéal pour toi, à cause de ça !

David acquiesça. Kate revint vers sa compagne et son cousin.

- J'ai faim !
- J'vais nous faire un petit quelque chose… marmonna David en se levant.

Bernice et Kate regardèrent David partir.

- Il est désespérant…
- Ca me tue qu'il soit devenu aussi pessimiste, alors que c'est un vrai petit amour en fait ! Soupira Kate. J'ai encore jamais rencontré personne d'aussi humain et d'aussi gentil que lui.
- La vache.

***

- Tu prends du bon temps ? Sourit Rachel.

Roland soupira.

- Je m'amuse comme un petit fou. Ca se voit pas ?

Roland fit la tête la plus blasée qui puisse être.

- Tu es énervant parfois, Roland ! Tu ne sais même pas soigner les apparences !
- Rachel, ça suffit.

Elle s'étonna.

- J'ai l'impression de… de plus savoir qui tu es exactement ! D'avoir épousé une certaine personne et de me retrouver avec quelque chose de complètement différent. Cette volonté de paraître une autre personne, c'est… tellement pas toi ! Celle que j'aime, c'est la Rachel libre, la Rachel coléreuse, la Rachel naturelle !

Rachel acquiesça.

- La Rachel qui s'attire des problèmes, la Rachel qui n'arrive même plus à parler à son frère avec qui elle est en froid.

Roland baissa la tête.

- Rachel…
- Non, Roland ! Tu m'énerves à ne rien vouloir comprendre, ma vie bon sang, j'ai gâché ma vie en croyant que ma volonté avait une importance ! En étant une gamine capricieuse, en étant obsédée par la force, puis en voulant imposer un mec à mes parents !
- … Mais tout ça c'est TOI ! Dans son essence ! Rachel !
- Désolée, je ne veux plus être cette femme là.

Roland plissa les yeux.

- Si ça ne te plait pas… eh bah…

Rachel secoua la tête, pas trop réjouie à cette idée. Au milieu des prétendues festivités, Roland voyait leur mariage s'effondrer.

- … alors c'est comme ça que ça se finit ? Geignit le jeune homme qui tenait Ethan.
- Roland, on ne va pas rester ensemble si c'est pour se créer des problèmes.
- Mais je t'aime !
- Moi aussi je t'aime mais le fait est qu'on ne se comprend plus, Roland !
- Maman !

Rachel regarda Ethan, surprise.

- Qu'est-ce qu'il y a poussin ?
- Papa y dit que t'es un chiant de ventillesse !

Rachel plissa les yeux, décryptant. Elle énonça en même temps que Roland.

- Un océan de gentillesse !
- Un océan de gentil… de gentillesse !
- Voilà !
- C'est bien mon grand… c'est bien… sourit Roland.

Rachel plissa les yeux.

- Donne-le moi.
- Quoi ?
- Laisse-moi prendre le petit !
- Pourquoi ?
- Je le veux. S'il te plait.
- J'ai encore un avertissement !
- Roland, tu l'as eu tout l'après-midi !
- C'est mon fils !
- C'est le mien aussi !
- Et évidemment le fait qu'il soit ton fils prévaut sur le fait que je sois son père !
- Roland…

Lequel tendit le gamin.

- Voilà ! Heureuse !

Rachel prit le petit et par là-même fit tomber le contenu de son verre dans la piscine. Ce qui constituait une bonne lampée de cocktail.

- Merci !
- … J'aime notre enfant, Rachel.

Elle regarda Roland.

- Quoi que tu puisses en dire ou en penser !!

Roland partit s'isoler, furieux et triste. Rachel secoua la tête.

- Ton père est pas bien…
- Maman elle est méchante…

Rachel regarda Ethan.

- Quoi ?

Ethan regarda sa mère en faisant la moue.

- E… Ethan, je suis pas méchante ! Je fais ce que je peux, d'accord ? Je suis pas méchante !

Roland observa sa femme et son fils. Derrière lui, les trois grognasses de tout à l'heure.

- Je suis sûr que c'est un père déplorable !
- Malpoli comme il est ? A coup sûr !
- Comment elle a pu épouser un type aussi prétentieux ?

Roland se retint de toute riposte. « Retiens-toi, mauvais moment à passer… »

Il regarda dans un coin. Tobias cherchait à échapper à Andréa.

- Dégage !
- Je veux juste te montrer ma chambre, inutile d'être aussi prude !

Roland approcha du duo.

- Me saoule pas, j'm'en tape de ta chambre !
- T'es vraiment aussi con que t'en as l'air !

Roland s'interposa.

- Moi j'veux bien la voir, ta chambre. Tu me montres ?

Andréa regarda autour. Les gens la regardaient, surpris. Elle repartit, quelque peu embarrassée. Roland se tourna vers Tobias qui soupira.

- Elle est con cette meuf !
- C'est qu'un mauvais moment à passer…
- Ca va ? Vous avez l'air tendu… marmonna Tobias.
- Oh que oui…

***

Le brancard emmenait le corps. Rachel était serrée contre Roland.

- C'est ma faute, Roland…
- Mais non, mais non, allez, chuuut…
- Rolaaaaand !!!
- Ca va, pleure un bon coup, tout ira bien.
- J'ai jamais pu lui dire pardon !
- C'est comme ça, Rachel. Il sait que tu lui en voulais.

Rachel regarda Roland. Elle était dans un état lamentable, les yeux rouges, les joues humides.

- Tu crois pas en ces conneries, t'avais dit !
- Je crois qu'au moins il savait ça. Que tu n'étais pas inhumaine.
- Peut-être qu'il a passé ses derniers moments à m'en vouloir…
- Et peut-être qu'il a fait ça pour être débarrassé de tas d'autres fardeaux. Peut-être qu'il savait que rien ne pourrait redevenir comme avant…

Roland regarda vers Malcolm que Claire tentait de raisonner.

- Courage, Rachel.
- J'suis pas courageuse.
- Si, tu l'es. Tu es la femme la plus courageuse qui soit.
- …
- Allez, sois forte.
- … Roland, j'ai besoin de toi.
- … Je suis là.
- Promets-moi que tu vas rester.
- Je resterais, Rachel, ne t'en fais pas. Calme-toi. Je t'aime.
- Je t'aime aussi… Reste avec moi !
- Rachel, tout va bien. Ne t'en veux pas, ne culpabilise pas.

Claire arriva.

- M… Malcolm va vraiment mal !
- Rachel, tu veux aller aider Malcolm ?
- … J'peux pas ! Il est mort et j'ai été immonde avec lui !
- Laisse-moi aller parler à Mac, alors ! Claire reste avec toi !
- … Tu pars pas hein ?
- Je vais au bout du couloir voir Mac, Claire reste avec toi, promis !

Rachel acquiesça. Roland se leva et se déplaça vers Malcolm. Il s'assit à ses côtés.

- Hey, Mac…

Roland regarda son meilleur ami qui avait planté.

- … Ca va aller ? J'suis désolé…
- …
- Si t'as besoin de quoi que ce soit, de l'eau, du jus de fruits… Je sais que c'est con mais ça t'aiderait…
- Mon père est mort.

Roland hocha la tête.

- Mon père est mort et j'ai rien pu faire.
- C'est comme ça que ça se passe généralement, les gens meurent et on est juste là, impuissants à contempler leur vie qui s'en va.

Malcolm hocha la tête.

- Tu vas devoir faire avec parce que c'est ainsi et que la vie ne changera pas, il n'y aura pas de retour en arrière pour que tu puisses sauver ton père. Personne ne pouvait le prévoir. Les infirmières elles-mêmes n'ont rien vu, tu imagines ce qu'elles doivent se sentir idiotes ? Tu as le droit de te sentir impuissant, mais tout le monde s'est senti impuissant.
- … C'est Rachel qui l'a enfermé ici…
- … elle aussi s'en veut, et elle aussi se sent impuissante.
- … Roland…
- Malcolm ?
- … J'veux pas en vouloir à ma sœur… mais j'peux pas m'en empêcher…
- …
- J'suis désolé…

Roland plissa les yeux.

- J'suis désolé parce que tu es mon meilleur ami, que tu aimes ma sœur et que tu vas forcément en pâtir…
- Malcolm, Rachel est effondrée, tu imagines ce qu'elle ressent ? Elle a conscience de tout ça… elle a besoin de toi !
- Mais si dès le départ elle avait…
- Malcolm, toi-même tu avais compris que ton père était malade, sur la fin ! Ne te mens pas à toi-même comme si tu étais innocent dans cette histoire !
- Je SAIS que j'ai ma part ! JUSTEMENT !

Roland regarda Malcolm qui était agité de sanglots.

- Je m'en veux. Et je lui en veux aussi. Parce qu'elle est une partie de moi. Et que si je m'en veux, je lui en veux aussi. On a fait ça tous les deux, comme un frère et une sœur normaux… On a tué notre père ensemble…

Roland regarda Malcolm et lui tapota l'épaule.

- Ok, euh… Je te renvoie Claire, évite de trop… gamberger, ok ? Personne n'a tué personne, ton père s'est suicidé…
- Nan c'est moi qui l'ai suicidé…

Roland plissa les yeux, intrigué et s'en retourna vers les filles.

- Claire, je peux te parler en privé ?
- … ça semble difficile, marmonna-t-elle, serrée contre Rachel qui somnolait.
- Malcolm… est un peu en train de péter un boulon, il croit que lui et Rachel ont tué leur père…
- Je sais ! Il est fou de culpabilité !
- Je crois que ça vaudrait mieux si… Malcolm et Rachel ne se verraient pas pendant quelques temps… Histoire que ça se tasse un peu.

Claire plissa les yeux.

- Tu crois que c'est une bonne idée ?
- Ils vont deuiller comme des malades, mais je serais là pour Rachel et toi pour Malcolm !
- … Roland, je suis nulle pour soutenir, la seule personne que j'ai jamais su ramener à la raison, c'est ton cousin quand il voulait se faire sauter !
- … eh bah je crois que Mac est pas loin de se faire sauter, là !
- T'as pas tort… C'est affreux tout ça, je me sens coupable à cause du fait qu'on soit allés chercher Mac à Sinnoh, tout ça…
- Je sais, je sais, moi aussi ça me bouffe un peu… On n'a pas été super respectueux des Heine à ce moment là…
- C'est le cas de le dire… soupira Claire.

Roland baissa la tête, dépité et… impuissant.


***

Rachel était à nouveau entourée de gens avec qui elle discutait. Roland soupira, adossé à la palissade dans le jardin, observant sa femme et son fils. Stephen arriva vers la piscine et fit un tour des lieux. Il se figea, repérant la tâche faite par Rachel. Il s'avança vers la jeune femme, éloignant les gens autour d'elle.

- Où vous croyez-vous ?
- Hein ?

Roland se releva. Rachel tenait toujours Ethan.

- Je vous invite chez moi et vous salopez ma belle piscine ?
- Quoi…
- Votre verre, vide ! Vous avez vidé votre verre dans la piscine, espèce de petite moins-que-rien !
- …
- Votre présence ici est déjà à peine tolérable sans qu'il faille que vous vous permettiez de tels écarts de politesse !

Les invités regardaient tous l'esclandre provoqués par… celle qui voulait à tout prix les éviter.

- M… Monsieur Horton, je suis désolée…
- De toute façon, à quoi pouvais-je m'attendre de la part d'une lèche-bottes pareille !
- Q…
- Vous me dégoûtez !

Il cracha sur les chaussures de Rachel qui n'avait jamais ô grand jamais été aussi humiliée. Elle resta figée, devant les regards effarés des invités.

- Maman lâche-moi…

Oh non alors ça c'était pire que tout. Et Roland qui était proprement éberlué.

- Mamaaaan !

Elle posa Ethan à terre. Le gamin alla vers son père. Rachel l'observa partir, désarmée. Roland comprit des tas de choses.

« Elle est comme moi… »
« Elle a peur que le gamin la déteste, c'est pour ça qu'elle se l'accapare. »
« Elle a peur de se faire humilier comme maintenant, elle est obsédée par l'image qu'elle donne d'elle puisque de base… »

Rachel sembla au bord des larmes.

« …Elle se juge à peine capable d'être une bonne mère… »

Ethan rejoignit Roland. Le père prit la main du fils.

- Bonhomme…

(The Cranberries - Promises au piano - mais vous pouvez écouter la vraie / version album)

- Tu viens avec moi ? Tu fais comme je te dis ?

Le gamin acquiesça.

- T'es un brave petit. On va aider maman, ok ?
- Hm !

Roland prit Ethan par la main et se dirigea vers le fond du jardin, vers le jardin fleuri de la Tamara. Roland sortit Nout, son Minotaupe. La taupe était au milieu des plantations.

- COUD'BOUE !!!!

La taupe pelleta dans le jardinet, saccageant les plantations. Rachel se retourna et vit son mari et son fils, ensemble dans le crime. Tamara s'avança.

- MON JARDINEEEET !!!! AAAAAAAAAAAAAAH !!!
- MA PISCINE !!! Hurla Stephen.

Roland posa Ethan et lui donna une Pokéball.

- Ca va mouiller, ok, Ethan ?
- J'ai envie pipi !
- Te gêne pas !

Nout cessa de pelleter. Roland prit son gamin et… le balança dans la piscine sous les yeux éberlués de Rachel et de l'assistance. Harrison, Donna, Tobias et Clarence observaient, stupéfaits.

Ethan remonta, sur le dos de Tartard devant la foule. La piscine était remplie de boue…

- J'ai fait pipi dans ma culotte !

… et de tas d'autres bonnes choses. Rachel était sciée. Roland sortit Feuiloutan.

- Kiki, attaque Saccage de buffet merdique !

Le singe vert survolté se précipita à toutes berzingues vers le buffet. Il dévasta la table dans une course folle.

- MOOOONSTRE !!!

Tamara fonçait, tendue comme un stylo, vers Roland qui marchait vers elle.

- COMMENT AVEZ-VOUS OSE ! MON JARDINET !
- …
- ESPECE DE MONSTRE ! JE VAIS VOUS FAIRE UN PROCES, SALE ANIMAL !
- Choc Mental !

Roland regarda Rachel qui avait sortit Charmina. Il sourit. Tamara finit dans la piscine remplie de boue et de tas de bonnes choses. Stephen était stupéfait. Roland s'avança vers sa belle et lui tendit la main alors que Newton ramenait Ethan, sain, sauf et propre. Et le Pokémon en profita pour pousser Stephen dans la piscine à son tour. Newton est un Pokémon qui unit les gens entre eux.

- Désolé ! Sourit Roland.
- Je t'aime ! Sourit Rachel.

Ils partirent de cette fête maudite, bras dessus bras dessous.

Une fois dans la rue, ils se regardèrent. Roland souriait, Rachel aussi. Finalement ils ricanèrent. Roland caressa le visage de Rachel.

- Personne n'a le droit de t'humilier, sauf moi !

Newton nettoya les chaussures de Rachel.

- Merci, maintenant elles sont foutues ! Ricana la jeune femme.
- Maman elle a les pieds tout propres !

Rachel regarda Roland.

- …
- … Tu croyais qu'Ethan…
- Roland, tu t'y prends trop bien avec le petit, j'ai l'impression d'être une mère merdique, j'ai pas l'instinct maternel…
- Il t'aime bien, juste que… faut que t'arrêtes de jouer les garces frigides !
- … garce aurait suffi !
- J'aime bien le mot frigide, je l'utilise pas si souvent que ça !
- Désolé d'avoir essayé de nous entourer d'amis hypocrites !
- Désolé d'avoir été… une source d'ennuis.
- Mais non.
- Et… on a quelques amis pas hypocrites !

Une foule sortit de la fête pour s'en retourner vers leurs maisons respectives.

- La fête est déjà finie ? S'étonna Rachel.
- Vous plaisantez ?

Clarence arriva vers le couple.

- Une dispute a éclaté, comme quoi monsieur Horton avait été trop loin en vous crachant dessus pour une piscine à la noix. Alors j'ai mené le pas et on a dégagé.
- Wow… Vous êtes une meneuse née ! S'étonna Roland.
- Et vous un jardinier hors pair, je vous appellerais quand je voudrais faire un marais dans mon jardin !

Clarence s'éloigna devant la petite famille souriante. Rachel regarda Ethan.

- Ca va mon petit bout ?
- Ca va maman ?

Rachel se mordilla les lèvres, les larmes aux yeux et prit Ethan dans ses bras. Le gamin serra sa mère.

- Mon petit chéri !
- Maman ! Eh papa, c'est maman !
- Ethan, ne fais pas ton Dimitri !

David, Kate et Bernice, alertés par la foule, étaient sortis de la maison. Rachel reposa Ethan et regarda Roland.

- On est toujours au bord de la rupture ?
- Tu déconnes !

Ethan alla vers son oncle David qui vit les deux « presque-ennemis » d'hier se livrer à une tendre embrassade. Kate lui tapota l'épaule.

- Regardez quel joli petit couple vient de se reformer !
- …
- Oh, Kate, on adopte ? Geignit Bernice qui tenait Ethan.
- T'es sûre de pouvoir gérer, Bernice ? Tu passes les trois quarts de tes journées en robe de chambre !
- J'peux gérer !

David plissa les yeux. « Si pour eux ça marche… Y'a pas de raison pour que… »

***

Roland ferma la porte de la voiture. Rachel était à ses côtés, pas bien du tout. Malcolm et Claire étaient à l'arrière.

- … Vous voulez qu'on aille chez mes parents en attendant… l'enterrement, tout ça ?
- … ça semble être une bonne idée, hein, Mac ?

Malcolm haussa les épaules.

- Fais ça, Roland ! On va chez tes parents ! Acquiesça Claire.

La voiture roula. Rachel regarda Malcolm sur la banquette arrière, mais Malcolm ne voulait pas regarder sa sœur. Rachel se rassit correctement, malheureuse.


***

- C'est sympa d'avoir accepté de venir !
- C'est quand même marrant qu'on s'amuse plus ici que là-bas ! Ricana Clarence.
- C'était pas difficile de faire mieux… marmonna Donna.

Rachel sourit autour de la table bien remplie.

- Je suppose que je peux garder la boîte à outils plus longtemps ? Marmonna Harrison.

Roland regarda son voisin alors que Rachel tenait Ethan sur ses genoux.

- Sérieusement, j'ai une tête de bricoleur ?

Kate, qui avait mis un pull sur ordre expresse de Roland, ramena les pommes dauphines.

- Ah !
- Ca c'est du plat ou je m'y connais pas ! Ricana Clarence. Je vous ramènerais des acras de morue, vous allez voir ce que c'est de la vraie nourriture !
- J'aime pas la morue, berk… soupira Tobias.
- En purée c'est délicieux ! Assura Roland.
- Il exagère, quand je fais de la brandade, il en mange ! Soupira Donna.
- Il est parti où, votre frère ? S'étonna Clarence.

Roland haussa les épaules.

- Régler une affaire importante, qu'il disait… Mais une affaire importante avec la copine de Kate…
- Oh tu sais, Roland, il y a toutes sortes d'affaires importantes… sourit Kate.

***

David entra dans la librairie. Il vit Denis à la caisse, en train de servir un couple âgé.

- Bons… Oh… Bonsoir… grommela-t-il, énervé.

David se mordilla les lèvres et regarda Denis, se plaçant à côté du couple.

- Denis… Laisse-moi une chance !
- Je suis occupé…
- Denis, j'ai été un idiot, une belle ordure…
- David, pas devant m…
- Je m'en moque qu'il y ait du monde, Denis, j'ai vraiment envie qu'on essaie tous les deux parce que c'est peut-être une occasion unique et… je sens qu'on est peut-être faits l'un pour l'autre, bon je suis idiot comme tu peux le voir maintenant, et je sais que j'ai pu te paraître incertain voire stupide, mais tu avoueras que ton approche était un peu idiote aussi, et… récemment j'ai compris que l'amour c'était quelque chose en quoi il fallait croire parce que l'amour… l'amour peut naître et renaître de n'importe quoi, y compris de deux types seuls et idiots comme nous... Alors si tu veux bien… juste accepter une invitation à diner…

Denis plissa les yeux et regarda le couple qui haussa les épaules.

- David, permets-moi d'abord de te présenter… Ruben et Esther Truman, mes parents…
- Bonsoir…
- Bonsoir jeune homme ! Sourit la dame.
- ……………………………
- … et pour ton invitation à diner… C'est oui, je suppose que j'ai pas le choix et le seul fait que tu aies le cran de revenir ici après la façon dont je t'ai parlé prouve que tu es sincère.

David sourit, heureux. Denis sourit, moins heureux.

- J'ai encore deux heures à tirer, David, s'il te plait !
- Ou… Oui oui, pardon… On fixe ça lundi soir ?
- Lundi soir, parfait, huit heures devant la Cime Privée.
- Cool ! Parfait !

David sortit de la librairie. Les lumières de la ville lui parurent d'un coup plus belles, l'air n'était plus glacial, il était vivifiant. Et la nuit, la nuit n'était plus sombre, mais alors plus du tout…